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Salon du livre de Paris

Envoyé par Camus 
Re: Salon du livre de Paris
04 mars 2008, 11:50
Israël invité d'honneur du Salon du livre de Paris, les appels au boycott se multiplient

LEMONDE.FR | 04.03.08

L'initiative du prochain Salon du livre de Paris de mettre à l'honneur Israël, pour les soixante ans de la création de l'Etat hébreu, a provoqué une vive polémique dans le monde arabe. Et à une dizaine de jours de l'ouverture de la manifestation, le 14 mars, les appels de pays et organisations arabes au boycott continuent à se multiplier.

Le Liban, pierre angulaire de la francophonie dans le monde arabe, a ainsi refusé de s'y rendre. Idem pour l'Egypte, où le président de l'Union des écrivains, Mohamed Salmawy, a dénoncé un "choix inacceptable alors qu'Israël se livre comme jamais aux violations des droits de l'homme". "Il n'est pas digne de la France, le pays de la Révolution et des droits de l'homme, d'accueillir dans son Salon du livre un pays d'occupation raciste", a déclaré de son côté le président de l'Union des écrivains palestiniens, Al-Moutawakel. Des éditeurs marocains et algériens indépendants se sont également désistés, ainsi que l'Iran et l'Arabie saoudite.

Face aux critiques, le ministère des affaires étrangères français a justifié l'invitation faite à Israël et jugé tout boycott "extrêmement regrettable". Pour le Syndicat national de l'édition (SNE), organisateur du Salon, c'est "la littérature israélienne" qui est invitée et non l'Etat d'Israël en tant que tel. Christine de Mazières, déléguée générale du SNE, rappelle que ce sont trente-neuf écrivains israéliens, dont le Prix Nobel de littérature Amos Oz et David Grossman, qui sont attendus au Salon. Pour elle, il était naturel de braquer le projecteur sur les écrivains de la langue hébraïque, même si ce choix excluait la production littéraire israélienne en langue arabe.

Par contre, selon Mme de Mazières, le SNE n'imaginait "absolument pas que cette invitation soit prise en otage dans une polémique qui dépasse totalement [les organisateurs]".

En Italie, où la même polémique a eu lieu avec la Foire du livre de Turin, dont Israël est également l'invité d'honneur en mai, l'idée de boycotter cette manifestation a provoqué des réactions indignées de tous les bords politiques, au nom de la liberté d'écrire et de débattre. De même pour le Salon de Paris. Si l'islamologue Tariq Ramadan a refusé de s'y rendre, dénonçant une "provocation", l'écrivain égyptien Alaa Al-Aswani, auteur du best-seller L'Immeuble Yacoubian, ou l'Américaine d'origine palestinienne Susan Abulhawa, qui ont violemment dénoncé le choix des organisateurs, ont affirmé qu'ils se rendraient malgré tout au Salon.

Raphaëlle Besse Desmoulières

[www.lemonde.fr]
Re: Salon du livre de Paris
10 mars 2008, 23:17
LE MEILLEUR DES MONDES
n°6 - printemps 2008
SPECIAL ISRAEL

Israël fête ses soixante ans. Malgré ses réussites – le retour d’un peuple sur sa terre après 2 000 ans d’éclipse, la renaissance de sa langue, la croissance économique, l’intégration de millions de réfugiés, son cinéma, sa littérature – ce pays reste le seul au monde dont l’existence est contestée. Que ce soit par la force ou plus insidieusement par la dissolution de la nation israélienne dans un ensemble plus vaste, beaucoup envisagent sa disparition. Lucidement critique sur la réalité d’Israël, Le Meilleur des mondes reste passionnément attaché à sa légitimité
On ne parle jamais d'Israël, mais d'un État, d'une armée, de colons fanatiques et d'une poignée de pacifistes censés sauver l'honneur de ce pays. Derrière les clichés, il existe pourtant une société. Elle est méconnue en France. Nous avons choisi de la décrire. Avec ses atouts et ses faiblesses. Sa cohésion et ses conflits internes, peut-être plus importants que celui avec les Palestiniens : les tensions entre religieux et laïcs, la question sociale, les interrogations sur l'identité nationale. Pour appréhender la complexité de cette société, la revue Le Meilleur des mondes a ouvert ses colonnes à des personnalités françaises et israéliennes : historiens, philosophes, économistes, tous réputés pour leur compétence.

AU SALON DU LIVRE DE PARIS

"Israël et les Arabes, une nouvelle géopolitique?"
15 mars de 11h à 12h30 salle Samuel Joseph Agnon
Débat animé par Eve Szeftel. Avec Michel Abitbol, Jacques Bendelac, Frédéric Encel et Michel Taubmann. Organisé par les Editions Autrement et la revue Le Meilleur des Mondes.

"La société israélienne face au multiculturalisme"
18 mars de 17h30 à 19h salle Samuel Joseph Agnon
Débat animé par Eve Szeftel. Avec Denis Charbit, Alain Tieckoff, Frédéric Encel, Laurence Louër. Organisé par la revue Le Meilleur des Mondes, le CERI/Sciences-Po et l'Ambassade d'Israël en France.

[www.denoel.fr]
SALON DU LIVRE - EDITIONS DENOEL - stand M74
Presse: Myriam Dennehy - myriamdenn@yahoo.fr
Re: Salon du livre de Paris
11 mars 2008, 12:41
Point de vue
Israël au Salon du livre, le non-sens d'un boycottage, par David Chemla


LE MONDE | 10.03.08

Dans ces colonnes (Le Monde du 28 février), Tariq Ramadan prétend ne pas nier l'existence de l'Etat d'Israël et ne pas appeler à sa destruction. Certes, ce n'est pas la présence d'un stand israélien au Salon du Bourget, où chaque année se pressent acheteurs d'armes de tous pays, y compris arabes, qu'il condamne, mais la présence de l'Etat hébreu, en tant qu'invité d'honneur cette année, celle de ses soixante ans d'existence, au Salon du livre de Paris. Il est vrai que le livre est une arme bien plus redoutable pour garantir la sécurité d'un pays que ses avions et ses tanks.

Effectivement, M. Ramadan n'écrit nulle part qu'il condamne l'existence d'Israël. Il se contente de "rappeler les soixante années de colonisation" qui accompagnent son histoire. Si c'est, selon lui, depuis soixante ans et non pas quarante qu'Israël occupe un territoire et colonise un peuple, n'est-ce pas là une remise en question fondamentale de son droit à l'existence ? Sur quel territoire lui reconnaît-il aujourd'hui le droit à exister ?

LES MEILLEURS AVOCATS

En joignant sa voix à la voix de ceux qui, à Turin, appellent au boycottage d'Israël, ou qui, à Paris, en critiquent la présence au Salon, c'est bien à la culture de ce pays que s'attaque M. Ramadan, contrairement à ce qu'il prétend. Que véhicule en effet un livre, sinon une langue et une identité ?

Une langue, d'abord, celle dans laquelle doivent écrire, conformément aux critères de sélection retenus par le Centre national du livre, les écrivains invités à représenter Israël. Contrairement d'ailleurs à ce que prétendent M. Ramadan et ceux qu'il soutient, n'en sont pas exclus des écrivains arabes israéliens, comme l'atteste la présence de Sayed Kashua et de Naim Araidi au sein de cette délégation. Une identité multiple, enfin, à l'image de ce pays, et qui ne se définit en aucun cas comme la négation de l'autre, celle du Palestinien, ce dont témoignent la majorité des écrits des auteurs invités.

Et là se situe sans doute le paradoxe étonnant de la position défendue par M. Ramadan : la plupart de ces écrivains se trouvent être les meilleurs avocats de la cause palestinienne au sein de la société israélienne. Beaucoup d'entre eux sont les porte-parole de ceux qui, depuis des années, se battent pour la fin de l'occupation et la création d'un Etat palestinien à côté d'Israël, certains appelant à négocier avec le Hamas pour mettre fin à la tragédie qui ensanglante actuellement les rues de Gaza et de Sdérot.

Mais, comme me l'ont souvent dit mes amis palestiniens, il arrive fréquemment que certains défenseurs de la cause palestinienne à l'étranger soient plus maximalistes que ne le sont les Palestiniens eux-mêmes. M. Ramadan ne nie donc pas à Israël le droit à l'existence, il se limite à lui contester le droit à un territoire, le droit à une langue et à une identité !

David Chemla est président de l'association La paix maintenant.


Article paru dans l'édition du 11.03.08


[www.lemonde.fr]
Re: Salon du livre de Paris
11 mars 2008, 15:23
Sur le site AKADEM

[www.akadem.org]

Le livre est à l’honneur.

Pendant une semaine, la francophonie va avoir les yeux fixés sur le Salon du Livre. La littérature israélienne dans toute son étonnante complexité va être présentée au monde.

Soulignera-t-on jamais assez le phénomène de cette langue millénaire, quasi morte et pourtant ressuscitée, de ce microscopique Etat qui abrite tant de talents littéraires, de cette hétérogénéité linguistique et culturelle qui s’harmonise pourtant dans une identité nationale si forte, de cette diaspora si unie autour de sa métropole, de cet ilot de liberté intellectuelle dans un univers d’intransigeance…

Akadem, en partenariat avec l’Ambassade d’Israël et le Centre national du livre, est heureux de s’associer à cet événement et de vous proposer en exclusivité sur le net, le diaporama officiel des 39 écrivains israéliens invités. Retrouvez également, retransmises en vidéo, toutes les conférences qui se tiendront sur le pavillon d’honneur de l’Ambassade d’Israël et sur le stand du Centre national du livre.

Visitez dès à présent le site officiel des conférences.

[www.salondulivreparis.com]

L'équipe d'Akadem,


Diaporama en musique des 39 écrivains israéliens invités, avec pour chacun d'eux une biographie et la liste des livres traduits en français (possibilité de téléchargement).

[www.akadem.org]
Re: Salon du livre de Paris
12 mars 2008, 08:33
Les écrivains israéliens à Paris, une chance, par Olivier Rolin et Olivier Rubinstein


LE MONDE | 11.03.08

L'invitation d'Israël au Salon du livre de Paris suscite une vague de commentaires habituels dès lors qu'il s'agit de ce pays. L'appel au boycottage de cette manifestation culturelle par la plupart des pays arabes est certes regrettable mais tout à fait attendu, Israël y est rompu depuis belle lurette, quel que soit le contexte politique du moment. Le boycottage, au-delà des faux-semblants, est un appel à la négation pure et simple d'une identité, d'un Etat dont l'existence ne cesse d'être remise en question.

Ce qui surprend en revanche, c'est le silence assourdissant de l'ensemble de la communauté des écrivains et éditeurs français qui participe de fait au Salon du livre. Pas un mot, pas une ligne pour souligner que cette manifestation offre justement la possibilité de se parler par-delà les pesanteurs diplomatiques habituelles. Pas un mot, pas une ligne pour dire la formidable opportunité que nous donne cette manifestation pour découvrir, échanger, polémiquer, voire comprendre ! Pas un mot, pas une ligne pour rappeler que ce ne sont pas des représentants officiels d'un Etat qui sont invités, mais des écrivains !

Nous regrettons profondément aussi l'attitude (devrions-nous dire la posture ?) de la plupart des écrivains arabes appelant au boycottage d'un pays coupable, selon eux, de "crimes contre l'humanité". La belle affaire ! Outre que ces écrivains ont l'indignation sélective, nous aurions aimé entendre, par exemple, l'écrivain égyptien Alaa El Aswany nous donner son sentiment sur les centaines de milliers de Darfouris assassinés sur le territoire d'un pays voisin du sien, le Soudan, dont nombre de survivants, comble de l'ironie, se réfugient en Israël après avoir été traités comme du bétail humain par l'Egypte !

Le monde arabe est malheureusement criblé d'exemples de ce genre. Les intellectuels arabes qui ont le courage de les dénoncer sont menacés physiquement dans leurs propres pays. Qui en parle ?

LE SALON N'EST PAS L'ONU

On a tout à fait le droit de critiquer la politique du gouvernement israélien, nombre d'auteurs de ce pays n'ont pas attendu les contempteurs habituels, c'est même un sport national et c'est plutôt la preuve d'une vigueur démocratique assez rare dans la région. Regardez, lisez les romans, les témoignages, les livres d'historiens publiés sur les différentes guerres qu'a connues Israël aussi bien que sur la société civile et ses injustices, vous y trouverez les critiques, les interrogations, les oeuvres les plus aiguës, les plus talentueuses. On aimerait en lire d'équivalentes provenant de l'autre camp. Faut-il ici rappeler que les vingt-deux pays arabes réunis traduisent moins de titres étrangers que la Grèce ?

Ce Salon du livre n'est pas l'ONU ou un TPI, c'est, ce devrait être, le lieu de tous les possibles. Mais l'écrivain qui se fait porte-voix de son gouvernement, quel qu'il soit, est un idéologue, non un créateur ; l'écrivain égyptien, par exemple, qui entend profiter de cette manifestation pour "distribuer des photos d'enfants palestiniens victimes de la politique israélienne" instrumentalise grossièrement le malheur au lieu d'essayer de le penser, ce qu'on serait en droit d'attendre de lui.

Aussi nous saluons nos confrères arabes qui bravent courageusement les menaces et interdiction qui leur sont faites de participer au Salon du livre par leurs gouvernements respectifs, qu'ils soient ici les bienvenus. Et nous serons ravis, demain, nous l'espérons, de participer à un Salon du livre où l'Etat palestinien, libre et démocratique, sera l'invité d'honneur de la France, où toutes les sensibilités littéraires et intellectuelles de ce pays en devenir seront représentées et pourront s'exprimer en toute liberté.

Olivier Rolin est écrivain.
Olivier Rubinstein est éditeur (Denoël).


[www.lemonde.fr]
Re: Salon du livre de Paris
12 mars 2008, 08:54
Le site officiel du Salon du Livre de Paris

[www.salondulivreparis.com]

ISRAËL AU SALON DU LIVRE

Un évènement exceptionnel, la venue en France de 39 écrivains d’Israël de langue hébraïque, invités par le Centre national du livre, le Ministère français des Affaires étrangères et les pouvoirs publics israéliens. Une occasion unique de découvrir et de rencontrer une nouvelle génération de romanciers et romancières, de poètes et d’auteur(e)s de bande dessinée.

Rendez-vous sur le Pavillon d’honneur aux couleurs d’Israël pour des débats, tables rondes, lectures, animations pour la jeunesse, performances musicales et théâtrales, projections de films : autant de représentations et d’illustrations d’une société moderne à découvrir et comprendre en dehors de tous clichés. À noter également une immense librairie spécialisée, tenue par Gibert Joseph, qui présentera un éventail très large des livres en français et en hébreu.


Salon du livre sur le site de l'ambassade d'Israël en France

[paris1.mfa.gov.il]

Toutes les rencontres israéliennes

[paris1.mfa.gov.il]


Infos Pratiques

COMMENT VENIR ?

Paris, Porte de Versailles, Hall 1
Métro : Ligne 12 / Porte de Versailles - Ligne 8 / Balard
Tramway : Ligne 3 / Porte de Versailles
Autobus : Lignes 39, 80, Petite Ceinture (PC)
Taxis : Borne 1 Boulevard Lefebvre 75015, Paris - Tél : 01 48 28 00 00
Velib' : Station n° 15049 - Porte de Versailles
Parking : Boulevard Victor – Avenue de la Plaine – Rue d’Oradour

HORAIRES D'OUVERTURE

Vendredi 14 mars : 9h30-19h00
Samedi 15 mars : 9h30-20h00
Dimanche 16 mars : 9h30-20h00
Lundi 17 mars : 9h30-18h30 (Journée professionnelle)
Mardi 18 mars : 9h30-22h00 (Nocturne)
Mercredi 19 mars : 9h30-17h00
Boycott du Salon du livre de Paris
13 mars 2008, 05:57
Auteur: albert (IP enregistrée)
Date: 13 March 2008, 13:26


Le Figaro de ce matin publie deux opinions libres consacrées au Salon du Livre...En voici un...

De mon correspondant spécial sur place.

On boycotte quoi, à Paris ?



Par Boualem Sansal, écrivain. Auteur de «Village de l'Allemand» (Gallimard).


Le mot «boycott» me donne de l'urticaire. Je me gratte furieusement ici, là et encore là entre les deux sans savoir si c'est ma dignité, mon intelligence, mon esprit, mon foie, mon nez, ou mon petit business, qui s'irrite de l'entendre.

On boycotte quoi ? me dis-je. Quand on me l'explique, avec les mots du boycott, je comprends encore moins. Et quand, à ceux-là qui brandissent l'étendard du boycott, je réponds qu'il y a mieux à faire, ils me regardent comme on toise un traître, un défaitiste, un pauvre c… Et lorsque j'ajoute qu'il faut plutôt y aller et rentrer dans le chou des boycottés, ils me toisent comme on regarde un débile, un ignorant, un pauvre c…

Bref, je n'ai pas l'esprit du boycott. Je préfère la bagarre. Pourtant, que ne l'ai-je entendu ce mot, et vu pratiquer la chose avec zèle !

Notre gouvernement algérien, qui est le roi du boycott, nous a bien éduqués : nous avons boycotté des cours, des profs, des entreprises, des produits, des films, des institutions, des pays, et même des pays frères comme le Maroc, la Tunisie, et chaque fois que l'un d'entre nous a cru devoir suggérer qu'il y aurait éventuellement mieux à faire, la machine totalitaire est passée d'un bond au stade suivant : l'effacement du malappris. Donc, nous avons beaucoup boycotté, et surtout quand ça faisait mal à nos intérêts nationaux et personnels.

Aujourd'hui, c'est le Salon du livre de Paris. Le motif : Israël. C'est cela qu'il faut voir. C'est nouveau, l'Algérie n'a jamais boycotté ce pays, elle ne le reconnaît pas, n'a pas de relation avec lui. Or, on ne boycotte que ce qui était pratiqué déjà : il faut avoir commencé pour cesser.

Deuxième question : pourquoi le boycotter seulement au Salon du livre ? La logique voudrait qu'on boycotte partout : l'ONU où siège Israël, les JO, les banques, les entreprises, les multinationales dans lesquelles, chacun sait, les intérêts juifs sont importants, comme il faudrait boycotter les États qui reconnaissent ce pays et travaillent avec lui, etc., etc.

Or, rien de tout cela : les pays arabes qui ont appelé au boycott ou fait appeler au boycott sont les meilleurs clients d'Israël et souvent les pires ennemis des Palestiniens. La souffrance de ce peuple, son désespoir sont en vérité le cadet de leurs soucis. Qu'ont-ils fait depuis soixante ans que dure son calvaire ? Il y a comme une fourberie quelque part.

N'est-ce pas plutôt la France qui est boycottée pour avoir mis Israël à l'honneur, et au moment où celui-ci fête le soixantième anniversaire de sa fondation ?

Faut-il y voir un lien avec les déclarations récentes de Sarkozy, au demeurant trop soudainement pro-israéliennes pour être honnêtes ? Un avertissement quant à un éventuel changement de la politique arabe de l'Élysée ?

Un moyen pour mobiliser les peuples arabes déjà plus que dégoûtés de leurs dirigeants et de leur attitude ignoble envers les Palestiniens qu'ils ne soutiennent, de temps à autre, que pour mieux les enfoncer ? Est-ce une façon de dissuader les écrivains arabes de se rendre à Paris et de débattre avec leurs homologues israéliens sur ce qu'il convient de faire pour la paix et son corollaire : la démocratie ? Quoi d'autre ?

Alger, 9 mars 2008.
Re: Boycott du Salon du livre de Paris
13 mars 2008, 14:33
Connerie de boycott

13/03/08

- - Thème: Boycott

Incroyable. La République des Lettres devrait être en deuil et pouffer de colère.

Comment se peut-il, comment se fait-il que les contempteurs d’Israël boycottent le Salon du Livre, sous le fallacieux prétexte qu’Israël en est l’invité d’honneur ?

Comment se fait-il que les contempteurs d’Israël censurent ainsi l’écriture et l’intelligence alors qu’en 2005 lorsque la Russie était l’invitée d’honneur du Salon du Livre presque personne ne bronchait pour rappeler que « l’empire des nouveaux tsars » n’est pas un modèle de démocratie ?

Comment se peut-il que les contempteurs d’Israël si prompts à dénoncer Israël taisent le flot de sang qui est versé au Soudan ?

Comment se peut-il que les contempteurs d’Israël taisent l’occupation du Tibet par la Chine ?

Comment se peut-il que les contempteurs d’Israël n’aient pas le courage de dénoncer les folies d’Ahmadinejad, le président iranien ?

Comment se peut-il que les contempteurs d’Israël ne veulent pas se pencher sur ce qui se passe dans une Arabie saoudite abreuvée au wahhabisme ?

Comment se peut-il que les contempteurs d’Israël ferment les yeux lorsqu’en Libye, un tyran d’opérette emprisonne ?

Comment se peut-il que les contempteurs d’Israël n’aient rien à dire lorsque le terrorisme ensanglante l’Algérie ?

Comment se peut-il que les contempteurs d’Israël ne voient pas que la Terre ne tourne pas rond, que l’Humanité croule sous les guerres et les injustices, pour ne prêter attention qu’au seul Israël, présenté comme le suppôt du Diable et la quintessence du mal ?

Comment se peut-il que nos contempteurs n’aient pas l’intelligence de profiter du Salon du Livre pour échanger avec les David Grossman, A.B. Yehoshua et Eli Barnavi des traits de plume et des mots qui parleront des maux qui frappent le Moyen-Orient?

Comment peuvent-ils choisir cette facilité et d’un trait de plume fuir lâchement là où il conviendrait de mélanger les genres et les cris, les virgules et les pages, les lettres et les formes ?

Connerie de boycott.

Marc Knobel

[www.crif.org]
Re: Boycott du Salon du livre de Paris
14 mars 2008, 02:02
Le blog de Pierre Assouline

[passouline.blog.lemonde.fr]

14 mars 2008

Boycottage : beaucoup de bruit pour rien

Il s’en est fallu de peu. Hier en fin de journée, lors de l’inauguration du Salon du livre de Paris, on a frôlé l’incident. Ca s’est passé au moment précis oùl es délégations officielles prenaient place dans le stand de l’invité d’honneur, la française avec la ministre Christine Albanel accompagnée de ses collaborateurs et de travailleurs culturels de l’Elysée, l’israélienne avec le président Shimon Peres à la tête d’une quarantaine d’écrivains et compatriotes, les deux solidement escortées par une noria de photographes et cameramen et encadrées par un vigilant dispositif de sécurité. Alors que les discours convenus allaient commencer à ne pas se faire entendre, un plafond flottant se décrocha de la structure et s’effondra sur les délégations. Ce fut aussitôt le tohu-bohu et la panique. Un sacré balagan. Des agents de la sécurité s’ensanglantèrent les mains à relever le morceau criminel afin de dégager les victimes tandis que l’on se demandait déjà si c’était purement accidentel ; car enfin, l’attentat à la poutre piégée eut lieu là et pas ailleurs, et juste à l’heure H… Les organisateurs eurent beau expliquer que la pression de la foule avait dûébranler la structure, le doute subsistait. Une autre interrogation s’y superposait : qui était visé, Peres ou Sarkozy ? En ce cas, les terroristes charpentiers étaient bien mal renseignés car l’on savait depuis hier que le président s’était fait excuser pour cause de sommet européen à Bruxelles. N’empêche que plusieurs personnes furent contusionnées, Dominique Antoine, le conseiller de l’Elysée pour l’Education, s’en tirant de justesse avec des ecchymoses au front. Dans l’affaire, les blessés auront au moins appris comment s’écrivait le mot “Israël” en hébreu. C’est ce qu’on pouvait lire sur le panneau qu’ils ont reçu sur la tête.

Les éditeurs français, harcelés de questions par les médias sur la question du boycottage, n’en craignent pas moins qu’elle n’empoisonne l’atmosphère et ne gâche la fête du Salon du livre . “Il suffirait d’une alerte à la bombe ce week-end pour que la fréquentation baisse” déplore l’un d’eux. Ne pas oublier que leur présence à cette “plus grande librairie de France” leur coûte cher et que bien peu rentrent dans leurs frais. Aussi, rajouter cette menace planante, et le renforcement des mesures de sécurité qu’elle impose, à la finale de rugby France-Galles et au second tour des élections, c’est de trop pour certains. Ce charivari autour de l’invitation lancée à la littérature israélienne était pourtant prévisible : j’en avais parlé dès le 8 décembre dernier dans une chronique du Monde 2, et à nouveau le 4 février dans un billet sur ce blog. On remarquera au passage que les intellectuels français, si prompts à se mobiliser pour les causes lointaines et exotiques, se sont faits remarquablement discrets alors que la liberté d’expression d’écrivains en France était menacée par un chantage (eux ou nous) doublé d’une prise d’otages (si c’est eux, vous êtes complices). Sans trop se mouiller, puisque c’est aussi le problème, il leur suffisait de rappeler que lorsque la littérature néerlandaise était l’invitée du Salon, les Pays-Bas n’avaient emmené dans leurs bagages que la partie flamande de la Belgique et tout le monde trouvait cela normal ; qu’Israël a un stand au Salon de Paris depuis une dizaine d’années, en un temps où le général Sharon était à la tête du pays et où la seconde intifada faisait rage, et l’on se souvient pas que cela ait jamais scandalisé les belles âmes ; et qu’enfin, les écrivains israéliens, pas plus que les autres écrivains du reste du monde, ne sont les ambassadeurs de la politique de leur pays, surtout pas ceux-là qui dans leur majorité ne cessent de la critiquer. Oui, vraiment, très discrets pour une fois les intellectuels français et plus particulièrement parmi eux les éditeurs : dans leur majorité, ils semblent avoir oublié qu’il est de leur devoir de défendre leurs auteurs -et pas seulement les Français de leur catalogue. Ils devraient se souvenir que dans les premiers temps de la fatwa de mort lancée contre Salman Rushdie, ses traducteurs et ses éditeurs, Christian Bourgois s’était senti un peu seul. C’est d’autant plus regrettable que l’édition française a généralement très bien joué le jeu en publiant des dizaines de livres de qualité (avec des traductions largement subventionnées par le CNL, il est vrai). Que n’ont-ils été jusqu’au bout de leur démarche en lançant, dans l’esprit du texte d’Olivier Rolin du Seuil et d’Olivier Rubinstein de Denoël, un appel collectif au boycottage du boycottage ! (désolé, mais je le redis, boycott est anglais quand “boycottage” est français, tant pis pour les oreilles)

Le fait est que l’initiative de la Ligue arabe a fait un bide. Elle ne s’est traduite que par quelques annulations de stands. Tout ça pour ça. Qui a répondu favorablement à l’appel ? Des ministères et des institutions gouvernementales du monde arabe, ce qui ridiculise l’initiative lorsqu’on songe au mépris d’Alger, de Sanaa, de Tunis ou de Ryad pour la littérature comme en témoigne la situation de leurs propres écrivains généralement censurés (c’est encore le cas ces jours-ci de l’algérien Boualem Sansal), bâillonnés ou emprisonnés ; ajoutons-y hors du monde arabe Téhéran, mais cela allait sans dire puisque son président ne cesse de répéter qu’il veut rayer Israël de la carte, alors ses écrivains… Toujours est-il que leurs libraires et leurs auteurs ne s’y sont pas trompés qui seront bien au rendez-vous du Salon de Paris. En fait, même les plus bruyants boycotteurs tels que le romancier égyptien Alaa-Al-Aswany, le théologien suisse Tariq Ramadan et le journaliste israélien Benny Ziffer seront au Salon ! Le seul écrivain notoire à avoir été parfaitement cohérent avec lui-même en appelant au boycottage et en demeurant chez lui, quand les autres veulent être à la fois dedans et dehors, n’est autre que l’Israélien, juif et de langue hébraïque (les précisions s’imposent dans ce contexte !) Aharon Shabtaï. Un comble ! C’est bien le seul de la bande qui mérite qu’on l’écoute, même et surtout si l’on n’est pas d’accord avec lui. Au moins le poète est-il droit dans ses bottes. Ce paradoxe a le mérite d’illustrer l’idée développée dans une tribune par l’écrivain algérien Salah Guemriche : il faut rencontrer les écrivains d’Israël et leur parler car il y a parmi eux, et d’une manière générale dans les milieux politiques, culturels et religieux de leur pays, des personnalités dont l’esprit critique et l’antisionisme radical sont d’une violence sans commune mesure avec celle, bien timorée en regard, des intellectuels arabes. Insoupçonnables d’antisémitisme et décomplexés vis à vis d’Israël contrairement aux Juifs de la diaspora, ils n’en sont que plus désinhibés. Libres. Ce qui est effectivement assez original dans la bande de terre qui va de Rabat à Beyrouth.


(photo Pierre Assouline)
Re: Boycott du Salon du livre de Paris
14 mars 2008, 04:47
Le Palais des Congres de la porte Maillot
a fait salle comble (en honneur a Shimon Peres.

A propos du boycott par des pays arabes du Salon
du Livre qu'il venait d'inaugurer, Shimon Peres a resume:

"si encore ils boycottaient seulement les livres,
mais qu'ils ne boycottent pas les Dix commandements,
y compris 'tu ne tueras point".


Le boycott de certains individus, Musulmans et Israeliens (Aharon Shabyai)
n'implique pas tout le Maghreb. Un de mes amis, ecrivain Tunisien
m'a ecrit hier un message dont lequel il me dit qu'il ira au Salon du Livre
et que la libre expression ne devrait pas etre boycottee.
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