Le pire président de l’histoire des Etats-Unis est à la Maison Blanche (info # 012005/9) [Analyse]
Par Guy Millière © Metula News Agency
Il est très difficile d’être premier ministre d’Israël. Particulièrement après les années où Ehoud Olmert a occupé ce poste et mené une politique erratique qui a laissé des traces. C’est tout spécialement difficile maintenant que Barack Obama est à la Maison Blanche.
J’avais, suivant en cela l’avis de plusieurs commentateurs américains, considéré jusque là que Jimmy Carter avait été le pire président de l’histoire des Etats-Unis. C’était exact jusqu’à une date récente : Obama a, en quatre mois, montré qu’on pouvait faire pire encore que Jimmy Carter.
En ce court laps, Obama a permis au régime des mollahs de réaliser qu’il lui était possible de poursuivre son avancée vers l’arme nucléaire sans le moindre risque ; poussé le gouvernement pakistanais à abandonner une région du pays aux talibans, avant de lui demander de faire machine arrière ; distendu les liens de partenariat avec l’Inde, noués sous George Bush ; montré au Japon que les Etats-Unis n’étaient pas prêts à le défendre face à la menace nord-coréenne ; fait savoir aux dirigeants de Pékin que l’administration américaine ne prêtait plus aucune attention à la situation des droits de l’homme en Chine, et déclaré, à plusieurs reprises, que les Américains avaient, humblement, beaucoup à apprendre de l’islam et du monde musulman.
Je pourrais ajouter à la liste la promotion, en partenariat avec Hugo Chavez, d’un livre marxiste inepte d’Eduardo Galeano sur l’Amérique latine, un ensemble de décisions économiques engageant les Etats-Unis sur la voie d’un socialisme à l’européenne, ou l’invitation, comme oratrice au dîner annuel de la presse, d’une comédienne gauchiste, militante de la cause lesbienne, Wanda Sykes.
Cette dernière a beaucoup fait rire Barack et Michelle en souhaitant, en direct, la mort du commentateur conservateur Rush Limbaugh.
Mais je ne veux pas faire un catalogue exhaustif des facéties dangereuses du nouveau président. En ce qui concerne Israël, Obama procède à des glissements progressifs vers la trahison, et, si des présidents ont, auparavant, eu des attitudes assez nettement anti-israéliennes, Obama est le premier président des Etats-Unis essentiellement et fondamentalement hostile à Israël.
Si l’on prend les propos tenus lors de la brève conférence de presse qui a suivi sa rencontre avec Benyamin Netanyahu, on peut noter, outre le ton général paternaliste utilisé par Obama, et au-delà de l’hypocrisie évidente de ce dernier, plusieurs messages nets, constitutifs d’une « doctrine Obama » en gestation.
Parmi ceux-ci, le refus de fixer des dates limites aux pourparlers avec la République Islamique d’Iran, le refus de dire que l’option militaire reste sur la table (les seules menaces évoquées par Obama sont des sanctions supplémentaires, ce qui a dû faire beaucoup rire Ahmedinejad).
La condamnation des mesures de surveillance étroite et de sanctions mises en œuvre par Israël (accusé de ne laisser « aucun espoir aux Gazaouis ») ; les pressions pour que Netanyahu saisisse l’ « opportunité historique » présente et fasse des « gestes sérieux », non pas vers l’avancée du processus de paix, mais vers « la paix » tout court, donc vers la création rapide d’un Etat palestinien.
Dès lors qu’Obama a fait savoir, de manière redondante, qu’il était favorable au plan de paix arabe proposé par l’Arabie Saoudite, il n’est pas du tout difficile de savoir ce que la « paix » en question signifierait.
Abba Eban avait parlé autrefois des frontières de 1967 comme des « frontières d’Auschwitz » : Obama est favorable aux frontières d’Auschwitz. Les Etats-Unis, par ailleurs, viennent de réintégrer le Conseil des Droits de l’Homme des Nations Unies : oui, celui qui vient d’organiser la si remarquable conférence de Durban II à Genève.
Ils entendent participer, dans le cadre de l’Onu, comme l’a confirmé récemment Susan Rice, dans la lignée de Rose Goettenmoeller, à un désarmement nucléaire et à une mise en œuvre stricte de la non prolifération, dans le cadre de laquelle Israël se verrait demander des comptes, ce qui rompt avec quarante années d’accords entre Israël et les Etats-Unis sur ce point.
Très significativement, lors de son voyage vers l’Europe et l’Egypte, où il va lire, au Caire, sur son téléprompteur, début juin, un discours que je n’ose imaginer à l’avance, Obama ne passera pas par Israël.
Lors de sa récente visite à Washington, Shimon Peres n’a, contrairement aux usages en vigueur et au minimum protocolaire, pas été invité à donner une conférence de presse en compagnie de son hôte, ce qui n’a pas été du tout une marque d’amitié : lui demandera-t-on passer par la porte de service la prochaine fois ?
Lors des entretiens que Peres a eu avec Obama, Hillary Clinton a, semble-t-il, été invitée à ne pas venir (parce qu’elle serait trop « pro-israélienne », dit-on à Washington : c’est dire ce que sont les positions des autres). Les discours tenus à Peres sur les implantations israéliennes ont été si durs et si blessants, qu’il s’est, lui, le modéré d’entre les modérés, légitimement mis en colère.
Ce qui rassure un peu est que le projet de deux Etats ne peut, au delà des formules verbales, avancer. En dehors des hurluberlus qui ont participé aux « accords de Genève » il y a quelques années, nul ne peut voir sérieusement comment Jérusalem pourrait être divisée : un immeuble pour le Hamas, celui d’à côté pour Israël, bien sûr…
Je doute très fortement que la Jordanie, quoi que dise le roi Abdallah, ait l’ardent désir de voir se constituer un Etat contrôlé par le Hamas en Judée-Samarie. Et je pense que ni l’Egypte, ni l’Arabie Saoudite ne veulent voir la République Islamique d’Iran accroître son influence et son emprise dans leur jardin.
Dois-je l’ajouter : seuls les antisémites européens et les membres de l’administration Obama font semblant de croire que la Judée-Samarie, laissée aux mains de l’Autorité Palestinienne, ne serait pas très vite contrôlée par le Hamas.
Ce ne sont que des paroles, donc.
Néanmoins, l’administration Obama contribue à la délégitimation et à la diabolisation internationale d’Israël, qui gagne du terrain sur la planète, et cela est, en soi, un crime moral impardonnable. L’administration Obama permet à toutes les dictatures, et plus particulièrement à l’Iran, de se renforcer, ce qui est un crime concret tout aussi impardonnable.
Ceux qui voudront prendre au mot les propos hypocrites, pourront retenir les mots d’ « amitié » prononcés par Obama. Dans la mafia, comme dans la diplomatie, on peut embrasser sa future victime juste avant de la poignarder : c’est ce que fait Obama.
Netanyahu a répondu en prenant au mot les propos hypocrites qui lui étaient tenus, faisant comme s’il n’avait pas entendu le reste.
Sa position, je l’ai dit, est très difficile. Obama reste populaire et jouit du soutien de la majorité de la communauté juive américaine. En Israël, une bonne partie de la population rêve d’une solution reposant sur deux Etats pour deux peuples. Tôt ou tard, quelqu’un devra oser parler comme Menahem Begin en son temps, et dire que le peuple juif ne se laissera pas écraser une seconde fois, et qu’Israël n’est pas un Etat servile, soumis au bon vouloir pervers des antisémites et des antisionistes : il se trouvera des millions de gens en Amérique pour entendre ce discours.
Une vieille phrase de Benjamin Disraeli dit que l’ignorance et l’aveuglement ne sont jamais le bon moyen de résoudre un problème, et c’est exactement ce que je pense. L’aveuglement volontaire de millions de gens, qui se croient amis d’Israël ou qui se font encore des illusions sur Obama, ne contribuera pas à une avancée vers la résolution du problème, sauf si on veut penser que la résolution du problème serait une victoire accordée à l’islamisme et une nouvelle solution finale.
Rien ne doit être cédé à l’ignorance, et beaucoup trop lui a été accordé depuis les accords d’Oslo : la plupart des commentateurs ne savent rien de l’histoire de la région et de la généalogie de la renaissance d’Israël. Quasiment tous les commentateurs en viennent à croire qu’il existe un peuple palestinien qui a été spolié de ses terres.
Benyamin Netanyahu, dit la presse, a fait un cadeau à Obama : Pleasure Excursion to the Holy Land, un extrait du livre de Mark Twain, The Innocents Abroad. C’est une excellente idée. Si Obama lit le récit de voyage de Twain, il verra que la Terre d’Israël, au dix-neuvième siècle, était peuplée de Juifs et de quelques Arabes, dont aucun ne se disait Palestinien.
Il verra que le territoire était, très largement, un désert. S’il lit quelques autres ouvrages que, j’en suis sûr, le premier ministre israélien sera prêt à lui recommander, il découvrira que c’est quand le foyer national juif s’est reconstitué que des Arabes sont arrivés en nombre. Il verra que les Juifs ont mis les terres en culture et que, très vite, les Arabes ont été imprégnés de dogmes haineux et racistes.
Il pourra être conduit à se demander pourquoi tous les racismes sont condamnés sur la planète, sauf la haine anti-juive, qui imprègne assez largement le monde arabe, et les Palestiniens en particulier.
Mais attendre d’Obama qu’il se pose des questions est attendre bien trop de sa part. Il n’a pas besoin des questions : il possède les réponses. Il les a depuis qu’il a fréquenté Jeremiah Wright et Rachid Khalidi. Il les avait même avant, au temps où il se rendait au Pakistan pour des voyages d’études, au temps où il était musulman, il y a un peu plus de vingt ans et où, comme s’en souviennent ceux qui l’ont connu lorsqu’il était étudiant à l’Occidental College à Los Angeles, il priait vers La Mecque cinq fois par jour.