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LE PTB ET MOI ZOUZ.

Envoyé par albert 
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
24 décembre 2015, 08:22
Il était une fois….

Les moins de 55 ans n’ont pas connu, nés trop tard ou partis trop tôt,
un lieu de senteur de marée existait à la Goulette.

Flanqué sur le coté latéral nord du fort CHARLES QUINT…Faisant face à la ville, adossé comme une perle nacrée sur une muraille vieille de plus d’années que l’âge de Mathusalem, étincelant à la nuit tombée par une multitude de lampions qui le faisait ressembler, de loin, à un grand chapiteau…Il fut l’endroit le plus courtisé de la Goulette à cette époque…LE MARCHE MUNICIPALE DE POISSONS….

Les anciens vous le diront, ce marché très renommé a fait le bonheur de bcp de goulettois et de tunisois .

Les restaurateurs de Tunis venaient s’approvisionner là et pas autres parts.
Sans oublier aussi les restaurateurs célèbres de notre cité. Les plus nantis d’entre eux glissaient souvent le billet pour réserver les meilleures pièces aux patrons pêcheurs italiens dés que les balancelles touchaient les quais. C'est-à-dire bien avant que la marée ne soit exposée sur les étals en ciment de ce marché populaire.

Papa m’y emmenait souvent le samedi soir, et un simple coup d’œil au maître de céans des lieux suffisait pour que papa soit bien servi.
Il y avait là ROUGE, un italien aux joues roses, accro aux deux vins , vêtu de son inséparable cardigan noir et de son béret noir, pas du tout assorti avec ses deux dents en or, il était grande gueule, et tout passait par lui. Un vrai chef ‘mafieux’ qui ne supportait pas la négociation.

Il y avait le juif MAURICE ALIAS LE CHINOIS… Poissonnier mais aussi aboyeur…

Pour se convaincre du décor enchanteur de ce marché en ce temps là, il faut aller loin dans ses souvenirs…Passer derrière les étals de poissons et revivre ces tranches….De vie.

A suivre…

Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
24 décembre 2015, 10:55
Les moments forts dans notre cité….

Les fêtes religieuses étaient des moments forts dans notre cité balnéaire.

Bien plus forts encore lorsque une équipe peu importe laquelle, dans n’importe qu’elle discipline représentée gagnait un match, ou une compétition, on pouvait entendre les clameurs envahir les rues et ruelles de notre patelin.

Je me souviens de ce défilé du 1 Juin, où toutes les équipes étaient rassemblées pour une marche à travers la ville, fanfare et bélier l’accompagnaient avec bcp de moqueries de la part des curieux… Un défilé presque militaire où aucun des membres marchaient au pas et de temps en temps, un ‘…Aâneb karmouss..’ Lancé par un déluré pour nous faisait rire. Ou alors qu’une maman, debout sur son balcon lançait
A son fils ‘…Enti bââda mrid ou méchi haf’yéne…Yatic chréné amin… !’ ‘Tu es malade et tu marches à pieds, qu’il t’arrive une fiévre.. !’

Des moments forts, lorsque qu’une jeune fille italienne à peine communiée venait embrasser tous les voisins du quartier ou bien lorsque le jeune Ali, avec sa chachia, sa petite jebba et marchait avec ses jambes arquées par la douleur il faisait le tour de la ville au son de la darbouka et de la zokra…Ou alors le jeune Nathan, sortant de la syna avec les OULED EL BAYOUT….

De mémoire de vieux goulettois, plus je m’en souviens et plus ma mémoire se vêt d’un short de l’O.S.E bien large pour ma taille.
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
25 décembre 2015, 07:22
OULED EL BAYOUT….

Il s'agit des chorales d'enfants qui chantaient les Piyoutim à différentes occasions de la vie : naissance, Bar Mitsva, mariage et même enterrement. Ils accompagnaient à travers la ville le corbillard à chevaux, depuis la levée du corps à la chambre funéraire de l'avenue de Londres, près de l'ancien cimetière juif, jusqu'au nouveau cimetière du Borgel..

Ils étaient habillés avec un costume gris et un béret. Pour la plupart ils étaient issus de familles nécessiteuses.
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
26 décembre 2015, 10:37
Il était une fois…LE MARCHE AUX POISSON DE LA GOULETTE. 2° et fin.

(Première partie passée le 24 DÉCEMBRE VERS LES 17 HEURES)

Les tirars, sortes de cageots plats, remplis de poissons et enfouis dans des grêlons de glace venaient tout droit des quais.

Sur ces quais, il y avait la criée et les enchères allaient bon train menées de mains de maitre soit en français, soit en italien soit en arabe….Tout se passait à voix hautes et parfois par signe.

L’acheteur, avait un commis et un ‘diable’ pour transporter sa marée dans le lieu de son travail.

Les camionnettes étaient rares car elles ne pouvaient circuler sur les abords des quais.

Une fois le preneur parti, ce restaurateur se pressait pour étaler ses belles pièces dans sa vitrine réfrigérée à l’ancienne, c'est-à-dire par des morceaux de glace. Cette vitrine était posée, au vu et au su de tout le monde, devant son commerce. Les prix n’étaient pas affichés mais vendu à la pièce et non pas au poids lors de la commande du client attablé à qui on présentait diverses pièces à choisir.

Une fois les ‘invendus’ laissés pour compte, ils étaient donc étalés sur les bâtis du marché.

‘Les accrocheurs’ vantaient souvent le poisson du patron pêcheur. Il y régnait une ambiance très conviviale où des petites mains souvent de jeunes arabes, étrillaient mulets etc pour qqs menus sous pour les plus ou moins fortunés.

Ce marché fut transféré par la suite au nouveau marché centrale de la Goulette, juste à coté de celui des fruits et légumes…

Mais sans les italiens moins encore les juifs qui commençaient à se faire rare.

Pièces jointes:
POISSONS.jpg
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
27 décembre 2015, 00:31
Ah Bébert ,la colonne dorsale de cette rubrique et de plus-l'ami respecté de mon frere Yosseph
c'est le mot Khmis qui m'est venu a l'esprit un lisant ta derniere adra!

et je m'explique car ce mot a plusieurs facettes
la premiere est celle que l'on utilise pour encenser quelqu'un ::Khmis al ik
et pour joindre le geste a la parole on lui agite les cinq doigts de la main
et c'est pour cette raison que je developpe mon sujet car on l'accompagne aussi
par l'expression al hout al yk!!
et comme Bébert parlais du marché aux poissons alors j'ai pris ma plume pour lui adresser ce message un peu decousu mais neamoins sincere
la deuxieme a ete utilisée comme prenom --Khamous --diminutif khmimess
une chanson se fait retentir pour certaines occasions --khamouss jana !-ay khamouss Janna!!!! (on peut battre les mains pour accompagner cer air)
l'explication est simple c'est le prenom alloué généralement aux enfants nés un jeudi
-cinquieme jour de la semaine tout simplement!!!
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
27 décembre 2015, 01:00
Mon cher Dany, heureux de te lire, sur le Khmich...Je te rappelle aussi que les américains et les anglais sont rentrés à Tunis avec des cris de joie du genre '..KHEMOUCH... JENE....!' Bien que BB encore, j'ai entendu ces échos de mon berceau suspendu dans un coin suspendu entre deux murs....!!!hot smiley
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
27 décembre 2015, 04:24
Un dimanche sur les quais de la Goulette….

Le Dimanche était jour sacré pour les pêcheurs italiens de la PICOLLA CHICHILIA.
Tôt le matin, revêtus de leur beau costume avec jilico et du béret basque alors qu’ils étaient
Tous goulettois, ils respectaient la messe dominicale, car sans elle, D ieu et la sainte Marie
Les oublieraient.

Ces amis endimanchés poussaient leur promenade jusque dans nos quartiers et souvent
Bien plus loin, la calèche était leur moyen de transport préféré.

Les quais étaient déserts sauf pour certains passionnés qui mettaient du cœur à l’ouvrage pour réparer moteurs et
Flancs de leur balancelle, à repeindre leur gagne pain posé sur des cales. Le carénage. Les bruits
Du fer battu sur les enclumes, sortis des garages aux murs noircis, remplissaient l’air des quais et l’odeur du brulé des soudures envahissaient l’atmosphère.

Par contre c est le samedi après midi que le spectacle était émouvant.

Des vieilles, des veuves, assises à même le sol, les yeux baissés et portant le voile du deuil
S’échinaient à coudre et recoudre les mailles des filets, aux bordures plombées, éventrés par certains endroits
Un travail fastidieux de patience. Tandis que les hommes dans les cales et sur les ponts raclaient
Et nettoyaient fond et surface.

Là encore, de jeunes arabes apprenaient le métier et comment entretenir ces grosses ‘felouques’ à moteur
Parce qu’un jour viendra où eux aussi seront marins pêcheurs et patrons. Aussi bizarre que cela puisse être
Les juifs étaient absents des quais. Tailleurs, commerçants, coiffeurs, vendeurs de casse croutes,
Restaurateurs etc…la passion de la haute mer les laissaient de marbre.

Le métier était dur et demandait surtout bcp d’absences en mer car certains chalutiers allaient
Pêcher en haute mer, pas loin des côtes italiennes et siciliennes. L’appel de la mer était pour les
Italiens alors que la bouffe était faite pour les juifs.

Dans ce langage mi-maltais italien, mi arabe, chacun y trouvait son compte.

Pièces jointes:
GARGAGE ITALIEN.jpg
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
27 décembre 2015, 05:00
Êtes- vous déjà entré ici… ? Dans votre jeunesse… ?

Non ce n’était pas l’enfer de Dante…Point de corps gisants au sol où alors des âmes damnées, pas un linceul qui traine, ni diable ni diablotin ; mais un homme en jean bien sale, au torse nu, parfois en MARCEL qui tape et retape une ferraille sortie bien rouge d’un brasier, un demi- tonneau à la couleur noir pour chaudron…Et dans les charbons incandescents
Un fer à souder… Un outil au long bec qui venait souder à l’étain les morsures du temps.

Les fers rouillés, les attaches en tout genre.

Acre fumée sortie d’un temps ancien. Brouillard épais qui rentrait dans les poumons.

Aux murs noircis, des hélices accrochées, au sol des moteurs qui attendent que leur âme leur soit rendue, dans un coin des tas de boulons, des écrous qui gisent, des emportes pièces, tenailles marteaux clous tous ‘fricottant’ dans un bruit assourdissant…Dans une cacophonie sorte.
Et la forge qui vomissait ses paillettes multicolores pour donner à l’endroit un semblant d’opéra où seul, le maitre des lieux libre se promenait entre fer et arceaux.

Et puis vers le midi cette voix de vielle maman qui du balcon, sortait

‘…Angelo….E l’ora….Venga mangar la pasta… !’

Pasta é vino del DIO…Ché senza lei, l’itiliano non é italiano della Piccola CHICHILIA.

Une fois dehors, sorti des entrailles de ce lieu, la lumière du D IEU RA vous prend plein dans les yeux.
Et clignotent les yeux…

Pièces jointes:
l enfer de DANTE.jpg
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
27 décembre 2015, 06:15
.
Pièces jointes:
Enfer-Botticelli-.jpg
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
27 décembre 2015, 08:27
Quelle histoire....!
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