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LE PTB ET MOI ZOUZ.

Envoyé par albert 
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
11 mai 2012, 09:06
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
11 mai 2012, 09:08
De Martine-Esther Lévy. Mon amie de FB.

Le saltimbanque de Voltaire...

1971... la cloche de la fac ayant sonné pour la petite dernière de la fratrie (moi), la famille doit se résoudre à quitter le sol natal et débarque à Paris (amputée de son chef retenu à Sousse). La voilà installée dans un immeuble sympa, à l'angle des rues Sedaine et Popincourt, juste au-dessus de Blanc Bleu. Le salon s'ouvre sur un grand balcon en fer forgé.

L'hystérie diurne de ce quartier de grossistes nous enivrait un peu, et pour mieux digérer notre exil sans drame mais forcé, cette ambiance survoltée a sans doute plus aidé que ne l'aurait fait le silence.
A part l'absence du père, la vie parisienne s'organisait doucement, agréablement, et les WE étaient propices aux réunions familiales. Avec bien sûr la famille de la famille de la famille, et leurs amis. Ca faisait du monde ! Les tables se couvraient de cafés, thés, orgeat, citronnade, gâteaux et autres zabayons, concoctés par nous les élèves, ou par mon oncle Rihane, le patissier de l'angle rues du Voile et de l'Alpha... à côté du marchand de fruits secs et du Soleil Levant. Un chic type au langage tune parfois fleuri, rieur et généreux, qui compensait son manque de culture par une vivacité d'esprit étonnante.

Mais je reviens au balcon en fer forgé car il est associé au destin de Roger, un cousin germain de ma mère... un énergumène pur jus, bahbouh et sympathique comme pas deux... sa seule façon de parler faisait rire aux larmes, et ses anecdotes goulettoises n'en parlons pas ! Tout, mêmes les drames, était prétexte à la rigolade et la dérision.

Depuis de longs mois fi Bèrij, sans aucune légitimité française, et les économies importées se faisant malingres, il désespérait de trouver un job. C'est donc dans une de ces moments de désoeuvrement, voire de léger découragement, qu'il décida de nous rendre visite. Le temps était printanier et le café fut servi sur le balcon en fer forgé... il racontait ses soucis lorsque ma mère l'interrompit "tu vois ce magasin là-bas, il y a une affiche, je l'ai lue en revenant de chez mon cousin Claude le zazar... on y demande un vendeur et un responsable, tu veux pas qu'on aille voir... mè tâarefch chfema fi yid rabbi"...

Elle dut insister et finalement, bras dessus bras dessous, nous voilà arrivés chez le grossiste en tissus (essaie maintenant d'aller te présenter pour un boulot avec ta cousine et sa fille !!!).
Derrière un comptoir mi-bois mi-formica, le patron, la carrure imposante... Zizo le frère de Marie la rousse goulettoise. Tiens, bonne surprise, ça peut aider ! Après les circonvolutions d'usage et l'évocation de quelques souvenirs, notre zygoto s'enhardit de cette coïncidence et postula habilement pour être vendeur. L'autre, la Goulette ou pas, voulait quand-même en savoir un peu plus, et d'une grosse voix dézinguée par le tabac, il se mit à poser les questions qui fâchent (les réponses aussi d'ailleurs !).

dis-moi, tu as déjà vendu quelque chose toi dans ta vie ?... oui bien sûr...
des tissus, du linge, des robes ?... non, des meubles...
mnih chez qui, chez conforamaaaa ?... non, chez ma mère...
mella ând omok ya guedeb, anai ma nâarefch li omok mètèt ?... chouf echmâni dit Roger, okhti ou khouya kemcha sarakine, alors justement, quand elle est morte ma mère, c'est moi que j'ai vendu tous ses meubles kes tu crois !"

Inutile de dire que la réponse fut plus cinglante qu'un niet soviétique, mais déjà, l'ogre avait de la peine à garder son sérieux. Alors Roger, sans se décourager et avec une blata de folie... "et le poste de responsable, tu veux pas me le donner brass bouk, thab oueldi y okâad cheyah ?... pourquoi, tia déjà été responsable toi, où çaaa, à la gouleeeeette ?... bien sûr à la goulette, quand j'étais petit, chaque fois qu'il y avait une catastrophe quelque part, tout le monde y disait chouffou mâa Roger, c'est toujours lui le responsable !"

Quand il leva sa main du comptoir, on a tous cru que Zizo la terreur allait la lui mettre dans les dents. Au lieu de ça, il lui secoua la louche dans un grand éclat de rire... "tié même pas un bon à rien, tié mauvais à tout... mais tié trop ahlou pour que je te laisse partir... mella tawa euchkeut, je vais t'apprendre le métier et tu seras le champion du quartier". Et Roger apprit, il fut même nommé Responsable, et il fut sacré roi du quartier. La boutique ne désemplissait plus, et ce fut le début d'une solide amitié qui dura près de 30 ans.

Par sa bonne humeur, ses pitreries et ses anecdotes savoureuses sur ses aïeux de la Goulette, il a transformé le quotidien de tous les laissés pour compte du coin. Il embrassait les vieilles dames, leur portait les courses, chantait pour les petits ou le cantonnier, offrait le café... Il était plus souvent sur les trottoirs et tout le monde le regardait vivre.

Mais quelque chose restait mystérieux... ces baisers qu'il envoyait souvent de la main, en bougeant ses lèvres en silence. Avec le son, on aurait pu entendre "Marcellita je te dois tout, yarani kobara alik". Et si la rue avait pu suivre le vol de ces baisers, elle les aurait vu se poser un peu plus loin, un peu plus haut, sur la rambarde d'un balcon en fer forgé.




MARRINE ESTHER LEVY est professeur de français née à la Goulette.

Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
13 mai 2012, 09:56
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
15 mai 2012, 08:08
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
15 mai 2012, 09:00
CARNAVAL DE RIO...PAR IMAMILI AGENCY NEWS.


hebergeur d'imagehebergeur d'imagehebergeur d'image
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
15 mai 2012, 12:43
magnifique !!!

c'est-on qui est à l'origine de cette belle et merveilleuse idée ?


j'ai été à Rio, il y a quelques années et en faisant les magasins de souvenirs et autres j'ai été étonnée de faire la connaissance de nombreux
juifs qui tenaient ses magasins, certains ne connaissait pas l'Europe, origine de leurs ascendants.
des gens chaleureux et heureux de vivre dans cette grande ville.
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
16 mai 2012, 09:37
Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
18 mai 2012, 08:49
CALB SAFI
CALB GHZAR

Traduite au mot à mot CALB SAFI…veut dire CŒUR PUR.
CALB GHZAR par contre CŒUR SEC.

Un calb safi est celui qui pardonne très vite lorsqu’on lui fait une crasse. Il ne se donne pas le temps d’attendre pour pardonner. Cela peut être sur la champ ou alors qqs jours après. Si son interlocuteur
Se rend compte qu’il a blessé son ami et qu’il lui demande de l’excuser ou de le pardonner, le blessé ou l’offensé tourne la page sur le champ et l’incident passe aux oubliettes.

Etre un CALB SAFI ne doit pas être interprété comme un personnage faible, un pigeon mais comme un homme ou une femme bien au dessus des rancunes. Quelqu’un éduqué dans de bonnes valeurs. Sa générosité de cœur ne porte pas à la vengeance ni à la revanche. C’est un caractère qui laisse passer parfois les injures et il se dit en lui-même que son interlocuteur était peut être mal luné ce jour là et qu’il a fait une dérive. Le CALB SAFI ne va pas porter cela dans son cœur durant des années. Il va passer l’éponge et ne plus en parler. Il tient à garder son amitié envers cette personne qui accidentellement, OU involontairement s’est permit un écart de langage envers lui.

Un quiproquo peut engendrer un conflit mais le CALB SAFI ne va pas en faire un abcès parce qu’il a le cœur pur. D’ailleurs il y a une expression judéo arabe qui dit ‘..RABI YATI CEN EL CALB SAFI. D ieu offre à celui qui a le cœur pur.

A l’inverse LE CŒUR GHZAR, est celui qui a un mauvais cœur. Un rancunier qui ne pardonne jamais une faute, une erreur. Parce sa fierté ou son honneur en a prit un coup. Il va donc tenir cette rancune pour toujours envers celui qui lui a fait un affront en public. Devant des amis etc… Il ne pardonnera jamais l’injure il ira même jusqu’à montrer de la haine envers celui qu’il considère comme ennemi alors qu’auparavant il était son ami. Le CALB GHZAR est un homme ou une femme qui n’a jamais appris à pardonner. Sans doute parce qu’il a souffert auparavant d’une grande indifférence dans sa vie d’adolescence. Il en veut presque à tout le monde e t celui ou celle qui oserait se permettre de le mettre en porte à faux, il recevra de sa part les mots les plus durs, juste pour le mettre plus bas sous terre. Cet homme là ou cette femme là est un personnage mauvais. Qui respire l’air mauvais qui passe dans ses veines et bloque dans son cœur tout bons sentiments.

Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
18 mai 2012, 10:00
Albert Siméoni
L’enfant de la Goulette.



Roman inédit.


CLAIRE-FONTAINE.
Ou le sentier aux alouettes.


Chapitre VIII.

Le vieux s’approcha de lui, l’air menaçant…

-‘…Allez y , vos petits poings vous démangent, n’hésitez pas, je ne réagirai pas, je suis bien plus calme que vous et je n’oserai me défendre contre un vieux, dans l’état où vous êtes… !’
-‘…SORTEZZZZZZZZZZZZZZZZZZ… !’
-‘…Votre fils vous passe le bonjour… !’

Le vieux s’arrêta un instant de vociférer…

-‘…Quel fils…. ! Pascal…. ?’
-‘…Je suis chargé de vous le dire, il vous passe le bonjour… !’
-‘…Ne jouez pas avec mes nerfs.. ! Je vous demande de respecter sa mémoire car je pense qu’il est mort… !’
-‘…Il est vivant et bien vivant, votre Pascal , Mr Brillard… !’

Le vieux, fut soudain prit d’abattement, il perdit de sa fougue et prit soin de s’asseoir en s’appuyant sur le bord de la table.


Re: LE PTB ET MOI ZOUZ.
01 juin 2012, 08:57
Albert Siméoni
L’enfant de la Goulette.



Roman.


CLAIRE-FONTAINE.
Ou le sentier aux alouettes.



Chapitre IX.

La demoiselle s’absenta un instant puis…

-‘…Il vous attend Mr Moore… !’
-‘…Merci Mademoiselle… !’
A suivre..




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