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Pour Roman Polanski, par Bernard-Henri Lévy

Envoyé par jero 
Pour Roman Polanski, par Bernard-Henri Lévy
30 octobre 2009, 09:36
Le bloc-notes de Bernard-Henri Lévy
Pour Roman Polanski
Bernard-Henri Lévy

Les jours passent. Et Roman Polanski est toujours en prison, se couche et se réveille en prison, voit sa femme une heure par semaine au parloir d'une prison - tandis que ses enfants de 11 et de 16 ans, quand ils ont le courage d'aller encore à l'école, doivent affronter le regard des copains qui ont entendu, à la maison, que le papa des petits P., le monsieur qu'on frétillait de côtoyer par enfants interposés, le parent d'élève qu'on était grisé, les soirs de Césars, de reconnaître à la télé, était finalement un criminel, un violeur, un sodomite, un pédophile.

Alors, puisqu'on en est là, puisque les jours passent et que tout le monde a l'air de trouver la situation normale, puisque les soutiens de Roman Polanski perdent courage et, parfois, doutent, puisque la meute des tricoteurs et tricoteuses a même réussi, semble-t-il, à convaincre le ministre de la Culture qu'il avait parlé trop vite, sous l'empire de l'émotion, alors qu'il n'a fait que son devoir, je veux redire ici, une fois encore, pourquoi toute cette affaire est honteuse.

Il est honteux de jeter en prison un homme de 76 ans pour un détournement de mineure - la seule charge retenue, aujourd'hui comme à l'époque, par la justice californienne - commis il y a trente-deux ans.

Il est honteux que, dans un pays, la France, où l'on peut trucider une vieille dame, torturer son prochain, le mutiler, et savoir que son crime sera, comme tous les crimes de sang, prescriptible au bout de dix ans, tout le monde fasse comme si ce crime-ci, celui de Polanski, devait jouir d'une imprescriptibilité de fait.

Il est honteux de voir les habitués du Café du Commerce planétaire, antiaméricains pavlovisés qui ne sont jamais à court de mots pour fustiger l'Amérique sur tout et sur n'importe quoi, ­rester brusquement sans voix, devenir doux comme des agneaux et, quand il s'agit de lui, Polanski, juste répéter : « ah, c'est l'Amérique... pas touche à la loi américaine... dura lex sed lex ... »

Il est honteux d'entendre une avocate qui, comme Gisèle Halimi, a passé sa vie à sortir des gens de prison pour des crimes autrement plus lourds que celui que l'on reproche à l'auteur du « Pianiste », hurler avec les loups, chez Taddei : « un crime a été commis, la justice est la même pour tous, Polanski doit être jugé ».

Il est honteux de voir des intellectuels dont le rôle devrait être de calmer le jeu et de refroidir les emportements populaires, emboîter le pas, comme Michel Onfray, dans Libération , au troupeau des « ignorants enthousiastes » (Joyce) et se livrer, au nom de la défense de l'enfance outragée, aux amalgames les plus odieux (que ne les entend-on, ceux-là, dénoncer avec autant d'ardeur l'outrage, pour le coup, sans limite qu'est le martyre des enfants soldats en Afrique, ou des ­enfants esclaves en Asie, ou des centaines de millions d'enfants morts de faim, selon les estimations de la FAO, depuis... trente-deux ans ?).

Il est honteux de voir un Luc Besson se ruer à la télévision pour, vêtu de probité candide, crier haro sur le baudet et, comme à la pire époque des chasseurs de sorcières mac­carthystes, dénoncer son camarade.

Il est honteux de continuer à répéter, comme font les uns et les autres, que la justice doit être « égale pour tous » alors que, s'il y a bien une « inégalité », s'il y a un « deux poids et deux mesures », c'est au détriment, pas en faveur, de Polanski. J'ai fait le test. Le 2 octobre dernier, sur NPR, dans l'émission de radio « On Point », où j'affrontais une Geraldine Ferraro répétant en boucle, jusqu'à la nausée : « Polanski a eu une lovely life ; maintenant, il faut qu'il paie », j'ai lancé un appel aux auditeurs : « qu'on me signale un cas, un seul, d'un anonyme, coupable de la même faute, et que l'on serait venu chercher trente ans après les faits ». On ne m'en a, à ce jour, pas trouvé un. Et on ne m'en a pas trouvé, car il fallait être Polanski justement, il fallait être un artiste de renommée mondiale, pour qu'un juge élu, bientôt en campagne électorale, assoiffé de publicité, fasse remonter le cas des oubliettes où la sagesse des peuples range, même aux Etats-Unis, les très anciens dossiers des délinquants qui n'ont pas récidivé.

Il est étrange - honteux, et étrange - d'observer comment les mêmes qui, drogués au soupçon et voyant des complots partout, passent leur temps à s'interroger sur les agendas secrets des Etats ne semblent pas le moins du monde gênés par ce timing, pourtant, extrêmement bizarre : un homme qui a une maison en Suisse ; qui y passe, depuis des années, toutes les vacances scolaires en famille ; et qui, soudain, sans élément nouveau, renoue avec le cauchemar qui a été le lot de sa vie.

Car il est honteux, enfin, que l'on ne puisse, quand on parle de cette vie, évoquer l'enfance au ghetto, la mort de la mère à Auschwitz, le meurtre de la jeune épouse éventrée avec l'enfant qu'elle portait, sans qu'hurlent au chantage (?) les braillards de la nouvelle justice populaire : du plus abominable serial killer, la « culture de l'excuse » ambiante veut bien scruter l'enfance difficile, la famille à problèmes, les traumatismes - mais Roman Polanski serait le seul justiciable au monde à n'avoir droit à aucune circonstance atténuante...

C'est l'ensemble de l'affaire, en réalité, qui est honteux.

C'est le débat qui est nauséabond et où il faudrait pouvoir ne pas entrer du tout.

Je ne connais guère Roman Polanski. Mais je sais que tous ceux qui, de près ou de loin, trempent dans ce lynchage se réveilleront bientôt, horrifiés par ce qu'ils ont fait, honteux
Re: Pour Roman Polanski, par Bernard-Henri Lévy
30 octobre 2009, 10:04
Oui, il est vraiment honteux qu'un pédophile ait pu si longtemps échapper à ses responsabilités et à ses fautes !!
Re: Pour Roman Polanski, par Bernard-Henri Lévy
31 octobre 2009, 01:35
gpavia a écrit:
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> Oui, il est vraiment honteux qu'un pédophile ait
> pu si longtemps échapper à ses responsabilités et
> à ses fautes !!

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Je ne fais pas l apologie des pédophiles ! loin de là !

Mais pourquoi aussi ne pas imaginer que Polanski a juste pensé que cette petite --(vu son parcours de l'époque), la pression de sa mère pour déjà la mettre en avant sur les podiums, qui la laisse à 13 ans sans surveillance, dans ce milieu de la mode.. du cinéma,--- était plus âgée et .........pourquoi pas consentante ....qu'elle a avoué par la suite avoir déjà eu des relations sexuelles avec son petit ami de 17 ans ....a t'il été poursuivi??? non !

Les méandres de la politique font qu'il est opportun en période électorale de profiter du faisceau médiatique ......en dépit du bon sens et de faire encore plus de victimes qu'au départ !!
Re: Pour Roman Polanski, par Bernard-Henri Lévy
31 octobre 2009, 10:38
Extradition ou pas,,,


Les lois US et Suisse, considèrent que le crime de pédophilie est imprescriptible, et comme le prévenu est de nationalité US, il pourrait faire l'objet d'une extradition vers les USA, sauf décision contraire du Tribunal Fédéral helvétique. Aux dernières info, ses avocats auraient déposé un recours en ce sens.

En droit il pourrait demander à être jugé dans la nation où la peine encourue est la plus légère.

Etant également de nationalité française, il pourrait se prévaloir de cela, pour demander à être jugé en France, où ce crime est prescrit, le cas est donc assez compliqué, mais gageons que ses grands amis Mitterand et Sarko, vont l' aider en ce sens.

Le fait que la victime ait annulé sa plainte, n'éteint pas l'action des ministères publics.
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