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LE PTB ET MOI.

Envoyé par albert 
Re: LE PTB ET MOI.
26 juillet 2008, 14:39
Re: LE PTB ET MOI.
27 juillet 2008, 01:55
Ne vous inquiétez pas les gars, je fais juste le tour du patèe de Harissa. Sans méchancetè. Je distribue quelques éloges.
Re: LE PTB ET MOI.
27 juillet 2008, 02:06
Bon allez une petite piéce pour vous tous.

'...DANS TROIS DODOS...!'
Re: LE PTB ET MOI.
27 juillet 2008, 02:11
AU THEATRE CE SOIR.

Paris le 20 JUILLET 2008.


‘...Je voudrais vous voir
Chez moi dans trois dodos... !’



Ainsi parla Sharon
A ses grands-parents dans le combiné.

Nos étions habillés en ce Mardi soir, ma femme et moi, vers les 20 heures, prêts à rendre visite à Mademoiselle.

Hélas, pour nous, nous qui avons déjà pris notre douche, trois heures avant, nous revoilà encore sous une autre douche, écossaise celle là parce que la première ondée était française.
Tiède et bienfaisante.

Sous la douche française, on est sur de régler le débit et la température de l’eau tandis qu’avec l’écossaise et tout le monde le sait, elle est froide et glaciale et qu’elle laisse surtout des traces givrées sur le corps.

Dans un cas pareil, l’ordre de ne pas venir sur le champ mais dans trois Lunes, formule consacrée dans le palais des Sioux et cousins indiens du temps du Far -West, nous semblait sans appel. Indiscutable. Puisque l’auteur, sans aucun respect pour nous, a vite oublié nos bienfaits et comme il est redevable de rien du tout nous avons encaissé avec émoi son injonction.

Nous qui lui rendons visite pour une bonne cause ; la cajoler, lui offrir des petits cadeaux, nous voilà confondus et fondus comme des limaces sur lesquelles du sel a été versé, sur notre sol qui a bien voulu amortir notre déception.

Nous nous déshabillons donc, il était déjà 20 heure 30.

Il nous a fallu trente minutes pour nous ressaisir et prendre conscience enfin du fait que Mademoiselle en a jugé ainsi avant de nous décider à franchir la lisière du rebord du lit.

Il en est ainsi....


DANS TROIS DODOS....



PIECE EN UN ACTE AU PTB.

‘...Je trouve que cette petite ne manque pas d’audace... ! Du toupet même... ! Nous renvoyer aux calendes grecques alors que nous ne l’avions pas vue depuis deux jours ma parait être un scandaAAAAle... !’
‘...C’est une enfant enfin, elle répète ce qu’elle entend, tu vas voir, sous peu, elle nous rappellera pour s’excuser, tu vas voir... !’
‘...Elle répète ce qu’elle entend ???? Tu veux dire que sa maman ou son papa plutôt son papa, sa maman c’est ma fille, donc ce ne peut être elle.. !’
‘...Qui te dit, que ce n’est pas Doris, qui le lui dit... ?’

‘...DORIS MA FILLE LUI TIENDRAIT UN PAREIL LANGAGE REVOLU..... ???? DANS TROIS DODOS..... POURQUOI PAS DANS 8 CACAS....OU 14 PIPIS....HEIN.....! Non...Je ne le crois pas, et puis si ma fille et mon gendre ne veulent plus qu’on vienne les voir tous les trois jours et bien qu’ils nous le disent sans parler avec des PARABOLES.... ! TROIS DODOS.... ! D’où veux tu qu’elle retienne cela si ce n’est pas ...hein.... ?’
‘...Tu es trop agité ok et puis cesse de hurler, les voisins entendent... ! Tu veux quoi... ? Que ce soit eux qui lui ont soufflé cette phrase.... ?’
‘...Oui, je crois plutôt que c’est ton gendre... !’
‘...Pas DoriIIIIs.... Alors...?’
‘...Attend.... ! Je vais en avoir le cœur net....! Je compoOOOOOse... !’
‘...Mais il est 22 Heures.... ?’
‘...Chut, ca sonne.... ! DRINGGG....DRING.....DRING....DRING…….C’est occupé…! Tu vois, ils ne veulent pas répondre... ! Ils ne veulent pas qu’on vienne ce soir mais dans trois DODOS... !’
‘...Répète encore .... ! Tu ne vas pas me laisser dormir à cause d’un caprice d’une petite fille de 4 ans hein... ? Ne me dérange pas.... !’ Ok... !’ Elle.
‘....Dors toi et moi je ronge, nous devons tout partager ensemble mais là, je partage avec moi-même... !’
‘...Oui, partage avec toi-même ta sénilité.... ! Tu deviens vieux d’un seul coup, tout le monde s’en est aperçu mais n’ose pas te le dire.... !’
‘...Attends, là je ne te suis pas mais ne te suis pas du TOUT.... ! Tout le monde sait que je suis devenuUUUU... !’
‘ SéniIIIIIle.... ! Et même que tu as un peu de Alzheim... !’
‘...ALZEÏM..... ! Qui c’est celui là encore.... ? Hein, QUI.... ?’
‘...Alzheimer ... !’
‘...Albert ALZEIMER... ?’
‘...Non pour une fois il ne s’appelle pas Albert celui là... !’
‘...Donc TOUT LE MONDE PENSE QUE JE SUIS SENILE ET ALZ.... !’
‘...Oui, tu l’auras voulu.... !’
‘...Je vais m’en aller d’ici, à cette heure même.... !’

Albert se lève, enfile des chaussettes, sort de la chambre.....Et va au salon.

‘...Tu vas où... ? Comme cela, comme un pied nickelé... ! .Si tes copines te voyaient... !’
‘...Quelles copines encoOOOOre.... ?’
‘...Celles de ton café... DE TON CHAT...!’
‘...Y’a plus de café, y’a plus de copines, y’a plus rien ok... !’
‘...Ah, elles t’ont renvoyées... !’
‘....Oui, c’est cela, elles m’ont renvoyées... ! Elles ont trouvées de plus IN ...BRANCHES...FREDDYB....HENRI....DE JEUNOTS....DERNIER CRI...TOP MODELE....MANNEQUINS HORS CLASSES.... ! ...Bon, je m’en vais, fais attention à toi et aux enfants, prends soin des petits-enfants, tu ne pourras pas me joindre puisque je n’ai pas de portable, donc tu n’aurais plus de nouvelles de moi, c’est mieux ainsi... ! Et puis à quoi sert un sénile, un Alzim, hein, il y a six heures encore, je montais une nouvelle serrure.... ! Hein.... ? les Alzeim’s montent des serrures ... ?’ Donnent 10 000 € sans impôts...NETS....MENSUELLEMENT... !Tu as de la chance que ma mère t’ai donnée ma MAIN... ??? Je suis manchot depuis, aveugle et borgne, estropié... ! QOLLI QEMEL...(Entier) Bon, je ne veux pas te faire perdre du temps, dors bien et ronfle surtout et pour tes massages aux pieds tu te débrouilleras... ! JE PARS....SANS VALSES...PARDON SANS VALISES.... ! Je n’emporte RIEN sauf ma solitUUUUde... ! CHIENNE DE VIE.... Qui m’attend....! RENIE DE TOUTES PARTS.... ! ’

Le téléphone sonne...ma femme lève le combiné...Dans sa chambre...

‘...C’est quiIIIIIII.... ?’
‘...C’est SharoOOOOn... !’
‘...AH enfin.... ! Elle dit quoi…?’
‘...Attends, j’écoute ce qu’elle me dit.... !’ ‘ ...Oui chérie... ! Bien sur mon trésor... ! ...D’accord, je le lui dirais.... ! Merci chérie, allez dors bien... ! Et à demain... !’
‘...Pourquoi tu ne me l’as pas passée... ?’
‘...Je te raconte, d’abord elle a demandé si vous pouvez venir ce soir, sa maman lui a dit qu’il se faisait tard... !’
‘...AHHHHHh... ! Tu vois son cœur est hnin( affectueux) .. ! Ensuite ... !’
‘...Ensuite, elle s’est excusée pour les TROIS DODOS... ! Elle blaguait... !’
‘...Heureusement qu’elle ne nous a pas demandée d’atteindre TROIS BORNES... ! Ensuite... ?’
‘...Ensuite, elle dit qu’elle veut nous voir demain... !’
‘...Ah donc dans UN DODO.... ! Ensuite... ?’
‘...Ensuite, tu montes dormir.... !’
‘...Oui tout de suite... ! Je me sens comme libéré OUFFFFF, c’est fou comme une petite fille me mène par le bout du nez... !’
‘...Il n’y a pas qu’elle qui te mène par le bout du nez... !’
‘...Expliques... ?’
‘...Dors d’abord et demain matin je t’explique.... !’

Le lendemain vers les 14 heures...

‘...Allo chériIIIIIe.... ! C’est pour hier soir, tu te souviens... ? Oui.... ? Tu m’a dis qu’elle n’était pas la seule à me mener par le bout de mon nez, ma SHARON.... ! Y’ a qui encoOOOre ...????’
‘...Y’ a moi mon chou... ! LE COUP DE FIL D’HIER... ! C’était moi qui a fait sonner le mobile avec mon portable et te faire.... !’
‘...CROIRE QUE C ETAIT SHARON.... ! Je le savais ma chérie... !’
‘...Comment cela tu le savais...???’
‘...Parce que j’ai levé le combiné du mobile de la salle à manger en même temps que toi et y’avait personne au bout du fil... ! Tu ignores que je m’appelle aussi BREITOU et que je sais tout.... !’
‘...Tu n’es pas fâché au moins... ?’
‘...Pas du tout, d’ailleurs je n’aurai pas pu sortir de la maison, c’est toi qui avait la nouvelle clé de la serrure.... !’
‘...Ca je le savais aussi... !’
‘...Nous sommes quittes alors.... ! Et pour ShAROOOOON... !’
‘...Elle est là près de moi, elle t’attend... !’
‘...JE M ENVOOOOLE..!!’

RIDEAU.
Re: LE PTB ET MOI.
27 juillet 2008, 05:54
Paris le 26/07/2008.

BREITOU RACONTE.



Histoire vraie.

Quelques mois après ses premières règles, Nadine* commençait à ressentir des troubles physiques. Vomissements, diarrhées, maux de têtes, vertiges bref des maux qu’elles n’avaient jamais connus auparavant, avant qu’elles n’apparaissent.

Elle était fille unique d’une famille aisée.

Son père bijoutier dans le souk des CHIAGHE à Tunis était un jeune papa, religieux, respectueux et très bien considéré dans la communauté juive et arabe.
Homme de bien, jerbien de souche, il ne manquait aucune occasion pour faire des actions de grâce.

Nadine donc ressentait un mal être, elle était mal dans sa peau et ajouter à cela, elle faisait des crises nerveuses par intermittences.

Les parents ont tôt fait de la faire examiner par le médecin de famille qui bien sur prescrivit à la jeune adolescente une ordonnance médicale pour stopper ces bobos.

Une accalmie se profila et la jeune fille retourna à ses études dans son institution religieuse l’école Pinson.

Une pause qui ne dura que quelques semaines car les maux ne l’ont pas oubliés.

La famille sur les conseils de leur premier médecin, qui ne comprenant rien à la situation de la jeune fille, leur conseilla un spécialiste. Là encore une brochette de médicaments fut prescrite.
Mais en vain. La fille n’avait pas l’air de se rétablir. Malgré l’arsenal médicamenteux.

De dépression en anorexie, les parents désespérés décidèrent de l’emmener à Paris pour la soigner. Ils pensèrent que les structures françaises sont meilleures et que les spécialistes découvriraient le mal dont souffre leur ainée.

Trois semaines d’examens approfondis sans qu’aucun résultat ne définisse le mal dont souffre la jeune fille. Le grand professeur en neurologie n’ayant pu déterminer avec précision ce mal être et surtout ses troubles.

Revenue à Paris, l’adolescente allait de mal en pis.

Elle s’alita au grand désespoir des parents.
Une branche de la famille vivant à Jerba touchée par le mal mystérieux de leurs nièces et cousines allumèrent autant de bougies que nécessaires pour demander grâce à la sainte Griba de Jerba.

Trois ans de souffrances et de mal ont mis la jeune fille dans un état proche du cadaverisme.
Mais elle tenait le coup. Le désespoir des parents était t’elle qu’ils se sont résignés à voir un jour ou l’autre leur fille s’en allait alors qu’elle était en excellente santé avant que ses règles ne surviennent. Une énigme dont il ne voyait pas le bout de leur calvaire.

Le cas était rare et semblait insoluble.

Les amis de la famille désorientés et accablés, suivaient avec une grande tristesse les événements. Chacun d’eux prodiguant des onguents ou des recettes dites ‘Doue arabi’. Personne ne comprenait rien à cette ghbina de ce père qui, accablé restait des jours et des jours au chevet de sa fille.

Un grand chagrin dont il devinait l’issue fatale.
Un vrai mystère devant cette maladie qui n’avait pas de nom.

Par un curieux hasard, le rabbin, grand ami du papa lui souffle de la marier.

Surpris, le papa dans un premier temps trouva le conseil déplacé. Sa fille n‘avait pas l‘âge que pour convoler en justes noces. Elle n’avait que 15 ans. Il en parle à sa femme qui, elle aussi trouve le conseil aberrant. Mais comme une idée demande réflexion et fait toujours son chemin, le papa voulant tenter le tout pour le tout en parle à sa fille.

Sa fille qui bien sur refusa dans un premier temps la proposition.

Et puis se dit le père ‘... Qui accepterait de prendre pour épouse une jeune fille dans une telle situation. Malingre, sujette à des crises, proche de la folie...’

Il en reparle encore une fois à sa fille en lui disant que son mal disparaitrait peut être après son mariage. Un espoir qu’il doutait vain mais comme on le dit chez nous ‘...Qui ne tente rien, n’a rien... !’ Il fait courir le bruit qu’il voulait marier sa fille. Personne n’osa prendre son idée pour moquerie bien au contraire mais personne aussi n’osa lui dire que cela était la bonne ou mauvaise solution.

Mais comme inspirée par un souffle divin, il fit des pieds et des mains pour trouver un jeune homme de famille indigente. Il n’eut aucune peine à en trouver.

Raphael avait 28 ans, travaillait comme coursier dans un cabinet d’assurance.
Il était soutient de famille. Ses parents vivaient grâce aux pécules de ses trois filles vendeuses qui habitaient sous le même toit. Il faut dire que les jeunes filles indigentes trouvent difficilement de jeunes garçons de leurs conditions. La famille indigente est toujours pointée du doigt chez les familles riches. Surtout à Tunis. Et les familles riches, il y en avait beaucoup en ce temps là. Les pauvres ayant immigrées ailleurs.

Le papa demanda donc la main du garçon. La famille, elle aussi jerbienne connaissant la famille consentit au mariage.

Il fallait surtout faire vite.

Il fallait demander l’autorisation aux autorités locales et au rabbinat. La jeune fille en proie aux malaises de toutes sortes n’avait que 15 ans comme je l’ai dis plus haut.
Ils obtinrent dans un délai très courts les formalités nécessaires.

Alla’khater qif rabi i hab ââ’mel nich ou teouil, hatte chey mé i ouaqef él mektoub mta bneya sba’ya oulle ouliyed cherif.

Parce que lorsque D ieu le veut et dans toute sa miséricorde, nul et rien ne peut arrêter le sa volonté et le destin d’une jeune fille vierge et d’un jeune homme pur.
Le papa du jeune homme prit tous les frais du mariage à sa charge.
Le couple se maria.
Il leur offrit un appartement pour abriter leur amour.


Et miracle, qqs semaines plus tard, après avoir consommé le mariage, et perdu sa virginité, la jeune fille retrouva santé, joie, école et bonheur. Comme si elle avait menti sur son état désespéré.


La nouvelle famille donna naissance à cinq enfants tous mariés aujourd’hui.
Le couple vit à Paris et le papa est huit fois grand-père.
Nous étions en l’an de grâce 1977.


* Le nom a été modifiè.
Re: LE PTB ET MOI.
27 juillet 2008, 06:06
'...Monsieur avez vous la bible en NIGALA..?( Parler zairois)
'...Non, mais je l'ai en MENGALA..!'
Re: LE PTB ET MOI.
27 juillet 2008, 08:59
Victor HUGO (1802-1885)
(Recueil : Les chansons des rues et des bois)


L'oubli
Autrefois inséparables,
Et maintenant séparés.
Gaie, elle court dans les prés,
La belle aux chants adorables ;

La belle aux chants adorés,
Elle court dans la prairie ;
Les bois pleins de rêverie
De ses yeux sont éclairés.

Apparition exquise !
Elle marche en soupirant,
Avec cet air conquérant
Qu'on a quand on est conquise.

La Toilette, cet esprit,
Cette déesse grisette,
Qu'adore en chantant Lisette,
A qui Minerve sourit,

Pour la faire encore plus belle
Que ne l'avait faite Dieu,
Pour que le vague oiseau bleu
Sur son front batte de l'aile,

A sur cet ange câlin
Epuisé toute sa flore,
Les lys, les roses, l'aurore,
Et la maison Gagelin.

Soubrette divine et leste,
La Toilette au doigt tremblant
A mis un frais chapeau blanc
Sur ce flamboiement céleste.

Regardez-la maintenant.
Que cette belle est superbe !
Le coeur humain comme l'herbe
Autour d'elle est frissonnant.

Oh ! la fière conquérante !
Le grand oeil mystérieux !
Prévost craint pour Desgrieux,
Molière a peur pour Dorante.

Elle a l'air, dans la clarté
Dont elle est toute trempée,
D'une étincelle échappée
A l'idéale beauté.

Ô grâce surnaturelle !
Il suffit, pour qu'on soit fou,
Qu'elle ait un ruban au cou,
Qu'elle ait un chiffon sur elle.

Ce chiffon charmant soudain
Aux rayons du jour ressemble,
Et ce ruban sacré semble
Avoir fleuri dans l'Eden.

Elle serait bien fâchée
Qu'on ne vit pas dans ses yeux
Que de la coupe des cieux
Sa lèvre s'est approchée,

Qu'elle veut vaincre et charmer,
Et que c'est là sa manière,
Et qu'elle est la prisonnière
Du doux caprice d'aimer.

Elle sourit, et, joyeuse,
Parle à son nouvel amant
Avec le chuchotement
D'une abeille dans l'yeuse.

- Prends mon âme et mes vingt ans.
Je n'aime que toi ! dit-elle. -
Ô fille d'Eve éternelle,
Ô femme aux cheveux flottants,

Ton roman sans fin s'allonge ;
Pendant qu'aux plaisirs tu cours,
Et que, te croyant toujours
Au commencement du songe,

Tu dis en baissant la voix :
- Pour la première fois, j'aime ! -
L'amour, ce moqueur suprême,
Rit, et compte sur ses doigts.

Et, sans troubler l'aventure
De la belle aux cheveux d'or,
Sur ce coeur, si neuf encor,
L'amour fait une rature.

Et l'ancien amant ? Pâli,
Brisé, sans doute à cette heure
Il se désespère et pleure... -
Ecoutez ce hallali.

Passez les monts et les plaines ;
La curée est dans les bois ;
Les chiens mêlent leurs abois,
Les fleurs mêlent leurs haleines ;

Le voyez-vous ? Le voilà.
Il est le centre. Il flamboie.
Il luit. Jamais plus de joie
Dans plus d'orgueil ne brilla.

Il brille au milieu des femmes,
Tous les yeux lui disant oui,
Comme un astre épanoui
Dans un triomphe de flammes.

Il cherche en face de lui
Un sourire peu sévère,
Il chante, il lève son verre,
Eblouissant, ébloui.

Tandis que ces gaietés franches
Tourbillonnent à sa voix,
Elle, celle d'autrefois,
Là-bas, bien loin, sous les branches,

Dans les taillis hasardeux,
Aime, adore, se recueille,
Et, près de l'autre, elle effeuille
Une marguerite à deux.

Fatal coeur, comme tu changes !
Lui sans elle, elle sans lui !
Et sur leurs fronts sans ennui
Ils ont la clarté des anges.

Le séraphin à l'oeil pur
Les verrait avec envie,
Tant à leur âme ravie
Se mêle un profond azur !

Sur ces deux bouches il semble
Que le ciel met son frisson ;
Sur l'une erre la chanson,
Sur l'autre le baiser tremble.

Ces êtres s'aimaient jadis ;
Mais qui viendrait le leur dire
Ferait éclater de rire
Ces bouches du paradis.

Les baisers de l'autre année,
Où sont-ils ? Quoi ! nul remord !
Non ! tout cet avril est mort,
Toute cette aube est fanée.

Bah ! le baiser, le serment,
Rien de tout cela n'existe.
Le myosotis, tout triste,
Y perdrait son allemand.

Elle ! à travers ses longs voiles,
Que son regard est charmant !
Lui ! comme il jette gaiement
Sa chanson dans les étoiles !

Qu'elle est belle ! Qu'il est beau ! -
Le morne oubli prend dans l'ombre,
Par degrés, l'épaisseur sombre
De la pierre du tombeau.


Re: LE PTB ET MOI.
27 juillet 2008, 09:14
Victor HUGO (1802-1885)
(Recueil : La légende des siècles)


Le crapaud




Que savons-nous ? qui donc connaît le fond des choses ?
Le couchant rayonnait dans les nuages roses ;
C'était la fin d'un jour d'orage, et l'occident
Changeait l'ondée en flamme en son brasier ardent ;
Près d'une ornière, au bord d'une flaque de pluie,
Un crapaud regardait le ciel, bête éblouie ;
Grave, il songeait ; l'horreur contemplait la splendeur.
(Oh ! pourquoi la souffrance et pourquoi la laideur ?
Hélas ! le bas-empire est couvert d'Augustules,
Les Césars de forfaits, les crapauds de pustules,
Comme le pré de fleurs et le ciel de soleils !)
Les feuilles s'empourpraient dans les arbres vermeils ;
L'eau miroitait, mêlée à l'herbe, dans l'ornière ;
Le soir se déployait ainsi qu'une bannière ;
L'oiseau baissait la voix dans le jour affaibli ;
Tout s'apaisait, dans l'air, sur l'onde ; et, plein d'oubli,
Le crapaud, sans effroi, sans honte, sans colère,
Doux, regardait la grande auréole solaire ;
Peut-être le maudit se sentait-il béni,
Pas de bête qui n'ait un reflet d'infini ;
Pas de prunelle abjecte et vile que ne touche
L'éclair d'en haut, parfois tendre et parfois farouche ;
Pas de monstre chétif, louche, impur, chassieux,
Qui n'ait l'immensité des astres dans les yeux.
Un homme qui passait vit la hideuse bête,
Et, frémissant, lui mit son talon sur la tête ;
C'était un prêtre ayant un livre qu'il lisait ;
Puis une femme, avec une fleur au corset,
Vint et lui creva l'œil du bout de son ombrelle ;
Et le prêtre était vieux, et la femme était belle.
Vinrent quatre écoliers, sereins comme le ciel.
– J'étais enfant, j'étais petit, j'étais cruel ; –
Tout homme sur la terre, où l'âme erre asservie,
Peut commencer ainsi le récit de sa vie.
On a le jeu, l'ivresse et l'aube dans les yeux,
On a sa mère, on est des écoliers joyeux,
De petits hommes gais, respirant l'atmosphère
À pleins poumons, aimés, libres, contents ; que faire
Sinon de torturer quelque être malheureux ?
Le crapaud se traînait au fond du chemin creux.
C'était l'heure où des champs les profondeurs s'azurent ;
Fauve, il cherchait la nuit ; les enfants l'aperçurent
Et crièrent : « Tuons ce vilain animal,
Et, puisqu'il est si laid, faisons-lui bien du mal ! »
Et chacun d'eux, riant, – l'enfant rit quand il tue, –
Se mit à le piquer d'une branche pointue,
Élargissant le trou de l'œil crevé, blessant
Les blessures, ravis, applaudis du passant ;
Car les passants riaient ; et l'ombre sépulcrale
Couvrait ce noir martyr qui n'a pas même un râle,
Et le sang, sang affreux, de toutes parts coulait
Sur ce pauvre être ayant pour crime d'être laid ;
Il fuyait ; il avait une patte arrachée ;
Un enfant le frappait d'une pelle ébréchée ;
Et chaque coup faisait écumer ce proscrit
Qui, même quand le jour sur sa tête sourit,
Même sous le grand ciel, rampe au fond d'une cave ;
Et les enfants disaient : « Est-il méchant ! il bave ! »
Son front saignait ; son œil pendait ; dans le genêt
Et la ronce, effroyable à voir, il cheminait ;
On eût dit qu'il sortait de quelque affreuse serre ;
Oh ! la sombre action, empirer la misère !
Ajouter de l'horreur à la difformité !
Disloqué, de cailloux en cailloux cahoté,
Il respirait toujours ; sans abri, sans asile,
Il rampait ; on eût dit que la mort, difficile,
Le trouvait si hideux qu'elle le refusait ;
Les enfants le voulaient saisir dans un lacet,
Mais il leur échappa, glissant le long des haies ;
L'ornière était béante, il y traîna ses plaies
Et s'y plongea, sanglant, brisé, le crâne ouvert,
Sentant quelque fraîcheur dans ce cloaque vert,
Lavant la cruauté de l'homme en cette boue ;
Et les enfants, avec le printemps sur la joue,
Blonds, charmants, ne s'étaient jamais tant divertis ;
Tous parlaient à la fois et les grands aux petits
Criaient : «Viens voir! dis donc, Adolphe, dis donc, Pierre,
Allons pour l'achever prendre une grosse pierre ! »
Tous ensemble, sur l'être au hasard exécré,
Ils fixaient leurs regards, et le désespéré
Regardait s'incliner sur lui ces fronts horribles.
– Hélas ! ayons des buts, mais n'ayons pas de cibles ;
Quand nous visons un point de l'horizon humain,
Ayons la vie, et non la mort, dans notre main. –
Tous les yeux poursuivaient le crapaud dans la vase ;
C'était de la fureur et c'était de l'extase ;
Un des enfants revint, apportant un pavé,
Pesant, mais pour le mal aisément soulevé,
Et dit : « Nous allons voir comment cela va faire. »
Or, en ce même instant, juste à ce point de terre,
Le hasard amenait un chariot très lourd
Traîné par un vieux âne éclopé, maigre et sourd ;
Cet âne harassé, boiteux et lamentable,
Après un jour de marche approchait de l'étable ;
Il roulait la charrette et portait un panier ;
Chaque pas qu'il faisait semblait l'avant-dernier ;
Cette bête marchait, battue, exténuée ;
Les coups l'enveloppaient ainsi qu'une nuée ;
Il avait dans ses yeux voilés d'une vapeur
Cette stupidité qui peut-être est stupeur ;
Et l'ornière était creuse, et si pleine de boue
Et d'un versant si dur que chaque tour de roue
Était comme un lugubre et rauque arrachement ;
Et l'âne allait geignant et l'ânier blasphémant ;
La route descendait et poussait la bourrique ;
L'âne songeait, passif, sous le fouet, sous la trique,
Dans une profondeur où l'homme ne va pas.

Les enfants entendant cette roue et ce pas,
Se tournèrent bruyants et virent la charrette :
« Ne mets pas le pavé sur le crapaud. Arrête ! »
Crièrent-ils. « Vois-tu, la voiture descend
Et va passer dessus, c'est bien plus amusant. »

Tous regardaient. Soudain, avançant dans l'ornière
Où le monstre attendait sa torture dernière,
L'âne vit le crapaud, et, triste, – hélas ! penché
Sur un plus triste, – lourd, rompu, morne, écorché,
Il sembla le flairer avec sa tête basse ;
Ce forçat, ce damné, ce patient, fit grâce ;
Il rassembla sa force éteinte, et, roidissant
Sa chaîne et son licou sur ses muscles en sang,
Résistant à l'ânier qui lui criait : Avance !
Maîtrisant du fardeau l'affreuse connivence,
Avec sa lassitude acceptant le combat,
Tirant le chariot et soulevant le bât,
Hagard, il détourna la roue inexorable,
Laissant derrière lui vivre ce misérable ;
Puis, sous un coup de fouet, il reprit son chemin.

Alors, lâchant la pierre échappée à sa main,
Un des enfants – celui qui conte cette histoire, –
Sous la voûte infinie à la fois bleue et noire,
Entendit une voix qui lui disait : Sois bon !

Bonté de l'idiot ! diamant du charbon !
Sainte énigme ! lumière auguste des ténèbres !
Les célestes n'ont rien de plus que les funèbres
Si les funèbres, groupe aveugle et châtié,
Songent, et, n'ayant pas la joie, ont la pitié.
Ô spectacle sacré ! l'ombre secourant l'ombre,
L'âme obscure venant en aide à l'âme sombre,
Le stupide, attendri, sur l'affreux se penchant,
Le damné bon faisant rêver l'élu méchant !
L'animal avançant lorsque l'homme recule !
Dans la sérénité du pâle crépuscule,
La brute par moments pense et sent qu'elle est sœur
De la mystérieuse et profonde douceur ;
Il suffit qu'un éclair de grâce brille en elle
Pour qu'elle soit égale à l'étoile éternelle ;
Le baudet qui, rentrant le soir, surchargé, las,
Mourant, sentant saigner ses pauvres sabots plats,
Fait quelques pas de plus, s'écarte et se dérange
Pour ne pas écraser un crapaud dans la fange,
Cet âne abject, souillé, meurtri sous le bâton,
Est plus saint que Socrate et plus grand que Platon.
Tu cherches, philosophe ? Ô penseur, tu médites ?
Veux-tu trouver le vrai sous nos brumes maudites ?
Crois, pleure, abîme-toi dans l'insondable amour !
Quiconque est bon voit clair dans l'obscur carrefour ;
Quiconque est bon habite un coin du ciel. Ô sage,
La bonté, qui du monde éclaire le visage,
La bonté, ce regard du matin ingénu,
La bonté, pur rayon qui chauffe l'inconnu,
Instinct qui, dans la nuit et dans la souffrance, aime,
Est le trait d'union ineffable et suprême
Qui joint, dans l'ombre, hélas ! si lugubre souvent,
Le grand innocent, l'âne, à Dieu le grand savant
.




Et par sa bave giclèe, il en empoisonna quelqu'uns
Avant de regagner les hautes futaies, son destin. smiling smiley smiling smiley smiling smiley
Re: LE PTB ET MOI.
27 juillet 2008, 10:16
Vers libres.
L'Ane et l'intrus.



‘...Poussez-vous... ! ‘ Hurla-t’il
A la foule jouissante massée sur la place
D’un jour de marché anodin, la race
Bovine était à l’honneur et les gueux
Pesaient et soupesaient d’un regard laiteux
La fine fleur animale encrottée mais harassée.

Ils étaient venus des quatre coins de France
Vendre bétail, volailles et marées bien en avance.
Si tôt le matin avant que soleil se lève,
La foule sur ses pieds crottés mal lavés,
Auscultait la scène d’un âne battu
Par son maitre barbu et mal vêtu.

On ouvrit un passage à l’intrus
Qui se faisant, stoppa net les coups.
‘...Qu’a-t-il fait pour en mériter autant... ?
Demande le jeune intrus sans nom.

‘...Il mérite son sort étranger... !’ Cria le vil.
‘...Le sort d’un âne mérite t’il châtiment aussi cruel...
Lui que l’on sait rendre moult services....?’

L’étranger s’avança, défiant regards et quolibets.

‘...Je vous l’achète sur le champ au prix de sa souffrance... !’

Le maitre âne ne comprit traitre mot.

‘...On ne vend pas un animal selon sa souffrance...’ Dit’il à l’étranger

Et ‘...Comment allez vous en déterminer le prix... !’
‘...Il me le dira... !’ L’intrus s’avança vers l’âne et pencha son oreille
Vers la bouche de l’animal. Ô miracle l’âne blessé, à son oreille parla
Devant la foule médusée qui vit en l’intrus, un



Vivi diavolo savant



‘...Que vous a-t-il dit... ?’ Dit l’assemblée de mouflons intriguée.
‘ ..Que son maitre est ingrat, point reconnaissant... !’
‘...ÔÔÔÔÔÔ.... ! Chuchota la plèbe abasourdie, debout sur la place du marché.
‘...Qu’il lui rendit maints services gracieux et même donné une belle lignée... !’
‘...ÔÔÔÔÔÔ.... ! Cria la foule d’abrutie, offusquée par tant d’ingratitude.
‘...Il était descendant de princes d’Anes à la cour de notre bon roi Albert le Grand... !’
‘...ÔÔÔÔÔÔÔÔÔ.... !’
‘...Ce ne sont pas vos Ö qui le libéreront des griffes de cet homme... !
Cet âne était aussi célèbre que notre Breitou, le fou du roi... !
Je demande à le récupérer... ! ’

Devant l’ampleur des Ö, le méchant homme prit ses jambes à son cou.
Abandonnant sur place sa bête meurtrie mais encore bien dans le coup.

Les proprios et ressemblants détalent plus vite que les trots d’un borrico
Lorsqu’un héro par son ventre envoie ses mots à l’adresse d’un nigaud.
Ainsi sont-les magiciens des mots, les ventriloques et les troubadours
La souffrance disparaît à leurs yeux lorsque la magie s’opère de partout smiling smiley smiling smiley smiling smiley
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Re: LE PTB ET MOI.
27 juillet 2008, 10:20
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