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Manifestations à caractère social en Israël

Envoyé par MeYeR 
Re: Manifestations à caractère social en Israël
15 août 2011, 14:48
Face à la contestation sociale, Netanyahou veut "garder la tête froide"

LEMONDE.FR avec AFP | 15.08.11 |

Le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou anime le conseil des ministres, dimanche 14 août, à Jérusalem.REUTERS/POOL
Benyamin Nétanyahou a averti lundi 15 août que son gouvernement n'avait pas l'intention d'agir dans la précipitation pour tenter de résoudre la crise sociale en Israël. Le premier ministre israélien entend entreprendre des réformes prudentes et responsables.

"Nous allons garder la tête froide. Nous ne pouvons pas briser toutes les contraintes. Nous ne pouvons pas laisser libre cours à toutes les dépenses comme s'il n'y avait pas de lendemain", a déclaré M. Nétanyahou lors d'une réunion extraordinaire de la commission des finances du Parlement, selon un communiqué de son bureau. Le premier ministre répondait ainsi à nouveau à la vague de protestations sans précédent contre la vie chère et pour la "justice sociale" qui déferle dans les rues d'Israël depuis le 14 juillet.

Les manifestants, en nombre croissant au fil des semaines et appuyés par une écrasante majorité de l'opinion, exigent des baisses des prix des produits de base ainsi qu'un train de réformes, notamment dans le logement, la santé publique et l'éducation. Les manifestants demandent d'autre part au gouvernement Nétanyahou de réduire l'emprise des grosses entreprises israéliennes qui profitent de leur quasi-monopole pour perturber le jeu de la libre concurrence. Ils exhortent le premier ministre de droite à réviser son credo néo-libéral afin d'instaurer davantage de justice sociale.

M. Nétanyahou — qui prêche désormais "la responsabilité financière et la sensibilité sociale" — s'est dit prêt à infléchir ses orientations socio-économiques pour répondre aux revendications des protestataires, mais il s'est gardé de dire en quoi et comment. Les députés du Parlement interrompront leurs vacances mardi pour débattre de la crise sociale en séance plénière.

CONTRE-COMMISSION MISSIONNÉE

"Il est évident que beaucoup d'Israéliens ont du mal à joindre les deux bouts et que les écarts sociaux se creusent (...) Nous entendons abaisser le coût de la vie et réduire ces écarts. Pour cela, nous devons apporter un changement, un changement authentique", a encore dit M. Nétanyahou. "Mais nous ne pouvons pas exagérer ni forcer toutes les limites pour dépenser à tout va en disant 'après nous le déluge' (...) Il faut modifier l'ordre des priorités tout en préservant notre économie", a-t-il souligné.

M. Nétanyahou a chargé une commission dirigée par le professeur Manuel Trajtenberg, un économiste très respecté, d'examiner les options et de présenter d'ici à septembre ses recommandations au gouvernement pour approbation. Les représentants du mouvement de contestation ont de leur côté choisi lundi leur propre équipe d'experts, dirigée par Avia Spivak, un ancien vice- gouverneur de la Banque centrale d'Israël, et le professeur de sciences sociales Yossi Yonah, de l'Université Ben-Gourion de Beersheva (sud d'Israël).

M. Spivak a déploré lors d'une conférence de presse à Tel-Aviv "l'émergence, devant nos yeux étonnés, d'une république bananière" qui rend l'accès à la propriété impossible. "La voix qui se fait entendre dans les camps de toile de protestation érigés à travers le pays est forte et claire. Une bonne économie politique ne se mesure pas uniquement en termes de PIB par habitant, d'inflation et de taux de chômage bas", a estimé M. Spivak. Il a ainsi fait allusion au bulletin de santé globalement positif de l'économie israélienne en termes macro-économiques, qui s'accompagne cependant de graves disparités sociales, dont souffrent en particulier les classes moyennes, épine dorsale du pays.

[www.lemonde.fr]
Re: Manifestations à caractère social en Israël
18 août 2011, 01:45
Israël peut-il connaître une catastrophe "à la grecque" ?


Contesté depuis plus d’un mois par un mouvement social sans précédent, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu agite le spectre d’un scénario à la grecque pour ne pas céder aux revendications des manifestants.

Benjamin Netanyahu doit résoudre une sorte de quadrature du cercle. Il affirme être disposé à accepter une partie des revendications des manifestants qui dénoncent la cherté de la vie notamment pour les prix des logements qui ont grimpé de moitié en cinq ans.

Mais cette crise sociale tombe mal. La croissance au pas de charge qu’a connue l’économie israélienne depuis deux ans donne des signes d’essoufflement avec une progression de 3,3% au deuxième trimestre contre 4,7% durant les trois premiers mois de l’année. La Banque d’Israël a ramené ses prévisions de 5,2% à 4,8% pour l’ensemble de 2011.

"Cela reste un résultat honorable par rapport aux pays européens, mais il constitue un avertissement", souligne un responsable de la Banque d’Israël.

Autre signe inquiétant : le déficit commercial a triplé durant les sept premiers mois de l’année par rapport à la même période de l’an dernier pour atteindre 8,6 milliards de dollars.

Le ralentissement de l’activité en Europe et aux Etats-Unis les deux principaux clients de l’Etat hébreu, ainsi que la montée en force du shekel, la monnaie nationale, expliquent cette contre-performance.

Du coup Benjamin Netanyahu avance sur des œufs. Lui et ses proches ne cessent d’agiter le spectre d’une situation "catastrophique" comme celle dans laquelle sont plongées la Grèce, l’Espagne et le Portugal.

"Nous n’agirons que dans le cadre budgétaire actuel", martèle le Premier ministre. Autrement dit, il n’est pas question de creuser le déficit ou de gonfler la dette.

Sur ces deux fronts, la politique de Benjamin Netanyahu a porté ses fruits. Le déficit devrait être inférieur de 3% en 2011 contre 3,7% l’an dernier.

La dette ne cesse de baisser. Elle représente 76% du PIB contre 80% il y a deux ans. L’objectif est de la ramener à 60% d’ici 2010.

"La seule solution dans ces conditions est de procéder à de simples transferts de budget et d’augmenter les impôts", souligne-t-on au Ministère des Finances.

Une mission qui ne s’annonce pas facile.

Un exemple : une bonne partie des commentateurs réclament des coupes claires dans le budget de la défense qui absorbe à lui seul 6,5% de la richesse nationale, trois fois plus que dans la plupart des pays occidentaux. Mais sur ce front, Benjamin Netanyahu se heurte au très puissant lobby de l’armée qui refuse de se serrer le ceinturon.

"Ceux qui prétendent que la sécurité se paie au détriment de l’éducation, de la santé et du social mentent", proclame Matan Vilnaï le ministre chargé de la Défense des civils.

Les pressions de la rue, qui devraient culminer le 3 septembre avec un million de manifestants que les organisateurs du mouvement de contestation espèrent mobiliser, devraient toutefois contraindre la Défense à faire un "geste".

Sur la piste fiscale, Benjamin Netanyahu en tant que chef du gouvernement et auparavant ministre des Finances, a abaissé les impôts sur les sociétés de 36% à 24% en huit ans et réduit la charge pour les hauts revenus.

Il pourrait reprendre en partie ce qu’il a donné en augmentant la pression fiscale sur les plus riches. Mais là aussi les ressources dégagées risquent de ne pas suffire à financer les réformes souhaitées par la population.

Pascal Lacorie

La Tribune.fr
Re: Manifestations à caractère social en Israël
24 août 2011, 05:50
"CHASSEZ LES TYCOONS*, ZENGA, ZENGA" : L'APPEL DE YARON ZELEKHA, EX-TRESORIER PAYEUR GENERAL D'ISRAËL. LES FORTUNES FRANCAISES DEMANDENT : TAXEZ-NOUS!. EN ISRAËL, ON EN EST BIEN LOIN.


Par Daniel Rouach (Tel-Aviv)

Rubrique: Editorial

Publié le 24 août 2011

Le mouvement social en Israël a finalement trouvé son héros qui fait salle comble à chacune des ses apparitions. Son nom : Yaron Zelekha. Il était le Trésorier-payeur-général de l’Etat. C’est lui qui avait dénoncé la plupart des affaires de corruption qui ont secoué le pays, y compris celle impliquant l’ex-Premier Ministre Olmert. L’homme est tout à la fois adulé et haï.

Bien avant la révolte des tentes il avait tenté de combattre par la loi les inégalités sociales et avait signalé avec une abondance de détails la concentration des pouvoirs en Israël. En 2010 Zelekha avait fait un cours d’économie de 80 minutes qui est devenu un best seller sur You Tube. Plus de 80 000 personnes ont déjà suivi son intervention.

Sa démonstration étant implacable, il est devenu rapidement “l’homme à abattre”par les magnats. Hier soir, et en présence d’IsraelValley, il a tenu un discours à “l’Ono Academic College”. Dans son intervention très remarquée il a utilisé la célèbre phrase de Kahdafi et les mots “Zenga, Zenga” (allée par allée). “Il faut démolir le pouvoir des magnats zenga, zenga…”. Yaron Zelekha devrait lire l’article ci-dessous. Une idée pour son prochain discours ?

ISRAELVALLEY PLUS

Le Parisien: "« Taxez nous ! ». C’est l’appel lancé cette semaine par seize très grandes fortunes et patrons d’entreprises françaises dans les colonnes du Nouvel Observateur, déjà visible sur son site Internet. Les signataires de la lettre demandent « l’instauration d’une ‘contribution exceptionnelle’ qui toucherait les contribuables français les plus favorisés » afin de réduire le déficit budgétaire de la France. Cette déclaration collective intervient alors que le gouvernement s’interroge sur la possibilité de taxer davantage les «méga-riches».

«Nous sommes conscients d’avoir pleinement bénéficié d’un modèle français et d’un environnement européen auxquels nous sommes attachés et que nous souhaitons contribuer à préserver», écrivent-ils. «Au moment où le gouvernement demande à tous un effort de solidarité, il nous semble nécessaire d’y contribuer », ajoutent-il.

Cet appel est signé par Jean-Paul Agon, PDG de L’Oréal, Antoine Frérot, DG de Véolia Environnement, Denis Hennequin, PDG d’Accor, Marc Ladreit de Lacharrière, président de Fimalac, Maurice Lévy, PDG de Publicis, Christophe de Margerie, PDG de Total, Frédéric Oudéa, PDG de la Société Générale, Jean Peyrelevade, président de Leonardo France, Franck Riboud, PDG de Danone, Stéphane Richard, PDG d’Orange, l’ancien PDG de Renault Louis Schweitzer, Marc Simoncini, président de Meetic, Jean-Cyril Spinetta, président d’Air France-KLM et président du Conseil de surveillance d’Areva, et Philippe Varin, président du directoire de PSA Peugeot-Citroën. Claude Perdriel, président du Conseil de surveillance du Nouvel Observateur et Liliane Bettencourt, actionnaire de L’Oréal, y ont également apposé leur signature.

Ils précisent que cette contribution devrait être calculée «dans des proportions raisonnables» afin d’éviter «les effets économiques indésirables tels que la fuite des capitaux ou l’accroissement de l’évasion fiscale». Il ne s’agit pas d’une «solution en soi : elle doit s’inscrire dans un effort plus global de réforme, tant sur les dépenses que sur les recettes», selon eux.

Maurice Lévy, qui est également président de l’Association française des entreprises privées (Afep), avait été le premier en France à se dire favorable à une «contribution exceptionnelle» des plus hauts revenus, en écho à un appel de l’investisseur milliardaire Warren Buffett aux Etats-Unis à la mi-août. Pierre Bergé, ancien dirigeant de la maison Saint-Laurent, et Geoffroy Roux de Bézieux, le PDG de Virgin Mobile, avaient suivi quelques jours plus tard.

D’autres patrons n’ont pas souhaité signer le texte du Nouvel Observateur, mais ne se déclarent pas pour autant hostiles à un effort fiscal supplémentaire, précise l’hebdomadaire. Ils estiment néanmoins que cette mesure devra s’accompagner d’efforts supplémentaires, comme la restauration de la compétitivité de la France ou la réduction des dépenses publiques. Il s’agit de Claude Bébéar, président de l’Institut Montaigne, Henri de Castries, PDG d’Axa, Henri Lachmann, président du Conseil de surveillance de Schneider Electric, Michel Pébereau, président de BNP Paribas.

Bertrand Puech et Patrick Thomas, de Hermès, insistent quant à eux sur la création de valeur."

[www.israelvalley.com]

* TYCOON : magnat de la finance
Re: Manifestations à caractère social en Israël
07 septembre 2011, 00:33
Crise sociale en Israël, par Roger Cukierman
06/09/11




Ce texte est publié dans la rubrique Tribunes Libres réservée aux commentaires issus de la presse. Les auteurs expriment ici leurs propres positions, qui peuvent être différentes de celles du CRIF.

J’avais pensé consacrer ce papier de rentrée à la crise sociale en Israël. Mais voilà que les missiles ont frappé à nouveau les villes israéliennes! Et les questions sociales paraissent dérisoires lorsque les terroristes sèment la mort dans la population. Et n’y a-t-il pas des points communs entre les soldats qui défendent avec fierté Israël et ces jeunes qui manifestaient shderot (avenue) Rothschild pour exprimer leurs préoccupations sociales. Ils se plaignent de la difficulté à trouver un logement, du coût de la vie, de la cherté des études et des dépenses de santé.

Après tout les jeunes qui entrent dans la vie active sont d’anciens soldats qui avaient consacré trois ans de leur vie à la défense de leur patrie. Oui ces anciens soldats méritent que l’état veille à ce que, une fois revenus à la vie civile, ils puissent trouver un toit et vivre décemment. La nation israélienne leur doit bien cela.

Ces jeunes parlent de justice sociale. Ils pensent y avoir droit alors que le miracle économique israélien est unanimement admiré. Oui Israël c’est l’exemple même du succès des thèses économiques libérales avec une forte croissance, un faible chômage, des exportations florissantes, des réserves extérieures élevées, une monnaie plus forte que le dollar, et une technologie mondialement admirée.

Oui mais l’échelle des revenus s’allonge, les inégalités s’approfondissent, et les Israéliens qui sont fiers de leur pays pensent qu’on peut faire mieux. Ils disent : « nous aimons Israël, mais nous voulons un état plus juste, qui donne un toit à tous, et une chance à chacun ».

Ce qui est surprenant c’est que ce mouvement émane des classes moyennes. C’est une revendication pacifique, bon enfant, sans violence. Rien à voir avec mai 68 et ses pavés. Rien à voir avec le printemps arabe, un printemps sanglant qui visait à libérer les peuples de dictateurs. Ces « indignés israéliens» sous des tentes sur le Bd Rothschild surprennent : ils fument le narguilé, mangent des sushis, poussent des poussettes et des porte bébés, ce sont des bourgeois, des adolescents, des étudiants. A ce mouvement s’ajoute une grève sévère des médecins hospitaliers qui menacent de démissionner collectivement.

Satisfaire toutes ces exigences passerait évidemment par des changements dans les priorités gouvernementales. Plus de crèches, d’écoles maternelles, plus de logements sociaux, et la gratuité de l’éducation. Mais comment faire quand le canon gronde, quand il est urgent de construire une barrière étanche entre l’Egypte et Israël, quand il faut trouver une parade aux missiles qui frappent Ashdod, Ashkelon et Beersheba, quand les alliés d’hier risquent de devenir des ennemis. Comment faire aussi quand une partie de la population israélienne, les Haredim, ne contribuent ni au service militaire ni aux impôts.

Les deux principaux partis politiques, Likoud et Kadima, sont pris par surprise. Ils ne voyaient pas venir ces revendications. Ce mouvement traduit la déception à l’égard de toute la classe dirigeante, chefs d’entreprises et syndicats compris. Chacun se rappelle combien de personnalités politiques ont été l’objet de poursuites judiciaires, voire de condamnations à des peines de prison : depuis un ancien président de l’état, un ancien Premier Ministre, et un ancien ministre des finances. Cela me rappelle le propos de l’ancien refusenik Nathan Charansky : « j’ai été en prison avant d’être ministre. Ici c’est l’inverse ». Mais les reproches abordent désormais aussi des questions politiques : on entend des reproches sur l’argent dépensé pour les implantations et pour les partis religieux. C’est peut-être le début de grands changements dans la vie politique israélienne.

Natanyahu a nommé une commission présidée par un monsieur Trachtenberg. Espérons que cette commission ne sera pas une chambre d’enterrement des revendications.

Nous sommes fiers du courage impressionnant de nos frères israéliens. Nous sommes fiers de leur réussite économique. Les Israéliens sont capables de devenir aussi un modèle de réussite sociale. Au risque de rendre jaloux tous les ennemis d’Israël !
Re: Manifestations à caractère social en Israël
27 octobre 2011, 13:16
PORTRAIT
" Daphni la Rouge ", icône de la révolte sociale israélienne

Jérusalem Correspondant

Etudiante sans logement, Daphni Leef fut la première à monter sa tente à Tel-Aviv, lançant ainsi le plus grand mouvement social de l'histoire d'Israël. Aujourd'hui célèbre, elle veut imposer plus d'égalité dans son pays.

Je ne pense vraiment pas que c'est lié à moi, mais à un moment les gens descendent dans la rue, parce qu'ils ont le sentiment qu'ils peuvent changer le cours de l'histoire. " Cette phrase de Daniel Cohn-Bendit, Daphni Leef pourrait la faire sienne. L'ancien leader de Mai 68, aujourd'hui président du groupe des Verts au Parlement européen, est venu en Israël, fin septembre, pour rencontrer les jeunes du mouvement de la révolte sociale et celle qui en est devenue l'égérie.

Ecrire l'histoire... Nul doute que Daphni Leef aimerait être celle qui aura fait craquer le carcan d'une économie israélienne ultralibérale au profit de réelles avancées sociales en faveur de la classe moyenne et de la jeunesse. Depuis qu'elle a initié, le 14 juillet, la " révolte des tentes " dressées sur le boulevard Rothschild de Tel-Aviv, la jeune femme est emportée par un tourbillon médiatique.

Elle s'efforce de garder la tête froide face à cette extrême personnalisation, mais ce n'est pas facile, à 25 ans, d'incarner une jeunesse en colère et d'être courtisée par les partis politiques. Elue " femme de l'année " par le magazine économique israélien Globes, elle assure ne pas être sensible à ce vedettariat. " En Espagne, aux Etats-Unis, dans d'autres pays, il n'y a pas de visage, c'est un mouvement populaire, global, celui des "indignés". Ici, constate-t-elle, cela a commencé avec une seule personne - ELLE - , rejointe par d'autres. "

Daphni Leef assume cette notoriété, un agenda qui semble aussi rempli que celui du premier ministre, une vie " qui a beaucoup changé " et, depuis quelque temps, une grande fatigue... Nous sommes assis à la terrasse d'un café de Jaffa, dans la banlieue sud de Tel-Aviv. Daphni Leef est une étudiante (en cinéma) comme tant d'autres : de longs cheveux bruns, un rien boulotte, le rire facile, des lunettes dans les cheveux, et beaucoup de détermination.

Elle avait bien aimé cette rencontre avec l'icône de la révolte étudiante française, mais Daniel Cohn-Bendit et son émule israélienne ne parlaient pas tout à fait le même langage. Le grand ancien avait incité les jeunes Israéliens à investir la scène politique, c'est-à-dire à prendre position sur l'occupation israélienne des territoires palestiniens. Il n'a pas convaincu Daphni Leef et les autres leaders du mouvement étudiant - Stav Shaffir, Regev Contes, Yonathan Levy et Itzik Shmuli, le président de l'Union nationale des étudiants -, qui refusent de se laisser embrigader par les partis politiques.

" La droite, la gauche, pour moi, ce sont tous les mêmes. Je conteste cette idée que nous ne pourrons rien tant que nous serons à l'extérieur du système. " Celui-ci, poursuit Daphni Leef, doit changer profondément : " Les députés sont complètement détachés du peuple et de ses préoccupations. Aujourd'hui, insiste la pasionaria du Mouvement du 14 juillet, avec Internet, Facebook, le peuple peut "voter" sur des choses très importantes. Or le peuple, c'est nous : nous avons le pouvoir, le peuple d'Israël a le pouvoir ! "

Enfin presque : après ce point d'orgue du 3 septembre, lorsque quelque 400 000 personnes sont descendues dans les rues pour la plus grande manifestation de l'histoire d'Israël, le gouvernement a semblé plier : il a rendu publiques les conclusions de la commission présidée par l'économiste Manuel Trajtenberg, lesquelles ont été immédiatement rejetées par la plupart des leaders étudiants. C'était une réponse totalement " à côté de la plaque ", résume Daphni Leef.

" Nous sommes le seul pays au monde où le budget est bouclé pour deux ans ! Il faut créer un véritable budget social et ne pas se contenter de sortir de l'argent d'une poche pour le mettre dans une autre. Il faut se poser la question de savoir dans quel pays nous voulons vivre dans trente ans. Il faut envisager des changements du haut en bas de la pyramide, un autre capitalisme. "

Qu'est-ce qui fait courir Daphni Leef ? Tout a commencé, d'une certaine façon, par... la dèche. En juin, elle est forcée de quitter son appartement. Commence un parcours d'obstacles pour trouver un logement dans une ville, Tel-Aviv, qui est rude aux étudiants désargentés. " Je travaille énormément - comme éditrice de films - , parfois quatorze heures par jour, et en plus, le vendredi et le samedi, je bosse comme serveuse. Je ne peux rien mettre de côté, mes rêves d'aller étudier à l'étranger, de faire un master sont irréalisables : tout est trop cher ", insiste-t-elle.

" J'en avais marre, marre, se rappelle la jeune fille, j'éprouvais une énorme frustration. " La conclusion s'impose, après des discussions avec quelques amis : " Autant devenir SDF ! " Une tente est dressée sur le boulevard Rothschild, puis deux, puis trois, puis cent. Avec Facebook et Skype, le mouvement fait boule de neige.

Rien ne prédestinait Daphni Leef à devenir la voix et le visage d'une révolte sociale. Une enfance à Jérusalem, dans le quartier résidentiel de Rehavia, un père compositeur de musique, une mère employée à la sécurité sociale, et pas de tradition religieuse dans la famille. Daphni Leef sera exemptée du service militaire (pour cause d'épilepsie), mais la presse de droite l'accuse d'avoir signé une pétition, en 2005, dénonçant l'" armée d'occupation "...

Elle juge la querelle dérisoire, préfère se concentrer sur ses " responsabilités " : " Nous devons rester très fermes sur la manière avec laquelle nous faisons naviguer ce navire - le mouvement de contestation - : nous devons nous assurer que les politiciens ne l'emmènent pas dans une autre direction. " Est-elle radicale, extrémiste, comme l'affirment certains ? Sans compromis conviendrait mieux. Négocier avec le gouvernement du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, n'entre pas dans sa logique : " Si vous demandez la justice sociale, insiste-t-elle, cela ne se négocie pas ! "

Reste donc la pression de la rue. Celle-ci fera-t-elle, une nouvelle fois, plier le gouvernement ? Daphni Leef a confiance : " Aujourd'hui, observe-t-elle, il y a un énorme fossé entre la population d'Israël et le gouvernement. C'est la racine commune d'un grand nombre de soulèvements dans le monde : partout, les gens s'éveillent, parce qu'ils en ont assez d'être déçus, d'être roulés dans la farine. "

Laurent Zecchini

© Le Monde daté du 28 octobre 2011

Daphni Leef sur scène lors d'un rassemblement pour la justice sociale, à Tel-Aviv, le 6 août.
Près de 300 000 personnes ont manifesté ce jour-là dans les rues de la capitale israélienne.
WARSHAVSKY/SIPA


Pièces jointes:
Leef-Daphni-LM-281011.jpg
Re: Manifestations à caractère social en Israël
27 octobre 2011, 20:11
ils balancent de droite a gauche

restent ils a jamais gauche ? c est la question.
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