Israël est en grande forme
Par BARRY RUBIN
Jerusalem Post 15/07/2012
Adaptation française de Sentinelle 5772 ©
Le grand conflit au Moyen-Orient n’est pas l’arabo-israélien mais celui entre les sunnites et les shiites.
Plus je pense à la situation de la sécurité d’Israël en ce moment, meilleure elle apparaît. A l’évidence, cela est paradoxal selon les préjugés des medias, les déformations universitaires, et les campagnes pour des sanctions de différents types. En définitive, le bavardage importe bien moins que la réalité en trois dimensions.
Il ne faut qu’un moment pour lister tous les facteurs : aussi commençons pendant que l’encrier est encore plein.
Superficiellement, le « Printemps Arabe » ainsi que l’éruption de l’islamisme révolutionnaire apparaissent sûrement mauvais, mais examinons les implications à plus court terme. En réentrant dans une période d’instabilité et en poursuivant le conflit à l’intérieur de chaque pays, le monde arabophone s’inflige à lui-même un recul. Des combats internes vont bouleverser les armées et les économies arabes, réduire leur capacité à combattre contre Israël. De fait, rien ne peut être plus propice à handicaper le développement que les politiques islamistes.
Alors qu’il serait erroné de trop se reposer sur la croyance que les nouveaux régimes seront trop occupés à traiter leur transformation intérieure pour vouloir mettre en œuvre des aventures extérieures contre Israël, il y a quelque valeur à cette proposition. Plus important : alors qu’ils pourraient même essayer d’attaquer Israël – et cela se rapporte à l’Egypte et peut-être à la Syrie après une révolution – ils sont moins en mesure de le faire vraiment.
Chaque pays arabophone risque d’être accablé de violence interne, de conflits, de désordre, et de progrès économique lent pendant les années, et même les décennies à venir.
Les Occidentaux risquent fort de perdre leurs illusions alors que les réformes calent, que la véritable démocratie ne fait aucune percée ; L’oppression des femmes augmente dans les pays comme l’Egypte et la Tunisie ; et l’islamisme produit des partenaires peu attractifs. Il est vrai, la Gauche occidentale est souvent romantique au sujet de l’islamisme, mais le nombre de gens convaincus va diminuer alors que ce que le marxisme décrivait traditionnellement comme des mouvements « fascistes cléricaux » va prospérer.
L’an passé a été un désastre pour les ambitions régionales de la Turquie et de l’Iran. L’ascension des mouvements islamistes sunnites en Libye, Tunisie, Egypte et Syrie a transformé de larges portions de la région en zones interdites pour ces deux pays.
Les Arabes ne veulent pas ni n’ont besoin que les Turcs leur disent ce qu’il faut faire, le Premier ministre turc Recep Erdogan a été odieux en traitant les Arabes avec condescendance. L’influence de la Turquie est limitée au Nord de l’Irak et, grâce surtout au soutien du gouvernement Obama, à l’opposition syrienne.
De même pour l’Iran, il a perdu virtuellement tous ses atouts musulmans non shiites, notamment le Hamas. En général, les islamistes arabes sunnites ne vont certainement pas suivre le ‘leadership’ de Téhéran alors que les pays arabes sunnites ne veulent pas céder la direction de « leur » Moyen Orient à ceux qui sont à la fois persans et shiites.
Par conséquent, le grand conflit au Moyen Orient de l’avenir n’est pas l’arabo-israélien mais le sunnite versus shiite. Mais une série de conflits ont éclaté tout le long de la région frontalière alors que les deux blocs rivalisent pour le contrôle du Liban, de la Syrie, de l’Irak et de Bahrein.
De plus, la guerre civile syrienne détruit ce pays et continuera de le paralyser pour quelque temps à venir. Quand la poussière retombera, tout nouveau gouvernement devra prendre un moment pour réparer le naufrage, arrêter les disputes entre les divers groupes ethniques et religieux, et rebâtir son armée. Au Liban, le Hezbollah dominant, essayant de se maintenir au pouvoir et se souciant de son parrain syrien, ne veut pas de confrontation avec Israël.
Puis il y a les régimes survivants – notamment l’Arabie saoudite, la Jordanie et les cinq Emirats du Golfe – qui savent que la principale menace provient de l’Iran et des islamistes révolutionnaires à l’intérieur, et pas Israël. En fait, ils réalisent qu’Israël est pour eux une espèce de protecteur puisqu’il est motivé et capable de frapper contre ceux qui veulent aussi mettre leur tête sur le billot.
Un point extrêmement important à noter est comment les Arabes, et en particulier les Palestiniens, ont complètement rejeté la plus grande opportunité qu’ils aient jamais eue de gagner davantage de soutien américain et d’élargir les failles entre Washington et Jerusalem en un gouffre. Convenablement motivé, le gouvernement Obama était prêt à devenir le plus pro palestinien de toute l’histoire américaine, à offrir davantage de concessions à l’Autorité Palestinienne (AP), et à mettre plus de pression sur Israël que jamais auparavant.
Au lieu de cela, ils ont refusé de coopérer avec Obama, rejetant ses initiatives et, dans le cas de l’AP, refusant même de négocier avec Israël. Arrachant la défaite des mâchoires de la victoire, l’AP a démontré de façon répétée au gouvernement des USA qu’il était la partie intransigeante. Et même si les officiels américains ne l’ont jamais admis publiquement, ils ont certainement dû reculer, constatant que cela était vrai.
Je fournis cette liste non pas pour me réjouir des infortunes des autres. En général, cependant, ces infortunes furent le résultat des décisions qu’ils ont prises, ou au moins des forces devenues les nouveaux dirigeants par les armes ou les suffrages. Ce sont les réalités du Moyen Orient aujourd’hui.
D’un autre côté, le succès d’Israël a été prodigieusement visible en termes de progrès économique. Le pays est devenu un leader mondial dans la technologie, la médecine, la science, les ordinateurs et d’autres domaines. Il a ouvert de nouveaux liens avec l’Asie. La découverte de gaz naturel et de champs pétroliers promet un flux massif de fonds dans les années à venir.
Et malgré les querelles habituelles (manifestations sociales, débats sur l’incorporation des étudiants religieux, méchants pièges contre des personnalités, et scandales mineurs de corruption) Israël se maintient tel un pays stable et uni – là où cela compte. L’idée qu’Israël est menacé par l’échec de l’AP à vouloir faire la paix peut bien être un aliment de base de l’Université en Occident mais c’est une proposition ridicule dans la réalité.
Bien sûr, il y a des menaces – l’Iran se dotant d’armes nucléaires armées sur des lanceurs ; l’Egypte devenant belligérante – mais les deux demeurent dans le futur et il y a des facteurs entravant. Dans le cas de l’Iran, il existe une pression extérieure et des problèmes pour vraiment construire ces armes ; pour l’Egypte, l’armée entrave dans le futur prévisible les islamistes radicaux.
Des auteurs étrangers d’éditoriaux peuvent bien ne jamais l’admettre, des correspondants étrangers peuvent bien annoncer une catastrophe, mais cependant, Israël et sa sécurité sont en grande forme.
L’auteur, professeur, est le directeur de ‘Global Research in International Affairs (GLORIA) Center.
Israel is in good shape
By BARRY RUBIN
Jerusalem Post 07/15/2012
[
www.jpost.com]
The big Middle East conflict of the future is not the Arab-Israeli but the Sunni-Shia one.
The more I think about Israel’s security situation at this moment, the better it looks. Obviously, this is counter-intuitive given the media bias, academic distortions, and campaigns for sanctions of various kinds. Ultimately, talk matters far less than three-dimensional reality.
It’ll take a while to list all of the factors, so let’s get started while the inkwell is still full.
On the surface, the “Arab Spring” along with the surge of revolutionary Islamism certainly looks bad, but let’s examine the shorter-term implications. By reentering a period of instability and continuing conflict within each country, the Arabic-speaking world is committing a self-induced setback. Internal battles will disrupt Arab armies and economies, reducing their ability to fight against Israel. Indeed, nothing could be more likely to handicap development than Islamist policies.
While it would be wrong to depend too much on the belief that the new regimes will be too busy dealing with domestic transformation to want to stage foreign adventures against Israel, there is some value to this proposition. More important is that while they might even try to attack Israel – and this refers to Egypt and perhaps to Syria after a revolution – they are less able to do so effectively.
Every Arabic-speaking country is likely to be wracked with internal violence, conflict, disorder and slow socio-economic progress for years, even decades, to come.
Westerners are likely to be disillusioned as reform stalls, actual democracy makes no appearance; the oppression of women increases in countries like Egypt and Tunisia; and Islamism produces unattractive partners. True, the Western left is often romantic about Islamism, but the number of people persuaded is going to lessen as what Marxism traditionally described as “clerical-fascist” movements flourish.
The past year has been a disaster for Turkey and Iran’s regional ambitions. The rise of Arab Sunni Islamist movements in Libya, Tunisia, Egypt and Syria has made large portions of the region no-go zones for those two countries.
The Arabs don’t want or need Turks to tell them what to do, and Turkish Prime Minister Recep Erdogan has been obnoxious in making Arabs feel he’s patronizing them. Turkey’s influence is limited to northern Iraq and, thanks largely to the Obama administration’s backing, with the Syrian opposition.
As for Iran, it has lost virtually all of its non-Shia Muslim assets, notably Hamas. In general, Arab Sunni Islamists don’t like either Iran or Shia Muslims. And again, Sunni Arab Islamists are certainly not going to follow Tehran’s lead while Sunni Arab countries don’t want to yield leadership of “their” Middle East to those who are both Persian and Shia.
Therefore, the big Middle East conflict of the future is not the Arab-Israeli but the Sunni-Shia one. But a series of conflicts have broken out all along the Sunni-Shia borderland as the two blocs vie for control of Lebanon, Syria, Iraq and Bahrain.
In addition, the Syrian civil war is wrecking that country and will continue to paralyze it for some time to come. When the dust settles, any new government is going to have to take a while to manage the wreckage, handle the quarreling, diverse ethnic-religious groups, and rebuild its military. In Lebanon, a dominant Hezbollah, trying to hold onto power and worrying about the fate of its Syrian patron, doesn’t want a confrontation with Israel.
Then there are the surviving regimes – notably Saudi Arabia, Jordan and the five Gulf emirates – who know the main threat to them is from Iran and revolutionary Islamists at home, not Israel. In fact, they realize Israel is a kind of protector for them since it is motivated and able to strike against those who also want to put their heads on the chopping block.
An extremely important point to note is how thoroughly the Arabs, and especially the Palestinians, threw away the greatest opportunity they’ve ever had to gain more US support and widen the cracks between Washington and Jerusalem into a chasm. If properly motivated, the Obama administration was ready to become the most pro- Palestinian government in American history, to offer more concessions to the Palestinian Authority (PA), and to put more pressure on Israel than ever seen before.
Instead, they refused to cooperate with Obama, rejecting his initiatives and, in the PA’s case, refusing even to negotiate with Israel. Snatching defeat from the jaws of victory, the PA repeatedly showed the US government that it was the intransigent party. And even if American officials would never publicly admit this, they certainly had to back off, seeing that this was true.
I provide this list not to rejoice at the misfortunes of others. Generally, though, these misfortunes were the result of decisions they have made, or at least of the forces that have become the new leaders by guns or votes. These are the realities of the Middle East today.
On the other side has been Israel’s dramatically visible success in terms of economic progress. The country has become a world leader in technology, medicine, science, computers and other fields. It has opened up new links to Asia. The discovery of natural gas and oil fields are promising a massive influx of funds in the coming years.
And despite the usual quarrels (social protests, debates over drafting religious students, nasty flaps over personalities, and minor corruption scandals) Israel stands as a stable and united (where it counts) country. The idea that Israel is menaced by the failure of the PA to want to make peace may be a staple of Western academia but it is a ludicrous proposition in reality.
Of course, there are threats – Iran getting deliverable nuclear weapons; Egypt becoming belligerent – but both lie in the future and there are constraining factors. In Iran’s case, there is external pressure and problems actually building weapons; for Egypt, the army is for the foreseeable future constraining the radical Islamists.
Foreign editorial writers may never admit it, foreign correspondents may thunder doom, but nonetheless Israel and its security are in good shape.
The writer, a professor, is the director of the Global Research in International Affairs (GLORIA) Center.