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La Synagogue de Moulinville : Slat Shoushane.

Envoyé par Camus 
La Synagogue de Moulinville : Slat Shoushane.
30 septembre 2007, 04:28
La Synagogue de Moulinville : Slat Shoushane.

L'atmosphere de la Synagogue de Moulinville etait particuliere.
-- Je felicite Camus de nous l'avoir restituee dans le recit ci-dessous par la description des "Personnages" qui la frequentaient.
-- Camus a une memoire phenomenale, car ce qu'il nous decrit s'est deroule il y a environ 50 ans.
Joseph (Tunecity).


Slat Shoushane est situe dans un terrain vague nomme Jnane Shoushane, le jardin de Shoushane, au dela des citees, juste a la bifurcation en forme de fourche qui relie la rote de Tunis, avec la route de Bab Ejebli et la route menant a la ville dans le Sud.

Le samedi nous allions a la synagogue de bonne heure, papa et moi, pour avoir le temps d'aller chercher l'harissa de ble au four. Nous etions un groupe d'habitues a se lever tot. D'autres preferaient venir a la seconde seance, a huit heures.

Tout pres de moi, dans le coin que formait une colonne avec le mur,etait assis somnolent, un des anciens, un vieux de la vieille. Il etait emmitoufle dans un burnous blanc, les mains cachees et protegees du froid. Il savait ses prieres par coeur et n'avait pas besoin de livret. Je le regardai admiratif, je me disais que lorsque je serai vieux, moi aussi je saurai les prieres de memoire et je serai aussi bien enveloppe dans mon burnous.

Rabbi Khamous nous lisait La Bible. Je me rappelle qu'un jour il demanda a mon oncle Hmino Allouche de venir a la Thora en ces mots : " J'invite a la lecture de la Bible Hmino Allouche qui monte en bicyclette le shabbat." Ce qui lui valut un reproche de M. Nessim Cohen qui etait a la tete du comite directeur du Temple.

Nessim Cohen habitait pres du cafe Cyrnos ex-Gambarana, il etait grave et d'allure noble, et il menait la priere le vendredi soir. Les jours de semaines nous etions colles nous les gosses a sa porte. Nous montions quelques marches a l'entree et nous sautions. Moi-meme j'arrivai a sauter sept marches. Nous n'avons jamais subis des remarques de la part des habitants de cette maison. Des gens si gentils.

Soussou (Joseph) Bouhnik etait le responsable de la maintenance et de la bonne marche de la synagogue. Sa voix de basse et ses yeux ronds nous tenaient en silence. La discipline regnait quand Soussou etait la. Il nous reveillait le matin, quand on s'attardait au lit. Il tapait a la porte, et me demandait de me lever. Soussou etait aussi mon cordonnier, et chaque fois que je passai devant lui, il me semblait qu'il regardait si mes chaussures etaient bien cirees, en bon etat et si je ne les avais pas abimees.

Clement et Salomon Bouhnik etaient des fideles habitues de la première seance du samedi. Apres la priere je les rencontrai allant chercher ensemble en ville, l'harissa du samedi. Le voisin de Salomon, Henri Cohen etait aussi des notres, touts les matins meme, lui et son fils.

Henri etait le mohel du quartier, c'est lui qui a pratique la circoncision de tous les enfants males de la famille, et peut etre celle de mon ami Joseph aussi. Il faisait cette bonne action benevolement, et quand il s'agissait d'une famille pauvre, il apportait aussi des cakes, des fruits secs et des boissons a servir aux invites.

Il y avait encore une famille Bouhnik, je ne rappelle pas tous les prenoms, mais je me souviens que le papa au debut boulanger, etait employe la compagnie electrique. Ils etaient toujours presents. Les gars, plus ages que moi etudiaient au lycee, Le cadet avait nom Jacob ( sa photo de classe figure dans la rebrique correspondante) et l'aine a ete aussi a l'ecole normale. Le troisième fils, Joseph etait en classe avec mon frere Nathan. Ils ecrivaient Bounik, sans h, leur hache pas encore deterree.

D'autres Bouhnik c'etait Khamous le frere de Soussou et son fils Clement le tailleur. Ils etaient surnommes la Maison (dar) Namsa.

Statistiques : Trois Khamous Bouhnik etaient presents, mon grand-pere, Khamous Namsa et moi-meme. Et encore trois Clement, mon pèere, le mari de Kouka et le fils Namsa. En plus trois Salomon-Chloumou, le pere de Claude, mon frere Simon et Chloumou le musicien surnomme Gaston Chalaha. Joseph Bouhnik le regent de la Synagogue et le copain a Nathan, cela fait deux Joseph, et si mon ami Claude serait venu il y aurait eu trois. Jamais deux sans trois. Tbark-Alla : D. Benisse.

Un autre Bouhnik etait Friah qui venait rarement car il priait en meme temps que Ba-Hai Ayed dans une synagogue situee dans la cour de leur maison. J'aimai entendre leurs belles voix chanter les psaumes. Quand ils venaient prier avec nous, c'etait une fete pour les connaisseurs. Le frere de Friah c'etait Samuel le coiffeur qui venait d'une lune a l'autre.

Etait present aussi Rabbi Isaac, mon premier rabbin et pedagogue inne. Il m'enseignait si bien, qu'a l'age de sept ans j'etai pret deja a lire la Hagadda de Pessah. Aux Paques pendant la lecture de la sortie d'Egypte, il est recommande de boire quatre verres de vin. Papa qui lisait l'hebreu mais ne le comprenait pas, demandait a Grand-pere Khamous, si cette ecriture fine et en italique voulait dire que le moment de la boisson est arrive, question a laquelle Pappy repondait invariablement par l'affirmative, et ils arrivaient facilement a dix verres chacun. Le moment venu, j'ai dirige le Seder de Paques et nous avons fait l'economie sur les boissons.

Un homme curieux etait Birou : Il habitait dans le passage Rendu, son pere est mort d'une chute du haut d'une table. Sa mere avait la sourde oreille, et je crois que toute la famille aussi, ses soeurs Germaine et Therese et lui un peu. Ce qui l'identifiait c'etait un begaiement, quand il arrivait a la lettre K. Ors, Birou etait considere comme menu fretin a la synagogue, un peu simple d'esprit, les cheveux hirsutes, habille d'un tablier d'epicier, et pourtant c'etait le seul lui, le rabbin remplaçant de Rabbi Khamous a la lecture de la Thora. Le seul et unique suppleant. Pas un autre, ne savait lire la Thora a part lui, quant Rabbi Khamous n'etait pas.

Birou se faisait prier quand on lui demandait de faire le service de la lecture. Lorsqu'il se levait enfin et lisait, tout allait bien, tant que la lettre K ne survenait pas. Quand il fallait dire Kaddoch, il lisait K...K...K...Ka...doch. Enfin ! S'eécriait la societe. Mais quand il fallait dire trois fois Kaddoch, comme dans la phrase : Kaddoch, Kaddoch, Kaddoch oumekoudach (Saint, Saint, Saint et Benit), alors la, on etait sur des charbons ardents. Chacun chronometrait a sa maniere le temps nécessaire a sortir de ce piege linguistique. Parfois Birou se sauvait, vexe par les remarques du public, alors il fallait beaucoup de doigte pour le faire revenir.

Et il y a beaucoup d'autres : Les frères Azria de la route de Tunis surnommes Zouitna (petit ollivier). Leurs voisins les Seror, et Samoha le tresorier de la communaute juive, dont le vrai nom s'est echappe de ma memoire, Chelly et ses fils qui habitaient pres de Kouka et Clement, pas loin de la chapelle. Le Capitaine, ce rouquin dont le nom ne me revient pas non plus. Il y avait aussi mon oncle Albert Allouche de la ruelle Rendu et son futur gendre Solomon Berrebi le fils de Hachna et qui epousera Titoune a Paris, et mes cousins Allouche Victor et Solomon.

Etait toujours present mon parent par alliance Albert Louzon, surnomme Bliha (petite datte), par ce qu'il etait petit de taille. D'autres Louzon c'etaient trois frères de la rue Rendu qui arrivaient souvent par ordre de taille, car s'ils n'etaient pas grands, ils etaient quand meme de hauteur differente : Khmimes, Nessim et Shmimel. (Khmimes c'etait le diminutif de Khamous, et Shmimel celui de Samuel, allusion quant a leurs tailles). Ils etaient plombiers et tenaient un atelier Rue des Belges, dans une cave dont l'entree etait si basse, qu'ils etaient les seuls a qui cette ouverture ne genait pas.

Rahmine Berrebi tailleur habitant l'Ancienne Gendarmerie a remplace a la Synagogue de Moulinville deux personnes y exercant des fonctions : Soussou Bouhnik et le rabbin Nessim Taitou. Ainsi il a accompli les activites de Hazan, de Shohet et en meme temps il etait le Shamash, responsable de la Synagogue Slat Shoushane. J'ai un peu connu Rahmine, sa nomination ayant coïncide avec mon depart pour Israel, je ne l'ai rencontre qu'a mes rares et dernieres prieres dans cette synagogue.
Les Sfaxiens se souviennent surement de cet homme tres actif qui allait de maison en maison, la veille de Yom Kippour avec Birou et Negri pour faire les Kapparot. Rahmine a quitte Sfax en 1968 et s'est installe a Paris. Il a fait les fonctions de Hazan et Shamash en meme temps a la Synagogue " Le Mynian " au 9eme arrondissement, jusqu'a l'arrivee de Rino Seror. Ensuite, il s'est occupe de la maintenance du Temple jusqu'en 2001.
Rahmine (96 ans), a ete accompagne a sa dernière demeure a Beersheba le 1er avril 2007. Il repose aupres de son epouse, pas loin du Rabbin Haim Houri (ZSVKL).

Je voudrais que ma memoire fasse un effort pour vous dire un mot sur chacun, et pour me rappeler des autres. Si elle me revient je vous promets d'etre de retour aussi. En attendant je vais en souvenir, enfourcher ma bicyclette pour aller chercher l'harissa du four.

Que la memoire des nombreux disparus soit benie.
Re: La Synagogue de Moulinville : Slat Shoushane.
02 octobre 2007, 11:58
Re: La Synagogue de Moulinville : Slat Shoushane.
07 octobre 2007, 07:09
Camus chalom,
Sagit-il de la synagogue le "Minian" au faubourg de Strasbourg dans le local du Betar?

Je prenais part a l'office avec mon pere,lorsque j'allais rendre visite a mes parents qui habitait dans le dixieme.

Il y avait Rene Serror et un autre monsieur qui donnait des cours apres l'office du shabbat,(il avait etudie a la yechiva en Angleterre), qui etaient les responsables de cette synagogue, et un monsieur qui longtemps j'avais pris pour le rabbin et qui etait certainement "Berebi" et non ya-rebi.

Je te remercie de tout coeur pour ce que tu nous racontes.
Achem ebarehk authka.
Re: La Synagogue de Moulinville : Slat Shoushane.
07 octobre 2007, 09:32
Oui cher Henri, il s'agit bien de la Synagogue Le Mynian ou servait Rene Seror. Berrebi a entretenu la Syna jusqu'en 2001, d'apres le message que m'a envoye sa fille Jeanine.
Jeanine a ajoute que Berrebi a cesse ses fonctions pour s'occuper de sa femme malade. Elle a vecu jusqu'en 2003 et lui jusqu'en 2007. Ils reposent enemble a Beersheba.

Voila le premier message que m'a ecrit Jeanine la fille de Berrebi, le 10 aout 2007, sur le forum Amit :

[187385.aceboard.net]

Cela me fais plaisir de savoir que tu a connu mon pere malheureusement il nous a quitte il y a trois mois ca lui aurai fait plaisir de tomber sur votre site je ne l ai decouvert qu hier chabbat chalom janine
Re: La Synagogue de Moulinville : Slat Shoushane.
08 octobre 2007, 05:28
Camus chalom,

Le monde est vraiment petit, j'ai en effet bien connu Mr Berebi, qui s'asseyait toujours a l'entree a gauche.

Mon papa Simon Bueno Z'AL ainsi que ma mere Suzanne Z'AL frequentaient regulierement cette synagogue.

C'etait toujours avec plaisir que j'allais a cette syna lors de mes rares visites en France et l'ambiance etait tres amicale.


C'etait pour moi comme si j'etais de retour en Tunisie.

Continue a nous faire plaisir avec tes ecrits.

Chalom et brakha.
Re: La Synagogue de Moulinville : Slat Shoushane.
08 octobre 2007, 05:48
Les parents de mon cousin Claude Bouhnik - Claudius sur Harissa a l'epoque et Joseph dans Tunecity - frequentaient aussi cette synagogue.

Heureux de t'avoir procure cette petite emotion.
Chalom !
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