Comme vous y allez ? me dira-t-on sans doute. Utiliser, pour louer le ministre de lIntérieur français, une expression réservée à ceux et celles qui prirent des risques considérables pour sauver des Juifs durant la Shoah, est-ce raisonnable ? Est-ce même acceptable ?
Eh bien, je persiste et signe. Jestime, en effet, que, dans sa prestation exemplaire, hier soir, au cours de lémission "100 minutes pour convaincre", sur France 2 (1), Nicolas Sarkozy, sest profilé non seulement comme un politicien dune stature exceptionnelle, un homme intègre, droit et profondément sincère qualités rarissimes, voire inédites, dans le monde politique -, mais comme un adversaire intrépide de lantisémitisme.
Il convient de remarquer que cette dimension de son action nétait ni conventionnelle, ni accidentelle : elle revenait trop, au fil de lémission, pour quon puisse la considérer telle. A titre dillustration, je voudrais mattarder un instant sur la passe darmes mémorable - et qui, à mon avis, fera date entre lidéaliste Sarkozy et le tacticien islamiste sophistiqué, Tariq Ramadan. Il faudrait retranscrire lintégralité de léchange (2) entre les deux adversaires pour comprendre ce qui sest passé là de décisif et de capital, au point quil y aura, je crois, un AVANT ces "100 minutes pour convaincre" convaincantes de Nicolas Sarkozy - où un intellectuel arabe extérieurement européanisé, raffiné, insaisissable comme une anguille, pouvait tenir, sans coup férir, un discours subtil, voire retors, et, avec toutes les ressources dune sophistique occidentale parfaitement maîtrisée et perfidement retournée contre ceux qui la lui ont inculquée, éviter de confesser publiquement son antisémitisme -, et un APRES cette émission mémorable, où Tariq Ramadan a finalement été démasqué, devant des millions de téléspectateurs.
Je dis "démasqué", mais N. Sarkozy a employé un terme beaucoup plus prégnant. Interrogé, en fin de parcours, sur ses empoignades oratoires avec le Pen et Ramadan, par un Alain Duhamel - redoutable et incisif, comme à son habitude - qui senquérait de savoir lequel des deux avait donné le plus de fil à retordre au Ministre de lIntérieur, sa réponse avait jailli, franche et nette, presque naïve - comme la plupart des réactions de N. Sarkozy, au cours de cette émission (je cite de mémoire) : "Avec Le Pen, cest physique, mais avec Tariq Ramadan, ce nest pas facile de le débusquer".
Pourtant, N. Sarkozy y est parvenu, il a bien "débusqué" languille, malgré ses contorsions et ses tentatives de fuir la nasse de vérité dans laquelle lavait enfermé le redoutable idéaliste quest ce fervent Catholique, entré en politique, comme on entre dans les 'ordres', et qui entendait bien, en la circonstance, contraindre linsaisissable dialecticien islamiste à condamner publiquement lantisémitisme. Ayant brillamment réussi sur ce point difficile, limpitoyable Sarkozy voulut aller plus loin et somma lintellectuel piégé, dadresser, par le truchement de la télévision, un appel à tous les Musulmans davoir à répudier le port du voile Et là , comme il fallait sy attendre : échec. Nullement découragé, Sarkozy lança alors, sans que linfortuné Ramadan puisse sy attendre, lultime attaque : "Ãtes-vous prêt à présenter des excuses publiques pour votre article ?" (il sagit de "Critique des (nouveaux) intellectuels communautaires".) A nouveau, atermoiements et dérobades de lintéressé. Et Sarkozy, après avoir planté maintes banderilles dans la peau du taureau voué à la mort (quon me pardonne ce changement de métaphore), de lachever avec lépée impitoyable de largument suivant auquel trop peu de nos intellectuels juifs recourent, ou si rarement - (je cite à nouveau de mémoire):
"Vous savez, la création de lEtat dIsraël remonte à 1948, mais lantisémitisme existait bien avant lui. Ce nest donc pas le conflit israélo-palestinien qui est la cause de lantisémitisme actuel.
"http://www.upjf.org/documents/showthread.php?threadid=5570