Bienvenu(e)! Identification Créer un nouveau profil

Recherche avancée

les italiens de Tunisie

Envoyé par ava24 
Re: les italiens de Tunisie
03 mars 2009, 09:39
LE 15 AOUT A LA GOULETTE - Par JB Carbone

[harissa.com]
Re: les italiens de Tunisie
14 mars 2009, 17:28
Chers ALBERT ET LAPID,

Je vous remercie pour votre intervention sur les italiens de Tunisiedrinking smiley

Merci LAPID pour l'histoire de ces italiens, quant à vous ALBERT votre récit est superbe vous devriez écrire car vous imagez très bien le quotidien de ces personnessmiling smiley

Bien à Vous deux grinning smiley

AVAwinking smiley
Re: les italiens de Tunisie
16 mars 2009, 12:45
Je raconterai aussi la vie du port à la Goulette.

De ces vieilles femmes habillées en noir assises à même les pavés du port pour recoudre des filets de pêche emmêlés ou carrément déchires.
Des petits bistrots qui avaient pignon du coté de la PICOLLA CHICHILIA.

Si je trouve le temps de le faire.

Re: les italiens de Tunisie
23 mars 2009, 14:15
une fois de plus ALBERT nous adorons votre histoiresmileys with beer
Re: les italiens de Tunisie
23 mars 2009, 14:57
encore quelques personnesgrinning smiley
Re: les italiens de Tunisie
26 mars 2009, 04:20



Sur la terre de mes aïeux
Le soleil ne se couche jamais.

L'horizon est toujours de flamme
Sous le ciel bleu qui ne crame.
A son aube naissante, le crépuscule


A la Piccola Chichilia
Le curé ne compte plus ses ouailles.

Les cloches se sont tues la Madonna
Ne sort plus sous les vivats.

Se sont à tout jamais tus.
Les hourras sortis des voix
A la Piccola Chichilia.

Le glas s'est endormi
Et le carillon a disparu
Et les kifs ne sont plus.
A la Piccola Chichilia.

Les jeunes filles communiées
Belles 'Chichilliennes'
Pour la première fois maquillées
N'arpentent plus aux belles journées,
Les ruelles et impasses pavetèes.
Dans leur robe blanche immaculée.

'..Signor ... ! Signor... ! Ma dove questo tempo ché non vivo più..?'

Les balancelles adossées aux quais du fort Charles Quint
N'épousent plus les quais de rocs depuis des matins.
De l'Amiral Courbet.

Au loin, le Bou Kornine ne veille plus
Sur les matelots et les marins pécheurs italiens
Et le phare du Bouraz a perdu de sa clarté.
Sur la terre de mes aïeux
Le soleil ne se couche jamais.

L'horizon est toujours de feu
Sous le beau ciel bleu.
Et le crépuscule a toujours son aube naissant

'...En chaque soir se lève un matin
Mais jamais un soleil ne s'éteint
Sans qu'un autre à son feu ne s'éveille.

On ogni séra si leva oun alba
Ma no mai oun solé si spégno
Senza oun altro a suo fuocco si sveglio... !

Re: les italiens de Tunisie
29 mars 2009, 07:32

Paris le 7/06/2008.

LES PECHEURS SICILIENS DE LA PICCOLA CHICHILIA.


Je peux témoigner tout en imaginant cette espèce Ô combien disparue de ces pêcheurs italiens d’autrefois dont la passion pour la pêche était aussi sacrée que l’invocation de la SAINTE MADONNE DE TRAPPANI.

Pécheurs à la ligne ou à la canne, le moulinet étant encore rare, sinon inexistant à l’époque, ils excellaient dans ce sport ‘nationale’ qui mettait leur patience à rudes épreuves.

Imaginons Pepe ou Péppino pêcher.

Il a ses habitudes et surtout son matériel bien tenu, le tout mis en ordre dans son panier d’osier. Jaloux de sa ‘besace’, il ne permettra à personne d’y fourrer sa main.
Ce serait un sacrilège. Que trouve t’on dan sa gibecière... ? Des lignes de fil nylon, gud de toute sortes, du fin au gros et même de la fine corde. Tout ces fils hameçonnés selon le poisson qu’il va pêcher. Pour le mulet, la mie humide et en pâte préparée depuis la veille et surtout enveloppée dans une étoffe blanche. Puis un paquet de feuille de laitues ou autres dans lequel s’entortillent les vers, la trimoligna. Un appât qu’il achètera la veille chez le droguiste du coin AGUGILIARO. Un droguiste/quincaillier bien connu dans le quartier de la Piccolla Chichila. Il a aussi ce qu’on appelle des Tubes, gros vers qu’il aurait prit soin aussi d’acheter ou chasser par lui-même au bord de la mer, la veille. Il a aussi ces CANELONIS, des gros vers de couleur jaune emprisonnés entre deux grosses épaisses cuirasses. D’une longueur ne dépassant pas les 7 centimètres.

Le pêcheur sicilien est un monsieur qui prend son temps et qui ne va pas à la pêche à n’importe quel temps. Non, il est méticuleux sur le choix de sa journée et surtout il connaît les directions des vents. C’est important. Il n’aime pas perdre son temps si ce dernier lui fait faux bond. C’est un kiffeur qui aime surtout pécher sans qu’on vienne l’emmerder.

Il est jaloux de ses petits secrets et rares sont ceux qui partagent leurs petites ficelles. Trucs et astuces.
Souvent affublé d’une casquette, sa silhouette facilement reconnaissable de loin. Fumeur de pipe, il s’accompagne d’une compagne, une bouteille de vin pas de bière, qu’il aura le plaisir de déguster tout en ayant le fil enroulé à son index. Il l’accompagnera d’une tronche de bon jambon de son quartier.

Sur place, il déplie sa petite chaise pas de parasol, le vent aura vite fait de l’emporter , ou pose son tabouret toujours à la même place de son lieu choisi. Il a sa place presque réservée car entre pêcheurs avertis, on ne chipe pas la place d’un ami de quartier.

C’est très important. Il a ses habitudes et n’aime surtout pas qu’on vienne pêcher à ses côtés. Il y a un rituel à respecter, la distance. Entre pêcheurs de même patelin.

C’est un silencieux et le déranger le met en boule. C’est en générale un nerveux, hchaichi, qui n’exprime aucun sentiment quant à ses prises ou pas. Il n’est vantard ni braillard lorsque la chance lui sourit au bout de son fil. Que le poisson soit petit ou gros, il restera de marbre, se concentrant surtout sur son plaisir. Il lui arrive de blasphémer si l’opération de récupération d’une grosse prise échoue. Il devient irascible sur le champ mais ne baisse pas les bras.

Il est surtout un homme qui s’impose des heures de pêche. Il n’aime pas se forcer à pêcher.
Là, où il devient hargneux c’est lorsque son fil s’est emmêlé par le lancer d’un autre pécheur. Tout y passe dans sa colère.

Le soir, c’est autour d’une table d’une gargote qu’il raconte avec beaucoup de gestes et de palabres sa journée de pêche.

‘..Ti riccordo Pépè... ? E cossi no... ?’

Re: les italiens de Tunisie
29 mars 2009, 12:33
Bonsoir à tous,

Merci pour les récitsthumbs up

Mais est-ce que quelqu'un connaitrait les familles : MAÏO, BUA, AVENIA, QUARTARARO, etc... qui étaient des italiens de tunisie

mercigrinning smiley

JOJOgrinning smiley et VALgrinning smiley
Re: les italiens de Tunisie
13 mai 2009, 04:03
oui j'y suis aussi je m'appelle sauveur et j'habitais tunis face a la synaguode et j'allais a l'école rue hoche mon souhait et de retrouver quelque camarade je suis né en 1942 et je jouais au basket a la jeanne d'arc avant garde n'hésitez pas a m'écrire sinceres amitiés a tous sur ce site a plus sauveur
Re: les italiens de Tunisie
14 mai 2009, 12:35


LES MEMOIRES D’UN GOULETTOIS
L’ENFANT DE LA GOULETTE.
PAR ALBERT SIMEONI.



18/06/89
Dans la série témoignage…….


Quelque soit le témoignage, si infime que l’on puisse apporter au sujet de la manifestation religieuse chrétienne qui se déroulait, tout les 15 août, jour de l’Assomption à la Goulette, cette dernière reste gravèe dans les mémoires de tous les goulettois et autres survivants de cette époque toutes confessions confondues. J’apporte ici ma modeste contribution dans ce récit à la fois réel saupoudré d’un soupçon de ‘merveilleux’ qui donnait à cette solennité religieuse une grandeur telle que l’on la retrouve aujourd’hui dans les petites villes et villages d’ailleurs où la foi prend des proportions souvent proche du délire et de l’hystérie. La Goulette d’hier se souvient encore de …….

‘..E VIVA LA MADONNA…E VIVA…’

‘LA PROCESSION ‘

‘Guiseppe è dai , fa presto,
La Santà Madonna sé nè va…!’
(‘Giuseppe presse toi
(La Sainte Madone s’en va…. !)

Maria, Andréa, Sergio, Mikaélè et les autres venaient souvent de très loin. Les uns esseulés, les autres en couple ou en groupe, ils marchaient pieds nus -pénitence oblige - sur les gravats, sous le soleil brûlant du 15 août, tout le long de la route Tunis-Goulette pour assister et suivre la procession de la MADONNA DE TRAPPANI ce jour de l’Assomption.

D’Hammam-Lif, de Grombalia parfois venus d’Italie, nos amis italiens, siciliens et maltais remplis de ferveur se rassemblaient tôt le matin sur la place de l’église. Gestes et paroles pas toujours saintes caractérisaient cette foule bigarrée de pèlerins. Avec ce dialecte mi-sicilien mi-maltais, ils s’interpellaient, assis sur les pavés, le parvis de l’église ou sur des marches d’escaliers usés aux nez ébréchés.

Depuis la veille, quelques familles bivouaquaient sur la plage profitant des belles soirées chaudes de l’été. Spaghettis réchauffés, casse- croûtes, bières et vins accompagnés de jambon ou de fromage de campagne constituaient leur collation d’un après midi d’attente et d’un soir sacré.

Les restaurants affichaient complets.

La nuit venue, la place de l’église, tout illuminée et noire de monde, était envahie de fidèles. Les yeux rivés sur le grand portail et les cous tendus à l’extrême, unis dans un même élan, mariant leurs sueurs et haleines, souvent piétinés, tous guettaient l’apparition de leur patronne. La Sainte Madone de Trapani.

Les enfants sont sur les épaules des grands tandis que les plus téméraires agrippés aux barreaux en fer forgé de la palissade se jouaient des pics acèrés. Les parapets des terrasses des immeubles vétustes, aux murs lézardés, affichaient complets tandis que les places ‘ balcons’ faisaient peine à voir, grimaçant de douleur sous le poids des résidents.

La mamma Angèlina, tout de noire vêtue, portant péniblement ses 85 ans croit apercevoir la Sainte Vierge Elle met genoux à terre, les mains jointes pour communier avec celle qui n’est pas encore sortie. Son fils Giovanni la rattrape et lui susurre à l’oreille….

‘….Mamma….non è ancorà uscità…. ?’ (Maman…elle n’est pas encore sortie…. ?’
‘… Folio mio…lo vistà…?’ (‘Mais mon fils ...l’as tu vue… ?’)

Slimane et son père sont debouts sur sa charrette envahie par des inconnus.
Je suis assis sur les épaules de mon père, et soudain….des cris…. des hurlements….

‘VIVA...VIVA…..LA SANTA MADONNA… !’

S’élèvent des gosiers enfiévrés et emplissent l’air moite d’un été étouffant.

La foule hurle. La passion s’est déchaînée, les clameurs déchirent le voile noir et serein de la nuit à présent tout inondée de feux d’artifice….La Madone majestueuse, La Sainte Vierge, les yeux fixés sur l’enfant Jésus, drapée dans son apparat couleur azur, , apparaît et semble marcher sur les têtes des fervents. Eblouissante, placée sur un brancard recouverte de tissu et voilage noble, portée sur des épaules connues, elle se meut lentement. La foule en délire n’a d ‘yeux que pour elle….Elle qui semble les regarder un par un. On veut la toucher. Les porteurs se disputent leur tour de rôle.

‘ Ma fai attenzione .. .! ..boutàna della madonna… ?..i miei pièdi… !’
(‘Mais fais attention…. ! ..Putain de la madone… ?..Mes pieds. !)
Il vient d’insulter la madone qu’il supporte à cause de son orteil écrasé.

La mamma Angèlina lance à son fils….
‘ Giovanni….la Madonna piange…lo vistà… ?‘
( Giovanni... La Madone pleure….l’as-tu vue… ?’)

Giovanni regarde en silence la Sainte Vierge. Il n’entend plus rien. Il a fermé ses yeux. Il est à présent seul avec sa bien-aimèe. Il communie et communique de loin. Il émet ses vœux, tout doucement, dans son for intérieur…en secret loin de cette foule enivrée…

‘Santà Madonna…mia figlà Giùlià là dimanticata.. ? Io… ogni giorno, invocà il tuo nome, per Dio, fa qualchè cosa per la mia ragazza malata... ! tu lo sai bénè…perché mi fai soffrire… ?
(‘Sainte Madonne…ma fille Julià tu l’as oubliée… ? chaque jour, j’invoque le saint nom de D.ieu…fais quelque chose pour ma fille malade….tu le sais bien….pourquoi me fais souffrir… ?’)

La mèmè, un peu perdue…accrochée aux bras de son fils…
‘Giovanni…la Santa Madonna ridé… lo vistà…. ?’
(‘Giovanni...la Sainte…………rit……l’as tu vue.. ?’)

Giovanni lentement tourne sa tête vers sa vieille maman, sénile et mal voyante. Il lui timbre un baiser Made in Goulette, sur son front plissé.
Les hurlements redoublent d’intensitè. La statue s ‘empare de la place, entourée par milles bras qui s’élèvent vers elle. Bousculades et empoignades, enfants qui pleurent, spectacle saisissant d’une indescriptible beauté dans lequel le cérémonial sacré marie la Sainte Mère
de l’Enfant Jésus au modeste et menu peuple de la petite Sicile….

‘ E vivà è vivà la Santà Madonna di Trapani…’

Là bas dans un coin, Sœur Anne agenouillée, égrène son chapelet entre ses doigts et chuchote sa litanie tête baissée. Elle prie.
Elle avance la Vierge, imperturbable et fière, couverte de bijoux. Elle semble glisser sur cette marée humaine en délire. Elle avance la Vierge bravant les cris et les suppliques comme un paquebot bravant la tempête au milieu des flots déchaînés.

‘Giovanni….mio figlio…. ?….i angèli …. !’
(‘Giovanni…mon fils……. ?…les anges….’)

Soudain, La vieille serre le bras de son fils et crispe ses doigts….Giovanni, surpris, retient sa mère qui vacille. Elle s’écroule parmi cette foule qui ignore que la vieille Angélina est entrain de succomber dans les bras de son fils.
‘Mamma… ! mamma…. ! prego svegliati.. !
(‘Maman… !…………... ! Je t’en prie réveilles toi... !’)

Giovanni serre la tête de sa mère entre ses bras et sa poitrine, il a compris que sa maman va partir, sans doute par la trop forte émotion. Il embrasse son visage flétri et raviné de celle qui dans un dernier souffle lui chuchote à l’oreille….
‘Giulia… !…Giulia… ! Voglio vedère Guilia… !….la luce…la luce…lo veda… ?
(‘……………………je veux voir …………….. !…la lumière………tu l’as vois… ?)

‘Si…si…mamma…lo véda….’
‘Al nome del Padre, del figlio è del spiritu santù.’
La vieille est partie …rejoindre le ciel dans le sillage de la sainte Madone de Trapani.

Cette dernière quittera la place de l’église, accompagnée par ses ‘afficianandos’ (fans) toujours portée sur les épaules pour se rendre à la mer. On la fera rentrer dans l’eau salée afin qu’elle bénisse l’âme des marins pêcheurs disparus et pour qu’elle protège les vivants.

Juifs, arabes et curieux mêlés à la foule suivront avec émotion la procession de la Madone de Trapani.

La Sainte Vierge ne sortira plus sur la place de l’église à la Goulette mais …’Ne t’en fais pas Giovanni, elle ne t’a pas oubliée….ti lo juro…’

Il était communément admis, parmi notre communauté de dire, sans vérification aucune, que la sortie de la Sainte Madone correspondait à un renversement climatique c’est à dire que le mauvais temps allait signifier la fin de l’été et par-là chasser les estivants…

‘Eyè…yèh rhlèiyah rawhou èl madonna rhèrjèt……’
‘Allez …les vacanciers…. !…. déménagez la madone est sortie… !
)

Seuls les utilisateurs enregistrés peuvent poster des messages dans ce forum.

Cliquer ici pour vous connecter






HARISSA
Copyright 2000-2024 - HARISSA.COM All Rights Reserved