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Histoire - Campagne de Tunisie et Liberation de Tunis le 7 Mai 1943

Envoyé par lapid 
Histoire - Campagne de Tunisie et Liberation de Tunis le 7 Mai 1943
20 mai 2007, 06:59
Cérémonie commémorative du 64ème anniversaire de la Libération de Tunis

url : [www.ina.fr]

Liberation de Tunis 7 Mai 1943

url : [encyclopedie.pieds-noirs.info])

Liberation de Tunis par les allies


Pour en savoir plus sur la campagne de Tunisie et la liberation de Tunis :

Campagne de Tunisie et Liberation de Tunis


Et bien entendu on trouvera de nombreux articles dans la rubrique Histoire de Harissa.com :

url : [harissa.com]

Histoire une rubrique de Harissa

Entre autres, des chapitres concernant les sujets suivants :

La deuxième guerre mondiale

Des documents prouvant la discrimination du regime de Vichy

L'occupation nazie

url : [www.harissa.com]

Six mois sous la botte, par Paul Ghez

Souvenirs de l'occupation nazie, par Jacques Krief

Tunis sous l'occupation Allemande, par Emile Tubiana

Uniformes des travailleurs Juifs Tunes durant la guerre

Yad Vashem monument sur la Tunisie

Deux temoignages tres recents à l'occasion de la cérémonie commémorative du 64ème anniversaire de la Libération de Tunis :

[www.guysen.tv]

Interview de Claude Sitbon

url : [www.guysen.tv]

Interview de Nissim Zvili
Histoire - Temoignage : Tunis sous l'occupation Allemande
15 septembre 2007, 19:32
Voici certains extraits tres interessants des souvenirs de la campagne de Tunisie Extraits des Memoires d’outre-mer par Louis Xueref – Fevrier 1999.


"I - LA CAMPAGNE DE TUNISIE

C'était le dimanche 8 novembre 1942………, mon père, devant le portail de la villa, semblait nous attendre, la "Dépêche tunisienne" à la main : il aimait bien bavarder et plaisanter avec des jeunes. "Il s'est produit quelque chose de très important, nous annonça-t-il ; les Anglais ont débarqué en Afrique du Nord". La nouvelle nous surprit et nous réjouit ; nous demandâmes plus de détails ; mon père nous tendit le journal dont la une faisait état en gros titres du débarquement anglo-américain au Maroc et en Algérie. Nous restâmes là un bon moment à discuter assez fébrilement de la suite possible des événements : nous n'allions certainement pas tarder à voir arriver les Alliés.

Le lendemain, en nous rendant au lycée, nous réalisâmes vite ce qui allait se produire ; ce ne furent pas les Alliés que nous attendions que nous vîmes dans les rues de la capitale, mais dans la journée du 9 novembre nous commençâmes à entendre le bruit des bottes allemandes et italiennes, le roulement des chars et le vrombissements des hexamoteurs qui venaient, à un rythme soutenu, par la voie des airs, déverser des troupes et des tonnes de matériel de guerre sur le sol tunisien. Les forces de l'Axe s'empressaient d'occuper le terrain afin d'enrayer toute percée ennemie en Tunisie. Ce fut le dernier jour où nous pûmes nous rendre à notre lycée, car, dès le lendemain, les forces d'occupation avaient réquisitionné à leur profit exclusif le T.G.M. qui était le seul moyen de communication entre Tunis et sa banlieue.

L'Administration s'adapta à la situation créée par tous ces événements et s'organisa en conséquence. Une bonne partie de la population de la Goulette fut évacuée, principalement sur le Kram ; tous les accès au quartier du port furent interdits à quiconque n'était pas en possession d'un laissez-passer ; ses établissements scolaires furent fermés ; les résidences secondaires de notre station balnéaire furent réquisitionnées pour loger les familles déplacées.

Les personnels enseignants des cours complémentaires se trouvèrent par la force des choses sans emploi ; avec les professeurs des lycées Carnot et Armand Fallières résidant dans notre banlieue ils constituaient un potentiel dont l'Administration songea sans tarder à tirer profit pour créer provisoirement un établissement qui nous permettrait de poursuivre au mieux nos études. Le site retenu pour cette implantation fut l'institut océanographique situé à Douar-Chott, à environ deux kilomètres du Kram, en bordure de mer, à l'emplacement même du port antique de Carthage. La direction et l'organisation de cet établissement impromptu furent confiées à M. Ferlin, professeur agrégé d'anglais au lycée Carnot, demeurant à Carthage ; la charge de surveillant général revint à M. Thomas, professeur de mathématiques dans le même lycée, qui habitait à Amilcar. Les lycéens avaient cours le matin, essentiellement avec des professeurs de l'enseignement secondaire, tandis que les élèves des cours complémentaires retrouvaient leurs enseignants l'après-midi.

Dès les premiers jours de l'occupation, les forces de l'Axe s'installèrent au Grand Séminaire de Mutuelleville…..

Du jour au lendemain, nous nous trouvâmes plongés au cœur même de la guerre. On ne peut pas dire que les Allemands furent accueillis à bras ouverts ; très rares furent les femmes qui se compromirent avec eux ; mais les Italiens étaient reçus chez leurs nombreux compatriotes qui pour l'heure relevaient la tête et semblaient nous narguer ; les familles les plus modestes bénéficiaient grandement des largesses des militaires qui confisquaient aux uns ce qu'ils offraient aux autres. Bon nombre de jeunes filles siciliennes portèrent des jupes rouges : elles les avaient taillées dans les bandes de laine que les tirailleurs sénégalais portaient sous le ceinturon et qu'elles avaient récupérées dans les casernes de la Goulette. A côté de l'allure martiale de leurs alliés, les Italiens faisaient figure de soldats d'opérette et l'on stigmatisait volontiers leur couardise.

De nombreux militaires de l'armée française d'armistice s'étaient empressés de rejoindre les Alliés en Algérie avant le déferlement des troupes de l'Axe ; pour les autorités dépendant de Vichy c'étaient des félons, mais pour une bonne partie de la population leur passage à la "dissidence" les auréolait de gloire.

Je dois à la vérité de préciser ce qui suit : jusqu'à la date du débarquement, la confusion régnait dans les esprits ; nous ne faisions pas de distinction radicale entre pétainistes et gaullistes ; nous fondions nos espoirs sur l'action du Général de Gaulle à Londres et en même temps nous chantions sans scrupules au lycée, sur le stade, à l'occasion du grand rassemblement de la jeunesse au Belvédère pour la fête de Jeanne d'Arc, le fameux "Maréchal, nous voilà !". Pour l'immense majorité d'entre nous, Pétain et de Gaulle œuvraient de connivence pour la revanche finale ; même ceux qui arboraient sur leur poitrine ou au revers de leur veston - il y en eut de moins en moins par la suite - l'insigne de la "légion", création vichyssoise, s'intéressaient avec sympathie et espoir à l'avance des Alliés. Vichy avait créé le mouvement des "Compagnons de France", espèce de scoutisme politisé, dans le but évident d'encadrer la jeunesse, de l'endoctriner, de la gagner aux idées de la "Révolution Nationale" ; je connus bien des jeunes qui, sans aucune arrière-pensée politique et ne manifestant aucun prosélytisme, en firent partie, victimes de la propagande outrancière du régime en place ; l'un d'entre eux même, Guy N., portait l'uniforme bleu des "Compagnons", alors que son père, d'origine juive converti au catholicisme, militaire de carrière, avait rejoint la dissidence dès les premières heures. A part quelques individus délibérément favorables aux forces de l'Axe, presque tous les Français souhaitaient ardemment la victoire rapide des Alliés.

Le Général Barré, Commandant Supérieur des Troupes en Tunisie, ……, avec des moyens très limités tenta de résister à Medjez-el-Bab, mais il ne put que retarder l'implantation des forces de l'Axe. L'amiral Jean-Pierre Estéva, Résident Général de France en Tunisie, sorti de son monastère pour reprendre du service, faute de moyens pour s'opposer aux envahisseurs, obéissant aux ordres de Vichy et des autorités allemandes, ne déploya aucun zèle pour contrer l'invasion germano-italienne ni même pour l'entraver temporairement; cette absence de résistance, pouvait laisser croire à une connivence. Son attitude lui valut, après la guerre, d'en répondre au cours d'un procès, d'où la passion n'était pas exclue, et à l'issue duquel fut prononcée une très sévère condamnation (juste ou injuste?) : la cour condamna l'amiral à la détention perpétuelle et à la dégradation militaire et prononça la confiscation de ses biens présents et à venir au profit de l'Etat.

L'ambiguïté des premiers jours se dissipa peu à peu, surtout grâce aux nouvelles qui nous parvenaient de Londres par radio plutôt qu'aux informations que nous donnaient les journaux placés plus ou moins sous surveillance. La population française éprouvait au fil des jours un sentiment de moins en moins maréchaliste et de plus en plus gaulliste……….

Nous nous installâmes dans une guerre qui serait décidément plus longue que ce que nous avions prévu, et nous prîmes quelques précautions ainsi que de nouvelles habitudes. Chaque soir, l'abbé Taulier, notre voisin, nous rendait visite à l'heure où la B.B.C. émettait les messages personnels ; tous réunis autour de la T.S.F., nous attendions avec impatience les trois V, comme Victoire , en morse (..._ ..._ ..._) qui annonçaient l'émission attendue et qui faisaient penser aux premières mesures de la cinquième symphonie de Beethoven; puis une voix forte qui nous obligeait à baisser le son annonçait : "Ici, Londres ; les Français parlent aux...." ; aussitôt le moulinet se déclenchait et il nous fallait essayer de décrypter malgré le brouillage les quelques nouvelles que nous n'avions pas d'autres moyens d'obtenir. On avait fini par s'habituer aux mouvements de va-et-vient des troupes : un jour les Alliés faisaient une percée de quelques kilomètres, le lendemain, les forces de l'Axe regagnaient le terrain perdu la veille ; on plaisantait les Anglais en disant d'eux que c'était au moment du "five o'clock" qu'ils abandonnaient aux Allemands le terrain conquis ; cela pouvait durer encore longtemps ; on ne se posait même plus la question de savoir si l'issue du conflit était proche ou non.

Pendant ce temps, les Alliés ne nous oubliaient pas : nous avions droit quotidiennement à la visite des forteresses volantes B 17 et cela se produisait souvent vers la même heure. Les objectifs les plus visés étaient les installations pétrolières, le port, la centrale électrique de la Goulette, la base d'hydravions de l'Aéroport et le terrain d'aviation d'El Aouïna. Les alertes étaient données par le tocsin dont j'avais la charge et une sirène installée sur la terrasse de l'école……….. ; dès les premiers hurlements de la sirène, je grimpais, par une échelle en fer extérieure fixée au mur, au sommet du clocher de l'église voisine et je mettais en branle les deux plus grosses cloches en agitant directement les battants que je saisissais à leur base pour rendre les tintements plus puissants ; puis, je courais rejoindre mes amis à l'école où nous attendions, sur la terrasse, tout en profitant du "spectacle" illuminé par les fusées éclairantes et les faisceaux de la D.C.A., que l'on nous signalât par téléphone la fin de l'alerte.

Cependant, des bombes étaient également tombées ailleurs que sur ces sites stratégiques, en pleine ville de la Goulette, par exemple, à Tunis, tout près de la Résidence (la Maison Dorée), à Carthage, à la Marsa et même au Kram, à une centaine de mètres de l'école et de notre villa ; ………….On pouvait s'inquiéter à juste raison car on n'était pas à l'abri d'une bombe perdue ou d'une erreur de bombardement. Un jour, étant allé rendre visite à mon frère au scolasticat, j'assistai du haut de la colline Byrsa, à ce qui aurait dû être un bombardement du terrain d'aviation d'El Aouïna : on ne pouvait être mieux placé pour tout voir : de ce même endroit, avant guerre, on pouvait suivre les essais des automobiles de course sur le circuit d'El Aouïna, disparu depuis ; mais ce jour-là, ce que je vis de là-haut me déconcerta : les bombardiers alliés lâchèrent un chapelet de bombes sur une distance d'environ trois kilomètres ; aucune de ces bombes n'atteignit la base aérienne, car le chapelet tomba à partir de l'extrémité du terrain jusqu'à la Marsa où on dénombra de nombreux morts. A la fin de ce bombardement, je pus même ramasser quelques éclats de bombe projetés jusqu'à l'endroit où je me trouvais. …….

Mr Gounot : "Les Alliés seront certainement à Tunis dans la journée ; vous comprenez alors qu'il y ait pas mal d'incertitudes pour les jours à venir."

La nouvelle me tomba dessus comme une bombe ; j'étais à cent lieues d'imaginer un dénouement aussi soudain. Certes, Mateur avait été libéré dès le 3 mai ; mais cette libération ne suscitait pas d'espoir particulier tant nous commencions à être habitués aux mouvements de va-et-vient des troupes alliées. Je pris congé de mon auguste hôte et m'empressai d'aller rapporter la nouvelle à mon père.

Le cabinet de l'avocat était situé dans un quartier où résidaient de nombreux juifs, rue des Tanneurs ; en m'engageant dans cette rue, je vis arriver une vague déferlante : une nuée de jeunes gens qui descendaient la rue en courant et en vociférant : "Les Alliés arrivent". Je m'engouffrai dans un long couloir au bout duquel se trouvait le cabinet et je racontai tout ce que j'avais appris, entendu et vu à mon père et à Me Scemama qui semblaient avoir du mal à me croire ; je les invitai alors à aller voir ce qui se passait dans la rue ; n'en croyant pas ses yeux, l'avocat questionna l'un des jeunes gens ; c'est ainsi que nous apprîmes qu'il s'agissait de jeunes juifs qui venaient de parcourir à pied les soixante kilomètres qui séparent la capitale de Bizerte où les Allemands les avaient expédiés dans un camp de travail ; ils avaient été libérés dans la nuit par les Alliés. Nous ignorions tout de telles mesures discriminatoires prises à l'encontre des juifs tunisiens ; nous pensions même que l'attitude bienveillante de Moncef Bey à l'égard des forces de l'Axe pouvait les protéger; la presse n'avait jamais fait état de camps ou de mesures d'internement. J'ouvre ici une parenthèse pour préciser que, comme Bourguiba, le Bey souhaitait obtenir l'indépendance de la Tunisie ; pour cela, l'un comptait sur l'appui des Alliés dont il escomptait la victoire finale, tandis que l'autre, convaincu que l'Axe sortirait victorieux du conflit, avait misé sur le mauvais cheval. Il fut destitué à la libération pour céder son trône à Sidi Lamine Pacha Bey, apparemment plus francophile, qui, plus tard, fut à son tour renversé par Bourguiba lorsqu'il instaura un régime républicain.,,,,,,,,,,

Dès cet instant, mon père n'eut plus qu'un souci : il fallait rentrer le plus vite possible au Kram car la famille s'inquiéterait si elle apprenait quelque nouvelle des récents événements. Nous nous empressâmes donc de regagner le lieu de notre rendez-vous, bien en avance sur l'heure fixée, mais ainsi nous étions sûrs d'avoir une place dans le camion dès son arrivée. Sur le chemin du retour, çà et là, des Allemands mettaient le feu à des véhicules abandonnés dans des terrains vagues. Parmi les occupants du camion, certains habitaient à la Marsa où ils devaient être reconduits ; aussi, nous demandâmes au chauffeur de nous déposer aux environs de l'amphithéâtre de Carthage, à la Malga, et nous parcourûmes à pied les quatre ou cinq kilomètres qui nous séparaient du Kram en prenant des raccourcis à travers champs. Chemin faisant nous fûmes surpris par une alerte aérienne ; des Lightning Lockheed P 38, chasseurs facilement reconnaissables à leur double fuselage, avaient pris pour cible la base d'hydravions de l'Aéroport qu'ils mitraillaient en rase-mottes ; à vol d'oiseau nous étions assez près pour ne rien perdre de ce spectacle.

Parvenus à destination, nous fûmes accueillis avec grand soulagement par ma mère, ma grand-mère et ma tante qui guettaient notre arrivée devant le portail du jardin de la villa. Nous restâmes un moment là à rendre compte de notre journée, quand un camion allemand s'arrêta presque à notre hauteur, juste en face de l'église ; le chauffeur en descendit et, s'approchant de mon père, lui demanda la permission d'occuper le garage ouvert situé sur le flanc du jardin ; mon père refusa, prétextant que cet abri était déjà utilisé pour un véhicule de la gendarmerie nationale, en oubliant volontairement de préciser qu'il ne s'agissait que d'un side-car. L'homme n'insista pas ; il laissa là son camion, dans la rue, et repartit à pied.

Je me levai tôt le lendemain matin après une nuit où j'eus beaucoup de mal à trouver le sommeil. La rue connaissait une animation inhabituelle pour cette heure matinale ; devant la villa, des Compagnons de France étaient en train de vider de son contenu le camion abandonné la veille par le soldat allemand : il était rempli de couvertures et de machines à écrire. Les gens qui passaient de plus en plus nombreux allaient tous dans la même direction. J'appris qu'ils se dirigeaient vers le terrain de football de l'Aéroport, à trois ou quatre cents mètres de chez nous, où les Alliés étaient déjà arrivés pendant la nuit, alors que nous n'avions absolument rien entendu. Je suivis le mouvement : le terrain était effectivement occupé par des éléments de la 8ème armée du Maréchal Montgomery. Pendant que nous étions là à tourner autour des soldats britanniques et de quelques prisonniers allemands qu'ils encadraient, nous assistâmes au mitraillage d'un navire hôpital allemand qui, immobilisé dans le golfe, en face de l'endroit où nous nous trouvions, donnait du gîte ; cette opération dura très peu de temps et le bruit, vrai ou faux, courut que le navire était chargé de prisonniers alliés. On pourrait être choqué par le fait que les Alliés aient attaqué un tel bâtiment ; mais il faut dire à leur décharge qu'il n'était pas rare que les Allemands utilisent ce genre de navire pour transporter leurs troupes.

Un peu plus tard, je retrouvai là quelques amis. Nous apprîmes que la police souhaitait l'aide de jeunes pour faire de la récupération ; nous décidâmes de nous mettre à sa disposition. On nous confia un camion allemand et on nous donna pour mission de visiter tous les lieux qui, la veille encore, étaient occupés par les forces de l'Axe, d'y récupérer tout ce qui était récupérable, armes, munitions, ravitaillement, habillement, objets divers et d'entreposer tout cela dans les locaux où la Police, qui avait évacué le commissariat de la Goulette, avait transféré ses services, un appartement réquisitionné situé sur la place de Versailles. Un peu plus tard dans la matinée Roger Minvielle se joignit à nous et participa à cette opération de récupération qui dura jusqu'à environ trois heures de l'après-midi. On nous autorisa à garder quelques bricoles pour nous ; n'ayant pas le sens des affaires je ne rapportai chez moi que deux casques en liège, deux bouteilles d'eau de vie de "bois", un ersatz allemand, et un poignard épointé de commando italien ; d'autres firent de meilleurs choix, notamment Roger qui avait récupéré une caisse de vrai champagne et réussit à la soustraire à la vigilance et sûrement à la convoitise des policiers.

Notre livraison faite, Roger nous proposa de filer jusqu'à chez lui, à la Marsa, pour y déposer son "butin". Tout le monde fut d'accord. J'allai prendre à la maison un grand drapeau tricolore, que l'on arborait habituellement à l'occasion de la Fête Nationale, et je le plantai à l'avant du camion. Sur tout le trajet nous ne rencontrâmes aucun militaire de quelque armée que ce fût. Cependant, en arrivant sur l'avenue principale qui reliait Marsa-Ville à Marsa-Résidence, nous fûmes un peu surpris d'apercevoir çà et là sur les trottoirs quelques Allemands en toute liberté, mais nous fûmes surtout ravis de constater que la population qui se rassemblait en différents endroits de notre trajet applaudissait à tout rompre sur notre passage comme si c'étaient nous qui étions les libérateurs. Je revois encore la mine effarée des parents de Roger. "Mais vous êtes fous, s'écria M. Minvielle, d'être venus jusqu'ici avec ce camion et ce drapeau ! Les Alliés ne sont pas encore arrivés à la Marsa." Cela expliquait l'accueil délirant qui nous fut réservé et la présence de militaires allemands sur les trottoirs. Ceux-ci, sachant que leurs heures de liberté étaient comptées, n'avaient pas jugé utile de s'en prendre à nous.

Nous ne nous attardâmes pas ; il nous fallait retourner au Kram pour restituer le camion. A hauteur de Sainte-Monique nous aperçûmes sur le bas-côté un corps allongé revêtu d'un uniforme allemand et portant un écriteau sur la poitrine ; nous nous arrêtâmes pour aller voir de plus près : il s'agissait du cadavre d'un arabe qui avait dû s'enrôler dans l'armée allemande ; ils avaient été quelques uns à l'avoir fait; ayant probablement tenté de déserter en voyant la tournure prise par les événements, il avait été exécuté par les Allemands pour "traîtrise" comme l'indiquait l'écriteau. Au moment de repartir, le camion s'y refusa : nous étions tombés en panne d'essence. Il ne nous resta plus qu'à parcourir à pied les cinq ou six kilomètres qui nous séparaient du Kram. Munis d'un jerrican de carburant, nous nous fîmes accompagner en voiture pour récupérer notre véhicule ; arrivés sur les lieux, nous ne pûmes que constater les dégâts : notre camion ainsi que le drapeau avaient été incendiés ; par qui ? Nous ne cherchâmes pas à le savoir, mais probablement par ceux-là mêmes qui avaient enlevé le cadavre. Nous nous empressâmes de retourner au Kram qui, au moins pour l'heure, était une localité qui présentait, somme toute, plus de sécurité.

Les jours qui suivirent furent des jours de liesse. Les forces de l'Axe se rendirent en masse : les soldats italiens, ayant perdu tout d'un coup leur superbe, passaient par colonnes entières, ainsi que les Allemands plus dignes, encadrés par des soldats alliés. Le 9 mai, ce fut la libération de Zaghouan ; 22 000 Allemands se rendirent aux troupes françaises. Seule une poche de résistance subsista dans le Cap Bon d'où, probablement, les ennemis pensaient pouvoir gagner la Sicile. Le 12 mai, la reddition de toutes les forces de l'Axe en Tunisie, soit 291 000 prisonniers allemands et italiens, mettait fin à la campagne en Afrique du Nord qui avait été déclenchée six mois plus tôt. L'événement fut célébré par un grandiose défilé de la Libération à Tunis, sur l'esplanade Gambetta ; pour rien au monde on n'aurait voulu manquer cela.

. Le jour du défilé de la Libération, Mme Combres me proposa de me joindre à elle et à ses deux fils Armand, de mon âge, et René, plus jeune, pour gagner la capitale afin de ne pas rater l'événement ; nous parcourûmes à pied les quatorze kilomètres qui nous séparaient du lieu de la manifestation ; l'enthousiasme ambiant nous faisait oublier la fatigue. Arrivés sur les lieux assez tôt, nous n'eûmes pas de mal à trouver une bonne place qui allait nous permettre de tout voir dans de bonnes conditions : nous pûmes ainsi applaudir à tout rompre nos libérateurs français, britanniques et américains défilant devant le Général Giraud entouré des grands chefs militaires des trois nations qui avaient dirigé les opérations. L'après-midi, le cœur joyeux, nous refîmes le chemin inverse, dans les mêmes conditions, après une journée bien remplie et nous parvînmes à destination rompus mais combien heureux !

La population, comme de bien entendu, manifesta amplement sa sympathie à l'égard des troupes alliées, mais nous eûmes vite fait de nous rendre compte d'une différence de comportement entre les soldats américains et les militaires britanniques ; il faut dire que pour participer aux opérations d'Afrique du Nord, le gouvernement de l'Oncle Sam avait pris le tout venant ; on disait même alors - assertion vraie ou fausse?- que les portes des prisons américaines avaient été largement ouvertes à cette occasion. Le fait est qu'il était assez fréquent de rencontrer des G.I.'s déambulant dans les rues du Kram, plus ou moins ivres malgré les fréquentes patrouilles de la Military Police, et donnant une piètre image de l'armée américaine, image tout à fait fausse, je l'affirme ; je puis en témoigner en connaissance de cause après avoir connu cette armée de l'intérieur : dans l'armée de l'air américaine, au sein de laquelle j'ai vécu pendant quatorze mois environ, régnaient l'ordre, la discipline, la propreté, l'hygiène, en compensation de quoi on jouissait d'un incontestable bien-être et d'un confort insoupçonnable dans l'armée française ; ici, les jeunes filles rencontrées seules étaient importunées par des militaires qui titubaient, qui frappaient à coups redoublés sur les portes donnant directement sur la rue en réclamant à tue-tête :"Vino ! Vino !", là-bas, dans leur pays, les jeunes filles s'étaient donné pour tâche de distraire le mieux possible, en toute camaraderie, les militaires permissionnaires qui étaient assurés d'un chaleureux accueil dans des centres appelés "U.S.O.". Il faut dire que, dans le corps expéditionnaire, nombreux étaient les militaires américains d'origine italienne ; volontaires ou non, ils étaient là dans la perspective d'aller bientôt combattre sur la terre de leurs ancêtres ; ils profitaient donc de cette trêve pour se défouler en libérant leurs mauvais instincts. Les familles siciliennes qui, quelques jours plus tôt, accueillaient encore chaleureusement les soldats de l'armée italienne, n'eurent aucun scrupule à faire volte-face et à ouvrir largement les portes de leurs maisons aux nouveaux arrivants, leur offrant du vin à volonté et parfois même leurs filles en échange de quelques avantages matériels.

L'attitude des britanniques était plus digne ; ils sympathisaient avec la population mais en la respectant, sans se livrer aux excès de leurs compagnons d'armes ; ils ne ménageaient d'ailleurs pas leurs critiques à l'égard des enfants de l'Oncle Sam ; leur comportement rassurait les familles, surtout celles qui comptaient une ou plusieurs jeunes filles en leur sein, et on les accueillait volontiers chez soi pour les retremper, pour un temps, dans une ambiance familiale qu'ils appréciaient grandement ; on se méfiait donc davantage des américains à cause des débordements de certains et les meilleurs d'entre eux se voyaient de ce fait injustement pénalisés.

La libération du sol tunisien s'accompagna rapidement d'un ensemble de mesures qui, plus ou moins, allaient toucher toutes les familles : les jeunes gens qui effectuaient leur service dans les chantiers de jeunesse institués par Vichy furent aussitôt intégrés dans l'armée française, plus exactement dans l'armée "Giraud" ; …….. A ce moment-là, en effet, une certaine dissension existait entre le Général de Gaulle, soutenu par Sir Winston Churchill, et le Général Giraud que le Président Roosevelt aurait voulu avoir pour seul interlocuteur ; dire que les deux hommes, l'un à la tête du Comité de Londres, l'autre présidant le Comité d'Alger, n'arrivaient pas à s'entendre, est un pur euphémisme ; chacun des deux voulait pour lui seul la reconnaissance politique des Alliés comme unique représentant de la France. Le Général Giraud, dont l'évasion de la forteresse de Königstein, le 24 mai 1940 avait eu un retentissement considérable, parvint à Alger, deux jours après les Alliés à bord d'un sous-marin qui était allé le chercher en France, bien avant le Général de Gaulle, plus ou moins retardé par la volonté de Roosevelt.

Le 24 janvier 1943, une entrevue de Gaulle - Giraud à Casablanca, à l'initiative de Churchill et Roosevelt, en vue d'aboutir à une réconciliation, se solda par un échec, mais Giraud avait accepté l'envoi auprès de lui d'un représentant du Comité de la France Libre. Il y avait donc, à ce moment-là, l'armée Gaulliste, autrement dit les F.F.L. (Forces Françaises Libres), composées essentiellement de militaires, soldats, marins et aviateurs, qui avaient rejoint le Général de Gaulle à Londres, de troupes ralliées de Syrie, du Bataillon du Pacifique, du Bataillon du Tchad, six mille hommes environ au total, de vaillants soldats qui s'étaient illustrés sur les champs de bataille d'Afrique ; ils avaient pour insigne la croix de Lorraine et portaient l'uniforme de l'armée britannique ; parallèlement, l'armée placée sous le commandement du Général Giraud, l'armée giraldiste, était composée des anciens des chantiers de jeunesse, des militaires de l'armée d'armistice passés en dissidence, des mobilisés des territoires libérés ; ils avaient pour insigne un coq gaulois sur fond tricolore et portaient l'uniforme de l'armée américaine avec sur la manche gauche un blason aux couleurs de la France. Cette situation, alors que le 3 juin 1943 s'était constitué à Alger le "Comité français de libération nationale" présidé par les deux généraux, dura jusqu'au jour où le Général Giraud, chef de l'Afrique Française après le débarquement de 1942, s'effaça devant de Gaulle en juillet 1943 : en effet, l'introduction du délégué du Comité de Londres dans le camp giraldiste aboutit à la décision du 31 juillet du Comité d'Alger nommant Giraud commandant en chef de toute l'Armée française, tandis que le général de Gaulle devenait seul président du nouveau "Comité de la Défense Nationale".

Au moment de la libération de la Tunisie, seuls des engagés volontaires pouvaient encore rejoindre les Forces Françaises Libres ; ………."
Deuxieme Guerre Mondiale a Tunis et en Tunisie
17 septembre 2007, 00:13
Deuxieme Guerre Mondiale a Tunis et en Tunisie

L'occupation allemande a dure six mois de Novembre 1942 a Mai 1943.

Construction de fours crematoires a Djebel-Djelloud :

cette information a ete publiee dans la rubrique Histoire du site Harissa.com ou on peut aussi trouver des documents interessants sur l'occupation allemande et sur l'Histoire des juifs en Tunisie :

"Une panique totale s'ensuit qui voit la construction de fours crematoires a Djebel Djelloud ainsi que le travail force, les rationnements et les bombardements."

Remarque : je suis a la recherche d'informations complementaires plus explicites sur cette information.

- Pour en savoir plus :

LU SUR ADRA

Ci-dessous des liens a la rubrique Histoire de Harissa.com :

[www.harissa.com]

et d'autres liens a differents articles et documents d'Histoire recouvrant cette periode :

[www.harissa.com]

[www.harissa.com]

[www.harissa.com]

[www.harissa.com]

[www.harissa.com]

[www.harissa.com]

[www.harissa.com]

[www.harissa.com]

D'autres sites interessants :

[www.interet-general.info]

[fr.wikipedia.org]

[www.ac-versailles.fr]
Souvenirs personnels des six mois de l'occupation allemande en Tunisie et de la Liberation de Tunis le 7 Mai 1943

Temoignage de mon jeune frere :

"Je garde une image tenace des bombardements en novembre 1942, je me trouvais dans les bras de Mr Berdah, notre voisin, dans la "skifa" (entree) de l'immeuble et j'ai vu ma mere, un foulard multicolore sur la tête, sortir de l'immeuble sous les bombardements. Plus tard j'ai appris qu'elle était sortie à la recherche de mon frere aine et de mon pere (qui se trouvaient chez le coiffeur a pres de deux cents metres) .

Autre image : on se réfugiait au cimetiére, pendant les bombardements, dans des tombes aménagées avec des branchages et des feuillages au dessus de nos têtes. Je revois encore les voisins debouts serrés les uns contre les autres, le regard grave, mais sans peur.

J'avais 2 ans et demi..."

Souvenirs personnels de cette periode :

Comme pres de la moitie des habitants de l'Avenue de Londres, l'immeuble ou nous habitions se trouvait attenant a l'ancien cimetiere israelite de l'Avenue Roustan.

Ces abris (tranchees recouvertes de planches de bois et de feuillage) etaient construits par les locataires des immeubles de l'Avenue de Londres (situes en bordure du cimetiere israelite de l'Avenue Roustan), cela, afin de se proteger du bombardement de Tunis par les avions allies principalement sur le port en mai 1943 .
D'apres ma soeur ainee (elle avait environ 7 ans !), on faisait des concours : c'était à celui qui aurait la plus belle tranchée que l'on balayait et décorait différemment tous les jours.

J'avais alors un peu moins de 5 ans et j'ai garde un souvenir tres precis de l'odeur de terre humide et aussi du visage grave des voisins dont certains lisaient avec ferveur "les Tehilim";

j'apercevais a travers l'etroite ouverture de la tranchee les chapelets de bombes qui tombaient sur le port de Tunis ( juste derriere l'hotel Ritz qui se trouvait au coin de l'Avenue Roustan et de l'Avenue de Paris ) tout cela accompagne par le sifflement et le bruit terrifiant de leur explosion .

D'autres souvenirs me reviennent a l'esprit : Ceux de la Liberation de Tunis par les Allies.

Premier souvenir : Lorsque les premiers allies sont rentres a Tunis, ils firent de nombreux prisonniers italiens et allemands. Papa avait rapporte de la rue (je crois du "Passage" et pres de la gare Nord du TGM) une "prise de guerre" en l'occurence un chapeau (bicorne a "la Napoleon") que portaient a l'epoque certaines unites italiennes. Pour feter l'evenement, les 4 enfants avaient eu le droit de faire une ou plusieurs fois le tour autour de la table de la salle a manger avec ce fameux chapeau sur la tete !

Deuxieme souvenir : Les Allies americains avaient installe leur campement sur l'esplanade du Boulevard Gambetta. Ma grand-mere maternelle, venait me chercher pour l'accompagner sur cet esplanade; elle me faisait porter, intentionnellement, un beret noir bien trop grand pour moi mais assez pratique pour le remplir au maximum de toutes les friandises et chocolats que distribuaient avec beaucoup de generosite les soldats allies aux enfants.

Troisieme souvenir : Les Festivites de la Liberation de Tunis avec ses debordements de liesse sur l'avenue Jules Ferry ou une foule compacte se pressait. Les soldats americains et anglais etaient quelque peu emeches et certains, opportunaient sans vergogne aussi bien les jeunes filles que les femmes mariees.

Cela a fait dire a maman : "Les soldats allemands a Tunis faisaient plus peur que les allies evidemment mais en general leur comportement etait assez correct envers les femmes". Maman m'a raconte qu'un jour, elle portait mon plus jeune frere dans ses bras lorsqu'un soldat allemand s'est approche d'elle en lui disant dans un francais approximatif :"moi avoir enfant du meme age " et je crois qu'il a ajoute :"je peux lui caresser la joue !"

Certains soldats americains avaient parfois un comportement franchement malhonnete. Papa m'a raconte qu'il vendait aux americains des souvenirs ( entre autres, des mouchoirs et des nappes que maman brodaient ) dans le magasin de mon oncle (dont l'enseigne, je crois, etait "Le Poisson d'argent" et ce magasin etait situe sur l'avenue de paris aux alentours du Majestic Hotel); des soldats americains avaient fait main basse sur une partie de la marchandise et etaient venus le lendemain proposer de la revendre et ainsi essayer d'ecouler cette meme marchandise volee la veille !

Quatrieme souvenir : celui de papa, travaillant jour et nuit, cousant à la main, avec une alène, des semelles en alfa qui, par defaut a l'epoque, remplacaient celles en cuir. Je le vois encore, courbe sur son travail dans un coin de la chambre a coucher, faiblement eclaire par une simple lampe, travaillant durement jusqu'a des heures avancees de la nuit. Tout cela, il le faisait par necessite car, durant une partie de la guerre, l'Ecole de l'Alliance de la rue Malta-Srira avait ete fermee et les instituteurs ne recevaient plus de salaire.Pour pallier ce maque a gagner et pour nourrir leur famille de quatre enfants, papa et maman n'ont pa hesite a travailler dans ces conditions difficiles. Durant cette periode, je ne pense pas que nous,les enfants, ayons manque de quoi que ce soit et cela grace a la conduite exemplaire et le courage de nos parents.

[[i]extraits du site familial[/i]]
Ces textes m'ont beaucoup intéressée , Lapid...Moi-même n'en sais que ce qu'on m'en a raconté
En effet, je suis née en 1943, à Monastir où mes parents, récemment mariés, s'étaient réfugiés avec plusieurs autres membres de la famille, Sousse étant bombardée sans cesse ..MOn grand père paternel est mort sous un de ces bombardements, il s'était réfugié sur la plage, avec d'autres personnes, pensant que cela les protégerait...Ce ne fut pas le cas.

Mon père, tailleur, était obligé de confectionner des costumes pour les soldats allemands qui entraient et sortaient dans cette maison de style arabe où ma mère m'a mise au monde dans de terribles souffrances. Nous sommes retournés à Sousse fin 43 oou début 44, je pense et mes parents, ont dû repartir à zéro, magasin, maison, mobilier, tout ayant été détruit

Je n'ai su que récemment que certains juifs ont dû porter l'étoile jaune et j'avais entendu parler des fours crématoires
Une exposition intéressante sur l'occupation allemande en Tunisie, que j'ai vue il y a deux ans environ, m'a permis d'en savoir plus sur cette sinistre période, le rôle du général Estéva et bien d'autres choses encore, notamment sur le sort des juifs avant et pendant la colonisation

L'avenue principale à Sousse a été nommée "avenue du 12 avril 1943", jour de la libération de sousse, jusqu'à l'indépendance.
Re: Souvenirs personnels des six mois de loccupation allemande en Tunisie Liberation de Tunis le 7 Mai 1943
22 décembre 2007, 09:40
Alyana, une conférence sur la communauté juive de Sousse pendant l'occupation a eu lieu récemment dans le cadre de la Société d'Histoire des Juifs de Tunisie (SHJT). Elle a été donnée par Mme Claire Rubinstein-Cohen.
Cette conférence avait été annoncée dans Harissa Date: 28 November 2007, 23:45[harissa.com]
Bonsoir Meyer
Oui, j'en avais entendu parler, et j'aurais bien voulu y assister..Mais je devais subir une petite intervention le lendemain matin, dommage !
Je regrette par ailleurs que, sur le site, il y ait peu de messages de Soussiens ou sur Sousse
Re: Histoire - Campagne de Tunisie et Liberation de Tunis le 7 Mai 1943
13 octobre 2008, 12:07
L’histoire des Juifs de Tunisie pendant l’occupation allemande 13/10/2008


L’histoire des Juifs de Tunisie pendant l’occupation allemande Propos recueillis par Sophie Reverdi
Paul Nataf revient cette année en Tunisie avec la réédition d’un livre, paru en 1944, de Robert Borgel « Etoile jaune et croix gammée », qui retrace l’histoire des Juifs de Tunisie face aux nazis. Cette réédition est son initiative, comporte un complet et méticuleux travail d’archives, qui complètent les faits décrits par Borgel. Il est évident qu’à travers ses différents ouvrages, sa démarche est dédiée à rapprocher, par le biais d’une meilleure compréhension mutuelle, deux peuples frères de Tunisie et mérite qu’on lui rende hommage.

Le livre de Robert Borgel, dont vous avez contribué par votre travail d’historien à alimenter certains passages, décrit cette communauté, son organisation. Pourquoi avoir attendu soixante-quatre ans pour rééditer cet ouvrage ?
En 1945, lorsque les Juifs de Tunisie ont découvert les persécutions affreuses subies par leurs coreligionnaires d’Europe, ils ont estimé qu’ils n’avaient pas le droit de se plaindre, car ils avaient été dans l’ensemble sauvegardés, et que leurs souffrances avaient été moindres que celles des 6 millions de Juifs européens exterminés. Par pudeur, ils ont tu ce qu’ils avaient subi. Et puis il y avait d’autres préoccupations : les difficultés franco-tunisiennes, c’était le temps de la décolonisation, le temps de l’indépendance, les difficultés économiques, le départ pour la majorité d’entre eux et la nécessité de reconstruire une vie ailleurs.
La communauté juive s’est dispersée. Dans sa très large majorité, elle a quitté cette rive de la Méditerranée. Il y a eu effectivement des recherches sur l’histoire de la Shoah qui ont été entreprises, à partir des années 80 en France, aux Etats-Unis. En 1997 la Société d’Histoire des Juifs de Tunisie, qui venait d’être créée, a organisé une table ronde sur ce sujet et a contribué à le faire prendre en compte par la communauté des historiens. En réalité, ces persécutions même minimes, subies par les Juifs de Tunisie, s’insèrent dans un tout, qui était la volonté nazie d’anéantir les Juifs de toute la surface de la terre. Il ne faut pas oublier que les Juifs d’Afrique du Nord faisaient partie des plans d’extermination nazie élaborés lors de la sinistre conférence de Wansee. Nous avons donc pensé qu’il fallait donner la parole aux témoins. Le livre de Robert Borgel n’était pas connu et nous avons proposé de le rééditer et de le compléter grâce à des documents d’archives inédits que nous avions pu rassembler.

Quel a été le comportement de Moncef Bey lors de l’occupation allemande de la Tunisie ?
Moncef Bey a publiquement désapprouvé les mesures antisémites de Vichy, et ce dès son intronisation. Il a tenu à décorer du plus haut grade du Nichan Iftikhar Elie Sebag, une personnalité juive, pour montrer qu’il ne faisait pas de différences. Pendant l’occupation allemande, lorsque qu’a été imposé aux jeunes Juifs le travail obligatoire dans les camps allemands, Moncef Bey a fait savoir à la Communauté qu’il ne pouvait rien faire. Mais à titre individuel, Moncef Bey, son fils le Prince Raouf, sa famille, son entourage, ses dignitaires, ont aidé et caché des Juifs dans leurs propriétés, pour leur éviter les camps de travail. Une aide très marquée et réelle aussi de la part de personnalités musulmanes, notamment le Premier Ministre de Moncef Bey, Mohamed Chenik, ou encore de Bahri Guiga, du Docteur Materi et de la famille Sakka.
*Il n’y a pas eu en Tunisie de résistance juive à proprement parler, mais dès 1940 des groupes de Français qui désapprouvaient l’armistice ont créé des réseaux de résistance. Il y avait parmi ces résistants des Juifs de Tunisie qui ont été déportés en tant que résistants, je pense notamment à Lise Hannon, Serge Moati, Dana, Karoubi etc…
Il y a eu aussi une résistance communiste après l’attaque de l’URSS par l’Allemagne, en 1941. Le Parti Communiste de Tunisie est alors entré en résistance et s’est rallié à De Gaulle. Les noms de Georges Attal, de Maurice Nisard, de Paul Sebag illustrent cette résistance communiste dans laquelle les Juifs étaient nombreux. Moncef Bey, qui était nationaliste, n’appréciait pas les communistes.
* L’universitaire André Abitbol, questionné, a répondu qu’il y a eu une résistance de personnalités de confession israélite, dans le cadre des structures ou partis auxquels ils adhéraient. Exemple: Maurice Nisard, sous le nom de “Nicolas”, recherché et condamné à mort par contumace, ainsi que Claye Attal et Spano. D’autres encore comme Roger Taieb, Yvon Slama, Serge Moati, Aldo Bessis étaient résistants.

On a parlé de fours crématoires construits à Sidi Belhassen, qu’en est-il?
Ce que l’on a pris pour un four crématoire était un four à pain de l’intendance militaire allemande, et rien de plus. En tant qu’historien, je ne peux cautionner cela, c’est un phantasme. Il n’y a pas eu de camps d’extermination en Tunisie, par conséquent pas de four crématoire.

Parlez-nous alors de ces camps de travail et du sort que les Allemands réservaient aux Juifs de Tunisie. A quelle place se situait cette communauté juive dans le schéma de la solution finale allemande ?
L’intention des Allemands était l’anéantissement de la communauté juive de Tunisie. Pour cela il fallait arrêter le plus grand nombre de Juifs, les mettre dans des camps, et les fusiller ensuite lorsque les armées allemandes auraient percé le front et pu avancer vers l’Algérie. Le 8 décembre 1942, les Allemands ont exigé de la Communauté juive de lui présenter le lendemain 3.000 juifs âgés de 18 à 40 ans pour travailler dans des camps. La Communauté, qui était un organisme de culte et de bienfaisance présidé par Moïse Borgel, était dans l’incapacité de mobiliser 3.000 hommes en 24 heures. Aussi le 9 décembre les Allemands ont procédé à des rafles dans la Grande synagogue et aux abords de l’école de l’Alliance israélite, rue Malta Srira. En même temps ils ont arrêté 100 personnalités juives désignées comme otages et destinées à être fusillées en cas de désobéissance de la population juive. Plus de 5.000 hommes ont été ainsi dans des camps de travail sous la garde de l’armée allemande. Le camp le plus sévère était à Bizerte. Il y a eu aussi des camps à Sidi Ahmed, à Zaghouan, à Sousse, à Mateur, à Sfax, à Kairouan, à Nabeul, dans Tunis et sa région. Les conditions de vie étaient très difficiles, manque d’hygiène, de nourriture, coups, sévices, travaux pénibles, et il y eut même des fusillés.
Mais même si l’on déplore une soixantaine de morts, ces camps n’étaient pas des camps d’extermination. Les déportations des Juifs de Tunisie enfermés dans les camps n’étaient pas simples à réaliser, puisque les Alliés avaient la maîtrise de la mer, et qu’il aurait fallu les déporter en avion. Il n’y a donc eu qu’un seul cas de déportation aérienne en avril 1943, mais la suite des opérations militaires a empêché les Allemands de réaliser leur projet et le nombre des déportés de l’unique convoi non revenus des camps est inférieur à 20.
En réalité les Allemands voulaient exterminer les Juifs de Tunisie par fusillades comme ils l’avaient fait en Russie. Mais les SS n’étant pas en grand nombre et les soldats de la Wermacht peu habiles pour ce genre de massacre, les Allemands ont voulu pousser la population musulmane au pogrom. Ils ont incité des Musulmans à faire le travail à leur place en allant aller dans les quartiers à forte population juive pour piller et tuer. Mais grâce à la sagesse de chefs musulmans comme Aziz Djellouli le gouverneur de Tunis, et d’autres comme Mohamed Chenik, le Docteur Materi, l’exécution de ce funeste dessin a été empêché. Le diplomate allemand Rahn, qui a publié ses Mémoires après la guerre, révèle cet épisode jusqu’alors inconnu des historiens.

Peut-on dire que Moncef Bey, en donnant l’exemple, a sauvé les Juifs de Tunisie de la mort ?
La personnalité de Moncef Bey, et l’exemple qu’il a donné à ses compatriotes, mais aussi au reste du monde, a sauvé de la mort la population juive de Tunisie dans cette circonstance. Il faut retenir aussi qu’il a évité à la population juive de Tunis le port de l’étoile jaune (qui a été portée à Sousse et à Sfax) en déclarant qu’il ne voulait pas qu’il y ait de discrimination entre ses sujets.

La Société d’Histoire des Juifs de Tunisie, présidée par Paul Nataf, organisera en novembre prochain, à la Sorbonne , un colloque international sur l’histoire comparée des Juifs du Maghreb de l’époque coloniale à nos jours. Ce colloque réunira 42 chercheurs du 3 au 6 novembre 2008…
La première leçon inaugurale sera donnée par M. M’Hamed Hassine Fantar, titulaire de la chaire Ben Ali pour le dialogue des civilisations et des religions, et qui brossera un tableau des Juifs au Maghreb dans l’Antiquité.

Paul Nataf revient cette année en Tunisie avec la réédition d’un livre, paru en 1944, de Robert Borgel « Etoile jaune et croix gammée », qui retrace l’histoire des Juifs de Tunisie face aux nazis. Cette réédition est son initiative, comporte un complet et méticuleux travail d’archives, qui complètent les faits décrits par Borgel. Il est évident qu’à travers ses différents ouvrages, sa démarche est dédiée à rapprocher, par le biais d’une meilleure compréhension mutuelle, deux peuples frères de Tunisie et mérite qu’on lui rende hommage.

Le livre de Robert Borgel, dont vous avez contribué par votre travail d’historien à alimenter certains passages, décrit cette communauté, son organisation. Pourquoi avoir attendu soixante-quatre ans pour rééditer cet ouvrage ?
En 1945, lorsque les Juifs de Tunisie ont découvert les persécutions affreuses subies par leurs coreligionnaires d’Europe, ils ont estimé qu’ils n’avaient pas le droit de se plaindre, car ils avaient été dans l’ensemble sauvegardés, et que leurs souffrances avaient été moindres que celles des 6 millions de Juifs européens exterminés. Par pudeur, ils ont tu ce qu’ils avaient subi. Et puis il y avait d’autres préoccupations : les difficultés franco-tunisiennes, c’était le temps de la décolonisation, le temps de l’indépendance, les difficultés économiques, le départ pour la majorité d’entre eux et la nécessité de reconstruire une vie ailleurs.
La communauté juive s’est dispersée. Dans sa très large majorité, elle a quitté cette rive de la Méditerranée. Il y a eu effectivement des recherches sur l’histoire de la Shoah qui ont été entreprises, à partir des années 80 en France, aux Etats-Unis. En 1997 la Société d’Histoire des Juifs de Tunisie, qui venait d’être créée, a organisé une table ronde sur ce sujet et a contribué à le faire prendre en compte par la communauté des historiens. En réalité, ces persécutions même minimes, subies par les Juifs de Tunisie, s’insèrent dans un tout, qui était la volonté nazie d’anéantir les Juifs de toute la surface de la terre. Il ne faut pas oublier que les Juifs d’Afrique du Nord faisaient partie des plans d’extermination nazie élaborés lors de la sinistre conférence de Wansee. Nous avons donc pensé qu’il fallait donner la parole aux témoins. Le livre de Robert Borgel n’était pas connu et nous avons proposé de le rééditer et de le compléter grâce à des documents d’archives inédits que nous avions pu rassembler.

Quel a été le comportement de Moncef Bey lors de l’occupation allemande de la Tunisie ?
Moncef Bey a publiquement désapprouvé les mesures antisémites de Vichy, et ce dès son intronisation. Il a tenu à décorer du plus haut grade du Nichan Iftikhar Elie Sebag, une personnalité juive, pour montrer qu’il ne faisait pas de différences. Pendant l’occupation allemande, lorsque qu’a été imposé aux jeunes Juifs le travail obligatoire dans les camps allemands, Moncef Bey a fait savoir à la Communauté qu’il ne pouvait rien faire. Mais à titre individuel, Moncef Bey, son fils le Prince Raouf, sa famille, son entourage, ses dignitaires, ont aidé et caché des Juifs dans leurs propriétés, pour leur éviter les camps de travail. Une aide très marquée et réelle aussi de la part de personnalités musulmanes, notamment le Premier Ministre de Moncef Bey, Mohamed Chenik, ou encore de Bahri Guiga, du Docteur Materi et de la famille Sakka.
*Il n’y a pas eu en Tunisie de résistance juive à proprement parler, mais dès 1940 des groupes de Français qui désapprouvaient l’armistice ont créé des réseaux de résistance. Il y avait parmi ces résistants des Juifs de Tunisie qui ont été déportés en tant que résistants, je pense notamment à Lise Hannon, Serge Moati, Dana, Karoubi etc…
Il y a eu aussi une résistance communiste après l’attaque de l’URSS par l’Allemagne, en 1941. Le Parti Communiste de Tunisie est alors entré en résistance et s’est rallié à De Gaulle. Les noms de Georges Attal, de Maurice Nisard, de Paul Sebag illustrent cette résistance communiste dans laquelle les Juifs étaient nombreux. Moncef Bey, qui était nationaliste, n’appréciait pas les communistes.
* L’universitaire André Abitbol, questionné, a répondu qu’il y a eu une résistance de personnalités de confession israélite, dans le cadre des structures ou partis auxquels ils adhéraient. Exemple: Maurice Nisard, sous le nom de “Nicolas”, recherché et condamné à mort par contumace, ainsi que Claye Attal et Spano. D’autres encore comme Roger Taieb, Yvon Slama, Serge Moati, Aldo Bessis étaient résistants.

On a parlé de fours crématoires construits à Sidi Belhassen, qu’en est-il?
Ce que l’on a pris pour un four crématoire était un four à pain de l’intendance militaire allemande, et rien de plus. En tant qu’historien, je ne peux cautionner cela, c’est un phantasme. Il n’y a pas eu de camps d’extermination en Tunisie, par conséquent pas de four crématoire.

Parlez-nous alors de ces camps de travail et du sort que les Allemands réservaient aux Juifs de Tunisie. A quelle place se

situait cette communauté juive dans le schéma de la solution finale allemande ?
L’intention des Allemands était l’anéantissement de la communauté juive de Tunisie. Pour cela il fallait arrêter le plus grand nombre de Juifs, les mettre dans des camps, et les fusiller ensuite lorsque les armées allemandes auraient percé le front et pu avancer vers l’Algérie. Le 8 décembre 1942, les Allemands ont exigé de la Communauté juive de lui présenter le lendemain 3.000 juifs âgés de 18 à 40 ans pour travailler dans des camps. La Communauté, qui était un organisme de culte et de bienfaisance présidé par Moïse Borgel, était dans l’incapacité de mobiliser 3.000 hommes en 24 heures. Aussi le 9 décembre les Allemands ont procédé à des rafles dans la Grande synagogue et aux abords de l’école de l’Alliance israélite, rue Malta Srira. En même temps ils ont arrêté 100 personnalités juives désignées comme otages et destinées à être fusillées en cas de désobéissance de la population juive. Plus de 5.000 hommes ont été ainsi dans des camps de travail sous la garde de l’armée allemande. Le camp le plus sévère était à Bizerte. Il y a eu aussi des camps à Sidi Ahmed, à Zaghouan, à Sousse, à Mateur, à Sfax, à Kairouan, à Nabeul, dans Tunis et sa région. Les conditions de vie étaient très difficiles, manque d’hygiène, de nourriture, coups, sévices, travaux pénibles, et il y eut même des fusillés.
Mais même si l’on déplore une soixantaine de morts, ces camps n’étaient pas des camps d’extermination. Les déportations des Juifs de Tunisie enfermés dans les camps n’étaient pas simples à réaliser, puisque les Alliés avaient la maîtrise de la mer, et qu’il aurait fallu les déporter en avion. Il n’y a donc eu qu’un seul cas de déportation aérienne en avril 1943, mais la suite des opérations militaires a empêché les Allemands de réaliser leur projet et le nombre des déportés de l’unique convoi non revenus des camps est inférieur à 20.
En réalité les Allemands voulaient exterminer les Juifs de Tunisie par fusillades comme ils l’avaient fait en Russie. Mais les SS n’étant pas en grand nombre et les soldats de la Wermacht peu habiles pour ce genre de massacre, les Allemands ont voulu pousser la population musulmane au pogrom. Ils ont incité des Musulmans à faire le travail à leur place en allant aller dans les quartiers à forte population juive pour piller et tuer. Mais grâce à la sagesse de chefs musulmans comme Aziz Djellouli le gouverneur de Tunis, et d’autres comme Mohamed Chenik, le Docteur Materi, l’exécution de ce funeste dessin a été empêché. Le diplomate allemand Rahn, qui a publié ses Mémoires après la guerre, révèle cet épisode jusqu’alors inconnu des historiens.

Peut-on dire que Moncef Bey, en donnant l’exemple, a sauvé les Juifs de Tunisie de la mort ?
La personnalité de Moncef Bey, et l’exemple qu’il a donné à ses compatriotes, mais aussi au reste du monde, a sauvé de la mort la population juive de Tunisie dans cette circonstance. Il faut retenir aussi qu’il a évité à la population juive de Tunis le port de l’étoile jaune (qui a été portée à Sousse et à Sfax) en déclarant qu’il ne voulait pas qu’il y ait de discrimination entre ses sujets.

La Société d’Histoire des Juifs de Tunisie, présidée par Paul Nataf, organisera en novembre prochain, à la Sorbonne , un colloque international sur l’histoire comparée des Juifs du Maghreb de l’époque coloniale à nos jours. Ce colloque réunira 42 chercheurs du 3 au 6 novembre 2008…
La première leçon inaugurale sera donnée par M. M’Hamed Hassine Fantar, titulaire de la chaire Ben Ali pour le dialogue des civilisations et des religions, et qui brossera un tableau des Juifs au Maghreb dans l’Antiquité.

[www.realites.com.tn]
Re: Deuxieme Guerre Mondiale a Tunis et en Tunisie
17 décembre 2008, 00:16
Re: Deuxieme Guerre Mondiale a Tunis et en Tunisie
17 décembre 2008, 01:52
Memoire de la deuxieme guerre mondiale en tunisie - Dossier de 38 pages préparé par : Fahrès BEN ARFA, Samir KHABTHANI et Akram ZAOUI

Les camps d'internement en Tunisie

Pour en savoir plus : [profburp.info]

...........

Conclusion

Il faut savoir que nos recherches ont été rendues difficiles par le manque de documents et d’informations existant sur le sujet des camps d’internement en Tunisie. Nous avons pu vérifier l’ignorance qui en découle, ignorance qui existait déjà à l’époque où l’activité dans les camps d’internement était effective, lors de l’occupation de la Tunisie par les troupes allemandes et italiennes.

Ainsi, la population locale n’avait pas connaissance de l’exploitation cruelle, barbare, de la communauté israélite par leurs bourreaux nazis et fascistes. Cela peut s’expliquer par de nombreux éléments :

Tout d’abord, depuis la promulgation des lois antisémites, la population israélite était relativement isolée du reste de la population ; les éléments les plus pauvres vivaient dans des quartiers spécifiques, comme « la hara » de Tunis, alors que les personnes aisées habitaient les nouveaux immeubles de Lafayette ou les jolies villas du quartier du Belvédère , près de la place Pasteur. Toutefois, aux heures sombres de l’occupation, les Juifs de Tunisie firent preuve d’une solidarité et d’une entraide mutuelle remarquables .

Par ailleurs, les Allemands et les Italiens placèrent les camps dans des endroits isolés, loin des regards indiscrets ou curieux des habitants de la Tunisie .

D’autre part, l’antisémitisme « dormant » de certains Tunisiens musulmans fut réveillé et vivifié par les nazis qui, dans leur dessein de persécution de la communauté israélite, utilisait une propagande nationaliste envers les musulmans, leur faisant miroiter l’indépendance du pays après la guerre, selon le vieil adage « Diviser pour régner » .

Un autre élément important ayant contribué à cette ignorance fut le contrôle de la presse par le gouvernement de Vichy ( qui – il est important de le rappeler – fut à l’origine des lois et mesures antisémites dont le gouvernement nazi ne fut pas le responsable, ou du moins pas le responsable direct). Ainsi ce contrôle de la presse et donc de l’esprit des lecteurs avides de nouvelles se manifesta de manière radicale. En effet, dès son arrivée à Tunis le 11 novembre 1942, Guilbaud, le représentant du maréchal Pétain, interdit tous les journaux, pour ne publier qu’un seul journal en français « Tunis Journal » qui parut jusqu’au 9 mai 1943. Certaines des nouvelles diffusées par ce même journal « ne manquaient pas de sel » (s’il est permis d’emprunter cette expression) : ainsi, en période d’affrontements durs et intensifs entre Alliés et forces de l’Axe , alors que les Alliés gagnaient du terrain, des articles écrivaient que les allemands remportaient la guerre sur tous les fronts…
Le but de ce journal était d’ancrer la présence des forces de l’Axe et de justifier leur combat dans l’esprit des habitants de la Tunisie.
Il y avait cependant des personnes qui avaient connaissance des événements, mais qui n’agissaient pas, par crainte des conséquences, de la confrontation avec les Allemands, par désintérêt. Par exemple, on peut citer Jean PUPIER, journaliste reconnu dans le Protectorat français de l’époque : dans son récit « Six mois de guerre à Tunis », il fit preuve d’une « objectivité » digne d’un observateur, mais qui peut interpeller et déranger.
Après la libération de la Tunisie, la communauté juive tunisienne reçut les premières informations sur le génocide des Juifs d’Europe. En comparaison avec les horreurs de la « solution finale », les persécutions endurées pendant les six mois d’occupation pouvaient sembler seulement un bref cauchemar.
Mais il ne faut pas réduire le génocide juif à un simple comptage des victimes de la barbarie nazie. Il concerne aussi bien l’ampleur du désastre et les techniques d’extermination utilisées que l’ensemble des étapes préliminaires : d’abord les nazis firent des lois pour bannir les Juifs de la société, puis ils les parquèrent, utilisèrent, affamèrent, avant de les pousser à la mort ou de les exterminer. En cela, les nazis furent secondés par des gouvernements, comme celui de Vichy ou de Rome par exemple.
Nous constatons que, en Tunisie, la phase ultime n’a pas été appliquée, car les conditions n’étaient pas favorables : zone de combats militaires, pays isolé en Afrique du Nord loin de l’Europe (ce qui posait des problèmes de transport ), luttes d’influence politique.
Cependant, le sort fait aux Juifs de part et d’autre de la Méditerranée s’inspirait des mêmes principes, des mêmes méthodes.
Aujourd’hui, il est triste d’observer l’ignorance générale du sort qui fut réservé aux Juifs de Tunisie . Notre travail nous a permis de secouer la poussière de ce vieux dossier si riche d’enseignements. Les survivants ne sont plus ici pour témoigner, mais nous ne devons pas les oublier. Nous sommes devenus les dépositaires de leur mémoire.
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