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Souvenirs de l’U.U.J.J.
Envoyé par lapid
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Souvenirs de l’U.U.J.J. 14 septembre 2007, 01:46 |
Souvenirs de l’U.U.J.J.
J’ai garde un excellent souvenir de cette periode ou j’ai frequente des l’age de 9 ans en tant que louveteau, le mouvement scout l’U.U.J.J. ( en fait, on prononcait plus facilement UJJ) l’Union Universelle de la Jeunesse Juive. J’etais fier de porter la tenue scout (pantalon fonce, chemise bleue ciel) avec autour du cou un foulard retenu par un anneau en cuir et sur la tete le traditionnel chapeau scout ou un beret orne de l’embleme du mouvement scout. Si je me souviens bien, nous portions aussi sur nos uniformes une etoile de David.
Le mouvement etait subdivise en Troupes ( T1, T2, T3…) et Patrouilles qui portaient un nom d’animal (Marsouins, Pingouins, Antilopes, Ecureuils…..). Les chefs portaient un « totem » : le grand chef etait « Loup-Gris » ( l’architecte Jules Cohen-Solal) , La Fouine, Dov, Moineau …
Nous nous reunissions en general dans un local une fois par semaine autour du chef de patrouille (le mien s'appelait Bebert ("La Bouffe") et habitait au debut de la rue d'Isly). On avait une serie d’activites : apprendre a faire des nœuds ( nœud plat, noeuf coulant, nœuds plus compliques comme le nœud du pecheur et bien d’autres ) . Par ailleurs, on apprenait certaines chansons en francais et en Hebreu dont je me souviens quelques titres :
Bien entendu l’Hatikva, Heveinou Chalom Aleikhem ( Nous avons apporte la paix sur vous), Hava Naguila, Hine Mah Tov oumah nayim (Qu’il est bon et agreable), Chevet ah’im gam yahad ( Que des freres soient ensemble !), des chants rattaches a l'Etat d'Israel qui venait d’etre proclame en 1948 ( « Israel vivra malgre toute la Haine, Israel vivra malgre ses ennemis », Le chant du Palmah, La Midbar (vers le Desert), Eretz Zavath Halav ou dvach (Pays ou coule le lait et le miel), Erev chel Chochanim (Soir de roses) David Melekh Israel …….On nous inculquait aussi des notions sur l’Histoire d’Israel et de la Palestine et ses heros depuis les Maccabi jusqu'à Theodore Hertzel, Yossef Trumpeldor etc.. Il y avait aussi de nombreux jeux dont un qui faisait appel a l’observation et la memoire « Le Kim » : on mettait toutes sortes d’objets sur une table ou sur le sol et apres quelques minutes d’observation , on les recouvrait d’une grande serviette et de memoire, on devait dresser non seulement la liste, mais aussi, parfois, l’endroit ou les objets se trouvaient.
Parfois on organisait des petites pieces de Theatre. Je me souviens des repetitions, dans les jardins de la villa de Loup-Gris dans le quartier du Belvedere, d’une piece de Theatre ou mon frere aine jouait un role important mais peu sympathique.
Je me souviens qu’il nous est arrive, a l’occasion de differentes fetes de defiler dans les rues de Tunis , fanions en tete associes au drapeau d’Israel.
Parfois nous organisions des excursions dans les jardins du Belvedere. Notre lieu de rencontre se faisait autour du puits de l’Avenue de Paris a la hauteur de la Premiere Porte du Belvedere ou au Passage.
Mais les sorties les plus agreables etaient celles organisees le Dimanche dans les environs de Tunis : La foret des Oliviers sur la Route de l’Ariana, a Bir El Bey, a Sainte Monique dans les ruines puniques de Carthage, aux dunes d’Amilcar, parfois a Borj Cedria et surtout les deux grandes sorties par an au Bou-Kornine (a Hammam-Lif).
Je me souviens qu’a Tou-bichvat, en fevrier, le Nouvel An des arbres, l'U.U.J.J. organisait une excursionT au Bou-Kornine (la montagne « qui a deux cornes ») et nous allions cueillir des cyclamens, non pas les cyclamens géants et inodores que l'on trouve ici mais des fleurs timides et odorantes cachées sous un feuillage vert et lustré. A notre retour, tout fier, on ramenait a la maison un magnifique bouquet de cyclamens . On emportait aussi "papier, crayon, ficelle" ; nos sacs a dos étaient pleins des spécialités de nos mères et on on avait bien entendu, l’indispensable gourde qui pendait au ceinturon de notre uniforme. Avant les vacances d’ete une autre excursion au Bou-Kornine etait organisee. On prenait le train de la CFT (Chemins de Fer Tunisiens) a la gare au fond de l’Avenue de Carthage Au pied du Bou-Kornine, nous commencions l’ « ascension » en fredonnant « une fleur au chapeau , un cœur joyeux et sincere…. » et bien d’autres chansons de notre repertoire. Chaque patrouille se reunissait autour de son chef et, une fois arrivee au sommet, s’installait, de preference, dans un endroit ombrage.
Ensuite on commencait nos jeux et nos activites. Entre autres « la manœuvre » qui opposait deux patrouilles . Le jeu consistait « au prealable a accrocher son foulard au ceinturon, dans le dos et ensuite a se disperser dans les bois ; et tout l’art consistait a s’emparer du foulard de l’adversaire, soit par surprise, soit au terme d’un savant combat. ». Un autre jeu , tres prise, etait celui du « ballon prisonnier » (Hazena).
Mais un « moment d’une intense emotion » cloturait cette journee bien remplie et si agreable : celui de la ceremonie avant le Depart. Toutes les patrouilles etaient reunies autour d’un grand mat ou flottait le drapeau bleu et blanc avec son Maguen David au milieu. Apres avoir chante quelques unes des chansons evoquees plus haut, le drapeau etait « ramene » et plie avec soins.« Dans le silence de la Montagne, au soleil couchant, nous recitions le Chema….. puis s’elevait l’Hatikva… ». On quittait ensuite le Bou-Kornine et on entamait la descente, fanions en tete, de bonne humeur , toujours en chantant, vers la gare de Hammam-lif d’où on prenait le train qui devait nous ramener a Tunis.
Mon frere aine, ma soeur ainee et moi-meme avons participe au camp d’Ete d’Ain-Draham (sous la tente) grace a l’intervention aupres de nos parents de notre voisine Nelly Fitoussi qui etait une des cheftaines de l’U.U.J.J. Comme je l’ai rapporte par ailleurs, elle perdit la vie tragiquement dans ce camp.
Personnellement, je fus nomme sous-chef de parouille a 11 ans mais malheureusement, j’ai du, pour des raisons de sante, quitter l’U.U.J.J. . J’ai cependant garde contact avec eux tres longtemps. J’ai regulierement participe aux manifestations organisees par l’U.U.J.J. en faveur des necessiteux (distribution de gouters et films (dessins animes et le traditionnel film sur "La revolte du Ghetto de Varsovie") ).
Je pense que pour moi-meme et bien d’autres, l’U.U.J.J. contribua pour une bonne part a forger notre attachement a l’Etat d’Israel.
Source : certains extraits (en italique) sont inspires du paragraphe consacre a l'UUJJ dans le livre De l'Ariana a Galata itineraire d'un juif de Tunisie ecrit par Georges (Jo) Cohen
[extrait du site de famille]
Ci-dessous : Une patrouille de l'UUJJ
Pièces jointes:
J’ai garde un excellent souvenir de cette periode ou j’ai frequente des l’age de 9 ans en tant que louveteau, le mouvement scout l’U.U.J.J. ( en fait, on prononcait plus facilement UJJ) l’Union Universelle de la Jeunesse Juive. J’etais fier de porter la tenue scout (pantalon fonce, chemise bleue ciel) avec autour du cou un foulard retenu par un anneau en cuir et sur la tete le traditionnel chapeau scout ou un beret orne de l’embleme du mouvement scout. Si je me souviens bien, nous portions aussi sur nos uniformes une etoile de David.
Le mouvement etait subdivise en Troupes ( T1, T2, T3…) et Patrouilles qui portaient un nom d’animal (Marsouins, Pingouins, Antilopes, Ecureuils…..). Les chefs portaient un « totem » : le grand chef etait « Loup-Gris » ( l’architecte Jules Cohen-Solal) , La Fouine, Dov, Moineau …
Nous nous reunissions en general dans un local une fois par semaine autour du chef de patrouille (le mien s'appelait Bebert ("La Bouffe") et habitait au debut de la rue d'Isly). On avait une serie d’activites : apprendre a faire des nœuds ( nœud plat, noeuf coulant, nœuds plus compliques comme le nœud du pecheur et bien d’autres ) . Par ailleurs, on apprenait certaines chansons en francais et en Hebreu dont je me souviens quelques titres :
Bien entendu l’Hatikva, Heveinou Chalom Aleikhem ( Nous avons apporte la paix sur vous), Hava Naguila, Hine Mah Tov oumah nayim (Qu’il est bon et agreable), Chevet ah’im gam yahad ( Que des freres soient ensemble !), des chants rattaches a l'Etat d'Israel qui venait d’etre proclame en 1948 ( « Israel vivra malgre toute la Haine, Israel vivra malgre ses ennemis », Le chant du Palmah, La Midbar (vers le Desert), Eretz Zavath Halav ou dvach (Pays ou coule le lait et le miel), Erev chel Chochanim (Soir de roses) David Melekh Israel …….On nous inculquait aussi des notions sur l’Histoire d’Israel et de la Palestine et ses heros depuis les Maccabi jusqu'à Theodore Hertzel, Yossef Trumpeldor etc.. Il y avait aussi de nombreux jeux dont un qui faisait appel a l’observation et la memoire « Le Kim » : on mettait toutes sortes d’objets sur une table ou sur le sol et apres quelques minutes d’observation , on les recouvrait d’une grande serviette et de memoire, on devait dresser non seulement la liste, mais aussi, parfois, l’endroit ou les objets se trouvaient.
Parfois on organisait des petites pieces de Theatre. Je me souviens des repetitions, dans les jardins de la villa de Loup-Gris dans le quartier du Belvedere, d’une piece de Theatre ou mon frere aine jouait un role important mais peu sympathique.
Je me souviens qu’il nous est arrive, a l’occasion de differentes fetes de defiler dans les rues de Tunis , fanions en tete associes au drapeau d’Israel.
Parfois nous organisions des excursions dans les jardins du Belvedere. Notre lieu de rencontre se faisait autour du puits de l’Avenue de Paris a la hauteur de la Premiere Porte du Belvedere ou au Passage.
Mais les sorties les plus agreables etaient celles organisees le Dimanche dans les environs de Tunis : La foret des Oliviers sur la Route de l’Ariana, a Bir El Bey, a Sainte Monique dans les ruines puniques de Carthage, aux dunes d’Amilcar, parfois a Borj Cedria et surtout les deux grandes sorties par an au Bou-Kornine (a Hammam-Lif).
Je me souviens qu’a Tou-bichvat, en fevrier, le Nouvel An des arbres, l'U.U.J.J. organisait une excursionT au Bou-Kornine (la montagne « qui a deux cornes ») et nous allions cueillir des cyclamens, non pas les cyclamens géants et inodores que l'on trouve ici mais des fleurs timides et odorantes cachées sous un feuillage vert et lustré. A notre retour, tout fier, on ramenait a la maison un magnifique bouquet de cyclamens . On emportait aussi "papier, crayon, ficelle" ; nos sacs a dos étaient pleins des spécialités de nos mères et on on avait bien entendu, l’indispensable gourde qui pendait au ceinturon de notre uniforme. Avant les vacances d’ete une autre excursion au Bou-Kornine etait organisee. On prenait le train de la CFT (Chemins de Fer Tunisiens) a la gare au fond de l’Avenue de Carthage Au pied du Bou-Kornine, nous commencions l’ « ascension » en fredonnant « une fleur au chapeau , un cœur joyeux et sincere…. » et bien d’autres chansons de notre repertoire. Chaque patrouille se reunissait autour de son chef et, une fois arrivee au sommet, s’installait, de preference, dans un endroit ombrage.
Ensuite on commencait nos jeux et nos activites. Entre autres « la manœuvre » qui opposait deux patrouilles . Le jeu consistait « au prealable a accrocher son foulard au ceinturon, dans le dos et ensuite a se disperser dans les bois ; et tout l’art consistait a s’emparer du foulard de l’adversaire, soit par surprise, soit au terme d’un savant combat. ». Un autre jeu , tres prise, etait celui du « ballon prisonnier » (Hazena).
Mais un « moment d’une intense emotion » cloturait cette journee bien remplie et si agreable : celui de la ceremonie avant le Depart. Toutes les patrouilles etaient reunies autour d’un grand mat ou flottait le drapeau bleu et blanc avec son Maguen David au milieu. Apres avoir chante quelques unes des chansons evoquees plus haut, le drapeau etait « ramene » et plie avec soins.« Dans le silence de la Montagne, au soleil couchant, nous recitions le Chema….. puis s’elevait l’Hatikva… ». On quittait ensuite le Bou-Kornine et on entamait la descente, fanions en tete, de bonne humeur , toujours en chantant, vers la gare de Hammam-lif d’où on prenait le train qui devait nous ramener a Tunis.
Mon frere aine, ma soeur ainee et moi-meme avons participe au camp d’Ete d’Ain-Draham (sous la tente) grace a l’intervention aupres de nos parents de notre voisine Nelly Fitoussi qui etait une des cheftaines de l’U.U.J.J. Comme je l’ai rapporte par ailleurs, elle perdit la vie tragiquement dans ce camp.
Personnellement, je fus nomme sous-chef de parouille a 11 ans mais malheureusement, j’ai du, pour des raisons de sante, quitter l’U.U.J.J. . J’ai cependant garde contact avec eux tres longtemps. J’ai regulierement participe aux manifestations organisees par l’U.U.J.J. en faveur des necessiteux (distribution de gouters et films (dessins animes et le traditionnel film sur "La revolte du Ghetto de Varsovie") ).
Je pense que pour moi-meme et bien d’autres, l’U.U.J.J. contribua pour une bonne part a forger notre attachement a l’Etat d’Israel.
Source : certains extraits (en italique) sont inspires du paragraphe consacre a l'UUJJ dans le livre De l'Ariana a Galata itineraire d'un juif de Tunisie ecrit par Georges (Jo) Cohen
[extrait du site de famille]
Ci-dessous : Une patrouille de l'UUJJ
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Re: Souvenirs de l’U.U.J.J. 20 septembre 2007, 01:30 |
Bou Kornine - vue depuis la plage de Hammam Lif
Source : Document Harissa.com
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Source : Document Harissa.com
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