ESTHER ( Film en Anglais )
Pourim: une Joie sans réserve ! - Par Claire Dana-Picard - Pour Actu.co.il - 28 fevrier 2010
Les festivités de Pourim ont débuté samedi soir 14 Adar, à l’issue de Shabbat, avec la lecture de la Meguilat Esther qui relate le miracle dont ont bénéficié les Juifs vivant en Perse sous le règne du Roi Assuérus depuis la destruction du Premier Temple de Jérusalem par les Babyloniens.
Cette fête, commémorant la délivrance des Juifs de cette époque grâce à l’intervention de la reine Esther et du « Juif » Mordehaï, est la dernière qui est mentionnée dans la Bible (Tanah’). Elle symbolise pour le peuple juif l’espoir d’être toujours délivré de ses oppresseurs comme il l’a été sous le joug d’Aman après avoir été menacé d’extermination. Elle montre que, selon la tradition juive, « D.ieu n’abandonnera jamais Son peuple ».
A Jérusalem et dans les autres cités fortifiées à l’époque de Josué (Yoshoua), on célèbre Pourim le 15 Adar. Mais dans certaines d’entre elles, comme Hébron, où le doute subsiste quant à leur statut à cette époque, on lit la Méguila le 14 et le 15 Adar.
Quatre préceptes doivent être observés dans la journée de Pourim: la lecture de la Meguila (Livre d’Esther), les mets à distribuer aux amis et aux voisins (Mishlohei Manot), les dons aux pauvres (Matanot Laévyonim), et le Festin.
Les Juifs ont également la coutume de boire du vin en grande quantité pour être joyeux, tout en veillant à ne pas perdre le contrôle de soi, selon le principe suivant: « Lorsqu’on boit du vin, on livre ses secrets » (en français: « in vino veritas »). En fait, lorsque l’homme s’enivre, il révèle sa personnalité intérieure et la vérité comme ce fut le cas à Pourim où derrière des apparences naturelles, on voit en fait la main de D.ieu dont le nom n’apparaît d’ailleurs pas une seule fois dans la Méguilat Esther.
La coutume du déguisement, largement répandue, provient de la même origine: cacher son apparence et sa vraie nature. Mais elle rappelle également l’histoire de la Méguila, dans laquelle l’on voit plusieurs personnages changer d’apparence.
Ainsi la reine Esther se pare-t-elle de ses atours royaux pour plaire à Assuérus et obtenir ce qu’elle demande en faveur de son peuple. Et de son côté, Mordehaï est vêtu des habits du roi et conduit avec tous les honneurs dans la ville de Suze par son pire ennemi Aman.
JOYEUSE FETE DE POURIM - par Yéochoua Sultan - Pour Actu.co.il - 27 fevrier 2010
Avec la fin du shabbat ont commencé les festivités de la fête de Pourim. Ce shabbat, la lecture de Zakhor a été ajoutée à la paracha de la semaine, (lecture hebdomadaire de la Torah), où il nous est enjoint de nous souvenir et de ne pas oublier ce que nous a fait le peuple d’Amalek. Il a attaqué les Hébreux après la sortie d’Egypte, et tente, d’une génération à l’autre, de détruire le peuple juif sous de multiples apparitions, comme lors de la royauté de Babel, avec Aman, dont nous célébrons la défaite, et surtout le miracle de l’annulation du décret. La fête de Pourim a commencé samedi soir par la lecture de la Meguilat Esther et se poursuivra dimanche par une nouvelle lecture, suivie de la distribution des Mishlohei Manoth, des déguisements et bien sûr du repas de Pourim, dans la joie et la gaieté. A Jérusalem, Pourim est fêté lundi, le 15 Adar. POURIM SAMEAH.
Le miracle de Pourim: Israël est toujours là - Par Ftouh Souhail - 28 fevrier 2010
La fête de Pourim, qui célébrée en ce moment par les communautés israélites, est une fête juive qui commémore un événement historique bien connu grâce au Livre d’Esther. C’est l’histoire d’une victoire, obtenue grâce à l’appui d’Esther, épouse juive du roi perse Assuérus… et que l’on célèbre cette année le 28 février pour l’année 2010.
A l’époque de la domination perse de la Judée, le roi Assuérus avait pour conseiller un homme dénommé Aman, qui détestait le peuple juif et avait résolu de faire exterminer tous les Juifs de Perse. Sa colère contre les Juifs venait, entre autres raisons, du refus d’un éminent Israélite, Mardochée, de s’incliner devant lui de façon idolâtre. Or une jeune et belle épouse d’Assuérus, Esther, était elle-même issue du peuple juif et parente de Mardochée, bien que s’étant beaucoup éloignée de ses origines. Mardochée alerta la jeune femme sur les dangers encourus par les Juifs, et lui rappela qu’elle-même ainsi que toute sa famille était concernée par la résolution du cruel Aman. Esther, effrayée, révéla à Assuérus son appartenance au peuple d’Israël et le conjura de faire annuler l’ordre de massacrer les Juifs de Perse. Le roi accorda aux Juifs le droit de s’armer pour se défendre, ce qu’ils firent avec succès. Depuis lors, la fête de Pourim célèbre cette victoire.
Rav Ovadia Yossef, en expliquant cette semaine certaines lois relatives à Pourim, il a aussi parlé des disciples d’Aman, le grand vizir de Perse. «Dans chaque génération nous avons des ‘Aman’ » a-t-il dit. « Maintenant nous avons un nouvel Aman en Perse, nous menaçant avec ses armes nucléaires. ».
En effet, ce même peuple juif a un nouvel ennemi qui déteste l’Etat d’Israël cette fois, et ce nouveau Aman s’appelle Mahmoud Ahmadinejad… En 2005, à peine élu 5e président post-révolutionnaire de l’Iran, il annonce la couleur. Lors d’une conférence intitulée “Le monde sans le sionisme”, il qualifie Israël de “tache disgracieuse” qui doit être “effacée de la surface de la terre”.
Tout comme son ancêtre perse, il veut et cherche l’extermination du peuple juif dans sa terre ancestrale, Israël. Sa soif du sang juif est identique à celle qui envenimait Aman, le menant directement à sa perte. Pour combler ses desseins, Ahmadinejad est même prédisposé à immoler sa nation, si seulement, seulement, il réussissait à exterminer tous les juifs du monde.
Ce jeudi, 25 février 2010, le président iranien s’est réunit avec son beau monde, Meshaal et Assad, à un thé dansant à Damas. A l’occasion de sa visite officielle en Syrie, Ahmadinejad, le nouveau Aman Perse, a déclaré que bientôt le Proche Orient sera sans sionistes : « les nations arabes allaient inaugurer un nouveau Proche Orient “sans sionistes et sans colonialistes » a-t-il lancé.
“Les sionistes et leurs protecteurs ont atteint une impasse. Finalement, l’entité sioniste disparaîtra, sa philosophie existentielle est terminée. Les conquérants sionistes ont atteint une impasse, toutes leurs menaces contre les palestiniens découlent de leur faiblesse. Si les sionistes répètent les erreurs du passé, toutes les nations de la région seront contre eux, le nouveau Proche Orient se fera, avec l’aide d’Allah, sans les sionistes et sans les impérialistes” a-t-il poursuivi. (1).
Le fou iranien a donc l’intention d’aller jusqu’au bout de son obsession. Il emploie le langage de son ancêtre perse. Les ambitions d’Aman-Dinedjad vont dans la droite ligne de ce désir qui dure depuis longtemps d’enlever les Juifs de la surface de la terre.
Depuis les pharaons d’Égypte à l’Iran et autres pays du 21ème siècle en passant par Aman et Hitler, le peuple juif a toujours été en proie à l’extermination. La plupart de ces ennemis ne sont plus ou ont disparu, Israël est toujours là et le sera encore pour longtemps, n’est-ce pas là le miracle de Pourim ?
Le peuple juif a su, à travers son histoire, demeurer fort face à ceux qui font le mal. Toute l’histoire juif et d’Israël, malgré les pogromes, l’inquisition, la Shoah, qui a tué des millions de juifs, mais ils sont toujours là et ils aiment la vie .La preuve toutes les races dominantes et barbares de l’histoire ont disparus et le petit peuple juif est toujours présent.
Cet amour a prouvé qu’il était éternel, qu’il pouvait surmonter les énormes difficultés, les persécutions, l’exil, les génocides ; à la fin de chaque expérience douloureuse un cri d’amour répétait : « l’année prochaine à Jérusalem ». Quand il y a deux siècles a commencé l’aventure épique du retour à sa terre, ce retour sur ce petit lopin de terre a permit à réhabiliter tous les juifs de par le monde et les aider a retrouvé leur dignité. N’écoutons pas ce que disent ou montrent les médias, consultons l’histoire, lisons les livres qu’il faut. Renseignez vous : Israël n’a jamais pris la terre de personne.
La fête de Pourim, si chère à la tradition juive, est souvent associée à la joie et à la délivrance de ce peuple face à l’adversité. C’est la plus belle fête qui existe et qui perdure. Le peuple juif a été délivré et malgré les siècles, il est toujours là.
Jusqu’il y a peu, beaucoup de communautés juives célébraient des Pourim « locaux », commémorant leur délivrance d’un tel dirigeant ou groupe antisémite.
Le plus connu de ces Pourim était le Pourim Vintz, traditionnellement célébré à Francfort, une semaine après Pourim. Il commémorait la révolte de Fettmilch (1616-1620), au cours de laquelle un certain Vincenz Fettmilch, « nouvel Haman des Juifs » auto décrété avait tenté d’exterminer la communauté juive. Selon certains, le Rav Moshe Sofer , natif de Francfort célébrait le Pourim Vintz chaque année, même lorsqu’il fut le rabbin de Pressburg (aujourd’hui Bratislava).
Les Juifs marocains fêtaient la défaite du roi Sébastien Ier de Portugal à la Bataille des Trois Rois le 4 août 1578 à Ksar el-Kébir au nord du Maroc, lors du Pûrim de los cristianos, le premier eloul de chaque année, en souvenir du ressentiment contre ceux qui les ont expulsés de la péninsule ibérique.
C’est ainsi que Pourim est célébrée chaque année par des festins de joie et d’allégresse au lieu de deuil. Cela montre bien que Dieu seul peut changer les situations de détresse du peuple d’Israël. Si nous prions pour que sa puissance se manifeste, nous avons la conviction que D.ieu veille sur Jérusalem. La Bible nous dit que dans un temps proche toutes les nations se rassembleront pour combattre et anéantir le peuple d’Israël mais c’est au moment ou ce peuple criera et invoquera le nom de l’Eternel que le Messie le délivrera définitivement de son ennemi Satan en se révélant à son peuple (Zacharie 12:10 et 14:4). Aujourd’hui Israël a besoin d’être soutenu par la prière et le jeûne pour que beaucoup de Juifs semblables à Mardochée prient pour qu’Israël connaisse la gloire.
(1) Le site Debkafile, réputé proche des services de renseignement israéliens affirme que ses sources en Iran lui ont signalé l’intention d’Ahmadinejad de réunir prochainement l’ensemble des groupes terroristes de tous poils, islamistes et radicaux palestiniens, afin de coordonner les réactions et attaques sur Israël en cas de conflit ou d’attaque sur l’Iran. L’objectif pourrait également être le déclenchement d’opérations terroristes en Israël pour détourner le pays d’une éventuelle attaque des installations nucléaires iraniennes.
Jérusalem est en fête
Jérusalem est en fête aujourd’hui. Entourée de murailles, Jérusalem fête Pourim, le 15 du mois juif d’Adar, une journée après les autres villes d’Israël.
Un ami m’a envoyé cette photo prise à Pourim dans une rue d’un quartier orthodoxe de Jérusalem. Les enfants sont déguisés en lutins rouges et non pas en Père Noël m’a t-il précisé. Un fan d’En direct de Jérusalem sur Face Book a eu une autre idée.
Ni en Père Noël, ni en lutins, mais en bouteille de Coca Cola.
Un autre ” Peut être que cette famille vient de Strasbourg, rouge et blanc, les couleurs du Blason de Strasbourg.
Et encore un autre fan. En Blanche Neige et les six nains, chaque naissance rapprochant cette famille de la version authentique. Blanche Neige et les sept nains, dans un an donc…
Autre idée, la famille s’est déguisée en Palestine turque passant le pouvoir aux Britanniques au début du XXè siècle. Le papa avec sa coiffe turque et les enfants en costumes symbolisant l’Occident.
Merci à l’imagination et à l’humour de nos internautes.
Jérusalem – Pourim 2010 - 28 fevrier 2010
Israël est en fête
Après Hanoukka et Tu’bechvat, avant Pessah, Pourim en Israël.
Israël vit au rythme des fêtes du calendrier juif. Tout Israël. De Méa Shéarim à Florentine, d’une base reculée de Tsahal au lycée de Petach Tikva, des images de Pourim 2010 .
* Dans un vieux magasin de Méa Shéarim, un hassid achète un parchemin de la Meguila Esther pour quelques milliers de shekels
* La directrice de ma Banque porte ce matin une perruque multicolore
* Selon Strauss-Elite, premier producteur de confiseries, les israéliens offriront dimanche matin, jour de Pourim, 50 millions de mishloah hamanot, ces paquets que chacun offre à son ami, à son voisin
* Dans un immense hangar à Jaffa, le théâtre Habimah loue ses costumes pour les bals masqués des jeunes loups de la haute technologie
* Dans la rue de Nehalat Benyamin, la rue des grossistes au sud de Tel Aviv, Micha vend des pétards, que les adolescents feront exploser “pour éloigner les ennemis du peuple juif. “
* Et quelques mètres plus loin, Moshele, le grossiste en friandises a installé sur le trottoir ses paquets enrubannés
* Dans la Moshava Germanit à Jérusalem, la pâtisserie Angel, a mis en vitrine sur papiers dentelles ”les Oreilles d’Aman”.
* Dans une base militaire du Golan, à une centaine de mètres d’un avant poste syrien, deux jeunes Loubavitch distribuent aux soldats des friandises
* Le déguisement le plus actuel que j’ai vu cette année, “agent du Mossad à Dubaï”, perruques, moustaches, barbe, lunette noire et chapeau de touriste.
* La municipalité de Holon a envoyé des dizaines de milliers de sms, pour annoncer que le traditionnel défilé de Pourim est retardé d’un jour en raison des pluies diluviennes prévues pour dimanche.
* Mais, Myriam, la styliste du carnaval, continue elle à mettre les dernières touches de peinture à son clown géant
* Jérusalem entourée de murailles, fêtera Pourim non pas dimanche mais un jour plus tard. Deux amies l’une de Jérusalem, l’autre de Tel Aviv, s’écrivent en mail. ” Mon chou, cette année Pourim chez vous sous la pluie, venez fêter Pourim sous le soleil, lundi à Jérusalem. … ” Quitter Tel Aviv pour Pourim, jamais, plutôt la pluie que l’austérité de votre ville…” “Austérité, de quoi parles tu? Nous fêterons Pourim à 50, tous déguisés et le vin coulera à volonté…”
* Dans un lycée de Petach Tikva, les profs doivent depuis une semaine respecter le règlement de Pourim. Tout s’inverse, comme le sort, le “Pour” d’Esther et de Mordehai. Pas de devoirs de classe, pas d’examens, des récréations de deux heures et des blagues pour débuter chaque journée.
Source : [ endirectdejerusalem.com] Pourim – Israël 2010
ABSI Keren Or ( Association de Bienfaisance de Soutien a Israel preside par Gilles Taieb) : Pourim 5770, distribution de sourire... - Par Guysen TV - 1 mars 2010
CLIQUEZ POUR VOIR LA VIDEO
[ www.guysen.com]
A l'occasion de la fête de Pourim: Anatomie d'un miracle - Esther - Daniel Sibony* - 17 mars 2011
Ici, c'est un moment de grâce, celle de la femme et du hasard; moment vital dans la détresse de l'exil.
L'histoire a lieu en Perse, quelques siècles avant notre ère. Le roi Assuérus répudie sa femme, la reine Vashti, sur les conseils d'Haman son ministre. Elle avait refusé de répondre à sa demande et de se présenter devant lui et ses invités lors d'un banquet. (Elle avait aussi le sien, un banquet de femmes...) Pour recruter une nouvelle reine, on fait appel à toutes les belles vierges du Royaume. Esther est choisie. Elle a été élevée par son oncle Mordékhaï. Celui-ci, lorsqu'il vient prendre de ses nouvelles, ne se prosterne pas comme il se doit devant Haman; lequel décide d'en finir avec les Juifs, ce peuple qui "ne fait pas comme les autres". Le jour est fixé, la date tirée au sort (Pourim = les sorts). Le roi est très complaisant: "L'argent, garde-le et fais de ce peuple ce que tu veux"[1]. (Haman comptait verser une certaine somme au trésor public pour avoir les mains libres.) Mordékhaï apprend la nouvelle, il se met en deuil, déchire ses vêtements, fait appel à Esther pour qu'elle intervienne. Elle hésite: on risque sa vie si on se présente au roi sans y être appelée.
Alors Mordékhaï lui envoie dire: "Ne crois pas te protéger en te détachant de ton peuple. Si tu te tais dans un tel moment, la délivrance viendra aux Juifs d'un autre lieu, et toi et la maison de ton père vous périrez. Et qui sait si tu n'es pas devenue reine pour un moment comme celui-ci"[2]. Mordékhaï qui, au début, lui demande de ne pas dire qu'elle est juive, l'adjure maintenant de le dire, d'intervenir en tant que juive et reine. (Ainsi le rapport aux origines ne doit pas être figé; on peut en jouer selon l'événement.) Esther accepte, elle demande qu'on jeûne pour elle trois jours, elle-même et ses suivantes vont jeûner, après quoi elle se présentera devant le roi. Entre-temps, celui-ci a une insomnie, il se fait lire la chronique du palais (le livre-mémoire des faits du jour...) et il remarque que Mordékhaï avait un jour révélé un complot visant à tuer le roi, et n'a pas eu de récompense. (C'est par Esther qu'il avait informé le roi du complot.) Haman est justement dans l'antichambre, il le fait entrer: "Que faut-il faire à un homme que le roi veut honorer?" Haman, sûr qu'il s'agit de lui, répond: Qu'on l'habille de la tenue royale, qu'on le mette sur le cheval du roi et que l'un des plus hauts dignitaires tienne la bride et le promène dans les rues de la ville en clamant: Voilà ce qu'on fait à un homme que le roi veut honorer. Le roi demande à Haman de le faire pour Mordekhaï. C'est le début de la fin car entre-temps Esther a pu voir le roi, l'a invité à un festin avec Haman, puis à un second festin où elle révèle qu'elle et son peuple, Haman veut les anéantir.
Ici, on a un "miracle" (la situation se retourne, le peuple voué à l'effacement est sauvé); on peut en faire l'anatomie; mais on n'a pas la gestion religieuse du miracle sur le mode: ils ont supplié Dieu, il les a entendus et il les a sauvés. Dieu n'est pas mentionné dans ce texte, la prière non plus. Il y a un jeûne, il y a l'acte de mortifier son corps, non sans rappel symbolique: trois jours (trois, chiffre assez chargé; par exemple: les trois jours d'Abraham et son fils marchant vers le Lieu...).
Et il y a surtout la grâce[3]. Essentielle. On parle souvent de la grâce d'Esther, et il semble qu'elle l'ait transmise à son peuple, au destin de son peuple qu'elle a pu ainsi dévier. Destin d'où provient peut-être cette grâce elle-même: Esther a pu rejoindre le point de grâce enfoui dans le destin hébreu.
Qu'est-ce donc que la grâce? Elle n'est pas l'effet d'un travail, d'une amélioration, d'une ascèse. La grâce, on l'a ou pas, à tels moments ou à d'autres. Elle vient d'ailleurs. Dire qu'elle est "divine", c'est dire qu'elle vient des confins de l'humain, des limites. La grâce, c'est l'émotion qui émane d'un être aux prises avec ses limites et en même temps assez libres envers elles: beaucoup de tout petits sont pleins de cette grâce, sauf lorsqu'ils sont déjà pris et verrouillés dans le symptôme de leur mère. Autrement, ils rayonnent une présence, une certitude inconsciente de leurs limites, qui sont pourtant évidentes. Dans la grâce, la faille et les limites sont à la fois admises et surprenantes, productives de vie. Dans ce consentement, une présence inconsciente fait briller l'étincelle de la grâce. La grâce, c'est quand le narcissisme, qui ignore ses limites, s'en sert à son insu dans un sens de vie. Et cela confirme qu'on ne peut pas l'imiter: on ne peut pas faire exprès d'être inconscient de ses limites. Cette grâce se transmet ou plutôt, elle rayonne, mais ceux qui la reçoivent ou qui l'agréent ne restent pas gracieux si par ailleurs ils ne le sont pas. Ils gardent ce rappel de la grâce, et de ceci qu'elle est par essence un partage. Celui qui a la grâce la donne aux autres, à charge pour eux de la recevoir et de la "garder". En général, le mieux qu'ils font c'est de la reconnaître, de la respecter.
En tout cas, Esther trouve grâce aux yeux de ceux qui la voient; notamment de l'homme qui gère ce harem, cette masse féminine offerte au roi. Esther se distingue par cette grâce, où se croisent sans doute féminité et symbolique. Elle est, en un sens, l'ennemie absolue d'Haman, qui hait les Juifs et les femmes. (C'est lui qui a suggéré au roi de renvoyer Vashti, sa première épouse, parce qu'elle n'a pas répondu à son ordre.) La grâce signifie que l'être qui la "porte" n'est pas identique à lui-même, qu'il est porteur d'une certaine faille et fait vibrer cet écart, cet entre-deux qui l'ouvre sur l'être et sur la vie; même s'il peut être dans tel cadre ou telle place déterminée. Lorsqu'on dit qu'Esther a trouvé grâce, cela veut dire qu'elle a touché dans l'autre le point de grâce, d'ouverture, de fragilité, d'entre-deux où se passe la vie. En somme, elle donne à l'autre la grâce qu'il a sans le savoir. L'être qui a la grâce la donne sans la perdre, sans rien en perdre. C'est une question de contact: il donne à l'autre la possibilité d'avoir, comme lui, un contact avec l'être, avec la limite de l'humain qu'on appelle le divin.
Esther est orpheline; cette fragilité d'origine ne l'a pas affaiblie. Elle n'est pas dans l'inclusion familiale, elle appartient à un peuple qui ne s'appartient pas. Elle n'est pas dans l'identité mais dans l'histoire, l'événement, le devenir, la transmission.
Bien sûr, c'est parce qu'Esther est prise au palais, et devient la femme du roi, que Mordékhaï son oncle se fait remarquer par Haman en ne s'inclinant pas. Si Esther n'avait pas été choisie, Haman n'aurait pas eu, peut-être, l'occasion de remarquer ce Juif insoumis et de retrouver sa rage ancestrale envers ce peuple, jusqu'à vouloir en finir.
Mais Esther, devenue reine, est tentée de s'en tenir à son cadre, sa fonction: elle ne peut pas intercéder dans l'urgence. La réplique de Mordekhaï est cinglante et contient une allusion au divin, la seule dans ce Texte: Si tu restes dans le silence [si tu caches ton origine et ne fais pas savoir au roi, très vite, que le peuple qu'on veut détruire c'est le tien], la délivrance viendra aux Juifs d'un lieu autre (mi-maqom ahér). Car Dieu, c'est aussi le Lieu (maqom): là où ça se tient; là où les choses et les êtres prélèvent de quoi tenir).
Ce lieu autre se réfère au divin d'une façon qui semble vague; en fait, c'est dans sa fonction de lieu, comme source d'événements qui ont lieu; et sur le mode de la pure altérité: du tout autre peut avoir lieu sans toi, si tu restes en dehors.
Et il y a les coups du hasard. Celui de l'insomnie royale: est-ce qu'inconsciemment le roi a été "travaillé" par ce qu'il a signé - rien de moins que l'effacement d'un de ses peuples? En tout cas, il découvre dans la chronique une parole salvatrice de Mordékhaï sur lui - parole qu'Esther avait transmise en mentionnant le nom de sa source, Mordekhaï. De là le Talmud déduit que quiconque, lorsqu'il tient une parole forte, dit de qui il la tient, apporte la délivrance au monde; tout comme Esther a apporté la délivrance à son peuple en disant de qui elle tenait cette parole. (On pointe ainsi l'universel du singulier: ce qui arrive au peuple juif, en tant qu'il est singulier, a valeur universelle.) Encore faut-il que cette parole soit forte et bonne. On n'a pas à nommer quelqu'un dont on évoque une bêtise ou une parole indifférente.
Voilà donc plusieurs hasards qui convergent: Mordekhaï a éventé un complot; le roi Assuérus a une insomnie et se fait lire la chronique; Haman passait par là... Le tout sous le signe de la grâce qu'Esther a trouvée en devenant reine. Cette grâce, elle va la retrouver deux fois, lorsqu'elle invite le roi avec Haman et que, la complaisance du vin aidant, le roi est prêt à lui donner "ce qu'elle veut, même la moitié du pouvoir".
La grâce est liée à l'identité partagée, incertaine mais vivante, qui maintient problématique la question de l'origine, et la laisse non résolue, ouverte à l'événement. Dans le cas d'Esther, ce moment où elle se fait connaître et où elle sauve son peuple (après tout, le roi aurait pu la sauver, elle, et laisser faire Haman), ce moment de grâce ultime porte sur son identité: partagée en elle-même et partagée avec son peuple.
Ce qu'elle transmet au roi dans cet instant de grâce, c'est un appel de vie: pour quelle sécurité un peuple tout entier doit-il être effacé? pour quel confort identitaire? Cet appel, le roi l'avait refoulé en écoutant Haman, et voilà que la reine vient rouvrir le possible: certes, il y a une faille, il y a un peuple singulier, mais faut-il le détruire pour que tout soit régulier? Ce n'est pas explicite mais c'est là; c'est l'arrière fond sur lequel la grâce opère. Esther fait une entorse à la loi du palais et son peuple est une entorse à l'ordre de l'Etat renforcé par Hama. L'acte d'Esther trouve grâce et la transmet au peuple - qui est comme gracié.
Les lettres ordonnant la mort vont donc s'inverser en lettres de vie. Vengeance sera tirée de ceux qui préparaient l'Extermination. La grâce s'infiltre dans un ordre totalisant, - perturbé par un peuple non-conforme; peuple symbole de la petite entame qu'il faut pour relancer la vie. Autre symbole de cette entame sacrificielle: le jeûne de trois jours imposé à tout son peuple. Puisqu'on est menacé de mort, on va se mortifier, se donner une mort symbolique (avec des accents réels - on défaille) pour se mettre en demande de renaissance. Se mettre en état de manque pour mieux faire voir le manque-de-vie menaçant, avec l'espoir de le surmonter.
La grâce, transmission involontaire d'une vie autre, est portée par le hasard et elle s'incarne, elle prend corps. De là une certaine beauté, qui somatise l'amour de l'être - pour la vie qui se redonne.
La grâce rencontre la féminité - comme faille qui laisse passer la vie - mais la grâce n'est pas uniquement féminine. Dans la Torah Moïse dit à YHVH: "Si j'ai trouvé grâce à tes yeux...". Si avec nos défaillances tu nous acceptes, alors marche toi-même devant nous... Autrement dit, les défaillances du peuple hébreu, dans le désert et ailleurs, font partie de son rapport au divin. On peut les déplorer, mais c'est parce qu'elles sont là, et qu'elles sont humaines, qu'une grâce est possible ou nécessaire pour fonder cette relation entre le peuple et son Dieu. Toutes les fois que YHVH a voulu exterminer son peuple après un grave manquement, c'est la grâce qui le sauve, et Moïse l'obtient chaque fois - en demandant que la faute soit oubliée; tout en sachant qu'il y en aura une nouvelle, et que la vie fait faux-bond à la perfection.
La grâce implique donc que l'Autre aussi révèle sa faille: en l'occurrence, Dieu doit se contredire, décider une chose et en faire une autre. Cette aptitude à se contredire n'est pas à mettre au compte de sa toute-puissance (puisqu'il peut tout, il peut aussi pardonner, oublier, se rappeler et... se contredire); elle n'est pas dans une liste complète de ses attributs. Au contraire, c'est une fois la liste établie que l'aptitude à se contredire viendrait la déchirer, la barrer; prouvant par là-même qu'une telle liste est absurde. (Qu'est-ce qu'une liste d'attente dont le dernier dirait qu'elle peut être annulée?)
C'est pourquoi le rapport entre ce peuple et ce Dieu est singulier sur un mode universel: rapport à l'être qui implique la grâce récurrente et qui s'oppose à toute idée d'en finir avec la faille; à tout projet qui, dénonçant les turpitudes de "ce peuple", voudrait fonder enfin quelque chose de solide qui n'aurait pas tous ces défauts; projet qui totaliserait ces défauts, les fixerait sur ce peuple (ou sur un autre) pour en finir avec.
Le peuple est donc sauvé par la grâce - qui passe par le hasard dans ses moindres nuances - et non pas grâce à son mérite. Le mot pour dire "sauvé" (hatsél) comporte, on l'a dit, le signifiant de l'ombre (tsél): quand le peuple ou le sujet est pris dans une lumière totale, où l'on voit pleinement ses défauts et les dangers qui le guettent, la grâce qui le sauve consiste à lui donner un peu d'ombre. Gracier, c'est arrêter la pleine lumière qui aveugle et menace de tout brûler.
L'autre mot pour "délivrance", employé par Mordekhaï (lorsqu'il dit à Esther: la délivrance et le salut viendront d'un lieu autre), c'est révah, qui prend racine dans ruah, le souffle. La délivrance, c'est retrouver un souffle, un espace dans le jeu de la vie. Et on le retrouve par l'acte de grâce qui assume la faille et déjoue la prétention totalitaire, fût-elle orientée vers un projet de perfection.
Dans l'histoire d'Esther, le projet totalitaire obtient l'aval du roi, mais celui-ci est entamé par son désir pour Esther, par la grâce qu'elle trouve à ses yeux. Ainsi, il y a un ver dans le fruit empoisonné - qui le rend non comestible. Le projet de meurtre ne passe pas.
C'est pourquoi la grâce rappelle la transmission de vie humaine dans son essence symbolique. D'où son lien essentiel avec le féminin.
En somme, l'humanité a inventé un petit peuple pour symboliser une entame aux projets totalitaires[4]. Ce peuple aurait pu être un autre, il se trouve que c'est celui-là; l'important c'est le jeu ou plutôt la dynamique que cela permet. (On peut même dire que ce peuple s'est inventé pour occuper cette place, cela ne change rien au problème.) Cette dynamique comporte pour ce peuple des risques d'extermination, et dans ces cas, des risques d'abêtissement pour ladite humanité. C'est ce qui fait de ce peuple, je l'ai dit, un baromètre de la maturité ambiante. Mais ce peuple aussi, s'il avait plus de pouvoir, pourrait exprimer des prétentions totalitaires. Rien n'est joué; il semble que l'humanité a besoin, régulièrement, de se poser ou de revivre le problème de sa faille identitaire, et du fantasme de la combler. C'est le problème de l'entame, donc aussi de la grâce. Au-delà de la faute qu'on pardonne, c'est le défaut qu'on intègre. Ce peuple est fait pour le rappeler, et parfois c'est à lui d'en répondre: si le monde ambiant supporte mal l'entre-deux[5], il en impute l'impossible à ce qui lui semble singulier, à ceux qui ne font pas "comme tout le monde". L'humanité oscille entre deux pôles pour sa question d'identité: le risque du plein et le risque du vide. Et dans l'entre-deux, un passage incertain...
Et il n'y a pas de loi qui prévienne contre ces risques totalitaires. (Comme pour la liste des attributs divins entamés par la grâce.) Il y a bien le fantasme d'un tribunal planétaire, qui ferait acte quand certaines lois sont violées et qu'on passe à la barbarie. Mais on connaît les problèmes de sa mise en place et de sa grande impuissance.
* Daniel Sibony, écrivain, psychanalyste, auteur d'une trentaine de livres.
[ danielsibony.typepad.fr]
[1] . Esther 3, 11.
[2] . Esther 4, 14.
[3] . Deux mots servent à la nommer: hén et hésséd. Ce sont non pas des "qualités" mais des rapports entre deux êtres. Hén est plus près de grâce, charme, effet de beauté; hésséd est plus proche de bonté, de charisme, donc des effets de la grâce: elle provoque une douceur, une envie d'être généreux, d'ignorer le passif. Or Esther porte les deux: hén et hésséd.
[4] . Cela n'a pas empêché des Juifs de prendre une part active à de tels projets - notamment staliniens. Fascinés sans doute par l'idée messianique de Salut définitif, idée qu'on leur offrait de passer à l'acte.
[5] . L'entre-deux comme forme ordinaire de ladite faille.
Pourim en Israel
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