Hier (VOIR LE PTB ET MOI) je vous ai fais passé deux chansons de Monsieur Adamo, le gentil
interpréttè selon l'air du temps.
Albert.
'...Les apparences étant trompeuses, je reviens là dessus pour attirer le vice de ce chanteur fort sympathique au demeurant mais qui a subi un certain changement cervicale.
L'"Inch'Allah" d'Adamo (1966-1993): recyclage ou rééquilibrage islamiquement corrects? M. Macina
Un internaute rappelle ce que les observateurs avertis savent depuis longtemps, mais dont ils évitent de parler afin de ne pas passer pour des paranoïaques, à savoir qu’il y a deux versions de la chanson de Salvatore Adamo, "Inch’Allah". Notre correspondant précise que, dans la version de 1993, « les strophes évoquant les enfants tremblants de Jérusalem et les six millions d'âmes sont parties en ...fumée ». Il intitule amèrement la mise au point qu’il nous adresse : "La version de 1993 et le politiquement correct (un gilet pare-balles, en quelque sorte)". Il joint ensuite les deux versions de cette célèbre chanson. Avant de les mettre, à mon tour, sous les yeux de nos internautes, j’ai tenu à vérifier soigneusement l’une et l’autre et à resituer les choses dans leur contexte. (Menahem Macina).
Avant d'examiner si l'accusation ou le soupçon qu'évoque mon titre, sont fondés ou non, j'ai reproduit, en synopse, les deux versions que séparent 27 années... En rouge, les différences.
On remarquera que les strophes 7 à 9 ont disparu de la version 'recyclée'. J'en ignore la cause.
Mais le plus choquant, à mes yeux, ce sont les "SIX millions d'âmes" (juives), 'diluées' (à parts égales ?) dans LES millions "de ces enfants, ces femmes, ces hommes, tombés DES DEUX CÔTES du drame"...
Deux côtés? Attendez, je croyais savoir compter... Où sont les millions de Palestiniens "tombés"...
Recyclage, vous dis-je, après titillage d'une conscience mal éclairée. Résultat recherché: l'équivalence morale ! Il ne peut y avoir une partie qui a raison et l'autre qui a tort, alors, partageons les torts. Et ceux qui pratiquent ce genre de 'philosophie' s'estiment moraux, non partisans. On a vu ce que cela a donné au cours des deux décennies écoulées. Holocauste = Nakba, etc.
"On était en plein processus d'Oslo" (voir 4ème strophe), me dira-t-on sans doute, "tout le monde (ou presque), y compris en Israël, planait sur son petit nuage"... Peut-être, mais examinez bien les changements, mis en rouge (modifications effectuées pour 'coller' au 'rêve' d'Oslo), et en MAJUSCULES (ce qui ne pouvait pas être conservé dans la nouvelle version, parce que trop marqué Juif et Israélien, donc potentiellement blessant ou frustrant pour le "partenaire de paix"). Puis, lisez les deux extraits d'interviews d'Adamo, qui suivent. Vous serez alors en mesure de vous forger une opinion.
La mienne - autant vous le dire tout de suite - est déjà faite.
1. Aperçu synoptique des deux versions et des modifications du texte de l'original
Version originale (1966)..
Version recyclée (1993)
J’ai vu l’Orient dans son écrin
J'ai vu l'Orient dans son écrinAvec la lune pour bannière Avec la lune pour bannière
Et je comptais en un quatrain
Et je comptais en un quatrain
Chanter au monde sa lumière
Chanter au monde sa lumière
Mais quand j’ai vu Jérusalem
Mais quand j’ai vu Jérusalem
Coquelicot sur un rocher
Coquelicot sur un rocher
J’ai entendu un Requiem
J’ai entendu un Requiem
Quand sur lui je me suis penché
Quand sur lui je me suis penché
Ne vois-tu pas, humble Chapelle
Ne vois-tu pas humble Chapelle
Toi qui murmures paix sur la terre
Toi qui murmures paix sur la terre
Que les oiseaux cachent de leurs ailes
Que les oiseaux cachent de leurs ailes
Ces lettres de feu: "Danger frontière"
Ces lettres de feu: "Danger frontière"
Le chemin mène à la fontaine
Mais voici qu’après tant de haine
Tu voudrais bien remplir ton seau
Fils d’Ismaël et fils d’Israël
Arrête-toi Marie-Madeleine
Libèrent d’une main sereine
Pour eux ton corps ne vaut pas l'eau
Une colombe dans le ciel
Inch’Allah, Inch’Allah, Inch’Allah, Inch’Allah
Et l’olivier pleure son ombre
Et l'olivier retrouve son ombre
Sa tendre épouse son amie
Sa tendre épouse son amie
Qui repose sur les décombres
Qui reposait sur les décombres
Prisonnière en terre ennemie
Prisonnière en terre ennemie
Sur une épine de barbelés
Et par dessus les barbelés
Le papillon guette la rose
Le papillon vole vers la rose
Les gens sont si écervelés
Hier on l’aurait répudié
Qu'ils me répudieront si j'ose
Mais aujourd’hui, enfin il ose
Dieu de l'enfer ou Dieu du ciel
Toi qui te trouves où bon te semble
SUR CETTE TERRE D'ISRAËL
IL Y A DES ENFANTS QUI TREMBLENT
Inch’Allah, Inch’Allah, Inch’Allah, Inch’Allah
Les femmes tombent sous l'orage
Demain le sang sera lavé
La route est faite de courage
Une femme pour un pavé
Mais oui j'ai vu Jérusalem
Coquelicot sur un rocher
J'ENTENDS TOUJOURS CE REQUIEM
Lorsque sur lui je suis penché
Requiem pour SIX millions d'âmes Requiem pour LES millions d’âmes
QUI N'ONT PAS LEUR MAUSOLEE DE MARBRE De ces enfants, ces femmes, ces hommes
Et qui malgré le sable infâme Tombés DES DEUX CÔTES du drame
ONT FAIT POUSSER SIX MILLIONS D'ARBRES Assez de sang, Salam, Shalom
Inch’Allah, Inch’Allah, Inch’Allah, Inch’Allah
2. Le témoignage du recycleur/rééquilibreur lui-même
(1) "Je revendique mon côté fleur bleue", entretien avec S. Adamo, L’Humanité, 16 février 2007
Q. - Vous venez de fêter vos soixante-trois ans. Quel regard portez-vous sur votre parcours ?
Adamo - « …Aujourd’hui, les gens redécouvrent les chansons des années soixante où on pouvait afficher de bons sentiments, sans engendrer l’ironie. Ce qui n’empêchait pas de chanter des choses plus graves. Je pense à Inch’Allah, que j’ai écrite en octobre 1966. C’était bien la preuve qu’on pouvait être fleur bleue et s’intéresser aux malheurs du monde. Cette chanson, je n’ai pas eu l’occasion de l’enlever de mon répertoire, parce qu’elle est toujours d’actualité. À tel point que j’ai dû la nuancer au gré des quelques espoirs de paix. J’ai changé quelques strophes, mais je me suis rendu compte que je n’allais pas jusqu’au bout du message. J’ai ainsi réécrit une autre chanson dans l’album Zanzibar sur le problème du Moyen-Orient, "Mon douloureux Orient", où je fais allusion à la souffrance du côté palestinien. Une chanson qui dit : quelles qu’aient été les raisons de cette haine ancestrale, il faut l’oublier pour vivre l’un à côté de l’autre. »
Mon commentaire
« Cette chanson, je n’ai pas eu l’occasion de l’enlever de mon répertoire, parce qu’elle est toujours d’actualité… j’ai dû la nuancer… ». Qu’avons-nous besoin d’un autre aveu. Le message du boycott arabe a été reçu par vous 5 sur 5, M. Adamo. Personnellement, j’eusse préféré que vous supprimiez carrément cette chanson de votre répertoire, plutôt que de vous voir la profaner de votre propre initiative. D’autant que le résultat, permettez-moi de vous le dire, sent le labeur et non l’inspiration, et en tout cas, pas la sincérité.
(2) "Adamo, un sentimental engagé", Sur le site RFI/Musique (6 novembre 2003)
Q. - On remarque aussi, sur votre nouvel album, trente-sept ans après Inch Allah, une nouvelle chanson sur les drames d’Israël, Mon douloureux Orient…
Adamo - « On peut se demander pourquoi, moi qui suis catholique d’éducation, je suis resté fidèle à une émotion de 1966, que j’ai traduite d’une façon qui a été malheureusement mal interprétée dans pas mal de pays arabes où j'ai été interdit. Cet été, le 15 août [2003], pour la première fois depuis cette époque, j’ai pu chanter dans un pays arabe, en Tunisie. J’ai chanté Mon douloureux Orient et les gens applaudissaient à certains mots pendant la chanson. J’ai voulu dire qu’il est temps que ces deux peuples vivent en paix. On ne leur demande pas de s’aimer, mais d’arrêter de s’entretuer. Avec le recul, je me suis rendu compte de quelle strophe avait valu [sic] mon interdiction: « Sur cette terre d’Israël/J’ai vu des enfants qui tremblent ». On m’a dit que c’était choisir un camp. Mais je voulais parler de la terre biblique tout entière, Israël et Palestine ensemble. Je n’ai pas fait cette nouvelle chanson pour «rattraper» quoi que ce soit, mais pour avoir la conscience en paix. »
Mon commentaire :
« Israël et Palestine ensemble ! » M. Adamo, soit vous nous prenez pour des bœufs, soit vous êtes un ignare. En 1966, les Arabes d’Israël n’avaient pas conscience de former un peuple, il n’y avait pas encore d’Autorité Palestinienne, la Guerre des Six Jours n’avait pas eu lieu, le monde arabe se tenait relativement en retrait. A l’époque et dans les années qui ont suivi, les seuls enfants qui tremblaient étaient Israéliens. Bien avant que vous ne procédiez au recyclage de votre chanson et que vous en effaciez, purement et simplement, la phrase qu’on vous reprochait ("Sur cette terre d’Israël, il y a des enfants qui tremblent"), elle s’est malheureusement avérée prophétique. En effet, le 11 avril 1974, sept mois après la Guerre de Kippour, des terroristes s’infiltrent du Liban à Maalot, ville du nord d’Israël. Ils pénètrent dans la maison de la famille Cohen, tuent le mari, la femme et leur fils de quatre ans. Ils prennent ensuite le contrôle de l’école Nativ Méir. 105 élèves sont retenus en otage. Finalement devant l'intransigeance des terroristes et après que des rafales d'armes automatiques aient été entendues à l'intérieur de l'école, les forces de sécurité donnent l'assaut. Au total, vingt-deux adolescents et cinq adultes trouveront la mort dans cette tragédie.
Conclusion
Monsieur Salvatore Adamo s'est fait, de longue date, une réputation de "gentil garçon". Ses manières gauches et timides (spontanées ou étudiées? nul ne le sait...), sa pudeur et sa modestie (même remarque), lui ont acquis une excellente réputation. Et chacun sait que les stars font souvent la pluie et le beau temps en matière d'opinion. Alors, malheur à celui ou celle (personne privée, institution ou Etat), que la vedette fustige, ou simplement à qui il fait les gros yeux ! Malheur donc à Israël, qui a eu la malchance de se voir supplanté dans l'estime d'Adamo, par les "gentils" Palestiniens. Du coup,
oubliés, les enfants d'Israël qui tremblent,
disparu, le Requiem,
éludés, les Six Millions de Juifs,
submergé, le mausolée de marbre,
passés sous silence, les six millions d'arbres...
Je le verrais bien pasticher Brassens ("Trompettes de la renommée") de la manière suivante :
" Les gens de bon conseil ont su me faire comprendre
qu'à l'homme de la rue [arabe] j'avais des comptes à rendre,
et que sous peine de choir dans un oubli complet,
j'devais mettre au rancart mes sionistes couplets ! "
Pauvre Adamo, il faut le comprendre. Il nous l'a expliqué lui-même : "On m'a reproché d'avoir choisi mon camp" - entendez : Israël. Pas très politiquement correct, n'est-ce pas?... Alors, tant pis pour le peuple aux six millions de victimes : intimidé, honteux de sa partialité, Adamo le doux (non, je n'ai pas dit "le mou"!), l'incapable de peiner le dernier interlocuteur qui le remet en cause, s'est mis au travail... Vous avez lu, plus haut, ce que cela a donné. C'est médiocre, poussif, absolument pas convaincant. Moi, à la place des Arabes et des Palestiniens (victimes eux aussi, ne l'oubliez pas... Quoi six millions? Oh! lâchez-nous les baskets avec vos "six millions"! Vous n'avez donc que "ça" dans la bouche !?), donc, moi, à la place des Arabes et des Palestiniens, je serais horriblement vexé.
Il y a beau temps que j’ai ôté le "gentil" Adamo de mes podcasts préférés. Si vous cherchez une chanson sioniste équivalente, amis internautes, j’ai une bonne nouvelle pour ceux qui l’ignorent : il existe un "tube" bien meilleur que celui d’Adamo, et surtout plus sincère. Il s’appelle "Terre promise" : les paroles, simplissimes, sont de Pierre Delanoé. La musique est une adaptation du "tube" populaire international du groupe The Mamas & Papas, intitulé "California Dreamin'", et il est interprété par la belle voix, chaude, rythmée, et bien timbrée, de Richard Anthony. Cette chanson date de 1966 (tiens, la date où Adamo créait "Inch’Allah", première mouture - sincère !), mais, croyez-moi, elle n’a pas pris une ride et cela fait chaud au cœur de l’entendre. Vous la trouverez ici, et ici.
Et puis - pardonnez ce jeu de mots facile -,
aucun Adamo au monde ne nous séparera de notre Adamah, notre terre à nous, Eretz Israel !
Menahem Macina.
Correspondance.
Bonne lecture.