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relations France - Israel

Envoyé par lapid 
relations France - Israel
09 septembre 2007, 03:13
Tout ce qui concerne les relations franco-israeliennes.
Nicolas SARKOZY - J’ai la réputation d’être un ami d’Israël, c’est vrai
02 septembre 2007, 14:17
Nicolas SARKOZY - J’ai la réputation d’être un ami d’Israël, c’est vrai

LIBERATION : Europe, Irak, Iran, Turquie, etc. Le chef de l’Etat a exposé les grandes lignes de sa politique étrangère pour les cinq prochaines années, lors de la conférence des ambassadeurs lundi à Paris. Par Arnaud Vaulerin avec AFP et Reuters.

LIBERATION.FR :lundi 27 août 2007. Israël-Palestine :

la France ne se résignera pas à la création d’un «Hamastan». Nicolas Sarkozy a affirmé que la France ne se résignerait pas à la création d’un «Hamastan» dans la bande Gaza. «Dans l’immédiat, nos efforts, ceux du Quartet et des pays arabes modérés, doivent aller à la reconstruction de l’Autorité palestinienne, sous l’autorité de son président», a affirmé le chef de l’Etat. Qui a ajouté: «J’ai la réputation d’être un ami d’Israël, c’est vrai. Je ne transigerai jamais sur la sécurité d’Israël.»

Source: LIBERATION
Nicolas Sarkozy et l'enfant juif
04 septembre 2007, 05:58
Nicolas Sarkozy et l'enfant juif - Jean-Pierre Bensimon - Pour Haboné - 12 juin 2007 -

On célèbre cette année le 40ème anniversaire de la guerre des Six-Jours. Cet évènement majeur a marqué une époque et ses conséquences ne sont pas épuisées à ce jour. Or la situation actuelle d'Israël présente des similitudes remarquables avec celle de 1967, comme si une sombre répétition guettait en ce début de siècle.

Comme en 1967, Israël demeure le seul état de la planète, membre de l'ONU, ouvertement menacé d'éradication par d'autres états. En 1967, le président égyptien de l'époque, Gamal Abdel Nasser, promettait: "La bataille sera générale et l'un de nos objectifs fondamentaux sera de détruire Israël." (Discours du 26 mai 1967 devant la confédération des syndicats arabes). Ahmed Choukeiry, le prédécesseur d'Arafat à la présidence de l'OLP, réglait le sort des Israéliens le 1er juin 1967 avec de fortes paroles : "Ceux qui survivront pourront rester en Palestine. Je pense qu'aucun d'entre eux ne survivra." Au même moment la très populaire diva Oum Kalsoum, récitait le refrain de son fameux Etbah el sahyouni "Massacre le sioniste" passé en boucle par les radios arabes: "Égorge, égorge, égorge et sois sans pitié, …Égorge, égorge, égorge, et lance leur tête …Dans le désert…" Il faut se souvenir qu'en novembre 1967, au moment de sa tournée à Paris, de Gaulle, peut-être mal informé, lui envoya depuis la présidence de la République un télégramme de félicitations. Comme les paroles ne font que préparer les actes, il devait s'ensuivre une fameuse guerre de défense, une guerre éclair qui permit à Israël, entre le 5 et le 11 juin, d'éloigner la menace pour quelques années.

Aujourd'hui, à quarante ans de distance, c'est l'Iran qui prend l'initiative de la menace suprême, par la voix de son président. Reprenant les imprécations de l'imam Khomeiny, Mahmoud Ahmadinejad exprimait pour la première fois en octobre 2005 sa volonté de "rayer Israël de la carte", affirmation répétée à loisir en Iran et à l'étranger depuis près de deux ans. La dernière diatribe du führer de Téhéran date du 3 juin 2007: "Le compte à rebours a commencé pour l'annihilation du régime sioniste par les mains des peuples libanais et palestiniens… Dans l'avenir proche, nous assisterons à l'annihilation du régime sioniste…" Ahmadinejad dispose de plusieurs arguments que son maître ne pouvait pas faire valoir : un programme militaire, balistique et nucléaire, et de puissants moyens non conventionnels déployés aux frontières d'Israël sous l'égide du Hezbollah et du Hamas. Les obligés de l'Iran au Liban et à Gaza tiennent d'ailleurs le même discours éradicateur que naguère feu Choukeiry. Le Hamas, que beaucoup veulent banaliser, ne perd pas une occasion de promettre à Israël le fer et le feu. Mahmoud Al-Zahhar, son ministre des affaires étrangères déclarait par exemple dans Al-Ayyam, le 25 mars dernier "notre position est de libérer la Palestine, toute la Palestine. C'est pour nous la solution stratégique, terminale." Al-Risalah, journal de cette organisation enchérissait le 23 avril " Notre seigneur nous le commande, …et le peuple saura que l'extermination des Juifs est une bonne chose pour les habitants du monde."

Face à cette menace assez terrifiante la réponse israélienne doit obéir à des principes intangibles, ceux qui étaient à la base de son succès de 1967: se préparer à l'épreuve, passer des alliances solides et faire en sorte que le potentiel offensif des agresseurs qui ont juré de le rayer de la liste des nations soit réduit à zéro. C'est l'affaire de l'état et du peuple israélien.

Vu de France, l'important est de comprendre le comportement des autorités nationales lors de la crise de 1967 et d'anticiper celui de la présidence de Nicolas Sarkozy dans le contexte des bruits de botte qui résonnent actuellement au Moyen Orient. On sait que de Gaulle avait préconisé à Israël de rester l'arme au pied, alors que l'Égypte avait déployé dans le Sinaï des dizaines de milliers de fantassins et deux divisions mécanisées dotées de 900 blindés, fermé le détroit de Tiran par où le pétrole arrivait en Israël, dépêché sur le front jordanien des unités d'élite, etc. Autant lui demander de tendre le cou au bourreau. Dans sa fameuse conférence de presse du 27 novembre, de Gaulle ne se contenta pas de parler d'un peuple "sûr de lui-même et dominateur". Il commença par discréditer toute l'histoire du sionisme en parlant "des terres qui avaient été acquises dans des conditions plus ou moins justifiables", avant de faire peser sur l'État juif les accusations "[d']ambition ardente et conquérante", "[d']un État d'Israël guerrier et résolu à s'agrandir..". Le peuple juif en général n'était pas épargné par le grand homme qui le dénonçait comme étant lui-même l'artisan de l'antisémitisme du fait "des malveillances qu'ils [les Juifs] provoquaient, qu'ils suscitaient plus exactement, dans certains pays et à certaines époques…" En un mot, de Gaulle lançait à grand frais sa politique arabe, la constante de la politique étrangère de la France depuis lors. Elle fut poussée jusqu'à la caricature à l'époque chiraquienne avec l'esclandre ridicule de Jérusalem en 1996, et les hommages de la Garde Républicaine rendus en gants blancs à la dépouille d'Arafat, l'inventeur du terrorisme islamiste contemporain et le modèle suprême de la corruption.

Quarante ans plus tard, Nicolas Sarkozy arrive au pouvoir avec une vision renouvelée. Il faut dire que la politique arabe a produit des effets assez désastreux: le Dialogue euro méditerranéen est une coquille vide, une très importante immigration arabo-musulmane pose des problèmes de sécurité considérables et menace les choix de politique extérieure, tandis que la fin des pires dictateurs orientaux -Hafez Al Assad, Saddam Hussein, Arafat- prive le pays de ses plus solides attaches dans le monde arabe …

Le nouveau président a identifié clairement au cours de sa campagne les facteurs des crises à venir. Au lieu de les imputer mécaniquement à Israël et à "l'occupation", il s'alarme des difficultés des israéliens et des américains : "Je voudrais dire combien sont préoccupants les succès militaires du Hezbollah face à l’armée israélienne, acteur pourtant non étatique, et les difficultés de l’armée américaine en Irak." (Discours à la journée de l'UMP sur la Défense le 7 mars 2007). Au lieu d'expliquer le terrorisme par le désespoir des Palestiniens soumis à la férule israélienne, il emploie un magnifique langage de vérité: "Les terroristes qui prétendent agir en leur nom et pour leur bien sont en fait les véritables ennemis des Palestiniens car ils les privent d’une paix à laquelle ils aspirent et ont droit." (Réponse au questionnement de la plateforme des ONG françaises pour la Palestine, le 17 avril 2007). Il y a dans cette formule ramassée beaucoup de courage: il l'adresse en plein visage à toute la pro palestine réunie. Il y a aussi une identification parfaitement rationnelle des vrais ennemis des Palestiniens -les terroristes qui prétendent agir en leur nom- et de ceux qui portent la responsabilité de la poursuite des hostilités -ils les privent d’une paix à laquelle ils aspirent-.

Dans de nombreuses interventions, Nicolas Sarkozy plaide pour la relance d'un processus de paix dans la logique des "deux états" et de "la paix contre les territoires". Nous divergeons sensiblement de lui sur ces deux points. Les cessions de territoire par Israël ont été nombreuses et on peut en dresser le bilan. Ni les rétrocessions d'Oslo, ni l'évacuation du Liban Sud en 2000, ni le désengagement de Gaza n'ont apporté la paix. Au contraire, ils ont permis aux adversaires d'Israël d'édifier des zones militaires hostiles qui ont alimenté l'Intifada de 2000, la seconde guerre du Liban et l'agression permanente du Hamas à partir de Gaza. L'édification d'un état palestinien est une vision confortable mais vaine. Il est confortable d'imaginer les Palestiniens devenus adultes, gérant un état selon les normes internationales et édifiant une société moderne. Mais cela suppose d'abord le démantèlement du terrorisme, pas seulement sur le terrain mais d'abord dans les têtes.

Voila qui pose au nouveau président un défi concret. Il est beaucoup question dans les cercles diplomatiques internationaux de suspendre l'embargo contre le gouvernement palestinien conduit par le Hamas qui ne veut pas renoncer à la violence, reconnaître Israël et mettre en œuvre les traités signés. Un porte parole du Quai d'Orsay a même affirme le 21 mai dernier que la France allait tout faire pour convaincre ses partenaires européens de rétablir les financements.

Or une information intéressante vient de tomber. On a appris que les kidnappeurs de Guilad Shalit, le franco israélien enlevé il y a près d'un an sur le territoire israélien étaient des salariés de l'Autorité palestinienne (PA paying Schalit captors' families Jerusalem Post 10 juin 2007). Certains d'entre eux sont morts et leurs familles ont protesté parce que l'allocation versée par l'Autorité palestinienne était trop faible. On savait déjà que des milliers de membres des Brigades des Martyrs d'Al aqsa sont aussi des employés des services de sécurité palestiniens officiels. Les fonds européens qui assurent les rétributions des fonctionnaires palestiniens financent directement, volens nolens, le terrorisme local.

Il faut sans doute soulager la misère des palestiniens mais prendre garde à ne pas financer à la place la guerre terroriste et, provoquer mécaniquement l'appauvrissement des mêmes Palestiniens. Il faut sans doute aider le système éducatif palestinien, mais pas l'éducation à la haine.

Dans son discours de Toulon du 7 février dernier, le candidat Sarkozy prêchait pour l'avenir des pays méditerranéens qui engage celui de la France et de l'Europe. Il posait pour condition d'en finir avec cette exigence de "L'enfant grec" de l’île de Chio de Victor Hugo " je veux de la poudre et des balles." Il demandait que la haine cesse: "quand l’enfant palestinien cessera de haïr l’enfant juif…". Puisse le Président s'accorder avec le candidat, puisse l'argent européen ne plus alimenter la haine perpétuelle de l'enfant juif et la guerre.
Institut français de Tel-Aviv
03 septembre 2007, 00:32
Institut français de Tel-Aviv

Chers amis,

Le nouvel Institut français de Tel-Aviv (IFTA) a ouvert ses portes, à l’angle du boulevard Rothschild et de la rue Herzl, le 21 juin 2007. Notre nouvel immeuble, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, sera le symbole de la vigueur des liens culturels qui unissent plus que jamais la France à Israël.

Comme par le passé, l’IFTA s’efforce d’apporter au quotidien les formations et les services de qualité que l’on est en droit d’attendre. Notre mission, notre passion, est de présenter et diffuser la culture et la langue françaises en Israël.

Nous oeuvrons à ce que l’enseignement dispensé à l’IFTA soit conforme à l’excellence qui a fait notre réputation. Soucieux de répondre aux attentes du plus grand nombre, nous proposons maintenant une offre d’enseignements adaptés à tous les niveaux et à tous les publics (particuliers, entreprises, administrations, etc.).

Notre nouvelle médiathèque est désormais équipée des supports les plus modernes et les plus performants. Elle s’est en outre enrichie de nouvelles acquisitions : dernières parutions littéraires et récentes traductions français-hébreu ; mais aussi DVD et musique.

Comme vous le savez, la langue française est une richesse qu’ont en partage une multitude de cultures. Bien plus que la langue, ces peuples se rassemblent autour des mêmes valeurs de liberté, de fraternité, de partage et de goût pour le savoir.

Nous serons heureux de vous accueillir parmi nous, au sein de nos cours, dans notre nouvelle médiathèque et au sein de chacune de nos activités culturelles.

En toute amitié,

Tobie Nathan
Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle
Directeur de l’Institut Français de Tel-Aviv

Source : Site de l'Ambassade de France en Israel

[fr.ambafrance-il.org]

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Pour en savoir plus :

[212.179.113.170]
Association France-Israel
03 septembre 2007, 00:06
Association France-Israel

HISTORIQUE DE L'ASSOCIATION - 3 avril 2006 -

80 ANS DE FRANCE-ISRAËL

CRÉATION DE L’ASSOCIATION FRANCE-ISRAËL – ALLIANCE GÉNÉRAL KŒNIG : DES HOMMES ET DES FEMMES D’EXCEPTION

France-Israël – Alliance Général Kœnig est la conjonction de deux associations (Association France-Israël et Alliance France-Israël), toutes deux ayant un but commun : l’amitié avec l’État d’Israël, selon des méthodes différentes. Elles décidèrent de fusionner en 1987. L’une d’entre elles est née après le 14 mai 1948, lorsque l’État juif indépendant(1) prévu par le vote de l’ONU (29 novembre 1947) prit le nom d’« État d’Israël ». L’autre, en revanche, s’était constituée en 1926 sous le nom de France-Palestine Comité des Amis du Sionisme.

Cette « naissance » s’était effectuée sous un haut patronage et des parrainages prestigieux, à commencer par celui du président de la République Gaston Doumergue, et – comme on pourra le constater dans le fac-similé reproduit (ci-contre ou page …..) – des hommes politiques les plus marquants de l’époque.

Nous pensons, pour cela, qu’il est inutile de rappeler les actions des politiques, à l’exception cependant de deux d’entre eux, Jules CAMBON et Justin GODARD qui eurent un rôle spécifique dans les relations de la France avec ce qui devait devenir l’État d’Israël.

Le premier, qui était Ministre des Affaires étrangères en 1917, écrivit une lettre(2) à Nahum SOKOLOV, Secrétaire général de l’Exécutif Sioniste, qu’on a pu appeler la « déclaration Cambon », à l’image de la célèbre lettre à Lord Rothschild qu’on nomme toujours « Déclaration Balfour » (2 novembre 1917). Dans sa lettre, le Ministre déclare : « … Le gouvernement français… qui poursuit la lutte pour assurer le triomphe du droit sur la force, ne peut éprouver que de la sympathie pour votre cause – le foyer national juif en Palestine – dont le triomphe est lié à celui des Alliés… ».

Justin GODARD (1871-1956) dont la carrière politique se poursuivit jusqu’après la Seconde Guerre Mondiale (Résistant de la première heure puisqu’il fut de ceux qui refusèrent les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain) a été l’initiateur de la création de « France-Palestine – Amis du Sionisme » ; il réunit autour de lui cette première « équipe » brillante et l’Assemblée Générale Constitutive du mercredi 23 décembre 1925(3) se tint à son domicile, 9 Quai Voltaire à Paris, qui fut le premier siège de l’association. Il en fut élu le premier Président. Son intérêt et son affection pour les Juifs palestiniens et leur œuvre en Terre d’Israël ne se démentirent jamais.

Mais il nous a paru indispensable de préciser quelques détails biographiques sur certains membres du Bureau initial. Ils sont à leur époque, ce que Baudelaire dans un poème, a appelé des « Phares ». Certes quelques-uns ont été honorés par des rues, à Paris et dans d’autres villes ; des écoles, des salles de réunions ministérielles portent leurs noms ; l’un dort même de son dernier sommeil au Panthéon (Paul Langevin). Mais, sait-on encore pourquoi, leurs contemporains les admiraient ? Leurs mérites sont tels, à égalité, que le seul ordre possible pour leur rendre hommage est l’ordre alphabétique.

Paul APPEL (1855-1930). Mathématicien, il avait été l’un des experts qui, mandaté lors de la révision du procès du capitaine Dreyfus, avait prouvé scientifiquement que le tristement fameux « bordereau » ne pouvait être de la main de celui-ci.
Connu également pour ses qualités d’organisateur, alors qu’il était Doyen de la Faculté des Sciences de Paris, le gouvernement lui confia la mise en place, en 1914, du « Secours National » chargé d’aider les femmes, les enfants, les vieillards dans le besoin, puisque privés de leur soutien « naturel », les hommes mobilisés. Quoique sans fortune personnelle (l’enseignement même supérieur ne crée jamais de fortune !), il avait le don de trouver l’argent où il existait. C’est grâce à cela qu’élu en 1920, Recteur de l’Académie de Paris, il mit sur pied, avec l’aide de donateurs généreux (dont Albert Kahn), son projet de construction de la Cité Universitaire, à Paris.
Ami de BERGSON, il tenta de faire appliquer avec l’aide du ministre de l’Instruction publique Léon BÉRARD, les idées du philosophe en matière de réformes scolaires. En effet, s’il cessa ses fonctions rectorales en 1925, ses réalisations dans le domaine administratif et universitaire furent si considérables que dans les années 1960 – j’en suis témoin – ses cinq ans d’activité étaient restées dans les mémoires.
Il était, bien entendu, membre de l’Académie des Sciences (1892).

Léon DESHAIRS (1874-1967). Historien de l’Art. Ancien élève de l’École du Louvre, il était Directeur de l’École des Arts Décoratifs ; il fut un des rédacteurs de la grande « Histoire de l’Art » projetée par André Michel (tué lors de la Première Guerre Mondiale) et publiée de 1920 à 1927, première « somme » complète en français, dans cette discipline.

Charles GIDE (1847-1932). Professeur d’économie politique a la Faculté de Droit successivement à Bordeaux, Montpellier et Paris, puis au Collège de France et à l’École Supérieure de Guerre, il fut le fondateur de l’école coopératiste. Malgré son importance scientifique, son neveu André est aujourd’hui plus connu du grand public que lui.

Jacques HADAMARD (1865-1963). Docteur es-sciences, professeur à la Faculté des Sciences de Bordeaux puis à la Sorbonne, au Collège de France et à l’École Polytechnique. Membre de l’Académie des Sciences depuis 1912, ses travaux d’analyse infinitésimale font encore autorité.

Myriam HARRY (1875-1958). Romancière, née à Jérusalem, d’un archéologue juif russe et d’une diaconesse allemande, elle passa son enfance dans ce qu’on appelait alors la Palestine ; puis elle fit des études à Londres, à Berlin (dont elle ramena un antigermanisme qui ne la quitta jamais) et enfin à Paris. La plupart de ses romans (La Petite fille de Jérusalem – 1914 ; Siona chez les Barbares – 1918 ; Le Petit Prince de Syrie – 1929) sont largement autobiographiques. Elle fut la première titulaire du Prix Femina.
Grande voyageuse, elle parcourut l’Afrique, le Proche et l’Extrême-Orient. Une récente biographie la sortira peut-être de l’oubli.

Henri HERTZ (1875-1966). Homme de lettre et journaliste. Il écrivait dans Le Mercure de France, la Revue Blanche, puis après la Première Guerre Mondiale(4) dans la revue Europe. Quoique symboliste par goût, il fut ouvert à tous les courants littéraires (surréalisme, dadaïsme). Il obtient en 1928 le prix Mallarmé pour l’ensemble de son œuvre. Ami d’Apollinaire, de Max Jacob, de Romain Rolland, de Jean Cassou, il commença à s’intéresser au « problème juif » lors de l’Affaire Dreyfus ; puis en 1917, il adhèra à la Ligue des Amis du Sionisme fondée par le poète André Spire. Il participe à la Résistance et en 1945, il fonde l’Union des Intellectuels juifs de France. De même que l’Affaire Dreyfus l’avait amené à sortir de sa réserve par rapport au judaïsme tel qu’on le concevait (comme les autres religions) dans la France laïque, la Seconde Guerre Mondiale l’aura convaincu que cette appartenance est « pour les autres » un particularisme.
Il fut le premier Secrétaire Général de France-Palestine – Comité des Amis du Sionisme.

Paul LANGEVIN (1872-1946). Physicien. Issu d’un milieu modeste, il est un « modèle » évident à son époque de la valeur de l’école « républicaine » créée par les lois de 1881. Elève d’un E.P.S (filière « courte » de l’enseignement qui amenait à la vie professionnelle), ses capacités scientifiques lui permettent d’être reçu premier à 16 ans, à l’École de Physique et Chimie de Paris. De même qu’il est reçu premier à l’École Normale Supérieure, ce qui lui ouvre l’accession à l’agrégation de Sciences Physiques et au Doctorat d’État en 1902. Professeur au Collège de France, il succède à Pierre Curie comme professeur dans sa première « École » supérieure dont il deviendra Directeur. D’une culture scientifique inépuisable, il crée la technique de production des ultra-sons qui permit lors de la Première Guerre Mondiale, la détection des sous-marins ennemis. Membre de l’Académie des Sciences (1934).

Paul LAPIE (1869-1927). Agrégé de philosophie, professeur aux lycées de Tunis et de Pau, puis aux facultés des Lettres de Bordeaux, Rennes et Toulouse dont il devient Recteur, il est appelé au Ministère de l’Instruction Publique comme Directeur de l’Enseignement primaire, où toujours dans le respect de l’idéal laïque de ses prédécesseurs du XIXe siècle, il s’efforce d’adapter celui-ci aux réalités du XXe siècle. Recteur de l’Académie de Paris en 1925 (il y succède à Paul Appel). Sa thèse de doctorat intitulée « La logique de la volonté » fait de cette dernière un mode de l’intelligence, théorie qu’il développera, fort de son expérience « sur le terrain » dans son œuvre maîtresse Morale et pédagogie (1927).

Paul PAINLEVÉ (1863-1933). Mathématicien. Après avoir soutenu un doctorat es-sciences, il est nommé maître de conférences à la Sorbonne et un peu plus tard professeur à l’École Polytechnique. Son attirance pour l’aviation moderne naissante (il sera le premier passager des « aéronefs » des frères Wright et de Henri Farman) en fait le théoricien de celle-ci ; et en 1909, il crée un cours de mécanique de l’aviation à l’École d’Aéronautique également débutante.
Attiré aussi par la politique, il est élu député de Paris en 1910, et en 1915, Ministre de l’Instruction Publique chargé en particulier de « …. La mise en œuvre des inventions intéressant la défense nationale… » ; ce qui le conduit en 1917 à un poste plus « spécialisé », Ministre de la Guerre qu’il conservera lorsque lui sera confié celui de Président du Conseil, et qu’il retrouvera « … presque sans interruption… » de 1925 à 1929 ; et c’est en 1925 qu’il devient le premier ministre français « de l’Air ». Membre de l’Académie des Sciences depuis 1900, il est incontestablement le chercheur et l’homme politique qui fut à l’origine des progrès rapides de l’aviation.

Nous décrirons maintenant plus succinctement la carrière de deux autres « membres fondateurs » de notre association, tant leur rayonnement est universel.

Maurice RAVEL (1875-1937), le musicien le plus joué dans le monde après Mozart dit-on (sans doute à cause du fameux Boléro, dont il n’appréciait jamais l’interprétation quand il l’entendait !). Il est l’auteur, au milieu de son abondante création, d’un kaddish et de mélodies hébraïques. Cette incursion dans une « musique dégénérée » – selon la terminologie nazie – lui valut d’être classé par un écrivaillon allemand comme « juif ». Ce qui l’obligea, contrairement à ses principes moraux, d’écrire, peu de temps avant sa mort à ce plumitif, qu’il était catholique, baptisé dès son premier mois, et issu, à sa connaissance, de famille catholique.

André SPIRE (1868-1966). Poète venu de la haute fonction publique, docteur en droit, il fut auditeur au Conseil d’État et inspecteur général du Ministère de l’Agriculture. Son « parcours » sioniste est assez semblable à celui de Henri Hertz, déclenché par les remous de l’Affaire Dreyfus.
C’est lui qui, grâce à ses œuvres littéraires, a fait entrer la culture juive comme composante de la littérature française.

Lors de la fusion des deux associations, l’assemblée générale constitutive tint à associer à cette dénomination le nom du général Pierre KŒNIG, Président de l’Alliance France-Israël jusqu’à sa mort. S’il en fut le dirigeant le plus connu, ses successeurs ne furent pas moins valeureux que lui dans la défense de la France en général, dans ses moments douloureux ou glorieux, et en particulier dans la défense de cette cause pour laquelle en 1917, Jules Cambon assurait que le gouvernement français, éprouvait de la sympathie, spécialement pour l’installation étatique du peuple juif sur sa terre. André MONTEIL, agrégé de l’Université que son engagement au réseau « Libération-Nord » conduisit à une carrière politique brillante, en particulier au Ministère de la Marine ; le général Jean LECOMTE, directeur de l’École de guerre et auparavant compagnon de Charles DE FOUCAULT et du Général LECLERC (de Hautecloque) ; le sénateur Pierre GIRAUD, Résistant lui aussi de la première heure. Ceux-ci nous ont quittés : leur œuvre fut poursuivie courageusement par l’Ingénieur Général du Génie Maritime Michel DARMON.

Pour tous ces hommes et ces femmes, les fondateurs et les membres de « France-Palestine. Comité des Amis du Sionisme » et de France-Israël-Alliance Général Koenig, les vivants et les morts, le sionisme au XIXe siècle, comme tous les mouvements des peuples d’Europe réclamant leur droit à disposer d’eux-mêmes, fut un immense espoir : celui du Peuple Juif, libre sur sa Terre retrouvée. Et dans ce XXe siècle, riche surtout en massacres et en idéologies destructrices, la RE-naissance d’un État d’ISRAËL y fut un des rares moments de lumière.

Renée WATHIER

(1) Ce vote prévoyait aussi l’existence d’un « État arabe indépendant… » sur le territoire de la Palestine mandataire (le 1/8e restant de la Palestine dans ses limites turques, les 7/8e autres ayant été octroyés par la Grande-Bretagne à l’émir Abdallah pour constituer l’émirat puis le Royaume de Transjordanie). Bien que le vote de l’ONU ait été massif, les pays arabes et les Arabes de Palestine refusèrent l’existence d’un État juif et attaquèrent, dès le lendemain du vote, la population juive.

(2) Reproduite dans divers ouvrages de Renée Neher-Bernheim dont Histoire juive de la Révolution à l’État d’Israël. Faits et documents (éditions du Seuil coll. Histoire 2002) chap. XVIII page 715. À noter que la « lettre Cambon » est antérieure à la « lettre Balfour » (4juin 1917).

(3) Les statuts furent déposés en 1926.

(4) Il y a participé comme un des premiers correspondants de guerre et reporters photographiques.

Source : AFI

Pour en savoir plus : Site de l'Association France-Israel

[www.france-israel.org]
Les Relations franco-israeliennes.
26 août 2007, 14:04
Les Relations Franco-Israeliennes.

Sommaire

* 1 La IVe République et Israël
o 1.1 La naissance d'une alliance concrétisée à Suez
+ 1.1.1 Résumé schématique
o 1.2 Analyse contextuelle
+ 1.2.1 La France et le jeu des alliances au Proche-Orient
+ 1.2.2 L'État d'Israël et le monde
+ 1.2.3 La communion d'intérêts communs
+ 1.2.4 La crise de Suez
o 1.3 Bilan des relations
o 1.4 Bibliographie
* 2 La Ve République et Israël
o 2.1 Le Général De Gaulle et la politique proche-orientale
+ 2.1.1 La France et Israël: la rupture dans la continuité
+ 2.1.2 La France et les capitales arabes: le renouveau
+ 2.1.3 L'équilibrisme à l'épreuve de la guerre
+ 2.1.4 Bibliographie
o 2.2 La gestion de l'héritage gaulliste
+ 2.2.1 La présidence de Georges Pompidou
# 2.2.1.1 Stratégies commerciales et économiques
# 2.2.1.2 Stratégie diplomatique
# 2.2.1.3 Le conflit d'octobre 1973 et ses conséquences
# 2.2.1.4 Bibliographie
+ 2.2.2 Le Giscardisme et Israël
# 2.2.2.1 La facture énergétique et la cause palestinienne
# 2.2.2.2 La critique de Camp David

Pour en savoir plus :

[fr.wikipedia.org]
Les Relations franco-israeliennes de 2002 a 2005. Entre passion et raison.
26 août 2007, 14:33
Les relations franco-israéliennes de 2002 à 2005. Entre passion et raison - Par GHERARI Habib (Professeur de Droit à l’Institut d’études politiques de Lyon) - AFRI, volume VII - Date de mise en ligne : 2007

- Résumé

Dressant un parallèle avec les événements qui ont ponctué le conflit au Proche-Orient depuis 2002, l’auteur nous livre sa vision de l’évolution des relations bilatérales entre la France et Israël. Entre 2002 et 2004, les relations franco-israéliennes se sont considérablement dégradées. Bien sûr, les divergences entre les deux pays sont bien plus anciennes, mais la fin du Processus d’Oslo, l’arrivée au pouvoir d’Ariel Sharon, la seconde Intifada et la mise à l’écart de Yasser Arafat ont contribué à détériorer un peu plus les relations entre les deux pays. Toutefois, après le retrait de Gaza, et grâce au maintien du dialogue, favorisé notamment par le dynamisme des liens économiques, culturels et scientifiques, une embellie se profile fin 2005 entre les deux pays, sans qu’il soit possible pour autant de s’assurer qu’elle sera durable.

Pour en savoir plus :

[www.afri-ct.org]
1954-1967: l’autre parenthèse des relations franco-israéliennes
26 août 2007, 15:26
1954-1967: l’autre parenthèse des relations franco-israéliennes -
04 décembre 2006


La situation est tragique mais les forces en présence au Moyen-Orient font qu’au long terme, Israël, comme autrefois les Royaumes francs, finira par disparaître. Cette région a toujours rejeté les corps étrangers.
Dominique Galouzeau de Villepin, Paris, automne 2001

A l’heure où le Ministère de la Défense français semble jouer à se faire peur avec ses déclarations intempestives sur les prétendues postures agressives de l’aviation israélienne face aux troupes françaises de la FINUL, il faut lire (avant le pavé de Pryce-Jones) cette intéressante présentation de la politique israélienne de la France de 1948 à 1968 sur le site Leviathan.

Ne serait-ce que pour mesurer le chemin parcouru depuis la presque inimaginable heureuse parenthèse de ces treize années de bonnes relations qu’ont connue les deux pays de 1954 à 1967.

Période faste et fruit d’une improbable conjoncture d’intérêts stratégiques et militaires (les évènements d’Algérie mais aussi la volonté de contrer l’Egypte de Nasser) mais aussi politiques (entre dirigeants socialistes des deux côtés), industriels (avec de grands chefs d’entreprise juifs tels que Marcel Bloch Dassault et ses Mirages) et moraux (la volonté de réparer les crimes de Vichy) qui firent que c’est finalement la France (et non les EU ou la Grande-Bretagne) qui fournira à Israël l’outil militaire (nucléaire) de sa survie.

Le tout sur fond de lutte avec le Quai d’Orsay, traditionnellement plus pro-arabe (jusqu’à l’exfiltration du Moufti de Jérusalem Haj Husseini sous un mandat de crimes de guerre, notamment pour son alliance avec les nazis et les exactions de sa légion musulmane en Bosnie) mais surtout soucieux de contrer les avancées britanniques en Egypte et dans le monde arabe en général, et qui s’est d’ailleurs… bien repris depuis avec la surenchère pro-arabe que l’on connait.

La politique israélienne de la France, 1948-68 - 30 novembre 2006 - Léviathan in Analyses\Histoire

Durant la Révolution, le comte de Clermont-Tonnerre déclara devant la Constituante qu’ « il faut tout refuser aux Juifs comme nation et tout accorder aux Juifs comme individus ». La France émancipera les Juifs qui petit à petit céderont aux sirènes de l’assimilation. Un siècle plus tard, l’affaire Dreyfus –qui fera écrire à Barrès « que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race » – réveillera le nationalisme Juif en révélant au grand jour l’antisémitisme de larges fractions de la société française.

De pair avec les péripéties propres à l’histoire des juifs en France, la politique étrangère française n’aura pas toujours été amicale envers le sionisme et l’État d’Israël. Les relations franco-israéliennes sont marquées par une succession d’épisodes dramatiques. Or, dans cette continuité acrimonieuse, une période particulière se détache : celle de l’alliance franco-israélienne de 1954 à 1967.

Comment expliquer cette idylle franco-israélienne qui, en 1956, alliait les deux pays dans une guerre contre l’Égypte? Pourquoi la France, contrairement aux autres États européens demeurés neutres, a-t-elle finalement choisi le camp arabe dans le conflit qui oppose ce dernier à l’État juif? Enfin, est-ce que cette posture est stratégique ou découle-t-elle d’une lutte d’intérêts gagnée par un Quai d’Orsay pro-arabe ?

En réalité, l’alliance franco-israélienne reposait sur une entente tacite qui liait dans une amitié particulière la génération d’hommes politiques socialistes français et israéliens de l’après-guerre. Cette alliance ne survivra pas au retour de la droite et à l’avènement de la Ve république. Le Quai d’Orsay en profitera alors pour regagner le terrain perdu et défaire pour les décennies à venir la relation franco-israélienne.

Genèse d’une alliance

Une alliance stratégique

En 1954, la France accepte de livrer à Israël d’importantes quantités de fournitures militaires. Le contrat, signé par Shimon Pérès et le ministre de l’Air Catroux est le premier de toute une série qui allait lier la France et Israël dans une alliance tacite dirigée contre Nasser [1] . Pour Vincent Auriol, premier président de la IVe république, cette alliance sert les objectifs stratégiques français :

En ce qui concerne la question palestinienne, la donnée fondamentale pour nous est que nous ne pouvions pas admettre la défaite d’Israël. Une victoire arabe se serait traduite par un accroissement de l’agitation en Afrique du Nord. Un État juif au centre du monde arabe était pour nous une garantie de sécurité et d’équilibre [2] .

Pourtant, cette alliance , bien qu’elle s’explique par des intérêts stratégiques croisés, était loin d’être une évidence. En effet, les augures d’une éventuelle alliance franco-israélienne ne sont pas au beau fixe lorsque l’État hébreu accède à l’indépendance en 1948. La France traînera plusieurs mois avant de reconnaître l’État juif et d’établir des relations diplomatiques pleines et entières avec ce dernier [3] . D’ailleurs, la France est traditionnellement proche d’un monde islamique chez qui elle a pris l’habitude de contracter des alliances contre ses rivaux européens. De son côté, Israël est, lors de la guerre d’indépendance, un peuple en lutte contre le mandat britannique et, à cet égard, les non-alignés et l’URSS lui sont bien disposés et lui fournissent même des armes [4] .

Or, tout n’éloigne pas Israël de la France. En effet, bien que les institutions du jeune État soient d’inspiration socialiste, le père de l’indépendance et Premier ministre, D. Ben Gourion, se range derrière les É-U lors de la guerre de Corée [5] . Déjà victime des pressions arabes auprès des non alignés, Israël perdra également le soutien de l’URSS et de ses alliés. Isolé, l’État juif se cherche un protecteur occidental. Les représentants israéliens tenteront, sans grand succès, d’obtenir des armements auprès de Washington et de Londres [6] . Finalement, à la faveur des évènements de l’Algérie et d’une classe politique sympathique envers le sionisme, c’est la France qui aidera Israël à se doter de l’outil militaire qui lui garantira sa survie.

Philosémitisme à Paris

Cette classe politique française, bien disposée à l’égard d’Israël, ne se trouvera que dans les années 1950. « La naissance d’Israël a en effet été saluée en France par de véritables témoignages de sympathie, à la fois politiques et populaires » [7] . Parmi les hommes politiques qui manifestèrent leur sympathie à Israël se trouvent de nombreux socialistes tels « Pierre Mendès France, Georges Bidault, Robert Schuman, Maurice Bourgès-Maunoury, Guy Mollet ou bien encore Christian Pineau » bien que presque tous, gaullistes et communistes, manifestèrent le même enthousiasme [8] . La France, d’ailleurs, éprouve un sentiment de culpabilité envers le peuple Juif pour le rôle joué par Vichy dans les plans nazi [9] . Mais, c’est entre socialistes que s’établissent des relations d’amitié et de respect mutuel entre hommes politiques israéliens et français. Il est vrai que le sionisme triomphant dans l’Israël des premières décennies est également socialiste.

Or, en 1954, P. Mendès France est élu président du Conseil et dans les années qui suivront, on retrouvera à ce poste G. Mollet puis M. Bourgès-Maunoury. Enfin, des industriels français de premier plan, tels M. Dassault, le constructeur des avions Mirage, sont juifs ou font preuve des mêmes dispositions envers Israël [10] . Cette classe politique et ces intérêts industriels contrecarreront les desseins d’un Quai d’Orsay issu d’un tout autre monde. En effet, les socialistes s’affrontent autour du soutien accordé à Israël, aux diplomates issus de l’aristocratie catholique française [11] .

Contraint à réduire la voilure, le Quai d’Orsay devra se contenter de minimiser autant que possible l’ampleur de la coopération franco-israélienne. En effet, ce dernier tentera sans succès de bloquer ou de limiter les livraisons d’armes françaises à Israël [12] . Pour « Pierre Maillard, de la Direction Afrique-Levant, les transactions d’armes franco-israéliennes étaient une aberration et ne constituaient pas une base de coopération entre les deux pays » [13] . A. Thomas, directeur de cabinet du ministre M. Bourgès-Maunoury, évoque « nos litiges et nos chicanes avec le Quai d’Orsay » ou encore comment « il fut convenu que [dans la politique relative à Israël] l’administration du Quai n’y serait en aucun cas mêlée » [14] .

La crise de Suez

Cette rivalité entre le cabinet et l’administration du Quai atteindra son paroxysme à l’occasion de la Crise de Suez en 1956. Pour les affaires étrangères, ce sera le ministre C. Pineau qui s’investira directement dans les préparatifs de l’expédition militaire franco-britannique. Cet état des tensions est bien résumé dans la déclaration de ce dernier au ministère de la Défense : « Surtout pas un mot au Quai d’Orsay! » [15] .

Cet épisode épique est l’occasion d’une intense et secrète activité diplomatique entre, d’une part les principaux actionnaires de la compagnie du canal, le Royaume-Uni et la France et, d’autre part, cette dernière et Israël. C’est aussi l’apogée de la relation privilégiée qu’entretiennent la France et Israël. En effet, la guerre d’Algérie promet d’être longue tandis que Nasser s’est procuré de grandes quantités d’armes en Tchécoslovaquie [16] . L’inquiétude est donc très vive à Paris comme à Tel-Aviv.

S’ensuit alors un épisode inédit dans les rapports personnels qu’entretiennent les dirigeants français et israéliens. Le 22 octobre, D. Ben Gourion s’envole secrètement pour la France où G. Mollet l’accueille à l’aéroport militaire de Villacoublay [17] . D. Ben Gourion vient « implorer » la France de protéger Israël – menacé selon lui dans sa survie même – et de hâter les transferts d’armes ainsi que d’y envoyer la Marine Nationale pour protéger Tel-Aviv et Haïfa [18] . La réponse du président du conseil se fera dans le registre de l’émotion suscitée par l’entretient : « Je ne laisserai pas commettre ce crime », répond-t-il [19] .

La France enverra donc des pilotes, des avions supplémentaires, des chars et trois bâtiments de la Marine Nationale protègeront les cotes israéliennes. Un an plus tard, après la vente par la France du réacteur nucléaire de Dimona, les liens entre les deux pays commenceront lentement à se détériorer [20] .

La revanche du Quai d’Orsay

La classe politique contre le Quai

L’alliance franco-israélienne, nous l’avons vu, s’est forgée contre l’avis du Quai d’Orsay et sans son concours. Elle a, certes, lié étroitement les militaires et les industriels des deux pays jusque dans une intense coopération nucléaire [21] mais elle s’est surtout forgée au-delà des calculs d’intérêt parce que toute une génération d’hommes politiques français partageaient avec leurs compères israéliens des affinités particulières : ils étaient majoritairement socialistes, français comme israéliens ; certains parmi les Français étaient juifs, d’autres, juifs comme non juifs, furent des résistants, avaient combattu le nazisme ensemble et gardaient parfois le souvenir des camps de concentration, les Français voulaient donner un sens moral à leur action et réparer les crimes de Vichy. En outre, Israël était véritablement isolé et sans le concours de la France, cet État risquait de se trouver dans une position intenable face à la pression arabe [22] .

Or, cette alliance reposait essentiellement sur des relations personnelles, sur des engagements non écrits ou encore sur une admiration réciproque des Israéliens pour la patrie de la Révolution et des Français, tel l’ambassadeur Gilbert à Tel-Aviv– une exception au sein du personnel du Quai – face à la résurrection d’Israël [23] . Shimon Pérès décrira cette alliance en des termes qui rendent bien cet état d’esprit français, cette idée de remplir un devoir moral en protégeant Israël :

L’alliance avec la France fut une amitié presque sans précédent dans les annales des relations internationales. Dépourvue de caractère officiel, elle ne fit l’objet d’aucun traité formel et se développa dans un esprit de confiance et de compréhension mutuelles dont on trouve rarement l’exemple entre gouvernements [24] .

Cette relation très spéciale ne survivra pas à l’épreuve du temps et de la rotation des personnels politiques. En 1958, la France se dotera d’une nouvelle constitution et la gauche ne récupèrera le pouvoir qu’en 1981, à l’occasion de l’élection de F. Mitterrand. En effet, l’absence d’engagements écrits entre la France et Israël, la non institutionnalisation de cette relation privilégiée facilitera la tâche à un Quai d’Orsay tout disposé à défaire les liens que les deux pays ont tissés dans les années 1950. C’est que le calcul stratégique du président Auriol ne faisait déjà pas l’unanimité et, d’ailleurs, même les amis d’Israël dans les différents cabinets de la IVe république n’étaient pas tous, loin s’en faut, de farouches partisans de l’Algérie française [25] .

Or, c’est parmi les partisans de la traditionnelle politique arabe de la France que se recrutera le futur ministre des affaires étrangères sous les gouvernements Debré et Pompidou : M. Couve de Murville. Ce dernier était, d’ailleurs, très critique envers l’expédition de Suez et le maintient de l’Algérie française et il mènera jusqu’à son terme la reconquête par la bureaucratie du Quai de ses prérogatives diplomatiques [26] .

C’est l’heure où la France, en changeant de personnel politique, change également l’interprétation de ses intérêts stratégiques. La fin de la guerre d’Algérie coïncidera avec l’intensification du rythme de la reconquête des positions françaises dans le monde arabe. En 1959, alors que le monde arabe a placé Israël sous embargo économique, le Quai d’Orsay parvient à faire annuler un contrat de montage de voitures Renault à Haïfa [27] . La coopération nucléaire franco-israélienne sera arrêtée en 1963 et Israël éprouvera des difficultés grandissantes pour se procurer du matériel militaire français à partir de 1965 [28] .

Pour le Quai d’Orsay, les intérêts de la France jouent en faveur du camp arabe. En 1963, un rapport officiel est remis au général de Gaulle. Il y est écrit que la relation avec Israël ne rapporte aucun crédit à la France dans le monde arabe aussi est-il souhaitable de la réduire afin d’instaurer des rapports plus étroits avec ce dernier [29] . Lorsqu’en 1966, A. Eban, ministre israélien des affaires étrangères, s’émeut des signes précurseurs de ce retournement, M. Couve de Murville lui rétorquera que « le caractère des liens entre Israël et la France ne justifient pas que le général de Gaulle vous tape sans cesse sur l’épaule pour vous rassurer » [30] .

L’ «idéologie» du Quai d’Orsay

Si, pour les hommes de la IVe république, l’alliance avec Israël était une entreprise morale, la rompre l’est aussi pour les hommes du Quai d’Orsay. C. Pineau écrira dans son autobiographie que la politique du Quai était motivée par un antisémitisme « plus ou moins conscient » [31] . De son côté, le Quai d’Orsay brûle de reprendre la traditionnelle « politique musulmane » de la France [32] .

Cette politique puise son inspiration dans l’Histoire. En 1535, François Ier contracte une alliance stratégique avec le Sultan ottoman Soliman dont la contrepartie est le droit de la France de protéger les chrétiens de la Terre sainte [33] . Trois siècles plus tard, la France rêve d’un Empire franco-arabe pour contrer la pénétration britannique en Égypte [34] . À l’occasion de l’affaire Dreyfus, le Quai d’Orsay demeurera neutre quoique attentif. Nombre de ses diplomates seront convaincus jusqu’à la fin que le capitaine Dreyfus était coupable parce que juif [35] . Dans la première moitié du XXe siècle, des diplomates pensent que le judaïsme est « une grande force internationale », que des Juifs puissants exercent une influence occulte sur « des gouvernements ignorants » ou encore que, durant la Première guerre, ils détiennent le sort de la France entre leurs mains [36] .

Dans un mémorandum adressé au président du conseil, G. Clemenceau, J. Gout, diplomate chargé de la section Asie étale son appréciation du sionisme : ni mouvement national ni socialiste, il serait talmudique [37] . Durant l’Entre-deux-guerres, le mouvement sioniste est perçu comme une menace par des Français installés au Liban et en Syrie voisins. Cette menace revêt, dans les mots de de Caix, l’envoyé à Jérusalem du Haut commissaire français à Damas, le caractère d’une conspiration anglo-juive contre les intérêts franco-chrétiens [38] .

En 1945, le mufti de Jérusalem, Haj Husseini tombe entre les mains des autorités françaises. Hier allié des nazis, il recruta une légion SS musulmane en Bosnie. Recherché par les Alliés pour être jugé, le Quai d’Orsay l’aidera à rentrer en Palestine estimant qu’il est une relation que la France doit se ménager [39] . Enfin, nombre de diplomates étaient également des hommes de Lettres. Dans leurs ouvrages transparaît un antisémitisme « mondain ». Par exemple, P. Morand écrit une nouvelle intitulée Mort d’un Juif dans laquelle un Juif, sur son lit de mort, refuse de payer son médecin tant que le taux de change ne s’améliore pas [40] .

En réalité, le personnel du Quai d’Orsay est conservateur, généralement composé de fervents catholiques de descendance nobiliaire. Ils évaluent le sionisme et les Juifs à travers le prisme de leur foi et non de l’antisémitisme racial des nazis. Il s’agit d’un antisémitisme plus diffus et plus ancien, contre ce qu’en d’autres temps l’on nommait le peuple déicide. Cette manière imprégnée de mysticisme d’envisager les Juifs ne se dément d’ailleurs pas, même auprès d’un P. Claudel naguère antidreyfusard [41] et qui s’éveilla au contact de fréquentations juives à leur humanité. Horrifié par les lois ségrégationnistes de Vichy et par la Shoah, il concevra le sionisme comme un mouvement rédempteur, méditera sur la vocation du peuple Juif et sa divine mission [42] . Il continue, néanmoins, de résister à l’idée plus prosaïque d’un mouvement national comme un autre.

1967 ou la politique arabe de la France

Quelles que soient les préférences du Quai d’Orsay, le Gal de Gaulle conserve tout au long de son mandat de solides amitiés israéliennes. Une correspondance régulière s’établit entre lui et D. Ben Gourion et le président français assure Israël que la France ne le « laissera pas détruire » [43] . Pourtant, le Gal ordonne l’arrêt, en 1962, « des exercices « Spontex », censés permettre l’intervention des forces françaises au côté d’Israël en cas d’agression arabe contre l’État hébreu » [44] . Lorsque la crise éclate entre Israéliens et Arabes en mai-juin 1967, de Gaulle menace d’embargo sur les armes le camp qui déclenchera les hostilités le premier, ce qui, en pratique, ne concerne qu’Israël, les arabes s’abreuvant chez les soviétiques [45] .

Or, il semble bien que le Quai d’Orsay a, en dépit de la forte personnalité du Général, gagné une bataille décisive. En effet, ce dernier « oubliera » les engagements contractés par la France concernant la liberté de navigation dans le golfe d’Aqaba [46] . Après la guerre des Six jours, le Gal finira, à son tour, par qualifier la France de « puissance musulmane » [47] . Quelques mois après, l’embargo partiel sur les armes sera total et la France se ralliera aux thèses soviéto-arabes contre Israël et les É-U [48] .

Enfin, le Gal de Gaulle prononcera le 28 novembre 1967 un discours dont les accents ne sont pas sans faire penser aux influences qui traversent le Quai d’Orsay. Il y parlera d’« un État d’Israël guerrier et résolu à s’agrandir » et des Juifs comme d’« un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur » [49] . Plus inquiétante encore est la phrase suivante : « en dépit du flot tantôt montant, tantôt descendant, des malveillances qu’ils provoquaient, qu’ils suscitaient plus exactement dans certains pays et à certaines époques » [50] .

Conclusion


Les propos tenus par le Gal de Gaulle lors de sa célèbre conférence de presse du 28 novembre 1967 suscitèrent une vive polémique. R. Aron s’indigne de l’ambiguïté contenue dans la dernière phrase reproduite ci-haut qu’a prononcée le Gal : les Juifs provoquaient-ils ou suscitaient-ils ces malveillances, plus exactement [51] ? Pour Aron,

Les Juifs de France ou, pour mieux dire, du monde entier, ont immédiatement saisi la portée historique des quelques mots prononcés le 28 novembre 1967 par le Président de la République française : les antisémites (et M. Xavier Vallat n’a pas eu un instant d’hésitation) recevaient du chef de l’État l’autorisation solennelle de reprendre la parole et d’user du même langage qu’avant le grand massacre [52] .

En même temps et toujours au sein de la même polémique, des juifs, même assimilés comme Aron, furent accusés de double allégeance [53]. En effet, Aron établit le lien entre cette suspicion et deux France qui, l’une émancipatrice, n’entend rien concéder aux juifs en tant que nation mais tout, en tant qu’individus et l’autre, héritière de l’Édit de Nantes, les considère comme un corps étranger. Cette dernière tendance, conservatrice, est celle du Quai d’Orsay où la « carrière » était fermée aux citoyens non catholiques et qui leur demeure, encore aujourd’hui, d’un accès plus difficile [54] .

En 1967, si le Quai d’Orsay ne détermine pas tout à fait les orientations de la politique étrangère française – c’est le président de la république qui, en dernier ressort, en décide – il n’en atteint pas moins un objectif qui a toujours été le sien : celui de nouer avec le monde arabe une relation spéciale, à la fois pour des questions d’intérêt national et par une connivence réelle avec le monde islamique. « Indéniable, la politique arabe de la France » pas moins que « l’antisémitisme historique des élites françaises » et « le parti pris systématique des diplomates du Quai d’Orsay [contre Israël] » [55] .

Les intérêts du « monstre froid » qu’est l’État ne suffisent donc pas à expliquer non pas la politique arabe de la France mais ce qui vient en plus et n’y est pas strictement nécessaire, c’est-à-dire la surenchère pro-arabe à laquelle se livre sa diplomatie. Pour le comprendre, il faut donc en remonter aux traditions, en particulier prérévolutionnaires, telles qu’elles se perpétuent encore au sein d’une bureaucratie : celle du Quai d’Orsay.

[1] Pierre Razoux. Tsahal. Nouvelle histoire de l’armée israélienne (Paris : Perrin, 2005), 133.

[2] Également cité par Razoux : Id. Vincent Auriol. Journal du septennat (Paris :Armand Colin, 1974).

[3] David Pryce-Jones, « La diplomatie française, les Juifs et les Arabes », Commentaire 112 (2005-6), 851.

[4] Razoux, Tsahal, 80.

[5] Ibid., 131.

[6] Id.

[7] Ibid., 132.

[8] Id.

[9] Id.

[10] Id. Voir aussi Pryce-Jones, « La diplomatie française », 852.

[11] Ibid., 833 et 852.

[12] Ibid., 852.

[13] Id.

[14] Id.

[15] Id.

[16] Razoux, Tsahal, 136.

[17] Jacques Benoist-Méchin, Le roi Saud ou l’orient à l’heure des relèves (Paris, Éditions Albin Michel, 1960), 414.

[18] Ibid., 415.

[19] Id.

[20] Pryce-Jones, « La diplomatie française », 852.

[21] Maurice Vaïsse, « La diplomatie française, les Juifs et les Arabes.Réponse à David Pryce-Jones », Commentaire 115 (2006), 621. Voir aussi: Razoux, Tsahal, 143-6.

[22] Benoist-Méchin, Le roi Saud, 415. Voir aussi: Razoux, Tsahal, 132.

[23] Pryce-Jones, « La diplomatie française », 852.

[24] Razoux, Tsahal, 135.

[25] C’est le cas du député Pierre Mendès France. Voir : Benoist-Méchin, Le roi Saud, 430.

[26] Pryce-Jones, « La diplomatie française », 853.

[27] Id.

[28] Id.. Voir également : Razoux, Tsahal, 180.

[29] Id.

[30] Id.

[31] Ibid., 850.

[32] Ibid., 853.

[33] Vaïsse, « La diplomatie française », 616.

[34 Pryce-Jones, « La diplomatie française », 837.

[35] Ibid., 836-9.

[36] Ibid., 839.

[37] Ibid., 839-41.

[38] Ibid., 840.

[39] Ibid., 846.

[40] Ibid., 843.

[41] Vaïsse, « La diplomatie française », 618.

[42] Pryce-Jones, « La diplomatie française », 844-5.

[43] Vaïsse, « La diplomatie française », 622. Également cité par Razoux, Tsahal, 179.

[44] Razoux, Tsahal, 179-80.

[45] Pryce-Jones, « La diplomatie française », 853.

[46] Raymond Aron, « Les ironies tragiques de l’histoire » dans Raymond Aron, De Gaulle, Israël et les Juifs (Paris, Plon, 1968), 79.

[47] Pryce-Jones, « La diplomatie française », 854.

[48] Raymond Aron, « Pourquoi » dans Raymond Aron, De Gaulle, Israël et les Juifs, 95-98. Voir aussi : De Carmoy, « The Last Year of de Gaulle’s Foreign Policy », International Affairs 45 (1969), 429-30.

[49] ORTF, Conférence de presse du général de Gaulle, 28 novembre 1967 (Paris :ORTF). En ligne.

[50] Id.

[51] Raymond Aron, « Le temps du soupçon » dans Raymond Aron, De Gaulle, Israël et les Juifs, 16.

[52] Ibid., 17.

[53] Ibid., 44-7.

[54] Pryce-Jones, « La diplomatie française », 836-49.

[55] Vaïsse, « La diplomatie française », 615-16.
Article originally appeared on Leviathan (http://leviathan22.squarespace.com/).
La politique française face au conflit israélo-arabe - 1
26 août 2007, 15:33
La politique française face au conflit israélo-arabe - 6-02-2006 -
de la création d’Israël à la fin de la présidence du général de Gaulle
1947 à 1969


Introduction

Le conflit israélo-arabe est né avant même la création d’Israël. Mais dans la deuxième moitié du XXe siècle, il va occuper une place fondamentale dans les relations internationales. En effet l’après-Deuxième guerre mondiale voit le Proche-Orient, région de pays émergents, gagner une importance stratégique exceptionnelle : sa situation géographique, carrefour entre la Méditerranée et la mer Rouge par le biais du canal de Suez, donc entre l’Orient et l’Occident, à cheval sur les continents européen, africain et asiatique, ainsi que ses réserves d’énergie – notamment de pétrole –, en font un enjeu essentiel dans la guerre froide qui s’installe. Dès lors, le conflit israélo-arabe s’inscrit dans une triple dimension : contexte international de guerre froide, contexte régional de décolonisation, et contexte local de rivalités interarabes et israélo-arabes.

Les grandes puissances occidentales ont tout intérêt à exercer une influence au Proche-Orient. La France y est traditionnellement impliquée, en rivalité avec la Grande-Bretagne, mais après-guerre, l’influence de ces deux puissances coloniales est en déclin dans la région. A l’inverse, les Etats-Unis s’y implantent chaque jour davantage, dans le contexte de sa lutte d’influence avec l’Union soviétique. La politique française au Proche-Orient va donc devoir tenir compte de ces nouvelles données : sa perte d’influence au profit des deux superpuissances, le réveil des nationalismes, notamment juif et arabe, et les instabilités régionales dues aux luttes interarabes.

Nous allons donc étudier la politique française face au conflit israélo-arabe, de la création d’Israël à la fin de la présidence du général de Gaulle, à travers les documents des archives du ministère des Affaires étrangères et des mémoires et témoignages de certains acteurs de la politique étrangère de l’époque. Ces différentes sources permettent de mettre en évidence les objectifs de la politique étrangère, et de les confronter avec les moyens mis en œuvre pour y parvenir, et les résultats obtenus. Cette étude s’inscrit dans une démarche historique, et s’applique donc a replacer les faits dans leurs contextes pour ne pas les interpréter uniquement au vu de leurs conséquences.
Ce travail, compte tenu du nombre de pays que le conflit israélo-arabe met en scène successivement ou simultanément, nécessite l’étude des relations bilatérales de la France avec plusieurs Etats du Proche-Orient. Les pays qui reviennent le plus souvent sur le devant de la scène sont Israël et les Etats limitrophes, à savoir le Liban, la Syrie, la Jordanie, et l’Egypte. Il est important de souligner qu’aucun de ces pays n’est producteur de pétrole ; toutefois la solidarité interarabe oblige souvent les puissances à tenir compte du facteur pétrolier.

Cette étude est divisée en deux parties : la première concerne la politique de la IVe République vis-à-vis du Proche-Orient (I), et la seconde étudie l’évolution de la politique du général Charles de Gaulle (II).

I- La IVe République et le Proche-Orient

Tout d’abord, pour comprendre la politique française face à la création d’Israël, il est important de retracer brièvement son attitude envers le nationalisme arabe et le nationalisme juif, ou sionisme, depuis le début du XXe siècle.
Le problème récurrent de l’étude de la politique étrangère de la France réside dans les différentes composantes qui participent à son élaboration. Entre la ligne définie par les gouvernements successifs, et la continuité assurée par le ministère des Affaires étrangères, appelé plus souvent le Quai d’Orsay compte tenu de sa situation géographique dans la capitale, il y a parfois un fossé tel, que la réalité de la politique française est difficile à retracer.
Or le Quai d’Orsay est traditionnellement attaché à une politique philo-arabe, avec le sentiment que la France a un rôle à jouer dans cette partie du monde : depuis l’alliance entre François Ier et Souleymane, la campagne d’Egypte de Napoléon Bonaparte en 1798, et l’invasion de l’Algérie en 1830, la France revendique son rôle de protecteur des minorités chrétiennes de l’empire ottoman, notamment en terre sainte. L’administration de Napoléon III a élaboré le concept d’un « royaume franco-arabe », allant même jusqu’à considérer la France comme une « puissance musulmane ». Parallèlement à cette tendance politique, une propension à l’antisémitisme, lisible au travers des archives diplomatiques, a longtemps caractérisé le Quai d’Orsay – ce qui était plutôt répandu à cette époque. Au début du XXe siècle, les commentaires des ambassadeurs successifs en Russie tzariste, en pleine période de pogroms, sont représentatifs : A. Bompart, en 1902, « passe sous silence les perturbations antijuives […]. Les Juifs sont […] des nihilistes et des agitateurs ». Son successeur à Saint Petersbourg Maurice Paléologue parle des « défauts héréditaires et des mauvaises passions » des Juifs. Dans les années vingt, les services diplomatiques s’ouvrent aux Juifs, mais comme le souligne J.-B. Barbier dans ses mémoires, « la carrière n’a pas de Juifs parmi ses membres », au moins pour les postes importants ; il ajoute que le fait que certains parviennent à pénétrer le service est « désastreux » [1].
Pour des raisons sans doute autant idéologiques que politiques, le Quai d’Orsay s’est sans hésitation positionné contre le sionisme, au prétexte qu’il allait à l’encontre du projet d’expansion du Protectorat catholique français au Levant. Pour contrer le mouvement sioniste, il va dans une certaine mesure apporter son soutien à la naissance du nationalisme arabe : en aidant à financer le journal l’Indépendance arabe, par exemple. C’est également à Paris que se tient le meeting de juin 1913 qui fonde le mouvement arabe nationaliste.
Cependant, lors du démantèlement de l’empire ottoman, la volonté française d’obtenir le mandat de la « Grande Syrie » (Syrie, Liban, et partie de la Palestine sur la rive occidentale du Jourdain), amène le Quai d’Orsay à émettre quelques ouvertures envers les sionistes en 1916-1918, notamment la déclaration Cambon en juin 1917, lettre de Jules Cambon aux mouvements sionistes. Mais rien qui puisse s’apparenter à la Déclaration Balfour du 2 novembre 1917, lettre de Lord Balfour, approuvée par la Chambre des Lords, à un dignitaire de la famille Rotshild, qui envisageait favorablement la création d’un foyer national juif en Palestine – ce qui n’a pas empêché la Grande Bretagne de voter contre le plan de partage de la Palestine donnant naissance à l’Etat d’Israël vingt ans plus tard. Quand finalement, la Société des Nations (SDN) confie le mandat de la Palestine à la Grande-Bretagne en 1920, c’est en reprenant et ainsi en avalisant la Déclaration Balfour [2].
Aussi la France, ayant obtenu les mandats de la Syrie et du Liban, mais pas de Syrie intégrale comme elle le souhaitait, ne peut que se réjouir des agitations arabes contre son éternel rival britannique. Le Quai d’Orsay développe la théorie d’une alliance judéo-britannique contre les Arabes chrétiens et musulmans et les Français, pour alimenter les révoltes. Le général Gouraud, en poste à Damas, aurait même écrit au Quai d’Orsay que la France ne peut pas abandonner ces Musulmans seuls et sans arme face au sionisme, et aux Britanniques vendus aux Juifs [3]. Ce qui n’a pas convaincu les Arabes, notamment à cause du soutien britannique aux troupes arabes contre l’empire Ottomans et aux relations difficiles entre les pionniers juifs et l’état-major mandataire britannique.
Par ailleurs, les Français, qui étaient également la cible du nationalisme arabe dans leurs propres mandats, devaient gérer dès la fin des années trente et pendant la Deuxième guerre mondiale les réactions des Arabes face aux réfugiés Juifs européens qui tentaient de rejoindre le Proche-Orient pour fuir les persécutions. Pour ménager la susceptibilité des Syriens et des Libanais, l’administration mandataire refusait l’entrée aux Juifs qui n’avaient pas au préalable obtenu le visa britannique d’entrée en Palestine. Ils ne délivraient que des visas de transit.
Pendant la guerre, les choses sont plus floues : le Quai d’Orsay ne peut exercer son rôle sous le régime de Vichy, et le représentant de ce régime, le général Dentz, tente de maintenir dans les mandats du Levant une vague neutralité. Parallèlement, les Forces françaises libres du général de Gaulle, par la voix du général Catroux, promettent l’indépendance aux mandats syrien et libanais. Mais la fin de la guerre et la victoire des alliés en Europe coïncident avec l’expression de revendications nationalistes dans les territoires français et sous contrôle français. Ainsi en Algérie, entre le 1er et le 8 mai 1945 éclate la révolte de Sétif et le massacre qui s’ensuivit, et les soulèvements en Syrie et au Liban apparaissent à la fin du mois. Si les forces françaises en Algérie sont seules souveraines, il n’en est pas de même au Levant. Les Britanniques sont présents, bien plus nombreux, et ils obligent les Français à admettre l’indépendance des mandats. C’est la fin des responsabilités officielles de la France au Levant.

C’est aussi la fin de la guerre : la France est à reconstruire, ainsi que sa politique étrangère. Le Quai d’Orsay reprend peu à peu ses fonctions, mais les premiers pas de la IVe République sont hésitants quant à la politique à adopter au Proche-Orient.
Cette partie est divisée en deux phases chronologiques. Tout d’abord nous étudierons l’attitude ambiguë de la France face à la création d’Israël et sa politique prudente vers un rapprochement avec l’Etat hébreu (A), ensuite l’apogée de l’amitié franco-israélienne sur fond de guerre d’Algérie et à l’aune de la crise de Suez, dans les dernières années de la IVe République (cool smiley.

A- 1945-1956 : La France face à la création et aux premiers pas d’Israël : de l’ambiguïté au rapprochement

La création d’Israël, prévisible depuis le plan de la commission Peel en 1937, s’inscrit finalement dans les perturbations géopolitiques de l’immédiat après-guerre, dont la France est loin d’être épargnée. Absente de la conférence de Yalta du 4 au 11 février 1945, elle obtient pourtant à la nouvelle Organisation des Nations Unies (ONU) un siège de membre permanent au Conseil de sécurité avec droit de veto, au même titre que la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) et la Chine. Dans la guerre froide qui commence à se mettre en place – notamment au Moyen-Orient dès 1946-1947 avec les revendications soviétiques sur une partie des pétroles iraniens et le contrôle des détroits turcs –, la France est résolument ancrée à l’Ouest.

Par ailleurs, si l’occupation et la prise de conscience de ce qu’a été la Shoah ont provoqué une vague de sympathie judéophile en France à la fin de la guerre, le Quai d’Orsay n’en est pas pour autant représentatif : le traitement infligé au Grand Mufti de Jérusalem, le Hadj Amine el-Husseini, échoué entre les mains des autorités françaises après s’être vu refusé l’asile en Suisse, en témoigne. Responsable des précédents rejets de partage de la Palestine, de plusieurs révoltes arabes ayant coûté la vie à de nombreux Juifs, Arabes et Britanniques, il s’était déjà échappé par le Liban avec la connivence française en 1938. Son attitude pendant la Deuxième guerre mondiale est sans ambiguïté : ami d’Hitler comme en témoigne leur correspondance, et des plus hauts dignitaires nazis comme l’attestent de nombreuses photos, el-Husseini est recherché comme criminel de guerre par les Britanniques. Mais selon les autorités hexagonales, il a porté davantage préjudice aux Britanniques qu’aux Français, et il est capable de fédérer les Musulmans en Terre Sainte contre les Britanniques. La France lui propose alors une collaboration franco-arabe pour contrer la coalition anglo-juive, pour l’avenir de la Syrie et de la Palestine. Elle refuse donc de le livrer aux Anglais, et le laisse s’échapper via le Caire. Ce qui paraît un juste retour de médaille à l’heure où les Britanniques évincent peu à peu leurs rivaux français de la région, est également un geste antisioniste dont l’ampleur est difficile à évaluer : el-Husseini va ensuite orchestrer la politique anti-juive à la naissance de l’Etat d’Israël.
Face à celle-ci, la France est divisée : l’opinion française, nombre d’intellectuels, d’hommes politiques, ont une sympathie réelle envers le mouvement sioniste. Chaque organisation représentative du mouvement a d’ailleurs un bureau à Paris. Les autorités ont tendance à fermer les yeux sur les navires partant de la côte méditerranéenne – notamment de Marseille – emportant réfugiés, matériels en tous genres, armes… Mais le Quai d’Orsay, encore une fois, n’est pas représentatif de cette sympathie. L’ensemble des diplomates spécialisés sur l’Orient sont catégoriques : le soutien au sionisme ne peut que favoriser le nationalisme arabe et l’entraîner à l’encontre des intérêts français. La décision est difficile à prendre au moment du vote sur la partition de la Palestine à l’Organisation des Nations Unies : le Quai d’Orsay est contre la création d’un Etat juif, et propose l’abstention ; certains membres sont même prêts à voter contre, comme l’orientaliste Louis Massignon. Le Ministre des Affaires étrangères, Georges Bidault, est assez sensible aux arguments de son administration, qui entend préserver les relations franco-syriennes et franco-libanaises. Ce sont les pressions conjointes du tout nouveau Président du Conseil, Robert Schuman [4], et de l’ancien chef du gouvernement provisoire encore très influent, Léon Blum, qui feront basculer le vote de la France, en dernière minute, au grand dam de certains diplomates du Quai d’Orsay, dont certains auraient alors qualifié leur propre pays de « république bananière ». Il est vrai qu’à cette époque, on trouve encore dans les archives diplomatiques françaises, à côté des notes d’information sur les dirigeants sionistes tels David Ben Gourion et Moshe Shartok (qui deviendra Sharett), la mention, ajoutée à la main : « nationalité : juif ».
Le 29 novembre 1947, la France fait donc partie des 33 pays qui se prononcent pour la partition de la Palestine (13 votes contre et 10 abstentions). La région est donc divisée en sept morceaux, trois censés représenter un Etat arabe, trois autres, un Etat juif, et le dernier, Jérusalem, confié à une gestion internationale sous contrôle des Nations Unies. Le plan est accepté par l’Organisation sioniste mondiale, alors qu’il est refusé par les Etats arabes et par la représentation arabe de Palestine, le Mufti Amine el-Husseini [5].

Le 15 mai 1948, les forces britanniques quittent la Palestine, alors que dans la nuit du 14 au 15 mai, David Ben Gourion déclare l’Indépendance d’Israël : les armées arabes envahissent Israël, et la guerre d’Indépendance qui s’ensuit, soit la première guerre israélo-arabe, modifie considérablement les frontières établies par le plan de partage. Face à ces nouveaux événements, la France garde un silence discret, refusant de reconnaître l’Etat juif nouveau-né, alors que de nombreux Etats s’empressent de le reconnaître, pensant ainsi entériner la création d’Israël et mettre un terme à la guerre d’annihilation des Etats arabes. Même les Etats-Unis et l’Union soviétique, dans le contexte de la montée des tensions entre les deux géants, reconnaissent de facto Israël à peine né, respectivement les 15 et 17 mai 1948 [6], pour s’attirer les faveurs du jeune Etat. En effet, alors que les organisations sionistes et les premiers pas du pays sont financés par la communauté juive américaine, Israël semble prendre une direction socialisante avec le système communautaire des kibboutzim.
Cependant, lorsque l’ONU crée la Commission de conciliation pour la Palestine le 11 décembre 1948, qui vise à faire accepter aux deux parties un armistice sur la base de la résolution 181 sur la partition – renforçant ainsi Israël à un moment crucial –, cette commission est composée de la France, des Etats-Unis et de la Turquie. On admet donc encore que la France ait un rôle à jouer au sein de la communauté internationale dans la région du Proche-Orient. La reconnaissance de la France se fait toujours attendre : elle n’interviendra qu’en janvier 1949 de facto, et de jure quatre mois plus tard. Et encore, la France ne reconnaît Israël qu’en tant que gouvernement, et non en tant qu’Etat souverain tel qu’il est : la France ne veut en aucun cas présumer de l’avenir des territoires acquis par Israël lors de cette guerre, et qui étaient attribués aux Arabes par le plan de partage des Nations Unies. En revanche, personne ne conteste l’annexion de la bande de Gaza par l’Egypte, ni celle de la Cisjordanie par la Jordanie – qui donne naissance à la Transjordanie –, parties dévolues à l’Etat arabe de Palestine et non-annexées par Israël lors de cette guerre défensive.
La politique de la France, ambiguë et hésitante, se poursuit un certain temps. Le Quai d’Orsay est très circonspect quant aux collaborations possibles entre la France et Israël, et refuse fermement de lui vendre des armes, au motif que les relations avec la Syrie sont déjà tendues et qu’un soutien militaire à l’Etat hébreu évincerait l’espoir d’une amélioration. En revanche, dès la fin de la guerre d’Indépendance, les ventes d’armes à la Syrie et au Liban reprennent, de même que les ventes britanniques à l’Irak, la Jordanie et l’Arabie saoudite. Le déséquilibre militaire menace dangereusement le Proche-Orient, et particulièrement Israël, d’où l’idée américaine de la Déclaration tripartite – signée par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, et la France –, supposée réguler les ventes de matériel de guerre aux pays de cette région explosive, les limiter aux armes défensives, et préserver le statu quo pour qu’il ne soit pas modifié par la force. Elle est rendue publique le 25 mai 1950, et affirme que les trois puissances agiront pour empêcher toute violation des lignes d’armistices de 1949. Il s’agit donc théoriquement d’une garantie formelle de l’existence et de la sécurité d’Israël [7].

Dès le début des années cinquante, la France perd encore de l’influence dans les pays arabes. Dans cet après-guerre difficile, où la puissance française est remise en question par la suprématie des deux Grands, les colonies de la France apparaissent comme le seul moyen de recouvrer sa place dans le monde. A l’heure du réveil des nationalismes, son attitude lui attire chaque jour davantage d’hostilité sur la scène internationale.
Parallèlement le Moyen-Orient connaît à cette époque des perturbations notables : les indépendances successives donnent naissance à de nouveaux Etats, qui doivent trouver leur place dans le paysage politique clivé de la guerre froide. Les Etats-Unis se sont assurés le soutien des trois Etats du Northern Tiers – Iran, Irak, et Turquie, laquelle est également membre fondateur de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord – et du Pakistan, qui représentent une barrière géographique à l’Union soviétique, dans le cadre d’un pacte de défense régionale dit le pacte de Bagdad, dont la Grande-Bretagne est également signataire, mais auquel la France n’a pas été invitée à participer. Les Etats-Unis ne font pas officiellement partie de ce pacte : l’Irak et l’Egypte étant rivaux pour le leadership du monde arabe, ils ne veulent pas s’afficher avec le premier au sein d’un pacte auquel la seconde refuse d’adhérer. L’Egypte est un des pays les plus influents de la région, mais le régime du roi Farouk, allié des Occidentaux, est renversé le 26 juillet 1952 par un coup d’Etat militaire qui propulse le colonel Gamal Abd el-Nasser au pouvoir. Alors que le nationalisme arabe et le panarabisme deviennent des causes de plus en plus populaires, le basculement de l’Egypte est un facteur de trouble au Proche-Orient. Nasser s’autoproclame le leader de la lutte contre « l’ennemi sioniste ». Or dès les premiers troubles au Maghreb, il endosse également la lutte contre la France coloniale, notamment par la radio du Caire La Voix des Arabes.
La France, qui voyait déjà d’un mauvais œil le nationalisme arabe, ne peut que désigner Nasser comme son ennemi numéro un. En novembre 1954, des émeutes en Algérie marquent le début de la longue et meurtrière Guerre d’Indépendance, que la France considère comme orchestrée par le chef de fil du nationalisme arabe, Nasser, lequel en effet accueille, finance et arme le Front de Libération Nationale (FLN). Elle est alors évincée des affaires proche-orientales par les Américains, qui craignent d’être identifiés à leur allié colonialiste, lequel fait gagner des points à l’URSS. Or parmi les Etats qui n’ont pas affirmé leur attachement à l’Occident, notamment les tenants du nationalisme arabe, la clé est l’Egypte, d’où les efforts américains pour l’empêcher de devenir un pays satellite, malgré les premiers signes de rapprochement en 1955 (accord de vente d’armes signé à l’automne avec la Roumanie), et nonobstant l’attitude française qui la désigne déjà comme un suppôt de l’URSS (l’affirmation de non-alignement de Nasser à la conférence de Bandœng en 1955, si elle a agacé les Américains, leur a aussi donné l’espoir de retenir l’Egypte hors du camp socialiste). Les tentatives américaines pour amener Arabes et Israéliens à un compromis sont donc menées sans l’aide des Français.

C’est cette situation qui permet un rapprochement entre la France et Israël : poussée par l’attitude anglo-saxonne qui tend à l’exclure du Proche-Orient et par les guerres de décolonisation qui lui valent l’hostilité de la majorité des pays émergents, la France a trouvé en l’Etat d’Israël un allié stratégique non négligeable : il représente à la fois l’opportunité de conserver un pied au Levant, et un marché pour son industrie d’armement qui parvient enfin à se rétablir dans les années 1953-1954 [8] – notamment grâce aux achats israéliens massifs de Mirage I et II pour faire face à une éventuelle mise en œuvre des menaces de destruction de Nasser. De plus, ce dernier crée une communauté d’intérêt entre la France et Israël, dans la mesure où il en fait les premières cibles du nationalisme arabe, et devient donc l’ennemi numéro 1 pour les deux pays.
Dans ce contexte, les réticences du Quai d’Orsay sont écartées par les gouvernements successifs, d’autant que le ministère de la Défense se révèle particulièrement favorable à l’Etat hébreu. Pierre-Etienne Gilbert, premier diplomate français à exprimer son admiration pour Israël, est nommé en 1953 Ambassadeur à Tel-Aviv. Parallèlement, pendant les gouvernements Pierre Mendès-France, Edgar Faure et Guy Mollet, sans citer tous les ministres qui se succèdent aux Affaires étrangères et à la Défense nationale, des personnalités telles que Christian Pineau, Pierre Kœnig, Maurice Bourgès-Maunoury (etc.), influencent considérablement la politique française vers une plus grande collaboration avec Israël. Malgré les tentatives du Quai d’Orsay pour limiter les ventes d’armes, la coopération franco-israélienne devient « étroite et multiforme : les diplomaties des deux pays semblent complémentaires » [9]. Les stratégies française et israélienne s’accordent sur la forme comme sur le fond : dans une vision – peut-être un peu trop manichéenne – de la situation internationale, qui s’apparente à l’adage simpliste « les ennemis de mes ennemis sont mes amis », Français et Israéliens montrent du doigt Nasser et le panarabisme comme les démons perturbateurs qui menacent la sécurité des deux Etats, Israël dans son existence même et la France dans ses départements d’Algérie.
Parallèlement, les relations de la France avec les Etats arabes se dégradent au point de cesser toute transaction d’ordre militaire, de peur que des armes de fabrication française ne se retournent contre l’armée de l’Etat en tombant entre les mains des insurgés algériens. Dès lors, la collaboration militaire avec Israël se développe progressivement jusqu’à prendre l’allure d’une véritable alliance ; les services de renseignements travaillent en commun. « Surtout, la France devient le principal fournisseur d’armes de l’Etat hébreu. L’armée de l’air israélienne est presque entièrement équipée d’appareils français. […] [Israël] participe à des projets en commun avec la firme Dassault… » [10]. Les Français conçoivent les ventes d’armement à l’Etat hébreu comme un moyen de pression – ou de revanche – sur Nasser pour contrer l’aide qu’il procure à l’insurrection algérienne [11].

B- La crise de Suez et la « lune de miel » franco-israélienne

Dans ce contexte de guerre froide, la France considère son combat en Algérie comme relatif au combat de l’Occident en général. Le fait que l’URSS soutienne le nationalisme arabe, et que ce dernier aide la rébellion algérienne, suffit à la France pour escompter, sinon un soutien militaire de ses alliés, du moins un appui politique. Or c’est l’inverse qui se produit : les Etats-Unis ne veulent en aucun cas être assimilés à leur allié colonialiste, et de ce fait, refusent « de considérer la France comme une puissance globale coresponsable » [12]. Le monde arabe est en effet devenu un enjeu majeur dans la Guerre Froide, l’Union soviétique courtisant le nationalisme arabe avec quelque succès [13].
Aussi la réaction française à la nationalisation du canal de Suez par Nasser s’inscrit-elle dans la logique de sa politique algérienne. A cette époque, il est indéniable que la politique étrangère de la France est davantage conçue en fonction de la guerre d’Algérie que du reste de la politique internationale, – alors que les Etats-Unis sont obnubilés par la guerre froide. Lorsque ces derniers, espérant ramener Nasser dans le droit chemin – en exerçant des pressions économiques et politiques afin qu’il renonce à son récent rapprochement avec l’URSS – retirent leur offre de financement du barrage d’Assouan, ils obtiennent le résultat inverse : le 26 juillet 1956 Nasser annonce la nationalisation de la Compagnie franco-britannique du canal de Suez. Le geste est aussi symbolique que la date : jour pour jour quatre ans après le renversement du roi Farouk, c’est aussi la première fois depuis la tentative de nationalisation des pétroles de Mossadegh en Iran en 1951, qu’une ancienne colonie revendique concrètement un élément de son indépendance économique. La France et la Grande-Bretagne, qui en plus d’être des ennemies déclarées de Nasser et du nationalisme arabe, sont des puissances en déclin dans la région, s’accrochent à ce qui leur restent d’intérêts au Proche-Orient. Elles sont prêtes à lancer immédiatement une intervention armée pour récupérer la gestion du canal et renverser le régime. La diabolisation de Nasser et du panarabisme atteint alors son paroxysme : Nasser est qualifié de « nouvel Hitler » et l’attitude américaine, par sa détermination à traiter l’affaire par la diplomatie et les instances internationales plutôt que par la force, de « nouveau Munich ». D’autant que les Franco-Britanniques considèrent les Américains comme partiellement responsables du déclenchement de la crise, dans la mesure où la cause directe – le retrait de l’offre de financement du barrage d’Assouan – évince les causes indirectes – réveil des nationalismes, volonté égyptienne de neutralisme, exprimée depuis 1955 à la conférence de Bandœng, période de décolonisation, refus de souveraineté étrangère sur les ressources nationales…
Pour Paris, attaquer Nasser sous couvert de freiner les ambitions d’un dictateur est surtout l’occasion de ramener le calme dans l’Algérie française – effet envisagé par les Français, ce qui est loin d’être établi. Le 8 août la France exige une gestion internationale du canal. Le 9, l’Union soviétique défend Nasser bec et ongles et déclare que la nationalisation est tout à fait légale. Ce qui l’était moins, c’était l’interdiction de circulation aux navires arborant certains pavillons (c’est la période de mise en place des lois du GATT, actuelle Organisation Mondiale du Commerce (OMC), qui prône la libre circulation des marchandises, sans aucune discrimination). A la Conférence internationale des signataires de la convention du canal de Suez, convoquée à Londres fin août puis mi-septembre 1956, aucune solution n’est trouvée.
Parallèlement aux piétinements des instances internationales, les Français et les Britanniques préparent secrètement une intervention armée, dernier sursaut d’impérialisme européen – à l’écart de laquelle le Quai d’Orsay est soigneusement tenu. Les Français convainquent les Britanniques, plus frileux, d’accepter la participation des Israéliens, également lésés par la nationalisation du canal puisque le premier geste de Nasser fut d’en interdire l’accès à tout navire en direction ou provenance d’Israël, ce qui étouffait l’économie israélienne – rappelons qu’à cette époque le golfe d’Akaba et le détroit de Tiran étaient également interdits au trafic israélien. Le complot est organisé en France, à la réunion tripartite de Sèvres les 23 et 24 octobre 1956. Une attaque israélienne servira de prétexte pour l’intervention franco-britannique, au grand dam de David Ben Gourion qui souhaitait un traitement d’égalité avec les puissances. Il devra accepter d’être l’unique belligérant pendant au moins trente-six heures. Les décisions de la réunion sont mises par écrit dans le Protocole de Sèvres, en trois exemplaires – malgré les protestations des Britanniques qui s’empressent de détruire le leur.
Le 29 octobre, Israël envahit le Sinaï ; le 30 à midi, Français et Britanniques lancent un ultimatum demandant aux deux parties de cesser les hostilités et de se retirer à dix milles du canal de Suez – l’attaque éclair des Israéliens n’ayant pas encore atteint ce point, le ministre des Affaires étrangères Abba Eban remarquera qu’il leur faudrait « se retirer vers l’avant ». Comme prévu Israël accepte, et comme prévu également, l’Egypte refuse, donnant ainsi aux franco-britanniques le prétexte pour lancer une attaque aérienne. Les protestations américaines ne se font pas attendre : le 1er novembre, de peur que Nasser ne se tourne vers l’Union soviétique, entraînant avec lui nombre de pays émergents, ils choisissent de condamner l’attaque, plutôt que de partager le destin du colonialisme archaïque franco-britannique. De plus, face aux crises que traverse l’Union soviétique avec ses pays satellites, notamment en Hongrie et en Pologne, ils décident de conserver leur ligne anti-colonialiste pour donner plus de crédit à leur position vis-à-vis de l’Europe de l’Est. Ils sont par ailleurs en pleine élection présidentielle, qui verra le 6 novembre la réélection d’Eisenhower.
Le 4 novembre, les chars soviétiques entrent à Budapest et le 5, les troupes franco-britanniques occupent Port Saïd et Port Fouad. Les Soviétiques ne sont en revanche pas dérangés par l’incohérence entre leur anti-colonialisme quant au Proche-Orient et leur attitude en Europe de l’Est. Boulganine écrit trois lettres, deux pour menacer les Français et les Britanniques d’une intervention, induisant implicitement l’usage d’armes non-conventionnelles, une autre aux Américains pour leur proposer une intervention conjointe pour défendre l’Egypte. Ils refusent poliment, préconisant un règlement diplomatique par les instances internationales, mais exercent des pressions sur la Grande-Bretagne, en pleine crise monétaire et qui se voit refuser un prêt par le Fond Monétaire International (FMI), pour l’amener à accepter le cessez-le-feu. La France et Israël n’ont que le choix de suivre leur alliée britannique. La fin officielle des combats intervient le 7. Les troupes européennes sont retirées à la fin de l’année 1956, tandis que les Israéliens maintiennent les leurs le temps de négocier quelques garanties, sur leur liberté de navigation dans le golfe d’Akaba notamment, et la présence de troupes de l’ONU, les United Nations Emergency Forces (UNEF) en tampon à la frontière égyptienne.

Ce double soutien des Grands, bien que les Américains n’aient jamais envisagé de le pousser jusqu’à l’intervention militaire [14], assure à Nasser une éclatante victoire diplomatique, légitimant ainsi son régime et consacrant son autorité et sa position non-alignée, ce qui lui permettra de jouer un rôle significatif sur la politique moyen-orientale des grandes puissances. La France et la Grande-Bretagne sont les grands perdants : la crise a prouvé leur manque d’autonomie face aux Etats-Unis, et la menace soviétique d’utilisation d’armes atomiques a mis au jour l’infériorité des puissances non nucléaires, et motivé la France pour intensifier son effort – déjà programmé – d’acquisition de l’arme atomique, indépendamment des Américains.
Cette crise s’inscrit dans une dimension triple : la guerre froide, la décolonisation, et le conflit israélo-arabe. L’humiliation de la France et de la Grande-Bretagne illustre l’irruption du Tiers-Monde et la domination des Etats-Unis et de l’URSS dans les relations internationales, notamment par la supériorité du nucléaire, – remettant ainsi en question la place de la France dans le monde et son poids dans le jeu mondial des puissances.
Cet échec diplomatique a achevé l’exclusion de la France du Proche-Orient, dans la mesure où l’ensemble des Etats arabes de la région ont rompu leurs relations diplomatiques avec elle, à l’exception du Liban. Son influence au Levant est ruinée : par sa connivence avec l’Etat d’Israël et leur agression conjointe d’un Etat arabe, elle s’est décrédibilisée aux yeux du monde arabe ; sa présence se limite dès lors à Israël, dont elle est le principal allié, et au Liban, traditionnellement francophile, notamment dans ses couches chrétiennes, encore majoritaires et dirigeantes à l’époque. La solidarité des Etats arabes a dépassé leurs divisions internes, et même les amis de l’Occident comme l’Irak ou la Jordanie se sont insurgés contre cet acte de colonialisme archaïque. Elle est non seulement montrée du doigt par les non-alignés et le bloc soviétique, en tant que puissance colonialiste, et également écartée des affaires internationales par ses alliés occidentaux, – les Britanniques s’étant vite ralliés aux Américains pour l’accuser de contribuer à propulser le Proche-Orient dans la sphère communiste en incitant son hostilité envers l’Occident. D’autant que la guerre d’Algérie prend de l’ampleur : « la crise de Suez n’a conduit qu’à intensifier le conflit et à accélérer son internationalisation », comme le remarque Frédéric Bozo [15]. En conséquence, les Etats arabes n’ont aucune raison de restaurer les relations diplomatiques interrompues, et l’hostilité envers la France s’accentue de jour en jour.

En revanche l’amitié franco-israélienne en sort renforcée : « Israël et la France ont à faire face à la même menace du panarabisme et du communisme » [16]. Malgré – ou grâce à – la déroute diplomatique par laquelle s’est soldée cette entreprise, la collaboration s’est non seulement maintenue, mais encore largement amplifiée : selon Elie Barnavi, « dans la foulée de la crise de Suez, les deux pays connaissent, bien au-delà de la raison d’Etat, un véritable roman d’amour » [17]. En effet, l’échec de Suez n’affaiblit pas l’idée qu’Israël est le meilleur moyen de pression sur Nasser : en armant et soutenant son ennemi, les Français se vengent en quelque sorte du soutien politique et logistique apporté par Nasser au Front de Libération Nationale (FLN). Ce soutien est d’ailleurs largement exploité pour justifier l’aide apportée à l’Etat hébreu, et considérablement exagéré par les services de renseignement israéliens, qui travaillent en étroite collaboration et fournissent des informations aux services français, en échange du soutien international de la France et des facilités accordées pour l’obtention du matériel militaire.
Cette intimité hors du commun ne s’est pas arrêtée aux ventes d’armes conventionnelles et à la collaboration des états-majors : Shimon Peres révèle, en 1995, dans ses Mémoires, que c’est en marge des entretiens tripartites de Sèvres qu’un accord est prévu pour la mise en place d’un programme nucléaire commun. Il est conclu le 12 décembre 1956 entre le Commissariat à l’Energie Atomique et l’organisme israélien équivalent, l’Israel Atomic Energy Commission, et projette « la fourniture d’un réacteur et de l’uranium naturel nécessaire » [18]. Maurice Vaïsse souligne que la IVe République a ainsi ouvert à Israël « les portes du club nucléaire en favorisant l’osmose entre les institutions chargées de la recherche nucléaire et en l’aidant à construire un réacteur dans le désert du Néguev, celui de Dimona, ainsi qu’en édifiant une usine d’extraction de plutonium et en lui fournissant de l’uranium ». Selon lui, « si la vente du réacteur pouvait passer pour un transfert de technologie civile, le doute n’est pas permis pour le reste de la collaboration ». Enfin « le 21 août 1957, un accord est conclu, qui prévoit la coopération des deux pays pour la fabrication d’armes atomiques » [19].

Aussi cette alliance tacite est-elle d’une importance capitale pour Israël : la traditionnelle francophilie du peuple juif [20], le poids et le prestige que la France conserve tout de même sur la scène internationale, et le marché qu’elle représente pour son armement [21], conduisent Israël à entretenir l’amitié française. Les Israéliens sont donc prêts à tout pour protéger ces « relations d’amitié et d’alliance non écrite » [22] : c’est pourquoi, malgré la tendance naturelle des Israéliens à soutenir les peuples dans leur volonté d’émancipation, et à tisser des liens avec eux, ils ont adopté sur la question algérienne une ligne rigoureusement conforme à la politique française, notamment dans le sillage de la crise de Suez. Selon Michael Laskier, celle-ci « a poussé Israël dans l’orbite de la politique coloniale française. En échange de la fourniture de 200 tanks AMX 13 et 72 avions de combat Mystère, l’agence française de Renseignement (SDECE) demandait qu’Israël aide la France à contrer l’activité du FLN en Europe et ailleurs » [23]. Israël, envers et contre tout, défendait, à l’ONU et partout où l’occasion se présentait, la position officielle de l’Etat français. Et la France donnait également son assentiment aux entreprises israéliennes, à l’ONU et dans le cadre des relations bilatérales, notamment sur les questions vitales pour l’Etat d’Israël, l’armement et le nucléaire.

C’est ainsi que cette période a été qualifiée de « lune de miel » franco-israélienne. En effet, totalement isolée sur le plan international, tout comme l’Etat d’Israël à peine âgé de dix ans, leurs relations sont fondées sur des analyses convergentes de la situation internationale, ainsi que sur une communauté d’intérêts et une proximité de situation : considérés comme des handicaps à la politique de l’Occident envers le Tiers-Monde dans le cadre de la Guerre Froide, et montrés du doigt par les pays du Tiers-Monde, les Etats non-alignés, et le bloc de l’Est, les deux pays se consolent dans l’hostilité au nationalisme arabe incarné par Nasser.
Cependant, l’internationalisation de la guerre d’Algérie conduit la IVe République à sa perte. Dans le but d’annihiler les soutiens extérieurs de l’insurrection algérienne – comme en 1956 –, le gouvernement Félix Gaillard autorise, le 8 février 1958, le bombardement du village tunisien de Sakiet Sidi Youssef, entraînant la mort de soixante-quinze civils. « Cette affaire place une fois de plus la France en position d’accusée sur la scène internationale. Les bons offices anglo-américains sont jugés comme un camouflet diplomatique » [24]. Selon Jean-Baptiste Duroselle, « c’est ce glissement vers une ‘solution américaine’ de la guerre d’Algérie qui déclenche, le 13 mai 1958, un véritable coup d’Etat des colons et de l’armée en Algérie » [25].
Comme le souligne Maurice Vaïsse, la France cumule les difficultés de la guerre froide et celles de la décolonisation, et la IVe République est morte de n’avoir pas su y faire face. A ce moment précis, avec l’Algérie en crise et à la tête d’un empire conséquent, la France est considérée comme « l’une des plus grandes nations colonialistes du monde » [26].

II- De Gaulle et le Proche-Orient

Finalement, « l’accession de De Gaulle au pouvoir se fait dans la légalité, sans coup de force apparent » [27]. A son retour aux Affaires en mai 1958, le général de Gaulle sait que « le rétablissement du rang international de la France implique d’abord de mettre fin à l’hypothèque coloniale » [28]. Néanmoins, son retour ne met pas fin à l’internationalisation du problème algérien, qui continue de peser sur la politique étrangère de la France. La majorité des pays arabes du Proche-Orient ont rompu leurs relations bilatérales avec la France à l’occasion de la crise de Suez, et la tournure prise par la guerre d’Algérie n’incite pas à leur rétablissement. Mais la mise à l’écart de la France n’est pas seulement le fait des Etats arabes : les pays de l’Est, les non-alignés, et une grande partie des Etats du tiers-monde se montrent solidaires de l’Algérie. Le général constate dès son retour au pouvoir la perte de puissance et l’isolement de la France dans les affaires internationales.
Alors que dès 1957, la Jordanie, la Syrie et Oman connaissent des troubles internes inspirés par l’idéologie nassérienne, l’Egypte, que Maurice Vaïsse qualifie d’« épicentre de la région » [29], proclame avec la Syrie la création de la République arabe unie (RAU) le 1er février 1958 (rejointes en mars par le Yémen) ; en réponse à cette alliance qui menace ouvertement leur souveraineté, les monarchies hachémites d’Irak et de Jordanie forment le 14 février la Fédération arabe, plus généralement appelée l’Alliance hachémite, respectueuse des identités nationales [30]. L’Arabie saoudite, les émirats de la péninsule, la Libye et le Liban sont également à rattacher au camp occidental dans cette « guerre froide arabe ».
La France, du fait de la guerre d’Algérie et de son absence au Proche-Orient arabe, reste à l’écart jusqu’à ce que le Liban, dernier fief arabe de l’influence française, soit atteint par la crise, et que la menace d’une guerre civile amène le président Chamoun à appeler à l’aide les Occidentaux. Le secrétaire d’Etat américain, John Foster Dulles, est en visite à Paris, et Français et Américains décident alors de ne pas intervenir. Mais contre toute attente, la monarchie hachémite irakienne de Nouri el-Saïd est renversée par un coup d’Etat militaire le 14 juillet, qui propulse le général Abd al-Karim Kassem au pouvoir. La Grande-Bretagne veut intervenir en Irak, mais les Américains s’y opposent. En revanche par crainte de voir les derniers alliés de l’Occident subir le même sort, notamment les cousins hachémites jordaniens et le Président Chamoun au Liban, Eisenhower décide de sauver ce qui peut encore l’être. Mais il veut mener seul ces opérations : il redoute que les Britanniques ne profitent de la situation pour intervenir également en Irak, et que la collaboration avec les Français ne crée un amalgame, une identification avec un pays qui a des liens si étroits avec Israël et est empêtré en Algérie dans l’une des dernières guerres coloniales. Au même moment, la Jordanie fait appel à la Grande-Bretagne.
L’agacement français est à son comble : la France, une fois encore, n’a pas été admise au rang des puissances influentes au Levant ; mais cette fois c’est le général de Gaulle qui a la responsabilité de la France, et son irritation ne va pas rester lettre morte. Les Français ont été marginalisés par leurs alliés anglo-saxons pour la gestion de ces crises, alors même que le général de Gaulle, tout juste revenu au pouvoir, entend rouvrir les portes de l’Orient à la France. Dès le début des opérations américaines au Liban, sur lesquelles elle n’a pas été consultée, – elle a tout juste été prévenue lors du début de l’intervention [31] –, la France de De Gaulle se doit de répliquer et de faire entendre sa voix… en l’occurrence sa consternation. Un télégramme est adressé à Londres et à Washington le 17 juillet 1958 : Paris s’insurge de n’avoir pas été consulté sur toutes les décisions ; il met en avant les risques encourus par ses propres intérêts en cas d’intervention de l’Union soviétique, d’autant plus que les Américains ont utilisé les moyens logistiques de l’OTAN situés sur le sol français pour mener leur opérations [32].
Ainsi de Gaulle, à peine arrivé au pouvoir, voit la première crise internationale – interventions américaine au Liban et britannique en Jordanie – se dérouler sans qu’il soit consulté, ce qui va influencer l’élaboration de sa politique extérieure, notamment proche-orientale. La politique française sera définie en fonction de celle des Etats-Unis, pour s’en démarquer, moyen d’affirmer l’autorité et l’indépendance de la France. La prise d’autonomie de la France par rapport à ses alliés anglo-américains est ébauchée dès septembre 1958 dans les termes du mémorandum qui insiste sur le fait que sans une réforme de l’Alliance atlantique, la France prendra ses distances. Selon Frédéric Bozo, « les crises de l’été 1958, […] donnent [à de Gaulle] l’occasion de mesurer la faiblesse de la position française par rapport à ses partenaires anglo-américains, mais aussi de revendiquer plus d’influence sur les décisions occidentales » [33].

Le retour aux affaires du général de Gaulle et l’avènement de la Ve République engendrent une redéfinition profonde de la politique étrangère de la France, à l’origine des transformations des relations franco-arabes et franco-israéliennes. Nous allons étudier les années de la présidence du Général en trois tranches chronologiques : la première période est une période charnière, où la définition d’une nouvelle politique proche-orientale se dessine de manière théorique, mais la guerre d’Algérie continue d’entraver son application (A). La deuxième période, de la fin de la guerre d’Algérie au printemps 1967, voit la renaissance d’une politique arabe de la France et une prise de distance par rapport à Israël (cool smiley. Enfin la dernière période marque la politique proche-orientale de la France pour les décennies à venir : l’attitude inattendue du général de Gaulle lors de la guerre des Six jours, favorable aux Etats arabes, va devenir la règle de la politique étrangère de la France (C).

A- 1958-1962 : Une période de transition : du retour du général de Gaulle à la fin de la guerre d’Algérie

Le passage de la IVe à la Ve République implique une redéfinition profonde de la politique étrangère : dans la nouvelle Constitution, elle est le domaine réservé du Président, en l’occurrence le général de Gaulle. L’influence du ministre des Affaires étrangères, Maurice Couve de Murville, n’est sans doute pas à négliger. Le Quai d’Orsay dirige les opérations, mais les députés n’ont aucun pouvoir dans ce domaine.
Le général de Gaulle revient au pouvoir avec « une certaine idée de la France », donc de l’orientation qu’il souhaite lui donner et de la place qu’elle doit occuper sur la scène internationale. Selon lui, le malaise est dû au passage difficile de l’état de grand empire à celui de puissance moyenne, qui affecte le sentiment national : ainsi, comme le rapporte Frédéric Bozo, il souhaite « ‘prendre’, sur la scène internationale et particulièrement dans le monde occidental, ‘une place qui nous soit propre, mener une action qui soit notre action’. Bref, restaurer l’indépendance nationale » [34]. Ce qui, pour de Gaulle, passe par une contestation délibérée du système bipolaire, pour réguler l’hégémonie américaine en Occident, l’emprise soviétique à l’Est, et l’ingérence des deux superpuissances au tiers-monde [35].
A cet effet, la France développe dès 1958 une politique d’ouverture vers le tiers-monde, dans laquelle le Proche-Orient occupe une place importante. Dès le 10 juin 1958, l’idée de reprendre pied dans le monde arabe, prônée par le Quai d’Orsay, est approuvée par de Gaulle de s’occuper le plus tôt possible de la restauration des relations diplomatiques avec les Etats arabes. Le choix de Maurice Couve de Murville, ancien ambassadeur au Caire (de 1950 à 1954), comme ministre des Affaires étrangères, augure d’ailleurs de cette volonté de rapprochement avec les pays arabes. Mais l’hostilité de Nasser, dont l’influence ne cesse de croître, est un handicap important : la priorité est donc de régler le contentieux né de la crise de Suez. Le 22 août 1958, des pourparlers aboutissent aux accords de Zurich, prévoyant l’indemnisation des actionnaires de la Compagnie du Canal et des entreprises et personnes dont les biens ont été séquestrés [36]. D’autre part, la France propose une conférence à quatre sur le Moyen-Orient, ce qui représente pour elle le seul moyen d’être considérée comme une puissance à part entière dans cette région, malgré son absence de relation avec les pays arabes du Proche-Orient.
Seulement aussi longtemps que durera la guerre d’Algérie, le monde arabe ne sera en aucun cas réceptif à la nouvelle politique française. Le Général en est conscient : « La guerre d’Algérie, confie de Gaulle, est une épine dans le pied de la France qui infecte tout le corps. Ce conflit ridicule empêche la France de tenir sa place dans le monde. […] Il faut ramener la France aux vrais problèmes, ne pas laisser gaspiller outre-mer substance, énergie, et argent » [37]. En effet, malgré le fait que les dirigeants arabes sont sensibles à la personnalité du nouveau président, – lequel, à son arrivée au pouvoir, n’est impliqué ni dans les guerres de décolonisation ni dans l’attaque de Suez –, tous les pays arabes prennent fait et cause pour le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) proclamé par Ferhat Abbas. Si le Bulletin du Service du Levant précise stoïquement que « cette initiative n’est évidemment pas de nature à faciliter l’amélioration de nos rapports avec les pays arabes » [38], c’est en fait un coup dur pour de Gaulle, qui n’admet pas qu’un autre gouvernement que celui de la France soit considéré comme souverain en Algérie. Et il n’entend pas renouer avec les Etats arabes tant que le rapport de forces lui est défavorable. Mais l’idée de l’autodétermination fait son chemin dans la politique française, jusqu’au référendum du 8 janvier 1961 qui recueille 75 % de oui en métropole, et 69 % en Algérie.
Pourtant la route est encore longue avant que la France ne retrouve le chemin de l’Orient : les partisans de l’Algérie française mènent une tentative de putsch en avril 1961. De son échec naît l’Organisation armée secrète (OAS), qui, face au FLN et au GPRA – ardemment soutenus par l’Egypte et l’Irak –, redouble d’actions armées [39]. Les préoccupations de la Ligue arabe, généralement focalisées sur l’Etat hébreu, se concentrent sur l’Algérie, et donc alimentent l’hostilité envers la France. Ainsi, selon les termes même du ministre des Affaires étrangères Maurice Couve de Murville, « dans l’intervalle, c’est-à-dire entre 1958 et 1962, il n’était loisible que de marquer des orientations » [40].

En revanche, pour préparer le retour de la France en Orient, les relations franco-israéliennes, dont de Gaulle découvre stupéfait l’ampleur et l’intimité, sont problématiques. Son admiration pour Israël est connue : outre qu’il considère l’existence de l’Etat juif comme une « nécessité historique », il était agréablement surpris par son développement. Dans ses Mémoires d’espoir, il écrit que « la grandeur d’une entreprise qui consiste à replacer un peuple juif disposant de lui-même sur une terre marquée par sa fabuleuse Histoire, et qu’il possédait il y a dix-neuf siècles, ne peut manquer de me séduire » [41]. Son estime pour David Ben Gourion est certaine ; mais comme l’explique Samy Cohen, « pour l’homme d’Etat investi de responsabilités – surtout lorsqu’il s’agit, comme pour de Gaulle, d’‘assumer la France’ –, les sentiments pour tel ou tel homme d’Etat pèsent peu. […] Ils cèdent la priorité à l’idée de servir partout les intérêts de la France » [42]. Or ceux-ci conseillent de reprendre son indépendance vis-à-vis d’Israël dans les domaines militaire et nucléaire et de restaurer les relations avec les pays arabes. D’autant que l’excellence des relations franco-israéliennes ne cache pas leur dissymétrie : pour de Gaulle, « Israël représente un pays ami, un peuple courageux qui a droit comme il le dit ‘à la réparation de l’injustice dont il a été victime depuis des siècles’, un client déjà appréciable sur le plan de l’armement, un îlot de civilisation occidentale dans une région dominée par l’Islam. Mais Israël n’est qu’un Etat de 21 000 km2 avec peu ou pas du tout de réserves énergétiques, disposant de faibles atouts sur le plan international » [43].
Dès son retour au pouvoir, il s’emploie à « normaliser » [44] les relations franco-israéliennes, et à en atténuer l’éclat : une note du Quai d’Orsay indique qu’« un affichage moindre de notre intimité avec Israël est […] désirable » [45]. Selon Philip Cerny, la volonté de rationaliser les relations franco-israéliennes est directement liée à la conception gaullienne de la grandeur de la France dépourvue de ses colonies, dans un monde dominé par les hégémonies américaine et soviétique : les autres Etats, pour leur indépendance, doivent « mettre tout en œuvre pour coopérer en créant des ensembles plus larges comme la Communauté européenne ». Or la visibilité de l’entente franco-israélienne est perçue comme une entrave à la constitution d’un ensemble incluant la France en Méditerranée et au Proche-Orient [46].
Le général de Gaulle a mis au premier plan de ses priorités l’indépendance de la France. Indépendance vis-à-vis des deux blocs, ce qui signifie d’une part un refus du système intégré de l’OTAN et d’une Europe supranationale, mais aussi une parfaite liberté d’action par rapport à d’autres pays, notamment Israël. Il est en effet inconcevable de prolonger la collaboration nucléaire de la France, alors que de Gaulle estime que l’arme atomique « doit devenir la pierre angulaire d’une défense française indépendante » [47]. Aussi exige-t-il dès le mois de juin 1958, l’arrêt des projets de coopération nucléaire avec Israël, l’Allemagne fédérale et l’Italie : il exige qu’« ainsi cesse en particulier le concours prêté par nous à un début, près de Ber-Sheva, d’une usine de transformation d’uranium en plutonium, d’où, un beau jour, pourraient sortir des bombes atomiques » [48].
De même, l’étroitesse des relations franco-israéliennes dans les domaines militaire et du renseignement déplaît au Général : tout en maintenant les ventes d’armes à titre onéreux, il affirme vouloir mettre un terme « à d’abusives pratiques de collaboration établies sur le plan militaire, depuis l’expédition de Suez, entre Tel-Aviv et Paris et qui introduisent en permanence des Israéliens à tous les échelons des états-majors et des services français » [49]. Mais les liens tissés sont si solides que le processus de prise de distance, pour les questions nucléaires et militaires ne se fait pas du jour au lendemain.
Du point de vue économique, il est notable que de plus en plus d’entreprises françaises cèdent au chantage au boycott de la Ligue arabe. En 1959, la Banque de l’Indochine - Djibouti accepte de montrer patte blanche : « soucieuse de ses intérêts en pays arabes, [elle] a renoncé à traiter toute opération avec Israël », et fournit une liste des propriétaires d’au moins 50 % des actions de l’entreprise sur laquelle ne figure aucun nom juif [50], ce qui revient à faire allégeance non seulement à l’aspect politique anti-israélien du boycott, mais encore à son caractère antisémite. Air France, qui avait prévu une collaboration avec la compagnie israélienne El-Al, se dédit au motif que les termes de ce contrat seraient en contradiction avec un hypothétique accord entre les compagnies d’aviation de l’Union européenne. La régie Renault, pour la signature d’un accord avec certains Etats arabes, accepte de se défaire de ses liens avec l’entreprise israélienne Kaiser-Fraser, en 1959 également.
Au niveau diplomatique, le remplacement de Pierre-Etienne Gilbert, qui avait été un fidèle avocat de la cause israélienne au Ministère des Affaires étrangères de 1953 à 1960, par Jean Bourdeillette, témoigne de cette volonté de normalisation. Cette ligne politique est confirmée par une note du Service du Levant, qui souligne le « triple souci de ne pas sacrifier à Israël l’ensemble de nos intérêts aux Moyen-Orient, de ne pas faire, en toutes circonstances, figure de champions de la cause israélienne, et enfin de tenir compte de nos multiples engagements, parfois incompatibles avec les demandes de Tel-Aviv » [51]. La complaisance de la IVe République envers Israël n’est visiblement plus de mise.
Dans les instances internationales, les gouvernements français et israélien ne sont plus aussi solidaires qu’auparavant. On discerne une certaine réticence française à soutenir Israël. Jean Bourdeillette ne fait pas mystère des objectifs de la France quant à Israël : « une clarification, une ‘démystification’ des rapports entre les deux pays, voilà ce qui pourrait être en route. […] De sérieux progrès ont donc été faits dans la voie de la normalisation des relations entre les deux pays » [52].

Cependant, la France est alors dans un consensus pro-israélien. Elie Barnavi écrit qu’« en France, extrême gauche et extrême droite exceptées, l’opinion publique, la grande presse, l’establishment politique et universitaire, le monde des arts et des lettres, sont dans l’ensemble chaudement pro-israéliens » [53]. D’autant que la guerre d’Algérie continue de faire rage, maintenant Français et Israéliens dans une communauté de combat : on fait le parallèle entre les moudjahiddins en Algérie et les fedayins qui font des incursions en territoire israélien, et leur financier commun, Nasser. Les gaullistes représentent les trois quarts des effectifs de l’Alliance France-Israël, et sont également très nombreux dans l’Association France-Israël [54]. Les difficultés à la remise en ordre des relations franco-israéliennes sont d’ailleurs saisissantes : fruit de la désobéissance de certains ministres, tels Jacques Soustelle, ou des habitudes prises par les états-majors, les liens étaient profondément ancrés et sont difficiles à défaire. Certaines pratiques se perpétuent malgré les directives gouvernementales. C’est le cas notamment pour les coopérations nucléaire et militaire.
Enfin, l’accueil que le Général réserve au Premier ministre israélien David Ben Gourion est spectaculaire. Outre le fait qu’il s’agit de la première visite officielle d’un dirigeant israélien en France, l’entente entre ces deux hommes d’envergure est excellente, et l’admiration et l’estime mutuelles sont évidentes : les compliments échangés peuvent difficilement être considérés comme des courtoisies d’usage : « vous, Monsieur Ben Gourion, symbolisez en votre personne la merveilleuse résurrection, la renaissance, la fierté et la prospérité d’Israël ; à mes yeux, vous êtes le plus grand homme d’Etat de ce siècle ». A quoi Ben Gourion répond « c’est vous le plus grand homme d’Etat de notre temps. Je suis reconnaissant à vous et à votre Nation de l’aide magnifique que vous nous avez accordée » [55]. Samy Cohen précise que « la fin des relations privilégiées avec Israël ne signifie pas pour autant la fin des rapports d’amitié ». Mais à la suite de cette rencontre, l’ambassadeur Jean Bourdeillette, ayant appris la teneur de l’entretien entre de Gaulle et Ben Gourion par la presse israélienne, n’en croit pas ses yeux et demande au Quai d’Orsay confirmation [56] : cette attitude est assez révélatrice des directives qu’il a reçues, qui ne correspondent apparemment pas à ce type de déclaration d’amitié.
Enfin, la plus importante preuve de sympathie est donnée par le Général en juin 1961, lors de la seconde visite officielle en France de Ben Gourion. L’accueil que de Gaulle lui a réservé est aussi spectaculaire que l’année précédente : « nous tenons à vous assurer de notre solidarité, de notre amitié, et je lève mon verre à Israël, notre ami et notre allié ». Pourtant, les négociations sont en cours entre les représentants français et le FLN et le GPRA [57]. Cette déclaration surprend les Israéliens, compte tenu des alertes données par les premiers signes d’éloignement manifestés depuis 1959 [58].
Si les relations franco-israéliennes perdent leur caractère privilégié, elles n’en demeurent pas moins amicales. La France n’a alors aucun intérêt à rompre avec Israël, puisque elle ne peut mener une politique cohérente dans la région tant qu’elle a les mains liées par la guerre d’Algérie – c’est ce conflit, davantage que ses liens avec Israël, qui entrave sa politique. De ce fait, la volonté de prendre une certaine distance vis-à-vis d’Israël peut être attribuée autant à la cohérence de sa politique d’indépendance qu’à une reprise, encore très hypothétique, des relations avec les Etats arabes.

Enfin, le 18 mars 1962, les accords d’Evian sont signés, et imposent un cessez-le-feu, en attendant la reconnaissance de l’Algérie indépendante le 3 juillet 1962. C’est une libération pour la politique étrangère de la France, et pour le Quai d’Orsay qui, en temps de guerre, ne pouvait en tenir les rênes. Le retour au calme lui donne une responsabilité nouvelle, qui va lui permettre de renouer avec sa traditionnelle politique musulmane.
La politique française face au conflit israélo-arabe - 2
26 août 2007, 15:37
B- 1962-1967 : Renaissance d’une politique arabe de la France

La perte des départements français d’Algérie est largement compensée par l’ouverture de nouveaux horizons en politique étrangère : de Gaulle peut mettre en pratique une politique de grande envergure, le tiers-monde et les non-alignés étant enfin libérés de leur solidarité inconditionnelle envers l’Algérie. Pour sortir du système bipolaire où une puissance moyenne comme la France risquait d’être étouffée, l’offensive lancée par de Gaulle envers le tiers-monde pour créer une zone hors de l’affrontement Est / Ouest peut prendre son envol. C’est cette dimension universaliste de la politique française qui l’aide à reprendre pied dans le monde non-aligné : le général de Gaulle présente la France comme une troisième voie, une alternative aux deux superpuissances, à la fois moins exigeante et moins dangereuse pour leur intégrité, avec comme garants les trois piliers de sa politique : indépendance, paix et coopération [59]. Au-delà de son aspect attractif pour les pays du tiers-monde, la réussite de ce projet instaurerait pour la France une sphère d’influence : « La France, selon de Gaulle, peut rassembler derrière elle, en un grand ensemble, ces nouveaux acteurs de la politique internationale » [60]. D’où la mise en avant de cette notion de « coopération », dont les anciennes colonies françaises bénéficient déjà. Ce programme d’aide au développement implique une rupture avec la conception traditionnelle de l’aide directe aux pays favorablement disposés politiquement, vers une assistance plus infrastructurelle, fondée sur l’envoi d’enseignants et de conseillers techniques pour aider les pays à créer leur propre base de développement [61].
Bien qu’à l’origine, cette politique ne s’adresse pas aux Etats du Machrek, et qu’ils n’en bénéficieront jamais dans les mêmes proportions que l’Afrique noire et le Maghreb, la conception de cette notion dispose favorablement l’ensemble des pays arabes envers la France. La coopération représente la posture que la France attendait de pouvoir prendre : dès la fin de la guerre d’Algérie, la décolonisation et la souveraineté des peuples sont présentées comme les constantes de la politique extérieure de la France [62].

Aussi, le terrain était préparé lorsque les accords d’Evian sont venus couronner l’ouverture de la politique française par leur effet libérateur. Le Quai d’Orsay note qu’immédiatement, « l’atmosphère est totalement modifiée à notre égard dans les capitales arabes » [63]. Les Etats arabes ont même déjà relevé le changement d’attitude de la France, qui ne soutient plus Israël inconditionnellement, et le problème palestinien a repris le devant de la scène, dès la fin de la guerre d’Algérie, supprimant du jour au lendemain la propagande anti-française.
La question se pose alors de la stratégie à adopter pour la restauration des relations diplomatiques avec les différents Etats arabes : le général de Gaulle est ferme : « nous n’avons rien à ‘désirer’, et surtout rien à manifester, quant au rétablissement des relations avec les Etats arabes d’Orient. A cet égard, d’ailleurs, nous n’en ‘préférons’ aucun, car tous se sont très mal conduits à notre égard. A mesure qu’ils nous demanderont de reprendre les relations – s’ils le font, ce sera pour leur intérêt – nous examinerons la question cas par cas. […] Plus nous les ferons attendre et plus ils seront anxieux d’être admis » [64]. Ces lignes illustrent toute la philosophie du Général : en aucun cas il ne doute de l’attrait de la France pour les autres Etats, c’est cette certitude autoritaire qui, par contagion, donnera aux autres pays l’assurance de la grandeur de la France. Mais le Quai d’Orsay ne partage pas cet avis : les premiers Etats à manifester leur désir de rétablir des relations avec la France étant la Jordanie, le 2 juillet, et l’Arabie saoudite, oralement le 20 mars et formellement le 13 août, un traitement dans l’ordre des demandes produirait incontestablement un déséquilibre, puisque aucun Etat du camp nationaliste arabe ne s’est manifesté. « Nous paraîtrions ainsi prendre position trop nettement pour l’un des camps entre lesquels se divise le monde arabe et risquerions de compromettre le rétablissement de nos relations avec le pays qui reste la clé du Moyen-Orient – c’est-à-dire l’Egypte » [65]. Il s’agit donc de freiner les impatiences jordaniennes et saoudiennes, en attendant un signe de l’autre camp. Finalement le 1er septembre 1962, la demande officielle syrienne vient régler le problème. La stratégie du Général qui consiste à « se faire désirer » ne s’applique pas : il ne s’agit pas de faire attendre la Syrie, ce qui retarderait d’autant le processus pour la Jordanie et l’Arabie saoudite. Les relations diplomatiques sont restaurées les 9, 10 et 12 septembre, avec une priorité donnée à la Syrie – ce qui trahit tout de même une certaine préférence malgré la volonté affichée d’égalité de traitement entre les deux camps. Le processus prend un peu plus temps pour l’Irak, les relations sont rétablies le 18 janvier 1963. Pour l’Egypte, les négociations sur le règlement du contentieux (issu de la non-application par l’Egypte des accords de Zurich, qui eux-mêmes réglaient le contentieux né de la crise de Suez) retardent l’échéance. Mais la bonne volonté mutuelle aboutit à la reprise des relations diplomatiques le 4 avril 1963.

Tout comme les chefs d’Etat arabes, qui ont choisi de renouer avec la France au plus vite, plutôt que de la punir plus longtemps pour Suez et l’Algérie, les dirigeants français souhaitent cette nouvelle phase des relations entre la France et « le monde arabe dans un esprit positif » [66]. D’autant qu’avec l’Algérie française, s’envolent les espoirs de pétrole et de gaz naturel français au Sahara [67] ; l’avenir énergétique de la France doit être assuré par de bons rapports avec les pays producteurs. Aussi de Gaulle commande-t-il à Jean-Marcel Jeanneney un rapport sur la coopération avec les pays en voie de développement. La partie concernant le Moyen-Orient est rédigée par l’ambassadeur Jean Chauvel : il affirme que l’action de la France dans le monde arabe « n’est pas seulement acceptable », mais « désirée » [68].
Les diplomates français conservent toutefois quelques réticences vis-à-vis de Nasser. Pourtant l’Egypte représenterait un atout important pour la politique extérieure de la France axée sur le dépassement des blocs : sa stratégie d’ouverture envers l’Est, confortée par la perte de prestige de l’Union soviétique dans le sillage des crises de Berlin et de Cuba, et vers les non-alignés et le tiers-monde, est incohérente sans relations avec l’Egypte. Principal pays arabe par la taille, l’influence, et la position géographique entre l’Afrique et l’Asie, l’Egypte et le nassérisme sont à leur apogée. Le chargé d’Affaires français en RAU, Henri Froment-Meurice, l’indique d’ailleurs dès la fin de l’année 1963 : l’Egypte n’est pas une puissance mondiale, mais elle a la capacité de nuire aux intérêts de la France, notamment en Afrique et dans le monde arabe, deux cibles du discours gaulliste anti-blocs. Il souligne également que la France « possède une vocation privilégiée » pour combler les espoirs de l’Egypte d’accéder à la civilisation industrielle et intellectuelle du XXe siècle, sans être exploitée par l’Occident [69].
Auprès de la France, les Etats arabes jouent la carte de la diplomatie politique : le général de Gaulle reçoit à Paris un défilé de dirigeants arabes. Le roi Hussein de Jordanie ouvre la marche en septembre 1963, couronnant ainsi le rétablissement des relations entre la France et le monde arabe, comme l’affirme de Gaulle : cette visite est « la preuve de cette tendance réciproque de la France et du monde arabe de l’Orient à renouer entre eux les rapports particuliers étroits […] et amicaux […] que tout commande aujourd’hui de rétablir et de développer » [70]. C’est ensuite le général Hafez, président syrien, reçu par de Gaulle le 11 novembre 1964, qui ne prône ni plus ni moins que la destruction d’Israël, « le retour à l’état antérieur » dans le langage diplomatique. Pour toute réponse, de Gaulle se contente de répéter son discours habituel aux chefs d’Etats arabes, indiquant que la France n’a aucune responsabilité dans la création d’Israël, qu’il est un fait accompli, et que « la France ne l’aide pas et ne lui fait pas de cadeau » [71]. Quelques jours plus tard, Hussein est à nouveau reçu par le Général, auprès duquel il atténue le discours syrien par sa modération qu’il présente comme la voix de la majorité des Etats arabes [72]. En mai 1965, c’est le président Hélou du Liban qui est accueilli à Paris. De Gaulle l’invite à ne pas chercher le conflit avec Israël autour du projet arabe de détourner les eaux des affluents du Jourdain, dans le but avoué d’empêcher Israël d’en bénéficier [73]. Puis à la suite du sommet arabe de Casablanca de septembre 1965, le roi Hussein se rend à nouveau à Paris, confirmant ainsi son rôle tacite de temporisateur entre l’Occident et les Etats arabes.
Enfin, les diplomates français étant de plus en plus sensibles à la personnalité du Raïs égyptien, le maréchal Abdel Hakim Amer, Vice-Président de la République arabe unie et gendre du colonel Gamal Abd el-Nasser, devient, en octobre 1965, le premier homme d’Etat égyptien invité en France depuis près de dix ans. Cette visite est un symbole fort, que Robert Grant décrit « comme la consécration de la fin du contentieux franco-arabe, [et qui] devient le départ d’une politique arabe française plus agressive et orientée vers les pays arabes ‘progressistes’ » [74]. A l’occasion de cette visite, de Gaulle réitère son habituel discours sur Israël : « la France n’a pas créé Israël. Ce sont les Soviets, les Anglais et les Américains » ; mais « Israël est devenu un Etat et cet Etat travaille et progresse ». Il insiste sur le fait qu’« Israël ne doit pas exagérer » [75]. Le discours d’Amer est plus modéré que celui que Ahmed Fawzi sert à Maurice Couve de Murville. Le Vice-Président chargé des Affaires étrangères reproche à la France l’aide procurée à Israël dans le domaine nucléaire à la fin des années cinquante. [76]. Cette visite marque un tournant dans la politique arabe de la France. L’Egypte assume désormais une place centrale dans la politique française au Proche-Orient. André Malraux, ministre de la Culture, s’y rend en mars 1966 pour signer un accord de collaboration culturelle, et Hervé Alphand, Secrétaire général du Quai d’Orsay, s’attarde quatre jours au Caire lors de sa tournée proche-orientale, en 1966. Il en profite pour souligner que la France entretient des « relations normales avec l’Etat hébreu », qui n’entravent pas l’amitié franco-arabe. On envisage même un échange de visites de Nasser à Paris et de De Gaulle au Caire [77]. Les bonnes relations franco-égyptiennes sont très utiles à l’ensemble de la politique extérieure de la France : l’Egypte est la première puissance arabe, et elle maintient des relations étroites avec le tiers-monde et le bloc soviétique, deux cibles du discours français sur l’indépendance nationale.
Le général de Gaulle reçoit encore M. Pachachi, ministre des Affaires étrangères irakien, en juillet 1966, puis de nouveau le roi Hussein de Jordanie en août de la même année, et enfin le nouveau Président syrien Makhos, qui a renversé le général Hafez. Le dirigeant syrien est toujours le plus virulent à l’encontre d’Israël. De Gaulle lui tient le laïus usuel sur le fait que ce n’est pas la France qui a créé Israël, « nous n’y sommes pour rien et la France était dans une telle situation à l’époque qu’elle ne pouvait jouer un rôle actif dans cette affaire ». Il ajoute en outre que « ce sont les Anglais, les Américains et les Russes qui ont constitué cet Etat » [78], alors que les Anglais se sont abstenus sur le vote du plan de partage contrairement aux Français qui ont finalement voté pour, – sans doute fait-il allusion à la déclaration Balfour, mais dans le contexte de la situation de la France à la fin de la Deuxième guerre mondiale, c’est un raccourci un peu rapide. Par ailleurs, sur le fait que la France n’aide pas Israël, quand la majorité, – voire la totalité – de l’armement israélien est d’origine française, est également une manière de réécrire l’histoire, qui semble ne gêner en rien le chef de l’Etat français.

Peu à peu, et avec plus ou moins de diplomatie et d’insistance, « les Arabes veulent faire de l’abandon de l’Etat hébreu la condition de la reprise de la coopération avec la France », nous dit Maurice Vaïsse. Il insiste sur le fait qu’au fur et à mesure que les relations franco-arabes s’améliorent puis se développent, « l’alliance franco-israélienne se desserre » [79]. Or dans la perspective globale de la politique étrangère de la France, Israël sert beaucoup moins les ambitions françaises – s’il ne les handicape pas –, que les Etats arabes : ces derniers sont en effet un vecteur essentiel de la politique de coopération que Paris compte développer en direction du tiers-monde [80].
Dans les sphères gouvernementales, la tendance pro-israélienne est progressivement écartée : parfois ses partisans étaient également des défenseurs de l’Algérie française, comme Jacques Soustelle, éloigné en février 196o ; mais d’autres sont évincés sans raison apparente, comme Pierre-Etienne Gilbert, remplacé en octobre 1959 par Jean Bourdeillette. Sur le plan militaire également, le renouvellement des cadres permet la séparation effective des états-majors français et israélien, là où les ordres n’avaient pas suffi. De Gaulle doit cependant s’insurger contre ces habitudes pour les faire cesser : en mai 1963, il affirme que « nous ne devons pas non plus laisser notre état-major s’entretenir de cette hypothèse avec l’état-major ou les attachés militaires israéliens. Ces entretiens créent des équivoques et ne présentent aucun avantage » [81]. Quelques jours plus tard, le 4 juin, il laisse parler sa colère : « Ces conversations d’états-majors, qui ont lieu comme si la France était engagée à quelque chose, sont inadmissibles et doivent cesser immédiatement » [82].
A la même époque, le rapport Jeanneney est sévère quant aux relations franco-israéliennes : elles « hypothèquent » l’action française dans le monde arabe et « ne servent en aucune façon le crédit de la France en Arabie ». La coopération avec l’Etat hébreu doit être reconsidérée, « tant en raison du degré de développement très marqué de ce pays, que de son caractère hétérogène par rapport à l’ensemble qui l’entoure » [83]. Il faut souligner le caractère subjectif de ces propos : il paraît difficile, en pleine guerre froide arabe, d’admettre l’homogénéité du Proche-Orient arabe que Chauvel suggère. C’est une négation de leurs différences, qu’ils revendiquent pourtant dès qu’il ne s’agit pas de la question israélienne, et un encouragement à leur unique point commun, l’hostilité envers l’Etat juif. Mais le point de vue est explicite : il trahit la détermination du gouvernement à mettre un terme aux relations privilégiées avec Israël. Mais à part le Quai d’Orsay, qui dans l’ensemble ne cache pas sa volonté de prendre ses distances, personne n’envisage un « refroidissement » franco-israélien. Pour les ventes d’armes, lorsque le Quai se prononce contre une transaction, il n’est pas rare que de Gaulle tranche en faveur d’Israël, comme pour les quatre formations de 18 Mirage III (soit 72 pièces) en 1961, vente à laquelle le Quai et Maurice Couve de Murville lui-même s’étaient opposés, mais que le Général a autorisée [84]. De Gaulle était particulièrement sensible au lobby de l’industrie militaire, lequel coïncidait souvent avec les intérêts israéliens [85]. La différence principale est que ces contrats d’armement sont à présent tenus secrets, et que les relations, notamment dans le domaine militaire, prennent un tour plus discret et revêtent parfois « la forme d’une alliance sournoise » [86].
Néanmoins, le nouveau Premier ministre israélien, Levi Eshkol, est reçu à sa demande à l’Elysée en juin 1964. Bien que le Premier ministre Georges Pompidou lui explique que la France ne vendra dorénavant à Israël que des armes défensives [87], le général de Gaulle le reçoit très cordialement, et lui réaffirme qu’Israël est « l’ami et l’allié de la France » [88]. Mais il s’agit de la dernière marque d’amitié de la France envers Israël au niveau diplomatique. Paris ne reçoit plus d’Israélien, ni n’envoie en visite des représentants du gouvernement ; rien n’est prévu même pour compenser la multiplication des visites d’officiels arabes, au point que le nouvel ambassadeur français à Tel-Aviv, Bertrand de la Sablière, s’en inquiète : « il me paraît évident que l’opinion espère et attend d’ici quelques mois un échange de bons procédés qui mettrait, à ses yeux, vis-à-vis de nous, Israël sur le même plan que ses adversaires arabes. Il serait peut-être opportun de satisfaire, même discrètement, ces modestes désirs » [89].
Pourtant le Quai d’Orsay a peu à peu repris la conduite des affaires extérieures au Proche-Orient, ce qui contribue à donner à l’orientation de la politique française une tendance pro-arabe qui « affectait négativement les relations avec Israël », selon Samir Kassir et Farouk Mardam-Bey [90]. Cette orientation n’est pas rendue publique : elle est décelable par les Israéliens, prompts à repérer le moindre geste français en faveur de leurs ennemis, par certains membres du gouvernement, et au fil des archives diplomatiques. Les relations sont peu à peu réduites aux transactions de matériel militaire, ce qui continue de faire illusion. Il est certain que ce sont des critères commerciaux et stratégiques, au moins autant que politiques, qui dirigent cet aspect de la politique française ; c’est aussi conforme aux intérêts diplomatiques : la France compte servir un jour de médiateur au conflit israélo-arabe ; elle doit conserver une influence sur les deux parties, et il est évident que sans les ventes d’armes, la France n’aurait plus aucune influence sur l’Etat hébreu.

Les raisons profondes de la nouvelle orientation de la politique française se trouvent à différents niveaux : du point de vue économique d’abord, Jacques Frémaux explique que la France est amenée à « tenir compte des réalités démographiques et des perspectives économiques, deux domaines dont les chiffres parlent d’eux-mêmes, et sont particulièrement défavorables à Israël » [91]. Du point de vue diplomatique, le soutien arabe est plus avantageux pour la France que le soutien israélien. De plus, cette politique régionale sert l’orientation générale de la politique étrangère de la France : sa volonté d’indépendance, qui atteint son paroxysme en 1966 lors de la spectaculaire sortie de l’OTAN, accrédite l’idée que l’heure de la détente avec l’Union soviétique est venue, permettant enfin le dépassement des blocs. Comme le souligne Samy Cohen, « de Gaulle est d’autant plus populaire dans les pays du tiers-monde que sa lutte contre ‘les hégémonies’ tend de plus en plus à se cristalliser contre la seule ‘hégémonie’ américaine » [92].
Cette politique consiste à se ranger systématiquement aux côtés des Etats non-alignés et du tiers-monde. Des voyages en Amérique latine au discours de Phnom Pehn, l’hostilité à la politique américaine, en particulier à son engagement au Viêt-nam, est au cœur de la politique du Général, parfois teintée de démagogie vis-à-vis du tiers-monde. Dans ce contexte de rapprochement avec l’Est, l’extrême Est, et les pays non-alignés, le soutien à Israël devient un handicap pour la politique française. Les cibles prioritaires du discours français sont résolument anti-israéliennes, et Israël est chaque jour davantage identifié aux Etats-Unis, et donc considéré par les régimes dits progressistes comme un symbole du néo-impérialisme. La France, par souci de cohérence dans sa politique internationale, et pour ne pas mettre en péril les rapprochements engagés, se voit souvent obligée, quelle que soit son opinion profonde, sinon de s’aligner sur eux, du moins de se désolidariser de ses alliés occidentaux et israélien.
Les rapports avec Israël sont ainsi devenus secondaires en comparaison des relations franco-arabes, dans presque tous les domaines, et le passé récent, quand les liens franco-israéliens étaient excessifs et les relations franco-arabes inexistantes, rend le contraste encore plus cinglant. Lorsque Abba Eban, qui a remplacé Golda Meïr aux Affaires étrangères, est envoyé à Paris en janvier 1966 pour faire part des inquiétudes de l’Etat hébreu quant à la politique proche-orientale de la France, il constate que la distance instaurée par la France est définitive. Selon Samuel Séguev, son homologue français Maurice Couve de Murville aurait répondu à ces angoisses par une phrase qui témoigne à la fois de son irritation à l’égard de l’Etat hébreu, et du caractère désormais commun des relations franco-israéliennes : « le caractère des liens entre Israël et la France ne justifie pas que le général de Gaulle vous tape sans cesse sur l’épaule pour vous rassurer » [93].

Des discours successifs de De Gaulle aux dirigeants arabes, il ressort la volonté de leur faire comprendre qu’Israël existe et que la France l’admet, sans cependant l’avoir voulu. Il n’autorise pas les Arabes à se mêler des relations franco-israéliennes, – sans doute parce qu’il considère que le refroidissement effectué par rapport à la IVe République est un geste suffisamment important pour que les Etats arabes n’en demandent davantage. L’importance du maintien de la paix revient de façon récurrente dans son discours : la France ne veut pas avoir à choisir entre les deux camps. Un Etat d’importance, comme la France, ne pourra rester en retrait. La neutralité prête le flanc aux critiques de toutes les parties en cause, et la France souhaite au contraire être l’acteur d’une future réconciliation. En cas de guerre, la majorité des Français choisirait Israël contre les Etats arabes, alors qu’on peut déjà pressentir que si la situation l’obligeait à choisir, le gouvernement pencherait plus naturellement vers les Etats arabes, pour garantir et consolider les avantages acquis au long de ces dernières années. Le général de Gaulle souhaite maintenir une situation qui lui permette de développer les relations franco-arabes, du point de vue politique et économique, et d’avoir des rapports équilibrés avec les deux parties, sans sacrifier Israël. Le maintien de la paix est essentiel à la réalisation de ses objectifs.

C- 1967-1969 : Le choix de la France lors de la guerre des Six jours et ses conséquences

Aussi, face à la montée des tensions provoquée par la querelle sur le partage des eaux du Jourdain et les incursions de fedayins qui se multiplient en territoire israélien entre 1964 et 1967, la France garde le silence [94]. Les Israéliens répondent par des opérations militaires ponctuelles contre les camps de réfugiés qui abritent les terroristes, souvent en Cisjordanie, bien que la plupart viennent de Syrie et ne font que transiter par la Jordanie. Mais ces représailles contribuent à fragiliser le voisin le plus conciliant d’Israël, le roi Hussein. Finalement, suite aux attaques syriennes, un combat frontalier explose le 7 avril 1967 à la frontière israélo-syrienne. Les deux parties clament victoire. Pourtant la réaction française place Israël en accusation, montrant ainsi sa propension à soutenir les Arabes même lorsqu’ils ne le demandent pas : Maurice Couve de Murville parle d’une « riposte […] intense et excessive » [95]. Il impute à ce combat le début de l’escalade qui aboutit à la guerre des Six jours. Les semaines suivantes, les attaques terroristes se multiplient ; l’armée syrienne, et plus seulement les fedayins, est impliquée [96]. Les discussions d’Hervé Alphand avec les autorités égyptiennes et syriennes trahissent le fait que les Français sont moins prompts à mettre en garde les Etats arabes qu’Israël [97].
La situation devient vraiment critique le 15 mai, lorsque Nasser, volant au secours de la Syrie, met ses forces en alerte. Le 16, le général Fawzi, fait un discours menaçant dans lequel il demande aux Arabes de se tenir prêts à attaquer Israël. L’Egypte réclame ensuite le retrait des troupes UNEF (United Nations Emergency Forces), les Casques bleus postés à la frontière israélo-égyptienne de Gaza et à Charm el-Cheikh depuis mars 1957. Cette demande est légale, mais Dag Hammarskjöld, le prédécesseur de Sithu U Thant au secrétariat général de l’ONU, s’était engagé à en parler aux Israéliens avant tout retrait. Les Occidentaux s’étonnent d’ailleurs de la précipitation avec laquelle U Thant obtempère aux exigences de Nasser, sans la moindre tentative de négociation. Le 17 mai, les forces égyptiennes sont mobilisées dans le Sinaï, et le 20, elles « prennent le contrôle de Charm el-Cheikh et imposent le blocus du golfe d’Akaba, interdisant à tout navire israélien et à tout vaisseau transportant des produits stratégiques – dont le pétrole – d’accéder au port israélien d’Eilat » [98]. Pour les Israéliens c’est un casus belli. Le golfe d’Akaba, dont ils avaient obtenu la libre circulation à l’issue de la crise de Suez, est devenu vital à l’économie israélienne ; sa fermeture « altère fondamentalement les dimensions géopolitiques du conflit israélo-arabe, et menace l’existence même d’Israël », selon Abba Eban [99]. D’autre part, la propagande arabe annonce l’imminence de la destruction d’Israël, l’obligeant à mobiliser en urgence.
Compte tenu du déséquilibre des forces, qualitativement favorables aux Israéliens – qui l’admettent eux-mêmes [100] –, les gestes de Nasser semblent inconsidérés. Mais l’Egypte est au bord de la faillite, et brandir la lutte contre Israël a toujours été un bon moyen de calmer les autres revendications intérieures. Il pourrait trouver également un soutien financier auprès des autres pays arabes, puisqu’il est le seul à pouvoir prétendre combattre Israël militairement. Par ailleurs, son autorité politique serait mise en doute s’il ne répondait pas aux appels syriens. Il semblerait également que la propagande des Saoudiens et des Jordaniens, opposés à l’Egypte dans la guerre froide arabe et notamment dans la crise yéménite qui dure depuis 1962, soit un déclencheur de l’attitude franc-tireur de Nasser. Celui-ci pourrait vouloir attiser la solidarité arabe, et trouver un prétexte pour retirer ses troupes du Yémen. Mais il a été trop loin dans les provocations. Selon les archives américaines [101], une semaine avant la guerre on pouvait douter du fait que Nasser cherche réellement le conflit avec l’Etat hébreu, mais pas du fait qu’il aurait été heureux de le trouver.
Les Israéliens sont partagés en deux tendances : les partisans d’une attaque préventive, notamment le général Rabin et Moshé Dayan, souhaitent montrer aux Arabes la supériorité militaire israélienne, pour les obliger à respecter son droit et accepter son existence [102]. Mais le Premier ministre Eshkol, et le ministre des Affaires étrangères Eban, craignent l’isolement diplomatique d’Israël s’il attaque le premier. Ils sont cependant tenus par des éléments stratégiques et économiques : face à la menace de guerre, Israël doit rester en mobilisation partielle. Or l’armée israélienne est une armée de réservistes : mobilisation est synonyme de crise économique et de paralysie du pays. D’autre part, la fermeture du golfe d’Akaba finira par freiner l’approvisionnement en pétrole [103]. On peut d’ailleurs soupçonner la stratégie égyptienne de chercher à étrangler Israël par l’économie, plutôt que par un affrontement dont l’issue est plus qu’hasardeuse pour les Arabes. De plus, l’évaluation des forces montre que si un conflit est inévitable, il vaut mieux ne pas laisser aux troupes arabes le temps de s’organiser. Il est évident qu’une attaque arabe visera les centres urbains – Tel-Aviv n’est qu’à quatre minutes de Damas ou d’Amman en avion supersonique –et les « bruits de bottes » aux frontières, et particulièrement côté égyptien, ne font pas de mystère de la préparation d’une guerre : moins il y aura d’hommes en armes prêts au combat dans le Sinaï, plus les affrontements seront aisés et rapides pour Israël, et les pertes réduites.
Face au danger, Israël envoie Abba Eban faire une tournée des capitales occidentales, pour jauger les attitudes et réclamer un soutien. Cette visite est présentée en Israël comme la dernière chance de règlement de la crise par la diplomatie, pour éviter une attaque préventive [104]. Levi Eshkol a déjà envoyé deux lettres, les 19 et 21 mai, au général de Gaulle, demandant « une affirmation solennelle du soutien que la France accorde à la sécurité et à l’intégrité territoriale d’Israël ainsi qu’au maintien de la paix dans le Moyen-Orient » [105]. Abba Eban arrive alors à Paris, et de Gaulle l’accueille par un dramatique « ne faites pas la guerre ! » [106]. Il indique que « la France n’approuverait pas le pays dont les forces tireraient les premières » [107]. A Eban qui lui demande si la France considèrerait comme un casus belli le fait qu’un navire israélien soit coulé dans le golfe d’Akaba, il conseille de s’abstenir de toute résistance active au blocus. Eban se trouve face à un de Gaulle hostile, qui essaie de « dissuader Israël d’attaquer les Arabes, arguant que sous sa gouverne la politique française a changé, d’une relation exclusive entre Paris et Tel-Aviv à une approche plus équilibrée, dans laquelle la collaboration avec les Arabes » tient une place importante [108]. Il ne tient pas compte de la menace qui pèse sur l’Etat hébreu, ni de sa perception du danger : dans ses frontières d’avant la guerre, Israël mesure, en cet endroit central appelé la « taille de guêpe », moins de 15 kilomètres, soit deux heures de marche.
Le 25 mai, de Gaulle reçoit l’ambassadeur égyptien auquel il prône la modération, insistant sur les conséquences désastreuses d’une guerre pour son pays. Il s’en tient à sa vision, qui n’est pas hostile à l’Etat hébreu, mais ne prend peut-être pas la mesure des complexités régionales, notamment le rôle négatif des Soviétiques qui informent Nasser d’une mobilisation intensive des Israéliens dans la région du Golan, menaçante pour la Syrie si elle avait été réelle. Du côté arabe, tous les signes d’une attaque imminente sont confirmés le 30 mai par la visite du roi Hussein en Egypte, qui démontre « l’alignement du régime d’Amman sur celui du Caire » [109] ; un traité de défense mutuelle est signée, et le général égyptien Riad prend la tête des forces jordaniennes. Le 1er juin, de Gaulle rencontre l’ambassadeur syrien, auquel il conseille l’apaisement. Mais la manière dont il met en garde les Etats arabes contre le déclenchement des hostilités est ambiguë : il promet à mots couverts son soutien si c’est Israël qui lance l’attaque, alors qu’il n’ignore pas que ceux-ci sont sur le point d’acculer Israël à tirer le premier, en l’étouffant par le blocus . « Si Israël prend l’initiative des hostilités, […] beaucoup de gens ne l’approuveront pas. Vous avez tout à gagner à être patients. […] Ne tirez pas les premiers » [110].
Parallèlement, de Gaulle refuse la proposition britannique soutenue par les Américains, d’envoyer une force maritime internationale protégée la liberté de navigation dans le golfe d’Akaba. Le 1er juin Eshkol adresse à de Gaulle une lettre amère, pour lui rappeler ses promesses passées : « Faites, Monsieur le Président, qu’en cette heure la France soit à nos côtés de façon non équivoque dans tous les domaines portant sur nos préoccupations politiques et de sécurité, et que nos amis comme nos ennemis sachent que, comme vous l’avez affirmé à plusieurs reprises, elle est l’amie et l’alliée d’Israël » [111]. Le lendemain, le Conseil des ministres émet un communiqué rédigé par de Gaulle lui-même : « la France n’est engagée à aucun titre ni sur aucun sujet avec aucun des Etats en cause. De son propre chef, elle considère que chacun de ces Etats a le droit de vivre. Mais elle estime que le pire serait l’ouverture des hostilités. En conséquence, l’Etat qui, le premier et où que ce soit, emploierait les armes n’aurait ni son approbation ni, à plus forte raison, son appui » [112]. Comme unique discours public sur les tensions au Proche-Orient, on ne peut faire plus neutre. Ce qui peut être considéré comme une prise de position favorable aux Arabes : en effet, bien que ces derniers affirment aux Occidentaux ne pas vouloir la guerre, ils ont accumulé les provocations et les discours sur la destruction prochaine d’Israël. Or cette déclaration ne condamne pas leurs initiatives hostiles à Israël, comme la fermeture du détroit de Tiran et les mouvements de troupes dans le Sinaï. Cette non-condamnation ne témoigne guère d’une volonté d’apaisement.

Le 1er juin, un gouvernement d’union nationale est mis en place en Israël : le général Moshé Dayan reçoit le portefeuille de la Défense. Les Israéliens ne semblent pas avoir douté de leur supériorité militaire théorique sur les Arabes. En revanche, en ce qui concerne l’issue d’une guerre, compte tenu de l’exiguïté de l’Etat, et du décalage numéraire entre eux et leurs ennemis, une trop longue attente peut leur être fatale. La géographie, le temps et le nombre jouent en leur défaveur. Jusqu’à la veille de la guerre, les exportations d’armes françaises vers Israël se poursuivent : Eban affirme aux Américains que les Français ont « ouvert leurs armoires », sans conditions financières [113]. Deux hypothèses se présentent : soit les Français ne sont pas aussi confiants qu’ils l’affirment sur la supériorité militaire israélienne, soit ils pensent rassurer, et par ce biais modérer les Israéliens. Ce n’est que le 3 juin que Paris fait savoir à Tel-Aviv sa décision d’interrompre toute livraison d’armes aux pays concernés par les tensions [114]. Paul-Marie de la Gorce suggère que cette décision pourrait être à l’origine de l’attaque : « l’embargo fut décrété sur toutes les ventes et expéditions d’armement à destination des pays du champ de bataille, le 5 juin : Israël, principal client de la France à cet égard, était, de loin, le plus touché et c’est d’ailleurs ce même jour que démarrait son offensive contre ses adversaires arabes » [115]. Maurice Vaïsse confirme cette hypothèse : cette décision « est très mal accueillie par les Israéliens, qui y voient un ‘lâchage’ des Français, [qui] renforce leur sentiment d’isolement et leur volonté de frapper sans attendre » [116].
Mais selon l’analyse de De Gaulle, un conflit risquerait de dégénérer en guerre mondiale, entraînant dans son sillage les Américains auprès d’Israël, et les Soviétiques avec les Arabes. Le 24 mai, il lance l’idée d’une conférence des « Quatre Grands » sur le problème israélo-arabe, parce qu’il ne croit pas dans la diplomatie régionale [117]. Il refuse de réitérer avec la Grande-Bretagne et les Etats-Unis les termes de la Déclaration tripartite, ce qu’Américains et Israéliens interprètent comme une frilosité à prendre des initiatives pour conseiller la modération et la retenue. Même en ce qui concerne la résolution du Conseil de sécurité sur la liberté de passage des navires transportant du matériel non stratégique, Roger Seydoux, représentant français aux Nations unies, affirme que la France ne la soutiendra pas, car elle souhaite éviter tout engagement dans ce sens. Les Israéliens sont résignés quant au soutien de la France, qu’Eban considère comme conditionné à la teneur de ses discussions avec l’Union soviétique [118].
Lorsque Israël lance son attaque préventive, la France la qualifie d’« illégale », et appelle à un cessez-le-feu et à un retour des troupes à leurs positions d’origine. A l’issue de ce conflit, la défaite arabe est sans appel ; Israël a multiplié sa superficie par cinq, occupant la bande de Gaza, le Sinaï, la Cisjordanie et, même après l’acceptation du cessez-le-feu, le très stratégique plateau du Golan. La condamnation française est totale : de Gaulle impose le maintien de l’embargo sur les armes, notamment sur les cinquante Mirage V déjà payés, tant qu’Israël n’aura pas rendu tous les territoires. Ce qui ne fait qu’aggraver les désaccords franco-israéliens, puisque Israël les considère « comme une monnaie d’échange contre une paix véritable », laquelle doit être accompagnée de la reconnaissance officielle de l’Etat hébreu par ses voisins [119]. Ce que les Etats arabes, humiliés, refusent en bloc.

Au lieu de considérer avec une neutralité honnête les attitudes israélienne et arabe, de Gaulle a fait preuve d’une nette intransigeance envers cette attaque, alors qu’il n’a pas su – ou pas voulu ? – déployer sa force de conviction pour détourner les Arabes de leurs provocations, qui précèdent la guerre. Il rompt ainsi avec plus de dix années de politique française favorable à Israël, faisant apparaître rétrospectivement ses paroles, à Ben Gourion puis à Eshkol, qu’Israël est « l’ami et l’allié » de la France, comme une « ironique épitaphe » selon les termes d’Elie Barnavi. Ce dernier considère l’attitude du Général comme « une leçon de Realpolitik » donnée à l’Etat d’Israël [120]. Cette rupture apparaît d’autant plus brutale et douloureuse pour Israël que l’amitié avait été forte, exclusive, et même salvatrice, à un moment donné de son histoire où la mise en question de son existence était permanente. L’ensemble de l’appareil sécuritaire israélien avait reposé sur les contrats avec la France, et les armes qui ont permis cette victoire éclaire d’Israël sont presque exclusivement de fabrication française.
L’attitude de De Gaulle surprend tout le monde, des hommes politiques, notamment gaullistes, à l’opinion publique. Seul le gouvernement semble préparé à une telle réaction. Selon Samy Cohen, de Gaulle en veut aux Israéliens de ne pas l’avoir écouté : il le dit publiquement, « au point de modifier totalement le jugement qu’il s’est fait de ce pays et de ses habitants depuis de longues années » [121]. Mais Israël n’avait aucune certitude quant au soutien que la France lui aurait apporté ; il n’est toujours pas intégré dans un pacte de défense régionale, et n’a aucun accord bilatéral de sécurité, rien ne lui garantissait une assistance militaire. La France l’aurait probablement soutenu dans les instances internationales ; mais aurait-elle mis en péril ses intérêts nationaux et internationaux pour défendre Israël, alors que les intérêts français sont devenus visiblement dépendants du monde arabe, et qu’elle est attachée à l’Orient par une histoire ancienne qui précède de beaucoup l’existence même de l’Etat juif ?

A l’issue de la guerre, de Gaulle affirme que l’Occident remerciera la France d’avoir été la seule puissance occidentale à conserver une certaine influence sur les Etats arabes. Il est certain que l’attitude française lui vaut une aura diplomatique sans précédent dans le monde arabe, ce qui accrédite définitivement l’alternative d’une troisième voie, assure le rayonnement culturel de la France, apporte des assurances économiques et énergétiques, et enfin, lui donne du poids dans les instances internationales… La France a gagné une popularité impensable quelques années auparavant, y compris auprès d’Etats avec lesquels les liens n’avaient jamais été développés, comme l’Irak. Mais tout cela a un prix : la France s’éloigne durablement d’Israël. Alors que la prise de distance française s’est faite en douceur sur dix années, la troisième crise du conflit israélo-arabe entraîne une exacerbation de ses positions.
D’autant que la colère du général de Gaulle n’a pas fini d’éclater : lors d’une conférence de presse le 27 novembre 1967, devenue tristement célèbre, il déclare : « les Juifs, qui étaient restés ce qu’ils avaient été de tout temps, c’est à dire un peuple d’élite, sûr de lui-même et dominateur ». Cette phrase a fait couler beaucoup d’encre. Il est délicat de juger quels sont les sentiments que de Gaulle exprime par cette déclaration ambiguë : René Rémond émet l’hypothèse qu’il soupçonnait les amis d’Israël, dont de nombreux gaullistes, d’être partagés entre deux allégeances, et voulait les obliger à choisir. Selon Samy Cohen, c’est un mélange d’admiration et d’agacement [122].

Pourtant, côté français, ce refroidissement n’était sans doute pas fait pour durer. En témoigne la lettre de justifications que le général de Gaulle adresse à Ben Gourion pour s’expliquer sur ses propos ; il répète qu’Israël « exagère », mais affirme que les termes employés étaient dans sa bouche des propos flatteurs. D’autre part, l’embargo ne devait pas non plus s’éterniser, puisque les usines françaises continuent de produire du matériel militaire destiné à Israël. Mais c’était sans compter le ressentiment israélien envers la « trahison » française. Adoptant une attitude parfois infantile, l’Etat hébreu, fort du récent soutien américain, accumule les provocations, renforçant ainsi la méfiance entre les deux pays, et confortant la France dans l’orientation adoptée. Ainsi, en représaille des incursions de fedayins palestiniens depuis le Liban, le 28 décembre 1968, l’armée israélienne envoie le général Rafael Eytan mener un raid sur l’aéroport civil de Beyrouth. Or, non seulement le Liban est l’allié de la France, et en quelque sorte son « protégé » au Proche-Orient, mais encore l’attaque israélienne fût-elle menée avec du matériel militaire français, contre des avions français. L’opération relève de l’intimidation, puisque l’attaque ne fait pas une seule victime. Le général de Gaulle, fou de rage, n’en est que plus virulent dans sa condamnation.
En réponse, l’embargo effectif depuis la guerre des Six jours, est désormais étendu aux armes défensives et pièces de rechange. Certaines personalités du Quai d’Orsay, tel l’ancien ambassadeur à Londres René Massigli, accusent même les Juifs français de double allégeance. Perçu comme le summum de l’indécence par le chef de l’Etat français, le nouveau Premier ministre Maurice Couve de Murville, et le nouveau ministre des Affaires étrangères, Michel Debré, cet épisode contribue à péréniser l’hostilité à Israël des gouvernements gaullistes. En effet, de Gaulle, s’il était resté au pouvoir, aurait pu inverser la tendance. Selon Samy Cohen, son départ précipité le 27 avril 1969, a laissé les gaullistes dans l’idée que la politique pro-arabe et anti-israélienne était sinon la règle, du moins l’orientation souhaitée par leur ancien leader [123]. Mais l’attitude provocante de l’Etat hébreu envers son ancienne « amie et alliée » n’incite pas ses successeurs à plus de souplesse : à peine arrivé au pouvoir, le président Georges Pompidou essuie une humiliation radicale lors de la saisie par Israël des vedettes dites « de Cherbourg ». Conçues pour Israël, et payées depuis plusieurs années, elles tombaient sous le coup de l’embargo, et toutes les tentatives de négociations furent vaines. Les services secrets israéliens ont alors mis en place un vol des vedettes, le 25 décembre 1969, au nez et à la barbe des autorités françaises. Ensuite l’opération d’Entebbe, le 2 juillet 1976 : alors qu’un avion d’Air France à destination d’Israël est détourné en Ouganda par des terroristes palestiniens, au lieu d’attendre sagement les résultats des négociations menées par la diplomatie française, les Israéliens – qui, l’ayant eux-mêmes conçu, possédaient les plans de l’aéroport d’Entebbe –, ont lancé une opération victorieuse pour libérer les otages, qui n’a coûté la vie qu’au chef du commando israélien. Valéry Giscard d’Estaing, bien qu’obligé de se réjouir du succès de l’opération, n’a pas apprécié qu’elle soit menée dans le secret sans que les autorités françaises aient été concertées ni même informées. Enfin, le jour même de l’entrée en fonction de François Mitterrand, l’opération menée par l’aviation israélienne pour détruire la centrale nucléaire irakienne Osirak, construite par les Français pour Sadam Hussein, n’a pas contribué à un rapprochement. Bien que le parti socialiste français se soit présenté comme un ami d’Israël, la diplomatie française n’a pas beaucoup assoupli sa politique proche-orientale, dont les rênes sont toujours tenues prioritairement par le Quai d’Orsay.

Conclusion

Ces vingt années sont essentielles pour comprendre l’évolution actuelle de la politique française au Proche-Orient. Cette période est le tableau de nombreux bouleversements internationaux, tels que la Guerre Froide et la division du monde en deux blocs antagonistes, la décolonisation et la naissance de nombreux nouveaux Etats qui doivent trouver leur place dans – ou à la périphérie – du système bipolaire, la remise en question de la primauté européenne dans les relations internationales, et notamment de la puissance française. Naît aussi la notion de néo-impérialisme et les premiers conflits qui en découlent. Le Proche-Orient est au cœur de ces changements, avec l’indépendance de nombreux Etats de la région, et la création d’Israël qui s’inscrit dans ce contexte complexe, ce qui ne facilite pas son insertion régionale. Par ailleurs la France, prise dans la tourmente de la Guerre Froide et des guerres de décolonisation, adopte tout d’abord une attitude ambiguë et hésitante sur la question proche-orientale. Puis par communauté d’intérêt, la dernière puissance coloniale qu’est la France se rapproche d’Israël, – participant ainsi à construire la réputation future de poste avancé de l’impérialisme occidental de l’Etat juif. Enfin, elle parvient à se libérer laborieusement de ses territoires pour devenir un symbole de l’indépendance nationale, et une championne de l’anti-impérialisme et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

On peut penser que la radicalisation de la politique française n’était pas inéluctable : la France montrait encore à la veille de la guerre des Six jours de nombreux signes d’attachement à Israël. Si la situation au Proche-Orient ne l’avait pas obligée à « prendre parti », nul ne peut affirmer quelle aurait été l’évolution de sa politique au Proche-Orient. Les changements intervenus depuis 1962 laissent penser que les orientations étaient adoptées, en tout cas l’évolution engagée allait résolument dans le sens révélé par la crise. Il semble évident, compte tenu du développement en cours des relations franco-arabes, que la France n’avait pas intérêt à soutenir Israël contre les Etats arabes ; mais de là à le condamner aussi fermement, il y a un pas qui n’était pas franchi d’avance.
Pourtant, après coup, et en considérant la politique française dans sa longévité, peut-on parler d’un « basculement » en 1967 ? Il semble au contraire que la politique française montre une certaine continuité : son attitude avant et à la création de l’Etat juif concorde avec celle de 1967, qui ne semble plus une rupture avec ses habitudes. En revanche, c’est l’amitié intime franco-israélienne qui apparaît comme une parenthèse dans l’histoire de la politique française au Proche-Orient, due à un contexte international où la France est en perte de puissance, mise au ban des nations par ses alliés aussi bien que par le bloc de l’Est et les non-alignés, tant que dure sa difficile décolonisation, et donc son hostilité au nationalisme arabe.
Lorsqu’au milieu des années soixante, la France atteint à l’apogée de sa puissance économique et de son rayonnement international, elle dispose d’une liberté d’action qui lui permet d’élaborer sa politique extérieure en fonction de ses choix et non plus de ses nécessités. Il apparaît alors que les diplomates israéliens ne peuvent influencer l’évolution de cette politique vers l’éloignement. La politique française est élaborée à Paris, et elle suit son cours, imperturbable, vers ce qui est meilleur pour ses intérêts, sans tenir compte des efforts de la diplomatie israélienne. L’accueil chaleureux des Arabes à l’issue de la guerre d’Algérie l’encourage à persévérer dans ce sens, et l’amène sans doute à continuer le processus – déjà engagé – d’éloignement par rapport à Israël. Comme il est naturel, on constate que les intérêts nationaux, en toutes circonstances, priment dans la définition de la politique étrangère : alliée d’Israël tant qu’il sert ses intérêts, du moins quand cette amitié n’entrave pas des relations – inexistantes – avec les principaux ennemis d’Israël, la France s’en éloigne dès qu’Israël devient un handicap pour sa politique, puisque son objectif est de s’élever au rang de puissance internationale.

Quelles qu’aient été les motivations de la France, les positions révélées par la guerre des Six jours se sont figées sur le long terme. Malgré quelques nuances, en fonction des gouvernements successifs, les grandes lignes de la politique de la France au Proche-Orient sont à l’image des orientations de 1967.

Sarah Gavison-Chauveau
La politique française face au conflit israélo-arabe - 3
26 août 2007, 15:38
Notes

[1] David PRYCE-JONES, « Jews, Arabs, and French Diplomacy. A special Report », dans Commentary, mai 2005, pp.27-45
[2] Yohanan Manor, Naissance du sionisme politique, p.252, Gallimard/Julliard, collection Archives, 1981
[3] David PRYCE-JONES, « Jews, Arabs, and French Diplomacy. A special Report », dans Commentary, mai 2005, pp.27-45
[4] Entré en fonction le 24 novembre 1947, alors que le Ministre des Affaires étrangères occupait déjà ce poste sous les deux gouvernements Paul Ramadier qui précèdent.
[5] Frédéric Encel : « Le sionisme et Israël : quelle légalité internationale ? » in Atlantis Institute, [www.atlantis.org]
[6] Source : ministère des Affaires étrangères d’Israël : [www.mfa.gov.il]
[7] Robert Paul GRANT, Les querelles franco-américaines et le conflit israélo-arabe, p.12, IEP Paris, 1983, XXVI-602p., bibliographie, thèse 2 vol.
[8] Sylvia K. CROSBIE, A tacit alliance : France and Israel from Suez to the Six-Day war, Pinceton N.J., Princeton University Press, 1974, XIII-280p., bibliographie
[9] Elie BARNAVI, Une histoire moderne d’Israël, p.304, Paris, Flammarion (2ème édition), 1988, 347p., cartes, bibliographie, index
[10] Elie BARNAVI, Une histoire moderne d’Israël, p.304, Paris, Flammarion (2ème édition), 1988, 347p., cartes, bibliographie, index
[11] Robert Paul GRANT, Les querelles franco-américaines et le conflit israélo-arabe, p.14, IEP Paris, 1983, XXVI-602p., bibliographie, thèse 2 vol.
[12] Robert Paul GRANT, Les querelles franco-américaines et le conflit israélo-arabe, p.5, IEP Paris, 1983, XXVI-602p., bibliographie, thèse 2 vol.
[13] Entre l’automne 1955 et l’été 1956, l’Egypte de Nasser a signé un contrat de vente d’armes avec la Tchécoslovaquie, a reçu le ministre des Affaires étrangères soviétique, et a accepté de reconnaître la République populaire de Chine.
[14] Ils avaient même mobilisé leurs forces en Méditerranée pour s’interposer en cas d’attaque soviétique contre les Franco-britanniques, laquelle n’aurait pas été réellement envisagée par les Soviétiques, comme en témoigne leur attitude à l’ONU.
[15] Frédéric BOZO, La politique étrangère de la France depuis 1945, p.29 Paris, La Découverte, 1997 ; 122p., bibliographie
[16] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.617, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[17] Elie BARNAVI, Une histoire moderne d’Israël, p.304 Paris, Flammarion (2ème édition), 1988 ; 347p., cartes, bibliographie, index
[18] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.620, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[19] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.621, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[20] En effet la mémoire collective juive conserve une grande reconnaissance à la France : elle fut le premier Etat à reconnaître aux Juifs la citoyenneté en leur donnant les mêmes droits civiques qu’à tout autre citoyen français, au début du XIXe siècle ; ensuite une clause du décret Crémieux accordait à tout Juif d’Algérie qui le souhaitait la nationalité française, au même titre qu’aux Européens d’Algérie ; la mobilisation de nombreux intellectuels français, avec à leur tête Emile Zola et le quotidien l’Aurore, pour la défense du Capitaine Dreyfus ; la France fut au XIXe et au XXe siècle une terre d’asile pour les Juifs d’Europe de l’Est ; enfin, certains aspects de la Résistance française et le nombre de « Justes parmi les Nations » en France pendant l’occupation a parfait l’image de patrie des droits de l’homme aux yeux de nombreux Juifs, de France et d’ailleurs.
[21] Outre les Etats-Unis et la Grande-Bretagne qui refusent de lui vendre des armes pour ne pas mettre en péril leurs relations avec les Etats arabes, et l’Union soviétique qui conspue l’Etat hébreu depuis sa prise de position pro-américaine lors de la guerre de Corée en 1951, la France est le seul Etat qui entretienne une industrie d’armement susceptible d’assurer la défense d’Israël.
[22] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.617, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[23] Michael M. LASKIER « Israel and Algeria amid French colonialism and the Arab-Israeli conflict, 1954-1978 », dans Israël studies vol.6, nº2, été 2001, p.1-32 ; p.2 « pushed Israel into the orbit of French colonial policies. In exchange for supplying 200 AMX 13 tanks and 72 Mystère fighter planes, the French intelligence agency (SDECE) demanded that Israel help France counteract the activity of the FLN in Europe and elsewhere ».
[24] Jean DOISE et Maurice VAÏSSE, Diplomatie et outil militaire : politique étrangère de la France, 1871-1991, p.577, Nouvelle édition, Paris, Seuil, 1992 ; 752p., cartes, index
[25] Jean-Baptiste DUROSELLE, La France et les Etats-Unis : des origines à nos jours, p.223, Paris, Seuil, 1976 ; 284p., index
[26] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.15, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[27] Jean DOISE et Maurice VAÏSSE, Diplomatie et outil militaire : politique étrangère de la France, 1871-1991, p.578, Nouvelle édition, Paris, Seuil, 1992 ; 752p., cartes, index
[28] Frédéric BOZO, La politique étrangère de la France depuis 1945, p.33 Paris, La Découverte, 1997 ; 122p., bibliographie
[29] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.615, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[30] George LENCZOWSKI, American presidents and the Middle East, p.53 Durham, NC, Duke University Press, 1991 ; VI-321p., cartes, bibliographie, index
[31] Maurice COUVE DE MURVILLE, Une politique étrangère : 1958-1969, p.32-33, Paris, Plon, 1971 ; 505p., bibliographie
[32] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.616, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[33] Frédéric BOZO, La politique étrangère de la France depuis 1945, p.34-35, Paris, La Découverte, 1997 ; 122p., bibliographie
[34] Frédéric BOZO, La politique étrangère de la France depuis 1945, p.31, Paris, La Découverte, 1997 ; 122p., bibliographie
[35] Paul-Marie de LA GORCE, « La politique arabe du Général de Gaulle », p.186 ; dans Elie BARNAVI et Saül FRIEDLÄNDER, La politique étrangère du Général de Gaulle, Paris, Presses Universitaires de France, 1985 ; 207p., bibliographie ; et Philip G. CERNY, Une politique de grandeur. Aspects idéologiques de la politique extérieure de De Gaulle, p.158, Paris, Flammarion, 1986 ; 342p., bibliographie
[36] André NOUSCHI, La France et le monde arabe : depuis 1962, mythes et réalités d’une ambition, p.37-39, Paris, Vuibert, 1994 ; 224p., cartes, bibliographie
[37] Jean-Raymond TOURNOUX, La tragédie du Général, Plon, 1967 ; cité par Jean DOISE et Maurice VAÏSSE, Diplomatie et outil militaire : politique étrangère de la France, 1871-1991, p.588, Nouvelle édition, Paris, Seuil, 1992 ; 752p., cartes, index
[38] Archives Diplomatiques, Série Afrique-Levant, Sous-série Levant, Généralités, 1953-1959, carton nº532 ; Bulletin d’information du Service du Levant, du 1er au 30 septembre 1958
[39] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.68 et 75, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[40] Maurice COUVE DE MURVILLE, Une politique étrangère : 1958-1969, p.465, Paris : Plon, 1971 ; 505p., bibliographie
[41] Charles de GAULLE, Mémoires d’espoir, p.284, Paris, Plon, 1994 ; 1163p.
[42] Samy COHEN, De Gaulle, les gaullistes et Israël, p.76, Paris, Alain Moreau, 1974 ; 365p., index
[43] Samy COHEN, « De Gaulle et Israël : le sens d’une rupture », p.192 ; dans Elie BARNAVI et Saül FRIEDLÄNDER, La politique étrangère du Général de Gaulle, Paris, Presses Universitaires de France, 1985 ; 207p., bibliographie
[44] Le terme « normaliser » est généralement employé pour qualifier un réchauffement des relations entre deux pays, mais il semble admis dans ce cas précis, même le Quai d’Orsay l’emploie sans guillemets, et il se justifie par le caractère exceptionnellement intime et exclusif des relations franco-israéliennes au moment du retour au pouvoir du général de Gaulle.
[45] Archives Diplomatiques, Série Afrique-Levant, Sous-série Levant, Généralités, 1953-1959, carton nº545 ; Note de M. de Chayla sur la situation au Proche-Orient et la politique à adopter ; note non datée, dont le contenu indique qu’elle a été écrite entre le retour du général de Gaulle au pouvoir (13 mai 1958) et la révolution irakienne (14 juillet 1958).
[46] Philip G. CERNY, Une politique de grandeur. Aspects idéologiques de la politique extérieure de De Gaulle, p.148, Paris, Flammarion, 1986 ; 342p., bibliographie ; c’est l’auteur qui souligne « ensembles ».
[47] Frédéric BOZO, La politique étrangère de la France depuis 1945, p.32, Paris, La Découverte, 1997 ; 122p., bibliographie
[48] Charles de GAULLE, Mémoires d’espoir, p.279, Paris, Plon, 1994 ; 1163p.
[49] Charles de GAULLE, Mémoires d’espoir, p.279, Paris, Plon, 1994 ; 1163p.
[50] Archives Diplomatiques, Série Afrique-Levant, Sous-série Levant, Israël, 1953-1959, carton nº578 ; Note du directeur de la Banque de l’Indochine-Djibouti, brouillon de ce qu’il va envoyer pour faire lever le boycott
[51] Archives Diplomatiques, Série Afrique-Levant, Sous-série Levant, Israël, 1960-1965, carton nº929 ; Service du Levant : note du 9 juin 1960, Relations franco-israéliennes
[52] Archives Diplomatiques, Série Afrique-Levant, Sous-série Levant, Israël, 1960-1965, carton nº929 ; Note de l’ambassade de France en Israël au Ministre des Affaires étrangères, le 12 juillet 1960
[53] Elie BARNAVI, Une histoire moderne d’Israël, p.304, Paris : Flammarion (2ème édition), 1988 ; 347p., cartes, bibliographie, index
[54] Samy COHEN, De Gaulle, les gaullistes et Israël, p.63-66, Paris, Alain Moreau, 1974 ; 365p., index ; l’Alliance France-Israël a été créée en novembre 1956, qui milite pour une alliance formelle entre les deux pays, objectif éminemment politique ; l’Association France-Israël a été fondée en 1933 sous le nom d’Association France-Palestine, ses champs d’action sont plus orientés vers les relations culturelles et économiques.
[55] Cité par Samy COHEN, De Gaulle, les gaullistes et Israël, p.86, Paris, Alain Moreau, 1974 ; 365p., index
[56] Archives Diplomatiques, Série Afrique-Levant, Sous-série Levant, Israël, 1960-1965, carton nº929 ; Télégramme de l’Ambassade de France au Ministre des Affaires étrangères, le 15 juin 1960.
[57] Samy COHEN, De Gaulle, les gaullistes et Israël, p.85, Paris, Alain Moreau, 1974 ; 365p., index
[58] Samir KASSIR et Farouk MARDAM-BEY, Itinéraires de Paris à Jérusalem : la France et le conflit israélo-arabe, T.2 : 1958-1991, p.29, Paris, Ed. de la Revue d’études palestiniennes, 1992 ; 2ème vol., 490p.
[59] Paul BALTA et Claudine RULLEAU, La Politique arabe de la France : de De Gaulle à Pompidou, p.37, Paris, Sindbad, 1973 ; 279p., bibliographie
[60] Samy COHEN, De Gaulle, les gaullistes et Israël, p.80, Paris, Alain Moreau, 1974 ; 365p., index
[61] Philip G. CERNY, Une politique de grandeur. Aspects idéologiques de la politique extérieure de De Gaulle, p.224, Paris, Flammarion, 1986 ; 342p., bibliographie
[62] Jacques FREMEAUX, Le monde arabe et la sécurité de la France depuis 1958, p.45, Paris, Presses universitaires de France, 1995 ; 327p., bibliographie
[63] Archives Diplomatiques, Série Afrique-Levant, Sous-série Levant, Généralités, 1960-1965, carton nº849 ; Note du 2 avril 1962 : Eventuelle reprise des relations avec le monde arabe.
[64] Cette note non datée est forcément postérieure au 2 juillet 1962, et antérieure au 13 août, puisqu’elle fait état de la demande de la Jordanie de renouer avec la France, mais pas de celle de l’Arabie saoudite ; Archives Diplomatiques, Série Afrique-Levant, Sous-série Levant, Généralités, 1960-1965, carton nº849 ; Note non datée, signée « C. de Gaulle ».
[65] Archives Diplomatiques, Série Afrique-Levant, Sous-série Levant, Généralités, 1960-1965, carton nº830 ; Note de la direction des Affaires politiques du 2 juillet 1962 : Problèmes concernant la reprise éventuelle des relations diplomatiques avec les Etats arabes.
[66] Samir KASSIR et Farouk MARDAM-BEY, Itinéraires de Paris à Jérusalem : la France et le conflit israélo-arabe, T.2 : 1958-1991, p.36, Paris, Ed. de la Revue d’études palestiniennes, 1992 ; 2ème vol., 490p.
[67] Samy COHEN, « De Gaulle et Israël : le sens d’une rupture », p.194 ; dans Elie BARNAVI et Saül FRIEDLÄNDER, La politique étrangère du Général de Gaulle, Paris, Presses Universitaires de France, 1985 ; 207p., bibliographie
[68] Jean-Marcel JEANNENEY, La politique de coopération avec les pays en voie de développement, Paris, La Documentation française, 1964 ; 134p., 287p. d’annexes
[69] Archives Diplomatiques, Série Afrique-Levant, Sous-série Levant, RAU, 1960-1965, carton nº996 ; Télégramme d’Henri Froment-Meurice, chargé d’affaires en RAU, au Ministre des Affaires étrangères, Maurice Couve de Murville, le 27 novembre 1963.
[70] Archives Diplomatiques, Entretiens et Messages, volume 19 ; entretien Hussein de Jordanie / de Gaulle, 20 sept.1963.
[71] Archives Diplomatiques, Entretiens et Messages, volume 23 ; le 11 novembre 1964, entretien de Gaulle / général Hafez de Syrie.
[72] Archives Diplomatiques, Entretiens et Messages, volume 23 ; 18-19 novembre 1964, entretien de Gaulle / le roi Hussein de Jordanie.
[73] Archives Diplomatiques, Entretiens et Messages, volume 25 ; 7 mai 1965, entretien de Gaulle / Président Hélou du Liban ; sur la question de l’eau au Proche-Orient, voire L’eau : Israël et ses voisins ; [www.afidora.com]
[74] Robert Paul GRANT, Les querelles franco-américaines et le conflit israélo-arabe, p.56, IEP Paris, 1983 ; XXVI-602p., bibliographie, thèse 2 vol.
[75] Archives Diplomatiques, Entretiens et Messages, volume 25 ; Entretiens franco-égyptiens, 18 octobre 1965, entretien de Gaulle / le maréchal Amer, vice-président de la RAU.
[76] Archives Diplomatiques, Entretiens et Messages, volume 25 ; Entretiens franco-égyptiens, 16 octobre 1965, entretien Couve de Murville / Ahmed Fawzi, le vice-président égyptien chargé des Affaires étrangères.
[77] Robert Paul GRANT, Les querelles franco-américaines et le conflit israélo-arabe, p.56, IEP Paris, 1983 ; XXVI-602p., bibliographie, thèse 2 vol.
[78] Archives Diplomatiques, Entretiens et Messages, volume 27 ; 12 juillet 1966, entretien de Gaulle / M. Pachachi, ministre des Affaires étrangères d’Irak ; volume 28 ; 24 août 1966, entretiens de Gaulle / Hussein de Jordanie ; volume 28 ; 20 décembre 1966, entretiens de Gaulle / Makhos.
[79] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.632, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[80] Samy COHEN, De Gaulle, les gaullistes et Israël, p.90, Paris, Alain Moreau, 1974 ; 365p., index
[81] Charles de GAULLE, Lettres, Notes et Carnets, t.IX, (1961-1963), Paris, Plon, 1980-1986 ; p.335 ; Note à MM. Pompidou, Couve de Murville et Mesmer, 24 mai 1963.
[82] Note de De Gaulle à Couve de Murville, 4 juin 1963, dans Fondation Nationale des Sciences Politiques, CM8 ; cité par Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.626, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[83] Jean-Marcel JEANNENEY, La politique de coopération avec les pays en voie de développement, Paris, La Documentation française, 1964 ; 134p., 287p. d’annexes
[84] Sylvia K. CROSBIE, A tacit alliance : France and Israel from Suez to the Six-Day war, p.184-185, Princeton NJ, Princeton University Press, 1974 ; XIII-280p., bibliographie
[85] Samir KASSIR et Farouk MARDAM-BEY, Itinéraires de Paris à Jérusalem : la France et le conflit israélo-arabe, T.2 : 1958-1991, p.30-31, Paris, Ed. de la Revue d’études palestiniennes, 1992 ; 2ème vol., 490p.
[86] Samy COHEN, De Gaulle, les gaullistes et Israël, p.85-89, Paris, Alain Moreau, 1974 ; 365p., index
[87] Archives Diplomatiques, Entretiens et Messages, volume 21 ; Compte-rendu des entretiens Levi Eshkol / Georges Pompidou, 29 juin 1964.
[88] Samy COHEN, De Gaulle, les gaullistes et Israël, p.111-115, Paris, Alain Moreau, 1974 ; 365p., index
[89] Archives Diplomatiques, Série Afrique-Levant, Sous-série Levant, Israël, 1960-1965, carton nº929 ; Lettre de Bertrand de la Sablière, Ambassadeur de France en Israël au Ministre des Affaires étrangères, le 26 octobre 1965.
[90] Samir KASSIR et Farouk MARDAM-BEY, Itinéraires de Paris à Jérusalem : la France et le conflit israélo-arabe, T.2 : 1958-1991, p.19, Paris, Ed. de la Revue d’études palestiniennes, 1992 ; 2ème vol., 490p.
[91] Jacques FREMEAUX, Le monde arabe et la sécurité de la France depuis 1958, p.52-53, Paris, Presses universitaires de France, 1995 ; 327p., bibliographie
[92] Samy COHEN, De Gaulle, les gaullistes et Israël, p.80, Paris, Alain Moreau, 1974 ; 365p., index
[93] Samuel SEGUEV, Israël, les Arabes et les grandes puissances : 1963-1968, p.226, Paris, Calmann-Lévy, 1968 ; 253p., carte ; traduit de l’hébreu par Gabriel Roth
[94] André NOUSCHI, La France et le monde arabe : depuis 1962, mythes et réalités d’une ambition, p.102, Paris, Vuibert, 1994 ; 224p., cartes, bibliographie
[95] Maurice COUVE DE MURVILLE, Une politique étrangère : 1958-1969, p.468, Paris, Plon, 1971 ; 505p., bibliographie
[96] Foreign Relations of the United States, 1964-1967, Vol.XVIII, Arab-Israeli Dispute, doc.418. : Telegram From the Department of State to the Embassy in Israel, Washington, May 12, 1967 ; « dangerous situation, without any restraint ».
[97] Archives Diplomatiques, Entretiens et messages, volume 30 ; Entretiens du Secrétaire général du Quai d’Orsay, Hervé Alphand, avec le Caire et Damas, du 11 ou 16 mai 1967
[98] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.634, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[99] Foreign Relations of the United States, 1964-1968, Vol.XIX, Arab-Israeli Crisis and War 1967, doc.69. Memorandum of Conversation ; I-35592/67 Washington, May 26, 1967 ; Source: Washington National Records Center, OSD Files: FRC 330 77-0075, Memoranda of Conversations between Secretary of Defense McNamara and Heads of State (other than NATO). Top Secret ; « fundamentally alters the geo-political dimensions of the Arab-Israeli dispute and threatens the very existence of Israel ».
[100] Foreign Relations of the United States, 1964-1968, Vol.XIX, Arab-Israeli Crisis and War 1967, doc.69. Memorandum of Conversation, Washington, May 26, 1967.
[101] Les archives françaises concernant la guerre des Six jours ne sont pas encore accessibles, à l’exception des Archives Diplomatiques, Entretiens et messages.
[102] Samy COHEN, « De Gaulle et Israël : le sens d’une rupture », p.197 ; dans Elie BARNAVI et Saül FRIEDLÄNDER, La politique étrangère du Général de Gaulle, Paris, Presses Universitaires de France, 1985 ; 207p., bibliographie
[103] George LENCZOWSKI, American presidents and the Middle East, p.107, Durham, NC, Duke University Press, 1991 ; VI-321p., cartes, bibliographie, index
[104] Samy COHEN, « De Gaulle et Israël : le sens d’une rupture », p.197 ; dans Elie BARNAVI et Saül FRIEDLÄNDER, La politique étrangère du Général de Gaulle, Paris, Presses Universitaires de France, 1985 ; 207p., bibliographie
[105] Archives Diplomatiques, Entretiens et Messages, volume 30 ; Messages israéliens, du 19 au 27 mai 1967.
[106] Abba Solomon EBAN, Abba Eban : an autobiography, p.260, London, Weidenfeld and Nicolson, 1978 ; XII-628p., ill., index
[107] Paul-Marie de LA GORCE, « La politique arabe du Général de Gaulle », p.187 ; dans Elie BARNAVI et Saül FRIEDLÄNDER, La politique étrangère du Général de Gaulle, Paris, Presses Universitaires de France, 1985 ; 207p., bibliographie
[108] George LENCZOWSKI, American presidents and the Middle East, p.108, Durham, NC, Duke University Press, 1991 ; VI-321p., cartes, bibliographie, index
[109] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.636, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[110] Archives Diplomatiques, Entretiens et Messages, volume 30 ; entretiens franco-saoudiens, 2 juin 1967.
[111] Archives Diplomatiques, Entretiens et Messages, volume 30 ; Lettre du Premier ministre israélien Levi Eshkol au général de Gaulle, 1er juin 1967.
[112] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.636, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes ; et Samy COHEN, De Gaulle, les gaullistes et Israël, p.122, Paris, Alain Moreau, 1974 ; 365p., index.
[113] Foreign Relations of the United States, 1964-1968, Vol.XIX, Arab-Israeli Crisis and War 1967, doc.77. : Memorandum of Conversation, Washington, May 26, 1967 ; « opened its armories » ; et doc.81. : Telegram From the Mission to the United Nations to the Department of State, New York, May 27, 1967.
[114] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.636, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[115] Paul-Marie de LA GORCE, « La politique arabe du Général de Gaulle », p.187 ; dans Elie BARNAVI et Saül FRIEDLÄNDER, La politique étrangère du Général de Gaulle, Paris, Presses Universitaires de France, 1985 ; 207p., bibliographie
[116] Maurice VAÏSSE, La grandeur : politique étrangère du Général de Gaulle, 1958-1969, p.636, Paris, Fayard, coll. Pour une histoire du XXe siècle, 1998 ; 726p., bibliographie, index, cartes
[117] Samy COHEN, « De Gaulle et Israël : le sens d’une rupture », p.196 ; dans Elie BARNAVI et Saül FRIEDLÄNDER, La politique étrangère du Général de Gaulle, Paris, Presses Universitaires de France, 1985 ; 207p., bibliographie
[118] Foreign Relations of the United States, 1964-1968, Vol.XIX, Arab-Israeli Crisis and War 1967, doc.47. : Telegram From the Embassy in France to the Department of State, Paris, May 23, 1967; et doc.81. : Telegram From the Mission to the United Nations to the Department of State, New York, May 27, 1967; et doc.77. : Memorandum of Conversation, Washington, May 26, 1967.
[119] Samy COHEN, « De Gaulle et Israël : le sens d’une rupture », p.199 ; dans Elie BARNAVI et Saül FRIEDLÄNDER, La politique étrangère du Général de Gaulle, Paris, Presses Universitaires de France, 1985 ; 207p., bibliographie
[120] Elie BARNAVI, Une histoire moderne d’Israël, p.305, Paris, Flammarion (2ème édition), 1988 ; 347p., cartes, bibliographie, index
[121] Samy COHEN, « De Gaulle et Israël : le sens d’une rupture », p.193 ; dans Elie BARNAVI et Saül FRIEDLÄNDER, La politique étrangère du Général de Gaulle, Paris, Presses Universitaires de France, 1985 ; 207p., bibliographie
[122] René REMOND, « De Gaulle et les forces politiques françaises », p.36, et Samy COHEN, « Le sens d’une rupture » ; dans Elie BARNAVI et Saül FRIEDLÄNDER, La politique étrangère du Général de Gaulle, Paris, Presses Universitaires de France, 1985 ; 207p., bibliographie.
[123] Samy COHEN, De Gaulle, les gaullistes et Israël, p.174, Paris, Alain Moreau, 1974 ; 365p., index

Source : Site AFIDORA
Les relations franco-israéliennes, 1948-2004
26 août 2007, 13:40
Les relations franco-israéliennes, 1948-2004 - Par Dominique Trimbur


Plan de l'article

• Préalables : 1945-1948

• L’âge d’or : 1948-1967

• Refroidissement et ambivalences : les relations franco-israéliennes de 1967 à 2000

• La situation actuelle : 2000-2004

• Conclusion


La multiplication des incidents antisémites, avérés ou feints, a procuré ces dernières années l’occasion de mettre régulièrement en avant la fragilité comme l’hypersensibilité des liens complexes qui existent entre la France et l’État hébreu. Cette constatation est vérifiée, même si elle doit en apparence étonner, dans la mesure où il y a là mélange entre problèmes internes à la France et affaires étrangères. Dans les faits, et c’est presque une tautologie, il y a un lien étroit entre la situation de la communauté juive française et l’état des relations
entre les deux pays ; un lien étroitement associé à la délicate frontière qui sépare dans les débats actuels l’antisémitisme et l’anti-israélisme (un phénomène qui ne s’applique d’ailleurs pas seulement à la France, comme le révèlent notamment certains faits allemands des dernières années).

Les relations franco-israéliennes ne focalisent pas seulement l’actualité ; elles ont été ces dernières années au centre de rencontres à vocation plus ou moins scientifique. C’est ainsi que le Truman Institute de l’Université hébraïque de Jérusalem s’est penché en 2001 sur l’histoire longue de la présence française en Orient, consacrant une partie de ses débats aux relations franco-israéliennes

1. Tandis que de façon plus médiatique, des intellectuels des deux pays se sont retrouvés à Tel-Aviv, au printemps 2004, pour débattre du passé, du présent et surtout de l’avenir de ces relations, comme de la situation des Juifs français

2. L’intérêt pour ces relations est donc soutenu, permettant d’ailleurs d’établir un parallèle avec celles entre l’Allemagne et Israël. De fait, en principe, les relations franco-israéliennes sont « simplement » interétatiques, comme c’est l’usage dans le système des relations internationales ; et, en principe toujours, elles n’ont pas le caractère spécial, anormal, qui marque encore aujourd’hui les relations germano-israéliennes. Toutefois, et sans réelle exagération, on peut se
demander si à l’heure actuelle ces dernières ne seraient pas plus simples que les relations entre la France et Israël.

Au total, la situation actuelle, tendue, des relations franco-israéliennes, ferait presque oublier que ces rapports ont été à un moment excellents, pour le moins.

Il est donc utile de brosser en quelques pages le tableau général de ces relations, en délimitant quatre périodes :

- les préalables (1945-1948),
- l’âge d’or (1948- 1967),
- le refroidissement et les ambivalences (1967-2000) et
- la situation actuelle (2000-2004).

Pour en savoir plus :

[www.cairn.info]


Préalables : 1945-1948

Le rapport de la France à la Palestine et au sionisme qui prévaut en 1945, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah, est directement issu de la tradition française au Levant : plus que la compassion à l’égard des victimes de la « destruction des Juifs d’Europe », c’est en effet cette tradition qui, en pratique, pèse sur les positions françaises dans la région ; de même pour son attitude à l’égard des évolutions politiques qui vont nécessairement se dérouler après la pause enregistrée lors du conflit mondial dans les revendications nationalistes, notamment juives.

Pour citer l’historienne israélienne Idith Zertal, nuancée, les hommes au pouvoir à la Libération et dans la jeune IVe République sont en phase avec les Juifs, et partant avec les sionistes ; mais cette bienveillance personnelle n’est pas forcément liée à leur attitude politique [3]. De plus, les affirmations individuelles de solidarité avec les ambitions du sionisme n’ont guère de chance de l’emporter sur les cercles les plus influents, ceux qui justement incarnent la tradition française au Moyen-Orient. On a grosso modo alors une opposition entre les réseaux socialistes et les hommes du Quai d’Orsay. Certes les seconds parviennent à s’affirmer lors de l’affaire de l’Exodus, quand la France refuse de prendre en charge les passagers du bateau et rejette donc clairement la répression des menées sionistes par les Britanniques ; mais pour le reste Paris reste figé dans sa perception de la région. Cette fixation illustre d’ailleurs aussi bien une résolution que des hésitations en général : dans les faits, la France est décidée à ne pas se laisser dépasser par les événements, comme cela avait été le cas après la Première Guerre mondiale, lorsque ses ambitions palestiniennes avaient été mises à mal par l’établissement du mandat britannique. Mais en même temps elle a quelques difficultés à s’en tenir à une position ferme devant l’accélération de l’Histoire que connaît alors la région. La première attitude est incarnée par le consul général de France à Jérusalem, René Neuville, qui jusqu’au bout refuse la réalisation des prétentions sionistes, au nom du statu quo et du souci que la France soit honorée (attachement à une certaine tradition française qui n’a rien à voir avec une dénégation de la Shoah ou un antisémitisme viscéral). La deuxième attitude est illustrée par le consulat général de France nouvellement établi à Tel-Aviv qui se rend plus rapidement compte de l’évolution incontrôlable, du point de vue français, de la situation, avec prise en considération de données divergentes, voire contradictoires, par rapport à celles qui ressortent à la représentation française à Jérusalem.

Globalement : la politique française n’aboutit à aucun résultat tangible, dans un sens ou dans un autre, puisqu’elle ne peut guère que prendre note des évolutions, sans exercer de réelle influence. Du point de vue des relations entre la France et le sionisme, la période 1945-1948 continue bien la « rencontre manquée » pointée par l’historienne Catherine Nicault [4], les sionistes eux-mêmes restant certes attachés aux valeurs humanistes représentées par la France, mais ne prenant guère en compte Paris quand il s’agit des grandes décisions internationales du moment : les États-Unis et l’URSS reconnaissent très rapidement le nouvel État d’Israël, dès sa proclamation, et apparaissent comme les acteurs majeurs ; la France ne misant pas sur l’établissement d’un État juif, soucieuse qu’elle est de limiter les dégâts dans sa relation de plus en plus délicate avec ses dépendances arabes, départements ou mandat, comme de voir se réaliser l’internationalisation de Jérusalem.

Dans ces circonstances, ce sont bien les événements qui s’imposent à la France, une fois de plus, et elle ne peut que les enregistrer, tentant ultérieurement d’agir dans le sens d’une médiation au sein de la commission mise en place pour gérer le règlement du conflit. Et c’est après quelques hésitations, très tardivement, que la France reconnaîtra elle-même Israël, juste avant l’entrée de celle-ci à l’ONU, en mai 1949.

L’âge d’or : 1948-1967

Dans l’histoire des relations franco-israéliennes, la période 1948-1967 est celle d’un véritable âge d’or, avec un degré de proximité très rarement égalé entre deux pays.

Comment cette situation s’explique-t-elle à la lumière du constat très mitigé qui vient d’être effectué ?

Le rapprochement se fonde d’une part sur l’évolution de la jeune politique étrangère israélienne. Après les premières réussites sur le plan international, notamment la performance constituée par la reconnaissance des deux camps adverses occidental et soviétique, Israël se trouve rapidement dans une position plus complexe : son option en faveur des Occidentaux au moment de la guerre de Corée le coupe des Soviétiques qui se lancent de leur côté dans une vive campagne antisioniste (et antisémite) ; tandis que de leur côté, les États-Unis tentent par tous les moyens d’endiguer la montée du communisme et se tournent progressivement vers les États arabes (pacte de Bagdad de 1955), avec en parallèle une certaine froideur des républicains à l’égard de l’État juif, à partir de la victoire d’Eisenhower en 1952. Dans ces conditions, Israël se met désespéré-ment en quête d’alliés et d’appuis; c’est ce qui explique d’une part son étonnant rapprochement avec la République fédérale d’Allemagne (traité de réparations, rapprochement politique et liens militaires), comme l’orientation profrançaise de la politique de Tel-Aviv.

Très rapidement le rapprochement avec Israël est d’autre part à l’ordre du jour dans la politique extérieure de la France. En l’occurrence, une certaine concordance de vues s’impose entre Paris et Tel-Aviv du fait du processus de décolonisation; après les premiers sursauts de 1945, Paris doit assister dès 1954 à la manifestation violente des aspirations nationalistes arabes, notamment en Algérie où le mouvement est directement appuyé par l’Égypte de Nasser.

En vertu du principe « l’ennemi de mon ennemi est mon ami », Israël et la France se rapprochent. Ce sont donc les circonstances qui entraînent ce rapprochement, plus qu’un bouleversement des états d’esprit après les réticences et méfiances réciproques ayant marqué l’histoire des relations entre la France et le sionisme. La proximité qui se met en place est toutefois particulièrement intéressante dans la mesure où elle ne traduit pas seulement des objectifs politiques communs (affichés par exemple à l’ONU ), mais s’illustre aussi dans une collaboration militaire très étroite depuis 1954 et par la suite en réaction aux livraisons d’armes tchécoslovaques à l’Égypte et au refus américain de s’engager aux côtés d’Israël.

Les événements de 1956 sont le point d’orgue de cet engagement commun israélo-français lorsque la nationalisation de canal de Suez, en juillet, conduit les deux pays à mener avec la Grande-Bretagne une opération militaire combinée contre l’Égypte au mois d’octobre-novembre. Il y a dans cette fraternité d’armes bien plus qu’une simple collaboration militaire, c’est un « rendez-vous de l’Histoire », selon Michel Abitbol [5], où se noue la véritable alliance scellée par les deux parties, en vertu de l’engagement réciproque de personnalités telles que Shimon Peres ou Moshé Dayan d’une part, Guy Mollet ou Maurice BourgèsMaunoury de l’autre. Son illustration la plus éloquente est le projet nucléaire israélien qui en découle : Israël n’a pu se doter de l’arme atomique qu’avec l’aide de la France, comme cela a largement été répété ces derniers mois dans le contexte de l’affaire Vanunu (du nom de l’expert nucléaire israélien ayant « révélé » certains aspects de cette politique), ou à travers la visite en Israël du responsable de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Mohammed El Baradei.

Au moment où il arrive au pouvoir, en 1958, Charles de Gaulle s’étonne certes de l’étroitesse des liens entre les deux pays, mais il n’y met pas fin, au contraire. Lui-même fait preuve, à l’époque, de bienveillance à l’égard du projet sioniste (la possibilité de prendre une revanche sur le rival anglais) et donne son accord à d’importantes livraisons d’armes à l’État hébreu : l’aviation israélienne est ainsi dotée de modernes Mirage, tandis qu’à l’occasion la France sert d’intermédiaire dans les très florissantes relations militaires qui se développent entre Israël et l’Allemagne fédérale.

Refroidissement et ambivalences : les relations franco-israéliennes de 1967 à 2000

C’est l’intensité marquant ces relations franco-israéliennes qui donnera toute sa signification à la rupture consommée par la conférence de presse du général de Gaulle en novembre 1967.

L’épisode est aussi connu que la crise de Suez. Après l’audacieuse manœuvre des Égyptiens qui réoccupent la presqu’île du Sinaï, l’évacuation des Casques bleus installés après l’affaire de Suez, le positionnement égyptien à Charm el-Cheikh et la fermeture du détroit de Tiran, il y a blocus consécutif sur le port d’Eilat et casus belli aux yeux des Israéliens. Dans ces conditions, de Gaulle met en garde ses interlocuteurs israéliens : en aucun cas ceux-ci ne doivent « tirer en premier » pour sortir de cette situation, sans quoi leur incomberait la responsabilité d’une conflagration à impact mondial; Paris considérant qui plus est que le blocus d’Eilat ne constitue pas un casus belli, le port n’assurant qu’une partie infime du commerce israélien.

Or le 5 juin 1967, c’est bien Israël qui débute les hostilités en attaquant par surprise les Égyptiens et en détruisant une grande partie de leur aviation. De Gaulle alors tire les conséquences de sa perception des choses : Israël étant l’agresseur, c’est lui qui porte la responsabilité de la nouvelle situation et c’est lui qui doit être sanctionné. Dès le 2 juin, dans le contexte de tension montante, la France annonce qu’à partir du 5 elle cessera toute livraison de matériel militaire aux belligérants, donc à Israël. En dépit de cet embargo et fort de la domination garantie grâce aux équipements fournis par la France au cours des années précédentes, l’État hébreu remporte une victoire rapide et complète, investissant des territoires anciennement égyptiens, ou sous administration égyptienne (Gaza) et jordanienne (Jérusalem et Cisjordanie). La nouvelle attitude de Paris n’a pas, en conséquence, d’effets militaires immédiats ; mais les relations entre les deux pays sont bien plus affectées par les mots que va prononcer de Gaulle lors d’une conférence de presse, le 27 novembre, puisque c’est à cette occasion que, interrogé sur la situation au Moyen-Orient, il amalgame les Juifs et Israël, qualifiant les premiers de « peuple d’élite, sûr de lui-même, et dominateur ».

Peu importe dans notre exposé la question souvent évoquée de savoir si les paroles du général attestaient chez lui d’un vieux fond antisémite ou étaient condamnables pour avoir donné libre cours à semblables relents. Dans les faits, ce sont ces mots qui symbolisent la rupture entre la France et Israël, après l’âge d’or de la période précédente.

Pour certains observateurs, la déclaration du général n’était que l’aboutissement d’une évolution perceptible dès le début des années 1960; certes, la collaboration militaire s’était poursuivie à grande échelle, mais on note que de Gaulle avait très rapidement suspendu la collaboration nucléaire. Il faut toute-fois remarquer que les livraisons militaires s’étaient bien poursuivies et avaient même atteint un maximum dans les deux semaines précédant l’embargo de début juin 1967 ; et cet embargo, en un premier temps, ne porta que sur de nouveaux matériels militaires, non sur les éléments devant compléter les équipements déjà fournis. En outre : la première moitié des années 1960 n’est-elle pas marquée par plusieurs rencontres entre de Gaulle et Ben Gourion, chacun exprimant à ce moment-là son admiration pour l’autre et le premier saluant en juin 1961 un « ami » et son « allié » en l’État d’Israël ?

Dans les faits, la rupture est d’ordre beaucoup plus structurel, tenant à la nature même de l’alliance. Comme le remarque Raymond Aron, l’alliance franco-israélienne ne se justifie que par l’existence d’adversaires communs ; que l’un des deux partenaires aboutisse de son côté à une solution et toute la construction, cette « opération machiavélique », s’effondre [6]. Ou bien dans les mots de Jacques Hutzinger, ancien ambassadeur de France en Israël : les États ne sont pas des amis, ils ont des intérêts communs. Partant, si aucune solution n’apparaît à Israël dans le conflit avec ses voisins arabes, les choses évoluent favorablement pour la France : avec la fin de la guerre d’Algérie, en 1962, le monde arabe n’est plus l’agresseur ou le protecteur des ennemis de la puissance coloniale. Et de fait, de premiers signes d’un affaiblissement du soutien français à Israël succèdent immédiatement à la conclusion du conflit algérien, parallèlement au rétablissement de relations diplomatiques avec la majeure partie des pays arabes durant les deux années qui suivent. Libérée de cette hypothèque, la France veut et peut alors se relancer dans une véritable politique arabe laquelle ne saurait se construire en même temps que se poursuivrait une politique d’appui à Israël. De ce point de vue, l’offensive israélienne de juin 1967 constitue un prétexte bienvenu.

Mais l’entrée dans « le temps du soupçon » (Aron) est également due à la personnalité même du président français. Lui qui multiplie alors les manifestations de souveraineté nationale et les proclamations visant à positionner la France comme partie à part entière et indépendante du concert international (retrait du commandement intégré de l’OTAN, discours de Phnom Penh en 1966 et de Québec en 1967), ne supporte pas qu’un jeune État néglige les conseils de modération qu’il vient de lui prodiguer et s’inscrive ainsi dans une logique coloniale risquant de mettre à mal la stabilité de la région tout entière, sinon du monde. Ne considère-t-il pas alors que la guerre du Viêt-nam est l’illustration d’une Troisième Guerre mondiale en cours ? Certains analysent pour leur part l’offensive israélienne comme promue par des Américains soucieux de répliquer aux velléités françaises d’autonomie et de placer définitivement Israël dans leur orbite.

La conférence de presse du général est bien synonyme d’un revirement dans les relations franco-israéliennes. Les années suivantes seront aussi bien marquées par des accrocs réguliers. D’une part, l’embargo français sur Israël est renforcé début 1969 et porte désormais sur l’intégralité du matériel militaire français, à la suite du bombardement de l’aéroport de Beyrouth par les Israéliens; d’où, à Noël de la même année, la rocambolesque affaire dite des vedettes de Cherbourg, les services secrets israéliens organisant le « rapatriement » de navires destinés à l’État juif, construits sur ce chantier naval et bloqués au port par suite des mesures françaises. Cette opération une fois réussie, Israël aura systématiquement recours à l’aide américaine en matériel militaire. Initiée dès le début des années 1960 (avec des livraisons de surplus à partir des stocks de l’armée ouest-allemande), celle-ci deviendra pérenne après Camp David. La France adopte dans l’ensemble une position de plus en plus critique à l’égard de l’État hébreu, notamment à l’ONU où elle soutient la résolution 242 exigeant le retrait d’Israël des Territoires occupés. Elle se rapproche en revanche très franchement des pays arabes : dès 1968 par la conclusion d’un accord militaire avec l’Égypte et durant les années qui suivent à travers l’établissement de contacts étroits, notamment en matière nucléaire, avec l’Irak en 1975 (visite officielle du Premier ministre Jacques Chirac et construction grâce à l’assistance française du réacteur irakien Osirak). Alors que Michel Jobert, ministre des Affaires étrangères de Georges Pompidou, a des mots pour justifier l’offensive arabe contre Israël en 1973, le président Giscard d’Estaing pratiquera une politique d’ouverture à à l’égard de l’OLP. C’est encore à cette époque que s’installe au sein de la politique étrangère européenne se mettant en place une répartition des rôles entre la RFA, bienveillante et favorable à des aménagements à l’égard d’Israël, et une France plus encline à une orientation proarabe; dans les faits, Bonn (puis Berlin) permettra l’établissement d’accords préférentiels entre la CEE /l’UE et Israël ( 1970,1975 et 1994), tandis que la « déclaration de Venise » de juin 1980, affirmant le droit des Palestiniens à un État, est proclamée sous la houlette de la France.

L’arrivée des socialistes français au pouvoir, en 1981, est synonyme d’une esquisse de rapprochement qui demeure toutefois fragile, les relations francoisraéliennes s’installant dans une certaine ambivalence. François Mitterrand est ainsi le premier président français (et européen) à se rendre en Israël, l’année 1982 ; un voyage que certains observateurs n’hésitent pas à comparer au séjour de Sadate à Jérusalem en 1977. Mais avant cette visite les Israéliens détruisent le réacteur irakien de conception française (les relations franco-israéliennes rejoignant alors les relations germano-israéliennes dans la formule de Begin qui annonce la réussite de cette nouvelle opération audacieuse : « Il n’y aura jamais d’autre Holocauste ») ; et ce sera ensuite l’opération « Paix en Galilée », l’entrée des troupes israéliennes au Liban qui pénètrent jusqu’à Beyrouth et ne s’interposent pas dans les massacres perpétrés à l’intérieur des camps palestiniens de Sabra et Chatila par les milices chrétiennes.

Dans ce climat crispé, l’impression générale reste à une politique française favorisant les Arabes : ne sont-ce pas les Français qui permettent à Yasser Arafat de quitter Beyrouth pour s’installer à Tunis, œuvre du tiers-mondiste Claude Cheysson ? et la France ne continue-t-elle pas de refuser à Israël l’accès à la francophonie institutionnalisée, alors que plusieurs États arabes y figurent ?

Cette ambivalence de la relation franco-israélienne dans les années 1980 et 1990 s’incarne en Jacques Chirac. Comme il est le Premier chef de gouvernement français à se rendre en Israël, en 1987, on met en avant ses positions favorables à l’État hébreu ; mais c’est le même Chirac qui est voué aux gémonies lors de sa visite présidentielle et par la suite en Israël et dans les territoires palestiniens, en 1996. Alors qu’en l’occurrence, le raidissement des relations est en particulier dû à la personnalité pour le moins inflexible du Premier ministre israélien de l’époque, Benjamin Netanyahou, les Israéliens soulignent son rôle dans le renforcement du potentiel militaire irakien. S’accrédite la thèse selon laquelle il est l’ami des Juifs (son discours lors de la commémoration de la rafle du Vel’d’Hiv, en 1995, avec mise en exergue de la responsabilité de la France, donc pas seulement de Vichy, dans les persécutions antijuives), mais ennemi d’Israël, en résumé un « philosémite proarabe ». La visite tout aussi mouvementée du Premier ministre Lionel Jospin, en février 2000, ne permet guère de rétablir la balance puisque ce dernier a qualifié le Hezbollah libanais de « terroriste » et par là déclenché les incidents de Ramallah. Avec au total le constat dépité de Hubert Védrine sur trois décennies de politique moyen-orientale de la France : rejeté par Israël, Paris est en même temps instrumentalisé par les États arabes.

Se pose en définitive, à partir de la décennie 1990, la question de l’autonomie de la politique française au Moyen-Orient. De fait, la participation française au processus de paix ne se conçoit plus désormais que dans le cadre de l’Union européenne, avec contribution de celle-ci au « quartet » accompagnant les pourparlers (effectifs ou suspendus) entre les partenaires du conflit israélopalestinien.

La situation actuelle : 2000-2004

Le début de la seconde Intifada, en septembre-octobre 2000, est synonyme d’une nouvelle dimension des relations franco-israéliennes. Certes, elles n’ont guère pu rester indépendantes du conflit proche-oriental, avec des différends sur la justesse de l’un ou l’autre point de vue dans la résolution du conflit israélopalestinien. Mais à partir de ce moment, la relation Paris-Tel-Aviv est particulièrement marquée par les répercussions directes, en France même, de ce conflit ; l’importation régulière des faits opposant à grands traits les communautés juive et maghrébine et la politique française s’emparant elle-même de la problématique. Pour parler avec Gilles Kepel, on trouve là un des aboutissements de l’immigration maghrébine : celle-ci était demeurée jusqu’au début des années 1980 du ressort de la politique extérieure, mais s’affirme désormais comme une question de politique intérieure de plus en plus forte, avec un retour du refoulé arabe dans la conscience française et des effets démultipliés sur la politique arabe de la France [7].

La gauche française, soutien traditionnel d’Israël, a enregistré une évolution sensible, passant à une critique de l’État hébreu, le plus souvent feutrée, mais qui prend parfois des aspects très vifs lorsqu’elle émane de la « gauche de la gauche » (à l’instar de l’évolution du SPD ouest-allemand après 1967, lorsque notamment les jeunes socialistes avaient viré à un soutien sans faille à la lutte des Palestiniens, même dans ses aspects les plus sanglants). Prenant fait et cause pour la population palestinienne, victimisée, elle s’en prend à Israël, oppresseur systématique. Dans semblable logique, des phénomènes d’abord mineurs prennent une ampleur démesurée, affectant au mieux les perceptions réciproques, voire le climat général des relations franco-israéliennes : c’est par exemple la résolution de l’université Paris VI appelant au boycott des universitaires israéliens qui suscite un vaste débat en décembre 2002 et provoque une onde de choc en France comme en Israël ; ou la très vive discussion par voie de presse entre le professeur Boniface et Elie Barnavi, ambassadeur d’Israël [8].

Cette évolution de la gauche française est, en premier lieu, à mettre en rapport avec la situation proche-orientale. Mais des observateurs comme Pierre Nora y voient aussi un résultat des développements internes à la société israélienne : une incompréhension devant la rupture de l’État juif avec la tradition laïque des premières décennies, lorsque socialistes français et travaillistes israéliens se retrouvaient dans le cadre de l’Internationale socialiste.

La critique plus généralement française de la politique israélienne conduite par Ariel Sharon depuis le printemps 2001 reprend ces éléments et traduit un fossé grandissant entre les deux pays. Celui-ci est encore plus important lorsqu’à la condamnation verbale s’ajoute la violence physique. C’est dans ce contexte où devient de plus en plus étroit l’écart entre critique légitime d’Israël, anti-israélisme et antisémitisme que s’inscrivent les relations francoisraéliennes des derniers mois. La multiplication d’incidents affectant des établissements ou des individus juifs a ainsi propagé, singulièrement en Israël, la réputation d’une France où explose désormais l’antisémitisme et à ce titre montrée du doigt lors de rencontres consacrées à la lutte contre la résurgence de ce phénomène ; cela même si les autorités françaises affichent régulièrement leur résolution à le combattre : en mai 2003 à l’occasion des soixante ans du CRIF; en novembre de la même année après l’incendie d’une école juive en banlieue parisienne ; ou encore en juillet 2004 au moment de la commémoration de la rafle du Vel’d’Hiv, quand Chirac appelle à un « sursaut » de la population française contre l’antisémitisme.

Du point de vue des relations franco-israéliennes, il est parfaitement évident que si les incidents antisémites suscitent des réactions très vives en France même, c’est aussi et surtout le cas en Israël. Dans ce domaine, on observe depuis deux ans une ambivalence israélienne, exprimée souvent par Sharon lui-même, soufflant le chaud et le froid, attribuant alternativement blâmes et louanges à la France; des déclarations concernant les affaires intérieures françaises qui affectent à leur tour directement les relations entre les deux pays. Par exemple les rumeurs quant à l’envoi en France de délégués de l’Agence juive destinés à mobiliser les candidats au départ, au mois de juillet 2004, ont été marquées par deux prises de position du Premier ministre israélien. La première devant des responsables juifs américains, Sharon soulignant l’antisémitisme déchaîné dans la France actuelle et demandant aux Juifs français de « monter » en Israël ; des propos qui ont provoqué un refroidissement sensible des relations entre les deux capitales (Paris réclamant des « explications »). La deuxième déclaration de Sharon, quelques jours plus tard, devait en revanche apaiser l’atmosphère : le Premier ministre qui accueillait de nouveaux immigrants en provenance de l’Hexagone s’efforçant de mettre en avant les efforts de la France dans la lutte contre l’antisémitisme, un exemple pour d’autres pays.

On peut comparer les mots de Sharon à ceux du président Ezer Weizman, s’interrogeant, lors de son passage en RFA en 1996, quant au maintien d’une communauté juive en Allemagne (ce qui avait à l’époque suscité de vives réactions des Juifs allemands comme des autorités fédérales); avec, dans le cas français, une certaine frustration israélienne devant une immigration faible au regard du « réservoir » que constitue la nombreuse communauté juive française. En tout état de cause, l’effet des propos du Premier ministre de l’État hébreu dans le contexte sensible des relations franco-israéliennes et un environnement international et local à vif prouvent que l’apaisement n’est décidément guère à l’ordre du jour.

Il n’empêche que des contacts réguliers, sinon sereins, sont encore possibles entre la France et l’État hébreu. Après un passage réussi de Dominique de Villepin, ministre des Affaires étrangères en Israël, deux ans plus tôt, il y a eu en février 2004 la visite d’État du président Moshé Katzav à Paris, première du genre depuis seize ans et deuxième séjour en France d’un président israélien depuis la création de l’État juif. Il importait dans le contexte décrit au président Chirac de rappeler à cette occasion qu’en dépit de tout, les Français étaient bien « les plus anciens amis d’Israël ». Tandis que – retour singulier aux contacts initiés entre les deux pays – les relations militaires connaissent un renouveau : il y a eu, début 2004, la signature d’un important contrat militaire entre la France et Israël, la libération sous condition de l’expert israélien Mordehai Vanunu, au printemps 2004, rappelant les grandes heures de la coopération nucléaire entre Paris et Tel-Aviv.

Conclusion

Pour paraphraser Pierre Nora, les relations franco-israéliennes aujourd’hui sont à rapprocher de celles qu’il y a entre deux personnes divorcées depuis longtemps et qui restent nostalgiques de l’idylle passée [9].

Résumé de l’actuel ambassadeur de France en Israël, Gérard Arrau :

« Il y a vingt-deux ans, j’étais déjà venu en mission à l’ambassade de France. À l’époque, les Israéliens disaient des Français qu’ils étaient antisémites parce propalestiniens et proarabes. Aujourd’hui, on nous dit [vous êtes propalestiniens et proarabes donc vous êtes antisémites]. Mon sentiment est que les Israéliens tentent toujours de monter un [dossier] contre la France. Cela ne veut pas dire qu’un tel dossier est totalement vide – la France a effectivement une politique proarabe – mais cet extrémisme antifrançais qui se révèle en Israël indique qu’il y a dans cette appréciation quelque chose qui n’est pas rationnel [10]. »

Quant à savoir si la fin du conflit proche-oriental permettra une clarification définitive du rapport entre Israël et la France…

NOTES

[1] Cf. Michel Abitbol (ed.), La France, Israël et le Proche-Orient, Jérusalem, Magnes Press, à paraître en octobre 2004, actes du colloque France in the Middle East – Past, Present and Future, The Harry S. Truman Research Institute for the Advancement of Peace, Université hébraïque de Jérusalem, avril 2001.
[1]
Cf. Michel Abitbol (ed.), La France, Israël et le Proche-Orient, Jérusalem, Magnes Press, à paraît...
[suite]


[2] Cf. Un colloque sur les relations franco-israéliennes – « “Je t’aime moi non plus”, ou les relations complexes entre la France et Israël », Proche-Orient.info, 16 mai 2004.
[2]
Cf. Un colloque sur les relations franco-israéliennes – « “Je t’aime moi non plus”, ou les relatio...
[suite]


[3] Cf. Idith Zertal, « Fraternité oblige : la SFIO et le sionisme à la veille de la création de l’État d’Israël », in Doris Bensimon & Benjamin Pinkus (ed.), Les Juifs de France, le sionisme et l’État d’Israël, Paris, Langues’O & Université Ben Gourion, 1987, p. 299-316.
[3]
Cf. Idith Zertal, « Fraternité oblige : la SFIO et le sionisme à la veille de la création de l’État...
[suite]


[4] Cf. Catherine Nicault, La France et le sionisme – Une rencontre manquée ?, Paris, Calmann-Lévy, 1992.
[4]
Cf. Catherine Nicault, La France et le sionisme – Une rencontre manquée ?, Paris, Calmann-Lévy, 19...
[suite]


[5] Cf. Michel Abitbol, op. cit.
[5]
Cf. Michel Abitbol, op. cit.


[6] Cf. Raymond Aron, De Gaulle, Israël et les Juifs, Paris, Plon, 1968 et Mémoires – 50 ans de réflexion politique, Paris, Julliard, Presses Pocket, 1983.
[6]
Cf. Raymond Aron, De Gaulle, Israël et les Juifs, Paris, Plon, 1968 et Mémoires – 50 ans de réflex...
[suite]


[7] Cf. « La France et le monde arabe : la croisée entre politiques étrangère et intérieure », in Michel Abitbol, op. cit.
[7]
Cf. « La France et le monde arabe : la croisée entre politiques étrangère et intérieure », in Miche...
[suite]


[8] Elie Barnavi (en collaboration avec Luc Rosenzweig), La France et Israël – une histoire passionnelle, Paris, Perrin, 2002.
[8]
Elie Barnavi (en collaboration avec Luc Rosenzweig), La France et Israël – une histoire passionnel...
[suite]


[9] Cf. Michaela Weigel, « Wie getrennte Eheleute – Das schwierige Verhältnis Frankreichs zum Staate Israel », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 12 août 2004 et Le débat n° 131, septembre-octobre 2004.
[9]
Cf. Michaela Weigel, « Wie getrennte Eheleute – Das schwierige Verhältnis Frankreichs zum Staate I...
[suite]


[10] Cf. Un colloque sur les relations franco-israéliennes, op. cit.
[10]
Cf. Un colloque sur les relations franco-israéliennes, op. cit.
Un peu de prudence, M. Kouchner
12 septembre 2007, 14:27
Un peu de prudence, M. Kouchner ! -
Par Jean-Pierre Bensimon - Pour Objectif-info.fr - mercredi 12 septembre 2007 -

Source : [www.objectif-info.fr]

Une dépêche d'Associated Press nous apprend que Bernard Kouchner en visite en Israël et dans les territoires palestiniens vient de faire une déclaration tonitruante.

Selon lui, la conférence internationale que Georges Bush devrait réunir à Washington au mois de novembre prochain ne serait un succès que "si elle décide de la création d'un État palestinien…". Alors que le président de la république, Nicolas Sarkozy, déclarait avec prudence, dans son discours aux ambassadeurs du 28 août dernier que la France " a une conviction : la paix se négociera d'abord entre Israéliens et Palestiniens", le ministre avec ou sans l'accord de l'autorité supérieure, adopte une position radicalement différente. Il prend une posture visant à forcer la décision des parties en présence, sans mesurer l'importance ni le volume des contentieux restant à régler.

Bernard Kouchner devrait faire preuve d'un minimum de prudence et de sagesse. Les bonnes intentions, sincères ou affectées, peuvent aboutir à des cataclysmes que l'on prend d'autant plus à la légère qu'ils devraient survenir chez les autres. Il faudrait, M. le Ministre, ne pas ignorer totalement les effets boomerang de notre monde globalisé qui pourraient affecter jusqu'au cœur de notre nation.

M. Kouchner sait que les accords d'Oslo signés en 1993 avec l'approbation enthousiaste de la communauté internationale ont institué une "Autorité palestinienne", un quasi État palestinien doté d'une force militaire, d'une administration et d'un appareil judiciaire.

Le ministre qui devrait avoir un minimum de culture historique, ne peut pas méconnaitre aussi que la création de cette "Autorité" s'est accompagnée d'une montée de la haine et du racisme antisémite, d'un déferlement de violences, de la généralisation des attentats-suicide, d'une quasi-guerre à l'initiative de Yasser Arafat, d'une corruption à très vaste échelle et d'un appauvrissement du peuple car la montée de la violence se traduit toujours par la faillite économique de ses auteurs.

Cette très récente leçon de l'Histoire qui nous aveugle aujourd'hui de ses feux ne peut pas être balayée du revers de quelque déclaration intempestive. Tant que de nombreux problèmes en suspens ne trouvent pas une issue, les remaniements institutionnels mal contrôlés sont le moyen le plus sur de relancer les affrontements et les effusions de sang.

Les représentants actuels des Palestiniens sont-ils prêts à renoncer à ce qu'ils nomment "le droit au retour" qui serait fatal pour l'équilibre interne de l'État hébreu? Sont-ils prêts à accepter l'idée que leurs territoires participent de la profondeur stratégique d'Israël et qu'ils devront accepter les limitations de souveraineté indispensables à la sécurisation de l'espace aérien commun et de la vallée du Jourdain ? Sont-ils prêts à combattre non seulement le terrorisme et la prolifération des milices, mais aussi l'incitation à la haine et au racisme antisémite qui continue de sévir dans les média, dans les écoles, dans les mosquées des Territoires. Et s'ils se déclaraient prêts, alors que leurs structures pré étatiques sont embryonnaires plus de 15 ans après qu'on leur ait remis un certain nombre de fonctions régaliennes, qui est en mesure de garantir qu'ils tiendront parole et qu'enflammés par la vox populi qu'ils auront alimentée, ils ne jetteront pas au panier leurs engagements comme feu Arafat?

Dans un contexte aussi inflammable et aussi complexe, M. Kouchner aurait gagné à ne pas lancer des ukases médiatiques, sonores et creux. D'autant qu'il a assorti sa retentissante déclaration d'une injonction morale "Oui, a-t-il dit, il faut réparer les injustices, alors commençons par l'injustice des injustices: un peuple sans nation et sans territoire."

Un peu d'histoire encore, M. Kouchner, ne serait pas superflu pour compléter votre information et tempérer vos élans. S'il y a injustice subie, c'est qu'il y a injustice infligée. Il y aurait donc un responsable de "l'injustice" subie par les Palestiniens et ce responsable, qui serait-il d'autre qu'Israël?

Il faut se souvenir, M. Kouchner, qu'une commission réunie par le mandataire britannique en 1937, la commission Peel a offert un premier plan de partage de la terre entre Juifs et Arabes, il y a 70 ans, qui concédait aux Juifs un minuscule territoire. Les Juifs l'acceptèrent, pas les Arabes. Dix ans plus tard l'ONU votait un nouveau plan de partage. Les Arabes répondirent par l'invasion de cinq armées qui devaient jeter les Juifs à la mer. On connait la suite.

En 1967, dès la fin de la guerre des Six jours, Levi Eshkol alors premier ministre proposait une négociation sur la base "paix contre territoire" et Moshe Dayan déclarait qu'il attendait dans son bureau le coup de téléphone. Il ne vint jamais. S'ensuivit le triple non de Khartoum (pas de reconnaissance, pas de paix, pas de négociations) de septembre 1967, dont un ministre des affaires étrangères ne saurait avoir perdu le souvenir, gelant pour très longtemps la situation des territoires.

Enfin à Camp David II, la proposition d'Éhoud Barak d'une rétrocession de l'ensemble des Territoires et d'ajustements compensés quasiment à 100% reçut la seconde Intifada et ses milliers de morts et de blessés pour toute réponse. L'Égyptien Sadate, qui avait conscience, lui, de ses intérêts nationaux, avait récupéré en échange d'un traité de paix l'intégralité du Sinaï demeuré entre les mains d'Israël à l'issue de la guerre.

L'accusation du ministre a quelque chose de profondément indécent, d'autant que ses nombreux prédécesseurs depuis une quarantaine d'année ne sont pas indemnes de tout questionnement sur tout ce sang versé. M. Kouchner devrait se garder tout particulièrement de son naturel tempétueux et de ses envolées lyriques, des effets d'estrade dont il est un expert mais qui, au Proche Orient, mettent de l'huile sur le feu parce qu'elles réactivent les rancunes, les égarements, les frustrations réelles ou fantasmées qui sont au cœur de la geste arabe contemporaine.

Les Palestiniens paraissent aujourd'hui très loin des conditions psychologiques et de la maturité collective qui les habiliteraient à diriger un État de pleine souveraineté, vivant en bonne intelligence avec Israël. Ils contestent majoritairement le droit d'Israël à exister au nom de préceptes religieux qui prescrivent l'extension indéfinie du Dar Al Islam et qui refusent au misérable peuple de dhimmis voué à l'humiliation que sont les Juifs le moindre droit à une nation. C'est ce droit qui est contesté depuis un siècle M. Kouchner, pas celui des Palestiniens. C'est ce droit des Juifs à une nation et à un État que M. Ahmadinejad veut rayer de la carte, que le Hamas conteste avec des fusées tournées contre des civils, que le Hezbollah récuse avec des "surprises", …

Déchaussez vos gros sabots et laissez la situation murir M. le Ministre. Cela vous honorerait.
Interview de Bernard Kouchner lors de sa visite diplomatique en Israë
12 septembre 2007, 14:46
Interview de Bernard Kouchner lors de sa visite diplomatique en Israël - Par Guysen TV -

Pour voir la video, cliquer sur :

[www.guysen.com]
Inauguration du premier lycée franco-israélien 11/09/2007
12 septembre 2007, 14:51
Inauguration du premier lycée franco-israélien 11/09/2007 - Par Guysen TV _

Pour sa première visite officielle en Israël, le ministre français des Affaires étrangères a choisi d’inaugurer mardi 11 septembre l’école franco-israélienne de « Mikve Israël ». C’est devant un parterre de personnalités israéliennes dont la ministre de l’Education, Youmli Tamir que Bernard Kouchner a voulu concrétiser par sa visite le réchauffement des relations franco-israéliennes.

CLIQUEZ POUR VOIR LA VIDEO :

[www.guysen.com]
Vous avez dit « injustice » ?
16 septembre 2007, 15:25
Vous avez dit « injustice » ?
- par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international - Pour Desinfos.com - 16 septembre 2007 -

Source : url :

[www.desinfos.com]

Ce sont sans doute les fêtes de Rosh Hachana qui expliquent la discrétion avec laquelle les médias, du moins en France, ont rendu compte de la visite
de Monsieur Bernard Kouchner en Israël et dans les territoires palestiniens. Ce sont sans doute les fêtes de Rosh Hachana qui expliquent la discrétion avec laquelle les médias, du moins en France, ont rendu compte de la visite de Monsieur Bernard Kouchner en Israël et dans les territoires palestiniens.


Au risque de choquer un certain nombre d’internautes, ce n’est pas la phrase mise en avant par le correspondant du journal en Israël qui m’a indisposé : « Mr. Kouchner : il faut « un Etat palestinien » au plus vite » (encore qu’il ne faille pas, à nos yeux, confondre vitesse et précipitation).

En revanche, nous avons été choqué par la référence faite par Bernard Kouchner à des « injustices ».

Voici les propos du ministre, tels qu’ils ont été reproduits par le journal français et qui, à notre grand étonnement n’ont pas été évoqués lors du Grand Jury RTL-Le Figaro- LCI du 16 septembre, devant lequel le ministre français s’exprimait.

« Il faut réparer les injustices » et de préciser : « Mais, d’abord, il faut commencer par l’injustice des injustices, un peuple sans nation et sans territoire et qui attend depuis 1947[[/color] ».

On reste consterné devant tant d’ignorance.

Ce n’est pas le souci de mettre en avant le terme d « injustice », qui nous révolte, mais son application dans un contexte inapproprié.

Certes, certains ministres du nouveau gouvernement français ont pu surprendre d’aucuns par l’emploi de certains mots : ex. : le « plan de rigueur » pour la fonction publique évoqué par la ministre des finances, voire l’utilisation par le président Sarkozy lui-même de « situations indignes », s’agissant des régimes spéciaux de retraite.

Mais, ici, il ne s’agit pas de maladresse, mais d’une véritable faute.

Comment un ministre français peut-il à ce point ignorer des données incontestables de l’histoire ?

Chacun sait qu’en novembre 1947, le monde arabe, y compris la population du territoire sous mandat britannique de la Palestine, a rejeté le plan de partage, dont on va, dans quelques semaines, commémorer le 60ème anniversaire.

Il ne tenait qu’aux habitants de ce territoire de se prévaloir de la résolution 181 du 29 novembre 1947 pour se constituer en « Etat arabe », au même titre que les représentants du Yichouv juif acceptèrent la création d’un « Etat juif », en acceptant, même, durant une période transitoire de 10 ans à ne pas y voir incluse la ville de Jérusalem, constituée en « corpus separatum ».

Il est vrai qu’à l’époque, personne, mis à part quelques idélogues ne parlaient d’un peuple palestinien et qu’en réalité les Etats arabes existants ne tenaient nullement à voir apparaître un nouvel Etat arabe, chacun « rêvant », certainement, de placer l’ancien territoire sous mandat sous sa propre souveraineté.

Si, l’Egypte se contenta, dans un premier temps, d’occuper seulement la Bande de Gaza, la Transjordanie, elle, n’hésita pas à annexer le territoire de Cisjordanie, ayant , pourtant, vocation à faire partie de l’Etat arabe, conçu par la Nations Unies.

On aurait pu parler d’injustice si devant la demande de la population du territoire, la communauté internationale avait effectivement refusé de faire droit à sa demande d’autodétermination, alors que la Charte des Nations Unies, récemment entrée en vigueur, reconnaissait le droit des peuples à disposer d’eux mêmes.

Et on ne répétera jamais assez que précisément les Juifs installés dans le territoire sous mandat britannique firent valoir un tel droit, qui leur fut donc reconnu, sans que cela porte pour autant atteinte au droit d’un autre peuple.

Car, n’en déplaise à Bernard Kouchner, mis à part l’éphémère tentative d’instaurer un Royaume chrétien à Jérusalem au XIème siècle, ce territoire ne constitua jamais une entité souveraine jusqu’à la fin du mandat britannique.

De fait, ce territoire relevait de la souveraineté ottomane, qui l’avait divisé en plusieurs entités administratives (Wilayets et sandjaks) et lorsqu’il fut enlevé à l’Empire ottoman, à titre de sanction infligée à un vaincu de la Première guerre mondiale, au même titre que l’Allemagne fut privée de ses colonies en Afrique, la Société des Nations reprit l’appellation de Palestine forgée par les Romains, lorsqu’ils détruirent le Royaume de Judée.

Mais, ce territoire ne fut jamais le territoire d’aucun autre Etat que d’un Etat juif, pas plus que Jérusalem ne fut d’ailleurs la capitale d’un autre Etat que d’un Etat juif (même la Transjordanie ne songea pas à transférer sa capitale d’Amman à Jérusalem, après l’annexion de la Cisjordanie.

Et ce que l’on peut au mieux considérer comme une « erreur » volontairement commise, en 1947, par le monde arabe - et même pas par la communauté internationale - se perpétua, par la suite.

Car, ainsi que nous l’avons déjà évoqué, à plusieurs reprises, ici-même, rien n’empêcha, par la suite, la création d’un Etat arabe, ou palestinien (s’il est vrai qu’à un moment donné, la conscience de l’existence d’un peuple palestinien se fit effectivement jour - ce dont on peut, cependant, douter du fait de l’attachement à la notion de l’unité de la nation arabe ou plutôt musulmane - umma).

Pourquoi l’Egypte n’encouragea-t-elle pas la création d’un tel Etat à partir de la Bande de Gaza, placée sous son autorité sans que, officiellement, elle n’en réclame la souveraineté ?

Pourquoi les Etats arabes qui ne reconnurent pas l’annexion de la Cisjordanie ne firent-ils pas pression sur le roi Hussein pour qu’il renonce à toute prétention (ce qu’il ne fit que bien plus tard, en 1988).

Il est trop facile de reprocher aux Israéliens de s’être opposés à cette création, alors qu’avant la guerre de Six jours, ils n’exerçaient aucune autorité sur ces territoires.

Le fameux slogan « La paix contre les territoires » est une véritable imposture, car, avant même le franchissement le la Ligne verte par les troupes israéliennes, en 1967, Israël se voyait contester le droit à l’existence, même dans les limites résultant de la guerre de légitime défense menée contre les agresseurs arabes.

Il paraît que le nouveau ministre français des affaires étrangères, se calant sur la politique de rupture annoncée par le Président Sarkozy, se prévaut de sa volonté de pratiquer une « diplomatie de rupture ».

On n’en voit guère la trace, en ce qui concerne le conflit israélo-arabe, au travers de cette formule malencontreuse qu’il vient d’utiliser.

Cela nous rappelle au contraire les propos désobligeants sur Israël tenus par un ambassadeur de France (même s’il est vrai qu’ils ont été prononcés au cours d’une conversation privée) ou encore l’idée qu’Israël ne serait qu’une « parenthèse de l’histoire », « une erreur historique », comme l’aurait déclaré Dominique de Villepin, à l’époque où il était secrétaire général de l’Elysée.

En tout état de cause, l’erreur - pour ne pas dire la faute - commise par Bernard Kouchner ne cadre nullement avec les propos mesurés prononcés par le président Sarkozy, au cours de son allocution devant les ambassadeurs de France, le 27 août dernier.

La récente déclaration de Bernard Kouchner fait, malheureusement, oublier ce qu’il écrivit, dans les pages du Monde , en avril 2002 : « l’État d’Israël au regard de l’histoire et de la morale demeure une nécessité vitale ».

Car, évoquer l’injustice dont seraient encore victimes les arabes palestiniens apporte de l’eau au moulin de certains dirigeants musulmans, tels le président iranien Ahmadinedjad, qui considèrent Israël non comme une erreur, mais comme un crime.
Israël et la francophonie
16 décembre 2007, 06:45
Israël et la francophonie : c’est le moment ! - Par Claude Sitbon -

Source : Article publié dans les Temps modernes, avril-juillet 2007 - site du CRIF

Je n’ai pas demandé à naître francophone, mais je le suis, j’en suis fier et heureux. Comment dès lors, peut-on me contester cette partie intrinsèque, indissociable de mon identité culturelle ? C’est pourtant ce qu’a fait la communauté francophone, qui ne reconnait ni mon existence, ni celle de 600.000 francophones (selon les pessimistes) ou d’un million (selon les optimistes) d’Israéliens.

Cette histoire se conjugue sur le mode de l’irrationnel depuis plus de vingt ans. En effet, après l’avènement des sommets des Chefs d’Etat et des gouvernements francophones en 1986, une volonté politique s’était faite jour et s’était concrétisée en 1997 par la nomination du Premier Secrétaire Général de la francophonie, porte parole politique et de son représentant officiel. C’était Monsieur Boutrous Boutrous Ghali, dont l’histoire personnelle et le rôle important joué dans la conclusion des accords de Camp David laissèrent augurer un espoir.

N’avait-il pas écrit dans son ouvrage Le Chemin de Jérusalem (Fayard 1997) "Les états-nations ont besoin, comme tous les êtres humains, de vivre en société et détestent l’exclusion. L’isolement diplomatique venant des pays frères du monde arabe et islamique nous blesse. Pour la première fois, je comprenais la solitude que devaient ressentir les Israéliens du fait de leur exclusion par les pays voisins." En outre, il aimait à rappeler que "la francophonie reconnait d’emblée la pluralité et la complexité des identités culturelles.... Elle est respectueuse d’une gestion véritablement démocratique des relations internationales......" Mais hélas, Durant tout son mandat, Monsieur Ghali reconnaitra que son organisation était plus politique que culturelle.

En fait, il faut reconnaitre que le processus d’Oslo permettra une certaine ouverture. Ainsi, à Tel Aviv, en 1993, lors d’une conférence au Centre culturel français, l’Ambassadeur de France, Jean Louis Lucet demande en public à Shimon Peres, le plus francophone et francophile des ministres israéliens des Affaires Etrangères "il y a beaucoup de francophones en Israël et ces francophones me demandent toujours pourquoi Israël ne fait pas partie de l’Association des pays francophones. Comment voyez-vous les choses ? Une collaboration plus étroite d’Israël avec le mouvement francophone est-elle possible ?"

"Si vous êtes prêts, nous sommes prêts" répondit en français du tac au tac Shimon Peres. C’est ainsi que lors de son passage à Paris, quelques semaines plus tard, il demandera à l’Ambassadeur Yehuda Lancry d’entamer la procédure. Et Lancry de me confirmer "J’ai immédiatement fait la démarche auprès de Madame l’Ambassadeur de l’Ile Maurice qui était la présidente à l’époque".

Le dossier contenait tous les éléments qui devaient mener à l’acceptation d’Israël. L’Ambassade de France à Tel Aviv, sous les recommandations de Jacques Chirac et d’Alain Juppé, préparent les Etats Généraux de la langue française à Tel Aviv. Une enquête est menée, laquelle nous apprend que 22% des Israéliens, ce qui représentait plus d’un million de personnes possèdent une connaissance de la langue française ; 5.2% de la population déclarent en outre parler parfaitement le français. Ces pourcentages élevés faisaient de la communauté francophone israélienne une des plus importantes au monde, cela pour un pays qui n’est pas habituellement classé parmi les Etats francophones.

Qui sont-ils ces francophones ? Nous apprenons que la moitié d’entre eux sont nés à l’étranger et pour l’ensemble leurs parents sont originaires du Maghreb (34%), d’Europe de l’Est (26%), d’Europe de l’Ouest (5%), d’Israël (11%) et du Proche orient (9%). Quel est son portrait-type ? Il a entre 25 et 45 ans (la moyenne d’âge était plus élevée pour les personnes ayant une bonne connaissance du français) ; il habite Tel Aviv et ses environs, Jérusalem, Beer Sheva et le Sud ; il possède généralement le baccalauréat et a suivi souvent des études universitaires ; il jouit dans l’ensemble de revenus moyens et élevés.

La francophonie est devenue un microcosme de la société israélienne, une passerelle entre les différentes perspectives culturelles : de la baguette - qui a supplanté le pain traditionnel la pita - au croissant, du succès des voitures française à l’engouement pour les chansons de Patricia Kaas et de Michel Jonas, des films de Matthieu Kassovitz à ceux de François Truffaut (l’Ambassade de France organise depuis plusieurs années un festival du film français dont le succès va sans cesse grandissant) ; sans parler enfin du millier de livre traduits du français en hébreu : d’Amine Malouf à Marguerite Duras, de Daniel Pennac à Fernand Braudel, d’Emmanuel Lévinas à Albert Memmi.

Enfin, on constate que la France est pour les touristes Israéliens la troisième destination et que, proportionnellement à la population, c’est avec Israël que les villes françaises ont conclu le plus d’accords de jumelage.

C’est en Mars 1995 que se clôturèrent les Etats Généraux de la langue française, avec la présence du Ministre français de la Culture et de la Francophonie, Monsieur Jacques Toubon qui déclare "Si tout se passe bien, l’admission d’Israël devrait être soumise au vote des pays membres, lors du prochain Sommet de la Francophonie en Décembre 1995, à Cotonou.

Tout semble baigner dans l’huile et Yehouda Lancry me confirme qu’en Juin 1995, lors de la visite au Salon Aéronautique du Bourget du Premier Ministre Itzhak Rabin, le Président Chirac lui promet de faire tout ce qui est en son pouvoir pour qu’Israël soit accepté. Quelque temps plus tard, la réponse définitive ne tarde pas à venir : Nous ne pouvons rien faire tant que le Liban s’oppose à l’admission d’Israël.

En effet, il faut se rappeler que l’une des règles de fonctionnement de l’Organisation de la Francophonie est celle de l’unanimité, qui est incompréhensible et anachronique. Donner en effet à un seul pays - le Liban - le pouvoir de refuser l’admission d’un autre pays - Israël - présentant toutes les caractéristiques nécessaires - et lequel constituerait un atout réel et majeur dans cette région du monde - c’est non seulement faire preuve d’une courte vue, mais également oublier les leçons de l’Histoire. Le "liberum veto" a, en son temps, perdu la Pologne et l’a faite disparaitre du reste du monde pendant 123 ans. Il est navrant et décevant de se rendre compte que cette législation ne gêne aucun des Etats et aucun des gouvernements membres de la francophonie.

Mes amis palestiniens, eux, n’ont pas oublié le temps qu’il leur a fallu pour être admis à la Ligue Arabe, laquelle a en commun avec l’Organisation de la Francophonie d’avoir dans ses statuts la règle de l’unanimité..... La Jordanie a accepté de s’incliner, ce qu’aurait pu ou dû faire le Liban en l’an 2000 ! Rappelons que la raison invoquée par le Liban était l’occupation israélienne du Sud de son territoire ; or, en Mai 2000, le Premier Ministre Ehoud Barak décide du retrait unilatéral du Liban. Le Conseil de Sécurité de l’ONU constate la mise en œuvre complète par les Israéliens des résolutions 425 et 426. On eût imaginé un changement de la position libanaise, mais on s’aperçoit que la cause de l’occupation n’était qu’un prétexte.

Que penser de ce parti pris constant, de cette hostilité à Israël, contraire à l’esprit de Montesquieu ? Si l’on venait à compter le pourcentage de députés et d’élus francophones dans les différents pays de la francophonie, on serait surpris qu’Israël soit parmi les premiers. Dans aucun autre pays, Bourdieu, Derrida et Foucault n’ont autant de disciples et de lecteurs. Paris continue d’être plus sûrement que Londres ou New York l’atelier de maturation des meilleures vocations littéraires et artistiques.

Alors pourquoi refuser d’offrir cette extraordinaire opportunité de faire valoir ces racines francophones à une population qui tendra dans une génération à les oublier ? Quel espoir peut-il y avoir pour ce véritable vivier de perdurer, alors que l’anglais vient immanquablement occuper le terrain perdu, continuant ainsi à nous renvoyer définitivement dans le monde anglo-saxon ?

A la veille des élections présidentielles françaises de Mai 2007, les principaux candidats ont signé un appel en faveur de l’entrée d’Israël dans l’Organisation Internationale de la francophonie (rappelons que le budget de cette institution est couvert à près de 80% par la France).

Un pan de la langue de bois a implosé ou comme j’aime à le répéter, "la francophonie est devenue une idée neuve en France". Le Président Sarkozy, en tenant sa promesse, pourra contribuer à ce que la France joue un rôle original et retrouve, en partie ou en totalité, l’influence qu’elle n’aurait jamais dû perdre.

En conclusion, je pense à ce qu’écrivait Jankélévitch "Il faut commencer par le commencement et le commencement de tout c’est le courage." A tous ceux qui diront "ce n’est pas le moment", il faut répondre "en Histoire ce n’est jamais le moment". Il va sans dire que cela rendra possible un dialogue des cultures d’Orient et d’Occident, du Nord et du Sud, et contribuera à un dialogue judéo-arabe plus fécond.

Je crois que j’aurais renoncé à mon interpellation- moi à qui la France avait fini par faire croire que mes ancêtres étaient des Gaulois - s’il se trouvait un autre pays lèsé par une telle décision.

Le débat autour de la francophonie - qui est pour nous autres Israéliens une véritable aventure spirituelle - est assuré d’avoir une longue histoire et ce sera une chance et un gage de fécondité pour la francophonie.
Re: Israël et la francophonie
23 avril 2009, 10:06
‘La France va de plus en plus mal’ - Par ELIAS LEVY, Reporter - 23 Avril 2009

Dans la France de Nicolas Sarkozy, l’antisémitisme resurgit véhémentement. Depuis la dernière guerre à Gaza entre Israël et le Hamas, la France a connu une prolifération inquiétante d’actes antisémites. Un profond malaise s’est réinstallé dans la Communauté juive de France.



Michel Gurfinkiel

“La France va de plus en plus mal!” lance en entrevue le politologue et journaliste français Michel Gurfinkiel.

Spécialiste des questions politiques françaises et géopolitiques internationationales, Michel Gurfinkiel est rédacteur en chef du magazine politique et économique Valeurs Actuelles. Il est l’auteur de plusieurs livres remarqués, dont un très beau récit sur l’Histoire d’Israël, Le Roman d’Israël (Éditions Du Rocher, 2008).

Canadian Jewish News: Depuis la dernière guerre à Gaza, les actes antisémites se sont multipliés en France. Ce phénomène délétère est-il récurrent?

Michel Gurfinkiel: Ce n’est pas un phénomène récurrent, c’est un phénomène qui empire. Malheureusement, il y a un lien direct entre ce regain d’actes antisémites et la transformation démographique que connaît aujourd’hui la France. C’est-à-dire, la montée en force d’une Communauté néo-française, islamique en majorité, au sein de la société française, dont l’idéologie profonde va à l’encontre des valeurs traditionnelles de la France, de l’Europe et du monde occidental.

Sur le plan démographique, cette Communauté, majoritairement d’origine arabo-musulmane, a aujourd’hui un poids tel qu’elle est en mesure de dicter un certain nombre de choses à la société et aux autorités publiques françaises. Malheureusement, la France va mal, elle va de plus en plus mal. Je le dis en tremblant.

C.J.N.: Dans ce contexte morose marqué par une recrudescence de l’antisémitisme, les perspectives d’avenir des Juifs des France sont plutôt sombres?

M. Gurfinkiel: Si vous interrogez en moi l’historien, l’observateur, le journaliste, je vous dirais que la France est un pays magnifique qui n’est pas antisémite. Une fois que l’on met de côté l’antisémitisme, qui a été importé par des populations originaires de contrées arabo-musulmanes, je pense que le cœur de la vraie nation française, quelles que soient ses origines, n’est pas du tout antisémite. Je crois que la France est beaucoup moins raciste et antisémite que les autres pays du monde, et que la plupart des pays européens. Il y a beaucoup plus d’antisémitisme en Espagne qu’en France. Il y a beaucoup plus de racisme contre les étrangers en Angleterre qu’en France. Ce sont des faits incontournables.

Mais, nous sommes aujourd’hui devant un enchaînement d’événements qui est assez terrifiant. Le malaise de la Communauté juive, qui s’était dissipé avec l’élection de Nicolas Sarkozy, est revenu en force.

J’ai été très réconforté et touché au dernier dîner du C.R.I.F -Conseil Représentatif des Institutions Juives de France-, auquel j’ai assisté, par les propos du Premier ministre, François Fillion. Son allocution absolument magnifique -il y a des points où il a tenu à être extrêmement conforme à la ligne prescrite par le président Nicolas Sarkozy- indique un très haut degré de compréhension de la Communauté juive française et de ses préoccupations. C’est très encourageant dans le contexte actuel.

C.J.N.: Depuis quelques années, des Juifs reprochent à la Justice française d’être laxiste quand il s’agit de condamner les auteurs d’actes antisémites. Ce grief est-il fondé?

M. Gurfinkiel: La France, c’est le roi. On a coupé la tête au roi, on a proclamé la République, mais le régime profond de la France, c’est le roi. Les juges français vous tiendront des propos révolutionnaires, mais ils obéissent au roi. La chancellerie fait parvenir aux juges, ou plus précisément au parquet, des instructions très précises qu’ils doivent ensuite appliquer de manière pointilleuse.

C.J.N.: Aujourd’hui, Nicolas Sarkozy déçoit une majorité de Français. Pourquoi?

M. Gurfinkiel: Deux ans après l’arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, les déçus du Sarkozysme sont beaucoup plus nombreux que les partisans de l’actuel président.

En 2007, Nicolas Sarkozy avait dans ses mains des atouts énormes, qu’il n’a pas su utiliser. D’abord, il a été élu par 53% des Français. Or, vous savez que dans un régime démocratique, 53%, c’est une majorité claire, nette et indiscutable. Ensuite, il représentait le changement, la rupture. C’est-à-dire, le changement vis-à-vis de la droite, qui était au pouvoir les années auparavant. Il s’est attaqué aussi aux présupposés idéologiques tenaces, dont les Français n’en veulent plus. Sarkozy avait la jeunesse, le non-conformisme. Un de ses grands atouts était aussi le fait qu’il avait tout au long de sa campagne présidentielle insisté sur la notion d’identité nationale française. Il rappelait à chaque instant que lui-même est un fils d’immigré. C’étaient des atouts énormes.

À l’instar de Barack Obama aux États-Unis, Sarkozy a suscité aussi beaucoup d’espoir. On avait une grande confiance en cet homme. Mais Sarkozy n’est pas très convaincant comme président. Il a une façon de gouverner la France très brouillonne, peu claire, peu lisible. Je suis le premier à dire qu’il y a eu, ces deux dernières années, beaucoup de décisions et de projets lancés par la présidence Sarkozy qui sont de très bonnes idées. Cependant, la visibilité de ces initiatives a été presque nulle.

C.J.N.: Par rapport à Israël, il y a quand même un grand contraste entre la position de Nicolas Sarkozy et celle de son prédécesseur, Jacques Chirac.

M. Gurfienkiel: Je serais beaucoup plus sévère en ce qui a trait aux rapports entre la présidence Sarkozy et l’État d’Israël. Dès que Nicolas Sarkozy a été élu, il a été question de nommer Hubert Védrine -ministre des Affaires étrangères durant la présidence de François Mitterrand- à la tête du Quai D’Orsay. Ça a suscité une telle émotion que l’idée a été immédiatement abandonnée. Je crois que ce genre de geste a été totalement révélateur. Sarkozy a fini par nommer Bernard Kouchner aux Affaires étrangères. Je ne vais pas dénigrer ni faire l’éloge de cette figure de proue de la scène politique française. Kouchner n’est que Kouchner!

Ce que je vois par des signes multiples, c’est que la présidence Sarkozy est en train, qu’elle le veuille ou non, probablement contre les instincts de Nicolas Sarkozy, qui à titre personnel, j’en suis sûr, est un homme qui pense autrement, de revenir complètement à la normalité française, qui remonte à l’époque du Général de Gaulle. Cette normalité est farouchement nationaliste au mauvais sens du mot. C’est un nationalisme qui a conduit une certaine droite française à pactiser avec l’Allemagne et une autre droite, celle de De Gaulle, à pactiser avec la Russie.

C.J.N.: Mais, les Juifs de France ne se sentent-ils pas plus à l’aise dans la Vème République de Sarkozy que dans celle de De Gaulle, de Pompidou ou de Giscard d’Estaing?

M. Gurfinkiel: La France a été gouvernée du Général de Gaulle à Jacques Chirac par des gens qui étaient en réalité profondément antisémites. De Gaulle était antisémite. Un homme qui est capable de prononcer, comme il l’a fait en juin 1967, la fameuse “petite” phrase “Les Juifs sont un peuple d’élite dominateur et sûr de lui-même”, ne peut être qu’un antisémite. De Gaulle a employé ce jour-là le langage de l’extrême droite vichyste. Nous savons aujourd’hui que De Gaulle n’a jamais aimé les Juifs.

Georges Pompidou est l’ancien employé de la Banque Rothschild qui a répondu un jour, quand il était président, au Baron de Rothschild qui l’interpellait sur ses positions sur Israël: “Il n’y a plus d’abonné au numéro que vous avez demandé”.

Valéry Giscard d’Estaing appartenait à un milieu d’une droite qui était tellement sûre d’elle-même que la question de l’antisémitisme ne se posait même pas. Pour lui, les Juifs étaient en dehors du circuit. Giscard d’Estaing est le président qui a accepté sans rechigner que son Premier ministre, Raymond Barre, qui était l’antisémitisme incarné, remette en question, et contourne sans ambages, une législation promulguée par le Parlement français interdisant aux Français d’accepter le boycott antijuif pratiqué tous azimuts par les pays arabes. Raymond Barre publia un avis en tant que Premier ministre déclarant que cette loi interdisant le boycott antijuif s’appliquait dans tous les cas sauf dans celui où l’intérêt économique de la France serait en jeu.

C.J.N.: On ne peut quand même pas qualifier d’“antisémite” François Mitterrand?

M. Gurfinkiel: François Mitterrand, qui était un personnage compliqué, ambigu et extrêmement intelligent, était capable de montrer beaucoup d’amitié envers Israël et le peuple juif tout en affichant parfois des positions d’extrême droite, radicalement antisémites.

C.J.N.: Jacques Chirac est le premier président de la République française à avoir reconnu la responsabilité de l’État français durant la période noire où le gouvernement de Vichy collabora avec zèle avec les nazis.

M. Gurfinkiel: C’est vrai. Mais Jacques Chirac est aussi le président qui, entre 2000 et 2002, affirmait sans la moindre gêne qu’il n’y avait pas d’antisémitisme en France alors que les attentats antisémites battaient leur plein. Chirac est aussi l’homme qui s’est comporté de la manière que l’on sait en visite officielle à Jérusalem, en inventant de toutes pièces un incident diplomatique qui n’a eu lieu que dans son imagination.

Tous les présidents de la Vème République ont été antijuifs et largement, ou totalement, anti-israéliens.

Avec l’arrivée à l’Élysée de Nicolas Sarkozy, on s’attendait à quelque chose de différent. Mais, malheureusement, nous voyons que chaque minute qui passe nous amène à nous poser aussi des questions.


Source : [www.cjnews.com]
Re: Israël et la francophonie
07 mai 2009, 10:42
La France veut fermer son consulat à Haïfa.

Une décision contre laquelle s'insurgent 15.000 détenteurs de la nationalité française habitant au nord d'Israël, qui vont devoir se déplacer jusqu'à Tel-Aviv pour toutes les formalités administratives. Ils ont l'intention de manifester mardi prochain devant le consulat.
Re: Israël et la francophonie
15 mai 2009, 23:10
Les Français sont "nuancés" - Par HAVIV RETTIG GUR - 15 mai 2009

Un sondage interrogeant des Français montre que les perceptions que la France a d'Israël sont plus nuancées et complexes que ce que les Israéliens croient.

Alors que les Israéliens se trouvent isolés dans le soutien que les Français apportent aux Palestiniens, il s'avère que les Français blâment les leaders du Hamas (pour 36%) - et non les dirigeants israéliens (pour 26%)- quant à la situation humanitaire à Gaza.

De la même façon, alors qu'ils font part d'une opposition claire aux opérations militaires israéliennes à Gaza, les Français s'opposent au boycott d'Israël (à trois contre un). Une large majorité du pays reconnaît qu'il y a des problèmes d'antisémitisme et l'Iran semble représenter le principal facteur empêchant l'avancement de la paix dans la région.

Le sondage a été conduit par le Centre de recherches Greenberg Quinlan Rosner pour The Israel Poject. Le centre a sondé 853 adultes à travers la France et comporte une marge d'erreur de 3.36%.

Dans l'ensemble, les Français ne jugent pas Israël favorablement. Plus d'un tiers des Français (35%) ont déclaré juger Israël de façon défavorable, alors qu'un cinquième seulement (21%) déclare juger le pays d'un point de vue positif.

Les Palestiniens jouissent de près de deux fois plus de soutien.

Les résultats ne sont donc pas surprenants quand on les analyse à la lumière de la désapprobation de l'opération "Plomb durci" en janvier dernier. 77% des Français s'y étaient opposés, alors que seulement 3% affirmaient "fortement approuver" l'opération.

83% considèrent qu'une solution à deux états est la seule "solution réaliste et viable" au conflit, mais près de 83% déclarent également que cette solution "n'est pas réaliste pour le moment".

Les Français, sceptiques sur les possibilités de paix dans la région, ne blâment pour autant pas qu'Israël. L'Iran étant également un facteur de troubles au Proche-Orient.
Re: Israël et la francophonie
25 mai 2009, 23:43
Jérusalem : on aurait préféré le silence de Desagneaux - Par Clément Weil-Raynal - 25 mai 2009

(diffusé sur RCJ le 25 mai 2009)



Le porte-parole du quai d’Orsay, Frédéric Desagneaux a condamné officiellement vendredi au nom de la France, le discours que Benyamin Netanyahu avait prononcé la veille lors de la cérémonie commémorant la réunification de Jérusalem.

Dans son discours le premier ministre israélien avait eu l’audace d’affirmer que « Jérusalem est la capitale d’Israël et qu’elle le restera pour toujours ».

Depuis sa petite estrade du quai d’Orsay, lors de son point de presse, le porte parole a donc condamné en termes très durs cette déclaration de Nétanyahu en estimant qu’elle « préjugeait du statut final de la ville ».

Frédéric Desagneau a, pour la circonstance, rappelé la position de la France sur le dossier de Jérusalem en indiquant que ce statut final devait être négocié entre israéliens et Palestiniens.

Pourtant, en y regardant de plus près, il apparaît que la position française n’a d’équilibré que l’apparence et que dans les faits la France a d’ores et déjà pris parti pour les Palestiniens.

Ainsi, le consulat de France à Jérusalem est en fait une ambassade officieuse auprès des Palestinien. Le consul de France Alain Rémy l’a reconnu lui-même dans une interview. L’ambassade de France en Israël, elle, est cantonnée à Tel-Aviv. Voila donc comment le quai d’Orsay préjuge de l’issue finale des négociations : Tel-Aviv c’est pour les juifs, Jérusalem c’est pour les arabes.

La diplomatie française - qui préjuge peut-être un peu de ses prérogatives - estime en effet avoir son mot dire sur la question de Jérusalem en vertu d’un accord signé…le 4 février 1536 entre Soliman le Magnifique et François 1er ! Par cet accord, l’empereur turc accordait au roi de France la garde des lieux saints. Une mission très symbolique déjà à l’époque mais dont les fonctionnaires du quai d’Orsay ne ratent pas une occasion pour rappeler qu’elle leur confère un droit au moins moral sur la ville sainte.

Est-ce un hasard si Frédéric Desagneaux, est donné favori pour occuper à la rentrée le poste de consul de France à Jérusalem ? On peut imaginer que c’est pour cette raison que le porte-parole adjoint du quai d’Orsay se sentant pousser des ailes, s’est soudainement envolé vers l’Orient en formulant des idées aussi simplettes. Et aussi hypocrites. Traditionnellement le poste de consul de France à Jérusalem est réservé aux diplomates les plus pro-palestiniens. Manifestement le Quai d’Orsay n’a pas dérogé à la règle.

Relations France-Israel
25 mai 2009, 23:47
Sarkozy accueillera Netanyahu le 3 juin - Alsace.fr - 22 mai 2009



Le président Nicolas Sarkozy recevra le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu le 3 juin, a annnoncé ce vendredi l'Elysée. C'est la première fois que M. Netanyahu rencontrera M. Sarkozy depuis qu'il est redevenu Premier ministre, le 20 février. Les deux hommes se sont souvent rencontrés, à Paris ou à Jérusalem, par le passé. La visite du chef du gouvernement israélien intervient dans un contexte délicat.

La France a dénoncé vendredi une déclaration faite la veille par M. Netanyahu sur Jérusalem «capitale d'Israël» qui «le restera pour toujours». Le Quai d'Orsay estime que cette déclaration «préjuge du statut final» de la ville, un des enjeux du conflit israélo-palestinien, alors que selon lui, «il appartient aux parties de parvenir à un accord final et général sur le statut définitif, qui mette fin au conflit».

«Aux yeux de la France, Jérusalem doit, dans le cadre d'un accord de paix négocié, devenir la capitale de deux Etats», a déclaré le porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, Frédéric Desagneaux, en réponse à une question.Lundi, lors d'une rencontre à Washington avec Barack Obama, Benjamin Netanyahu avait résisté aux appels du président américain en faveur de la création d'un Etat palestinien et d'un gel de la colonisation en Cisjordanie, tout en disant pouvoir envisager un «arrangement» dans lequel Israéliens et Palestiniens vivraient côte-à-côte.

Toutefois, mercredi, il avait déclaré avoir fait part à M. Obama de sa volonté de «lancer immédiatement» des pourparlers de paix avec les Palestiniens et la Syrie, tout en réaffirmant que tout règlement de paix «devrait répondre aux besoins sécuritaires d'Israël».

Selon Henri Guaino, conseiller spécial du président Sarkozy, la France et les Etats-Unis sont «exactement sur la même longueur d'onde» concernant le processus de paix au Proche-Orient.

Le 5 mai, le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman avait été reçu par le secrétaire général de l'Elysée Claude Guéant.


Re: Relations France-Israel
01 juin 2009, 13:10
Le Festival du Cinéma Français en Israël - juin 2009

Le Festival du Cinéma Français est accueilli par les cinémathèques d'Israël. Le festival rendra hommage au couturier Yves Saint Laurent.

Les cinémathèques à travers Israël accueilleront le Festival du Cinéma Français pour la sixième fois cette année. Le festival débutera le 8 juin avec « Cliente » de Josiane Balasko, dans lequel elle joue avec Nathalie Baye.
Balasko arrivera en Israël comme invitée du festival avec son mari, George Aguilar, qui participe aussi au film. Tous les deux assisteront à la première en Israël.

D'autres invités arriveront en Israël pour présenter leurs films, dont le réalisateur Vincent Garenq avec son film, « Comme les autres » ainsi que Anne Fontaine avec « Coco avant Chanel » qui sera projeté pour rendre hommage à l’icône de la mode française.

Le but du festival, qui est un projet collectif de l'Ambassade de France et de la compagnie de Cinéma Éden, est d'apporter le meilleur du cinéma français actuel aux spectateurs israéliens. Plusieurs des films à l’affiche du festival de cette année seront également projetés plus tard dans les cinémas à travers le pays.

Les films du festival, tous sous-titrés en anglais, incluent : « La belle personne » réalisé par Christophe Honoré; « Vilaine » réalisé par Jean-Patrick Benes, Allan Mauduit ; « Stella », réalisé par Sylvie Verheyde; « L'Autre », réalisé par Patrick Mario-Bernard, Pierre Trividic; « Elève libre » réalisé par Joachim Lafosse; « Pour elle » réalisé par Fred Cavayé; «Aide-toi le ciel t'aidera » réalisé par François Dupeyron; « Espion (s) » réalisé par Nicolas Saada; « Largo Winch » réalisé par Jérôme Salle; « Le premier jour du reste de ta vie » réalisé par Rémi Bezançon; « Le bal des actrices » réalisé par Maiwenn; « Nulle part terre promise » réalisé par Emmanuel Finkiel.

Le festival rendra hommage au couturier Yves Saint Laurent qui est mort l'année dernière, par deux documentaires sur le créateur, sa vie et son travail, et plusieurs films pour lesquelles Saint Laurent a conçu les costumes.
Une liste d'actrices israéliennes connues choisira le film français préféré de cette année. Le festival présentera aussi des segments de tournages enregistrés à Tel-Aviv comme faisant partie d'un programme spécial dédié à la ville.
Re: Relations France-Israel
17 mars 2010, 02:00
Monsieur le Président ... - De Jérusalem, Pasteur Gérald FRUHINSHOLZ - 12 mars 2010

Lettre ouverte

Monsieur le Président,

Je voulais tout d'abord vous féliciter en que Français non-juif vivant en Israël, pour l'honneur que vous avez fait au Grand Rabbin Gilles Bernheim, en lui remettant la Légion d'Honneur. A l'occasion des discours échangés, vous avez dit être en total harmonie avec le fait que la communauté juive de France puisse garder Israël sur son cœur, précisant qu'elle pouvait conserver naturellement pour l'Etat hébreu un attachement inaliénable :

« Vous n'avez pas à vous excuser de votre attachement envers Israël. Les Juifs de France ont gardé au cœur l'amour de la République. Je suis toujours étonné qu'on demande aux Juifs de choisir entre l'attachement pour la France et l'amour pour Israël, comme si ça pouvait remettre en cause le sentiment patriotique qu'on pourrait avoir pour la France... »

Vous avez confirmé que le sionisme, source incontournable de l'amour pour Israël, demeure « légitime et compatible avec les idéaux de la République ». En cela, Mr le Président, vous bénissez le peuple juif d'une belle manière, et vous bénissez en fin de compte la France, selon la Bible qui dit que « celui qui bénit Israël est béni ».

Une ambigüité dramatique - En revanche, je souhaite par cette lettre, vous faire part de ma tristesse lorsque je note le paradoxe d'un côté entre votre discours, l'honneur fait à la communauté juive de France, et de l'autre côté, l'attitude de notre diplomatie envers Israël qui est perçue comme une ingérence de la France vis-à-vis d'un Etat souverain qui plus est représente la seule démocratie dans tout le Moyen-Orient. Les condamnations répétées de la France à l'encontre d'Israël s'avèrent non seulement injustifiées mais éminemment dommageables pour l'image d'Israël et au bout du compte pour celle de la France.

A cause de cette attitude ambigüe de l'Europe et de la France, et le comportement anti-Israël dans nos pays occidentaux, c'est la radicalisation de l'Islam dans tous les rouages de notre société qui se propage. L'Occident voit s'étendre en son sein la violence issue généralement de l'extrémisme musulman, des ONG de gauche et des organisations pro-palestiniennes.

Une injustice flagrante - Puis-je faire remarquer l'injustice faites à Israël au travers des multiples condamnations à son égard, dont 1) celle de l'ONU approuvée par la France avec l'infamant « rapport Goldstone » et 2) la dernière accusation en date concernant "l'illégalité au regard du droit international" des constructions au Nord de Jérusalem ?

1) La France a soutenu le « rapport Goldstone » - Au siège de l'ONU, le président de l'Assemblée générale Miguel d'Escoto, a accusé Israël de violer le droit international dans son offensive dans la bande de Gaza.
Comme l'a précisé le général Darmon de l'association France-Israël { [www.france-israel.org] }, « Le rapport Goldstone sur l'opération israélienne à Gaza qui a pris fin le 18 janvier 2009 se fonde sur des témoignages ''recueillis en public et télévisés en direct, sous la surveillance d'une des parties du conflit, le Hamas''. Cette précision stupéfiante a été révélée dans l'analyse-clef publiée par la revue Controverses dans son numéro 13 de mars 2010. À elle seule, elle enlève toute crédibilité au rapport [...]
« La meute des États totalitaires ou fascisants, rejointe par le camp des lâches, des complaisants et des corrompus, cette meute qui a colonisé l'Onu l'a emporté par 99 voix contre 7 et 30 abstentions. Honneur au Canada, à la Micronésie, au Nauru, au Panama, à la Macédoine et aux États-Unis qui ont voté avec Israël. Mais la France du Quai d'Orsay, de M. Kouchner et de M. Sarkozy a, en notre nom, voté avec la meute ».


2) La France condamne Israël construisant des habitations à Jérusalem, dans le quartier de Ramat Schlomo - selon le rapport de la diplomatie française { [www.diplomatie.gouv.fr] } : « La France condamne le projet annoncé par le Ministère de l'Intérieur israélien de bâtir plus de 1600 unités de logements à Jérusalem-Est. Cette décision est totalement inopportune au moment où les négociations de paix reprennent entre Israéliens et Palestiniens. Elle est en outre illégale au regard du droit international ».

Qu'y a-t-il d'illégal pour un pays de construire sur son sol, Mr le Président, et pourquoi la France trouve-t-elle à redire à ces décisions administratives municipales ? Prononcer une telle condamnation officielle va encore une fois encourager toutes les formes de violence et de terrorisme en Israël et en Europe.

Précisons toutefois qu'il ne s'agit pas de « Jérusalem-Est » mais d'un quartier nord de la ville. Ce quartier est éloigné des quartiers arabes que les Palestiniens revendiquent comme capitale. Ce lieu a été en désolation durant des générations et personne n'y habitait, et nous savons qu'au 1er siècle de notre ère, ce lieu était habité par des Juifs, selon des découvertes archéologiques. A l'époque de la construction du quartier juif orthodoxe de Ramat Schlomo, cela n'a pas entraîné de réactions de la part des Palestiniens. Enfin, « Ramat Shlomo » est le seul quartier orthodoxe de Jérusalem dans lequel les familles nombreuses peuvent trouver de grands appartements à des prix raisonnables. Est-ce donc un crime de permettre à des familles d'acquérir des lieux d'habitation, et en quoi une condamnation de la France va-t-elle aider à la réconciliation ? Ne met-elle pas plutôt de l'huile sur le feu ?...

Deux poids deux mesures - Hier soir, deux roquettes Qassam se sont abattues sur le kibboutz Ayin. La France va-t-elle condamner ce « viol du droit international» ?... 8000 roquettes et missiles ont été tirées par le Hamas durant huit longues années pour les habitants de Sdérot, causant la guerre de Gaza. Au lieu de se trouver derrière Israël dans cette guerre qui concerne le monde entier, l'Europe et la France défendent d'une certaine manière le Terrorisme, en couvrant le rapport Goldstone et en accusant Israël pour des constructions anodines.

Au Nigéria, plus de 500 femmes et enfants - des chrétiens - ont été massacré à la machette par des Islamistes. La France et toutes les organisations humanitaires et pro-palestiniennes se sont-elles émues en condamnant ce massacre équivalant à un génocide ?... Je cite l'abbé Alain-René Arbez { [www.aschkel.over-blog.com] } : « Au Nigeria, le 7 mars 2010 a marqué, à Jos, une surenchère de l'horreur. Entre cinq cent et un millier de chrétiens ont été massacrés, à la machette, dans la nuit par des musulmans, selon un plan d'action génocidaire minutieusement prémédité. Ce djihad n'est hélas qu'un épisode sanguinaire parmi d'autres, au cœur d'une Afrique mise en effervescence par un islam radicalisé. [...] A l'indifférence à l'égard des deux millions de chrétiens et animistes du Soudan, déjà massacrés depuis 1984, succède maintenant l'aveuglement cynique à l'égard des millions de chrétiens nigérians, aujourd'hui en sursis. Où sont les manifestations de musulmans dits modérés, et où sont les démonstrations de militants occidentaux des droits de l'homme ? »

En prenant injustement parti contre Israël, la France prend de grands risques de faire d'elle, « une terre d'Islam ». En condamnant l'Etat hébreu pour la moindre de ses décisions, la France se condamne elle-même à perdre son âme et sa culture issue d'une longue tradition judéo-chrétienne, au profit de la Sharia et de la culture islamique. Puissiez-vous en tant que chef de l'Etat de la France, ne pas entraîner notre beau pays dans une voie de non-retour.

Bénir le peuple juif, c'est aussi bénir Israël en soutenant l'unique démocratie au Moyen-Orient faisant rempart à l'Islam et au terrorisme.

Vous remerciant de votre attention, recevez Mr le Président, l'expression de mes sentiments les plus sincères,

Pasteur Gérald Fruhinsholz,
Le 12 mars 2010
Re: Relations France-Israel
17 mars 2010, 03:55
Martine Aubry, Israel et l'Islam



Martine Aubry se soumet aux islamistes et engage avec elle toute la gauche française.

Martine Aubry, maire de Lille et première Secrétaire du parti socialiste français, a accéléré les démarches visant à accroitre la coopération économique entre sa ville et celle de Naplouse, située en te...rritoires palestiniennes.

[lillenaplouse.unblog.fr]

Dans le même temps, elle a stoppé - semble t-il- toute coopération, y compris culturelle, avec la ville de Haïfa.


Martine Aubry, Maire de Lille refuse la coopération de la ville de Lille avec Safed et Haïfa et tend la main à Naplouse
- Par JULIA MÉREAU - Pour nordeclair.fr

Source : [www.nordeclair.fr]

Plus qu’un jumelage; C’est une véritable coopération que Lille mène à Naplouse - Economie, santé, musique :les domaines où l’on permet le développement de la ville palestinienne sont à la fois vastes et concrets.

Et tant pis si cela contrarie d’autres points de vue politiques…

Il y doit y en avoir pour penser que Lille ne devrait même pas tendre la main à Naplouse, sa soeur jumelle en Palestine. Et puis il y a ceux qui, à l’inverse, voudraient que Lille ne se préoccupe que de Naplouse. Ainsi Jean-François Larosière, le président de l’association France-Palestine Solidarité, qui ne s’est pas privé de le dire lors d’un comité de jumelage Lille-Naplouse, mardi soir, en mairie.

« Notre association refuse la coopération de la ville de Lille avec Safed et Haïfa (ndlr, des villes israéliennes) ! Il y a encore eu trois martyrs à Naplouse récemment : la ville de Lille devrait avoir une intervention claire ! » Pas facile mais en l’occurrence, la ville n’a fermement pas l’intention de revenir sur les contacts qu’elle a établit avec les villes de Safed et d’Haïfa en Israël. Ce jumelage avec Naplouse n’a pas vocation à contenter. Il est éminamment politique. « Quand on aide Naplouse, notre propos n’est pas d’améliorer le confort de l’occupation. Mais bien de permettre le développement de cette ville, avec cette optique qu’à terme existe un Etat palestinien à côté d’un Etat israélien », a rappelé Marie-Pierre Bresson, adjointe à la Solidarité internationale. Et de préciser : « aucune relation économique n’existe entre Lille, Safed et Haïfa.
Pour le moment, il s’agit pour nous d’aller promouvoir aussi la paix dans la société israélienne ». Tout en se mouillant pour Naplouse : « aucune ville de France ne fait ce que Lille fait pour Naplouse. Après, libre aux associations de penser ce qu’elles veulent ».
Ainsi la Ville de Lille entend-t-elle poursuivre cette coopération, avec d’autant plus de volonté qu’elle a récemment recruté une Correspondante technique permanente pour Naplouse. Celle-ci travaillera avec Ayman W. Alshakaa, un Nablusis qui oeuvre déjà pour la Ville de Lille, en tant que référent et porte-parole. La correspondante sera chargée de suivre les projets engagés par la Ville, ou dans lesquels elle apporte son soutien. Ainsi le dispensaire, créé par l’ONG Help Doctors en 2006, dans la Vieille ville de Naplouse. Cet espace accueille aujourd’hui plus de 3500 patients par an, dont la moitié sont des enfants, le quart des femmes, et le dernier quart des jeunes de moins de 15 ans. Dans ce même registre, le Dr Régis Garrigue a confirmé, mardi soir, la création d’un diplôme spécialisé dans la médecine d’urgence, reconnu par le Conseil médical palestinien. Les médecins palestiniens seront formés sur place. Du jamais vu : d’ordinaire, les médecins viennent se former en Europe…

« Ce sont nos amis »

Par ailleurs, mardi soir, en comité de jumelage, on a acté le départ en avril, d’une cinquantaine de Lillois mobilisés pour Naplouse. Ils appartiennent à la société civile, ils sont enseignants pour la plupart ou retraités, et ou musiciens. Certains iront pour mettre en place des projets avec des écoles, des jeunes musiciens ou encore des clubs sportifs. L’association Amitiés Lille-Naplouse est l’une des chevilles ouvrières de ces liens qui se nouent, outre les élus. Et qui ont fait dire à des chefs d’entreprises palestiniens (lire ci-dessous) : « à Lille, nous sommes ici chez nous, ce sont nos amis ».

JULIA MÉREAU


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Partenariat Lille/Haïfa : annulation de la venue de la délégation israélienne

Source : Info-Palestine –

Interpellée par de nombreux citoyens indignés, Martine Aubry, maire PS de Lille, vient d’annoncer que la délégation israélienne attendue à Lille à la fin de cette semaine, dans le cadre d’un partenariat programmé par les élus de Lille avec la ville de Haïfa, ne mettrait pas les pieds à Lille.

Comme on s’en souvient, les élus PS et Verts de Lille n’ont rien trouvé de mieux à faire à la fin des massacres israéliens, que de se rendre en visite d’une semaine dans la ville israélienne de Haïfa, pour y parler de coopération.

Martine Aubry, maire de Lille a engagé sa municipalité dans un « partenariat » dans le domaine des biotechnologies avec la ville de Haïfa, en plein nettoyage ethnique de sa population palestinienne, et le journal régional La Voix du Nord, tout comme le site d’Euratechnologies, ont annoncé la venue de « représentants d’Haïfa » à l’occasion de l’inauguration d’Euratechnologies le 28 mars.

Aujourd’hui, Madame Aubry envoie des courriers aux citoyens pour les assurer qu’aucune délégation ne viendra à Lille, affirmant même qu’il n’en a jamais été question :

Monsieur,

J’ai bien reçu votre récent courrier électronique me demandant de renoncer à faire participer une délégation de la Ville d’Haïfa à l’inauguration du parc Eurotechnologies.

J’ai pris connaissance de vos remarques avec la plus grande attention.

Sachez cependant qu’aucune invitation n’a été envoyée en ce sens à la Ville d’Haïfa et qu’aucune délégation d’Haïfa ne sera présente au moment de cette inauguration.

Sachez que notre programme de coopération avec la ville d’Haïfa ne comprend pas de volet économique.

Je tiens à vous rappeler que nos relations avec Haïfa, ainsi qu’avec Naplouse, qui s’inscrivent dans le strict cadre de la coopération décentralisée, visent au rapprochement des populations et des acteurs de nos territoires.

Je vous rappelle également que ce rapprochement vise à contribuer à l’établissement d’une paix juste et durable impliquant notamment la reconnaissance mutuelle et la coexistence de deux Etats souverains –un Etat israélien et un Etat palestinien, viables et reconnus, disposant des mêmes droits et d’une même sécurité.

Dans l’espoir que ces précisions auront contribué à dissiper tout malentendu, je vous prie de croire, Monsieur, à l’assurance de mes sentiments les meilleurs.

Martine AUBRY


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Libre Opinion : Le Choix de Martine - Par Arie

Entre le bastion islamiste de Naplouse et Safed la mystique, Martine Aubry n’hésite pas.

Naplouse, de son vrai nom Shkhém, n’a pas bonne presse dans le Tanakh.

Son nom d’abord qui est celui d’un violeur, en la personne de Shkhém fils de H’amor (l’âne) qui viola Dina, la fille de Jacob.

C’est en chemin pour Shkhém que Joseph fut vendu par ses frères.

C’est dans cette ville, qu’à la mort de Salomon, s ‘opéra le schisme entre le royaume de Juda et celui d’Israël. Sans compter d’autres événements tout aussi fâcheux, dont le dernier en date est la grande complicité entre la ville de Lille et Naplouse, au détriment d’Israël.

Les romains voulant épurer Israël de tout ce qui était juif, changèrent son nom en Néapolis soit « ville nouvelle », d’où son nom actuel, qui dérive non pas de l’arabe mais du latin.

Aujourd’hui la ville abrite l’Université indépendante d’An-Najah, qui est le bastion du Hamas en Cisjordanie et un centre actif des mouvements islamistes extrémistes.

On a beaucoup parlé ces derniers temps de l’affront fait par Martine Aubry à une délégation israélienne de Haïfa, qui serait jumelée avec Lille. Or, à ma connaissance, Haïfa est jumelée avec Marseille – ce qui est bien plus cohérant – et non pas avec Lille, qui par contre est jumelée avec Safed depuis 1988. Quelqu’un a dû s’emmêler les pinceaux et ne pas croiser les informations.

La lune de miel entre Lille et Naplouse et le désamour exponentiel entre Martine Aubry et Israël, en général, et les juifs en particulier, appelle quelques commentaires

De quel droit se permet-elle de donner des leçons à Frêche, taxé d’antisémitisme, alors que Georges Frêche a toujours soutenu Israël, et qu’il est fort estimé par la communauté juive de sa région, ce qui n’est pas le cas de Martine.

Pourquoi prive t-elle sa ville, et toute la région du nord, de l’apport que pourrait lui apporter le Technion de Haïfa et les industries High tech situées dans le nord d’Israël, à Teffen notamment, au moment où la France a un besoin impérieux de nouvelles technologies et non pas de soutenir, comme le veut Sarkozy, les vieilles industries qui n’embaucheront plus personne? Pense t-elle réellement que l’Université d’An-Najah, qui est par ailleurs la plus performante des universités "cisjordaniennes", est mieux placée que le Technion,

Le choix délibéré de Martine Aubry, patronne du PS donc présidentiable, de caresser dans le sens du poil la communauté musulmane de la ville dont elle est le Maire, de se positionner en adversaire d’Israël – les arguments d’équilibre entre Israël et la Palestine ne trompent personne – laisse entrevoir ce que serait sa politique dans le cas où elle se présenterait et remporterait l’élection présidentielle.

Enfin, le jumelage entre Safed, ville de lumières et de la Cabbale moderne, et Lille, est contre nature;

La Mairie de Safed devrait prendre les devants et dénoncer unilatéralement ce jumelage ridicule. L’alliance entre Naplouse et Lille, par contre se justifie amplement.


Source : [www.aschkel.info]

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Martine Aubry et Jean-Louis Brochen, l'avocat des barbus - 8 Mars 2009 - Observatoire de l' islamisation

Source : [www.juif.org]



Le 20 mars 2004, divorcée de Xavier Aubry dont elle a gardé le nom, Martine Aubry épouse en secondes noces l'avocat lillois Jean-Louis Brochen. Ancien bâtonnier du barreau de Lille et ex-adjoint à la culture à la mairie de Lille., il est à la ville le mari de Martine Aubry, la nouvelle patronne du parti Socialiste. Celui-ci s'est forgé une solide réputation de militant et de défenseur des causes ardues. Il est surnommé 'l'avocat des islamistes'. En 1993, il représente les 17 lycéennes voilées exclues par le lycée Faidherbe. En 2001, aux assises de Douai, il défendra l'un des trois rescapés du gang de Roubaix'.Ajoutons qu'il a aussi défendu le sinistre groupe de Rap "Sniper" ouvertement raciste (anti-blanc bien sûr !) de passage à Lille en 2003.... «Mais les concessions aux revendications islamiques existent surtout à Roubaix, le « beau jardin de l'islamo-gauchisme » comme l'ont rebaptisé des militants des Maghrébins laïques. Là-bas, la gauche plurielle dépend en grande partie du score des verts. Or, la section verts de Roubaix est aux mains de deux proches de Tariq Ramadan : Siham Andalouci, de Présence musulmane, et Ali Rhani, du Collectif des musulmans de France. Le chef de file aux élections, Slimane Tir, défend lui aussi Tariq Ramadan, Une Ecole pour tous et les Indigènes de la république. Autant d'initiatives relayées sur le site Internet des verts de Roubaix, mais aussi par le biais d'un centre de réflexion : Rencontre et dialogue. Il s'agit essentiellement d'animer des conférences pour mettre en contact les prédicateurs fondamentalistes Tariq Ramadan et Hassan Iquioussen et la jeunesse de Roubaix.

[actualite-israel.com]

Au grand dam des Maghrébins laïques, qui ne supportent plus de subir les effets secondaires de cette propagande. L'un d'eux, Messaoud Bourras, ne voit plus ses enfants parce que sa femme ne le juge pas « assez bon musulman ». Il se bat contre l'influence des islamistes dans sa ville et s'illustra dans campagne contre la venue de Hassan Iquioussen ?le prédicateur décrivant les juifs comme le « top de la félonie »- à l'invitation de Rencontre et dialogue. Quitte à rencontrer l'hostilité de la gauche locale.

Pour s'être ému dans un journal local du fait que la municipalité soutienne « une association qui s'adonne ainsi au négationisme », Messaoud Bourras est aujourd'hui poursuivi en justice par Rencontre et dialogue et leur avocat, Jean-Louis Brochen.

Re: Relations France-Israel
17 mars 2010, 05:53
Daniel Cohn Bendit, Israel et les Juifs



Extraits d'un Entretien de LA LIBRE BELGIQUE avec Daniel Cohn Bendit - 10 Mai 2008 : [www.cohn-bendit.de]

Que vous inspirent les 60 ans de l'Etat d'Israël, dans le contexte tendu du bouclage de territoires palestiniens ?

Dans ses mémoires, David Ben Gourion relate un débat entre lui et Ezer Weizman. Weizman dit à Ben Gourion : "Si dans les 50 ans à venir, on n'arrive pas à intégrer Israël dans la région et à faire en sorte qu'il soit accepté, on va perdre. Israël a été possible parce que le monde a compris ce qu'a été Auschwitz. Mais cela ne va pas perdurer. On a 50 ans devant nous pour démontrer aux Arabes et à d'autres qu'on peut faire quelque chose ensemble". Je pense que là est le problème. Soixante ans de l'histoire d'Israël montrent que, jusqu'ici, le pari a été perdu. Je ne pense pas que ce soit uniquement de la responsabilité des Israéliens, mais le pari est perdu. Il faut maintenant réécrire les mémoires et dire : si dans dix ans on n'y arrive pas, ce sera perdu à tout jamais. Le grand défi d'Israël est de comprendre que la solution préconisée par beaucoup d'Israéliens, c'est-à-dire d'avoir les Palestiniens derrière un mur, de ne plus s'en occuper et de regarder vers l'Occident, est une solution suicidaire.

Votre judéité a-t-elle modifié votre conscience politique ?

Etre juif, c'est quoi ? C'est quelque chose que je n'ai pas résolu. Je ne crois pas que ma conscience d'être juif ait été quelque chose de consciemment important. Je ne suis juif que par l'histoire de mes parents. Pratiquement, je ne vais jamais à la synagogue, je ne suis pas circoncis, ma femme et mon fils ne sont pas juifs. Et pourtant, le fait que je sois Allemand-Français, Français-Allemand découle de cette histoire des juifs qui ont dû quitter leur pays, l'Allemagne, en 33. Je ne peux pas nier cette réalité. Et puis du fait de cette histoire, il y a chez certains juifs un surplus de conscience historique et sociale. Par exemple, dans les années 60 aux Etats-Unis, plus de 60 pc des jeunes blancs qui avaient pris part au mouvement des droits civiques étaient d'origine juive alors qu'ils ne représentaient que 7 ou 8 pc de la société américaine. Mais ce sont les juifs de la diaspora. Je fais la différence entre l'identité de la diaspora et la conscience nationale et nationaliste qu'est l'identité israélienne.

Israël a-t-il un besoin de la menace pour maintenir la cohésion de ses composantes ashkénazes, séfarades, russophones, éthiopiennes... ? Par ailleurs, la faillite du système du kibboutz démontre-t-elle qu'il est impensable de reconstruire un pays à partir d'une idéologie de gauche?

Aux débuts, les kibboutzniks étaient nécessaires, parce que c'était le seul moyen d'occuper le territoire, d'intégrer les gens et de gérer une production agricole pour alimenter tous ces gens. Avec la modernisation, le kibboutz est devenu une idéologie dépassée, en raison de l'individualisme qu'induit le capitalisme, mais cette collectivité était fascinante. Ensuite, je crois que l'idéologie intégratrice d'Israël et son histoire lui permettent de vivre. Israël n'a pas besoin d'ennemis extérieurs. C'est un surplus, parce que cela alimente la mémoire historique, ou l'instrumentalisation de l'histoire d'ailleurs. Mais Israël n'a pas besoin de cette histoire pour exister : sa force vient de l'intérieur. Personnellement, je ne suis pas antisioniste, mais a-sioniste. Le sionisme, ce n'est pas ma tasse de thé. On me dit "et si Hitler revenait ?" . Je n'y crois pas. Et je n'irais pas en Israël, j'irais à New York.


Pour en savoir plus :

[fr.wikipedia.org] Daniel Cohn-Bendit

http://yerouchalmi.web.officelive.com/CohnBendit.aspx Daniel Cohn-Bendit, victorieux, sulfureux et, hélas... Juif !



[www.lenouveleconomiste.fr] Le portrait de Daniel Cohn-Bendit

[www.cohn-bendit.de] Discours Daniel Cohn Bendit

[www.col.fr] Interviews Daniel Cohn-Bendit / Bernard Kouchner
Re: Relations France-Israel
19 mars 2010, 15:32
France -Israël : histoire dun désamour - De la livraison des Mystère IV à l'évasion des vedettes de Cherbourg - Par Henri Guirchoun - Pour Le Nouvel Observateur - 10 fevrier 2005

Doù vient lincompréhension, parfois même l'hostilité, qui continue à envenimer les relations entre la France et lEtat hébreu? Henri Guirchoun a rencontré les protagonistes de cette longue histoire et tenté de comprendre pourquoi les malentendus avaient la vie aussi longue



Ce 24 décembre 1969, la mer est démontée, un rideau de pluie bouche la sortie du port et les vents rendent impraticables la traversée du golfe de Gascogne. Dans sa chambre dhôtel de Cherbourg, branché sur la station météo de Southampton, lamiral Mordechai Limon guette laccalmie. Face à linquiétude de ses officiers, qui ont déjà battu le rappel des 90 matelots israéliens dispersés en ville, il a accepté de retarder le départ initialement prévu dans laprès-midi. Mais le temps presse. Dans une petite ville où tout se sait, les autorités ne vont-elles pas finir par remarquer ces allées et venues? Il faut donc éloigner au plus vite des côtes françaises les cinq vedettes lance-missiles construites pour Israël à Cherbourg et bloquées par lembargo du général de Gaulle au lendemain de la guerre des Six-Jours. Puis gagner la haute mer et filer, via Gibraltar et lItalie, en direction de Haïfa. Sinon, toute lopération minutieusement préparée depuis des mois risque déchouer.
Lamiral Limon, cette force de la nature qui avait été nommé à lâge de 26 ans patron des forces navales israéliennes, nest pas du genre à subir les éléments. Avant la naissance dIsraël, il a surmonté dautres tempêtes. Cest tout de même cet homme qui, entre 1946 et 1948, a conduit en Palestine trois rafiots chargés de milliers de réfugiés embarqués à La Ciotat ou à Bayonne au nez et à la barbe des Britanniques, qui imposaient le blocus pour interdire limmigration des juifs dEurope. Et la mer aujourdhui serait contre lui?



Vers 2 heures du matin, enfin, les vents sapaisent. Lamiral donne ordre de quitter le mouillage. En moins de vingt minutes, les puissantes vedettes franchissent les passes et disparaissent au regard dune capitainerie encore engourdie par la veillée de Noël.
Lannonce de la disparition des vedettes plonge les autorités françaises dans une perplexité puis dans une rage folle. Le président Pompidou est ulcéré. Son ministre de la Défense Michel Debré panique, lance des ordres inconsidérés, veut punir les responsables. Lamirauté en fera les frais, mais rien de tout cela nempêchera les cinq bateaux de parvenir à Haïfa, le Jour de lAn. Ironique, la presse internationale se fait très généreusement lécho du piratage. On moque cruellement Paris dans les chancelleries. Israël sest joué de la France, laquelle mettra longtemps à lui pardonner laffront.

Trente-cinq ans plus tard, sur le patio de sa maison du centre de Tel-Aviv, loctogénaire «Moka» Limon, ancien chef de la mission dachat en Europe du ministère israélien de la Défense, bourre sa pipe de loup de mer avant de raconter placidement sa part dhistoire. «Nous avions un besoin vital de ces douze vedettes de la dernière génération. Nous les avions dailleurs achetées légalement, et payées. Elles nous appartenaient. Cinq avaient été livrées avant lembargo. Nous en avions récupéré deux autres à larraché. Il en restait cinq. Pas question de sen priver.» Son mètre quatre-vingt-dix et son regard scrutateur impressionnent toujours. «Selon Moshe Dayan, le ministre de la Défense, cette affaire dembargo nous offrait trois possibilités: attendre que la France revienne sur sa décision, lancer des commandos pour les récupérer ou concocter une opération plus complexe semi-légale, semi-clandestine.» Cest ainsi quen novembre 1969 une vague société norvégienne spécialisée dans le forage pétrolier en mer commanda aux chantiers de Cherbourg des bateaux dont les caractéristiques techniques, mis à part larmement, correspondaient étrangement aux vedettes commandées par Israël. On demanda aux Israéliens sils acceptaient, puisquelles étaient bloquées par lembargo, de céder leurs vedettes à cette société norvégienne. Malin.

Les «Norvégiens» demandent ensuite à leurs vendeurs de fournir des équipages, ce qui justifiera, un mois plus tard, la présence à Cherbourg dune centaine de matelots israéliens formés pour manuvrer ces vedettes. Et le tour est joué. «Jai su que Michel Debré avait demandé à la marine de stopper ou même de couler les vedettes. Mais on ma dit aussi que le chef détat-major français avait refusé et menacé de démissionner. A cette époque, nous avions encore beaucoup damis en France», dit lamiral. Des amis, certes, mais plus dalliés. Ordre est donné aux fonctionnaires français de rompre tout contact avec la mission israélienne dachat en Europe cette ruche (80 personnes) qui officie depuis le début des années 1950 dans un immeuble du boulevard Malesherbes.

La rocambolesque opération de Cherbourg est un symbole. Deux années après la victoire éclair dIsraël en juin 1967 et la phrase assassine du général de Gaulle sur le «peuple délite, sûr de lui-même et dominateur», un an après lembargo sur les armes et les pièces de rechange décrété contre lEtat hébreu à la suite du bombardement de laéroport de Beyrouth par les Israéliens, Cherbourg illustre les tensions, le malaise et les crises qui ne cesseront plus entre les deux pays. Côté français, une distance volontaire, une froideur, parfois une rigidité; côté israélien, des frustrations, de la méfiance et un comportement souvent rebelle.
En 1976, les commandos israéliens doublent les négociateurs français en libérant les otages dun appareil dAir France détourné vers Entebbe, en Ouganda. En 1981, les chasseurs bombardiers de lEtat juif détruisent la centrale nucléaire irakienne Osirak construite par la France. «Les bons moments se sont arrêtés en 1967, et depuis, les sensibilités sont à fleur de peau. Petit à petit, les deux pays se sont éloignés», déplore Avi Pazner, un proche dAriel Sharon. Et chaque incident distend un peu plus les liens. Mis sur pied en 2003, un «groupe de haut niveau pour la relance des relations» cherche à rapprocher les deux sociétés. Avec un certain succès. Mais lappel de Sharon aux juifs de France, invités à émigrer en Israël pour fuir lantisémitisme, provoque à Paris émotion et courroux.

Dernière polémique, en décembre, quand lambassadeur de France à Tel-Aviv évoque une «maladie mentale appelée antifrancisme» chez les Israéliens. En fait, Gérard Araud souhaite réagir, après les torrents de boue déversés sur la France par les radios, les télévisions et les journaux israéliens, lors de lhospitalisation dArafat à Paris. Un jeune présentateur célèbre est allé jusquà traiter les Français de «merdes». «Jai sans doute un peu exagéré, mais jétais à Paris à ce moment-là. Et je nai pas supporté que la presse place Arafat sur un piédestal sans même mentionner son implication dans le terrorisme», explique aujourdhui Yair Lapid, qui se présente comme un partisan de la paix. «Pourquoi la France, ce pays sophistiqué qui sérige souvent en modèle dintelligence et de subtilité, ignore-t-elle la complexité du Proche-Orient?»

La France reste la deuxième destination étrangère après la Turquie pour les Israéliens, mais limage de la France en Israël est exécrable. En mai 2004, un sondage a révélé que 86,4% des Israéliens jugent les Français antisémites. 85,8% dentre eux estiment que la France est du côté des Palestiniens. Le chantage au pétrole arabe hier? Lantisémitisme aujourdhui? La montée en puissance de la minorité musulmane de France demain? Ces griefs reviennent sans cesse. Sont-ils suffisants pour expliquer le mur de préjugés qui sest élevé entre les deux pays?

«Israël a longtemps considéré la France comme un sein maternel, omniprésent et inépuisable. Mais cet Etat nourrisson a été brutalement sevré par de Gaulle», affirme lancien ambassadeur israélien à Paris, Yehuda Lancry. Cette relation si particulière expliquerait donc aujourdhui les réactions excessives des Israéliens envers la France?

«En 1955, la France sétait engagée à nous fournir 48 Mystère IV. Une seule escadre de larmée de lair en était équipée. Elle a reçu lordre de nous les céder, au grand dam du patron de lescadre. Mais sur la base de Mont-de-Marsan jai eu la surprise de voir atterrir non pas 48 mais 52 appareils.» «"Quitte à vous donner mes avions, jen ai rajouté 4 de réserve, en cas de pépin", me dit le colonel», se souvient Paul Kedar, ancien attaché de lair israélien à Paris. Un geste qui illustre toute la chaleur et la fraternité qui unissaient alors les officiers des deux armées. «Pour gagner du temps, létat-major français avait mis un bureau à ma disposition rue Saint-Dominique, au ministère des Armées», raconte Asher Ben Nathan, à lépoque responsable israélien des achats militaires. A la veille de la campagne de Suez, en 1956, le célèbre physicien Yuval Neeman, alors chef adjoint du renseignement militaire, multiplie les voyages en France: «Entre juillet et octobre, jai fait huit ou neuf allers-retours. Jétais chargé du contact avec le Sdece [Service de Documentation extérieure et de Contre-Espionnage, NDLR], et je rendais compte directement à Ben Gourion.» A ce moment même est lancée la coopération nucléaire qui aboutira à la construction du réacteur de Dimona, dans le désert du Néguev. «La France a joué un rôle inoubliable dans la défense dIsraël et nous a aidés à lépoque la plus difficile de notre histoire», admet Shimon Peres, alors directeur général du ministère israélien de la Défense.

Au-delà de ladmiration mutuelle, il y a bien sûr convergence dintérêts. La France affronte linsurrection dAlgérie, Israël combat le nationalisme arabe, particulièrement vif en Egypte. «Paris nous fournissait des armes. En échange, nous lui donnions des renseignements, notamment sur lEgypte, qui aidait les insurgés algériens», résume Yuval Neeman.
Oublie-t-on que ce lien des années 1950 dont parlent avec nostalgie tous les protagonistes fut tissé bien avant, souvent dailleurs par les mêmes acteurs de lhistoire?

A la veille de la naissance dIsraël, toutes les fractions du mouvement sioniste eurent leur siège à Paris. Le chef de «lAlya Beth», limmigration juive clandestine en Palestine, Shaul Avigur, recevait ses agents dans un bureau au-dessus du Lido. Les bateaux de réfugiés juifs dEurope de lEst rescapés des camps partaient de La Ciotat, de Bayonne, de Port-de-Bouc sous les yeux complices des édiles locaux et de la police. Les représentants de la Hagannah, mais aussi des groupes terroristes, comme lIrgoun ou le Stern, faisaient antichambre dans les locaux des services secrets français où ils étaient considérés avec la plus grande bienveillance. Se souvient-on que l«Altalena», navire affrété par lIrgoun de Menahem Begin, et dont Ben Gourion exigera larraisonnement, était parti de Provence, rempli darmes fournies en sous-main par les services français? Certes, il y avait là aussi convergence dintérêts, la France dalors nétant pas mécontente de malmener la Grande-Bretagne, puissance mandataire en Palestine. Mais cette bienveillance se nourrissait aussi dautres sentiments bien plus profonds.
En France, les services, larmée, ladministration de laprès-guerre étaient alors dominés par les anciens de la France libre ou de la Résistance. Certains avaient connu les camps. Les sionistes étaient, eux, imprégnés du romantisme de la Révolution française, ils navaient pas non plus oublié le rôle de Napoléon dans lémancipation des juifs de France. Lors de la campagne dEgypte, le général Bonaparte navait-il pas appelé «les juifs dAsie et dAfrique à rejoindre son armée pour libérer Jérusalem et recréer leur Etat»? Et en 1917, avant même la déclaration Balfour, Jules Cambon, secrétaire général du Quai-dOrsay, navait-il pas déjà souligné «la sympathie du gouvernement français pour la renaissance de la nation juive sur cette terre doù le peuple dIsraël avait été chassé il y a tant de siècles»? Cest donc à cette sympathie profonde presque une symbiose quavait mis fin le Général en 1967.

«La fin de la guerre dAlgérie et les intérêts français dans le monde arabe justifient ce changement, pas sa brutalité. Certains faits assez méconnus quil faut relier offrent une autre grille de lecture», affirme aujourdhui Yuval Neeman, ex-ministre qui préside encore lAgence spatiale israélienne. Selon lui, en 1961, les services israéliens ont eu vent dun projet dassassinat du Général par lOAS. Lattaché militaire à Paris Uzi Narkiss prévient discrètement Alain de Boissieu, gendre et aide de camp du Général. Le complot est déjoué, ses auteurs sont arrêtés. Cette même année, Ben Gourion est reçu à Paris par un de Gaulle qui clame: «Israël, notre ami, notre allié.» Mais au fond le Général supporte déjà de moins en moins ces Israéliens qui sont comme chez eux au ministère de la Défense, au Sdece, chez Dassault comme au Commissariat à lEnergie atomique. Plus étonnant encore, fin Mai-68, le même Boissieu aurait à son tour convoqué à Paris Uzi Narkiss pour lui délivrer un message étrange: «Dites à votre Dany le Rouge de se calmer.»

«En 1961, dans sa légendaire fierté, de Gaulle navait sans doute pas supporté lidée de devoir la vie à un petit Etat étranger. Cest peut-être ce qui explique sa crispation en 1967 et ses dérapages», affirme encore Neeman. Quoi quil en soit, le divorce est prononcé. Israël se tourne vers les Etats-Unis. Avec la France, rien ne sera plus comme avant.

Après son élection de 1977, Menahem Begin, hostile à la moindre allusion en faveur dun futur Etat palestinien, évite soigneusement Paris. Avec lavènement de François Mitterrand, un «ami dIsraël», renaît lespoir dune véritable réconciliation. Mais lors de son séjour à Jérusalem en 1982, le premier voyage dun chef dEtat français en Israël parvient tout juste à casser la glace. Un exemple? En 1984, Shimon Peres, vieil ami de la France et de son président, tente de relancer lidée dune coopération nucléaire. Mitterrand donne son aval. Le projet vise la construction de deux nouvelles centrales en Israël destinées à produire de lélectricité. Entre experts français et israéliens, les négociations avancent dans le plus grand secret. Elles naboutiront jamais: Paris veut en même temps reconstruire la centrale irakienne dOsirak, détruite en 1981. «Nos experts étaient formels: entre les mains de Saddam Hussein, toute nouvelle centrale était dangereuse. Cétait inacceptable, confie Asher Ben Nathan, chargé du montage financier du projet franco-israélien. Et un matin, lair gêné, les experts français ont signifié à leurs interlocuteurs israéliens quils venaient de recevoir lordre de tout arrêter. Cétait fini!»

En 1996, le voyage de Jacques Chirac est gâché par cet incroyable incident dans la vieille ville de Jérusalem: le président français semporte bruyamment contre lomniprésence des services de sécurité israéliens. Plus tard, quand Lionel Jospin se fera caillasser par des étudiants palestiniens de Bir Zeit après avoir qualifié de terroriste le Hezbollah, il obtiendra en retour de la part des dirigeants israéliens une commisération teintée dun léger amusement. Et aujourdhui, même si des contacts étroits sont maintenus entre les services de renseignement, même si les échanges commerciaux ont doublé en quinze ans, atteignant près de 2 milliards deuros, le courant passe toujours aussi mal sur le plan politique. Et mieux vaut ne pas trop miser sur les Israéliens dorigine française qui vivent en Cisjordanie et à Gaza pour donner une autre image de la France. «Les médias français sont les pires. Pour eux, les Palestiniens sont toujours les victimes, même quand il sagit de terroristes. Laffaire Dieudonné en dit long sur la montée de lantisémitisme, assène sans complexe David Shapira, lun des porte-parole du Conseil de Judée-Samarie, lui-même installé dans la colonie de Beit-El depuis vingt ans. Ceux dentre nous qui ont dû quitter lAlgérie française constatent que la France est en train de devenir algérienne.»

Dautres Israéliens, parmi les plus modérés, nhésitent pas, eux non plus, à avouer leur malaise: «Depuis le début de lIntifada, je me suis brouillée avec certains de mes vieux amis de gauche à Paris. Car je ne supporte plus quils me disent: "Vous, les Israéliens, faites ceci ou cela", alors quils savent très bien que je suis moi-même opposée à la politique du gouvernement Sharon», explique Ziva Postec, une réalisatrice longtemps parisienne qui a collaboré avec Claude Lanzmann pour le montage de «Shoah». Certes, à la mi-décembre, Nicolas Sarkozy, invité de la conférence annuelle dHerzliya, le très huppé centre de réflexion stratégique dIsraël, est parvenu, dans son style direct, à séduire ses auditeurs. Ceux-ci lui avaient dailleurs réservé un véritable accueil de chef dEtat. Sagissait-il dune malice destinée à agacer lElysée et à renforcer limage du nouveau président de lUMP, qui na jamais caché un atlantisme jugé prometteur? Ou bien ce succès marque-t-il réellement la volonté dun rapprochement imminent entre les deux pays? Difficile à dire. Malgré les reproches qui lui sont adressés pour son soutien aux Palestiniens, on reconnaît à Jacques Chirac un parcours inattaquable sur le sujet de lantisémitisme, comme il vient une nouvelle fois den administrer la preuve à loccasion des cérémonies marquant la libération dAuschwitz. Ce qui nempêche pas certains cyniques israéliens de suggérer, sous le manteau, que le président français cherche un alibi pour masquer une politique en réalité proarabe. Mais en France les sceptiques nont-ils pas ricané à lannonce du retrait de Gaza par Sharon, ce qui risque pourtant de lui coûter son fauteuil de Premier ministre? Les malentendus ont la vie longue.
Re: Relations France-Israel
19 mars 2010, 15:39
L'épopée des « vedettes de Cherbourg » - Par Jean-Pierre BUISSON - Pour Ouest-france - 19 mars 2010




Justin Lecarpentier, Cherbourgeois de 25 ans, a consacré 15 mois de recherche pour faire revivre l'histoire rocambolesque des « vedettes de Cherbourg ».

Étudiant en histoire à Caen, Justin Lecarpentier, s'est plongé dans l'incroyable aventure qui fit le tour du monde. Des patrouilleurs israéliens ont filé à l'anglaise la nuit de Noël 1969.
« À la maison, cette histoire revenait régulièrement dans les discussions familiales. Mon père, qui avait travaillé pour les chantiers Amiot, nous racontait comment, un soir de Noël, cinq patrouilleurs que le chantier avait construits, ont filé sans crier gare. » Cette histoire, digne d'un roman d'espionnage, c'est celle des vedettes de Cherbourg.

À 2 h 30 dans la nuit du 24 au 25 décembre 1969, cinq patrouilleurs construits pour Israël mais placés sous embargo, mettent leurs puissants moteurs en marche. « Tout Cherbourg a dû les entendre, mais personne n'y a prêté attention. Depuis des semaines, sous prétexte d'essais, les équipages avaient habitué la population à ces démarrages nocturnes », raconte Justin Lecarpentier.

Cette fois, nul test de machines, mais un appareillage préparé dans le plus grand secret. Au nez et à la barbe des autorités, les cinq patrouilleurs rapides embouquent les passes de la grande rade, cap sur Haïfa. « L'affaire avait été bien préparée. Elles ont effectué un premier ravitaillement en carburant en mer au sud du Portugal et un second dans le sud de Malte. » Le 31 décembre, les « vedettes de Cherbourg » font une entrée triomphale en Israël. Une opération rondement menée et un coup de pub fantastique pour le chantier naval cherbourgeois.



Par la suite, Félix Amiot, patron des Constructions mécaniques de Normandie, vendra des dizaines de patrouilleurs à différentes marines. « Ces bâtiments de guerre, très légers et bien armés, filaient à plus de 40 noeuds (70 km/heure). » Israël en avait commandé une douzaine à la France pour assurer la protection de ses côtes et répliquer à la marine égyptienne.

Des archives « Secret défense »

Avant « ce rapt incroyable, les médias et le grand public ne savaient rien, ou presque, de ces bateaux de guerre, explique Justin Lecarpentier. Félix Amiot avait obtenu que même les médias locaux se montrent discrets. » Le 27 décembre, quand l'affaire est révélée dans les journaux, comme Ouest-France, elle prend immédiatement une dimension internationale. Aujourd'hui, on dirait qu'elle fait un buzz.

Cherbourg, déjà connue du monde entier pour les parapluies de Jacques Demy, fait la « Une » planétaire. « Puis l'affaire est vite tombée dans l'oubli. Très peu d'ouvrages lui ont été consacrés, indique l'étudiant. Alors, quand j'ai dû choisir le thème de mon master I, l'idée de plonger dans les archives m'est venue presque naturellement. »

Justin Lecarpentier a pu accéder à des documents qui n'avaient jamais pu être consultés. Dans son livre, il lève le voile sur l'organisation de l'opération qu'il restitue dans le contexte très tendu du Moyen-Orient. Un regret : « Certaines archives ont été classifiées secret défense. Elles ne seront accessibles qu'en 2048. » Une partie du mystère des « vedettes de Cherbourg » reste donc à découvrir.


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Re: Relations France-Israel
19 mars 2010, 16:05
Ravir les "vedettes" - Par ABRAHAM RABINOVICH - 16 juillet 2009


INS Mivtach au Clandestine Immigration & Naval Museum, Haïfa, Israël

Mordehaï Limon a officiellement dit au revoir à sa carrière militaire le jour où il a quitté son poste de commandant de la marine israélienne.

Mordechai Limon avec David Ben-Gurion


Vedette de Cherbourg à la Bataille Latakia

Mais sa contribution mémorable à l'histoire militaire de ce pays était encore à venir. C'est en civil que Limon - décédé le mois dernier à l'âge de 85 ans - a concocté l'une des opérations militaires les plus éblouissantes, et qui a longtemps conféré à l'Etat hébreu une image de grand improvisateur.

En 1967, l'ancien amiral dirige les achats en armement israéliens à Paris. Mais le président Charles de Gaulle décrète alors, à la veille de la guerre des Six-Jours, un embargo sur certaines exportations destinées au Proche-Orient - en particulier celle des avions de chasse Mirage, achetés par Israël.

En janvier 1969, suite à un raid israélien sur l'aéroport de Beyrouth, l'embargo est étendu à d'autres articles militaires, dont quelques petits bateaux en cours de construction dans le port de Cherbourg.

Ces futurs navires de patrouille étaient, plus précisément, le fruit d'une intense réflexion, en 1960, sous l'impulsion du commandant de marine de l'époque, Yohaï Bin-Noun. La flotte militaire israélienne ne se résumait alors qu'aux maigres restes de la Seconde Guerre mondiale.

A l'état-major, on envisageait même la fermeture totale de la marine - la sécurité du pays reposant essentiellement sur l'aviation et l'armée de terre. Pendant ce fameux brainstorming de 48 heures, la question posée par Bin-Noun avait été la suivante : comment former une marine efficace avec un budget insignifiant ? Surprise. Une des propositions consistait à construire un navire de guerre qui n'existait nulle part ailleurs.
Rafaël, principal corps israélien de développement de l'armement, avait fabriqué un missile doté d'un système de guidage assez primitif, et ni l'armée de terre ni l'armée de l'air n'avaient voulu s'en servir.

Adapté aux besoins de la marine, le missile pouvait cependant être monté sur de simples bateaux de patrouille et leur offrir alors la dose d'agressivité dont ils avaient besoin.

A défaut d'une meilleure idée, la proposition avait finalement été mise à exécution pendant plus d'une dizaine d'années, dans le cadre d'un programme de développement militaire sans précédent.

La toute jeune industrie militaire de l'Etat hébreu avait immédiatement saisi l'occasion pour prendre le train de l'innovation technologique en marche.

Et les Vedettes de Cherbourg constituaient précisément les plates-formes de cette révolution.
Les risques d'échecs d'un tir de missile peu perfectionné sur un bateau en mouvement se sont néanmoins rapidement manifestés.
Un ingénieur des Industries de l'Aviation israélienne (IAI) a alors eu la brillante idée d'installer un radar et un altimètre sur le missile, lui permettant ainsi de poursuivre seul la cible (et non plus de dépendre d'un soldat muni d'une simple paire de jumelles).

Contourner l'embargo

Plusieurs années après le lancement du programme, la marine apprend que l'Union soviétique - principal fournisseur de la Syrie et de l'Egypte - a développé ses propres navires de guerre, dotés de missiles Styx d'une portée deux fois plus grande que celle du modèle israélien, Gabriel. L
'efficacité des armes soviétiques a notamment été révélée au grand jour en octobre 1967, quand le produit phare de l'Etat hébreu - le contre-torpilleur Eilat - est coulé au large du port Saïd par deux missiles Styx.
Un ingénieur naval avait alors entrepris toute une série d'expérimentations pour développer un système capable d'éviter ces missiles.
Parallèlement, à Paris, Limon entretient des relations serrées avec le gouvernement français, malgré l'embargo.

Sa demeure de la Rive gauche accueille très souvent les figures politiques de l'époque, et les soirées mondaines organisées par son épouse - une ancienne Miss Israël - attirent la crème de la haute société française.
Directement exposé à la colère de de Gaulle, suite au raid de Beyrouth, Limon contacte le directeur de la mission navale de Cherbourg pour lui conseiller de faire partir immédiatement tous les navires déjà prêts à prendre le large depuis la côte française.

Sur les douze vedettes commandées, cinq avaient déjà été livrées en Israël, où elles devaient encore être équipées du fameux système de missile. Deux autres bateaux largueront discrètement les amarres peu de temps après.
Il en restait cinq, dont l'Etat hébreu n'avait pas demandé, pour autant, l'arrêt de la construction. Jérusalem espérait même qu'au moment de mettre la dernière couche de peinture sur le douzième bateau - vers la fin de 1969 -, l'embargo aurait été abandonné depuis longtemps.

En réalité, de Gaulle avait quitté le pouvoir la même année et son successeur, Georges Pompidou, n'avait rien voulu savoir.
Bien que Limon n'était plus aux commandes des achats militaires, il allait clairement jouer un rôle de premier plan dans l'affaire qui devait suivre.
L'ambassadeur d'Israël à Paris, Walter Eytan, n'est alors pas du tout disposé à engager des négociations secrètes. Limon propose, lui, de s'emparer des bateaux, une fois le dernier monté.

Moshé Dayan, le ministre de la Défense de l'époque, est plus concerné de son côté par le risque d'un éventuel refroidissement des relations diplomatiques avec Paris. "Ne faites rien d'illégal !", avertissait-il.
Mais la nuance était finalement assez fine pour qu'Israël parvienne à voler toute une flottille de bateaux de guerre. L'idée : vendre de manière fictive les navires soumis à embargo à un acheteur privé étranger, puis les lui racheter.
Les autorités françaises auraient été heureuses, de leur côté, de tourner la page d'une affaire qui risquait fortement de nuire à leur bonne réputation de fournisseur d'armes.

Un ami suggère alors à Limon de prendre contact avec Martin Siemm, directeur de la plus grande entreprise de construction navale en Norvège et héros de la Résistance. Agé de 75 ans, Siemm s'est déjà rendu en Israël dont il a été agréablement surpris par le dynamisme.

Il accepte de rencontrer Limon à l'aéroport de Copenhague, où ce dernier lui expose les détails de son plan : Israël vendra les bateaux à Siemm, avant de discrètement les lui racheter. Siemm, lui, n'a rien à y gagner.

Hormis le fait d'aider Israël à se défendre. Deux jours plus tard, il accepte la mission. Et Limon décide de rêver enfin son plan à Tel-Aviv.
Felix Amiot, propriétaire du chantier naval de Cherbourg et impliqué dans la combine, reçoit alors une lettre signée par Siemm, lui faisant part de sa volonté d'acheter les bateaux.

Le ministère français de la Défense salue immédiatement l'initiative et propose au gouvernement israélien de le rembourser. Au terme de quelques jours de mise en scène, Tel-Aviv finit par donner son accord.
"Il s'agit d'une excellente transaction qui devrait servir de modèle", écrit alors le ministre français des Affaires étrangères, Maurice Schumann.
Coup de maître
Deux contrats sont signés mi-décembre : l'un annule la première transaction israélienne ; l'autre confirme l'achat des navires par la compagnie de Siemm, "Starboat". Le lendemain, Limon, Siemm et Amiot se réunissent à nouveau pour signer les documents confidentiels annulant ceux de la veille.
Mais avec l'implication du gouvernement israélien, l'affaire commerciale se mue en véritable opération militaire.

A Haïfa, un navire de fret et un ferry doivent assurer le ravitaillement des Vedettes de Cherbourg pendant leur trajet. D'autres cargos, détournés de leur itinéraire initial, sont positionnés en renfort.
Des membres d'équipage habillés en civil sont déployés en petits groupes dans la capitale française et envoyés en train à Cherbourg, avec ordre de ne surtout pas parler en hébreu.
Une fois arrivés sur la côte, ils sont conduits aux bateaux et cachés sous les ponts. L'opération était prévue pour la veille de Noël.
Cependant, un vent de force 9 soufflant sur la Manche empêche les navires de prendre le large à l'heure fixée.
Il faudra attendre 2 heures du matin pour que le feu vert soit enfin donné. "Nous partons",déclare le commandant. Limon, lui, regarde les navires disparaître au large.

Le mystère des bateaux fera la une des journaux du monde entier. "Où sont-ils ?", pouvait-on lire. Des équipes de télévision s'envolaient en direction de la Norvège.

D'autres, au Sud, survolaient la Méditerranée. Alors que les navires s'approchent de Gibraltar, une station de surveillance britannique leur demande de s'identifier.

Pas de réponse des Israéliens à bord. Ni drapeaux, ni numéros d'identité ne permettaient de repérer la provenance des vedettes. "Bon voyage !", annonceront pourtant les contrôleurs maritimes au bout de quelques minutes.
Message que les Israéliens prendront immédiatement comme un encouragement des Britanniques, qui avaient certainement compris de qui il s'agissait.
Quand ils sont enfin repérés par les équipes de télévision, les navires s'approchent déjà de la côte africaine et avancent à vitesse grand V.
Furieux, le ministre français de la Défense, Michel Debré, ordonne immédiatement leur arrestation. Mais Pompidou intervient. Les bateaux jettent finalement l'ancre à Haïfa, le 1er janvier 1970.
Une nation dotée d'une population deux fois moins grande que celle de la ville de New York vient de réussir le coup du siècle. Trois années supplémentaires de travail acharné permettront aux bateaux lanceurs de missiles de voir enfin le jour.

La flottille tout entière pourra montrer de quoi elle est capable dès octobre 1973. Quelques jours plus tard, la guerre de Kippour est déclarée. En matière de batailles navales, les bateaux israéliens étaient très loin de pouvoir se mesurer à ceux de l'ennemi.
Pourtant, ils parviendront à détourner chacun des 54 missiles tirés par le camp arabe, en plus de couler huit navires hostiles - avant de regagner à jamais leurs ports respectifs. Il avait fallu pas moins de treize ans pour que le rêve d'un soir devienne enfin réalité.


* Abraham Rabinovich est l'auteur de The Boats of Cherbourg (Les Bateaux de Cherbourg), Naval Institute Presse, 1997 (en anglais)
Re: Relations France-Israel
19 mars 2010, 16:14
FRANCE ISRAËL – BONNE NOUVELLE : Le commerce bilatéral progresse rapidement: les exportations israéliennes vers la France ont fait un bond de 25% en février. - Par Jacques Bendelac - Pour IsraelValley - 19 mars 2010

Selon les donnes douanières, les exportations israéliennes vers la France se sont montées à 102 millions de dollars en février dernier. C’est un bond de 25% par rapport aux exportations du mois de janvier ($ 82 millions). En sens inverse aussi, les échanges bilatéraux progressent fortement. En février, les entreprises françaises ont vendu à Israël pour 112 millions de dollars de marchandises. C’est une progression de 8% par rapport à janvier.

L’institut israélien de la Statistique, qui publie les chiffres du commerce extérieur de janvier-février 2010, constate que l’Europe reste le principal débouché pour les produits israéliens: le “Vieux continent” absorbe 32% des exportations israéliennes et fournit 36% des importations israéliennes.

Depuis le début de l’année (janvier-février 2010), les exportations totales d’Israël se sont élevées à 6 milliards de dollars, contre 7,6 milliards pour les importations israéliennes. Le déficit commercial s’est donc élevé à 1,6 milliard, contre 1,3 milliard au cours des mois de janvier-février de l’année dernière.
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