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La Suisse, les juifs et Israel

Envoyé par lapid 
La Suisse, les juifs et Israel
26 mars 2010, 21:34
Rapport annuel (2009) sur la situation de l’antisémitisme en Suisse romande: hausse alarmante des actes recensés - 26 mars 2010



La CICAD [ Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation }publie ce jour - 26 MARS 2009 - son 6ème rapport annuel sur la situation de l’antisémitisme en Suisse romande.

Lors de sa présentation, la CICAD a tenu à faire part de son inquiétude face à la hausse alarmante du nombre d’actes antisémites recensés.

Au total, 153 actes ont été enregistrés au cours de l’année 2009. Une augmentation de 59% par rapport à l’année 2008 (96 actes antisémites recensés).



Ce rapport est d’ores et déjà téléchargeable, pour la presse, au format PDF à l’adresse internet suivante:


[www.cicad.ch]

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Quelques extraits :

Sommaire

• Examen de la situation de l’antisémitisme...................4

• Conclusion..................................................6

• Recommandations.............................................7

• Liste des actes antisémites recensés........................8

• Tableau récapitulatif des actes recensés en Suisse romande pour l’année 2009.........................................................53

• Presse romande: appel à la vigilance.......................55

Annexe 1

• Mise en place d’un recensement..............................57

• Définition de l’antisémitisme ..............................58

Annexe 2

• Législation en Suisse........................................60



Examen de la situation de l’antisémitisme - année 2009

L’examen de la situation de l’antisémitisme en Suisse romande nous amène à constater que les problématiques antisémites s’expriment sous diverses influences majeures:

1. Historico-politique

Il s’agit du vieil antisémitisme européen imaginant les Juifs infiltrer la société civile, accusant les Juifs d’avoir inventé la Shoah et de l’instrumentaliser afin de créer à dessein un sentiment de culpabilité au sein de la population non juive. Les Juifs sont ainsi accusés d’inventer ou d’exagérer une situation afin de servir leurs intérêts. Nombreux sont ceux qui croient ce phénomène désuet. Hélas, ces accusations sont toujours d’actualité.

Certains exemples topiques sont révélateurs de la persistance de cette problématique.

Ainsi, ces commentaires publiés sur différents sites internet: «[…] j'en ai
assez de l'industrie de l'holocauste, mise en marche pour tout justifier du sionisme et taxer d'antisémitisme le premier qui éternue» [1]; «[…] le problème, c'est qu'Israel tire les ficelles du monde parce qu'ils sont juifs en ont instrumentalisé la shoah afin d'assoir leur puissance et veulent diriger le monde par les finances et cela à commencer par le Congrès américain et en ayant utilisé les discours peu intelligents des
Iraniens à leurs égards» [2].

2. Géopolitique

Le conflit israélo-palestinien sert à justifier toute expression de violence verbale ou physique à l’encontre des Juifs. Le même prétexte est utilisé pour accuser Israël ou toute autre personne lui apportant son soutien. Aujourd’hui, le simple fait d’affirmer son soutien à Israël devient périlleux. L’instrumentalisation du conflit favorise un antisémitisme exacerbé. Parallèlement, certaines organisations, estimant que l’antisémitisme représente un frein dans leur combat pour la cause palestinienne, mettent en cause l’existence même de la problématique antisémite.

Ainsi, par exemple, cette réaction signée «Terri» [3[ et publiée en date du 2 mars 2009 sur ce blog hébergé par la Tribune de Genève, mrhayoun.blog.tdg.ch, suite à l’article «Tentatives d’attentats antisémites en province et en région parisienne…» : «[…]
la communauté juive de France et du monde soutiens et finance des soutiens a l'état politique d'Israël . Je ne vois pas comment après on peux prétendre que cela ne les concerne pas... Un partie de chaque obus qui tombe sur Gaza et financé par la communauté juive international par le moyen des synagogue».

Plus grave encore, certains n’hésitent pas à justifier l’antisémitisme, à l’instar du responsable du site internet interet-general.info qui écrit, en date du 21 janvier 2009, «L’antisémitisme a des causes on ne peut plus objectives et rationnelles.

Le comportement des juifs est manifestement un problème pour le reste de l’humanité.
Un comportement similaire de la part de n’importe quel groupe humain créerait un problème similaire. Bien qu’il soit difficile de dissocier les juifs de leur religion, il faut bien voir que le problème n’est religieux qu’en apparence. Il s’agit d’un problème de mentalité et d’un problème politique, le problème politique étant suscité par la mentalité juive» [4].

3. Religieuse

L’Eglise a fait son examen de conscience sur sa responsabilité dans l’extermination des Juifs depuis près de deux mille ans. Sous l’impulsion du concile Vatican II, notamment du Décret conciliaire Nostra Aetate de 1965, l’Eglise catholique a travaillé à expurger de son enseignement et de sa pratique toute trace d’antisémitisme.

Malheureusement, force est de constater, au vu de l’actualité brulante et des déclarations de deux évêques intégristes début 2009, que l’antisémitisme n’a pas totalement disparu au sein de l’Eglise catholique [5].
De même, ces déclarations de l’abbé Benoît de Jorna, directeur du séminaire d’Ecône, selon lequel, en dehors de l’Eglise catholique, les autres religions sont des «erreurs» dont il convient de «convertir» les adeptes [6].
Contrairement au christianisme, ce travail de remise en question de l’enseignement et des textes n’a pas été fait par l’islam et en particulier par les franges les plus radicales.
Par le biais de prêches dans les mosquées, d’ouvrages diffusés par des librairies musulmanes, sur les chaînes de télévision, sur Internet, se propagent des théories antisémites dans lesquelles se mêlent amalgames divers sur les Juifs et/ou Israël.

4. Psychologique

L’apanage de la souffrance. Il s’agit, pour certains, d’établir une véritable concurrence entre les victimes: l’émergence de débats sordides et interminables sur la comparabilité des crimes et des souffrances. Les oppositions se déplacent et les victimes luttent entre elles plutôt que de faire front commun [7].

«Oui, il faut parler de la Shoah. Oui, il faut se battre afin que l'histoire de l'esclavage soit connue du grand public. Non, une tragédie n'exclut pas l'autre [...].» [8]

Des exemples de cette concurrence des victimes nous sont donnés par les multiples déclarations de Dieudonné, dont l’une des plus emblématiques est sans doute celle-ci:
«C’est quand même amusant de voir à quel point le pouvoir sioniste en France
va jusqu’à priver une partie de la population du devoir de la mémoire. Les juifs ont moins souffert que les noirs. On ne parle que des chambres à gaz, mais les noirs ont été jetés vivants à la mer» [9[.

Doit-on faire abstraction du travail de mémoire de la Shoah sous prétexte de l’existence d’autres génocides? La condamnation sans réserve de l’esclavagisme ne saurait justifier le désir de certains de pouvoir effacer de nos mémoires le souvenir de la Shoah.

5. Négationnisme

Terme spécifiquement élaboré pour désigner l'affirmation que le génocide pratiqué par l’Allemagne nazie (l’extermination des Juifs, des Tziganes, des handicapés, des patients des asiles et de toutes les autres minorités et «asociaux») n’aurait pas eu lieu, et relèverait d’un mythe: négation de l’existence de chambres à gaz, ou affirmation que ces installations ne servaient qu'à la désinfection (épouillage), etc.

Sous le fallacieux prétexte du débat historique et de la liberté d’expression, des débats émergent en Suisse en vue de réétudier l’histoire de la Shoah ou des génocides.

Il s’agit d’une tentative dangereuse de retour sur le passé, une réhabilitation des thèses les plus inacceptables.

Ainsi, par exemple, ces propos de Dominique Baettig, Conseiller national UDC, publiés en mai 2009 dans le Service presse de son parti: «Tout allait pour le mieux dans la théologie mondiale des victimes jusqu’il y a 8 ans. Au sommet du hitparade, l’Holocauste, qui désigne une catégorie particulière de victimes […] Le titre du premier du hit-parade, à aucun autre comparable [...] est resté incontestable, intouchable, et a largement servi à diaboliser tous les adversaires ou critiques de la politique sioniste de l’Etat d’Israël ou des guerres d’ingérence de l’Empire du Bien
américain. S’y ajoute une prétention à interdire, toute vision historique ou critique, toute liberté d’expression, de pensée autre que celle de la hiérarchie religieuse actuelle. Interdits toute réconciliation, pardon, amnistie, révision dépassionnée de l’Histoire. [10[»

Conclusion

Le tableau récapitulatif des actes antisémites recensés pour l’année 2009 en Suisse romande fait état d’une très forte augmentation des actes antisémites (cf Tableaux récapitulatifs, p. 53-54). A titre de comparaison, l’année 2009 atteint, avec un total de 153 actes constatés un «record» par rapport aux cinq années précédemment examinées.

Comme le déclarait Alain Bruno Lévy, président de la CICAD, dans les colonnes de L’Hebdo du 14 janvier 2010: «Il ne s’agit plus uniquement d’un antisémitisme importé du conflit au Moyen-Orient. Un antisémitisme qui ressurgit à chaque flambée de violence dans le conflit qui oppose Israël et les pays arabes. En fait, nous avons affaire à une réelle banalisation des attaques contre la communauté juive de Suisse.
Comme si certaines barrières qui retenaient le sentiment anti-juif notamment après la Seconde Guerre mondiale et la Shoah étaient tombées. Il a été longtemps politiquement incorrect de proférer des injures antisémites. Ce n’est plus le cas. C’est trèsinquiétant».

Perspectives

Nous espérons que la flambée d’actes antisémites constatée en 2009 ne trouve pas écho en 2010 et soulignons dans ce cadre, la nécessité d’une prise de conscience générale face à une situation, pour le moins, alarmante.
Nous sommes cependant inquiets en constatant l’émergence de débats sur les pratiques et la liberté religieuses, contraires à l’esprit de tolérance et de respect qui prévaut dans notre pays.


Notes :

[1]. Réaction de «cantor», publiée en date du 7 février 2009 sur le site 20min.ch suite à l’article «Pas d'animosité au stand de la CICAD» (http://www.20min.ch/ro/news/geneve/story/28736193).

[2]. Réaction de «T» publiée en date du 26 septembre 2009 sur le site tdg.ch suite à l'article «Ce site nucléaire secret trahit l’Iran» (http://www.tdg.ch/actu/monde/sitenucleaire-secret-trahitiran-2009-09-25).

[3]. [mrhayoun.blog.tdg.ch]

4. Franck Brunner, Informations internationales: Les raisons de l’antisémitisme (http://www.interet-general.info/article.php3?id_article=11979)

[5]. «Je crois qu'il n'y a pas eu de chambres à gaz [...] Je pense que 200 000 à 300 000 Juifs ont péri dans les camps de concentration, mais pas un seul dans les chambres à gaz». «Il y a certainement eu une grande exploitation [de ces faits]. L'Allemagne a payé des milliards et des milliards de deutschemarks et à présent d'euros parce que les Allemands souffrent d'un complexe de culpabilité pour avoir gazé six millions de Juifs, mais je ne crois pas que six millions de Juifs aient été gazés». Propos tenus en janvier 2009 par Mgr Richard Williamson au cours de l'émission Uppdrag gransning, programme hebdomadaire de la télévision publique suédoise SVT.

«Je sais que les chambres à gazont existé au moins pour désinfecter mais je ne saurais dire si elles ont causé des morts ou non car je n'ai pas approfondi la question».
Propos tenus le 29 janvier 2009 par Mgr Floriano Abrahamowicz dans une interview au quotidien La Tribune de Trévise.

[6]. Emission Mise au Point (Télévision Suisse Romande) du 22 février 2009; extrait de l’interview de l’abbé de Jorna :

«- Est-ce qu’on a le choix de sa religion?

- Alors ça, c’est une question qui est difficile. Au sens strict, on pourrait dire que non. Si vous voulez, D-ieu est unique, créateur du ciel et de la terre, et D-ieu s’est incarné, donc il est venu dans le monde, il y a à peu près 2009 ans, puisqu’on est en 2009. Et Il a indiqué, donc, la voie, la façon de revenir, justement d’aller vers D-ieu […]. Et là, Il a dit qu’il y a une seule voie, c’est l’Eglise
catholique. Les autres voies ne sont pas des voies qui conduisent,
justement, à l’éternité bienheureuse.[…]

- Donc les autres religions sont des erreurs ?

- Voilà. Alors plus ou moins graves, exactement. […]

- Alors votre mission, c’est quoi? C’est de convertir tout le monde?-

Voilà. L’Eglise catholique a toujours fait ça, jusqu’au Concile [de Vatican II], en disant […]:
l’Eglise catholique est dépositaire de cet enseignement de D-ieu, de Jésus-Christ, et alors, voilà, elle avait pour mission d’essayer de convaincre, eh bien, toutes les âmes de bonne volonté, d’arriver, d’accéder, justement, à sa vérité.[…]»

[7]. Du culte des héros à la concurrence des victimes, Jean-Michel Chaumont, chercheur qualifié du Fonds national de la recherche scientifique – Université catholique de Louvain, Belgique

[8]. Calixthe Beyala réagissant aux propos de Dieudonné – Le Monde - 22 février 2005

[9]. L’Echo d’Oran, février 2005

[10]. Dominique Baettig, Durban II: cris, chuchotements, les arroseurs «arrosés », in: Service de presse UDC du 18 mai 2009; dévoilé par Mise au Point (TSR) le 25 octobre 2009
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