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La Grece, les juifs et Israel
Envoyé par lapid
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La Grece, les juifs et Israel 26 mars 2010, 14:58 |
Seul comme un Juif à Athènes - Par MISHA UZAN - Pour Jerusalem Post edition en francais - 25 Mars 2010
Au moment où Israël connaît une importante crise avec son plus grand allié musulman, la Turquie, nous sommes allés faire un tour de l'autre côté de l'alliance traditionnelle Israël/Turquie/Etats-Unis. Départ pour la Grèce. Un pays qui pour des raisons historiques et géopolitiques, reste traditionnellement hostile à la Turquie, aux Etats-Unis et à Israël. Malgré l'intérêt que porte l'Etat juif à certains pays d'Europe centrale et de l'Est, comme la République tchèque - qui le lui rend plutôt bien - l'heure n'est peut-être pas encore à aux renversements d'alliances dans le cas de la Grèce. L'histoire du pays pourtant, fait une grande place aux Juifs.
La synagogue de Rhodes
Plusieurs mois après des élections législatives anticipées où le PASOK (le parti socialiste) de George Papandréou avait repris le pouvoir et alors que le pays - aux portes de l'Europe - est confronté à des vagues migratoires clandestines et à des problèmes économiques latents, nous avons voulu, loin des nouveaux immigrants et des problèmes majeurs du pays, porter notre attention sur une toute petite communauté, apparemment insignifiante mais qui porte en elle l'histoire de la Grèce et de sa capitale Athènes depuis les temps les plus anciens : la communauté juive.
Une présence juive antique
L'histoire de la présence juive en Grèce et à Athènes remonte à la haute antiquité, lorsque des Juifs ouvrirent des comptoirs commerciaux dans la péninsule. Ils obtinrent très tôt une place reconnue pour leur utilité dans le pays. On a d'ailleurs retrouvé au cours de fouilles tenues en 1977 les traces d'une ancienne synagogue du IVe-IIIe siècle avant l'ère chrétienne, à l'intérieur même du site de l'ancienne Agora d'Athènes, le centre culturel et politique de la capitale de l'Attique dans l'antiquité. Mais on enregistre la présence d'une communauté juive bien avant cette date : au moins au premier exil babylonien datant du sixième siècle avant notre ère.
En ce sens, là-bas comme dans d'autres pays, on peut dire que l'histoire de la communauté juive fait partie intégrante de l'histoire nationale, même si les événements et les catastrophes contemporains ont considérablement réduit les effectifs de la communauté. Aussi des 77 000 Juifs vivant principalement à Thessalonique et dans les îles ioniennes avant la Seconde Guerre mondiale, il n'en reste aujourd'hui que 6 000. Et c'est principalement à Athènes, une ville qui compte 800 000 habitants et une banlieue peuplée de trois millions d'âmes, qu'on dénombre aujourd'hui la plus grande communauté de Grèce, soit le ridicule effectif de 3 000 personnes. 200 d'entre elles fréquentent régulièrement les institutions cultuelles et culturelles, selon les responsables communautaires.
Quand Ets Haïm côtoie l'Agora et l'Acropole
C'est pourquoi une ville de près de 3 000 ans d'histoire et presque autant d'histoire juive, ne comprend que deux synagogues. De taille moyenne qui plus est. On les trouve à deux pas de la Plaka, le quartier historique et touristique d'Athènes, avec pour voisin l'Agora et l'Acropole visible en haut de la colline.
Etz Hayim Synagogue in Athens
Respectivement aux numéros 8 et 5 de la rue Melidoni, l'une fait face à l'autre. La plus ancienne, la synagogue ashkénaze, bâtie en 1904, est appelée Etz Haïm (l'arbre de la vie) ou Ioannina (du nom de la ville de provenance des Juifs qui l'ont construite, au nord-ouest de la Grèce). On l'appelle aussi la synagogue romaniote. Un nom plus généralement donné aux anciennes populations juives locales, les Juifs d'origine gréco-romaine, de langue grecque (par opposition à ceux qui, dès la fin du XVe siècle parlent le ladino) et dont l'immigration remonte aux origines de la ville. Elle n'ouvre en vérité ses portes que pour les grandes affluences des fêtes de Tichri.
Seule la synagogue sépharade est ouverte toute l'année. La présence de ces Juifs sépharades est due pour l'essentiel de l'expulsion d'Espagne de 1492. C'est alors que se sont fondées les grandes communautés sépharades de Grèce, dont la plus célèbre était celle de Salonique, aujourd'hui appelée Thessalonique. Une ville qu'on aimait parfois nommer "la Jérusalem des Balkans" et qui, aux XVIe-XVIIe siècles, comprenait une majorité de Juifs, jusqu'à 68 % en 1613. Quant à Athènes, elle sera longtemps sans synagogue. Après la première construction romaniote de 1904, la communauté sépharade d'Athènes se dote elle aussi en 1935 d'une synagogue construite selon ses rites et coutumes. Elle sera rénovée dans les années 1970. D'extérieur, la façade de la synagogue Beth Shalom étonne par son marbre et son style néo-classique.
la synagogue Beth Shalom
L'intérieur pourtant, de style plus austère, reflète une architecture orientale assez banale, courante parmi les synagogues sépharades. Mais elle s'inspire aussi de l'art grec orthodoxe, dont les églises et les dômes n'ont pas grande ressemblance avec les cathédrales d'Occident. Surtout, et c'est ce qui vaut l'intérêt, l'influence grecque orthodoxe se perçoit dans l'habit du rabbin - semblable aux prêtres grecs orthodoxes (similaires aux popes que l'on peut voir aussi dans la Vieille Ville de Jérusalem) - et surtout dans la liturgie.
Dans les synagogues francophones par exemple, en Israël même, certaines traditions persistent. Aussi certains chantent-ils une prière sur l'air de La Marseillaise. Le même phénomène se reproduit dans la synagogue d'Athènes. Celle-ci n'appartient nullement à un courant réformé ou libéral et pourtant on se croirait parfois dans une église ! C'est tout à fait original !
Toutefois, une chose reste tristement commune : la rue, réservée au centre cultuel, est protégée à la fois par des poteaux prévenant les voitures-béliers et par un poste de police. Les attaques ne sont pourtant pas plus nombreuses qu'ailleurs, mais compte tenu d'une forte activité d'extrême-gauche (à l'origine d'une part des émeutes de l'an dernier) et d'un sentiment anti-américain très fort chez les Grecs pour des raisons historiques - sentiment qui s'accompagne trop souvent d'une hostilité envers Israël et d'un soutien à ses opposants - les autorités ont préféré prendre les devants.
Aussi la communauté étant très réduite, les nouveaux venus se voient demander une pièce d'identité. Néanmoins, celui qui n'a rien à se reprocher peut profiter du calme du quartier et de son histoire. On conseillera aussi au visiteur à la recherche de traces juives un petit tour au petit musée juif d'Athènes, qui donne modestement quelques exemples d'une vie juive dans la région avant la guerre et au 19e siècle.
Aujourd'hui, Athènes comme la Grèce sont peu convoitées par le public juif. Le tourisme juif se limite aux grands sites de la Grèce antique et aux sites balnéaires en Crète, la plus grande île du pays, qui attire surtout les touristes israéliens. De tous ces siècles d'existence et de vie en commun, il ne reste que peu de traces : une toute petite communauté et le souvenir de quelques airs gréco-israéliens très populaires en Israël. Mais le pays revêt une grande histoire juive, passionnante à découvrir ou approfondir, qu'il serait dommage d'oublier.
Pour en savoir plus :
Synagogues en Grece :
[www.jewishvirtuallibrary.org]
[www.edwardvictor.com]
Histoire des juifs en Grèce :
[www.worldlingo.com]
La Grèce aujourd’hui : un antisémitisme enraciné
[noemiegrynberg.e-monsite.com]
The Virtual Jewish History Tour - Greece :
[www.jewishvirtuallibrary.org]
Musee juif de Grece : [www.jewishmuseum.gr]
Il n’y avait que des juifs…Simplement une centaine de Juifs. Seuls. Et dans le froid de février. Ces 100 juifs ont manifesté à La Canée, en Crète, où la synagogue locale a été incendiée à deux reprises en janvier entraînant des dégâts sans précédents.
[jssnews.com]
La guerre métaphysique entre juifs et grecs (70 min) - Par Bernard-Henri Lévy, Philosophe et écrivain - Centre d'art et de culture du Centre Rachi - Paris, décembre 2006 : [www.akadem.org]
Au moment où Israël connaît une importante crise avec son plus grand allié musulman, la Turquie, nous sommes allés faire un tour de l'autre côté de l'alliance traditionnelle Israël/Turquie/Etats-Unis. Départ pour la Grèce. Un pays qui pour des raisons historiques et géopolitiques, reste traditionnellement hostile à la Turquie, aux Etats-Unis et à Israël. Malgré l'intérêt que porte l'Etat juif à certains pays d'Europe centrale et de l'Est, comme la République tchèque - qui le lui rend plutôt bien - l'heure n'est peut-être pas encore à aux renversements d'alliances dans le cas de la Grèce. L'histoire du pays pourtant, fait une grande place aux Juifs.
La synagogue de Rhodes
Plusieurs mois après des élections législatives anticipées où le PASOK (le parti socialiste) de George Papandréou avait repris le pouvoir et alors que le pays - aux portes de l'Europe - est confronté à des vagues migratoires clandestines et à des problèmes économiques latents, nous avons voulu, loin des nouveaux immigrants et des problèmes majeurs du pays, porter notre attention sur une toute petite communauté, apparemment insignifiante mais qui porte en elle l'histoire de la Grèce et de sa capitale Athènes depuis les temps les plus anciens : la communauté juive.
Une présence juive antique
L'histoire de la présence juive en Grèce et à Athènes remonte à la haute antiquité, lorsque des Juifs ouvrirent des comptoirs commerciaux dans la péninsule. Ils obtinrent très tôt une place reconnue pour leur utilité dans le pays. On a d'ailleurs retrouvé au cours de fouilles tenues en 1977 les traces d'une ancienne synagogue du IVe-IIIe siècle avant l'ère chrétienne, à l'intérieur même du site de l'ancienne Agora d'Athènes, le centre culturel et politique de la capitale de l'Attique dans l'antiquité. Mais on enregistre la présence d'une communauté juive bien avant cette date : au moins au premier exil babylonien datant du sixième siècle avant notre ère.
En ce sens, là-bas comme dans d'autres pays, on peut dire que l'histoire de la communauté juive fait partie intégrante de l'histoire nationale, même si les événements et les catastrophes contemporains ont considérablement réduit les effectifs de la communauté. Aussi des 77 000 Juifs vivant principalement à Thessalonique et dans les îles ioniennes avant la Seconde Guerre mondiale, il n'en reste aujourd'hui que 6 000. Et c'est principalement à Athènes, une ville qui compte 800 000 habitants et une banlieue peuplée de trois millions d'âmes, qu'on dénombre aujourd'hui la plus grande communauté de Grèce, soit le ridicule effectif de 3 000 personnes. 200 d'entre elles fréquentent régulièrement les institutions cultuelles et culturelles, selon les responsables communautaires.
Quand Ets Haïm côtoie l'Agora et l'Acropole
C'est pourquoi une ville de près de 3 000 ans d'histoire et presque autant d'histoire juive, ne comprend que deux synagogues. De taille moyenne qui plus est. On les trouve à deux pas de la Plaka, le quartier historique et touristique d'Athènes, avec pour voisin l'Agora et l'Acropole visible en haut de la colline.
Etz Hayim Synagogue in Athens
Respectivement aux numéros 8 et 5 de la rue Melidoni, l'une fait face à l'autre. La plus ancienne, la synagogue ashkénaze, bâtie en 1904, est appelée Etz Haïm (l'arbre de la vie) ou Ioannina (du nom de la ville de provenance des Juifs qui l'ont construite, au nord-ouest de la Grèce). On l'appelle aussi la synagogue romaniote. Un nom plus généralement donné aux anciennes populations juives locales, les Juifs d'origine gréco-romaine, de langue grecque (par opposition à ceux qui, dès la fin du XVe siècle parlent le ladino) et dont l'immigration remonte aux origines de la ville. Elle n'ouvre en vérité ses portes que pour les grandes affluences des fêtes de Tichri.
Seule la synagogue sépharade est ouverte toute l'année. La présence de ces Juifs sépharades est due pour l'essentiel de l'expulsion d'Espagne de 1492. C'est alors que se sont fondées les grandes communautés sépharades de Grèce, dont la plus célèbre était celle de Salonique, aujourd'hui appelée Thessalonique. Une ville qu'on aimait parfois nommer "la Jérusalem des Balkans" et qui, aux XVIe-XVIIe siècles, comprenait une majorité de Juifs, jusqu'à 68 % en 1613. Quant à Athènes, elle sera longtemps sans synagogue. Après la première construction romaniote de 1904, la communauté sépharade d'Athènes se dote elle aussi en 1935 d'une synagogue construite selon ses rites et coutumes. Elle sera rénovée dans les années 1970. D'extérieur, la façade de la synagogue Beth Shalom étonne par son marbre et son style néo-classique.
la synagogue Beth Shalom
L'intérieur pourtant, de style plus austère, reflète une architecture orientale assez banale, courante parmi les synagogues sépharades. Mais elle s'inspire aussi de l'art grec orthodoxe, dont les églises et les dômes n'ont pas grande ressemblance avec les cathédrales d'Occident. Surtout, et c'est ce qui vaut l'intérêt, l'influence grecque orthodoxe se perçoit dans l'habit du rabbin - semblable aux prêtres grecs orthodoxes (similaires aux popes que l'on peut voir aussi dans la Vieille Ville de Jérusalem) - et surtout dans la liturgie.
Dans les synagogues francophones par exemple, en Israël même, certaines traditions persistent. Aussi certains chantent-ils une prière sur l'air de La Marseillaise. Le même phénomène se reproduit dans la synagogue d'Athènes. Celle-ci n'appartient nullement à un courant réformé ou libéral et pourtant on se croirait parfois dans une église ! C'est tout à fait original !
Toutefois, une chose reste tristement commune : la rue, réservée au centre cultuel, est protégée à la fois par des poteaux prévenant les voitures-béliers et par un poste de police. Les attaques ne sont pourtant pas plus nombreuses qu'ailleurs, mais compte tenu d'une forte activité d'extrême-gauche (à l'origine d'une part des émeutes de l'an dernier) et d'un sentiment anti-américain très fort chez les Grecs pour des raisons historiques - sentiment qui s'accompagne trop souvent d'une hostilité envers Israël et d'un soutien à ses opposants - les autorités ont préféré prendre les devants.
Aussi la communauté étant très réduite, les nouveaux venus se voient demander une pièce d'identité. Néanmoins, celui qui n'a rien à se reprocher peut profiter du calme du quartier et de son histoire. On conseillera aussi au visiteur à la recherche de traces juives un petit tour au petit musée juif d'Athènes, qui donne modestement quelques exemples d'une vie juive dans la région avant la guerre et au 19e siècle.
Aujourd'hui, Athènes comme la Grèce sont peu convoitées par le public juif. Le tourisme juif se limite aux grands sites de la Grèce antique et aux sites balnéaires en Crète, la plus grande île du pays, qui attire surtout les touristes israéliens. De tous ces siècles d'existence et de vie en commun, il ne reste que peu de traces : une toute petite communauté et le souvenir de quelques airs gréco-israéliens très populaires en Israël. Mais le pays revêt une grande histoire juive, passionnante à découvrir ou approfondir, qu'il serait dommage d'oublier.
Pour en savoir plus :
Synagogues en Grece :
[www.jewishvirtuallibrary.org]
[www.edwardvictor.com]
Histoire des juifs en Grèce :
[www.worldlingo.com]
La Grèce aujourd’hui : un antisémitisme enraciné
[noemiegrynberg.e-monsite.com]
The Virtual Jewish History Tour - Greece :
[www.jewishvirtuallibrary.org]
Musee juif de Grece : [www.jewishmuseum.gr]
Il n’y avait que des juifs…Simplement une centaine de Juifs. Seuls. Et dans le froid de février. Ces 100 juifs ont manifesté à La Canée, en Crète, où la synagogue locale a été incendiée à deux reprises en janvier entraînant des dégâts sans précédents.
[jssnews.com]
La guerre métaphysique entre juifs et grecs (70 min) - Par Bernard-Henri Lévy, Philosophe et écrivain - Centre d'art et de culture du Centre Rachi - Paris, décembre 2006 : [www.akadem.org]
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