Stopper l’impérialisme iranien (info # 013012/8) [Analyse]
Par Stéphane Juffa © Metula News Agency
Contrairement à ce qui s’était passé en été 2006, lors de la Seconde Guerre du Liban, le gouvernement israélien n’a pas annoncé d’objectifs précis pour l’opération Plomb fondu. C’est non seulement l’une des leçons tirées des erreurs rhétoriques commises par Ehoud Olmert lors du conflit contre le Hezbollah, c’est avant tout une affaire de stratégie.
Aujourd’hui, sous la baguette du chef d’orchestre Ehoud Barak, la finalité de l’affrontement contre le Hamas affichée par Israël est volontairement vague. Les ministres, au diapason, évoquent une opération militaire "qui durera jusqu'à ce la population du sud d'Israël ne vive plus dans la terreur et la crainte permanente".
De même le manifeste proposé par la ministre des Affaires Etrangères, Mme Tzipi Livni, à la chaîne NBC, selon lequel "l’objectif d’Israël n’est pas de réoccuper la bande de Gaza" préserve l’entière liberté d’action des Forces de Défense d’Israël.
Ne pas réoccuper Gaza signifie littéralement ne pas remplacer le Califat par un gouverneur militaire aux ordres de Jérusalem. Cela ne veut en aucun cas dire que Tsahal n’investira pas temporairement de grandes portions de la Bande.
Quel autre moyen l’Etat hébreu aurait-il à sa disposition pour assurer à sa population qu’elle ne vivra plus sous les tirs de Qassam et de Katiouchas ? 2000 projectiles visant spécifiquement les habitants du Néguev depuis qu’il y a trois ans Israël avait évacué jusqu’au dernier centimètre de la Bande et y avait démantelé toutes ses implantations, est un chiffre conséquent.
Des tirs de roquettes sur des populations civiles, ce qui constitue la moelle de la définition du crime de guerre dans la législation internationale. Un crime qui n’empêchait de dormir ni le Secrétaire général de l’ONU, ni la quasi-totalité des leaders politiques de la planète Terre.
C’est à se demander si d’aucuns ne voyaient pas dans ce supplice durable infligé à une population juive du Néguev, la perpétuation du Juif errant, du Juif pénitent, du Juif puni encore et toujours pour la crucifixion du Christ. Du Juif coupable de s’être réinstallé dans sa patrie historique et d’avoir vaincu son terrible fatum en ayant l’audace, summum d’immodestie, d’y faire fleurir le désert.
Beaucoup, délibérément ou dans leur subconscient, trouvaient naturel que les Juifs de Sdérot et des kibboutzim environnants subissent, huit ans durant, le supplice permanent impliquant la scrutation du ciel pour savoir s’il n’en tomberait pas quelque engin de mort. Encourent le souci incessant et à peine humain de savoir si leurs enfants retourneraient sans encombre de l’école, leur conjoint, de son lieu de travail.
Sur le plan humanitaire, les gentils et les kapos qui ne se sont pas publiquement émus de ce que ces gens enduraient au quotidien un crime de guerre, n’ont pas la voix au chapitre pour émettre la moindre critique quant à l’opération militaire israélienne. Ils ne sont pas crédibles, et leur conscience à deux vitesses est objectivement entachée du soupçon d’antisémitisme.
Ce, d’autant plus que les frappes de l’armée de l’air à l’étoile bleue ne sont pas, ni légalement ni au plan moral, constitutifs de crimes de guerre. Parce qu’elles participent de l’exercice le plus évident depuis 1939 du droit de légitime défense, "de la plus juste des guerres", comme l’a rappelé le président de l’Etat et Prix Nobel de la Paix, M. Shimon Pérès, et parce qu’elles visent très précisément les miliciens qui lancent des bombes sur les civils juifs.
Ce sont lesdits miliciens islamistes qui commettent, aux yeux de la législation internationale, un crime contre l’humanité supplémentaire, en prenant comme bouclier les civils palestiniens afin d’exercer leur infâme office.
Au terme de la légalité et du droit de protéger les habitants du Néguev, Plomb fondu est donc absolument licite.
Ce qui a poussé les antijuifs, les islamistes et les benêts à ressortir le critère de "réaction disproportionnée". Disproportionnée comme l’invasion de la Géorgie par la Russie afin de défendre son droit à l’impérialisme moscovite ?
Comme l’invasion par la Grande-Bretagne des Iles Malouines en 1982, situées à 18 875 kilomètres de l’Angleterre, durant laquelle l’Albion avait massacré 649 Argentins, pour deux chèvres et trois moutons qui menaçaient la réputation du Royaume ; sans que l’Argentine, pour sa part, n’ait tué le moindre ressortissant de Sa Majesté sur son île d’outre-manche.
C’est cela qui me vient à l’esprit quand je vois de pseudo-journalistes de la BBC, sans Histoire ni mémoire – les attributs qui leur manquent pour être des journalistes authentiques - baver copieusement sur mon pays et ses droits, jour après jour, au nom du principe frelaté de proportionnalité.
C’est pire encore lorsque je consulte les "déclarations de l’Elysée", se référant à la même exigence de proportionnalité, sachant que l’Elysée, en 1994, avait envoyé son armée participer activement au massacre d’un million de Tutsis en Afrique.
Pourtant les Tutsis n’avaient jamais levé la main sur aucun ressortissant français ; ils n’exerçaient pas le début de l’ombre d’une menace sur Paris, ni même sur des intérêts tangibles de la France en Afrique.
Obligation de constater que l’exigence de proportionnalité est en vérité un artifice sémantique réservé à l’Etat hébreu, lorsque, sa réserve de conciliation épuisée, il entreprend de défendre ses ressortissants. On évoquera ici alors un autre principe : celui de la ségrégation diplomatique sur fond de soubresauts antisémites.
Le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner a estimé que le retour à la trêve était "l’unique solution".
La solution à quel problème, Bernard ? Vous nous invitez, au nom de la proportionnalité, à faire à nouveau confiance aux supplétifs de l’Iran à Gaza, afin qu’ils s’engagent à ne plus lancer de bombes sur nos ressortissants ?
Ce, tout en sachant pertinemment que l’Organisation de la Résistance Islamique, depuis l’accord passé en juin, ne l’a pas respecté une seule journée ?
Avez-vous des informations exclusives, M. le ministre, indiquant qu’ils ont soudain changé, qu’ils ont renoncé à la destruction de l’Etat d’Israël dans leur charte, qu’ils cessent de s’opposer à la paix proposée par le Quartet auquel vous participez ? Qu’en un mot, le Hamas, et le Djihad Islamique ont abandonné, sans que la Ména ne soit au courant, leur participation à… la Djihad mondiale ?
L’autre solution
Une autre solution existe cependant, Bernard, elle consiste à débarrasser les terriens et Israël du Hamas.
Inutile aussi de feindre de s’y tromper, c’est l’objectif d’Israël. Cela a été confirmé par l’indiscrétion de l’ambassadrice de l’Etat hébreu auprès des Nations Unies et du ministre Haïm Ramon.
L’annihilation de la métastase de Téhéran, blottie entre deux Etats qu’il entend envahir, l’Egypte et Israël. C’est un analyste stratégique qui l’écrit : toutes les actions de Plomb fondu pointent dans cette direction. Le pilonnage de toutes les installations militaires du Hamas n’est autre que la préparation à l’assaut terrestre.
Et si celui-ci n’a pas encore débuté, on ne le doit qu’au mauvais temps et aux mauvaises prévisions météorologiques, qui compliqueraient la tâche des contingents d’assaut.
Il faut lever les yeux, M. Kouchner, l’affrontement de Gaza procède de l’exercice d’un choix stratégique régional, il n’est pas, avant tout, un problème humanitaire.
Trois cent cinquante morts, c’est le nombre des victimes d’un seul attentat de taille moyenne en Irak.
Lorsque des media consacrent à un conflit plus de 2 ou 3 pourcents de leur pellicule à filmer ses conséquences humanitaires, c’est qu’ils sont instrumentalisés par l’un des belligérants ; qu’ils participent à l’affrontement à ses côtés. Que ses caméras sont un modèle différent de fusil-mitrailleur.
Al Jazzera interviewe longuement des médecins à l’hôpital Shifa, devant des patients en état critique. Information ou propagande ? A-t-on jamais vu une caméra avoir l’impudeur de franchir le seuil de la salle de traitement d’un hôpital israélien après un attentat collectif arabe ?
L’un de vous a-t-il vu à la télévision l’intérieur d’un hôpital indien, géorgien ? Les corps déchiquetés, en long, en large et en détail, des victimes des attentats de Bombai ou de celles de la guerre à Tbilissi ?
Non, bien entendu, car les nations civilisées ne font pas la guerre avec les images de leurs blessés et de leurs morts, elles protègent, au contraire et à tout prix, la souffrance des premiers et la dignité des seconds.
Le nombre des victimes à Gaza est normal dans le cadre d’une guerre, et celui des victimes civiles est extraordinairement bas, PROPORTIONNELLEMENT aux autres conflits qui secouent la planète. Cela est dû à l’humanité incomparables des Israéliens, aux efforts énormes qu’ils concèdent afin d’épargner les non-belligérants.
Mais l’aspect humanitaire n’est pas l’essentiel d’un conflit, ses motifs et ses enjeux sont tout aussi importants.
Au-delà de la nécessité d’empêcher le Hamas de continuer à nuire contre les habitants de Sdérot, il y a la nécessité régionale et mondiale de stopper la progression de l’impérialisme perse.
Il n’y a pas qu’Ehoud Barak à l’avoir compris, il y a également un nombre importants de responsables occidentaux et Arabes. Fayçal H. nous appelle fréquemment d’Amman, nous informant de la volonté des souverains hachémites qu’Israël résiste aux pressions internationales et qu’elle n’interrompe pas son action avant d’avoir "éliminé ces chiens jusqu’au dernier".
Message semblable de Sami El Soudi, en contact, plusieurs fois par jour, avec la direction de l’AP à Ramallah. Ce qu’il y entend va à l’opposé du discours officiel de Mahmoud Abbas. Conclusion identique : il faut extirper le Hamas de Gaza et confier ensuite la gestion de Gaza à l’Autorité Palestinienne !
Au Caire, le soutien à Plomb fondu est encore plus marqué qu’à Ramallah et Amman. Témoin l’appel de Hassan Nasrallah à l’armée du Nil pour qu’elle renverse Moubarak, et au peuple égyptien, pour qu’il obtienne par la force l’ouverture de la frontière de Rafah.
A ces incantations, le ministre des Affaires Etrangères du Caire, intervenant en arabe depuis Ankara, a répondu à Nasrallah : "La raison d’être de notre armée est de protéger le peuple égyptien contre ses ennemis comme toi".
On aurait tort de s’arrêter à l’aspect ludique de ces joutes verbales : Nasrallah, le Hezbollah et l’Iran sont effectivement les ennemis de l’Egypte. L’Iran mise sur la stigmatisation maximale du gouvernement égyptien dans l’affaire palestinienne, pour, avec le soutien des Frères Musulmans, déstabiliser le régime cairote par des manifestations de rues.
Un personnage important du gouvernement égyptien, s’exprimant dans un français parfait, a lui aussi appelé la Ména. Sa requête : "écrivez qu’il faut les arrêter ! Que pour les arrêter, il faut les virer de Gaza, il s’agit d’une opportunité unique, que votre gouvernement doit la saisir jusqu’au bout".
Je lui ai demandé s’il ne craignait pas le mouvement de rue organisé par les Frères. Il m’a répondu "que non, pas du tout. Que leurs tentatives étaient réprimées avec la plus grande fermeté. De toutes façons", a ajouté mon interlocuteur, "croyez-vous sérieusement que si nous ouvrions en grand Rafah, ces gens changeraient d’objectif ? Ce qu’ils veulent, c’est instaurer dans tout le monde arabe des colonies fondamentalistes, à l’exemple du Liban. Ils veulent une libanisation de l’Egypte.
Si vous extirper les Iraniens de Gaza, nous serons tous gagnants, les Frères Musulmans" perdront le prétexte qu’ils invoquent pour sans cesse tenter de renverse le pouvoir, vous, vous aurez le clame au Sud", a conclu le correspondant égyptien.
Libanisation du Liban : situation dans laquelle la métastase de Téhéran, bien que minoritaire, s’est approprié le contrôle d’un pays. L’ultime acte souverain du Liban indépendant, ce fut lorsque le 1er ministre Siniora avait exigé la mise à pied du général responsable de l’aéroport international, mais qui, en fait, travaillait pour le Hezb.
L’armée – commandée par l’actuel président de l’Etat libanais, Michel Suleiman ! – avait refusé d’exécuter les ordres du gouvernement. Depuis, il n’y a plus de Liban. Les Fous d’Allah contrôlent tous les voyageurs, dictent la politique sécuritaire du pays, multiplient des zones géographiques qu’ils soustraient à l’autorité légale, entretiennent leur propre armée, un stock de 40 000 missiles, exercent un droit de veto sur toutes les décisions du gouvernement.
Les non-chiites se tordent la langue pour ne pas "provoquer" les délégués en armes de Téhéran. Selon Michaël Béhé, hormis les chiites qui participent aux manifestations bruyantes contre l’Egypte et Israël, et en faveur du Hamas, tous les autres Libanais allument des cierges pour la victoire de Tsahal.
La libanisation est le danger le plus tangible menaçant à la fois le monde arabe dit modéré et l’Europe. Témoin l’affaire des caricatures danoises : c’étaient les mêmes mouvements, les mêmes gens qui manifestaient dans les rues des capitales arabes et saccageaient les représentations occidentales, que ceux qui protestent contre le "génocide perpétré par les Juifs contre les Palestiniens à Gaza".
Sauf que cette fois-ci, ce sont des mosquées (lorsqu’elles abritent des arsenaux ou servent de caches à des chefs miliciens) que les Israéliens n’hésitent pas à détruire, ainsi que l’université islamique de Gaza.
L’impérialisme iranien, avec son allié circonstanciel, le fondamentalisme sunnite, n’ont connu jusqu’à présent qu’une marche en avant irrésistible. Avec eux, le triomphe du terrorisme, comme à Bombai, où les islamistes d’Al-Qaeda ont démontré la fragilité du monde non-islamique, et dont les commanditaires resteront certainement impunis.
La bataille de Gaza présente à l’Occident l’occasion, d’abord, de matérialiser le terrorisme islamiste d’habitude insaisissable, et ensuite, de le neutraliser. Une façon de montrer aux extrémistes arabo-musulmans qu’ils ne jouissent d’aucune impunité et que ceux qui choisissent la voie du terrorisme finissent misérablement.
Une démonstration qui pourrait suffire à enlever le vent des voiles de l’islamisme conquérant. Les mouvements boiteux tombent lorsqu’ils cessent d’avancer. Pour cela, il faut non seulement que l’opération israélienne soit couronnée de succès, mais encore, qu’elle dure un certain temps. Interdiction donc à Tsahal d’être pressée d’en finir : on doit montrer aux foules de manifestants dans les pays arabes que le monde ne les craint pas, que leur hystérie n’intéresse qu’eux.
Bref, qu’il existe un monde et une civilisation, qui ne coupent pas les mains des voleurs, qui ne fouettent pas les femmes infidèles, et qui vivent plutôt bien dans leurs valeurs qui ne sont pas celles de l’islamisme.
Qui ont le droit de professer d’autres religions, et même pas de religion du tout. Qui s’octroient le droit de critiquer l’islam, et celui de se rire de ses exégèses extrémistes.
Le tout, sans crainte et sans se cacher.
Pour Israël, qui se voit à nouveau transformer en tête de pont courageuse d’un Occident ingrat et plié jusqu’au nombril devant la menace terroriste, en plus des intérêts qu’elle partage avec les autres pays évolués, elle a ses propres marrons à sortir du feu.
La neutralisation du Hamas lui permettrait d’éradiquer toute menace militaire et terroriste venant du Sud. Israël éviterait ainsi le risque d’avoir à combattre simultanément le Hamas, le Hezbollah, la Syrie et l’Iran.
Constatant ces jours la capacité de nuisance des Grad, explosant dans la grande banlieue de Tel-Aviv, on imagine sans difficulté, avec l’état-major de l’armée, ce qu’aurait pu être un lancer de roquettes coordonné, en provenance à la fois du Liban et de Gaza. Israël est en train de s’extraire une grosse épine du pied.
De plus, l’Etat hébreu est en voie de reconstruire sa capacité de dissuasion, alors que ses ennemis potentiels ont le loisir de constater l’efficacité exceptionnelle de ses pilotes, la gestion jusqu’à maintenant sans faille de la guerre par ses militaire, et l’unité politique d’Israël retrouvée en période de conflit. De quoi, assurément, ne pas donner envie à Béchar Al-Assad de se frotter à Ehoud Barak, et aux Iraniens de voir ce que donnerait la précision de nos frappes aériennes sur leurs installations nucléo-balistiques.
Reste encore à Tsahal à faire le boulot jusqu’au bout et sans anicroches. Car tout ce qui précède est aussi dur que du plomb fondu et refroidi à la condition qu’il ne demeure aucune bribe de pouvoir, si insignifiante soit-elle, du Hamas à Gaza, pour transformer la déculottée que l’organisation fondamentaliste subit depuis trois jours, en succès usurpé. Comme il ne saurait y avoir de victoire pour l’Etat hébreu et l’Occident – n’en déplaise à Kouchner – qu’une victoire militaire totale.
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