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Révolution de velours (?) à Téhéran

Envoyé par ladouda 
Révolution de velours (?) à Téhéran
10 juin 2009, 02:02
Révolution de velours à Téhéran


Entre espoir et craintes, tout tangue en Iran, et chaque jour un peu plus. Tout tangue, on le disait hier, car l’élection d’après-demain est devenue totalement ouverte depuis que les débats télévisés ont laissé voir un président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, agressif, sur la défensive et, surtout, accusé à l’unisson par ses trois concurrents de systématiquement mentir sur tout, d’avoir mené l’économie iranienne à un désastre, humilié et isolé le pays par « l’extrémisme » de sa politique étrangère et ses déclaration sur l’Holocauste.

Durant ces débats, il n’y avait plus âme qui vive dans les rues, tout le monde était devant les écrans et, du coup, les Iraniens se sont repris à croire en la possibilité d’un changement politique. Non seulement l’abstention ne cesse plus de reculer dans les sondages, celle-là même qui avait permis l’élection de Mahmoud Ahmadinejad il y a quatre ans, mais les manifestations de rue se multiplient contre sa réélection.

Lundi soir, c’est un cortège de 19 kilomètres qui a remonté Téhéran, du sud au nord. Hier soir, l’opération devait se répéter, d’est en ouest cette fois-ci. Un nouveau rassemblement est prévu, aujourd’hui, dans la capitale et l’on ne compte plus les villes de province, petites et grandes, où d’innombrables foules descendent dans les rues, formant une coulée verte – verte comme la couleur de campagne choisie par Mir Hossein Moussavi, celui des trois opposants qui paraît le mieux à même de battre le président sortant.

Le vert, vert de l’Islam mais, aussi, du printemps, est devenu ce qu’avait été l’orange en Ukraine, le signe de ralliement d’une révolution de velours dont l’improbable héros est cet ancien Premier ministre, retiré de la vie politique depuis vingt ans, hier encore presque oublié mais qui conjugue trois atouts de taille. Il a la légitimité d’un homme qui fut le bras droit du fondateur du régime, l’ayatollah Khomeiny, durant la guerre entre l’Irak et l’Iran.

Il a une épouse, universitaire reconnue et « féministe » déclarée, qui le tient par la main en public et séduit les intellectuels et les femmes. Il a été adoubé, enfin, comme candidat réformateur par l’ancien président Khatami. Tout en retenue mais plein d’autorité, Mir Hossein Moussavi a si bien révolutionné le pays en quelques jours, soulevé de tels espoirs, que les adversaires de Mahmoud Ahmadinejad, cette jeunesse qui a envahi les rues, considèrent le président sortant comme déjà battu tandis que les têtes politiques de l’opposition s’inquiètent, elles, d’une fraude massive, voire de provocations ou, même, d’une vague de répression.

La tension est telle que l’ancien président Rafsandjani, actuel président de l’Assemblée des experts, l’organisme religieux qui nomme et peut révoquer le Guide suprême, successeur de l’ayatollah Khomeiny et patron des forces armées, vient de lui écrire pour le rappeler, entre les lignes, à son devoir de neutralité. Adversaire déclaré d’Ahmadinejad, le chef de file des plus hautes autorités religieuses vient, autrement dit, de mettre en garde le Guide suprême, homme le plus puissant du pays et partisan d’Ahmadinejad, contre une mobilisation du régime en faveur du président sortant.

Le peuple manifeste, le régime se déchire : le navire tangue.
L'Iran n'est plus l'Iran
12 juin 2009, 02:46
L'Iran n'est plus l'Iran


A en croire les tout derniers sondages, non publiés mais recueillis de très bonne source, c’est plus de 75% des électeurs iraniens qui devraient prendre part à la présidentielle d’aujourd’hui. L’intention de vote a ainsi bondi, en quelques jours de 15 points supplémentaires, reflétant l’ébullition politique qui a saisi l’Iran depuis que le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad, a essuyé en direct, à la télévision, les critiques convergentes des trois candidats à sa succession.

Depuis le week-end dernier, l’Iran n’est plus l’Iran. Ce n’est plus ce pays vivant dans la peur, sans espoir, désabusé, ce pays où le voile ne tombe et les langues ne se délient que derrière les portes du foyer familial. Les débats télévisés, la difficulté dans laquelle ils ont mis Mahmoud Ahmadinejad, ont non seulement précipité des millions de gens dans les rues, fraternisant dans l’espoir retrouvé d’un changement, mais ils ont fait tomber la peur.

Dans ces manifestations qui se sont multipliées, chaque soir, de ville en ville, on a vu des femmes danser, voile sur les épaules, de jeunes couples se tenir par la main, des gens chanter, des scènes de liesse, presque de carnaval, d’autant plus stupéfiantes et marquantes qu’on les retrouvait dans les rassemblements, autrement plus maigres mais nombreux aussi, en faveur du président sortant.

Deux pays s’opposent. Il y a ceux, dans les campagnes, parmi les plus pauvres mais pas seulement, qui admirent Mahmoud Ahmadinejad de braver les grandes puissances et lui sont reconnaissants d’avoir distribué des aides gouvernementales aux plus démunis. Il y a ceux qui lui reprochent, comme les trois autres candidats, d’avoir provoqué une inflation dont chacun souffre, les plus pauvres en premier, et d’avoir isolé le pays par une politique étrangère systématiquement agressive.

Il y a deux camps, pas tout un pays contre le sortant, mais l’immense, l’incroyable nouveauté est qu’une liberté s’est installée, que cette démocratie iranienne d’ordinaire si canalisée, chapeautée, verrouillée par le vrai pouvoir qu’est la superstructure cléricale, s’est soudainement mise à vivre, sortant de ses rails et créant, oui, quelque chose qui ressemble à un affrontement politique, passionné, profond, mais civilisé. Quels que soient les résultats de ce scrutin, quelque chose a changé en Iran et, au-delà même de ce rôle clé des débats télévisés, il y a quatre raisons à cela.

La première est l’extrême jeunesse de ce pays dont plus de 60% des habitants ont moins de trente ans. La jeunesse… est jeune et cela finit par se sentir.

La seconde est que le clergé est devenu majoritairement hostile à Ahmadinejad, que le vrai pouvoir est divisé et que cela libère la parole.

La troisième est que, si différents qu’ils soient, les trois candidats oppositionnels ont formé un front commun contre le sortant et la quatrième est Barack Obama. Par sa seule élection, il a montré aux Iraniens que la démocratie pouvait apporter de vrais changements. En tendant la main à l’Iran, il a suscité un espoir d’entente et de paix dans la société iranienne.

Barack Obama est devenu un acteur de la présidentielle iranienne et, si Ahmadinejad mordait maintenant la poussière, c’est toute la nouvelle approche proche-orientale des Etats-Unis qui en serait favorisée.
Re: Révolution de velours à Téhéran
13 juin 2009, 00:36
Les premiers résultats tombent.


Le président sortant Mahmoud Ahmadinejad file vers la réélection à l'issue du scrutin présidentiel de vendredi en Iran. Sur 87 % des urnes ouvertes, M. Ahmadinejad était crédité de 64,88 % des suffrages, selon le président de la commission électorale au ministère de l'intérieur, Kamran Daneshjoo. Ce dernier indique que les votes comptabilisés jusque-là concernaient l'ensemble du pays.

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Son principal rival, le conservateur modéré Mir Hossein Moussavi, qui avait clamé sa victoire à la clôture du scrutin, obtenait 32,6 %. Depuis l'annonce des premiers résultats partiels le ministère n'a fourni aucun chiffre sur le taux de participation. M. Daneshjou a dit "penser que le niveau de participation ira jusqu'à plus de 36 millions de votes, soit un taux de 75 % à 82 %".

Le président ultraconservateur possédait plus de 9,5 millions de voix d'avance (18 787 766 contre 9 269 998). "La participation sans précédent des électeurs montre le soutien et la confiance des Iraniens au régime de la République islamique et la confiance dans le guide suprême" l'ayatollah Ali Khamenei, a dit Ali-Akbar Javanfekr, le conseiller du président pour la presse.

M. Moussavi et ses partisans ont dénoncé une manipulation du scrutin et des violations dans son déroulement, alors que la participation record constatée par les autorités était censée favoriser sa candidature. En cas de proclamation officielle de la réélection d'Ahmadinejad, les partisans de Moussavi pourraient manifester leur déception, après avoir envahi les rues de Téhéran lors de la soirée électorale.

Les deux autres candidats, le réformateur Mehdi Karoubi et le conservateur Mohsen Rezaï, auraient obtenu moins respectivement 0,88 % et 2,3 % des suffrages. Le résultat officiel doit être annoncé dans la matinée de samedi par le ministère de l'intérieur. Pour être élu au premier tour, tout candidat devait obtenir au moins 50 % plus une voix. Après l'annonce de la fermeture des bureaux de vote, en soirée, M. Moussavi, 67 ans, avait revendiqué une large victoire. Mais, peu après, l'agence officielle Irna avait annoncé un net succès de Mahmoud Ahmadinejad.
Re: Révolution de velours à Téhéran
13 juin 2009, 12:26
Iran: Ahmadinejad réélu, l'opposition manifeste



Mahmoud Ahmadinejad reste au pouvoir pour un nouveau mandat de 4 ans.

Le président sortant Mahmoud Ahmadinejad a remporté samedi l'élection présidentielle en Iran dès le premier tour avec plus de 62% des suffrages, dominant son principal rival Mir Hossein Moussavi qui a dénoncé des "irrégularités". Les partisans de ce dernier ont violemment manifesté dans les rues de Téhéran.

Le guide suprême et numéro un du régime islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, lui avait apporté indirectement son soutien à Mahmoud Ahmadinejad, 52 ans, a parlé de "vraie fête" après la réélection du président ultraconservateur pour un nouveau mandat de quatre ans.

Selon le ministre de l'Intérieur Sadegh Mahsouli, Mahmoud Ahmadinejad a recueilli 24'527'516 voix (62,63%), sur un total de 39'165'191 suffrages exprimés, dont 409'389 ont été invalidés.

Une élection contestée

L'ex-Premier ministre Moussavi, un conservateur modéré revenu sur le devant de la scène politique après un retrait de 20 ans, est arrivé deuxième en remportant 13'216'411 voix (33,75%), a-t-il ajouté. Le conservateur Mohsen Rezaï a recueilli 1,73% de voix et le réformateur Mehdi Karoubi 0,85%. Ce dernier a jugé les résultats "illégitimes" et "inacceptables".

La participation a été de 85%, "un record", selon le ministère de l'Intérieur, qui n'a fait état d'aucune irrégularité dans le scrutin.

Mais Moussavi a protesté "vigoureusement contre les irrégularités visibles et nombreuses", et affirmé qu'il était de son "devoir religieux et national de révéler les secrets de ce processus dangereux et d'expliquer ses conséquences destructrices sur le destin du pays".

"Les gens sont conscients et ne se plieront pas face à ceux qui arrivent au pouvoir en trichant", a dit Mir Hossein Moussavi, qui avait après la clôture du scrutin revendiqué une large victoire. Il a aussi lancé un appel au calme à ses partisans.

La colère de l'opposition à Téhéran

Les émeutiers n'ont pas hésité à incendier les motos de la police.

Des milliers de partisans en colère de Mir Hossein Moussavi ont provoqué des émeutes samedi dans le centre de Téhéran. Ils ont affronté les forces de l'ordre qui répliquaient à coup de gaz lacrymogène, ont constaté des journalistes sur place.

Les manifestants se sont rassemblés spontanément dans le centre de la capitale après les accusations d'"irrégularités" lancées par Mir Hossein Moussavi, se massant par milliers dans de grandes places telles que Vanak et Vali Asr. Ils ont incendié plusieurs motos de la police et allumé des feux sur la chaussée en arrachant des branches des arbres.

La police a fait largement usage de gaz lacrymogène. La capitale n'avait pas connu de telles violences depuis les émeutes estudiantines de juillet 1999.

Une fois la nuit tombée, les violences se poursuivaient et de nombreux curieux se joignaient de plus ou moins loin aux manifestants. Aucun incident n'a été signalé en revanche dans les autres grandes villes.

Obama temporise, Israël s'indigne

A Washington, le président américain Barack Obama, qui souhaite un dialogue ferme mais direct avec Téhéran, avait estimé qu'un "changement" était "possible" dans les relations bilatérales, quel que soit le vainqueur du scrutin.

Mais en Israël, ennemi juré de l'Iran, le vice-ministre des Affaires étrangères Danny Ayalon a affirmé que "s'il y avait encore un espoir d'un changement en Iran, la réélection d'Ahmadinejad montre que la menace iranienne est d'autant plus grave".

La campagne électorale s'était déroulée dans un climat acerbe entre candidats mais aussi dans une atmosphère festive, à un niveau jamais vu en 30 ans de République islamique. Elle avait aussi reflété des divisions profondes sur l'avenir de l'Iran après quatre ans de mandat Ahmadinejad.

Moussavi, l'«Obama iranien»

Les résultats de l'élection présidentielle ne modifieront en tout cas pas de manière importante la politique iranienne, et n'auront pas d'influence sur les grandes décisions, comme d'éventuels pourparlers avec Washington. Ces décisions sont en effet directement prises par les mollahs, au premier rang desquels le Guide suprême, Ali Khamenei.

Mir Hossein Moussavi avait promis, en cas d'élection, de donner plus de libertés aux citoyens. Des Iraniens du monde entier ont également participé au scrutin. A Dubaï, où vivent quelque 200'000 d'entre eux, les rues autour du consulat iranien, où se trouve un bureau de vote, étaient bondées, et les électeurs très majoritairement favorables au réformateur Moussavi. «Il est notre Obama», a affirmé Maliki Zadehamid, 39 ans, qui travaille dans l'import-export.

Avant la fin des opérations de vote, l'ancien président Mohammad Khatami avait prédit une victoire de son allié et ancien conseiller Mir Hossein Moussavi. Agé de 67 ans, le candidat réformateur a été Premier ministre de 1981 à 1989, donc durant la majeure partie de la guerre Iran-Irak de 1980-88.

Durant la campagne, Mir Hossein Moussavi a attaqué le bilan de Mahmoud Ahmadinejad, notamment sur l'économie, soulignant le décalage entre les difficultés économiques du pays et ses richesses pétrolières et gazières.

Ahmadinejad, le candidat des mollahs

Agé de 53 ans, Mahmoud Ahmadinejad est venu à la politique après la guerre de 1980-88 contre l'Irak, durant laquelle il s'est engagé comme Gardien de la Révolution (pasdaran). Il a remporté en mai 2003 la mairie de Téhéran, tremplin de sa carrière politique.

Elu une première fois président en 2005, il a continué de bénéficier du soutien des puissants mollahs de l'entourage du Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, et leur bras armé, les Gardiens de la révolution, les pasdarans.
Re: Révolution de velours à Téhéran
15 juin 2009, 02:35
Questions sur une élection


C’était la grande et seule crainte de l’opposition iranienne. « Le problème disait-elle, sera la concordance entre l’entrée et la sortie des urnes », autrement dit la fraude et comment ne pas croire en effet, au vu des résultats officiels, qu’elle ait été non pas grande mais éhontée ?

Ce n'est pas que l'homme proclamé réélu n'ait réuni aucune voix. Dans cette présidentielle, ce n’est pas parce que Mahmoud Ahmadinejad n’aurait pas eu de partisans que la fraude est évidente. Soit qu’ils lui aient été reconnaissants des aides d’Etat qu’il avait largement distribuées aux plus pauvres, soit qu’ils aient apprécié qu’il brave les grandes puissances au nom de l’Islam et de la grandeur iranienne, soit encore qu’ils se soient sentis vengés par ses dénonciations de la corruption, de nombreux Iraniens souhaitaient voter pour le président sortant et l’ont certainement fait.

On le disait vendredi, ce n’était pas tout un pays contre un homme, encore moins contre un régime, mais comment comprendre que le spectaculaire recul de l’abstention, de cette abstention des classes moyennes qui, seule, avait permis l’élection de Mahmoud Ahmadinejad il y a quatre ans, ait pu lui profiter à lui et non pas à ses concurrents ?

Comment comprendre que l’effervescence politique qui avait saisi ce pays depuis que les débats télévisés de la campagne avaient mis en difficulté le président sortant ait pu déboucher sur un tel triomphe de Mahmoud Ahmadinejad, sur ce score près de 63% des voix, sur une réélection au premier tour alors qu’il lui en avait fallu deux pour être élu il y a quatre ans - avant l’inflation galopante, avant le durcissement de la police des mœurs, avant l’isolement international de l’Iran ?

L’opposition, en tout cas, le comprend si peu qu’elle refuse de reconnaître ce résultat et pas seulement en raison de ces questions de bon sens que chacun peut se poser. Elle le fait pour deux autres raisons.

La première est que Mir Hussein Moussavi, le mieux placé des candidats oppositionnels, a reçu vendredi, en fin d’après-midi, un appel du bureau du Guide suprême, homme le plus puissant du régime et soutien de Mahmoud Ahmadinejad, lui disant qu’il était en tête du premier tour mais le priant de ne pas proclamer sa victoire trop vite et trop fort pour éviter des tensions inutiles.

La seconde est que, grâce à des fuites aux plus hauts niveaux de l’Etat, l’opposition aurait en main des résultats, les vrais, donnant Ahmadinejad en troisième position avec moins de six millions de voix, très loin derrière les deux candidats réformateurs, Mir Hussein Moussavi et Mehdi Karoubi, qui auraient donc du s’affronter dans un second tour.

Il y a, désormais, peu de chances que le régime accepte de revenir sur ces chiffres sauf, et encore, si les manifestations de protestation prenaient plus d’ampleur. Les dés semblent joués ou le seront vite et cela signifie, probablement, que l’inéluctable évolution de la théocratie iranienne a manqué sa dernière chance de se faire en douceur et, certainement, que les tentatives de Barack Obama de trouver un compromis avec l’Iran seront encore plus ardues que prévu.

Cela fait deux mauvaises, très mauvaises nouvelles.
Re: Révolution de velours à Téhéran
15 juin 2009, 04:19
La lumiere jaillie toujours apres que l'obscurite soit tres forte.
Soyont patient.
Dans les annees 70, qui aurait pense que le regime sovietique s'effondrerait, et que le rideau de fer soit leve?
Re: Révolution de velours à Téhéran
15 juin 2009, 10:23
Plus d'un million de manifestants pro-Moussavi à Téhéran

IRAN | La manifestation de soutien au candidat à la présidentielle Mir Hossein Moussavi lundi à Téhéran attirait une foule monstre de plusieurs centaines de milliers de personnes au moins.

Deux policiers surveillant la manifestation, interrogés par l'AFP, ont affirmé qu'elle réunissait "au moins un million et demi de personnes" pour l'un et "jusqu'à deux millions" pour l'autre.

L'avenue Azadi sur laquelle se retrouvaient les manifestants dans l'après-midi est le lieu traditionnel des rassemblements de commémoration de la révolution islamique de 1979.

Elle mesure plus d'une cinquantaine de mètres de large et s'étend sur un peu plus de quatre kilomètres de long.

En fin de journée l'essentiel de cette artère de Téhéran était occupé par des manifestants massés coude à coude, ont constaté des journalistes de l'AFP.

La télévision iranienne n'a montré aucune image de la manifestation. En revanche elle avait amplement couvert la veille celle de soutien au président Mahmoud Ahmadinejad, réélu vendredi dans un scrutin contesté par ses adversaires.
Re: Révolution de velours à Téhéran
15 juin 2009, 11:49
Réélection d'Ahmadinejad : émeutes à Téhéran

La réélection du président sortant ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad , avec 62,63%* des suffrages, ne fait pas l'unanimité en Iran. Les partisans du conservateur modéré Mir Hossein Moussavi (33,75% des voix) contestent les «irrégularités visibles et nombreuses».

Ce samedi, Téhéran est en proie à des manifestations spontanées. La capitale n'avait plus connu de telles violences depuis les émeutes estudiantines de juillet 1999.
Aux cris de «dictature, dictature» ou de «démission du gouvernement de coup d'Etat», des partisans de l'ex-Premier ministre, Mir Hossein Moussavi, ont bloqué l'avenue Vali-e Asr, l'une des plus grandes de la capitale. Sur cette artère, l'ambiance est tendue. «Le temps des danses et des chants est terminé, il vont vous casser les jambes si vous restez là», avait lancé un peu plus tôt un responsable de la police. Les manifestants ont incendié plusieurs motos de la police et allumé des feux sur la chaussée. La police a répliqué par des gaz lacrymogènes.

Les affrontements avec la police se sont transformés en scènes d'émeutes dans certains quartiers. Particulièrement près du ministère de l'Intérieur, un grand bâtiment de béton remontant à l'époque du chah. Malgré l'interdiction de la police, les manifestations se poursuivaient tard dans la nuit, tandis que le premier réseau de téléphonie portable, contrôlé par l'Etat, a été coupé à Téhéran. D'après un correspondant de l'AFP, des dizaines de personnes ont été arrêtées, menottées et conduites dans un local du ministère de l'Intérieur.

Aucun incident n'a été signalé en revanche dans les autres grandes villes du pays.

Moussavi dénonce «l'instauration de la tyrannie»

Si Mir Hossein Moussavi a lancé un appel au calme à ses partisans, il a averti qu'il ne «pliera pas à cette mise en scène dangereuse». Ce conservateur modéré, revenu sur le devant de la scène politique après vingt ans d'absence, a parlé de «tour de magie» à propos des résultats. Il a affirmé que l'attitude des responsables des opérations électorales n'avait d'autre résultat que de «fragiliser le régime islamique et d'instaurer le mensonge et la tyrannie».

Il a également mis en cause le haut clergé chiite pour son «silence» face à ce qu'il a qualifié de «fraude» électorale. Les dignitaires du clergé chiite sont clairement divisés dans leur soutien à Mahmoud Ahmadinejad depuis son élection à la présidence en 2005.

De son côté, le guide suprême et numéro un du régime islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, qui avait apporté indirectement son soutien au président avant le scrutin, a parlé de «vraie fête» après l'annonce samedi de sa réélection.

Les félicitations de Chavez, Assad et du Hamas

> Le président du Venezuela Hugo Chavez a appelé au téléphone son homologue iranien Mahmoud Ahmadinejad pour le féliciter de sa réélection, saluée comme la «victoire pour un monde nouveau», a annoncé samedi Caracas. Les deux dirigeants, qui partagent des positions très critiques envers les Etats-Unis, ont exprimé le «désir de se réunir prochainement». Les deux pays, membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), ont considérablement renforcé leurs relations ces dernières années avec la signature d'une trentaine d'accords de coopération.

> Le président syrien Bachar al-Assad «a envoyé un message de félicitations au président Mahmoud Ahmadinejad à l'occasion de sa réélection pour un deuxième mandat, tout en exprimant ses meilleurs voeux au peuple iranien frère pour plus de progrès et de prospérité», selon l'agence officielle Sana. La Syrie et l'Iran, deux alliés régionaux, sont liés par plusieurs accords économiques et militaires, dont un traité de défense mutuelle.

> Le mouvement islamiste palestinien Hamas s'est félicité samedi du résultat de l'élection présidentielle en Iran, qui constitue selon lui «la preuve du succès» du régime de Téhéran et «une victoire de la démocratie iranienne».

Israël : «La menace iranienne est d'autant plus grave »

En Israël, ennemi juré de l'Iran, le vice-ministre des Affaires étrangères Danny Ayalon a affirmé que «s'il y avait encore un espoir d'un changement en Iran, la réélection d'Ahmadinejad montre que la menace iranienne est d'autant plus grave». Il a appelé la communauté internationale «à stopper le programme nucléaire iranien et le terrorisme iranien».

Pour le ministre israélien des Affaires étrangères et chef de file du parti d'extrême droite Israël Beitenou, Avigdor Lieberman, «la communauté internationale doit agir sans concession contre le programme nucléaire de l'Iran et l'aide apportée par ce pays à des organisations terroristes impliquées dans des tentatives de déstabilisation dans la région».

Les Etats-Unis examinent les accusations d'irrégularité

La Maison Blanche a dit samedi suivre de près l'évolution de la situation en Iran au lendemain de la présidentielle, et se pencher en particulier sur les accusations d'irrégularités portées contre la victoire annoncée du président sortant Mahmoud Ahmadinejad. La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a, également, espéré que le résultat de l'élection reflète «la véritable volonté et le désir de la population». «Comme le reste du monde, nous sommes impressionnés par le débat vigoureux et par l'enthousiasme que cette élection a générés, en particulier chez les jeunes Iraniens», a expliqué le porte-parole du président Barack Obama, Robert Gibbs.

Vendredi, Barack Obama, qui souhaite un dialogue ferme mais direct avec Téhéran, avait estimé qu'un «changement» était «possible» dans les relations bilatérales, quel que soit le vainqueur du scrutin.

Le Royaume-Uni et la France «prennent note»

> Au Royaume-Uni samedi soir, le chef de la diplomatie britannique David Miliband a déclaré : «Nous prenons note du résultat tel qu'il a été annoncé par la Commission électorale iranienne (...) Nous avons aussi entendu les inquiétudes exprimées par deux des candidats à propos du comptage des bulletins de vote. C'est une question qui est du ressort des autorités iraniennes (...) Nous continuerons à suivre les développements»

> La France «prend note» de la réélection du président iranien Mahmoud Ahmadinejad annoncée à Téhéran mais aussi de la «contestation» des résulats par deux de ses adversaires, a déclaré samedi le ministère des Affaires étrangères.



*Le conservateur Mohsen Rezaï a recueilli 1,73% de voix et le réformateur Mehdi Karoubi 0,85%. Le taux de participation est de 85%
Re: Révolution de velours à Téhéran
16 juin 2009, 06:44
L'éclatement d'un régime


Ils ont bravé l’interdit. Cette manifestation avait été interdite le matin même mais ce ne sont ni des dizaines ni des centaines de milliers d’Iraniens mais, à en croire ce que rapportaient, hier soir, les ambassades occidentales à leurs gouvernements, plus d’un million d’entre eux qui ont envahi les rues de Téhéran, protestant contre les résultats officiels de ce scrutin présidentiel et demandant, à l’unisson, comme dans tant de villes de province : « Où est ma voix ? ».

Alors oublions les ambassades qui ne sont pourtant pas peuplées d’exaltés, prenons les estimations les plus basses, disons des centaines de milliers de manifestants qui se sont sentis assez sûrs d’eux pour oublier la peur et la conclusion s’impose. Si ce n’est pas, déjà, une révolution, cela y ressemble de plus en plus, jour après jour de plus en plus car il n’y avait pas, hier, que cette foule d’hommes et de femmes, de jeunes et de vieux, pour crier leur indignation.

Il y avait aussi, à leurs côtés, les deux candidats réformateurs, Mir Hussein Moussavi et Mehdi Karoubi, deux hommes qui en sont venus à incarner l’aspiration au changement, qui résistent, refusent de reconnaître la fraude, mais qui n’en sont pas moins des enfants et des figures de la révolution islamique, ancien premier ministre, pour le premier, et ancien compagnon, pour l’autre, de l’ayatollah Khomeiny, le père fondateur du régime.

Ce n’est pas seulement à une coupure entre le peuple et la théocratie qu’on assiste. C’est également, ce qui est plus spectaculaire encore, à un éclatement de l’élite au pouvoir, publiquement divisée et pas seulement, non plus, entre le pouvoir et ces deux hommes qui auraient du s’affronter dans un second tour si la vérité des urnes avait été respectée. Bien au-delà d’eux, la coupure traverse tout le clergé qui a ses organisations réformatrices et ses organisations conservatrices et qui a porté à sa tête, à la présidence de ce comité central des mollahs qu’est l’Assemblée des experts, l’ancien président Rafsandjani, adversaire malheureux de Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle d’il y a quatre ans et partisan déclaré à la fois d’un assouplissement intérieur et d’un compromis avec les Etats-Unis.

On est plus ou moins, en Iran, dans la situation qu’avait connue l’URSS à la fin des années 80, lorsque réformateurs et conservateurs se déchiraient au Bureau Politique, mais avec deux différences de taille.

Le peuple est dans la rue alors qu’il ne l’était pas en URSS et, contrairement à Mikhaïl Gorbatchev, l’ayatollah Khamenei, le Guide suprême, le Numéro 1 du régime, n’est pas du côté du mouvement mais de l’ordre. C’est lui qui a donné son feu vert à la fraude et qui doit, désormais, faire face à la tempête qu’elle a déclenchée.

Le Guide pourrait encore faire la part du feu puisque les Gardiens de la Constitution, le Conseil auquel il revient de définitivement proclamer les résultats, examine toujours les plaintes dont il a été saisi. Ce conseil obéit au Guide.

Tout reste possible, tout dépendra maintenant de la vigueur du mouvement de protestation mais, quoi qu’il arrive, ce régime est profondément ébranlé. Il vient de faire sa première grande, très grande erreur.
Re: Révolution de velours à Téhéran
16 juin 2009, 13:30
Présidentielle iranienne: l'UE demande une enquête à Téhéran

L'Union européenne a demandé lundi qu'une enquête iranienne sur les accusations de fraude électorale lancées après l'annonce de la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle de vendredi réponde à l'ensemble des plaintes émises par l'opposition.

"C'est un sujet qui nécessite une réponse et une enquête des autorités iraniennes", écrivent les 27 ministres des Affaires étrangères dans un communiqué commun. "Il est crucial que les aspirations du peuple iranien se réalisent pacifiquement et que la liberté d'expression soit respectée".

La commissaire européenne aux Relations extérieures Benita Ferrero-Waldner a souhaité que la commission électorale "examine réellement toutes les plaintes d'irrégularités".

Le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband a pour sa part estimé que la répression des manifestations de l'opposition soulevait "de sérieux doutes (...) quant à la nature libre et juste" du scrutin présidentiel.

L'appel a été lancé par l'Union européenne après que l'ayatollah Ali Khamenei eut ordonné que le Conseil des gardiens étudie les accusations de fraude formulées par le candidat réformateur à la présidentielle iranienne Mir Hossein Moussavi, qui s'est présenté comme le vainqueur légitime du scrutin de vendredi.

Si David Miliband a salué l'annonce d'une enquête, il a exhorté les autorités iraniennes à faire preuve de retenue face aux protestataires. Les gens veulent que "leur voix soit entendue, ce qui ne peut pas être fait avec une matraque ou la brutalité", a déclaré le chef de la diplomatie britannique.

Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a de son côté estimé que les investigations devaient répondre aux allégations et aux protestations émises par les manifestants.

Les ministres de l'UE ont par ailleurs déclaré qu'ils restaient ouverts à une relance des discussions sur le programme nucléaire iranien avec Téhéran en dépit des préoccupations relatives à la présidentielle.

Le haut représentant de l'Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) Javier Solana a exprimé l'espoir d'engager des discussions prochainement avec les dirigeants de l'Iran sur le programme nucléaire, dont les Vingt-Sept et les Etats-Unis craignent qu'il ne serve à développer des armes.
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