Livourne, « paradis des Juifs »

Ferdinand de Medicis (1549-1609) a été un grand duc tolérant, généreux et cultivé. Fils de Cosme, un grand bâtisseur, il a poursuivi les grands travaux que son père avait initiés, notamment la ville et le port de Livourne qui est devenu sous son règne un des plus prospères de la Méditerranée.

À ce grand duc cultivé on doit la fondation de la célèbre Villa Médicis qu’il a agrandie et enrichie de ses belles collections ainsi que le célèbre Musée des Offices.

Humaniste et fin politique, la Toscane a retrouvé grâce à lui sa grandeur et son indépendance. Il a su développer les activités commerciales et régner avec douceur et justice en se préoccupant du bien-être de ses sujets.

Tolérant et généreux, il promulgue en 1591 les « Leggi livornine », un ensemble de lois qui donne à la ville le statut de port franc et garantit par un édit de tolérance la liberté de culte, le droit à la propriété aux parias et aux Juifs, accordant même aux conversos (Juifs convertis) le droit de revenir au Judaïsme.

À contre-courant de l’antisémitisme régnant en Europe, la "Nazione Ebrea Levantina" appelée ainsi par les Livournais, va naître et se développer, jouant un rôle important dans le commerce méditerranéen et particulièrement dans l’imprimerie. C’est à Livourne que sera imprimée l’Encyclopedie de Diderot et d’Alembert et de très nombreux ouvrages hébraïques, des traductions de la Bible, etc.

Cette nazione va donner naissance à de nombreux intellectuels, de grands rabbins kabbalistes comme Élie Benamozegh (dont Lacan a été un grand lecteur), ainsi qu’à des bâtisseurs de culture comme Moïse Montefiore, un livournais au destin exceptionnel : anobli par la Couronne d'Angleterre, il va jouer un rôle décisif dans la défense des Juifs de toute l’Europe et du Bassin Méditerranéen en œuvrant pour l'amélioration de leur statut et pour adoucir les sanctions et humiliations dont ils sont victimes. À partir de 1827, Sir Montefiore intervient dans toute l'Europe ainsi que dans les pays Ottomans et au Maroc. Il est considéré comme le précurseur de l'Alliance Israélite Universelle qui créera des centaines d’écoles pour alphabétiser les jeunes Juifs dans le but d’en faire des citoyens "modernes et éclairés".

Fait rarissime : de 1591 à 1942, les Juifs de Livourne ne connaîtront pas de ghetto, ni de ségrégation, leur grande synagogue a été une des plus grandes et plus belles du monde.

L’autre grand homme de Livourne, c’est le peintre Amaedeo Modigliani.

Voir : MODIGLIANI DE LIVOURNE (10’50) :