Excellent mais quelque peu effrayant !!!
Le camarade Ă©meutier : RĂ©volution, mon cul !
samedi 5 novembre 2005, par Athena
La France est tout de mĂŞme un drĂ´le de pays ! Il sâen passe des bonnes et des moins bonnes. On rigole toujours autant, mais jaune.
On y brĂ»le les voitures, les entreprises, les parkings, les bus, les entrepĂ´ts, les handicapĂ©s. On y tabasse Ă mort un homme venu prendre des photos, on arrose dâessence une femme handicapĂ©e et un chauffeur de bus. Rien de plus normal. Dire le contraire est dĂ©jĂ un acte courageux.
On pourrait sâattendre Ă un front populaire qui se dresserait contre les casseurs-assassins. On peut toujours attendre. Personne nâose la ramener. Et quant Ă ceux qui trouvent cela plutĂ´t chouette, on peut se demander si leur santĂ© mentale nâest pas en pĂ©ril.
Certes, le gouvernement est dans la panade et pas quâun peu. Le PrĂ©sident, totalement absent. Le Ministre de lâascenseur social est redescendu Ă pied en fin de semaine et on nâest pas prĂŞt de lâentendre. Quand au Ministre du Culte et accessoirement de lâIntĂ©rieur, il nâest plus certain quâil rĂŞve aux plus hautes fonctions en se rasant. Lâopposition devrait remercier le ciel de ne pas ĂŞtre aux commandes du pays en ces temps troubles. Surtout quâil nây a pas de quoi pavoiser.
Les Ă©vènements qui se dĂ©roulent en ce moment Ă©taient annoncĂ©s depuis belle lurette par nombre de personnes, quâelles soient spĂ©cialistes de la chose ou non. Et dâautres nâont pas vraiment fait leur boulot du temps oĂą ils dirigeaient le pays. Mais gageons que ces Ă©vènements feront au moins quelques heureux en librairie, notamment le nombre incalculable de sociologues dont notre pays est dotĂ©.
Le populo, lui, ferme sa gueule. Pendant que ceux qui nous dirigent pensent Ă lui interdire de fumer dans les lieux publics alors que dâautres fument ses lieux publics, il ne reste plus au bout du compte quâĂ sâabrutir devant les journaux de 13 et 20 heures. Sâil lui reste un peu de courage après une journĂ©e de labeur ou de chĂ´mage, il peut toujours se suicider devant son poste de tĂ©lĂ©vision devenu un formidable outil de dĂ©cĂ©rĂ©bration.
Câest que le populo nâa pas intĂ©rĂŞt Ă la ramener devant la camĂ©ra sâil ne veut pas que sa bagnole crame. Pourtant, il nâhĂ©site pas quand les camĂ©ras sont Ă©teintes Ă exprimer son ras le bol, sa peine, et Ă dire quâil ne se sent plus en sĂ©curitĂ©. Ah mais ça, faut pas le dire. Ca pourrait concourir Ă stigmatiser.
Certains camarades de gauche et dâextrĂŞme gauche nâhĂ©sitent pas, quant Ă eux, Ă rĂŞver de la rĂ©volution quâils nâont jamais eu le courage de faire, si ce nâest dans leurs rĂŞves. Et les voilĂ qui sâembrasent Ă leur tour. Le nouveau prolĂ©taire, Ă leurs yeux, est le « djeune » de banlieue. Celui-lĂ mĂŞme qui se la joue en Nike et en Sergio Tacchini et dont le seul rĂŞve est de rouler en Merco.
Ca câest du prolĂ©taire ma bonne dame !
Non pas celui bĂ»che pour rĂ©ussir Ă lâĂ©cole, pas celui qui veut sortir de lâimage pourrie des banlieues, non, le nouveau prolĂ©taire des camarades est lâĂ©meutier. Le roi de la casse dâabri-bus et de feu de local Ă poubelles.
Il faut dire que depuis la fuite Ă lâextrĂŞme droite ou de lâabstention de lâĂ©lectorat dâune partie de la gauche et de lâextrĂŞme gauche, yâavait plus grand monde aux meetings. Et voilĂ nos camarades qui se prennent au jeu du paternalisme suintant et puant. On aurait pu espĂ©rer que les dirigeants aillent rechercher leur Ă©lectorat perdu en lançant un vaste programme de rĂ©flexion intĂ©grant la jeunesse. Ben non. Ils ont prĂ©fĂ©rĂ© renouveler le cheptel et abandonner leurs anciens Ă©lecteurs.
Les voilĂ , un beau matin, athĂ©es convaincus pour la plupart, partis Ă la conquĂŞte de lâĂ©lectorat musulman. Et ce nâest pas le camarade Tariq Ramadan qui sâen plaindra. Lui, le prolĂ©taire de Genève, vendeur vedette de cassettes et de livres sur les marchĂ©s. Ah les temps changent. La camarade voilĂ©e qui hurle : « un voile, une voix » est la nouvelle Ă©gĂ©rie de lâextrĂŞme gauche.
Les temps changent
Bien avant le camarade Ă©meutier, certains observateurs avaient pu assister, dubitatifs, Ă la naissance du camarade barbu. Lâindigène qui devait se rĂ©volter contre le pouvoir colonialiste et dont le salut se trouvait dans la religion. Bien que certains camarades aient Ă©tĂ© gĂŞnĂ©s aux entournures, ils ne pipèrent mot.
Après tout, ça ne se bousculait pas trop aux portes de la rĂ©volution et la famille ne demandait quâĂ sâagrandir. Certains nĂ©s musulmans avaient Ă©galement rappelĂ© aux camarades que lâopium du peuple nâĂ©tait pas leur tasse de thĂ© mais ils ne furent pas entendus, pire, ils furent virĂ©s.
Après moult tractations, le camarade barbu sâĂ©tant installĂ© partout oĂą le camarade rĂ©volutionnaire lui avait fait une place, on ne lâentendait plus, il travaillait. A quoi ? A la rĂ©volution prolĂ©tarienne et religieuse. Oui, je sais, câest un peu bizarre comme concept, mais vous vous y habituerez très vite. Dâailleurs, vous nâavez pas trop le choix.
La dernière fĂŞte de lâHuma ne consacrait-elle pas cette nouvelle forme de rĂ©volution en proposant aux camarades une paĂ«lla hallal ? A quand la prochaine fĂŞte de lâHuma arrosĂ©e aux jus de fruits et aux discours de Qaradawi ?
Dâailleurs, pourquoi les camarades se priveraient de hallaliser la lutte prolĂ©tarienne ? Le collège de Bussy de Seine St Denis ne vient il pas de repousser illĂ©galement la rentrĂ©e des classes Ă lundi pour cause de fin de ramadan ? Tout va bien dans ce pays qui, rappelons le, est un pays laĂŻque.
Mais voilĂ que les choses se gâtent. Le camarade Ă©meutier est un tantinet plus gĂŞnant que le camarade barbu plus assidu au travail. Surtout, il est plus chahuteur et moins enclin Ă rentrer dans les rangs. Et je promets des nervous break down Ă ceux qui vont sây essayer. Le camarade Ă©meutier, en effet, nâen a rien Ă cirer de la lutte des classes. Dâailleurs, la plupart du temps, il ignore tout simplement que cela a existĂ© et existe encore.
Son ennemi, câest lâautre, celui qui ne lui ressemble pas ou ne veut pas lui ressembler. Il se fout de la gueule du bobo du coin qui vient lui causer rĂ©volution prolĂ©tarienne, il rĂŞve de consommer. Il Ă©coute parfois dâune oreille distraite si le bobo vient lui chanter lutte avec le camarade-martyr palestinien victime du complot planĂ©taire amĂ©ricano-sioniste.
Il y a bien des voix qui sâĂ©lèvent, timidement, pour alerter. Attention, les Ă©meutiers nâont rien de rĂ©volutionnaires, ils cassent pour le plaisir de casser. Ce serait un ramassis de dĂ©linquants ! Non ? ? ? Mais ce nâest pas possible. Le camarade Ă©meutier casse parce quâil a conscience dâappartenir Ă la communautĂ© indigène brimĂ©e par le pouvoir colonialiste. Câest pourtant simple. Ne faites pas semblant de ne pas comprendre, tas de bourgeois indĂ©crottables !
Du cĂ´tĂ© des instances musulmanes, on fait de la rĂ©cupĂ©ration. On appelle au calme, on rappelle les règles musulmanes de civisme et dâamour de son prochain. Tiens, comment se fait il que le Mrap ne fasse pas de communiquĂ© sur le comportement islamophobe avĂ©rĂ© des instances musulmanes ? Car enfin, faire passer les camarades Ă©meutiers pour des musulmans mĂ©rite un procès. Mais que fait la HALDE contre cet intolĂ©rable Ă©tat de fait ?
Quoi quâil en soit, on attend bientĂ´t le soutien de Fidel Castro Ă la lutte prolĂ©tarienne des camarades Ă©meutiers de banlieue, voire celle de Maradona, nouveau leader de la lutte argentine.
Pour ma part, je soutiens le camarade soldat du feu qui risque sa vie pour éteindre les incendies provoqués par des trous du cul. Lui mérite tout notre soutien. Il ne se plaint pas et fait son boulot avec courage.
Et je ne confonds pas rĂ©volte des paysans sans terre avec casseurs abrutis. Certains feraient bien dây rĂ©flĂ©chir Ă deux fois avant de mĂ©langer des gens qui luttent pour une cause avec ceux qui cassent parce quâils nâont rien trouvĂ© de mieux Ă faire. On a toujours le choix.
Et ceux qui ont fait le choix de ne pas casser vont payer pour les autres. Mais ça, les camarades nâen nâont rien Ă faire, on pourrait mĂŞme dire que ça les arrange.
Hop tout le monde dans le mĂŞme sac. Ca fera plus de monde dans les prochaines rĂ©unions. Câest toujours ça de pris. Je ne peux que leur souhaiter de se faire cramer leur bagnole ou de se prendre un pain dans la gueule en attendant quâils comprennent quelque chose.
Les casseurs, quant Ă eux, nâont sĂ»rement pas conscience des rĂ©percussions de leurs actes et de la rĂ©cupĂ©ration dont ils sont lâenjeu.
RĂ©volution, mon cul !
Véronique de Sà ROSAS © MMLF ( Info Primo )
AM ISRAEL HAY