Le dernier des derniers.
Le café vert perdait peu à peu sa jeunesse et vieillesse juive.
J’ai été témoin de son dernier été lorsqu’il fut vendu au nouveau proprio qui en a fait un resto réputé. Très réputé. Dans les années 85. Il était encore à ses débuts.
Bien avant, on pouvait compter bien plus de 100 tables et bien plus de 300 chaises toutes occupées par nos familles juives. Puis les vieux et les vieilles ont squatté par groupe par affinité son coté gauche, laissant une bonne partie du droit aux jeunes. Tunisois et Goulettois unis dans un même espace qui ne désemplissait pas le soir jusqu’à 22 heures. Avant que ceux l là ne se préparent pour les dancings du nord à SIDI BOU.
Les parents étaient pour la plupart fiers de voir leurs enfants côtoyer d’autres enfants aussi beaux que les leurs et je ne parle pas des jeunes filles habillées à la mode. Ces visages d’anges marqués par le rire et le sourire.
Puis, tout le monde est parti et les tables ne furent plus qu’un dizaine pour la plupart esseulées.
J’étais souvent seul à prendre mon petit café mais sans jasmin puisque le jasminier lui aussi a disparu avec nos juifs. Je regardais surtout les moustiques qui tournoyaient sous les lumières des lampadaires jusqu’à se brûler les ailes et les lézards qui ne craignaient plus personne, musarder tout prés de ma tête.
Je me disais au fond de moi sont t’ils devenus si fous que cela pour aller ailleurs… ? Mais où peut-on aller après avoir vécu de si beaux moments… ? Où est donc ce pays qui ressemble au notre, au mien.. ! J’avais l’impression d’entendre des échos venus d’ailleurs, des voix juives facilement reconnaissables à leur timbre tellement j’étais imprégné par elles.
Ces voix, ces timbres, que le silence a englouti comme un paquebot qui sombre corps voix et âmes.
Dans ces moments là, je croisais les jambes, je tirais une cigarette et je rejetais la fumée que je voyais monter au ciel alors qu’autrefois elle était unie avec celles de mes amis. Comme un grand cordon sombre qui n’en finissait pas.
Ma fumée montait en solitaire sans être accompagnée vers ces étoiles qui avaient perdu leur éclat.
Solitaire je l’étais comme elle, attablé à un café qui avait perdu son âme.
Et puis un jour, il a fermé le café vert pour travaux. Lui qui n’a jamais fermé depuis son existence pas même pour un lifting. Lui qui était souvent habillé de joie de rires le voilà fermé. Une grande porte s’est fermé une autre moins conviviale s’est ouverte. Mais il n’y a plus photos.
Lorsqu’un juif s’en va, il emporte tout avec lui laissant derrière lui beaucoup de tristesse.
Je n’y suis plus retourné pour croiser mes jambes et encore moins fumer une clope et ma fumée s’en est morte avec lui en 1989.
Je vends des produits ésotériques.
Rentre un monsieur.
'...Je veux trois bouteilles d'eau que l'on appelle '..L EAU CACHÉE DU SOLEIL...!'
'...Oui j'en ai...!'
Je rentre dans mon laboratoire et je peins trois bouteilles remplies d'eau EVIAN. Je les peins en noir et on ne vois plus rien à travers.
'...Voilà Monsieur, cachée depuis la nuit des temps...!'
SUR LE SILOUHETTE....CROISIERE AUTOUR DE L ADRIATIQUE...VOIR PTB SIEGE.
ANDRE BADACHE A GAUCHE EN PLEINE GYM.
MAX JOURNO APRES SON SAUNA.
Innocents enfants
Assis sur un canapé
Visages de candeur
Concentrés sur un écran.
Se sont t’ils doutés un instant
Qu’un filet sournois de lumière
Est venu se poser sur leurs genoux… ?
Il s’est posé sur eux
Comme une colombe aux ailes dorées
Pour me rappeler combien est belle la nature.
HAMAMET PLAGE.
Il y a dans le cœur ..§§§
De chacun d’entre nous
Un coin même un recoin
Un album de vie
C’est BIEN PLUS QUE certain.
Il y a en chacun de nous
Un coin de nostalgie
Un coin chaud d’amour
Un coin à nous d’ la patrie
Un coin serein pour nous
Des souvenirs à nous
Des coins de vie
Qui nous rappellent
Nos amis nos parents
Nos familles d’avant
Nos lieux le jour
Et même la nuit.
Ceux qui sont partis
Ne sont jamais revenus
Et parfois on rit
Et parfois…
On pleure.
Elle chantait sa vie en Rose
Et sur sa vie,
La môme d’ Paris
Autrefois mais disparue
Aujourd’hui.
Moi je chante en vert
La couleur de mon pays
Tounes el Khadra
Le blanc de mon jasmin
Le bleu de ma mer
Le brun de mes embruns
Parfumés à l’odeur des coings
Quand arrivait la saison
L’automne de mes lendemains.
Moi je chante en vers
Mes petits champs
Aux buissons piquants
Bien plus maintenant
Qu’avant il y a longtemps.
Sur ma vie courre
Les chants de ma mémé
La voix de maman
Ils m’arrivent du firmament,
Du firmament maman
Mes deux monuments
Qui jamais ne s’écroulent
Sous le doux Alcyon.
Lorsque Koueyka est revenue
50 ans plus tard voir son ancienne maison
A la Goulette qui a bien changée
Elle a criée ‘…Ou ââla kabri… !
Elle a demandé debout sur le seuil, aux occupants
‘…Bonjour madame, c’est là que j’habitais… !’
Ils la faire gentiment rentrer
Elle a redit ‘…Ou ââla Kabri
( Hou sur ma tombe… !=
Comme tout a changé ici… !’
Les proprios lui ont offert le thé
Elle a dit ‘…Ici est morte ma mère Tité…
Ou jedda baba Chyadou… !’
( Et son papa …. !’)
Elle a revu la chambre à coucher
Elle a dit ‘..Ou ââla Kabri… ! Ouni moumou
Djed netfecar kif teoue.. ! Jeddà
Benti Khmiche ou Joujou lââjij fi Israil… !’
(…Hou sur ma tombe, ici est né mon fils moumou sur ce lit
Je m’en rappelle comme maintenant, ma fille Cinq et
Mon autre fils Jo est en Israel… !)
Elle a dit ‘…Ou ââla Kabri ..’ Lorsque qu’elle a vu sa cuisine
‘..Ouni cent en tayeb él mahchi ouel bsal ou loubia
E’li catlec hmati Ichtir… !’
(‘…Ici je cuisinais mes boulettes et mon ragout d’haricots
Celui qui a emporté ma belle mère Esher… !’)
Dans la cour aussi…
‘...Ou ââla Kabri, ouni cent nekhchel él saboun
Ou zedda nessrou,netfecar ââla asfourati
‘ …Hou ……Ici je lavais mon linge que j’étendais
Et les épingles à linge… !’
‘..Hou ââla KabrIIIIIII i khir nemchi kbel mé nebki… !’
‘..Hou…Il vaut mieux que je m’en aille avant que je ne pleure… !’)
‘…Ou ââla KabriIIII, kifféch oullét blédi… !’
(..Hou….Comment est devenue ma ville… !’)
La famille Koueika s’installe enfin à Paris
Un dinar en poche et personne en vue.
Seul un oncle s’est porté garant pour un loyer
Un appart deux chambres sans wc.
Une cour donnant sur la fenêtre.
Où elle voyait les rats courir avec entrain.
El dayk ouél touné les attendait.
(..Promiscuité et mauvaises odeurs…. !’
Lorsqu’elle a visité son deux pièces
Elle a dit en pleurant et en se tapant les joues
‘…Hou ââla yomri… ! Hou sur ma nouvelle vie… !’)
Elle a le premier soir étalée des couvertures par terre
Fallait bien dormir sur le parquet froid.
Elle et son mari dans une chambre
Et les 6 enfants sur la batania à même le sol.
Tous les matins, elle pleurait sa nouvelle vie.
La cuisine était bien petite
Elle disait en cuisinant
.‘..Fi Tounech céne khir mél ouni… !’
( A Tunis nous étions mieux lotis.)
Pour étendre son linge, elle ouvrait la fenêtre
Montait sur la tôle pour étendre ses draps.
A 5 mètres au dessus du sol, elle pouvait tomber
Comme une poire mure.
‘..Elle cuisinait en disant ‘…Hou ââla hiati… !’ Hou sur ma vie… !)
Lorsqu’elle posait ses fesses sur le petit pot à caca
Elle disait souvent en gémissant
‘…Hou ââla kââditi… !’ Hou sur ma belle assise… !’)
Tous les soirs macarouna sans viande ni poisson mais avec du pain.
Pas de télé pas de chauffage rien qu’un poêle usé jusqu’à la moelle.
Ils ont échappé tous à l’asphyxie par un soir de grand froid.
Son mari Chyadou déprima.
Tous les matins à l’O.S.E.
Ses enfants étaient souvent malades
Puis enfin les ŒUVRES SOCIALES après 2 ans
Lui a donné une HLM.
Rue du TELEGRAPHE, elle a habité
Encore aujourd’hui à 88 ans bien sonnés.
Ses enfants tous mariés mais son époux
Mort bien avant dans ses jeunes années.
Aujourd ‘hui elle dit ‘…Rabbi lé i nahi Franssa… ! Que D ieu garde la France… !’
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Pièces jointes:
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