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BALCOUNI

Envoyé par Mon_Germain 
Re: BALCOUNI
28 avril 2009, 10:14



Paisible génération que fut la mienne. Et celle qui sont nés bien loin de la fureur de la guerre.

J’ai vécu la paix dans un pays de paix. Entouré d’amis en paix.
Pas l’ombre d’un fusil, d’un canon ou encore d’un tir de missile. Je n’ai pas eu l’occasion de commander un tank de voir parader un half trak ou encore moins viser ‘un ennemi’.

Mon esprit a vécu et vit encore dans le pacifisme.
J’ai eu cette chance. Je m’en félicite.
Me glorifier... ? C’est exagérer. Alors je reste humble.

La seule guerre que je connaisse est celle du lancer des boulettes de sable, un jeu, envers ‘mon ennemi ami du moment.’ Les seules confrontations vécues sont celles où l’on m’a chipé des billes, un cerceau, une toupie etc à mon insu.

Les seules confrontations vécues sont celles où sur un terrain de sport soit je visais un but soit je m’acharnais à faire passer un ballon victorieux par-dessus un filet.

C’était de bonne guerre. A part cela, la marche dans les tranchées, je l’ignorais.

Je défilais certes en arborant mon survêtement mon écusson CSG, tous les premiers juin, chaussé de fly foot, beau comme un ange avec mon compagnon Max Fitoussi aussi beau qu’un Napoléon pardon Appolon.
Sur un air de ‘..YANEB KARMOUSS.. !’ Raisins et Figues... !’
Que des douceur sous le ciel paisible de mon pays.

Par Albert de la PAIX.
Re: BALCOUNI
11 mai 2009, 11:47
Re: BALCOUNI
16 mai 2009, 15:57
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Il me semble reconnaitre mes pas.

Sur cette plage déserte, cent siècles caressés par le vent de la mer.
Et ceux de mes amis, qui la foulaient aussi, empreintes éphémères sur un sable mouvant.
Vite balayées par le souffle de la Brise et ses hous hous le soir dans ma tête vieillissante vient me les rappeler dans mes silences de nostalgie.

Et pourtant, ils ne nous ont pas suivis là où nous sommes, nous les éparpillés de partout dans le monde.

Le gré n’abandonne pas facilement celui qu’il a aimé.

Alors, ils sont restés gravés comme témoignages de notre jeunesse qui a vécu au rythme des matins paisibles et des soirs parfumés. De nos soleils levants et nos crépuscules flamboyants.

Aux cris des marchands ambulants et aux chants matinaux des oiseaux.
Nos pas ont tracé sur le silicium, nos âges d’avant, prenant chaque année un peu plus de poids et la mesure de nos talons à mesure que passe le temps.

Le sable n’a point effacé de sa mémoire, les sceaux de nos semelles inscrits profondément dans ses entrailles lorsque naissaient nos châteaux par nos petites mains et que les flots jaloux venaient à la queu leu leu ravir nos biens.

Et pourtant à chaque pèlerinage, bien loin de ma jeunesse, il me semble reconnaitre la branche ou la brindille sèche qui git sur son lit de sable, oublié par l’oiseau qui fait son nid.
Le scarabée n’a pas vieilli, il semble me reconnaitre aussi et de crainte pas rempli, il vient me saluer en frétillant ses antennes. Il m’a reconnu l’arrière petit fils de l’insecte à la carapace noire mais hélas, je l’ai oublié, ingrat que je suis à mon âge.
Il en est ainsi de ma vieille nostalgie qui, comme le flux et le reflux de ma mer bleue, semble chuchoter à mon pavillon poilu dans un écho virtuel remontant un temps cinquantenaire,

‘…Vous étiez les meilleurs à cette époque et nous garderons dans nos cœurs, vos rires et vos talents… !’

Re: BALCOUNI
26 juillet 2009, 11:54
Les voyages forment l’esprit. Comme le dit un vieux diction.

Mon premier voyage en France et plus particulièrement à Paris fut marqué par un événement insolite.

J’avais 22 ans, bien frais et surtout beau lorsque amoureux de mon amie goulettoise, comme un Rodrigue, je décidais contre l’avis de maman d’aller enlever un peu de waouch.

Pour ce faire, je devais rejoindre Marseille par bateau puis prendre le train, un Mistral.

Cela se passait donc vers les années 77.

Ma traversée se passa fort bien et je n’ai pas eu à me plaindre du mal de mer.

J’étais surtout heureux de découvrir la France, pour la première fois et surtout ce Paris, que je ne devinais même pas dans mes rêves.

La France de mes études.
La France et son histoire.
La France et sa géo.
Son rayonnement, la France et ses grands hommes, celle de mes récitations que j’ ânonnais comme un âne sans presque jamais comprendre, levant le bras pour échapper à une petite tape sur la tête, la France de mes classiques, bref la France 1970 et pas celle d’aujourd’hui.

Bref, j’arrivais donc sans encombre au port de Marseille et bien sur sans tarder, je hélais un taxi pour la gare ST CHARLES.

J’étais bien en avance. Le temps d’une pause et l’heure s’écoula.
Je marchais donc trainant ma valise sur le quai de la gare à la recherche de mon wagon.

Ce dernier ne tarda pas à se faire découvrir à ma vue.
Me voici donc à l’intérieur, déambulant dans le corridor, là aussi à la recherche de mon compartiment. Sans hésiter, j’ouvre la porte de cette dernière qui se laisse glisser sous la pression de mon poignet.
Je visais ma place et posais enfin mes fesses après avoir prit soin de caler ma valise au dessus de ma tête.

Un couple de retraités occupait déjà deux places prés de la fenêtre face à moi tandis qu’un jeune militaire était à ma gauche prés du ‘hublot’.

Un homme à casquette, assez imposant, ouvrit brutalement la porte et vient se caler à ma droite.

Je devinais à sa grosse mine et à ses vêtements écorchés qu’il était de la campagne. Le rustre se cala donc en prenant ses aises. Il écarta les jambes, dont l’une d’elle vint caresser la mienne.
Par respect et surtout étranger, je pris soin de rapprocher mes genoux afin que notre homme soit assis dans ses bonnes conditions.

Une dame assez coquette occupa la dernière place, à la gauche du vieux couple.

Nous étions au complet. Soit 6 personnes.

Il y régnait une chaleur étouffante et je n’osais pas sur le moment ôter mon par-dessus.

Enfin, un écho sorti d’un micro annonça le départ du train.
Le Mistral ne tarda pas à démarrer lentement puis tout en augmentant sa vitesse, je prenais plaisir à voir défiler sous mes yeux par la fenêtre, une partie de la ville de MARSEILLE.

La gare de Blancarde fut dépassée ainsi que les faubourgs de Marseille.
Nous roulions à présent dans la campagne de France, cette France profonde avec ses verts pâturages, ses arbres séculaires, ses petites chaumières qui se détachaient au loin, ses petits étangs et bosquets sur les bords desquels qqs bergeronnettes et autres geais et corbeaux venaient assouvir leur soif et quémander à dame nature un bout de de semis.

Le paysage était magnifique. Et j’imaginais déjà le silence qui régnait dans ces vastes champs où le secret de la nature dévoilait toute sa beauté.

Je rêvais lorsque soudain, venant de quelque part, un parfum malodorant prit naissance là où je n’ose le préciser. Une odeur nauséabonde fort reconnaissable à mon nez goulettois prit comme support l’air ambiant et surchauffé. J’étais surpris de sentir dans cet endroit clos pareil fragrance.

Il s’installa un malaise car le produit pulvérisé à mon insu prit des proportions tragiques.

Je sentais sur moi, la dizaine de regards qui déjà m’accusait du forfait. Pour une fois, je n’étais pas le coupable de cette situation assez ambigüe qui prenait une tournure malsaine.

La sueur perlait sur mon front d’autant plus que ces regards persistants prenaient une allure discriminatoire et pas antisémite, je le précise, car ils m’accusaient bien du délit.

Sur le moment, je m’étais dis que j’allais crier mon innocence puis me ravisant, je me suis rappelé cette formule très célèbre qui avait cours chez nous ‘…LE PREMIER SENTEUR EST LE PETEUR.. !’
Je me ravisais laissant les choses se décanter par elles mêmes.
Mais malheureusement lorsqu’on est étranger, on s‘accuse de tous les délits pour atténuer sa peine.

Que faire devant pareille situation, où une petite plèbe de français pointe le regard sur vous avec force … ? Je restais donc de MARBRE. N’osant affronter ces regards inquisiteurs, préférant ma dignité à une fuite en avant qui aurait assurément fait comprendre à ces goujats que j’étais celui là.

Voilà que contre toute attente, mon voisin de droite, le campagnard se lève, ouvre la porte violemment, laissant enfin s’échapper la pestilence puis proférer cette remarque à haute voix…
‘…Bande de cochons…. !’ Ah enfin, je n’étais pas le seul cochon mais 5.
Je soufflais, le verdict me paru fort honorable.

Lorsque mon voyage se termina et que je rentrais à la Goulette, j’avisais ma grand –mère de ce regrettable incident.

‘…Ye mémé, est ce que les FRANÇAIS PÈTENT…?’
‘…Oui mon fils, comme tout le monde, ils rotent, pètent, ils chient… Etc…!’

Moi, qui pensais à beaucoup de bien envers les FRANÇAIS, je fus à la fois surpris et heureux de savoir que finalement les FRANÇAIS SONT AUSSI DES PÉTEURS et CHIEURS. Depuis mon épopée.
A PART TOUT CE QU’ILS ONT D’AUTRES BIEN SUR.
Re: BALCOUNI
12 juin 2010, 14:34
‘…Les souvenirs d’hier sont nos présents d’aujourd’hui… !’

Yacoub a 17 ans.

Il s’était mis dans la tête d’aller danser, sa première boum.
Il était menuisier de son état comme son papa.

L’atelier juxtaposait le terrain noir, notre terrain de tous les jeux.
L’odeur de la sciure faisait bon ménage avec la ‘khandac’( les égouts) qui sortaient par une tranchée à ciel ouvert. Un joli amalgame. Autant dire que nos narines s’enrichissaient de cette puanteur lorsque nous sautions pour smatcher.

Nous respirions cet air pur à la volée, nous jeunes volleyeurs futurs sélectionnés en Équipe Nationale.

Yacoub avait deux gros pouces. Ils ressemblaient à un marteau et les méchantes langues disaient qu’il clouait ses clous à la force de ses deux pouces.
Au clou pénétrant, à travers le bois, sa chair en pâtissait par les pointeq s’en retournant.
On l’a surnommait l’homme des bois. A ne pas confondre avec Robin des Bois. Notre jeune homme n’avait pas le physique de l’emploi. L’arbalète n’était pas son domaine et viser une pomme ne correspondait pas à ses vues. Encore moins à la notre.

Yacoub eut vent qu’une surboum se préparait et prenant les devants, il se fit inviter.
Il ne faisait pas partie de notre bande sans doute parce qu’il était modeste et pauvre.
Il n’était pas branché avec l’air ensoleillé du temps. Alors que nous étions tous logés presque à la même enseigne.
Sa grand mère Tita z’al, fut surprise de le voir s’accoutrer de son beau costume.

Parfumé à la fleur d’oranger, il était prêt à sortir pour se rendre à la boum, lorsque cette première lui lança au pas de la porte…

‘…Mechi testah bél sarwal mraca… !’
‘….Tu vas danser avec un pantalon rapiécé… ?’

Piqué au vif, il se déshabilla et de boum il n’en fut point.
La pauvreté parfois tue les meilleures intentions et les meilleurs projets.

D’une rustine notre jeune homme comprit sa situation.
Bien qu’il fut honnête, la formule prête à sourire et pourtant….





Re: BALCOUNI
29 juin 2010, 11:57
A notre chanteur Matou.

‘…Héy l'MatouUUU,
Notre guitariIIste,
Notre troubadour
Notre chanteur de l’été.

Hé le Matou,
Je me souviens encore
De tes accords parfaits sortis de ta caisse espagnole.
Tu nous chantais cent fois la Sylvie perdue



Et nous étalés sur la plage,
Les yeux mi clos, on fredonnait
Ces reprises d’il y a longtemps.
Et aussi les deux enfants
Au soleiIIIl…



Hé l'Matou,
On te suivait,
Et tu nous rassemblais
Sous ce fameux lampadaire
Debout sur le sable humide
De ces étais perdus à jamais.

Et les moustiques étaient du spectacle.

Hé le Matou,
Notre Mimouni,
Moi, je n’tai pas oublié.
Tes cordes bien grattées,
N’ont pas fini de s’user
Dans mes tympans poilus.

Hey l’MatouUUU,
Tu rigolais,
Quand tu nous chantais
L’amour éperdu de Scudéro,
Sans oublier le Nougarou
Et sa petite fille en pleurs.


Re: BALCOUNI
25 juillet 2011, 12:08
LAPID c'est pour tes archives. Ca peut servir un jour.

Elle agissait comme un aimant.
Une planéte attractive.

Elle dégageait, à notre époque un veritable charme et bien que dépourvue de très grands atours ou de bien grands immeubles, elle hypnotisait tout ceux qui par chance foulaient son sol.
Elle aurait pu être située quelque part en Europe mais les circonstances ont voulu qu’elle soit coincée, bien à l’étroit, entre deux chenaux.

Elle aurait pu ne pas être connue si ce n’est que l’histoire s’en est mêlée et la faite rentrer surement malgré elle, dans la grande encyclopédie universelle.

Elle a fait d’elle une sentinelle, la gardienne de l’avant port de Tunis.

Charles le Quint ne s’y est pas trompé en construisant une grande bâtisse rehaussée de meurtrières afin de mieux la protéger, non pas contre les bises et les brises ou le mistral mais contre les barbares, les corsaires les prédateurs et de tous ceux qui voulaient la convoiter comme si ce ROI avait deviné que cette cité devait être protégée.

Elle le fut durant des siècles.

Que n’a-t-on pas écrit sur elle… ! Peinte et chantée … !
Qu’avait t’elle de si spéciale sinon une grande plage et une belle mer. Pour une fois, une belle mer que les filles et les femmes adoraient. Une touche sans doute qui attiraient tous les estivants tunisois bien nés pour gouter à son emprise. Elle suait la magie et nous transpirions son bien être.

Cette ville La Goulette à bien des égards nous a bien plus qu’instruit. Elle réveillait en nous l’esprit de camaraderie, de fraternité, de joie et de plaisir sans commune mesure avec les citadins des grandes villes.

Heureux sont ceux qui ont poussé leurs premiers cris sous le vent de la mer.

Heureux sont ceux qui ont vécu de longues années et s’en sont repartis bien las, le cœur lourd de chagrin.
Tout cela bien sur s’est reconstitué ailleurs dans ce JUANS LES PINS aux grands palmiers, qui ressemblent étrangement à ceux de notre ancienne cité balnéaire, à ces nouvelles Goulettes Israéliennes bien plus modernes avec en plus la fierté d’être JUIF dans celles là.
On me dira qu’elles ne sont que des photocopies sans doute mais quelles belles photocopies qui ne ressemblent plus à l’original qui dépérit de jour en jour, d’année en année. Hélas.

Loin d'être une légende, elle était elle. En vrai.
La Goulette de notre temps.


Re: BALCOUNI
23 août 2011, 08:33


Il était une fois...LA PICCOLA CHICHILIA.



De mon balcon, je pouvais voir se dresser cette pointe qui s’élancer humblement vers le ciel.
De ma terrasse, celle de la RUE PASTEUR et sous la surveillance de maman qui étendait son linge, je pouvais voir, par beau temps une bonne partie de cette construction carrée qu’était l’église de la PICCOLA CHICHILIA.

Pour moi, cette bâtisse était à des kilomètres, à des années lumière, de mon chez moi et jamais je ne me suis aventuré aussi loin de mon quartier.

Maman ne me permettait pas d’aller gambader comme la chèvre de Monsieur Seguin ailleurs que sous son balcon.

J’avais des limites à ne pas franchir et je me devais de les respecter parce que chez nous on disait ‘…Eduque le grand et le reste suivra… !’ J’ai donc été éduqué avec ‘…Attention ne fais pas ceci, ne fait pas cela, ne parle pas à des étrangers, méfie toi des voyous etc… !
Pour un jeune enfant comme moi, de la rue, écolier sans grande envergure, ces interdictions freinaient donc ma curiosité. J’avais qd même 10 ans. Aujourd’hui à 10 ans, je vois des enfants prendre le métro tout seul. Pourtant j’allais tout seul à l’école de la Goulette en suivant un itinéraire bien précis, dictée par maman.

Tout droit sur la rue HAMOUDA PACHA ensuite bifurquer par la rue Djamor, traverser l’avenue H BOURGUIBA à hauteur de la librairie LA FENÊTRE ensuite prendre la Rue Voltaire et enfin la RUE de Provence pour atteindre le portail en bois, couleur gris de mon école.

Pour rencontrer le directeur, on pouvait rentrer par la rue Jean Jaurès. Et les retardataires passaient aussi devant la porte directoriale. Monsieur Dubois, Monsieur Pendariès furent de braves directeurs. Le dernier un connard.

Donc mon chemin ne souffrait d’aucuns raccourcis ni portes de secours. Tout droit comme un bim, âne.

A 12 ans, à ma bar mitswat ( communion) je devenais un homme pour ma mère. Elle me missionnait pour aller acheter de la glace du coté de la RUE CARDINALE LAVIGERIE. Bien loin de chez moi.
Il y avait là, une fabrique de glace et de bière CELTIA ET STELLA.
Mes épaules se souviennent encore de cette charge glacée qui laissait couler sa matière sous ma chemise. Nous étions en été.
Du quart commandé, il restait le tiers, la fonte des glaces.

Et donc je me rapprochais de cette construction haute, l’église, cette fameuse battisse que je scrutais de loin.

L’église et sa grande cloche qui carillonnait tous les dimanches.
Lorsque je demandais à maman le pourquoi, de temps en temps, du tintement tantôt grave tantôt gai, elle me répliquait qu’il s’agissait d’un enterrement.

Donc deux tintements, un pour les mariages et les communions et un pour les défunts. Un pour la joie et un pour le deuil.
Prenant mon courage à deux mains, j’osais l’impensable. Désobéir à ma maman et avancer encore plus loin, vers le canal. Mais avant passer devant l’église. Et je me retrouve sur la place, pas loin du parvis protégé par un muret. Des fers de lance empêchaient les ‘mécréants’ de trop s’approcher de ce lieur de culte vénère par les habitants de la PICOLLA CHICHILIA. J’ai vu le portail. J’ai vu des enfants jouaient dans la grande cour. J’ai vu les alentours, ces maisons ridées, vieilles badigeonnées de chaux blanches et ses ruelles au nom de Rue Didon, Rue Byrsa, Rue Malga, Rue Cothon, Place Carnot ( la Place de l’Eglise) Rue Asdrubal, Rue du LT DUMAY, Rue Marius, Rue de la Resistance etc…..


Je suis rentré dans ces petites ruelles aux pavés défoncés, pas encore goudronnées.

J’ai levé les yeux et j’ai vu les persiennes retenues par des petites têtes en fer, des gargouilles ferrées.

Je suis rentré dans le quartier de mes amis italiens, chez mes compagnons des classes élémentaires.

J’ai vu, sur le port, les balancelles souffler sur des tréteaux, bronzer sous le soleil en attendant la réparation qui les remettraient sur les flots.

J’ai vu ces ouvriers italiens, maltais, musulmans souder, marteler des coques, placer des hélices, blasphémer, pour la plupart en tenue Marcel.

J’ai vu le chenal et j’ai emprunté la passerelle mobile qui se jouait du grand vent. Se déplacer pour laisser passer des barques.
J’ai vu le STADE MENSERON et l’équipe des AIGLONS, short et maillot noir.

Plus loin la caserne des tirailleurs sénégalais, l’amirauté.
Tout cela sous l’œil bienveillant du PHARE qui commandait l’entrée du PORT.

J’ai vu dans mon jeune âge, une foule en délire, pleine de ferveur, sur les épaules de mon père prier sous un ciel étoilé la SAINTE MADONNA DE TRAPANI.

Un spectacle visuel que je n’ai plus vu, encore aujourd’hui, dans mon grand âge.

J’ai aimé des italiennes et je fus récompensé en retour.
Et jamais je ne les oublie.
Qu’est ce qui peut encore m’émouvoir après avoir vécu cela.

Re: BALCOUNI
24 août 2011, 09:51
Les italiens de la Picolla CHICHILIA étaient pour la plupart des patrons pêcheurs. Aussi, des mécaniciens/soudeurs.

Les femmes n’avaient pas de métier proprement dit mais elle s’occupait à réparer les filets, assises à même le sol, une aiguille à la main. Parfois, la grand-mère vêtue de noire, sobrement habillée aidait à la tache son fils ou son gendre.



Voir ces vieilles femmes assises sous le soleil brulant, et parfois par mauvais temps, rafistoler les mailles des filets est un spectacle que je n’ai revu nulle part. Et même si j’en revois encore un , cela ne ressemblerait pas avec le décor dont je fus témoin en ce temps là.

Chez ces familles, le respect du deuil était primordial. Une jeune veuve avec enfants se devait de porter le noir pour tout le restant de sa vie. Personne ne badinait avec cette règle absolue. Et lorsqu’un jeune perdait son père, ou sa mère, il portait un bouton noir au veston de son costume.

Le respect du défunt.

Les amis, les proches étaient tous attentionnés envers elle et jamais personne n’abandonnait la veuve là-bas. La solidarité jouait à plein temps

Souvent, les enfants arrivés à l’adolescence embarquaient avec leurs pères pour reprendre un jour le flambeau, la balancelle chère à leurs yeux. Elle était celle qui les faisait vivre. Elle était bichonnée, adulée une fois amarré aux quais de la Goulette. Lorsqu’une balancelle rentrait à bon port, elle s’annonçait par un coup de sirène avant de lancer les amarres.

Ce spectacle, je l’ai vu des centaines de fois en compagnie de mon père, un grand amateur de poissons frais.

Le travail se faisait en mer et les ‘tirars’ étaient déjà sur le pont rempli de glace et en dessous le poisson encore vivant.

Il se vendait soit par ‘caisses’ soit au détail, en vrac, en tas posé sur le pavé. On arabe on dit ‘Guetch’.

Les meilleurs ‘tirars’ étaient promus pour les restaurants célèbres de la ville. On retiendra, Bichi, Kahloun et d’autres moins célèbres.

J’ai assisté à des criées. C’est le patron en personne qui lançait la première mise en vente. Les connaisseurs avaient leurs patrons pêcheurs attitrés et les enchères se faisaient par des mimiques ou des clins d’œil. Aucun des surenchéristes ne connaissait l’acquéreur du ou des lots. Ce n’est que lors du paiement que le propriétaire de la marée payait en mains propres le patron, à l’écart des ouvriers et des autres acheteurs déçus, son ou ses lots de poissons.

Dans les ‘tirars’, on trouvait langoustes, sèches, pieuvres, dorades, liches, loup, marbrés, rougets ‘trillias’, sardines, maquereaux, anguilles, de temps en temps un thon, mérou, soles, raies, parfois un espadon, etc…

Ils étaient tous classés et en générale la cam trouvait preneur au grand bonheur du patron pêcheur.

Ils avaient aussi un étal au marché aux vieux marché aux poisson adossé aux contreforts du FORT CHARLE QUINT.

La vie des italiens dans la picolla CHICHILIA était surtout axée sur le bon vivre. Ils adoraient faire des apéritifs sur les terrasses des brasseries, à la tombée de la nuit.

Les grillades de poissons et les bouillabaisses étaient très apprécies chez eux. Les femmes par contre ne s’attablaient pas avec eux. Par respect toujours pour les hommes.

Le dimanche, leur de leur sortie en ville, les hommes étaient affublés soit d’un chapeau soit d’un béret. Souvent en costume.

Ils fréquentaient assidument leurs cafés et brasseries sans empiéter dans les cafés dits intérieurs du centre ville.

Les vieux aimaient passer leur temps à jouer soit au jacquet, soit au jeu de dames. Ils trituraient aussi les cartes. La belote.

Les maltais par contre étaient soient laitiers ou rafistoleurs de chaises en pailles, vitriers ambulants, tondeurs de chien, cochers aussi.

Il y avait par contre à la Picolla Chichilia, des bars de nuits où certaines femmes, très rares, et très discrètement s’adonnaient à la prostitution dans les arrières salles.

Il ne faut pas oublier que le port de la Goulette était aussi une escale pour les navires de guerre américain, la sixiéme flotte venait y mouiller et donc les marins GI’S friands de femmes et de biére étaient très recherchés par les ‘maquereaux’.

.

Chez les italiens l’honneur de la famille passe avant tout par la virginité des jeunes filles, elle est très importante. Il incombait à l’ainé de surveiller sa sœur jusqu’au mariage.

Elles ne cherchaient d’ailleurs pas à se vautrer sur la place. Leur seule distraction était de se retrouver, surtout le dimanche, à la messe entre jeunes amies et de déambuler par la suite ensemble par groupe de quatre ou cinq sur les avenues. Elles étaient aussi studieuses.

Le cinéma théâtre, à proximité de leur espace conviviale, était très prisé.

Sur la plage, la plus grande de toutes les plages de la Goulette, leur tenue de bain, une seule pièce unique, n’était pas extravagante.

Et si l’on voyait un jeune couple isolé, c’est avec l’assentiment des parents. Sinon, cela serait mal vu par le voisinage. On disait donc ‘qu’ils sont fiancés’ pour sauver les apparences. Et faire taire ainsi les mauvaises rumeurs. L’outrage et l’offense n’avaient pas leur place dans ces familles pauvres, religieuses et craintives du Seigneur.



Je retiens le nom de famille de mon ami Carbone fils d’un patron pêcheur. Et grand sportif de hand ball. Nous étions dans la même équipe USG.

Il était aussi un grand ami de classe.

Il y a qqs jours, je suis passé par Naples et nous nous sommes invités, ma femme et moi à nous dorer au soleil de l’Italie.

Je n’étais pas dépaysé parce que les italiens de Naples de Rome ou de Sicile resteront pour moi la plus belle communauté de biens que j’ai eu à connaitre et cela n’est pas donné à tout le monde d’aimer, d’apprécier les inventeurs de la pâte, de la pizza et de tants d’autres choses.

God bless you.
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