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Révolution de velours (?) à Téhéran

Envoyé par ladouda 
Re: Révolution de velours à Téhéran
17 juin 2009, 02:01
L'Iran, à l'aune de la Pologne


Ce mouvement dure et ne s’affaiblit pas. Bien que Mir Hossein Moussavi, le plus populaire des candidats éliminés par la fraude, ait appelé la population à ne pas redescendre dans le rue hier, à « ne pas tomber, avait-il dit, dans le piège de la mort », d’importants rassemblements se sont formés en fin d’après-midi à Téhéran et se prolongeaient encore dans la soirée.

Il n’y a pas de chiffres à donner sur le nombre de manifestants car les autorités ont pratiquement consigné dans leurs bureaux les correspondants étrangers et leurs collaborateurs iraniens mais le mouvement de protestation continue, parallèlement, de s’étendre en province. C’est tout le pays qui est touché, pas seulement la capitale, et un intense débat – que faire, maintenant ? – agite donc les plus expérimentés des opposants, leurs têtes politiques.

Que faire car, si ce mouvement ne se trouve pas d’objectifs concrets et réalisables, le danger est grand qu’au fil des jours, la lassitude venant, le manque de perspectives crédibles ne détache de la masse des protestataires une avant-garde radicale, jeune, sans expérience et de plus en plus maximaliste, qui offrirait alors une proie idéale à une brutale répression.

C’est l’obsession des opposants : comment faire pour éviter ce danger ?

Comment faire pour ne pas reculer sans aller, pour autant, trop loin, trop vite ? Sur quelles bases et comment organiser et maintenir mobilisée une telle masse de gens, si divers par leur âge, leurs opinions et leur degré de maturité politique ?

Ce débat se mène à Téhéran, bien loin de l’Europe, mais l’étonnant est que les opposants iraniens cherchent leurs idées en Pologne, dans l’histoire de Solidarité, d’un mouvement qui leur rappelle le leur car, dans l’un et l’autre cas, une société jusqu’alors murée dans la peur a fait soudainement irruption sur la scène politique et constitué une gigantesque force de changement, mais une force ne pouvant pas utiliser sa puissance sans se heurter de front à un appareil qui a le monopole des armes.

Au début des années 80, le théoricien de l’opposition polonaise, Adam Michnik, en avait conclu que ce mouvement devait « s’autolimiter », ne pas demander la démocratie, la sortie du communisme, mais uniquement une chose que le pouvoir ne pouvait pas récuser d’emblée et pouvait, même, finir par concéder : la liberté syndicale.

C’est ainsi que Solidarité avait abattu tout le bloc communiste en neuf ans et plusieurs des intellectuels iraniens méditent, aujourd’hui, ce précédent, le font connaître et prêchent, à leur tour, pour une autolimitation iranienne – surtout pas de slogans contre le régime mais l’unité la plus large possible, même avec des conservateurs, sur trois mots et eux seuls : « Respect de la volonté populaire ».

Une idée court : faire signer par tous les électeurs ayant voté pour l’un des trois opposants à Ahmadinejad le texte le plus court qui soit : « J’ai voté pour Moussavi », ou Karoubi ou Rezaï. On cherche aussi du côté de Gandhi, de la non-violence et des mouvements de désobéissance civique.

On cherche en toute hâte car l’immensité même de ce mouvement est sa faiblesse.
Re: Révolution de velours à Téhéran
18 juin 2009, 11:32
La réplique d'une révolution confisquée


Pourquoi y a-t-il deux pouvoirs, clérical et républicain, en Iran ? Maintenant que ce pays est au cœur de l’actualité internationale, c’est l’une des questions qu’on entend le plus souvent poser et il faut remonter, pour y répondre, aux origines de la révolution iranienne, il y a trente ans, en 1979.

Suscitée par un total rejet du Chah et de son absolutisme, à la fois par la terreur que faisait régner sa police secrète, par la brutalité avec laquelle il avait voulu occidentaliser l’Iran et par la violence de l’écart entre riches et pauvres, cette révolution fut, d’abord, pluraliste. Les communistes y avaient pris part aux côtés d’une bourgeoisie nationale qui n’oubliait pas comment les Etats-Unis avaient orchestré, en 1953, le renversement d’un Premier ministre, Mohammad Mossadeq, coupable d’avoir nationalisé le pétrole. Toutes les couches sociales et tous les courants politiques étaient alors dans les rues, avec le soutien du clergé et de la paysannerie qui ne supportaient pas, pour leur part, le piétinement des traditions au nom de la modernité dont se réclamait le Chah.

Ce fut une révolution nationale mais qui fut bien vite confisquée par le clergé, la plus cohérente, la plus puissante, la plus hiérarchisée des forces en mouvement qui bénéficiait, de surcroît, du prestige de l’ayatollah Khomeiny, opposant de longue date dont le triomphal retour d’exil signa la fin du régime impérial. Dans cette révolution, il y avait deux composantes, démocratique et cléricale, et les institutions de la République islamique ont intégré cette dualité avec une République, ses élections, son président, ses députés, et un autre pouvoir, au dessus d’elle, celui du clergé, la théocratie, avec son Guide suprême, patron des forces armées, de l’appareil judiciaire et de la télévision, et toute une série d’instance chargée de canaliser la démocratie, de veiller à sa conformité religieuse et d’agréer, ou non, les candidats aux fonctions républicaines.

La chose à bien comprendre aujourd’hui est que, pas plus que les curés, les pasteurs ou les rabbins, le clergé chiite ne constitue pour autant pas un bloc politique. Il est traversé de toutes sortes de courants, politiques et religieux, et ses plus hauts dignitaires se déchirent, désormais ouvertement, entre ceux qui ne veulent rien céder, ni de leur pouvoir ni sur la rigueur de la foi, et ceux qui comprennent que c’est la religion qui va se perdre dans l’exercice du pouvoir, qu’elle devient impopulaire et qu’on ne peut plus imposer, par la loi, ses commandements à une société jeune, urbanisée, éduquée et aspirant à la liberté.

Forcément agréés par la théocratie, les quatre candidats à la présidentielle reflétaient, peu ou prou, ces différents courants du clergé et la deuxième nouveauté de cette crise est qu’en acceptant la falsification des résultats, le Guide suprême a non seulement rompu l’équilibre constitutionnel entre la République et la théocratie mais également commis un coup de force contre d’autres dignitaires religieux et le fonctionnement même de l’appareil clérical.

C’est aussi là, voire surtout, pas seulement dans ces gigantesques manifestations qui ne faiblissent pas, qu’est la profondeur de cette crise - de cette réplique, trente ans plus tard, d’une révolution confisquée et inachevée.
Re: Révolution de velours à Téhéran
19 juin 2009, 08:32
La seule certitude iranienne


La mobilisation ne faiblit pas. C’est une nouvelle journée de manifestations qui a eu lieu, hier, en Iran. Le pouvoir, lui, se durcit, multipliant les arrestations et annonçant, maintenant, qu’il aurait déjoué un « complot » ourdi par Israël et les Etats-Unis et visant à faire exploser des bombes dans des mosquées et des bureaux de vote, vendredi dernier, le jour de la présidentielle.

Autrement dit, la tension monte, de plus en plus inquiétante, mais que peut-il se passer maintenant ?

La certitude, la seule, est qu’il n’y aura pas de retour au statu quo ante. En deux semaines aujourd’hui – huit jours de fol espoir et huit autres de protestation massive contre la falsification du scrutin – l’Iran s’est découvert lui-même, non plus fataliste, éclaté et résigné, mais aspirant au changement, fraternel et d’une si grande maturité politique, aussi, que ces gigantesques foules, sans service d’ordre, sans sonorisation pour passer des consignes, ont su d’instinct éviter les slogans provocateurs et, surtout, la violence à laquelle le pouvoir, lui, ne répugne pas.

Une génération fait ses classes politiques, s’organise grâce à Twitter et aux e-mails exactement comme l’ayatollah Khomeiny avait organisé la révolution de 1979 grâce aux cassettes, et c’est cette génération-là qui, dans quelques semaines, quelques mois ou quelques années, quoi qu’il arrive, fera l’Iran de demain, un Iran qu’elle veut très différent de celui d’aujourd’hui, démocratique et ouvert sur le monde.

Il ne faut pas s’y tromper, pas se montrer plus fataliste que cette jeunesse qui, elle, risque sa peau, ne pas croire, en un mot, qu’un Tien An Men, une répression massive et sanglante, permettrait aux durs de tout faire rentrer dans l’ordre car, si le parti communiste chinois avait les moyens d’offrir à sa population un autre espoir que la liberté – une progression du bien-être matériel - le pouvoir iranien, lui, ne peut rien offrir à un pays en pleine inflation, frappé par la baisse des cours pétroliers et en butte aux sanctions économiques décrétées par l’Onu.

Un bain de sang pourrait arrêter les manifestations mais il ne mettrait pas terme, bien au contraire, à la rupture entre le pays légal et le pays réel.

Pour le reste, on ne sait pas. On ne sait pas parce que la presse iranienne est aux ordres ou muselée, que les correspondants étrangers ne peuvent pratiquement plus travailler et qu’il n’y a donc pas de possibilité d’évaluer l’état d’esprit des différents acteurs de cette crise. Quand l’Assemblée des experts, ce comité central du clergé que préside un ancien président de la République adversaire d’Ahmadinejad et dont les deux enfants sont en tête de la contestation, se félicite de la participation au vote mais ne dit pas un mot sur son résultat officiel, on peut constater que l’unité des dignitaires religieux a vécu.

Quand un procureur menace les manifestants de la peine de mort, on peut imaginer ce que sont les pressions des durs sur le Guide suprême. Tout est encore trop nouveau, en précipitation chimique, et la recherche d’un compromis est aussi plausible, et aléatoire, que le recours à la force.
Re: Révolution de velours à Téhéran
20 juin 2009, 01:31
Le guide suprême de l'Iran Ali Khamenei a exigé vendredi la fin de manifestations sans précédent en 30 ans de République islamique, apportant son soutien à la réélection contestée du président Mahmoud Ahmadinejad.

En soirée, de nombreux bassidjis, miliciens dévoués à la cause du président Ahmadinejad, se sont déployés sur les principales places de la capitale. Pour la première fois depuis le début du mouvement de protestation, ils étaient vêtus de leur uniforme et portaient des casques et des matraques, certains des kalachnikovs, selon des témoins.

"Le bras de fer dans la rue est une erreur, je veux qu'il y soit mis fin", a dit le guide, la plus haute autorité de l'Etat, avertissant qu'il "ne cèdera pas à la rue".

Dans sa première apparition publique après une semaine de colère populaire depuis la présidentielle du 12 juin, l'ayatollah Khamenei a exclu que toute fraude à grande échelle ait pu fausser le scrutin et mis en garde l'opposition menée par le principal rival de M. Ahmadinejad, Mir Hossein Moussavi, contre l'"extrémisme".

"Le peuple a choisi celui qu'il voulait", "le président a été élu par 24 millions de voix", a-t-il lancé, confirmant les résultats officiels. Ceux-ci sont contestés par les trois candidats rivaux de M. Ahmadinejad qui parlent d'"irrégularités" et réclament une nouvelle élection.

Pour l'ayatollah Khamenei, "l'élection a témoigné de la confiance du peuple dans le régime" islamique avec une participation exceptionnelle de 85%.

Il a seulement réaffirmé que "tout doute sur les résultats doit être examiné par des moyens légaux".

Le Conseil des gardiens de la constitution, chargé de valider le résultat des élections et d'en examiner les plaintes, doit rendre au plus tard dimanche un avis sur un possible nouveau décompte partiel.

Le discours du Guide n'a pas dissuadé le candidat réformateur Mehdi Karoubi de demander à nouveau l'annulation de la présidentielle et l'organisation d'un nouveau scrutin.

Les partisans de M. Moussavi avaient eux décidé pour la première fois d'annuler une manifestation prévue vendredi à l'Université où le guide suprême s'exprimait.

Un nouveau rassemblement qui doit avoir lieu samedi a été interdit par les autorités.

Pour la septième nuit consécutive et en dépit de l'avertissement du guide, de nombreux habitants de la capitale ont scandé depuis les toits "Allahou Akbar", un slogan que M. Moussavi avaient demandé à ses partisans de lancer en signe de protestation.

A Bruxelles, les dirigeants de l'UE ont appelé Téhéran à laisser le peuple "se rassembler et s'exprimer pacifiquement et à s'abstenir d'utiliser la force contre les manifestations pacifiques".

Le président américain Barack Obama a lui averti l'Iran que "le monde observe" son comportement, dans une interview accordée à la chaîne de télévision CBS News.

"Au vu de la teneur et du ton de certaines déclarations qui ont été faites, il me semble très important que le gouvernement iranien se rende compte que le monde l'observe", a-t-il déclaré.

L'avocate iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix, a appelé de son côté la communauté internationale "à empêcher le gouvernement iranien de tirer sur le peuple".

Depuis l'annonce samedi des résultats de la victoire du président Ahmadinejad, les partisans de M. Moussavi ont organisé d'imposantes manifestations quotidiennes, dont l'une avait dégénéré lundi avec la mort, selon une radio officielle, de sept manifestants.

Amnesty International a affirmé vendredi que "jusqu'à 10 personnes" avaient été tuées lors des manifestations de Téhéran.

Face à la colère, le pouvoir a multiplié les arrestations au sein du camp réformateur qui soutient M. Moussavi.

Le gouvernement a également limité le travail de la presse étrangère, lui interdisant notamment depuis mardi la couverture des manifestations "illégales". Vendredi, les journalistes étrangers ont pu couvrir le prêche de l'ayatollah Khamenei.

Dans son sermon devant des milliers de fidèles rassemblés à l'Université de Téhéran, dont M. Ahmadinejad, le guide suprême a aussi dénoncé les critiques des Occidentaux sur la victoire de cet ultraconservateur (plus de 62% des voix) face à M. Moussavi (33,75%).

Les pays occidentaux "ont montré leur vrai visage, en premier lieu le gouvernement britannique", a-t-il lancé.

Londres, qui a immédiatement convoqué l'ambassadeur d'Iran, a jugé ces propos "inacceptables".
Re: Révolution de velours à Téhéran
21 juin 2009, 01:33
La democratie iraniene.

Il y a eu des elections, des fraudes, puis la decision finale, c'est le chef supreme qui la donne, qui est de cesser toute contestation sous peine de ....morts, avec s, beaucoups de morts..
En un mot la dictature deguisee en democratie.

Je rigole un peu, car il y qq jours j'ai vu a la tele, une organisation, encore une, pleurer et accuser Israel, sur le sort tragique des pauvres palestiniens qui ne pouvaient pas,... faute de boites, ecouler leur conserve de houmous.
Re: Rיvolution de velours א Tיhיran
21 juin 2009, 01:44
Revolution de Velour?

Téhéran: des morts samedi dans l'incendie d'une mosquée par des émeutiers
TEHERAN (AFP) - 21.06.2009 08:20
Plusieurs personnes sont mortes samedi à Téhéran dans l'incendie d'une mosquée par "des émeutiers" lors d'une manifestation de l'opposition, a dit dimanche la télévision d'Etat sans citer de sources.


Serait-ce une riposte a l'attentat hier en Irak qui a fait une soixantaine de morts?
Car ces attentats sont tres souvent commandites par les iraniens au pouvoir.
Re: Révolution de velours à Téhéran
21 juin 2009, 02:18
L'arme atomique aux mains de l'Iran dès 2010?


L'Iran est en possession de missiles Shahab 3, à capacité nucléaire.

Selon le rapport parlementaire présenté par Jean-Louis Bianco, les récents développements du programme balistique iranien constituent un indice attestant de la volonté iranienne de se doter de l'arme atomique.

Les visées militaires du programme nucléaire iranien ne "font plus de doute", mais les possibilités de négociations avec le régime de Téhéran n'ont pas été épuisées, indique un rapport parlementaire français dévoilé mercredi.

Les visées militaires du programme nucléaire iranien ne "font plus de doute", selon le député socialiste Jean-Louis Bianco, qui a présenté ce mercredi un rapport intitulé "Iran et équilibre géopolitique au Moyen-Orient" à la commission des affaires étrangères de l'Assemblée nationale.

"Tous les indices concordent hélas sur l'idée qu'ils sont tout près d'avoir l'arme nucléaire" a-t-il commenté sur RFI.

"De l'avis des experts, d'ici deux à trois ans, l'Iran pourrait être en possession d'une arme nucléaire", note ce rapport rédigé par une mission parlementaire dirigée par le député socialiste de la première circonscription des Alpes-de-Haute-Provence.

Le rapport passe en revue les différents indices techniques attestant de cette volonté iranienne de se doter de l'arme atomique: "le développement du seul programme d'enrichissement de l'uranium au détriment de tous les autres éléments du cycle de production d'électricité nucléaire"; la mise au jour de documents par l'Agence internationale pour l'énergie atomique (AIEA); les récents développements du programme balistique iranien.

"Des frappes militaires ne résoudraient rien"

Les parlementaires de cette mission estiment que "des frappes militaires, qui seraient en outre très délicates à réaliser, ne résoudraient rien". "L'Iran ne se priverait pas de répliquer par tous les moyens à sa disposition: en utilisant ses missiles, mais aussi par l'intermédiaire de groupes activistes qu'il soutient", au Liban, à Gaza, en Irak et en Afghanistan.

Les parlementaires prônent une "négociation large" avec l'Iran qui ne se limite pas aux seuls aspects du programme nucléaire mais qui puisse aussi "fournir l'occasion d'obtenir des engagements iraniens en faveur de la stabilité de la région".

Sur la question nucléaire, juge le rapport, toutes les solutions techniques doivent être envisagées pour que l'Iran puisse poursuivre son programme d'enrichissement de l'uranium à des fins pacifiques.

"La solution la plus sûre résiderait néanmoins dans la mise en place d'une banque du combustible, qui serait gérée par l'AIEA et garantirait la fourniture de combustible nucléaire à tous les Etats dépourvus de capacité nationale d'enrichissement en cas de problèmes avec leurs fournisseurs", dit le rapport.
Re: Révolution de velours à Téhéran
21 juin 2009, 02:46
La douda chalom,
Si on comprend bien cet article, il faut les laisser faire, ouvrir une banque de combustible, discuter et blablater sans fin jusqu'a l'obtention de leur bombe, qui a ce moment la deviendra une grave et serieuse menace, non seulement sur Israel, mais aussi sur tous les pays voisins.
Alors que preconiserais tu,? essayer des maintenant de les neutraliser, ou attendre qu'ils aient la bombe.?
La douda lazziz comme tu aimes bien dire, donne nous ton avis.
Re: Révolution de velours à Téhéran
22 juin 2009, 02:37
La crise iranienne reste ouverte


Le pouvoir a marqué un point mais a-t-il, pour autant, repris la main ?

Au lendemain d’un sermon extrêmement menaçant du Guide suprême, l’opposition iranienne a dû décommander la manifestation à laquelle elle avait appelé pour samedi. Confrontée à la menace explicite d’une répression sanglante, l’opposition a dû reculer mais il y a trois raisons de considérer qu’il ne s’agit là que d’un moment d’une crise, pas de sa fin.

La première est que les Iraniens sont, malgré tout, descendus dans la rue et en assez grand nombre pour qu’il y ait eu dix morts selon les autorités, dix-neuf selon l’opposition, ce qui n’est pas le bilan d’un rassemblement insignifiant. Les petits groupes éclatés ont remplacé les grands cortèges, les petites rues, les grandes artères, mais des dizaines de milliers de gens ne sont pas laissés intimider, prouvant par leur courage que la contestation ne faiblit pas.

La deuxième raison pour laquelle cette crise n’est pas finie est que deux des trois candidats évincés par la fraude, les deux hommes qui étaient, en réalité, arrivés en tête du premier tour, ont l’un et l’autre refusé de céder à l’injonction du Guide de reconnaître les résultats proclamés.

Falsification, ont-il répété en exigeant à nouveau l’annulation de ce scrutin et Mir Hossein Moussavi a même franchi, samedi, un pas spectaculaire. Avant d’encourager, hier, à de nouvelles manifestations, cet ancien Premier ministre de l’ayatollah Khomeiny, du fondateur de la République islamique, cet homme réservé, sans charisme, oublié depuis vingt ans mais devenu, en quinze jours, un héros national, a tout simplement mis en cause le Guide, le N°1 de l’appareil clérical, l’homme le plus puissant du pays, qu’il a accusé de vouloir attenter à la Constitution et de donner à croire, par son attitude, qu’il y aurait incompatibilité entre l’Islam et la démocratie. Mir Hossein Moussavi, en clair, a non seulement défié le Guide mais appelé le clergé à se distancer de lui.

Si Mir Hossein Moussavi a abattu cette carte, c’est qu’il s’est senti en situation de le faire. Il l’est car – troisième raison de ne pas croire la partie terminée – les signes de dissension se multiplient au sommet du régime. Ali Larijani, le président du Parlement, vient de déclarer, hier, qu’une partie de la population ne croyait pas à la sincérité des résultats, qu’il y avait une crise de confiance et qu’il fallait trouver les moyens de la résoudre, autrement dit que le dossier n’était pas clos.

L’ancien président Khatami a fait une déclaration dans le même sens et trois membres du Conseil des Gardiens, l’organisme chargé de proclamer les résultats, se sont faire tenir exactement le même langage par les plus hauts dignitaires religieux, les "sources d'imitation", dit-on, qu’ils étaient allé consulter dans la ville sainte de Qom.

A ce jour, la plupart des grands religieux se sont abstenus de féliciter Mahmoud Ahmadinejad. Hachémi Rafsandjani, le président de l’Assemblée des experts, du comité central du clergé, s’est muré dans un silence retentissant et le grand ayatollah Montazeri, une très haute autorité morale, a appelé, lui, à trois jours de « deuil », autrement dit de grève, à compter de l'après-demain. Il ne l’aurait pas fait sans croire qu’il pourrait être suivi.
Re: Révolution de velours à Téhéran
23 juin 2009, 01:31
L'Iran, hors d'Iran


C’est avec des sentiments aussi mélangés que l’Amérique et les pays arabes observent la crise iranienne. Pour l’une, l’enjeu est l’ambition nucléaire de l’Iran. Pour les autres, la République islamique, l’ancienne Perse, est l’un des trois seuls Etats non arabes de la région, avec Israël et la Turquie, un corps étranger, regardé avec d’autant plus de suspicion qu’il est l’unique grande puissance chiite, berceau et bastion de cette branche de l’islam dont le sunnisme, la branche majoritaire, n’a toujours pas accepté l’existence.

Entre l’Iran et ses voisins sunnites, il y a un différend religieux, ravivé par Mahmoud Ahmadinejad dont les déclarations bellicistes visent à servir le prestige de la vraie foi dans les population sunnites, à leur montrer que le chiisme serait un meilleur défenseur de l’islam que leurs gouvernements, alliés des Etats-Unis. Plus grave encore aux yeux des capitales arabes, l’influence régionale de l’Iran s’est considérablement accrue, ces dernières années, en raison du développement de ses liens avec le Hezbollah libanais et le Hamas palestinien et grâce, surtout, au renversement de Saddam Hussein par les Etats-Unis qui a donné les commandes de l’Irak à sa majorité chiite.

Sans même parler de sa marche vers la bombe, l’Iran est perçu comme une menace par les pays arabes mais la crise qui le secoue maintenant ne fait pourtant pas que les réjouir. Ils sont ravis de voir cet adversaire en pleine tourmente intérieure mais leur satisfaction est tempérée par deux craintes. La première est que cette révolte contre un gouvernement qui s’assied sur la volonté populaire ne puisse donner des idées à leurs propres populations, privées de tout droit de vote ou abonnées aux parodies électorales.

Ils ne pourraient pas applaudir les manifestants de Téhéran sans danger pour eux-mêmes et cela d’autant plus – seconde crainte – que l’éventuelle victoire des opposants iraniens faciliterait un compromis entre les Etats-Unis et l’Iran, le pire cauchemar des dirigeants arabes dont les nuits sont hantées par la possibilité d’un retournement d’alliance qui referait de Téhéran le point d’appui privilégié de Washington.

Bien au-delà de la volonté populaire iranienne, c’est tout l’équilibre régional qui est en jeu dans cette crise, d’où l’extrême prudence des Etats-Unis.

Comme les pays arabes, Barack Obama aurait toute raison de se réjouir d’une révolte qui met en difficulté Mahmoud Ahmadinejad, désormais presque effacé par son mentor, le Guide suprême, lui-même en première ligne mais, comme les pays arabes, il a aussi des raisons de s’inquiéter.

Le voilà pris entre les pressions des Républicains qui lui reprochent de ne pas plus voler au secours de la démocratie et l’impossibilité de soutenir les candidats évincés et leurs partisans car ce ne serait pas les aider que d’en faire des amis des Etats-Unis. Le voilà surtout devant une question sans réponse car, si les durs reprennent la main à Téhéran, nul ne peut déjà dire s’ils se mureront dans leur intransigeance diplomatique ou chercheront, au contraire, un compromis avec l’Amérique afin d’avoir les moyens d’offrir aux Iraniens une compensation, l’amélioration de leur niveau de vie.
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