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A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ?

Envoyé par MeYeR 
A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ?
05 janvier 2011, 05:53
Le blog de Pierre Assouline
04 janvier 2011
A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ?

Etrange phénomène que celui d’Indignez vous ! (29 pages, 3 euros, Indigène éditions). Qui n’aime pas Stéphane Hessel, son sourire désarmant, son incroyable mémoire de la poésie, sa courtoisie d’un autre temps, sa gentillesse si rassurante ? Il vaut vraiment que l’on s’y arrête et que l’on y regarde de plus près, ne fût-ce que parce que, au-delà du demi million d’exemplaires, tout essai revêt des allures de phénomène de société. Or, curieusement, s’il a été loué de toutes parts, en raison de son message humaniste et de l’itinéraire impeccable de son auteur, il n’a guère été analysé dans un esprit critique. L’objet tout d’abord. Ce n’est pas un livre mais stricto sensu une brochure dont le texte proprement dit n’occupe que 13 pages, comme un gros article, le reste étant occupé par des notes et une postface de l’éditeur. Il est donc abusif non seulement de parler de livre, d’expliquer son succès par son faible prix (3 euros) alors que des nouvelles inédites sont en vente à 2 euros (Folio), mais aussi de commenter la liste des meilleures ventes en clamant partout qu’il a même dépassé le Goncourt de Michel Houellebecq (!). Mais on s’en doute, là n’est pas le plus important.

L’indignation en est le leitmotiv. Quand on pense que ceux qui l’achètent par dizaines pour l’offrir autour d’eux y voient un programme d’action, une philosophie morale, un bréviaire, on est consterné tant le contenu manque de contenu. Mais la démonstration est si faible et la plume si incertaine que l’appel n’a pas la puissance d’un pamphlet. Qui pourrait décemment s’opposer aux grands principes, aux grands idéaux et aux grandes idées qui y sont énoncées ? D’autant qu’elles sont présentées sous le label « issu de la Résistance ». C’est déjà là que le bât blesse. Non dans le programme du Conseil national de la Résistance, même si depuis son adoption le 15 mars 1944, la France a un peu changé et qu’il ne suffit plus de réclamer « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours », revendication qui paraît un peu courte aujourd’hui, même pour les syndicalistes les plus chevronnés. Stéphane Hessel, qui s’est tôt engagé dans la Résistance, ce qui lui valut d’être torturé puis déporté à Buchenwald et à Dora, dit l’avoir fait car « j’ai été indigné par le nazisme». Il nous appelle donc à l’indignation permanente en toutes circonstances et en tous lieux, même si cette manière de mettre ainsi sur une même ligne morale la situation des sans-papiers, la dérégulation du capitalisme et les crimes du totalitarisme national-socialiste devraient nous… indigner. Le Monde a récemment publié deux pleines pages dans lesquelles des personnalités s’indignaient toutes de quelque chose, à l’exception du neuropsychiatre Boris Cyrulnik, et comme sa lumineuse réaction ouvrait le bal, elle eut pour effet d’anéantir toutes celles qui suivaient :

« J’ai beaucoup de tendresse, d’admiration, pour Stéphane Hessel avec qui j’ai beaucoup de concordances de vue mais je m’indigne qu’on nous demande de nous indigner parce que l’indignation est le premier temps de l’engagement aveugle. Il faut nous demander de raisonner et non de nous indigner. »

On ne saurait mieux dire qu’il est bizarre de pousser ses contemporains à s’engager sous l’empire de l’émotion et non sous celui de la réflexion. Mais allons plus loin. Dès la troisième page de son texte, Stéphane Hessel écrit : « Nous, vétérans des mouvements de résistance et des forces combattantes de la France libre, nous appelons les jeunes… » Nous ? Mais qui l’a délégué pour parler au nom de tous les survivants de la Résistance intérieure et de la France Libre, d’autant qu’il y revient à plusieurs reprises ? A la dernière page, cela peut se concevoir car son « nous » renvoie en note à un appel de 2004 fort d’une dizaine de noms (Aubrac, Cordier, Vernant…), mais avant, si on lit bien, Stéphane Hessel est l’auteur et il est censé écrire en son nom. A le suivre dans son raisonnement, on comprend qu’un homme n’est humain que s’il s’indigne et s’engage en conséquence. Un peu comme lui en somme. De quoi nier leur qualité d’humains à tous les Bartleby engendrés par la société. A la fin de son texte, après avoir rappelé les principes de la Déclaration des droits de l’homme à la rédaction de laquelle il fut associé, et s’être fait l’apôtre de la non-violence, le pourfendeur des inégalités, le dénonciateur de la consommation à outrance (mais qui est contre ?), il s’indigne de ce qui se passe à l’étranger.

« Aujourd’hui, ma principale indignation concerne la Palestine, la bande de Gaza, la Cisjordanie ». Deux pages suivent (2 sur 13, c’est dire la proportion) en défense et illustration du peuple palestinien, attitude légitime et respectable, mais qui contient difficilement la colère haineuse qui altère son flegme poétique chaque fois que, dans un débat, il est question d’Israël. Faisant le décompte des pertes de l’opération « Plomb durci » qui a provoqué la mort de plus d’un millier de gazaouis, il remarque qu’elle a fait « seulement » une cinquantaine de blessés du côté israélien, et on y sent l’ombre d’un regret, d’autant qu’il croit bon ajouter cette énormité : « Que des Juifs puissent perpétrer eux-mêmes des crimes de guerre, c’est insupportable ». Comme si quoi que ce soit, dans leur qualité, leur passé, leur souffrance, devait les préserver, les immuniser ou leur interdire de se comporter salement comme tous les hommes sous toutes les latitudes en tous temps car toute guerre est une sale guerre. Si Stéphane Hessel avait été se promener un peu plus en Israël, il y aurait croisé à sa stupéfaction nombre de maîtres chanteurs, de salauds, de maquereaux, de violeurs d’enfants, de négationnistes, de trafiquants de drogue, de tueurs en série. Après quoi suivent des considérations sur l’inévitabilité du terrorisme comme une forme d’exaspération. On croit en avoir fini mais non, deux pages plus loin, il y revient. Evoquant une marche pacifique contre le mur de séparation, il rapporte que les autorités israéliennes l’ont qualifiée de « terrorisme non-violent » puis il commente goguenard : « Pas mal… Il faut être israélien pour qualifier de terroriste la non-violence. » Imaginez un instant l’évocation de la stigmatisation des Roms par Sarkozy&Hortefeux suivie de ce commentaire : « Il faut être français pour … ».

Imaginez mais ne cherchez pas car cela n’y est pas. Vous n’y trouverez pas non plus d’indignation sur la violation des droits de l’homme en Birmanie, en Chine, en Iran, en Corée du Nord, en Libye, en Tunisie et dans tant d’autres pays car l’indignation de Stéphane Hessel est à géométrie variable. Manifestement, sa boussole intérieure s’est bloquée sur ce pays honni. Par une ironie de l’Histoire, il a tenu à faire figurer en liminaire la reproduction de Angelus Novus, dans laquelle son premier propriétaire, le philosophe Walter Benjamin, un ami de son père, voyait « un ange repoussant cette tempête que nous appelons le progrès ». Et comme l’éditeur est obligé d’en indiquer la propriété, la présence de cette aquarelle de Paul Klee permet de faire éclater dès la première page la mention « Musée d’Israël, Jérusalem »… Ce qui doit passablement indigner l’auteur. Mais que ces détails n’empêchent pas les hommes de bonne volonté de s’indigner en reprenant en chœur le puissant slogan qui lui sert d’excipit : « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer »

[passouline.blog.lemonde.fr]
Photo : D.R.


Pièces jointes:
Assouline-Pierre.jpg
Re: A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ? par Pierre Assouline
06 janvier 2011, 10:19
04 janvier 2011
Ne vous indignez pas !

Qu'on se rassure : je ne suis pas atteint par le vertige des grandeurs. Je sais que je ne fais pas le poids en face de Stéphane Hessel, de son destin et de son parcours mais on a le droit tout de même de s'approcher de lui, avec respect certes mais sans complaisance. Rien de tel, pour démontrer la jeunesse de celui auquel on s'adresse, qu'une liberté même critique. C'est l'encens qui fait vieillir.

Trois euros. Trente pages. Un titre pour plaire à tous les humanistes en chambre et à ceux pour lesquels nous ne serions pas en démocratie. Le soutien inconditionnel de Mediapart. Des éloges médiatiques à foison. Et, pour couronner le tout, une invitation au Grand Journal de Canal Plus où on a vu celui qui formule l'injonction d'avoir à nous "indigner" s'acoquiner avec la dérision contente d'elle et le progressisme superficiel et mondain. Il y avait quelque chose qui "jurait" dans le tableau ! Dans ces conditions, tout était réuni pour faire de ce petit livre un événement même s'il a dépassé les espérances les plus folles.

Stéphane Hessel nous propose le passé comme solution d'avenir.

Sa formidable existence plaide dans tous les cas pour lui, sinon pour sa cause. Né en 1917, il est devenu une figure incontournable de nos débats républicains. Toujours présent quand il s'agit de dénigrer doucement la France d'aujourd'hui, il nous invite à nous retourner pour considérer le paradis perdu de 1945 et suscite l'enthousiasme de ceux qui ne pouvaient rêver d'avoir avec eux un opposant au sarkozysme plus urbain et apparemment tolérant. Son étincelante alacrité intellectuelle, alliée à la lumière tendre et souriante de ses yeux, fait des ravages. Sa personnalité de magnifique vieillard "enfonce" toutes nos vedettes de l'instant, "jetables" et sans charisme. Stéphane Hessel fait couler du velours dans nos oreilles. On a envie de l'approuver rien qu'à le voir, à l'entendre. Je ne suis même pas sûr qu'on l'écoute véritablement. Sa personnalité dépasse de cent coudées sa pensée engagée, partisane, enrobée dans la soie de sa gentillesse superficielle. On est bouche bée devant lui comme devant un beau, un éternel spectacle qui se suffit à lui-même. Il mord mais avec délicatesse. Sa candeur est perfide et fait mal. Personne n'oserait le traiter de passéiste, de nostalgique touchant mais déphasé. Stéphane Hessel est un humain dont une certaine idéologie a besoin : elle le sort quand il convient et il fait mouche, il fait passer, sous la rose, les épines injustes et partiales.

Mais le lire, c'est autre chose. On est tout seul face à ces quelques pages et la séduction de son être n'est plus là pour nous faire oublier ce qu'il dit. Le lire, c'est devoir tristement constater que la balance est faussée, que l'outrance est parfois civilisée et les approximations favorablement accueillies. Qui aurait osé soutenir, avec un tel aplomb, s'il n'avait pas d'emblée bénéficié d'un quitus, la cause palestinienne, attaquer avec une telle constance la politique d'Israël ? Qui aurait pu se permettre avec une telle démagogie de vitupérer la dictature des marchés financiers et les écarts de richesse grandissants ? Qui aurait eu le front de s'en prendre ainsi à la politique gouvernementale à l'encontre des sans papiers et des Roms en feignant de négliger que les mesures incriminées avaient été prises dans un espace démocratique et que celui-ci donnait une toute autre tonalité à l'odieux dénoncé unilatéralement par Stéphane Hessel ? Qui aurait accusé le Pouvoir, avec si peu de nuance et d'équilibre, d'avoir "bradé" les acquis sociaux de la Résistance comme les retraites ou la sécurité sociale (lexpress.fr) ?

Au fond, cet homme sur lequel se seraient concentrées les vertus de vérité, de justice et d'équité n'est pas aussi exemplaire, aujourd'hui, qu'il l'était hier dans les épreuves et les honneurs qu'il a connus. Il a décidé de gommer toute une part de la réalité. Il s'épargne les embarras du choix et de la conscience en félicitant, par exemple, les Palestiniens d'avoir sauvegardé les droits des enfants à Gaza alors qu'ils s'en servaient parfois comme boucliers. Il est commode et facile de jouer au "juste" quand on ne tient jamais les deux bouts de la chaîne et qu'on a décidé, au nom de son camp, de n'appréhender l'Histoire et les drames du monde qu'avec un regard délibérement mutilé. S'il faut choisir, je préfère mille fois les affres d'un Finkielkraut aux suavités partisanes d'un Stéphane Hessel. L'un prend en charge le tout pour penser quand l'autre n'en saisit qu'une partie pour militer.

Stéphane Hessel nous ordonne de nous indigner comme si nous étions sortis de la République et que nous n'ayons plus à notre disposition que la démesure, l'invective et les procès expéditifs. C'est sur quoi achoppent toutes les protestations de l'extrémisme, quel qu'il soit. Nous ne sommes pas obligés de nous jouer en permanence "la démocratie en danger" ou, pire, "la démocratie disparue". Il est ridicule de vouloir contraindre les citoyens à devenir les figurants d'une dictature fantasmée. C'est parce que cette représentation perverse s'insinue peu à peu dans les esprits qu'on justifie les excès qu'elle suscite.

Résister ? Mais à quoi ? S'indigner ? Au contraire, ne pas s'indigner toujours, pour n'importe quoi. Croire que le réel pour être maîtrisé ou dénoncé a besoin sans cesse de la flamme désordonnée de contestations jusqu'au boutistes serait une grave erreur. L'indignation comme dernier recours, soit. A force de s'en servir comme d'un mode normal d'expression, on va la banaliser, la domestiquer. Gardons-la pour les bonnes causes, les grands moments décisifs. Ne nous trompons pas de régime. En France, on peut s'indigner autant qu'on veut. Avec un petit livre, on réussit même le tour de force de persuader que le tocsin sonne et que la patrie est en danger. Il est urgent de refroidir les délires.

Ne vous indignez pas !

[www.philippebilger.com]
Re: A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ? par Pierre Assouline
06 janvier 2011, 10:26
Réactions à la «fixation» de Stéphane Hessel sur Israël
06/01/11

« Nous pensons que les réactions à la publication de ce livre sont très anormales », a déclaré Marc Knobel, chercheur sur l'antisémitisme au CRIF, au Jerusalem Post lundi 3 janvier 2010, concernant le dernier ouvrage du très en vogue Stéphane Hesse. «Il y a une sorte de culte autour de Hessel, « image de l'humanité pure d'un homme en fin de vie qui veut proclamer son crédo » », alors qu’« Hessel ignore le terrorisme islamiste et les attaques palestiniennes contre des civils israéliens », et plus que cela, « il semble les excuse en disant que certaines étaient justifiées en raison de l'occupation israélienne de la Cisjordanie », a expliqué le chercheur. «J’aimerai le voir condamner les attentats à Bagdad et au Caire», a encore déclaré Knobel.

Yaron Gamburg, le porte-parole de l'ambassade d'Israël à Paris, a déclaré pour sa part que Stéphane Hessel est un exemple de ceux qui utilisent le droit à la liberté d'expression pour répandre des mensonges sur le conflit israélo-palestinien. «Le livre Hessel est un parfait exemple de l’utilisation de ce droit dans sa manière la plus extrême », a déclaré Gamburg. « Il s'agit d'un phénomène de mode littéraire, qui n'aura aucun effet sur le monde réel, un phénomène pseudo-intellectuel sur des faits n'ont pas été vérifiés. Même Le Monde lui a reproché de ne pas condamner la violence dans son livre », a ajouté le diplomate.

Marc Knobel a encore dit que la popularité de cet ouvrage avait peu à voir avec Israël et plus à voir avec la perception publique de Stéphane Hessel en France et avec le sentiment général de malaise dont souffre la société française d'aujourd'hui. « La France est à la recherche d'un héros qui oserait exprimer sa révolte et condamner », a dit le chercheur au CRIF. « C’est cette image qui séduit le public », a-t-il conclu.

[www.crif.org]
Re: A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ? par Pierre Assouline
09 janvier 2011, 11:05
Indignez-vous : Je suis indigné 9 janvier


Moi qui suis depuis toujours un indigné congénital, j’ai acheté votre petit fascicule dont tout le monde parle. Je me suis dit, heureusement qu’il existe un Résistant vivant qui donne le cap et dise le bien.

La description que vous faites de la Résistance au début de votre propos est parfaitement fausse. Jamais personne depuis 1945 n’oserait décrire la résistance de 1944 avec autant de formules propagandistes. En arrivant à Londres en 1940 De Gaulle a trouvé des juifs et des cagoulards !

De nombreux socialistes dont Laval furent particulièrement actifs dans la débâcle puis dans la collaboration avec les nazis.

Quand aux communistes français, chacun sait bien qu’ils sont devenus résistants après l’entrée en guerre de l’URSS en juin 1941, et que la signature du pacte germano soviétique n’a pas ému grand nombre d’entre eux entre 1939 et 1941. Quand au CNR qui c’est vrai fixa les grandes lignes de la politique du gouvernement d’union nationale de 1945, il mit en place un projet politique conforme, non pas avec « l’esprit de Résistance », mais à une politique ambitieuse, sociale et nationale de reconstruction.

Sans remonter à la Rome antique qui inventa le « service public », en 1920, la République de Weimar nationalisa des banques, des industries sidérurgiques ainsi que les chemins de fer. L’Italie fasciste de Mussolini ou l’Espagne de Franco procédèrent à la nationalisation de pans entiers de leur économie.


Pour revenir à l’utilisation éhontée que vous faites du mot Résistance, elle prouve que vous n’en êtes pas l’héritier. Les chefs de la Résistance sont morts, vous n’en étiez pas, et votre longévité en tant que subalterne à Londres ne vous autorise pas à parler en leurs noms, c’est peut-être ça l’esprit de Résistance : l’Humilité, la Droiture, le Don de soi !


Mais revenons à votre besoin, et mon envie d’indignation.


Oui, il faut s’indigner lorsque les journalistes sont au service des puissants.

Oui, il faut s’indigner lorsqu’il suffit d’un appel à un directeur de chaine pour virer tel ou tel autre journaliste refusant de se plier aux règles. Je le dis avec vous, il est intolérable que le pouvoir exerce des pressions sur les media. Ce fut le cas sans interruption depuis toujours, et même si vous avez mis du temps à le dire, même si votre ami Mitterrand qui fut un maître en la matière ne vous avait pas indigné, attendre l’âge de 93 ans pour dénoncer cette collusion, mieux vaut tard que jamais, je vous dis bravo !

Et pourtant Monsieur Hessel, ce sont ces mêmes média qui n’ont cesse de vous tendre leurs micros pour ânonner des leçons de morale faciles. Vous stigmatisez des média dont vous êtes pourtant l’icône que l’on s’arrache en ville dans les milieux qui pensent le Bien. Cherchez l’erreur.

Pour preuve que parfois votre indignation est juste, je vous rejoins pour constater que le personnel politique en France comme dans de nombreux états passe plus de temps à se préoccuper de son image, qu’à faire son boulot, fixer le cap du progrès de la justice et d’une meilleure distribution des richesses à leurs concitoyens. Vous avez raison, ce combat contre l’injustice et pour la dignité, doit être mené partout sans concession.

Et pourtant Monsieur Hessel, quelques questions me taraudent :
Pourquoi laissez-vous dire que vous êtes juif ou que vos parents le seraient ?

Votre père qui était juif, s’est converti au protestantisme.

Au dos de votre livre vous précisez la religion originelle de votre père sans dire qu’il est converti, et pas celle de votre mère fille d’un banquier prussien et protestant.

Vous n’êtes pas juif. Contrairement à deux juifs illustres que vous avez côtoyés. Eux furent corédacteurs de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, René Cassin et Pierre Mendès France.

C’est en tant que secrétaire de cabinet d’Henri Laugier qui était lui-même secrétaire adjoint des nations unies que vous avez été nommé secrétaire de la commission des droits de l’homme. Pur hasard, pure chance que vous utilisez aujourd’hui pour associer votre nom à un texte dont vous n’êtes ni l’initiateur ni l’auteur.

C’est peut-être l’admiration qui mène à la jalousie envers ces deux juifs exceptionnels qui vous poussent à vous prévaloir d’un judaïsme dont vous n’êtes pas. Pure escroquerie de votre part.

Vous pouvez comme chacun critiquer Israël, vous indigner de toute chose.

Pas la peine de vous étiqueter juif.

Etre juif n’est ni glorifiant ni injuriant. Votre mise en avant judaïque est plus que suspecte. Comme si c'était un faire valoir pour votre argumentation propagandiste !

En continuant la lecture de votre chef d’œuvre propagandiste, on arrive naturellement au vrai sujet après la mise en place du « décor légitimant », je veux parler de la résistance et des droits de l’homme. Le sujet est bien le chapitre sur votre indignation à propos de la Palestine.*

Vous introduisez ce sujet en invoquant le rapport Goldstone dont la seule fiabilité à vos yeux tient de la judéité de l’auteur. On comprend mieux à ce moment de la lecture votre énergie à vous réclamer juif.

Comme si, pour l’esprit machiavélique que vous êtes, un non juif ne pourrait pas critiquer Israël, ni faire un rapport anti-israélien ?

Les palestiniens dont vous n’avez que faire en réalité, attendent pourtant votre indignation concernant les lois d’apartheid dont ils sont victimes au Liban, ainsi que dans les camps dans lesquels ils sont retenus parqués dans la bande de Gaza otages des bandes maffieuses du Hamas.

La chartre du Hamas qui appelle au meurtre des juifs ne vous indigne pas, ni l’appel répété d’Ahmadinedjad à la destruction d’Israël même dans l’enceinte de l’ONU.

Aviez-vous entre 1947 été indigné par le refus des états arabes d’accepter le partage de la Palestine restante entre un état juif et arabe ?

Vous étiez-vous indigné auprès des jordaniens qui de 1947 et 1967 occupaient la Cisjordanie et aviez-vous demandé le boycott de l’Egypte qui occupait la bande de Gaza ?


J’ai cherché votre indignation au sujet des islamistes d’Iran, du Hezbollah, du Hamas, qui tuent les homos, interdisent les conversions, terrorisent leurs femmes en les obligeant à s’enfermer dans des carcans, enseignent la haine et le goût du martyr à leurs enfants. Rien d’indigne pour vous.

Pas d’indignation non plus au sujet du Soudan, de la Somalie, de la Corée du Nord, de la Chine, et d’autres, de tant d’autres.
Pas d’indignation à l’époque du génocide au Rwanda et encore des massacres au Darfour. Pas d’indignation pour les chrétiens massacrés au Nigéria, en Irak en Egypte.

Pour vous qui vous prétendez juif, rien n’est moins indigne qu’Israël.
Suspecte et maladive indignation !

Pour ma part, votre diatribe marche à merveille, vous avez réussi à m’indigner de votre indignation.

Bernard Darmon
Re: A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ? par Pierre Assouline
12 janvier 2011, 08:17


Lettre ouverte à Catherine David du Nouvel Obs


Avant-propos de l'auteur : Mon mari et moi avons connu Stéphane, Vitia Hessel et leur plus jeune fils, Michel, du fait que nos fils étaient dans la même classe à l’École alsacienne. À l’époque, nous avons sympathisé, tout comme nos fils entre eux. Je me souviens du très bon livre de Vitia, La Désaccoutumance, écrit après qu’elle eut cessé de fumer.


Mon mari avait été un résistant très actif à Grenoble pendant la guerre et avait été membre du Comité restreint de la Libération aprèsla guerre. C’était là un point en commun avec Stéphane Hessel.


Nous partagions aussi le même point de vue sur la guerre d’Algérie.


Lorsque notre fils est entré au Lycée en 6ème, nous avons un peu perdu de vue les Hessel. Ce ne fut que des années plus tard que, lisant et entendant des propos tenus publiquement par Stéphane Hessel, j’ai pris conscience du fait qu’il avait changé. Je ne reconnaissais pas l’homme que j’avais connu. En un mot : beaucoup plus imbu de lui-même, s’appropriant indûment du crédit pour des actes qui n’étaient pas de son fait et, en particulier, abandonnant ces qualités de mesure et de rigueur intellectuelle que nous apprécions naguère chez lui.


Madame,

Je viens de lire, avec un peu de retard, votre article intitulé « Sakineh et Hessel même combat ».

En tant que féministe de très longue date, je suis une des défenseures de Sakineh, comme d’autres femmes victimes d’un régime totalitaire, meurtrier pour les femmes ainsi que pour toutes les minorités qui ont le malheur d’habiter cet État (dont les Baha’is ne sont qu’un exemple) et d’un intégrisme islamiste barbare.

Comment donc ne me serais-je pas intéressée à cet article ?

Quelle stupéfaction ne fut pas la mienne en découvrant que vous compariez le sort d’une femme menacée de lapidation à celui d’un homme politique (que j’ai connu) et qui n’est confronté qu’à des critiques comme peut l’être tout homme politique dans une démocratie !

Toute féministe ne peut qu’être profondément choquée par votre comparaison.

Elle serait ridicule si le cas des Iraniennes n’était pas si tragique !

Il nous paraît donc clair que vous ne connaissez réellement ni le cas de Sakineh, ni le parcours de Stéphane Hessel, et que vous ne vous souciez guère des règles de la liberté d’expression dans une démocratie.

Monsieur Hessel n’est victime que de ses propres mensonges.

Il aurait voulu se faire passer pour un juif victime des Nazis. (Pourquoi ? mystère !) Il n’est juif que dans le sens hitlérien (ses grands-parents paternels sont convertis au protestantisme et du côté maternel, aucune trace de judéité).

Il fut interné, pour moins d’un an, comme résistant (déporté politique), ce qui est tout à son honneur, mais nullement comme Juif (déporté racial), sans quoi il ne s’en serait pas tiré à si bon compte.

Dans ses mémoires (Danse avec le siècle, Paris, 1997, p. 90), il reconnaît avoir été, dans le camp de Rottleberode, « pris en sympathie par les deux Prominenten de ce petit camp, le Kapo Walter et le Schreiber Ulbricht ».

Et l’ancien déporté politique Hessel ajoute : « Ils me font porter pâle et travailler auprès d’eux. Je profite des privilèges que ces déportés expérimentés ont acquis pour eux et pour leurs protégés : meilleure nourriture, un peu plus de place dans les châlits. Je dois ces faveurs à ma pratique de la langue allemande (…). Et, grâce à eux, je m’initie au fonctionnement administratif du camp. Ces tâches gestionnaires (…), les SS les ont confiées aux détenus ».

Allez-vous dénoncer ces propos de Stéphane Hessel lui-même comme « inadmissibles » ou « scandaleux » ?

Mais connaissez-vous l’existence des Prominenten et leurs fonctions dans les camps nazis ?

Il a voulu, après la mort de René Cassin mais jamais auparavant, se faire passer pour « l’un des rédacteurs » de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (1948).

Le problème est qu'il n’a nullement contribué à la réaction de la Déclaration, contrairement à ce qu’il affirme çà et là*.

Vous citez dans votre article du Nouvel Obs, portant sur le film documentaire qui lui est consacré (France 5) : « J’ai 30 ans, me voici à New York. Je m’engage dans ce nouveau combat. Je participe à la rédaction de la Déclaration des droits de l’homme » (« Frère des hommes », TéléObs, 6-12 novembre 2010, p. 18).

Dans une interview publiée en décembre 2008 par le Centre d’Actualités de l’ONU (c’est l’un de mes centres d’intérêt depuis une trentaine d’années), il avoue la vérité car, là au moins, devant ses pairs, il ne peut pas faire autrement : « Je n’ai pas rédigé la Déclaration ». Lire sur le site de l'ONU

Voilà qui est clair et net.

Je vous livre donc ci-dessous les propos qu’il a tenus, publiés le 10 décembre 2008 sur le site de l’ONU, pour information.

En espérant que vous aurez l’honnêteté d’en tenir compte.

Car, malgré cet aveu dénué d’ambiguïté, l’ancien diplomate continue d’être célébré dans les médias comme « l’un des rédacteurs » de la Déclaration universelle de 1948. Et vous suivez le mouvement.

Il est vrai que dans la plupart des médias, en France, on a pris l’habitude d’affirmer tout et n’importe quoi, sans le moindre souci d’objectivité.

Comme si la vérification et le recoupement des sources n’avaient aucune importance.

Je pense que vous êtes au fond de mon avis sur ce point. Car votre article constitue une frappante illustration de ces pratiques peu professionnelles.

Les déclarations du MRAP à ce sujet, comme à propos de tant d’autres, ne sont guère une source fiable.

Si vous le souhaitez, je peux vous envoyer un rapport issu d’une enquête sur le MRAP, intitulé « Le MRAP dérape », publié en 2004 et qui fut assez bien relayé par la presse à l’époque.

Le MRAP a fulminé mais n’a jamais agi contre nous, car le rapport en question était bien documenté.

Et nous en arrivons à la personne que vous souhaitez apparemment diaboliser, le Professeur Taguieff.

J’avoue ne pas comprendre les raisons de votre fureur qui semble pour le moins disproportionnée.

Je suis allée donc lire ses propos, non ceux qui lui ont été mensongèrement attribués (une phrase supposée extraite d’un passage polémique qu’il avait lui-même supprimé sur son « mur » de Facebook), mais les siens, ceux qu’il assume clairement.

J’y ai trouvé des critiques sévères, certes, concernant les positions politiques anti-israéliennes de Stéphane Hessel.

Mais ces critiques, qui donnent parfois dans l’ironie mordante, sont beaucoup moins virulentes que d’autres que l’on peut lire tous les jours dans les médias en France.

Il est courant, dans nos pays démocratiques, d’exprimer des opinions, parfois de façon excessive ou injuste, à l’égard de tel intellectuel ou de tel politicien.

J’ai lu des propos réellement sauvages, mais tant qu’il n’y a pas de calomnie (et, en France, il y en a souvent, hélas), il n’y a pas de mal.

Dire la vérité, serait-ce sur un ton polémique, est toujours une bonne chose. En vous indignant avec ostentation de propos supposés tenus, dans une conversation privée, par le chercheur au CNRS, vous paraissez sombrer dans le « deux poids, deux mesures », et sacrifier à un détestable esprit de délation.

Certes, la République islamique d’Iran se bat avec d’autres États amis à l’ONU pour interdire la liberté d’expression partout dans le monde, mais je me félicite du fait que cet esprit totalitaire ne se soit pas encore installé chez nous, bien que je ne sois guère optimiste pour l’avenir.

En attendant, dans nos sociétés pluralistes, la libre expression des opinions est encore un droit. Je ne vois pas au nom de quoi, lorsqu’elle vise certains personnages, son exercice devrait être tenu pour un acte sacrilège.

L’ancien diplomate Hessel n’est pas un personnage sacré, on ne saurait le tenir pour une « icône » intouchable.

À moins de rétablir le crime de blasphème !

Je ne connais pas plus le Professeur Taguieff que je ne vous connais, mais j’avoue ma perplexité devant votre rage, vos excès de langage et vos comparaisons inadmissibles.

Puis-je vous suggérer, en toute amitié, de vérifier plus soigneusement vos sources et de ne pas vous fier à n’importe lesquelles, puis de réfléchir au mal que vous pouvez faire aux femmes qui risquent leurs vies et leur liberté par vos propos.

Mais peut-être cela vous est-il égal ? Je veux espérer que non.

Je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de mes salutations les meilleures.

Bernice Dubois © Primo Info, 11/11/2010


Déclarations faites par Stéphane Hessel dans son interview en ligne sur le site de l’ONU, 10 décembre 2008 :
« J'étais un diplomate français frais émoulu du dernier concours. J'avais été reçu le 15 octobre 1945 et je suis arrivé à New York en février 1946. J'ai fait la connaissance d'Henri Laugier, qui était alors Secrétaire général adjoint des Nations Unies. Il m'a pris comme directeur de cabinet. Avec lui, il y avait John Peters Humphrey, directeur de la Division des droits de l'homme au Secrétariat des Nations Unies. J'étais en contact permanent avec l'équipe qui a rédigé la Déclaration, dont l'Américaine Eleanor Roosevelt et le Français René Cassin. (…) Au cours des trois années, 1946, 1947, 1948, il y a eu une série de réunions, certaines faciles et d'autres plus difficiles. J'assistais aux séances et j'écoutais ce qu'on disait mais je n'ai pas rédigé la Déclaration. J'ai été témoin de cette période exceptionnelle. »

Exemples d'amplifications médiatiques à propos de Stéphane Hessel :


Parmi eux, Stéphane Hessel, résistant rescapé de Buchenwald et co-rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l'homme Le Nouvel Observateur 12/10/10.

Lire également ici sur Contreinfo : Stéphane Hessel est un diplomate, ambassadeur, ancien résistant et déporté français, qui a notamment participé à la rédaction de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948.

Hessel, diplomate, ambassadeur, ancien résistant français et l'un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948,Jean-Emmanuel Ducoin, rédacteur en chef de L'Humanité.

[www.primo-info.eu]
Monsieur Hessel s'indigne t'il pour ce qui se passe en TUNISIE...???
Re: A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ? par Pierre Assouline
11 février 2011, 01:56
"M. Hessel, vous ne m'apparaissez pas fidèle à l'universalité de nos valeurs"

LEMONDE.FR | 10.02.11 |

Cher compagnon de combat,

Je suis, M. Hessel, votre aîné de trois ans, ancien engagé volontaire des Forces françaises libres avec Leclerc. Nous avons mené la même lutte contre le nazisme. Vous avez été "témoin" (je cite une interview) de l'élaboration de la Déclaration universelle des droits de l'homme. René Cassin, en fut le maître d'œuvre et vous lui rendez hommage. J'ai eu moi-même le privilège de l'associer à certaines actions mémorielles alors qu'il était président de l'Alliance israélite universelle. A ma modeste mesure, je milite en suivant sa voie.

A travers l'ample succès rencontré par votre opuscule, c'est notre combat pendant la guerre qui est honoré. Comment ne pas vous en savoir gré ? Oui, vous faites bien avec votre enthousiasme d'éveiller les consciences des jeunes face à tous les pouvoirs sans contrôle, souvent en quête de boucs émissaires. Nous ne sommes pas en 1929, mais les engrenages peuvent aller si vite… Face à la résignation, il faut toujours préparer une culture de résistance. Mais je suis rassuré, car les jeunes, devançant votre livre, ont témoigné d'"indignations" multiples ces dernières années.

Vous avez publié dans une collection qui porte un fort beau titre : "Les hommes qui vont contre le vent". Nous le fûmes comme résistants et, permettez-moi cette pointe d'humour, je le serai encore en n'allant pas totalement "dans le vent" d'unanimité qui a accueilli votre livre. Je note que votre propos, lui, est largement "dans le vent" de ces dernières années. Certains résistants partageront vos options, d'autres ne se reconnaîtront pas dans votre "nous" collectif.

Mais ce qui devrait "nous" unir c'est un combat pour que "tous les Etats s'engagent à respecter les droits universels" de l'homme (sic). Et là, vous me voyez perplexe. Car vous n'évoquez dans votre livre que la situation en Palestine, votre "principale indignation". Il y a, qui ne le sait, matière à s'indigner tant du côté palestinien qu'israélien. Mais pourquoi "principale" ? Il est des lieux où le malheur est, ou a été, plus grand qu'en Israël et en Palestine : la Tchétchénie, le Tibet colonisé et opprimé depuis soixante ans, le Darfour avec ses populations noires massacrées par des milices arabes, le Kurdistan… Ne méritaient-ils pas au moins une mention ? Les victimes y sont cent, mille fois plus nombreuses qu'en Palestine. Que de Münich aujourd'hui, contre lesquels nous nous sommes dressés hier ! Prônerez-vous le boycott de la Chine, de la Russie, de l'Iran qui pend ses opposants ou lapide ?

Rien sur ce qui devrait être pour vous une indignation majeure : la présidence de la commission des droits de l'homme de l'ONU confiée… à la Libye tortionnaire des infirmières bulgares et d'un Palestinien. Au lieu de vouloir présider un nouveau colloque en faveur du boycott d'Israël, n'y a-t-il pas urgence à réfléchir, avec mesure, à la double légitimité qui anime les peuples israélien et palestinien ? Et au moins autant, au statut des minorités en terres d'Islam après les massacres récents de chrétiens dont vous n'avez pas (ou peu ?) parlé, tout comme de la situation dans les pays arabes contre laquelle se sont "indignés" les jeunes en Tunisie, et qui ne semble pas vous avoir fortement mobilisé. Pas un mot sur la conférence de Durban confisquée par nombre d'Etats (dont nous avions prôné l'indépendance) au profit de la seule cause palestinienne, écran de fumée devant leurs exactions.

JE NE VOUS RECONNAIS PLUS

Ah, si vous aviez mis votre nom et votre plume au service de toutes ces victimes qui ne sont pas des "nanties" médiatiques, vous seriez véritablement allé "contre le vent" de la raison d'Etat et des intérêts économiques. A vous lire, "universel" me semble être devenu "univoque". A Déclaration universelle, indignation universelle, pour tous les "damnés de la terre" et pas sélective pour la Palestine. Sur cette question, je ne vous reconnais plus : omissions, faits tendancieux, discours manichéen. Ce qui me navre c'est que ces excès risquent de décrédibiliser aux yeux des jeunes votre fidélité à nos idéaux et nuire à notre cause pour la paix en crispant les bonnes volontés en Israël.

Dans votre texte, vous vous indignez de ce que des "juifs (les Israéliens) puissent perpétrer eux-mêmes des crimes de guerre", en vous basant sur le rapport Goldstone, contesté tant par les Israéliens que par le… Hamas ! Vous avez raison. Mais vous ne dites pas que des condamnations ont été prononcées en Israël. On attend la même chose du Hamas accusé lui aussi, vous omettez de le dire, de "crimes de guerre" dans ce rapport. Equité ?

Pas un mot sur le sort de Gilad Shalit, qui a ému la ville de Paris, pris en otage pour être échangé contre des gens qui ont tué ou voulu tuer délibérément et exclusivement des civils. Il est réduit au secret depuis cinq ans, sans recevoir la moindre visite de la Croix Rouge ou colis. Tout cela est-il conforme au droit humanitaire ? J'aurais aimé lire qu'en rencontrant le Hamas vous aviez obtenu au moins une visite.

Enfin, comment pouvez-vous sérieusement écrire que "le Hamas n'a pas pu éviter d'envoyer des rockets" (par centaines) sur les civils israéliens (que vous ignorez) ? Hamas impuissant à Gaza ? Vous prônez la non-violence, mais contre Israël vous "comprenez" le terrorisme au nom du "désespoir", rhétorique commode de tous les fanatismes. Il ne semble pour vous "inacceptable" que parce qu'il est "inefficace". Avons-nous délibérément visé des civils dans des contextes autrement désespérants ? Martin Luther King, qui mit en garde contre les dérapages antisémites de l'antisonisme, n'eut pas recours au terrorisme, ni Gandhi.

M. Hessel, ne vous méprenez-pas : il n'est pas question ici de défendre le gouvernement israélien, durement critiqué dans son propre pays par des journalistes (qui, eux, ne seront pas torturés). Mais Israël comme la Palestine doivent être jugés avec la même rigueur au regard des droits de l'homme. Car ils sont les mêmes en Palestine, au Tibet ou en Israël.

Enfin, M. Hessel, le nazisme que nous avons combattu a voulu détruire les juifs. Cela ne vous gêne-t-il pas de vous trouver aux côtés de gens dont les manifestations sont ponctuées de "mort à Israël" (voire "mort aux juifs" ), d'aller saluer des responsables du Hamas qui nient la Shoah et visent dans leur charte la destruction d'Israël, refuge des rescapés ? Pas un mot d'indignation ni d'appel à la vigilance sur le fait qu'en France de nouveau on agresse des Juifs.

Je voudrais vous dire, M. Hessel que le jour où j'ai libéré avec mon unité un des camps de Dachau, moi le Juif farouchement français, et plutôt critique du sionisme, j'ai compris la légitimité pour les Juifs d'avoir un foyer national, un Etat refuge. S'il avait existé en 1933… ! C'est ce foyer juif qu'Hitler avait promis de détruire au Grand Mufti de Jérusalem, leader des Arabes de Palestine. Il le rencontra à trois reprises.

Aujourd'hui, l'Iran et le Hamas négationnistes le désavoueraient-ils ? Et précisément, le sionisme et la création de l'Etat d'Israël ne sont-ils pas nés de l'indignation des Nations (ONU) après la Shoah et de la révolte des Juifs face à leurs terribles persécutions ? La Déclaration universelle des droits de l'homme et la Déclaration d'indépendance d'Israël datent de 1948, trois ans après Auschwitz. Coïncidence (?).

Je regrette d'avoir à vous le dire, ancien camarade de combat : par vos silences, vos indulgences militantes, vous ne m'apparaissez pas fidèle à l'universalité de nos valeurs. De ce point de vue, le conflit israélo-palestinien peut nous intéresser dans la mesure où, eu égard à sa complexité historique et éthique, il met à l'épreuve notre capacité à appliquer équitablement cette universalité. J'en suis désolé, je ne trouve pas cette équité dans votre livre mais matière à m'"indigner"…

Sidney Chouraqui, avocat honoraire, engagé volontaire des Forces françaises libres

[www.lemonde.fr]
Re: A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ? par Pierre Assouline
18 mars 2011, 03:35
Stéphane Hessel à Tunis, pour donner des leçons sur la lutte des peuples ! - 16 Mars 2011

Le 12 Mars 2011, un colloque a été organisé à Tunis et l’invité d’honneur était Stéphane Hessel. Gisèle Halimi, du Tribunal Russel sur la Palestine, était également présente, à l'occasion de la tenue, à l’hôtel Sheraton de Tunis, du colloque « Passions, pouvoirs et institutions », organisé par l’Association de vigilance et d’engagement pour la révolution tunisienne et son immunité.

L’obsession contre Israël qui transpirait de cet évènement était fortement visible. L’ancien diplomate français a profité du colloque pour comparer la révolte sans précédent que connaît la Tunisie depuis la mi-décembre à la « lutte du peuple palestinien pour sa libération nationale »

C'est ainsi que le prophète de la gauche française croit que la colère qui a fait tomber le régime de Ben Ali, le 14 janvier 2010, est comparable à la colère palestinienne qui pourra chasser les dirigeants israéliens. Mr Hessel a déjà exprimé, dans son opuscule intitulé « Indignez-Vous!» cette idée, où - parmi bien d’autres sujets - il prend la défense et explique la colère des palestiniens.



Il a souhaité, ce samedi, que « la révolte tunisienne soit le début d’un mouvement de libération envahissant toute la région arabe et islamique et que ça finira par l’émancipation du peuple palestinien et l’indépendance de leurs territoires occupés, il y a plus de 60 ans, par les israéliens. » (note de JPG : il parle comme si Israël occupait un seul centimètre de terre palestinienne)

Les palestiniens ont peut être besoin de Monsieur Hessel, pour chercher leur Mohamed Bouazizi (1).

Ce militant infatigable de « la cause », et chantre autoproclamé de la bien-pensance, "profondément préoccupée" par l’émancipation du « peuple palestinien » n’a pas dit un mot sur l'abominable massacre de la famille Fogel, ce vendredi, lorsequ’une famille entière a été massacrée dans le village israélien d’Itamar en Judée-Samarie, par des assassins ignobles et lâches, qui ont assassiné des enfants et des parents sans la moindre raison.

Le caractère terroriste de cette attaque barbare à l'arme blanche, ou cinq membres de la famille Fogel ont été tués à coups de couteau (un enfant de onze ans, un autre de trois ans et un bébé figurent parmi les victimes), n’a pas suscité l’émotion de Mr Stéphane Hessel, qui vient jusqu’à Tunis pour donner des leçons sur la lutte des peuples !

C’est abominable, et bien triste, que cet homme élevé en France au rang de Grand-Officier de l'Ordre de la Légion d’Honneur, defende les assassins d’enfants.

Dans la logique de ce veillard, la situation en Palestine reste sa « principale indignation » dans le monde, et peu importe si les “Combattants de la Liberté“ assassinent des enfants dans leur sommeil.

De toutes façons, en Islam, le meurtre est interdit sauf « à bon droit » (Coran 17,33). Aussi, en projetant sur les Juifs une volonté de nuire, les fondamentalistes musulmans se placent dans une situation de légitime défense qui leur fait recouvrer ce droit de tuer.

Il n'est donc pas surprenant d’entendre les "youyous" de joie des femmes palestiniennes, ni la distribution de friandises, en signe d'allégresse, lorsque des israéliens se font massacrer par les voyous sanguinaires.

Par contre, il est étrange de voir un ancien déporté de Buchenwald se prosterner devant ces voyous, devenus ses idoles.


Ftouh Souhail

(1) Mohamed Bouazizi est un vendeur ambulant tunisien dont la tentative de suicide par immolation le 17 décembre 2010, qui conduit à son décès deux semaines plus tard, est à l'origine des émeutes qui concourent au déclenchement de la révolution tunisienne évinçant le président Zine el-Abidine Ben Ali du pouvoir.

Source :

[www.drzz.info]
Re: A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ? par Pierre Assouline
18 mars 2011, 03:44
Allo…Stéphane Hessel??!! Où êtes-vous…?! - Mardi 15 Mars 2011



Mais où a-t-il soudainement disparu l’indigné de service?

Où est-il passé ce vieux gâteux devenu la coqueluche de tout ce qui veut bouffer du Juif? Vous n’avez pas de télévision, Monsieur Hessel? En panne subite?

Vous avez quand même lu au moins un journal en ce début de semaine?!

Non? Oudi, Ruthy, Yoav, Elad et Hadass, cela ne vous dit rien?

Vous savez, ces cinq israéliens d’une même famille – dont trois enfants – qui ont été froidement assassinés dans leur sommeil par ceux que vous appelez « résistants »? Peut-être avez-vous une soudaine et malencontreuse extinction de voix qui vous empêche de vous indigner sur les plateaux de télévision qui s’arrachent votre présence si doucereuse? Ou plus de papier à lettre? Quelle malchance!

Et avez-vous vu les concerts de klaxons et la distribution de bonbons dans les rues de Gaza après l’annonce de ce massacre? Quelle ambiance festive n’est-ce pas? Quelle population affable! Toujours prête à faire la fête à la moindre bonne nouvelle comme l’assassinat d’enfants juifs! La joie et la bonne humeur! Ce n’est pas à Paris que l’on distribuerait ainsi des friandises dans les rues! Et dire que de stupides gens les prennent pour de vulgaires terroristes sans coeur!! Une chance que ces barbares d’Israéliens n’aient pas profité de ces saines réjouissances pour bombarder dans le tas comme ils le font chaque jour! Non….! C’est une boutade, Monsieur Hessel!! Je rigolais, ne vous indignez pas! Il n’y a pas eu de bombardement israélien. Juste quelques Juifs égorgés. Rassurez-vous. Tout va bien monsieur l’humaniste.

En fait, comme vous le disiez lors d’une émission religieuse en 2004, vous considérez les attentats contre des civils israéliens « comme furieusement compréhensibles ». La famille du couple poignardé et égorgé avec trois de ses enfants « apprécierait » sans doute votre commisération sélective et immorale si elle avait la malchance de connaître votre existence. Mais ces êtres que vous détestez sans les connaître sont à tel point occupés à reconstruire la nation et le pays que vous haïssez tant, qu’ils ne perdent pas de temps à écouter ce qui se dit sur eux dans cette Europe moralement décadente dont vous êtes devenu l’un des lamentables porte-parole.

Depuis votre intrusion dans le microcosme médiatique grâce à votre livre médiocre, vous ne cessez de vous déshonorer à chaque fois que vous apparaissez dans les médias, friands d’avoir enfin sous la main un vieux papy à la fois sympathique et « dans le vent »: anti-israélien à souhait. Et sous couvert d’humanisme, excusez du peu! Aujourd’hui, cela fait meilleur effet qu’un Dieudonné ou un rappeur du 93. Et si « l’ancien résistant », le « sage » – vaguement d’origine juive en plus – le dit, cela ne peut qu’être vrai. Minimiser les méfaits de l’occupation allemande pour mieux condamner celle – imaginaire – des Israéliens, devient alors du petit lait pour tous ceux qui veulent se dédouaner de leur responsabilité de la Shoah pour mieux s’attaquer à ses survivants.

Mais maintenant preuve est faite. Votre silence assourdissant après l’assassinat ignoble de cette famille, prouve que tout votre soi-disant combat pour l’Homme ne vaut pas les quelques cheveux qui vous restent sur la tête. Votre émotion et votre indignation « à deux vitesses » sentent à la fois une sourde haine de soi et un opportunisme destiné à gagner un peu de notoriété avant de tirer votre révérence.

Voyez-vous, la véritable et authentique indignation, celle qui vous aurait honoré au crépuscule de votre vie, aurait été celle de vous élever contre la culture de mort promue et propagée par les Palestiniens parmi leur jeunesse, de vous inscrire en faux contre le politiquement correct anti-israélien qui envahit le monde dit civilisé, de pourfendre ceux qui aujourd’hui s’attaquent au sionisme parce qu’il est encore trop tôt pour se dire ouvertement antisémite. Si vous cherchiez à être un Zola des temps modernes, vous avez misérablement échoué. L’auteur de « J’accuse » avait eu lui le mérite et le courage d’aller chercher la vérité au-delà de l’opinion ambiante, du politiquement correct et des raccourcis de la pensée. A la place de cela, vous vous êtes précipité dans la curée, vous avez choisi la facilité de l’opportunisme et vous avez versé dans le déshonneur le plus total.

Monsieur « Indignation », vous n’êtes tout simplement qu’un vieil homme….indigne.


Shraga Blum - Pour Israel7.com
Re: A-t-on le droit de ne pas s’indigner avec Stéphane Hessel ? par Pierre Assouline
18 mars 2011, 03:58
Stéphane Hessel: habileté contre inhibition

J'ai entendu à France-Culture (le 12/2/11), Stéphane Hessel se jouer très gentiment de ses deux interlocuteurs, A. Finkielkraut et F. Zimeray. Il a échappé à toutes leurs critiques et lorsqu'il leur en concédait une, c'était pour les ramener à lui, les inclure dans sa position, sur le mode: oui c'est vrai, il n'y a pas que Gaza, mais l'éditeur me demandait un exemple clair de lutte possible pour les droits de l'homme, bien sûr, je les défends partout où ils sont attaqués, je suis avec vous sur ce terrain, etc. De sorte que l'émission ne réfute ni les énoncés de Hessel ni son énonciation.

En fait, il avait devant lui deux personnes qui inhibaient leur indignation, sans doute pour jouer le jeu médiatique; ou par un effet de miroir: "Indignez-vous! -Non!" Il les a donc mis dans son sac, sans même répondre sur le mensonge des "trois millions de Palestiniens expulsés par Israël en 48". C'est que ses deux interlocuteurs étaient d'abord dans une critique de l'indignation. Or l'indignation existe, c'est un moment essentiel des conduites humaines. Mais il y a un temps pour tout: un temps pour s'indigner et un temps pour réfléchir. Et ce que Hessel cherche, dans sa posture juvénile, c'est de faire que l'indignation absorbe le raisonnement. Ce fut le cas.

La critique de l'indignation, forcément partielle car tout le monde sait qu'il y a souvent à s'indigner, Hessel l'écarte d'un revers de main réaliste et calme: s'il y a de quoi s'indigner, pourquoi s'en empêcher? Et il met ses interlocuteurs dans le camp des politiciens qui se demandent si c'est le moment, si c'est opportun, si cela ne va pas induire des gens en erreur, etc. Bref, il les enfonce dans leur fantasme de forger l'opinion, de la corriger, de l'orienter dans le bon sens. Et il garde pour lui la position claire et franche de s'indigner quand il y a lieu et que c'est utile.

Si Finkielkraut, qui s'indigne presque toujours sur ses thèmes favoris, avait accepté l'idée de l'indignation et sa réalité, il aurait pu opposer les quantités d'indignations qui ont eu lieu dans ce pays depuis 1945 - avec manifs, violences, changements de régime, de mode de vie; jusqu'aux récentes indignations sur les Retraites qui ont rassemblé deux millions d'hommes - juste pour dire leur colère, puisque les calculs étant faits, la réforme devait passer...Que fait donc M. Hessel et qu'a-t-il fait des ces grandes indignations qui ont lieu ici même? (Et comment lui-même s'est-il indigné depuis 1948, depuis qu'il a "rédigé" la Déclaration des Droits de l'homme?)

Alors on aurait vu que s'indigner uniquement contre Israël, c'est surfer sur la vague la plus facile: la vague de soutien aux Palestiniens, qui en Europe déferle régulièrement sans mouiller personne. Leur Cause est tellement soutenue, sans aboutir, que certains vont commencer à se demander ce qu'elle a d'"insoutenable". Peut-être qu'elle contient en elle-même des choses non-dites et peu soutenables dans le réel? Peut-être aussi l'a-t-on greffée sur une culpabilité européenne qui, elle aussi, doit rester tue? Des esprits plus curieux vont peut-être "s'interroger": si cette Cause n'avance pas malgré tous ces soutiens, peut-être y a-t-il en elle quelque chose de cassé? La cassure entre Gaza et Cisjordanie n'étant qu'un symptôme externe? Quelque chose qui ne tient pas (et pas seulement au fait qu'il n'y a jamais eu d'Etat palestinien dans l'Histoire) et qui écume l'indignation où qu'elle se trouve dans le monde pour la pointer sur l'Etat juif, qu'on suppose expert en posture victimaire. Jusqu'au moment, peut-être où cette démarche apparaîtra dans sa vaine complaisance?

Bref, Hessel ne dénonce qu'Israël parce que c'est le plus facile mais aussi le plus vain; c'est sans doute aussi pour cela que c'est son exemple favori.

Là-dessus, il n'y a pas eu débat, là-dessus car tous les trois étaient d'accord qu'il faut dénoncer-Israël-mais-pas-seulement.

Quant à Israël, j'ai dit ailleurs, à la suite d'un voyage là-bas que les dirigeants israéliens, de droite ou de gauche, semblent vouloir la paix pour des raisons qui sont les leurs: pour pouvoir construire un Etat d'"excellence", un Etat fort et prospère, où le business, l'innovation, la techno, la formation, l'immobilier, le tourisme, l'éventail de toutes les consommations, se libèrent, se déchaînent et produisent une extase narcissique, un immense contentement de soi et de sa supériorité. De sa "distinction" historique, peut-être? Mais si le peuple juif s'est distingué, ou s'est trouvé distingué au fil des siècles par sa façon de distinguer l'être-parlant, au fil des lettres dont il a hérité, ne serait-ce pas pour des visions plus lointaines?


Daniel Sibony
, psychanalyste, écrivain
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