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LE PTB ET MOI ZOUZ.

Envoyé par albert 
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
03 décembre 2011, 12:05
cHAVOUAH TOV,BREITOU,

Mon père habitait rue Achour, je rechercherai dans mes papiers je crois que c'était au n° 30 je n'en suis pas sure je verrai demain..
je m'aperçois qu'une fois encore, le monde est petit et que quelque chose nous rapproche..
amitiés, Shochote
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
03 décembre 2011, 12:13
Ils habitaient au numéro 15. Schochote.
Chavoua Tov.
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
04 décembre 2011, 01:57
CHAPITRE II.

Il était une fois MEIHA ET CHOUÂÂ.






Contre toute attente, une épidémie de choléra surprend tous les quartiers environnants de la HARA.

Une hécatombe.

Meiha perd ses enfants. A cette époque pas de pénicilline et vaccins.
En deux semaines, Meiha dira ‘…Ââbit él jébèné… ! J’ai rempli le cimetière.

Tout le quartier fut donc victime de cette contagion.
Sur de la misère venait s’ajouter donc le malheur. La souffrance et la désolation.

Le couple LELLOUCHE revenait à leur début. Tout est à recommencer si ce n’est que le médecin du quartier annonce à MEIHA qu’elle n’enfantera plus.

Sur le malheur se greffent donc une tragédie, la fatalité et le désespoir. La nuit est tombée sur le couple. Elle s’est voilée de noir, couleur du deuil.

La maison se retrouve déserte de ses lumières. Le grand vide. Les volets sont fermés,La lumiére est absente dans cette chambre déjà plongée dans la pénombre.

Ils vivent leur deuil en silence, tête basse et consentant du sort que le ciel leur a réservé. Un destin écrit dans ce ciel.

Un mouchoir qui va, un autre qui revient et le silence. Ce silence pesant que seule la mort sait faire régner lorsqu’on a tout perdu.

Chez ces gens là, trois choses vont les maintenir dans un semblant de vie. Le courage, la patience, et la foi.

Déjà démunis, indigents, les voilà donc encore plus démunis par l’absence de leur enfants.

Meiha et son mari tiendront le deuil très longtemps.

Les jours passent, comme passent les moineaux au dessus des terrasses tristes.

Les années passent comme passent les saisons mornes qui n’ont plus de couleur dans ce vieil Tunis bien avant et aprés la grande guerre. Et le ciel a beau s’habiller de bleu il reste noir pour MEIHA et Chouââ.

Lui, le papa continue à vaquer à ses occupations, car il faut bien vivre et espérer alors que sa femme chante à la nuit tombée des mélodies tristes en balançant son corps de droite à gauche. ( Lorsqu’elle était chez nous, elle chantait ses mélodies preuve que des années plus tard, elle n’avais pas tournée la page de la disparition de ses enfants en bas âge.)

Elle allumera ses trois veilleuses tous les vendredis en larmoyant.

Armés d’un grand courage Meiha essaye de surmonter les événements. Elle pense au temps qui sait guérir les grandes douleurs qui peinent à se cicatriser et qui ne se cicatriseront jamais plus.

Le couple fait preuve d’une grande patience et sagesse.

Un jour, alors que Meiha sort par inadvertance sur le seuil du grand portail de cette oukala donnant sur la rue, elle remarque que deux jeunes enfants noirs, retenant mal la morve qui pend à leur nez, sont assis sur les genoux de son mari. Chouââ jouait avec eux.

Le soir même, Meiha au vu de ce qu’elle a surprit, demande à son mari s’il était d’accord à prendre une autre épouse. Elle sera la domestique, celle qui sera effacée de la maison. Elle lui cuisinera à lui de faire d’autres enfants qu’elle élèvera avec la nouvelle concubine.

Son époux refuse catégoriquement et lui dit de ne pas perdre espoir, le médecin n’est pas D ieu. D’où plus tard, cette hostilité qu’avait ma grand-mère contre les médecins, elle ne les a jamais aimés ni appréciés.

Nous sommes en 1913.

A Suivre...
.
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
04 décembre 2011, 04:59
Salut Breitou,

j'ai passé quelque temps à revoir les archives de mon père, il avait mis tant de temps à garder tout cela, à en faire des photocopies, au cas où celà se perdrait...
je peux donc maintenant te préciser que c'était au n° 29 que vivait mon père et sa famille...
souvent je regarde cette rue sur le plan de "la Médina" que je possède et je me dis que je ne sais rien de ce passé, on en parlait pas ou très peu.
j'ai mème retrouvé un "certificat de bonnes vie et moeurs" du 02.11.1955
délivré par l'"administration de la médina" . à quoi servait-il ? je ne sais pas...
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
04 décembre 2011, 05:07
Ce certificat équivaut à ce qu'on appelle aujourd'hui le BULLETIN N° 3.
Si je retourne à Tunis, j'irais visiter la maison de MEIHA. Z'AL. Et la tienne aussi.
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
04 décembre 2011, 05:39
La pudeur des sentiments.
Texte inspiré par Elsa.

Les sentiments d’avant n’étaient pas les mêmes que ceux d’aujourd’hui.
A cette époque dans laquelle vivaient nos aïeux, il était impensable que les enfants lèvent les yeux devant leurs parents.

La honte les submergeait. Il était même impensable de répondre à un vieux ou à une vieille.

Dire à son père ou à sa mère, ‘…YE OMI EN HABEC…. !’ Dans ces années 1900 et après, était bien rare. Les enfants écoutaient et baissaient souvent la tête.

Le papa portait en générale la moustache, signe d’autorité et de respect.

Lorsque les enfants commençaient à percevoir leurs premiers salaires, ces derniers étaient remis à la maman et non au papa. Les enfants se contentaient du pécule que la maman voulait bien leur donner sans qu’aucune réticence de la part des enfants ne soit soulevée.
Les enfants ne devaient jamais faire la fine bouche et ce que la maman préparait était accepté sans rechigner.

La maman était celle qui servait d’intermédiaire entre le fils, la fille envers le papa. Parler directement à son papa autrefois était considéré comme une effronterie. La maman plus diplomate servait donc de trait d’union.

Cette gêne du dialogue directe avec le père était considérée comme une bonne éducation. En dernier ressort seule la parole du père était considérée comme le sceau définitif à toutes discussions.
Lorsque le papa voulait passer un message à ses enfants, la maman était seule habilitée à le faire.

D’une part, d’autre part, le papa avait la prédominance sur le mariage de ces enfants. Une fille se devait d’écouter les consignes du père et parler de mariage d’amour n’était pas branché à cette époque. Les enquêtes de voisinage sur les mœurs de tel ou tel fils ou enfant prévalaient sur toutes autres considérations. La fille ou le fils à marier ne pouvait en aucun cas refuser l’union si les parents étaient d’accord.

‘…L’amori i ji bad… !’ L’amour ne vient qu’après disaient t’ils.

La dot était aussi un argument important pour les jeunes hommes.
Au regard de notre époque, l’évolution des mœurs marquent un grand virage quant aux sentiments que l’on ressent pour ses parents. Dire ‘…Je t’aime.. !’ à ses parents est encore assez difficile sauf dans les moments pénibles et cela afin de réconforter les leurs dans leurs derniers moments. Mais jamais durant leur vie. C’est le grand dilemme. Tjs cette gêne qui poursuit les enfants. Je constate cependant que les jeunes enfants d’aujourd’hui marque dés leur jeune âge leur amour pour leur géniteurs. Ils le disent et les parents le leur retournent.
Cela est du que le mot AMOUR tend à se propager dans les nouveaux foyers. Et apprendre à une jeune enfant à dire ‘…Merci…’ Ou ‘…Papa je t’aime… ! Marque plus d’attachement à celle là ou à celui là. J’entends par exemple mon beau fils me dire ‘…PAPI JE T’AIME… !’ Là, je ressens un cadeau que je paye pour ce ‘…Je t’aime.. !’ Mon gendre en rit.

C’est la nouvelle façon des jeunes de montrer non seulement du respect mais de l’amour.
Et cela est très bien.
Valérie me dit souvent '...Je t'aime papa...! Vicky aussi mais pas Doris la pudique.

Je n’ai jamais dit à maman ou à papa ce mot qui habitait mon esprit. Mais que j’ai prononcé mille fois alors que maman dormait dans son grand sommeil.
M’a t’elle entendu au moins… ? Nous a-t-elle entendu dans son profond et dernier sommeil… ?


Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
04 décembre 2011, 07:30
J’ajouterai que dans ce vieux décor d’autrefois, le papa avait pour seul devoir d’apporter sa paye.
Une paye hebdomadaire qu’il recevait avant la rentrée du vendredi soir de chez son patron.

C’était la coutume chez les patrons juifs. Ce solde en judéo se disait sarmiya était remise à l’épouse bien loin des regards des enfants. Il retenait cependant ces petites dépenses telles que cigarettes, neffa ou tabac à priser.

En général, il faisait aussi sa toilette en premier, après son travail ainsi que toute la famille avant la rentrée du ‘Chébèt’.
La journée du samedi était consacré, après la syna à gouté aux trois plats cuisinés depuis la veille, soit une harissa au blé, une harissa nikitouch et une pkaila au couscous.

Cette tradition n’ayant plus court aujourd’hui, les familles modernes ne feront qu’un plat, plaise ou pas au mari. Et à mesure que les enfants grandissent, les plats de salade se rapetissent sauf si les enfants viennent ‘shabatter’.
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
04 décembre 2011, 08:26
tendres, toutes ces pensées vraies.. ma mère me disait que leur père venaient les embrasser la nuit quand ils dormaient (je pense que sa mère devait le lui dire).
je n'ai pas connu mes grands-parents maternels, les paternels oui mais notre "judéo-arabe nous" séparait"..pourtant nous les voyons souvent, surtout ma grand-mère..
Lorsque ma soeur et moi avons commencé à travailler, effectivement, il était de coutume de donner toute notre paie à ma mère, sans rien demander en retour, c'était ainsi..
Aussi Breitou, oui si un jour tu passes par la rue Achour ne m'oublie pas je serais ravie de voir celà en film ou photo,
lorsque l'on est ado, rien de tout celà ne trouble notre esprit. et puis, qui pouvait penser qu'un jour on partirait sans retour ?
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
04 décembre 2011, 10:03
Oui Shochote promis.N'oublie pas que notre vécu est une façon de raviver la mémoire de nos êtres chers. La mémoire alimente ses souvenirs par le biais de leur vécu. Et nous sommes les témoins vivants de cette passation de leur passé. Nous portons en nous ces grains que nous arrosons pour fortifier justement notre et leur mémoire.
Alors continuons.
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
04 décembre 2011, 10:27
c'est juste, il faut continuer et çà me fait plaisir et du bien d'en parler , de l'écrire et meme si nous avons souvent des vécus similaires
car l'identité Tune est bien celle que nos ancètres nous l'ont communiquée
à travers toutes ces générations, j'espère au fonds de moi que celà servira les générations de demain.

contrairement à d'autres communautés, la notre fut simplement divine, car pour nous les souvenirs sont faits de bonheurs partagés, presque les memes pour chacun d'entre-nous.
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