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LE PTB ET MOI ZOUZ.

Envoyé par albert 
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
19 mars 2014, 03:16
CHAPITRE 9°

Je suis donc judéo arabe et de culture française.

On dit souvent qu’on emporte avec soi un peu de terre sous ses talons ou dans ses chaussures.

Nous, juifs tunisiens, avons emportés bien plus que cela. Nos us nos coutumes notre manière de vivre, nos plats et surtout notre judéo arabe. Nos quartiers qu’ils soient de la Goulette ou autres furentdépeuplés de notre présence et bien sur plus aucun écho d’entre les rues et ruelles de notre ville ne vient déranger la nouvelle donne. Le judéo a disparu laissant la place à la langue arabe.

Notre ancienne langue a immigré un peu partout….En France surtout, à Paris où elle se retrouve au début dans les quartiers de Belleville et ailleurs. La langue judéo arabe trouve refuge dans un pays étranger. Dans presque tous les cafés, les discussions se font en judéo arabe et durant les vacances que cela soit à RIMINI à Juan en Israël, nos femmes juives discutaient qu’en judéo et peu en français.

Donc la Tunisie a perdu une langue ancestrale appartenant à une communauté bien précise. Sauf à Jerba comme je l’ai écrit précédemment. Une culture disparait et avec elle toute une communauté qui s’est déplacée.
Dans ces années là, 1960…..et suivantes, les familles immigrées parlaient encore judéo chez eux d’où que les enfants nés durant cette période ont eu la chance de l’entendre et de le parler. C’est la première génération, la première FERCHA, des anciens jeunes juifs tunes devenus parisiens qui ont grandi avec leurs vieux et qui aujourd’hui usent qqs fois du judéo arabe.
En Israël, cette FERCHA va peu à peu abandonner le judéo pour l’hébreu qui, je le rappelle, était considéré comme langue morte mais qui ressuscite depuis la proclamation de l’état D Israël.

Le judéo était encore parlé là bas par les anciens immigrés pour cause des difficultés d’adaptation, difficultés qui vont disparaitre au fils des ans grâce aux enfants devenus israéliens, descendants d’anciens juifs tunisiens de souche et devenus adultes. Donc là bas aussi, le judéo des premiers temps, importé de Tunisie ou d’ailleurs, disparaitra au profit de l’hébreu vivant.
La seconde génération, celle de maintenant oublie peu à peu le judéo, ils n’ont que des brides et la raison est fort simple. Il y a les mariages mixtes d’une part et aussi la séparation des adultes de leurs parents, une fois mariés. La maman ou le papa ou les deux à la fois préférant ne ‘pas déranger’ préfèrent vivre seuls et donc là encore, le judéo ne sera plus à la mode dans ses nouveaux foyers. Ne pas oublier aussi les mariages séfarades et ashkénazes qui ont contribué au non usage de la langue.

Le séfarade se distingue par sa manière de parler en judéo, par ses us et coutumes, par sa joie de vivre et son peu d’intérêt pour le sacré dans notre ancien pays. Dans les pays où ils vivent aujourd’hui rien n’a changé, sauf qu’ils sont devenus religieux, mais ils ne parlent plus le judéo chez eux avec leurs enfants et petits enfants. Ils sont tjs sépharades mais au trois quart. Lol.

‘…Ye ommi ââjijti MEIHA….Enti e’li cent kââ’da fouk el banc ye hassra, mémet el youm mââ yatch âândem banc fi dar oullédem, ââr’chou ouél jew mtakom ouffé. Yé kssa’ra….Cimé kolt gbila, koul ouakt ou ouaktou….Ouenti cent tkolli ‘…YE OULDI…RABI I E’NIEM… !’

‘…Grand mére, toi qui était assise sur ton banc chez nous, il y a bien longtemps, les mamis d’aujourd’hui n’ont plus ce privilège, les enfants se sont mariés et votre ambiance est finie. Dommage. Mais comme je le disais précédemment, chaque temps a son temps…Et toi tu me disais ‘…QUE D IEU LES RASSURE… !’


Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
19 mars 2014, 14:04
MOI……Albert Breitou…

.’…..L’ENFANT DE LA GOULETTE….’ présente….

MEIHA LA REINE CHEZ NOUS…. 5°

Sa vue s’affaiblissait avec l’âge. Chez nous, on ne connaissait pas son âge. Elle n’avait pas une date de naissance et jamais elle n’a voyagé.

Son décor était sa chambre. Ses quatre murs étaient ses seuls témoins.
Lorsqu’elle devait sortir pour aller au café REX de la Goulette, elle revêtait une jolie robe ample de couleur modeste et surtout elle se poudrait légèrement les joues, sur ordre de maman, pour présenter sa coquetterie à ses amis.

‘..Chnoué mémè YINYIN thamar… ! Alors mémé tu te maquilles… ?’ MOI.
‘…E’ye méchiyé el balou… ! Je vais danser… !’
‘…Bougui bougi… ?’

Elle en rigolait.

Mon jeune frère Max plein de patience l’accompagnait souvent pour lui faire traverser l’avenue H BOURGUIBA. Elle marchait d’un pas lent et Max prévenait les voitures de loin, de son bras pour ralentir leur cadence…Elle

‘..Teoue kolli ye ouldi, méjélét bïïda el caoua… ? Elle est encore loin le café… ?’
‘…Lé mémè mejél zouz khatwat… … ? Il ne reste plus que deux pas à faire… !’
Arrivée sur le trottoir…Après dix minutes pour 5 métres.
‘…Kolli ye ouldi enti mouch kotli mejélou zouz… ! Dis moi mon fils, tu ne m’as pas dis qu’il restait deux pas à faire… ?’
‘…Touila el tniyé ye méme teoue nousslou… ! Il est encore long le chemin mémé mais on va y arriver… !’

Sortis à 16 heures, ils mettront uen demi heure pour faire 50 métres et js la vieille avec son YE OULDI…Mon fils…Tu ne m’as pas dit… !

Maxo la tenait par le bras, brachitou, et les deux comme de jeunes amants marchaient d’un pas lent.

Enfin, les voilà arrivés et là le patron du REX fronçait son front parce qu’il voyait en ma grand mère qq’un qui allait lui tenir la table durant deux heures pour la modique somme de 20 millimes. Lorsqu’elle arrivait, tout le monde lui cédait la place parce qu’elle avait son endroit de prédilection. Juste prés de la porte. Elle devait surement se dire qu’en cas d’incendie, elle sortirait plus vite.

Ma xo l’abandonnait donc au café sans avoir demandé à la vieille l’heure à laquelle il devait venir la prendre elle lui répondait ‘…E’ne teoué mejelt kif kâât…Thab tzerefni aalaish ‘…Mais enfin je viens de m’asseoir, pourquoi tu me presses…. ? ‘
‘…En jik nekh’dek mââ el tmenye…Je viens de prendre vers 20 heures soit 3 heures d’assises.

‘…Netfekar ou nahki, nahki e’kel e’yem mta el cheybe é’li khéllèt blassetta fi darné fi e kel char mta juillie 1974. Nar semch…Nar mta kif, kif cloubné él hzen fi louel mta e’kel sif…

‘…Je me souviens et raconte, je narre ces temps de la vieille qui est partie et laissée sa place en ce mois de juillet 1974. Un jour de soleil….Un jour de kif, comme l’était nos cœurs remplie de tristesse…En ce mois estival… !’

Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
20 mars 2014, 11:37
CHAPITRE 10°

Je suis judéo arabe.

La disparition de la langue judéo est programmée pour qqs années. Il ne saurait en être autrement.

Une rubrique REAPPRENDRE LE TUNISIEN, ouverte par MONIQUE ET ALBERT COHEN, rubrique dont je faisais partie et d’où on m’a banni gracieusement sans aucune explication , prétend pouvoir REAPPRENDRE LE TUNISIEN … ? Sic. Qu’est ce que le tunisien alors… ? La langue TUNISIENNE

L ARABE…OU LE JUDEO… ? Je penche plutôt pour le JUDEO…Donc REAPPRENDRE LE JUDEO….Je reste étonné par cette initiative sachant pertinemment qu’aucun jeune juif n’a envie d’apprendre LE JUDEO ARABE.
Le problème je l’avais déjà soulevé il y a 15 ans dans Harrissa.com et sans être prophète je l’avais déjà deviné en mettant les pieds en France.

Parler judéo arabe de nos jours en communauté n’est plus d’actualité. Comme si cette langue est devenue honteuse, lépreuse. Pendant les fêtes, mariages etc… mes échanges se font en judéo avec certains membres de ma belle famille. Pas avec certaines belles sœurs. Jojo le bijoutier est un fervent judéen et comme on se marre ensemble en évoquant ce parlé du souk de Tunis. Sauveur Assous de Nathan de Tunis aime bien palabrer avec moi dans ce parlé. Je vais donc à la recherche de ceux et celles qui en parlent encore et ca me fait du bien. Alain mon bof vient me chuchoter qqs mots genre pour se ‘cacher’ lol. Bref, je trouve mon compte.

Mais j’ai eu affaire une fois à une drôle d’histoire. Il s’agit d’un ami Jerbien de très bonne situation célibataire. Sa famille est là. Leurs coutumes sont là aussi. Ils vivent comme s’ils étaient encore au pays. J’imagine que les vieux parents s’habillent chez eux, dans leur appartement comme au pays.
Donc ce jeune homme cherche une fille qui ne sera pas du giron de sa famille. Genre juive française, je vous laisse le soin de comprendre. A 40 ans, il se désole de ne pas en trouver et pour cause que sa famille est très bien connue dans la communauté donc qu’il est JUIF JERBIEN et là ca change tout.

Il en conclut que si aucune jeune fille ‘étrangère juive’ ne veut de lui c’est parce que sa famille parle le judéo entre eux et que leurs coutumes ne convient pas à la jeune fille…

Peut être préfèrent t’elles le cochon et le bon parlé français… ? Le bâton berger… ???

Il me dit ‘…Albert finalement, je ne pense pas me marier parce que mes parents veulent une de chez nous… !’ Sous entendu, une du pays qui se marrie avec la tradition, les us et les coutumes jerbiennes.
Je trouve cela scandaleux. Ce qui s’interprète comme un rejet d’un mode de vie à la judéo… !

‘….El hob âândi e’ne, mé âândouch akh’lac…Aândou calb. Ou kif el calb tkellem oué e’li yah’kom.
Chalinné fél ksse’oui, él mellièh ouélla él kabkab, el moufid oue él rajél…Bnéyét e’li yah’crou lebsse oulle él clém mtayom oumé bnét moh’craniyen… ! Khssara…El lbess ouélle e’l clem i ji nâr youfew fél bled jdidé… !’

TRADUCTION DU JUDEO.

'...L’amour chez moi n’a pas de profil…Mais un Cœur. Et qd celui çi parle c’est qu’il a commandé. Passe tout cela, pour les habits traditionnels, l’important est qu’il est un homme. Les filles qui méprisent les vêtements ou bien leur parlé sont des files méprisantes. L’habit ou le parlé sans doute disparaitrons un jour dans le nouveau pays où ils vivent… !’


Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
20 mars 2014, 22:04
Albert c est tres beau ce que tu ecrit mais la verite et le reel sont autre et bien de liaisons entre differentes cultures malgre qu elles etaient juives ont tres mal vecu
il est un proverbe bedouin qui dit: celui qui n apas pris de sa tribu est un homme mort {ou perdu}
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
21 mars 2014, 00:49
Comme on dit aussi Patricia '...El hout mé i yich cen fi bahrou...! Le poisson ne vit que dans son eau..!'

Un écrivain américain contemporain expliquant sa fierté d'être juif dit

'...J'accepterai un homme gay pour ma fille pourvu qu'il soit juif...!'
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
21 mars 2014, 01:12
L'expression '...Win en hattec ye tbac el ouard....' S'adresse à qq'un de bien précis, expliquez....ET TRADUISEZ. Merci.
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
21 mars 2014, 04:13
CHAPITRE 11°

Je suis de formation bilingue. Judéo arabe et français.
J’ai donc vécu une petite partie de mon enfance baignée dans le judéo arabe.

Alors comment est rentrée la langue française en moi… ? A quel moment précis parce qu’il fallait bien que je rentre à l’école française… ! Comment est intervenue la séparation de ma langue primaire à cette nouveauté… ? Comment éviter de mélanger mon judéo avec le français le moment où je mettrais mon tablier d’écolier… ? Où je franchirais pour la première fois LASCOULA… ?

Comment moi l’enfant indigène allait t’il franchir le cap de la modernité… ?
La question ne me fut pas posée car l’on sait que l’esprit de l’enfant s’adapte vite aux nouvelles langues. Mon petit fils par exemple parle un peu l’anglais mais pas le judéo.
Dans ma cervelle, mon hémisphère était judéen tout en entier. Puis voilà que je perçois des sons inconnus et que je retenais.

MAMAN, ma tante mon oncle z’al’s parlaient aussi bien le bon français que le judéo. Donc un quartier de ma cervelle se trouve peu à peu envahit pacifiquement de l’usage d’une autre langue. Je pense que cela a du arriver vers mes 4 ans. Et que maman et mes oncles s’adressaient à moi en français parce qu’ils pressentaient bien que l’école m’attendait vers mes 6 ans.

Il fallait donc que je sois prêt pour cette aventure. Donc tout naturellement la langue française est venue accompagner mon judéo. Elles ont fait bon ménage et à mes six ans, baba ou omi se sont transformés en PAPA ET MAMAN à 4 ans et pas avant puisque maman m’avait dit que je ne parlais pas avant cet âge. J’ai donc enregistré à leur insu les deux langues aisément. J’ai pris le temps de la réflexion. Maman z’al avait cru que j’allais être muet. C’était sans compter sans ma petite rkaka. Antipathie.

A six ans, refus du directeur d’être scolarisé. Donc ce fut à 7 ans, une année de plus parmi eux ,que j’ai mis à profit mon apprentissage pour parfaire mon français. Donc à 7ans je fus prêt. Et je n’ai eu aucun problème pour m’adresser à ma maitresse MADAME ALEXIA. Je sortais donc vainqueur d’un souci annoncé.

‘…El francisse tkhél kif él nokta ââssel fi rassi ou fi calbi. Leghoua ‘eli haletni él moundou mta el karin.
El francisse tyalemtou, meghir mé nssit el arbi. Zouz akh’ouét myachrin ou hatte marra ouehda ma khellet biya…

Traduction.

‘…Le français est rentré dans ma jeune tête comme une goutte de miel dans mon cœur. Cette langue m’a ouvert de nouveaux horizon, celui des instruits. Le français, je l’ai appris sans oublier la langue de mes aïeux. Deux sœurs qui s’entendent bien et jamais l’une à fait de l’ombre à l’autre.. !’



Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
21 mars 2014, 04:26
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
21 mars 2014, 04:42
TEMOIGNAGE SUR FB.

Liliane-Simha Fitoussi-Krief Tu es Unique mon Breitou ! et tu m"as tant appris par tes "Ecris , chaque Mot résonne comme un Poème, il est rare aujourd"hui des êtres pouvant nous contes tant d"histoires, d"aventures, j"ai beaucoup appris oui ! de la jeunesse Tunisienne grâce a toi (je n"ai pas connu) je peut a présent sentir, fermez les yeux et imaginez mon Papa,Maman vivre cette jeunesse , cette douceur de vivre, O combien de souffrances vécus de l"éloignement, des incertitudes, ce courage d'être ce que tu es ! ce que sont Les Grands, Ceux qui ont appris a écrire,a exprimez ,a nous faire ressentir par de simple mots si chauds de nostalgie et d"amour, Merci mon Breitou ..
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
21 mars 2014, 06:33
je partage Breitou ce que Liliane t a ecrit tes ecrits font revrire cette petite Tunisie- et si il y avait LIKE j aurais clicke plusieurs fois car tu me fais rire tu es bien plus proche que je ne le pensais
ce qui est extraordinaire c est cette memoire que les juifs tunisiens
gardaient pour des petites histoires des proverbes ainsi que des poemes
ils travaillaient toutes la journee et leurs rencontres n etaient d aucune futilite il y avait a chaque fois un brin de sagesse et une lecon de morale - a bientot cher Albert shabat shalom
a propos de la citation win hatek ya tbak el ouard cela me rapelle Maman
c est ou dois je te mettre oh corbeille de roses?
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