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Tunisie: pèlerinage de la Ghriba sous haute protection

Envoyé par jero 
Tunisie: pèlerinage de la Ghriba sous haute protection
02 mai 2010, 12:58
Tunisie: pèlerinage de la Ghriba sous haute protection


Sous un dispositif sécuritaire exceptionnellement renforcé, plusieurs milliers de fidèles juifs ont effectué vendredi le pèlerinage annuel de la Ghriba, la plus ancienne synagogue d'Afrique construite sur l'île de Djerba du sud tunisien, il y a plus de 2.500 ans, selon la tradition.

Les mesures de sécurité autour du pélerinage ont été considérablement renforcées depuis l'attentat-suicide qui l'avait visé le 11 avril 2002. Revendiqué par Al-Qaïda, il avait fait 21 morts, dont 14 touristes allemands.

L'affluence augmente au fil des ans, et l'édition 2010 a vu un nombre de pèlerins en hausse dont 1.000 en provenance d'Israël, un chiffre sans précédent.

Des milliers de Juifs venus essentiellement de France et d'Israël ont effectué ce pèlerinage annuel .Cette manifestation à la fois confessionnelle et festive a réunie selon le voyagiste René Trabelsi plus 5.000 personnes, dont entre 1.000 pèlerins en provenance d'Israël, d'autres d'Italie, de Grande-Bretagne et d'Egypte, soit une "augmentation notable" de 40% par rapport à l'année précédente où le nombre de pèlerins s'élevait à 3.500.

Parmi les personnalités de marque qui ont fait le déplacement à l'occasion de ce rassemblement confessionnel, figurait le grand rabbin de France Gilles Bernheim.

Pour son premier voyage à Djerba depuis qu'il a succédé à Joseph Sitruk, il s'est dit "ému et impressionné" par les conditions de vie des Juifs tunisiens. "Le pèlerinage de la Ghriba dégage un message de paix, de tolérance et de coexistence", a-t-il déclaré à la presse.

Le grand rabbin de Londres Abraham Levy a, lui, souhaité voir "Palestiniens et Israéliens coexister de la même manière".

La Ghriba qui renferme l'une des plus vieille torah du monde est un haut lieu du judaïsme nord africain .Le pèlerinage de la Ghriba intervient une fois l’an, au 33ème jour du Pessah, Pâque juive.

Ftouh Souhail, Tunis
Re: Tunisie: pèlerinage de la Ghriba sous haute protection
02 mai 2010, 12:58
Tunisie: plus de 5.000 Juifs au pèlerinage de la Ghriba à Djerba

Plusieurs milliers de Juifs venus essentiellement de France et d'Israël ont effectué ce vendredi et samedi le pèlerinage annuel de la Ghriba, la synagogue la plus ancienne d'Afrique, située sur l'île de Djerba, dans le sud tunisien.

Si la plupart des pèlerins sont venus de France, de divers pays européens et d'Amérique du Nord, le nombre des Israéliens a atteint cette année plus de 1000 pèlerins selon l'Associated Press .

René Trabelsi, un voyagiste spécilisé , a estimé cette année l'affluence à plus 5.000 personnes, dont entre 800 et 1.000 en provenance d'Israël, d'autres d'Italie, de Grande-Bretagne et d'Egypte, soit une "augmentation notable" par rapport à l'année précédente où le nombre de pèlerins s'élevait à 3.500.

A lui seul, il affirme avoir assuré le transport à partir de Paris de 1.400 pèlerins, parmi lesquels quelque 380 Israéliens. Le reste du contingent a transité par divers aéroports européens, en l'absence de liaison directe entre la Tunisie et Israël qu'il "souhaite vivement" voir s'établir au moins pendant la période de la Ghriba.

Ce voyagiste, responsable d'un tour-opérateur à Paris, attribue "l'arrivée en masse de Juifs en Tunisie" au "climat favorable" qui y prévaut et à "la politique modérée du gouvernement qui oeuvre constamment en faveur de la paix dans la région".

"C'est un pays sécurisé, stable qui assure la liberté de culte et où il fait bon de passer des vacances. On vient ici l'esprit tranquille", note-t-il en se félicitant de "la cohabitation sereine et de la bonne entente entre les communautés juive et musulmane".

Ce lieu, vieux de 2500 ans selon la légende, accueille annuellement entre le 14è et 18è jour d'Iyyar du calendrier lunaire juif (mai) les descendants de juifs ayant fui la Judée après la destruction du temple de Salomon par Nabuchodonosor

Haut lieu du judaïsme, avant être détruite puis reconstruite, durant la première diaspora (500 ans avant l'ère chrétienne), la Ghriba, petit édifice blanc et bleu d'un étage près de la petite ville de Houmt Souk, avait été la cible d'un attentat au camion piégé en avril 2002.Vingt-et-une personnes avaient été tuées - quatorze touristes allemands, cinq Tunisiens et deux Français - lors de cet attentat revendiqué par Al-Qaïda.

Cet attentat, après ceux du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, avait provoqué une nouvelle baisse de participation au pèlerinage. Ce n'est qu'en 2003 que les pèlerins ont repris le chemin de la Ghriba.

Bien que ramenée à quelque 2.000 personnes contre plus de 100.000 peu avant la création de l'Etat d'Israël, la communauté juive en Tunisie est considérée comme "importante" par rapport à d'autres pays arabes.Les principales vagues d'immigration ont eu lieu en 1948, puis après l'indépendance de la Tunisie, en 1956 et, en 1967, lors de la guerre israélo-arabe des Six jours.

Ftouh Souhail , Tunis
Re: Tunisie: pèlerinage de la Ghriba sous haute protection
02 mai 2010, 18:07
En marge du pèlerinage de la Ghriba

Et si l’hirondelle tunisienne faisait le printemps de la paix…


Dans une édifiante analyse, notre concitoyen, Mansour Feki, Universitaire installé au Canada, réagit contre les allégations d’anti-sémitisme en Tunisie, proférées, sur Internet, par un certain «adorateur» de la droite israélienne Souheil Ftouh. Si près de 4 mille amis juifs se trouvent actuellement à Djerba, cela accréditerait toutes les thèses possibles, sauf celle de l’anti-sémitisme.


Les hommes épris de paix, de justice et de dialogue des religions ne se découragent pas : chaque année la Ghriba allume ses cierges pour qu’une lueur d’espoir parvienne jusqu’à Jérusalem …


Un avocat, journaliste à ses heures, monsieur Souheil Ftouh, est parti en croisade, corps et âme, pour promouvoir son idolâtrie pour Israël. Il y va avec les outils primaires de l’art de la propagande en s’alignant sur le discours de la droite Israélienne la plus extrémiste, ceci ne le singularise pas seulement en tant que nord africain, mais en absolu, car même les militants les plus ardus de la droite israélienne savent que ce qu’ils sont en train de faire ne relève ni de la démocratie ni de l’éthique la plus basique. Ce journaliste ne peut être mu que d’opportunisme primaire ou épris par un amour inconditionnel pour l’extrême droite israélienne.

Quant au groupe de journalistes tunisiens et co qui s’offusquent à outrance des propos du journaliste, kamikaze de la plume, qui traite la Tunisie et les Tunisiens d’antisémites, ils doivent mettre un peu d’eau dans leur vin ou leur café, car si ces propos sont de la rhétorique extrémiste qui crée ex nihilo cette notion d’antisémitisme en Tunisie, ils doivent faire l’effort de sortir d’une certaine hypocrisie légendaire qui fait que nous Tunisiens nous sommes tout blancs et nets par rapport à notre relation avec les Juifs.

Déchirements

Les gens de ma génération, fin de la quarantaine début cinquantaine, sommes déchirés entre une enfance heureuse avec nos amis nos voisins, nos frères juifs tunisiens, avec qui on a partagé la lumière de l’enfance heureuse dans l’harmonie et l’entraide fraternelle et l’air du temps imprégné d’un certain antisémitisme, larvé, polissé, un peu partout dans le monde. A l’enfance, nous nous sommes bâti un paysage sensoriel commun : qui peut oublier ces exhalaisons de la terre, asséchée, assoiffée par le soleil de l’été, lors des premières pluies d’automne, ces arcs-en-ciel qui comme une traînée de guirlandes décorent le ciel lumineux de fin de pluie de printemps… la brise, de la mer, l’odeur du jasmin et les hirondelles qui voltigent dans le ciel, ceci est la Tunisie de notre enfance. Juifs, Musulmans et quelques Chrétiens étions heureux de partager nos fêtes, le Shabbat, la maimouna… l’Aïd Essghir, l’Aïd El Kbir, Noël, Nouvel An, Achoura, Roch Achana… nos circoncisions, nos mariages, nos enterrements… Mes amis s’appelaient, Sami, David, Fekri, Marc, Kammouna, Ali, Stéphane, Joëlle… oui ce sont mes frères et sœurs... Je le dis sans aucune animosité ni pour les Arabes, ni pour les Musulmans mais avec l’authenticité du cœur et de la raison ce qui me lie à mes frères juifs tunisiens en particulier et aux Juifs nord-africains en général c’est que, quand je les regarde je me reconnais en eux, dans leur sourire, dans leurs larmes, dans leurs attitudes, dans leurs joies et dans leurs tristesses…Ce qui me lie à eux, au-delà du sang, beaucoup plus, la tunisianité, ce ciment qui a lié hier nos parents et nos grands-parents et continue, je l’espère pour longtemps, à nous lier à nos frères juifs sépharades en général et Juifs tunisiens en particulier.

L’élan d’ouverture sereine

La Tunisie a eu la chance d’avoir toujours eu des dirigeants qui l’ont protégée à différents degrés des affres de l’antisémitisme : le Bey qui avait affirmé qu’il n’avait pas des sujets juifs et des sujets musulmans quand on lui a demandé de mettre à l’index les juifs… Bourguiba à sa manière… sans oublier – et ce sont des faits historiques – que c’est bien dans les années soixante et soixante-dix que la Tunisie a perdu l’essentiel de sa belle communauté juive (avec l’aide des agences d’immigration israéliennes, il faut le dire). Celui qui a donné à la tunisianité son sens le plus profond et à la démocratie son sens supra communautaire au-dessus de tout clivage, religieux, ethnique et de genre reste et il faut le dire c’est avec Ben Ali que la réconciliation proactive des différentes strates de Tunisiens a vu le jour, faisant fi des clivages sociaux, économiques, religieux, ethnique, de genre… Il s’est occupé des personnes âgées, des enfants, des handicapés, de la femme,… et il a institutionnalisé la solidarité tuniso-tunisienne et réconcilié les Tunisiens entre eux y compris nos frères juifs qui ont senti cet élan d’ouverture sereine et respectueuse qui a fait qu’aujourd’hui, ils reviennent dans leur pays d’origine, souvent en visite et parfois pour se réinstaller, ça reste assez timide mais encourageant.

Une hirondelle ne fait pas le printemps ; l’élan de la Tunisie ne peut prendre forme dans toute sa splendeur sans la convergence de plusieurs acteurs nationaux et internationaux et sans que nos propres frères juifs de Tunisie ne prennent leur responsabilité, saisissent l’opportunité et préservent ce patrimoine commun qu’est la tunisianité et que nos ancêtres ont bâti pendant des millinaires dans cette Ifriqiya qui a donné son nom à tout un continent ; les Juifs tunisiens sont aussi responsables que les Tunisiens restés au pays et complices de ceux qui veulent les empêcher de revendiquer leur authenticité.

Concernant nos journalistes offusqués par les propos de monsieur Ftouh, tout en étant aux antipodes de ses allégations d’antisémitisme tunisien, je dois dire que la médiocrité, d’une certaine partie, de l’espace journalistique tunisien, écrit et audio-visuel compris, conjugué à la prolifération des médias satellitaires et numériques arabes et à l’anémie idéologique, font que l’espace idéologique ouvert par le processus démocratique émergeant les vingt dernières années profite parfois aux idéologies parasites de tout horizon et essentiellement arabes et islamistes de mauvaises qualités et d’éthique très discutable. La société tunisienne est malheureusement, en train de s’orientaliser ; la francophonie d’hier se transforme insidieusement en arabophonie exclusive, la mode vestimentaire s’orientalise, les leaders d’opinions deviennent Amrou Khaled, Qotb et Tarak Ramadhan ; c’est ça le plus grand danger qui guette la Tunisie. Ces médias véhiculent un discours antisémite polissé et primaire, d’une façon larvée, insidieuse et non déclarée, ainsi des allocutions, devenues courantes sans que personne ne s’en offusque.

Quand on évoque le «Juif», les théories de la conspiration trouvent un terreau propice à son développement, où tous les maux sont l’œuvre du «Juif». Certains pays arabes, certains pays musulmans ont besoin de ce «Juif» qui devient leur seul consensus, sur lequel ils cristallisent leurs échecs et leurs décadences.

Les Tunisiens ne sont pas antisémites

La Tunisie des vingt dernières années est un pays qui réussit, qui performe et en aucun cas il n’a besoin de cet exécutoire de bas étage, il n’empêche que des chaînes numériques et satellitaires déversent leurs haines dans l’espace socioculturel tunisien. Al Jazira, Al Manar, Iqraa… toutes des chaînes satellitaires dont l’éthique est fortement décriée. Contrecarrer cette déferlante médiatique sur l’Afrique du Nord ne relève pas que des gouvernements régionaux, c’est une responsabilité méditerranéenne et américaine, comme hier le monde s’est organisé pour lutter contre le nazisme, aujourd’hui il doit le faire contre le repli xénophobe contre l’intolérance, contre le sexisme, tous les extrémismes religieux, juif, musulman ou chrétien qui font tous le terreau du terrorisme intellectuel, de l’exclusion et entre autre de l’antisémitisme même polissé. Quant la Tunisie a crié haut et fort sa préoccupation à l’égard de ce fléau, nos amis et partenaires ont fait la sourde oreille, nos détracteurs ont crié à l’obstruction à la liberté de la presse.

L’administration israélienne s’est arrogé le droit de représenter les intérêts de tout juif, indépendamment de son origine et avec l’accord tacite de ceux-ci. Les exactions, l’arrogance et le mépris du droit international des gouvernements israéliens imprègnent la perception des juifs et sèment la confusion et font les choux gras des mass-médias suscités.

Les Palestiniens et les Israéliens se sont mis d’accord à ne jamais être d’accord, quand l’un est pour la paix l’autre décline l’invitation et vice versa. En ce qui nous concerne, nous autres Tunisiens, toujours et à chaque époque avec des modalités différentes, nous avons appuyé la paix et la réconciliation régionale. D’une époque à l’autre, l’arrogance et le mépris changent de camp, il fut un temps où nos amis palestiniens ont préféré l’arrogance du nationalisme arabe de Nasser au pragmatisme de Bourguiba ; aujourd’hui l’arrogance aveugle de Netanyahu et la belligérance de l’extrême droite isarélienne font obstruction à une paix juste, que d’occasions perdues pour les deux peuples et pour la région. Pourquoi nos frères Juifs tunisiens, nos africains, sépharades devraient-il pâtir de cette situation ? Pourquoi devraient-ils renier une partie d’eux-mêmes pour satisfaire l’une des deux composantes de leurs identités ? Oui on peut être juif tunisien et israélophile comme on peut être musulman tunisien et palestinophile.

Non la Tunisie et les Tunisiens ne sont pas antisémites et ne peuvent pas l’être, parce qu’ils sont sémites en premier lieu et puis la désapprobation de la maltraitance, du non respect du droit international, même aux dépens de l’Etat d’Israël n’est pas de l’antisémitisme ; il faut que tous les amis d’Israël, les Etats-Unis d’Amérique, l’Europe, l’AIPAC, J Street,… convainquent les israéliens qu’il n’y aura pas de victoire finale et qu’il n’y aura de paix qu’une paix juste et concertée avec les Palestiniens.

Les Juifs tunisiens sont une partie de nous-mêmes, leur nombre a diminué drastiquement ; si cette hémorragie continue, dans moins de deux générations, il n’y aura plus de juifs tunisiens en Tunisie. Quel gâchis, quelle perte pour tous les Tunisiens ; la tunisianité sera tronquée de son âme et la Tunisie de ses peuples fondateurs d’une civilisation millénaire.

Les Juifs tunisiens sont une espèce en voie de disparition, nous avons le devoir de les aider à prendre racine chez eux, dans leur terroir naturel. Ainsi la Tunisie vivra toujours.

M.F

(Universitaire au Canada)
Gad
Re: Tunisie: pèlerinage de la Ghriba sous haute protection
03 mai 2010, 12:03
Excellents articles de Kapitalis, tenez-vous bien

Samedi, 01 Mai 2010 07:07

Ghriba
Le pèlerinage annuel de la Ghriba a démarré hier, 30 avril, dans la synagogue de l’île de Djerba, en présence de plus de 5 000 fidèles juifs en provenance du monde entier et particulièrement de la France. Aujourd’hui, les festivités seront interrompues pour cause de shabbat, pour reprendre demain, dimanche et s’achever lundi 2 mai. Qui sont ces Juifs de Tunisie ? D’où viennent-ils ? Quelles relations gardent-ils avec leur pays natal ?




En Tunisie, où la présence des Juifs remonte au moins au IIe siècle, la communauté de confession israélite comptait quelque 100 000 âmes en 1948. Elle n’en compte plus aujourd’hui que 2 000. Entre les deux dates, l’écrasante majorité des membres de cette communauté, qui était très active sous le Protectorat français (1881-1956) a émigré en France et en Israël…
Durant les différentes périodes de l’histoire deux fois millénaire de notre pays (romaine, vandale, byzantine, arabo-musulmane…), les Juifs ont connu des périodes successives de relative liberté. S’ils ont été parfois victimes de discrimination, ils n’ont jamais été la cible d’une répression systématique comme ils en ont connue en Europe et dans d’autres régions. Ils ont même souvent occupé des postes importants auprès des différents souverains qui se sont succédé à Kairouan, Mahdia et Tunis. Au cours du siècle dernier, ils ont même connu une longue période de prospérité, interrompue durant les quelques mois de l’occupation de la Tunisie par les troupes nazies entre 1942-1943.
C’est au lendemain de la seconde guerre mondiale que les juifs tunisiens ont commencé à quitter leur pays natal pour aller s’installer France ou en Israël. Encouragés par les groupes sionistes, puis par l’Agence juive, près de 6 200 juifs ont ainsi émigré vers Israël en 1948 et 1949, 3 725 en 1950, 3 414 en 1951, 2 548 en 1952, 606 en 1953, 2 651 en 1954 et 6 104 en 1955.
Quelque 25 000 Juifs ont donc quitté la Tunisie entre 1948 et 1955, appartenant dans leur majorité aux couches les plus populaires, l’élite intellectuelle et économique préférant souvent émigrer en France. Contre 75 000 qui ont préféré rester dans leur pays après la proclamation de son indépendance en 1956. Ils étaient encouragés en cela par l’esprit d’ouverture démontré par le premier gouvernement nationaliste, qui comptait deux ministres de confession juive, Albert Bessis et André Barouch.

Le tournant de la Bataille de Bizerte
C’est au lendemain de la crise de Bizerte en 1961 que le mouvement de migration a repris. Ainsi, dès 1062, 4 500 juifs ont quitté la Tunisie. Après la guerre des Six Jours en 1967 puis celle d’Octobre 1973, sans parler du raid israélien contre le siège de l’OLP à Hammam Chatt en 1985, qui ont suscité un fort sentiment anti-israélien parmi tous les Arabes, y compris les Tunisiens, l’écrasante majorité des Juifs restés en Tunisie a préféré partir en France et/ou en Israël.
Roger Bismuth
Conséquence de ce mouvement massif d’émigration : la communauté israélite tunisienne ne compte plus aujourd’hui que 2 000 individus (contre près de 100 000 en 1948). Ils vivent surtout à Tunis, Djerba, Sfax, Sousse et Nabeul et pratiquant librement leurs cultes. Dans un discours de 1992, le président Ben Ali a déclaré que «les Juifs tunisiens sont des citoyens à part entière et ceux qui sont partis peuvent revenir dans leur pays librement pour s’y installer ou pour y passer des vacances».
Dans la foulée, les cimetières juifs et synagogues ont été restaurés, et le pèlerinage des Juifs à La Ghriba, à Djerba, a été rouvert à partir de 1995. La communauté dispose de six écoles primaires, quatre secondaires, un jardin d’enfants, deux maisons de retraite et plusieurs restaurants cacher. Le salaire du grand rabbin est payé par le gouvernement, qui contribue aussi à la restauration et l’entretien des synagogues. Fait rare dans la région : notre pays compte encore une trentaine de synagogues, dont sept à Tunis. La plupart sont toujours fonctionnelles. Mieux : l’un des membres de la communauté juive tunisienne, l’homme d’affaires Roger Bismuth, est membre de la Chambre des Conseillers et vice-président de l’Utica, le syndicat patronal. Et la plupart des membres de la diaspora juive tunisienne, appelés aussi les ‘‘Tuns’’, gardent des liens très forts avec leur pays d’origine. Beaucoup d’entre eux viennent souvent y passer leurs vacances.
Gad
Re: Tunisie: pèlerinage de la Ghriba sous haute protection
03 mai 2010, 12:06
Ce sont, comme leur surnom l’indique, les Israéliens originaires de Tunisie. Bien qu’ils soient devenus citoyens de l’Etat hébreu, ils n’en revendiquent pas moins leur histoire et leur culture tunisiennes. C’est d’ailleurs l’une de leurs caractéristiques. En plus, bien sûr, du fait qu’ils adorent l’harissa, le couscous et le brik à l’œuf. Un ouvrage en français, à paraître le 12 mai, nous les fera mieux découvrir.


Certains de ces ‘‘Tunisraéliens’’ sont devenus célèbres dans leur nouveau pays. On en citera l’ancien vice-Premier ministre, ministre des Affaires étrangères et Ministre des Finances, Sylvain Shalom. Né à Gabès en 1958, dans une famille de juifs sépharades originaires d’Espagne, ce dernier a émigré avec ses parents en Israël à l’âge… d’un an.
Il y a aussi l’ancien ambassadeur d’Israël en France, Nissim Zvili, de son vrai nom Zouili, en référence à Bab Zouila, la porte fortifiée datant du XVI siècle qui constitue encore l’un des points d’accès au centre historique de Mahdia. Ce natif de la cité fatimide en 1942 a émigré en Israël en 1954.
Autres «Tunisraéliens» célèbres : l’actuel Conseiller juridique du gouvernement israélien, Meni Mazouz, né en 1955 à Djerba dans une famille juive pratiquante – son père était rabbin et juge religieux –, qui a émigré en Israël au début des années 1960, ou encore Michel Sitbon, l’un des premiers commandants de bord à Tunisair, né à Tunis et émigré en Israël en 1969, où il a continué à exercer son métier de pilote à la compagnie israélienne El Al.
D’autres ‘‘Tunisraéliens’’, en revanche, sont restés dans l’anonymat. Ils continuent cependant d’exprimer un fort attachement à leurs racines. L’un d’eux, Nava Sarah Yardéni, historienne de son état, spécialisée dans l’étude du judaïsme de Tunisie, vient de consacrer un ouvrage monumental à l’histoire de sa communauté.

L'auteure, Nava Sarah Yardeni avec le préfacier, Claude Sitbon
C’est en 1956 que Nava Sarah Yardéni, née Claudine Zagron, quitte Tunis pour se rendre en Israël. Elle a plus de 40 ans lorsqu’elle débute ses études supérieures à l’Université ouverte de Raanana. Sa soif d’apprendre n’étant pas satisfaite par son diplôme de deuxième cycle à l’Université de Haïfa, elle se lance dans un doctorat à l’Université Bar-Ilan, dont le sujet est consacré à l’étude de l’immigration et de l’intégration des Juifs de Tunisie en Israël.
Son ouvrage, intitulé ‘‘Tunisraéliens’’, paraîtra en français le 12 mai, aux éditions Elkana, en Israël. La traduction de l’hébreu a été réalisée par l’économiste et sociologue Jacques Bendelac et la préface par l’historien du judaïsme tunisien, le Français d’origine juive tunisienne Claude Sitbon.

«Les Tunisraéliens ont su développer un art de vivre fondé sur une étonnante capacité d’adaptation qui se vérifie encore aujourd’hui, du kibboutz Régavim au mochav Yanouv, en passant par Natanya et Ashdod, Dimona, Beer-Shéva et Jérusalem. Ils ont conservé leur identité tunisienne malgré la rupture géographique », lit-on dans la quatrième de couverture de cet ouvrage. Qui «illustre clairement la volonté de survivance de cette communauté à qui les siècles ont modelé un visage attachant et fidèle.»
Par-delà la propagande sioniste qui sous-tend inévitablement cet ouvrage, quand bien même il s’agirait d’un essai historique, nous serions bien curieux de découvrir ce que les ‘‘Tunisraéliens’’, ces hommes et ces femmes qui ont choisi de vivre dans une autre terre, étrangère et lointaine, ont gardé de leur passé dans notre pays, outre, bien sûr, l’harissa, le couscous et le brik à l’œuf.
C’est cette même curiosité qui nous incite à reproduire, ci-dessous, les commentaires de quatre ‘‘Tunisraéliens’’ célèbres après la lecture du livre.
Sylvain Shalom: «Le livre révèle des informations d’une ampleur impressionnante. L’auteure marque de son empreinte l’étude du Judaïsme de Tunisie en Israël, sujet très peu exploré à ce jour».
Nissim Zvili: «J’ai lu d’un trait cette thèse remarquable, car elle m’a rappelé exactement l’itinéraire de ma famille. Je ne savais pas à quel point mon histoire particulière se confondait avec l’Histoire de ma communauté. Une lecture étonnante et passionnante».
Méni Mazouz: «Ce livre, intéressant et émouvant, vient combler un vide dans l’histoire d’Israël, en mettant à jour des détails inconnus sur la contribution des émigrants juifs de Tunisie au peuplement et au développement du pays… Il apparaît que, plus le temps passe et plus un besoin impérieux de connaître ses racines se renforce… Je vous félicite pour cet ouvrage important».
Elie Vakil, Professeur de psychologie à l’université Bar-Ilan. «Avant de lire ce livre, je n’avais pas conscience, comme beaucoup d’autres, de l’héritage et de la contribution exceptionnelle du judaïsme de Tunisie au pays. Ce livre m’a rendu encore plus fier de mes racines; c’est pourquoi Nava Sarah Yardéni mérite un grand bravo.»
Re: Tunisie: pèlerinage de la Ghriba sous haute protection
03 mai 2010, 12:22
ÉDITION SPÉCIALE.
MOMENTS VÉCUS.

DEMAIN L'ÂNE DE LA GHRIBA.

Re: Tunisie: pèlerinage de la Ghriba sous haute protection
03 mai 2010, 13:45
Jews make pilgrimage to Africa's oldest synagogue

Tunisian island of Djerba sees some 4,500 visitors from France, while around 1,000 Israelis come via Egypt, Jordan or Turkey
AFP

Thousands of Jews on Friday began an annual pilgrimage to Africa's oldest synagogue on the Tunisian island of Djerba.

"We have nearly 6,000 visitors this year," Perez Trabelsi, head of the Djerba Jewish community and president of the synagogue, told AFP.

Most of the pilgrims - around 4,500 - came from France, while around 1,000 Israelis came via Egypt, Jordan or Turkey due to the absence of direct air links with Israel.

Trabelsi called for direct flights to be established between Israel and Tunisia, adding that it would triple the number of visitors coming from Israel.

France's chief Rabbi Gilles Bernheim would take part in the pilgrimage for the first time this year "in order to give a message of peace (and) of respect for others.

"I am very moved and very impressed by the Jews' way of life in Tunisia and their strict attachment to an ancient tradition," Bernheim told AFP.

In 2002, an attack at the Ghriba shrine killed 21 people when a suicide bomber rammed the wall of the synagogue with a lorry laden with natural gas, which blew up killing 14 German tourists, five Tunisians and two French visitors.

The Al-Qaeda network claimed responsibility for the attack.

The Jewish community in Tunisia is still one of the largest in the Arab world but its numbers have dropped from 100,000 on independence from France in 1956 to around 1,500 today. Most emigrated to France or Israel.

Nearly half of those who remain live in Djerba.

[www.ynetnews.com]
(site Internet de Yediyot Haaronot)

Woman lights up candle in Ghriba synagogue
Rabbi Razi Mazouzi drinks a glass of Boukha
Rabbi Gilles Bernheim gives his speech
(Photos: AFP)


Pièces jointes:
Djerba-2010-PP-bis.jpg
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