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Réflexions sur la radicalisation terroriste, par David Bensoussan

Réflexions sur la radicalisation terroriste, par David Bensoussan

 

 

 

 Comment expliquer cette radicalisation d'individus qui ne semble avoir été faite que par endoctrinement Internet ?

L'occidentalisation des pays du tiers monde a souvent dégénéré en conflit de valeurs : beaucoup ne voient l'Occident - et en premier lieu l'Amérique - que via les images hollywoodiennes lesquelles abondent en violence sinon en permissivité. Les valeurs occidentales de liberté et de respect de l'individu sont absentes des scénarios hollywoodiens. Ceci fait que d'une part, des populations adoptent - avec rage - la modernisation symbole de confort, de progrès et d'hygiène, tout en imitant les aspects négatifs de l'occidentalisation alors que d'autres en viennent à se révolter contre l'Occident assimilé à la décadence.

Mais il y a plus : dans leur course à la modernisation, des populations du tiers-monde se sont lancées dans une imitation forcée des Occidentaux. Cependant, une personne qui immigre en Occident peut être complètement déroutée par le manque d'interdits sociaux ou même par les femmes libérées. L'expérience de la liberté n'est pas toujours aisée. Elle peut donner le vertige. Il y a alors danger de repli sur soi, et notamment sur la religion. Les populations mécontentes ou frustrées, c.-à-d. les sans-emploi, les inadaptés, les prisonniers de droit commun, constituent des populations cibles pour l'embrigadement à des causes extrémistes. Qu'est-ce qui ferait qu'une personne ayant grandi au Canada et qui, culturellement, semble en tous points similaire à l'environnement social, se lance dans le terrorisme ? Il faut prendre en considération le stress psychologique de grande intensité qui accompagne ladite imitation auprès de la génération de transition. Ce stress laisse des séquelles profondes. Une personne du tiers monde qui n'arrive pas à assumer harmonieusement sa transition à la modernisation et à l'occidentalisation pourrait plonger corps et âme dans la religion qui, en puissance, englobe tout et a réponse à tout, incluant aux problèmes rencontrés au quotidien.

La religion est un phénomène qui embrasse l'intellect et l'affectif ; elle embrasse l'être dans son entier. Or, les religions monothéistes ont également un aspect « sombre », que ce soit des visions apocalyptiques ou encore des appels de guerre contre les mécréants. Lorsque la dimension religieuse dépasse la canalisation du jugement de bien et de mal au niveau individuel, il y a danger que des fondamentalistes religieux attachés plus à la lettre qu'à l'esprit des religions se lancent dans des aventures dans lesquelles la fin justifie les moyens. La religion peut être une arme redoutable si elle est utilisée à des fins d'embrigadement.

L'Internet, outil de communication universel, peut être également un outil de propagande et de manipulation. Qui plus est, il permet d'atteindre une vaste audience d'individus qui peuvent se lancer dans des activités terroristes sans qu'ils appartiennent à une structure de commande centralisée. Lorsque les messages de propagande haineuse des pays d'origine trouvent des appuis locaux, notamment auprès de certains marginaux, ils s'en trouvent légitimés aux yeux d'autres nouveaux venus. Cela retarde leur immersion dans la démocratie et la confrontation au besoin vital d'autocritique. L'absence d'autocritique porte de nombreux radicaux à chercher systématiquement la faute « ailleurs » (par exemple le colonialisme, l'intolérance, le racisme, etc.), quitte à se présenter en victimes dans un langage des plus culpabilisants. Il se crée alors une sorte de complaisance psychologique dans l'attitude de victime qui est cyniquement exploitée par les extrémistes dont le but est d'accroître l'emprise sur leurs adeptes en qui ils créent un sentiment de persécution amer.

Ceci dit, il est impossible de catégoriser systématiquement les populations susceptibles d'être embrigadées par les terroristes. Une peine d'amour, une famille brisée ou une faillite peuvent déclencher des comportements imprévisibles. Pour le reste, les mesures qu'il convient de prendre doivent inclure celles d'intégration à la société et celles de surveillance des marginaux et peut-être des « marginalisables. » Les premières portent fruit à moyen terme et à long terme, les secondes amoindrissent les risques à court terme.

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