La révolution du Jasmin, suite et fin ?

La révolution du Jasmin, suite et fin ?

Le régime que l'on croyait fort en Tunisie rempart contre l'Aqmi s'est effondré comme un château de cartes. La révolution du jasmin porteuse d'une aube nouvelle pour une Tunisie longtemps muselée et vectrice de liberté et de démocratie non seulement à l'échelle nationale mais maghrébine et au-delà, va-t-elle réussir à relever le défi historique de passer dans un délai de six mois au plus tard à des élections libres ?

Si tel est le projet du pays espéré et attendu par toutes les tunisiennes et tous les tunisiens qui succédera à l'ancien chef de l'Etat ?

Les inquiétudes avérées de voir les islamistes prendre les commandes du pays sont palpitantes dans les rues de Tunis après le retour de Gannouchi en exil à Londres depuis plus de vingt ans.

Ce ne seraient alors pas seulement les acquis républicains qui seraient menacés, ni les droits des femmes, joyau du monde musulman, mais l'on pourrait voir émerger une terrible alliance qui pourrait se jouer entre des intégristes au pouvoir et l'Aqmi.

C'est la sécurité du monde qui se joue en Tunisie actuellement.

Pour ces raisons j'ose espérer que les médias et en particulier étrangers ne véhiculeraient pas une image rassurante des islamistes pour qui Ben Laden demeure un héros !

J'ose espérer que dans six mois nous verrons émerger un Etat laïque et démocratique qui aurait pour effet de porter l'exemple Tunisien dans toute la région.

Pour ce faire, oui nous avons besoin du soutien de l'Occident et j'ose croire que les élections seront organisées comme l'a promis le premier ministre actuel Mohamed El Ganouchi sous l'égide de la France et des Etats-Unis afin d'assurer une transparence absolue.

Reste la question lancinante de savoir qui se présentera ?

Qui portera à terme un programme électoral fruit de la révolution ? Qui pourra rassembler autour de lui des millions de citoyens pour un avenir meilleur ?

Nous manquons de leaders politiques et ceux qui étaient en exil ne disposent pas de suffisamment de légitimité.

Pour l'heure le slogan véhiculé par facebook vecteur essentiel de la révolution est "lève-toi et travaille" c'est ce que font toutes les tunisiennes et tous les tunisiens après les journées de terreur que le pays a connues après le 14 janvier, jour de fuite de l'ex-président.

Espérons donc ensemble pour que la révolution du jasmin donne enfin naissance à un Etat Laïque, démocratique et moderne.

Dr Iman Sediri 

Je me présente brièvement je suis docteur en droit diplômée de l'Université Panthéon-Assas Paris j'ai occupé différents postes d'abord comme chercheur au Ministère de l'Enseignement supérieur, ensuite comme consultante à l'Institut des Etudes Stratégiques, j'ai également enseigné à l'université de Kairouan et maintenant je suis avocate dans un cabinet international Abdelly et associés.

J'ai écrit un livre intitulé "La Tunisie enjeux et défis au XXIème siècle " paru aux éditions Ellipses préface de Mr Eric Dénécé directeur du CF2R (il a rédigé les préfaces des livres de Gordon Thomas)

J'ignore coment les Israéliens peuvent aider les Tunisiens dans leur révolution tout ce que je souhaite c'est d'avoir des preuves tangibles qu'ils nous soutiennent moralement par des écrits surtout afin de lutter contre l'antisémitisme et prévenir contre toute montée de sentiments négatifs envers les juifs tunisiens où qu'ils soient.

Merci

L’islam se radicalise, en atteste à ce jour le recours à des pratiques illégales pour contraindre les femmes à porter le voile, ou encore les risques d’affrontement idéologique entre sunnites et chiites. Afin de lutter plus efficacement contre ce phénomène, il faudrait sans doute favoriser les courants de laïcisation dans les sociétés en transition. C'est-à-dire laisser le libre exercice du culte relever du domaine privé et séparer la religion de l’Etat.

Ce choix semble indispensable pour renforcer davantage les fondements démocratiques des jeunes républiques et monarchies de la région du MOAN et pour les pacifier.

 
L’occulter serait se risquer à hisser « l’intégrisme islamique » au niveau de l’Etat. En effet, « le degré d’antagonisme et d’instabilité que le militantisme islamique provoquera dépendra de l’importance que les élites politiques des Etats du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord attachent à la laïcité et de leur capacité à introduire des réformes de bonne
gouvernance2 ».

Favoriser, encourager et soutenir les courants laïcs aiderait les pays de la région MOAN à s’approprier l’idéal démocratique et à reprendre les efforts de modernisation entrepris à l’aube de l’indépendance.

La laïcisation peut se faire à plusieurs niveaux. D’abord au niveau des textes de loi, comme par exemple son inscription pure et simple dans la constitution, à
l’instar de la Turquie. Elle peut aussi se faire au niveau de la société, en encourageant l’émergence de partis politiques fervents défenseurs des principes laïcs et en
favorisant la diversité ethnique et culturelle.

 
Force est de constater que la démocratie permet à plusieurs ethnies de vivre ensemble dans le strict respect des lois, elle permet également à plusieurs groupes de
tendances et de pensées différentes de cohabiter pacifiquement, de sorte que nul n’exerce de pouvoir discrétionnaire.

Le choix laïc démocratiserait davantage les pays du MOAN, mettrait un terme à l’instrumentalisation de la religion par le politique et contribuerait, in fine, à résoudre les risques de conflits qu’ils peuvent traverser.

Dr Iman Sediri
Novembre 2009

Publié au Centre Français de Recherche sur le Renseignement CF2R