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LES GATEAUX DE NOS CHABATH.

Envoyé par breitou 
LES GATEAUX DE NOS CHABATH.
24 novembre 2012, 11:27
LES GÂTEAUX DE NOS CHABATHS.

Les gâteaux de mon enfance, , ceux que papa apportait tous Les vendredis soirs sans jamais faillir à ce soir là , ravivent au fond de moi ma vieille gourmandise.
Autant suis-je aujourd’hui féru d’écriture de bla bla mais moins gourmand de pâtisseries en tout genre qu’avant, il m’est apparu qu’une grosse lacune, disons qu’un oubli involontaire devait être comblé des années plus tard.
Je le fais donc ce soir. L’occasion s’y prête en rendant hommage à tous ces milles feuilles, à tous ces rectangles de pâtes d’amandes, à toutes ces religieuses blanches ou noires ( mais pas de curés entre elles) à tous ces Paris-brest éclairs etc…confectionnés au tout début par la pâtisserie SAAL rue Bab El Khadra Tunis.
Papa était son fidèle client. La pâtisserie Garza est arrivée vers l’âge de mes 15 ans donc en 1960.

Papa honorait donc cette entrée de la FIANCEE (virtuelle) du shabath (non pas par des chants LITURGIQUES dont il n’en avait cure mais par l’apport de deux cartons de gâteaux bien ficelés par ruban solide soit bleu soit rouge qui en faisait deux fois le tour.

Nous attendions donc mes frères et moi cette veille du soir de Chabath fébrilement car alors que tous les autres soirs Deidou z’al nous honorait par des petits cadeaux mécaniques à la vie éphémère, ces gâteaux étaient pour nous des compléments de surprises tant attendues et impatients de les découvrir.
Papa respectait le gout de chacun de ses enfants mais pas celui de Meiha ma grand-mère qui lui disait ‘…Jib e’li thab ye DEIDOU… !’ Apportes ce que tu veux David… ) Sauf un soir, où elle ne fut pas contente, elle osa dire devant la grande noblesse que nous fumes…

‘…Allaich mé jebtch houiraAAAA…Makroud fi blassét él h’moum e’da… ! (Pourquoi n’as-tu pas apporté un quatuor de MAKROUD….A la place de ces mauvaises choses… ! Elle parlait de ces petits gâteaux ronds à bases plates enrobés de chocolat et se terminant en formes conique. )
Nous étions pas du tout habitués aux remarques de ce genre sorties de la belle mère qui en 15 ans s’est toujours contenter de mâcher ce que maman lui présentait sans jamais gesticuler mais là…CASUS BELLI… !
Mon oncle se transforma en citron couleur jaune pâle, Poupée ma tante disparue de par dessous la table, nous les enfants attendions la suite des événements, alors que Maman mue d’un sens pratique haussa la voix en disant à sa maman ‘…E’douKLKKKK…. MAKROUD EL REY…. !( Ceux sont des MAKROUDS ROYAUX… ! (Jamais entendu parler)
L’appellation MAKROUD EL REYE…Par maman sauva l’ambiance quant à mon papa il assura bien, à la suite des propos qu’ils étaient en disant avec flegme ‘…MAKROUDS Z…i !’

Nous faillîmes tous nous lever pou saluer notre grand chef DEIDOU. Grâce aux rois de maman , la veillée fut sauvée.
Donc après la prière d’usage et le couscous etc… Car chez nous à cette époque même les ETC…Se mangeaient en salades, c’est comme cela chez les indigents, ils bouffent tout lorsqu’ils ont faim.
Une fois la table bien propre, nos petits regards vierges et innocents se portaient sur cette pyramide en carton blanc immaculé à deux étages posée sur le marbre noir veiné du meuble dit ‘…SERVANTE… !’
Papa avait l’honneur d’ouvrir les paquets. Il cassait d’un geste brusque la ficelle puis il séparait le carton du haut d’avec celui du bas. Nous étions fébriles.
Nous avions la moitié du corps posé et penché au dessus de ces deux cartons fermés tandis que l’autre partie reposait sur le ‘Cosi’ ( le lit de Meiha) .
Nous attendions cet instant magique solennel presque cérémonial avec impatience.
Enfin papa ouvrait les deux boites et là, avant de poser le doigt sur notre gâteau préféré Papa servait d’abord sa belle mère. En premier lieu car il avait pour elle beaucoup de respect.
(En 35 ans de vie commune jamais Ô grand jamais un mot de trop soit envers elle soit envers lui.)
( D’où qu’elle dit avant d’expirer ‘…Prenez soin de votre pére)
Une fois la vieille servie, notre tour arrivait et là, quatre petites mains bien propres prenaient à partie sa pâtisserie préférée sous le regard enchanté de notre père qui n’a jamais oublié nos gâteaux jusqu’à la fin de sa vie.
Notre part en mains, nous allions la déguster assis sur nos lits.
Bien plus tard, avec l’arrivée de ma sœur en 1960, le nombre de gâteaux augmenta. Papa se servait depuis lors chez Madame Garza.

NDLR/ Composition des cartons de gâteaux selon notre sélection/
4 Rectangles de pâtes d’amande. 4 milles feuilles. 3 religieuses (l’église s’invitait chez nous mais pas le curé, on les voulait(les garçons) pour nous tous seuls, déjà à cet âge). 4 Paris Brest. Deux milles feuilles pour mon oncle, deux Paris-brest pour maman, deux éclairs au chocolat pour la vieille. Elle voulait que du tendre. Maman se contentait à gouter à tout. Nous avions donc un gateau pour le soir et un pour la matin pour notre petit déjeuner.
Bien plus tard, j’ai suivi le même choix avec mes enfants. Depuis, les gâteaux orientaux ont pris la place des occidentaux.

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