Les Juifs du Portugal
Si 1497 sonne le glas du judaïsme au Portugal, l’expulsion des juifs du pays n’est pas pour autant
synonyme de disparition pour sa communauté qui, expatriée, va diffuser au XVIe siècle son style dans le
monde entier, d’Amsterdam au Brésil, en passant parLondres et Bordeaux.
Le judaïsme portugais avant l’expulsion de 1497
La présence juive au Portugal remonterait à la Lusitanie Romaine, soit aux premiers siècles de notre ère. Assez
faible numériquement à l’époque médiévale – si on compare les chiffres avec ceux de l’Espagne voisine – la communauté juive portugaise jouit d’une croissance subite après l’expulsion des juifs par les Rois catholiques en 1492, faisant passer la part de sa population de 3 à 15 % au sein du royaume lusophone.
1497 : l’expulsion des juifs du Portugal
En 1497, le tour est venu pour les juifs portugais de quitter le pays. Ceux qui refusent le baptême sont contraints au départ. Et tandis que les uns s’installent dans le Nord de l’Europe (Amsterdam, l’Angleterre), d’autres optent pour la culture de la canne à sucre dans le Nouveau Monde, au Brésil notamment.
De cet exil forcé va naître une littérature juive dans les provinces d’accueil comme les Pays-Bas, mais aussi une culture du paraître et de la dissimulation chez les juifs restés au Portugal et faussement convertis au catholicisme. Devenus marranes ("porcs" en espagnol), les judéoconvers (terme officiel) vont ainsi en cachette, des siècles durant, perpétuer les traditions héritées de leurs ancêtres, à l’image des juifs d’Espagne.
Juifs et judaïsme au Portugal aujourd’hui
Il semblerait que l’Inquisition de 1537 n’ait pas eu raison des derniers judéo-convers. Près de 5000 Portugais de souche ont cherché ces dernières années à faire reconnaître leurs origines marranes et le président de la République, Jorge Sampaio, n’a jamais démenti descendre luimême d’une célèbre famille séfardi. Mais ni la construction d’une synagogue à Belmonte, ni la restauration de celle de Castelo de Vide n’ont ramené la vie juive d’antan. Les indications de Judiarias (quartiers juifs) et la création d’une chaire d’histoire juive à Lisbonne (Cátedra de Estudos Sefarditas Alberto Benveniste) semblent aujourd’hui surgir comme de vieux fantômes dans un Portugal soucieux de faire vœu de repentance.
