L'arrivée de l'étrangère !!.
Quelques années après mes dix ans mon père nous ramena cette étrangère récemment arrivée à Tunis.
Depuis le début, mon père fut subjugué par cette étrangère, si bien que nous en arrivâmes à l'inviter à demeurer chez nous.
L'étrangère accepta et depuis lors elle fit partie de la famille.
Moi je grandissais, je n'ai jamais demandé d'où elle venait, tout me paraissait évident.
Mes parents à cette époque, parlaient l'espagnol et le français à la maison, ma maman m'apprit ce qu'était le bien et ce qu'était le mal et mon père m'apprit l'obéissance.
Mais l'étrangère, c'était une conteuse, une enjôleuse, elle ne parlait que le francais, elle parlait politique,éducation, culture, elle savait l'histoire et la géographie comme un Larousse.
Elle nous maintenait, pendant des heures, fascinés par ses histoires mystérieuses ou rigolotes. Papa rentrait du travail un peu plus tôt que d'habitude, Maman râlait, car papa ne lui racontait plus comme avant ce qu'il avait fait dans la journée, et papa ne nous faisait plus sortir le dimanche, même pour aller à la plage, tous mes voisins venaient pour l'écouter parler pendant des heures. Même fatima se joignait à nous. Fatima avait l'habitude de nous faire un petit voyage dans le temps, et nous racontait les mêmes histoires pendant des années, l’histoire de la dame blanche, qu'ils appelaient dans le bled, Aicha Kandisha, ou de Jha qui faisait tout tordu, ou la Mouka (hibou), cet oiseau moche qui sortait la nuit, qui nous faisait peur par son cri nocturne inquiétant, ses grands yeux scrutateurs, symbole d'obscurité. Tandis que "L'étrangère" avait des histoires chaque jour toutes neuves. Fatima ne comprenait pas le français de "L'étrangère" et moi je lui taduisait en français facile, et elle n'arrêtait pas de dire ada lajaieb.
"L'étrangère" avait la réponse à tout ce qui concernait politique, histoire ou sciences.
Elle connaissait tout du passé, du présent, elle aurait presque pu parler du futur !
Elle fit même assister ma famille à une partie de football pour la première fois, après leur depart de leur banlieuee natale.
Elle me faisait rire et elle me faisait pleurer.
L'étrangère n'arrêtait jamais de parler; ça ne dérangeait pas ma Maman.
Parfois maman se levait, sans prévenir, pendant que nous continuions à boire ses paroles.
Je pense qu'en réalité, elle était à la cuisine pour avoir un peu de tranquillité
(Maintenant je me demande si elle n'espérait pas avec impatience qu'elle ne puisse plus parler).
Mon père avait ses convictions morales, mais l'étrangère ne semblait pas en être concernée.
Les blasphèmes, les mauvaises paroles, par exemple, personne chez nous, ni voisins, ni amis, ne s'en seraient permis.
Ce n'était pas le cas de l'étrangère qui se permettait tout, offusquant mon père et faisant rougir ma maman.
Mon père nous avait totalement interdit l'alcool. Elle, l'étrangère, nous incitait à en boire souvent.
Elle nous affirmait que les cigarettes étaient fraîches et inoffensives, et que pipes et cigares faisaient distingué.
Elle parlait librement (peut-être trop).
Nous la critiquions, elle ne faisait aucun cas de la valeur de mes parents, et malgré cela, elle était toujours là !
Des dizaines d’années sont passées depuis notre départ du foyer paternel.
Et depuis lors, beaucoup de choses ont changé : nous n'avons plus cette fascination.
Il n'empêche que, si vous pouviez, pénétrer chez mes parents, à cette époque, vous la retrouveriez quand même dans un coin, attendant que quelqu'un vienne écouter ses parlotes ou lui consacrer son temps libre…
Voulez-vous connaitre son nom ?
Nous, nous l'appelions… Télévision !
Il faudrait que cette belle histoire soit lue par tout le monde.
Attention :
Maintenant, elle a un époux qui s'appelle Ordinateur…
un fils qui s'appelle Portable…
une fille qui s'appelle Tablette...
… et un neveu pire que tous : Lui c'est Smartphone.
Et ils se lient tous ensemble pour nous éloigner les uns des autres !!! Alors qu'elle, même en noir et blanc reunissait toute la famille devant elle, dans un silence total.
Quelques années après mes dix ans mon père nous ramena cette étrangère récemment arrivée à Tunis.
Depuis le début, mon père fut subjugué par cette étrangère, si bien que nous en arrivâmes à l'inviter à demeurer chez nous.
L'étrangère accepta et depuis lors elle fit partie de la famille.
Moi je grandissais, je n'ai jamais demandé d'où elle venait, tout me paraissait évident.
Mes parents à cette époque, parlaient l'espagnol et le français à la maison, ma maman m'apprit ce qu'était le bien et ce qu'était le mal et mon père m'apprit l'obéissance.
Mais l'étrangère, c'était une conteuse, une enjôleuse, elle ne parlait que le francais, elle parlait politique,éducation, culture, elle savait l'histoire et la géographie comme un Larousse.
Elle nous maintenait, pendant des heures, fascinés par ses histoires mystérieuses ou rigolotes. Papa rentrait du travail un peu plus tôt que d'habitude, Maman râlait, car papa ne lui racontait plus comme avant ce qu'il avait fait dans la journée, et papa ne nous faisait plus sortir le dimanche, même pour aller à la plage, tous mes voisins venaient pour l'écouter parler pendant des heures. Même fatima se joignait à nous. Fatima avait l'habitude de nous faire un petit voyage dans le temps, et nous racontait les mêmes histoires pendant des années, l’histoire de la dame blanche, qu'ils appelaient dans le bled, Aicha Kandisha, ou de Jha qui faisait tout tordu, ou la Mouka (hibou), cet oiseau moche qui sortait la nuit, qui nous faisait peur par son cri nocturne inquiétant, ses grands yeux scrutateurs, symbole d'obscurité. Tandis que "L'étrangère" avait des histoires chaque jour toutes neuves. Fatima ne comprenait pas le français de "L'étrangère" et moi je lui taduisait en français facile, et elle n'arrêtait pas de dire ada lajaieb.
"L'étrangère" avait la réponse à tout ce qui concernait politique, histoire ou sciences.
Elle connaissait tout du passé, du présent, elle aurait presque pu parler du futur !
Elle fit même assister ma famille à une partie de football pour la première fois, après leur depart de leur banlieuee natale.
Elle me faisait rire et elle me faisait pleurer.
L'étrangère n'arrêtait jamais de parler; ça ne dérangeait pas ma Maman.
Parfois maman se levait, sans prévenir, pendant que nous continuions à boire ses paroles.
Je pense qu'en réalité, elle était à la cuisine pour avoir un peu de tranquillité
(Maintenant je me demande si elle n'espérait pas avec impatience qu'elle ne puisse plus parler).
Mon père avait ses convictions morales, mais l'étrangère ne semblait pas en être concernée.
Les blasphèmes, les mauvaises paroles, par exemple, personne chez nous, ni voisins, ni amis, ne s'en seraient permis.
Ce n'était pas le cas de l'étrangère qui se permettait tout, offusquant mon père et faisant rougir ma maman.
Mon père nous avait totalement interdit l'alcool. Elle, l'étrangère, nous incitait à en boire souvent.
Elle nous affirmait que les cigarettes étaient fraîches et inoffensives, et que pipes et cigares faisaient distingué.
Elle parlait librement (peut-être trop).
Nous la critiquions, elle ne faisait aucun cas de la valeur de mes parents, et malgré cela, elle était toujours là !
Des dizaines d’années sont passées depuis notre départ du foyer paternel.
Et depuis lors, beaucoup de choses ont changé : nous n'avons plus cette fascination.
Il n'empêche que, si vous pouviez, pénétrer chez mes parents, à cette époque, vous la retrouveriez quand même dans un coin, attendant que quelqu'un vienne écouter ses parlotes ou lui consacrer son temps libre…
Voulez-vous connaitre son nom ?
Nous, nous l'appelions… Télévision !
Il faudrait que cette belle histoire soit lue par tout le monde.
Attention :
Maintenant, elle a un époux qui s'appelle Ordinateur…
un fils qui s'appelle Portable…
une fille qui s'appelle Tablette...
… et un neveu pire que tous : Lui c'est Smartphone.
Et ils se lient tous ensemble pour nous éloigner les uns des autres !!! Alors qu'elle, même en noir et blanc reunissait toute la famille devant elle, dans un silence total.
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