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TEMPS ET CONTRETEMPS.

Envoyé par breitou 
Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
23 décembre 2012, 01:44
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LES RELIGIEUX ISRAÉLIENS VERS UN RENOUVEAU POLITIQUE

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

Les religieux orthodoxes juifs n’ont pas tenu compte de ce qu’ils croyaient être une péripétie politique interne à un petit parti israélien alors qu’il s’agissait en fait d’un véritable tremblement de terre qui affectera certainement la politique du prochain gouvernement israélien. Ils n’ont pas compris qu’un incident qualifié de mineur, deux années auparavant, était révélateur de lignes qui bougent dans la mouvance religieuse.

Véritable défi

Rabbin Haïm Amsallem

Un membre éminent du parti Shass s’était alors rebiffé devant le comportement de son leader charismatique, un vrai «ayatollah» trop vieux pour insuffler un élan nouveau et salvateur à une formation qui, installée dans un conservatisme stérile et anachronique, risquait de s’étioler. Toute une idéologie était remise en cause devant le danger de débordement de la part d’éléments interprétant les textes avec restriction. Il s'agissait en fait d'un avertissement qui n'a pas été entendu.

Le député et rabbin Haïm Amsallem, avait osé défier le Conseil des Sages dominé par Ovadia Yossef, décideur et leader spirituel du parti. Il avait conseillé aux jeunes de cesser d’étudier la Torah à plein temps en vivant d’aumône mais de s’engager dans la vie active en pratiquant un travail rémunéré, parallèlement à l’analyse des textes sacrés. Il s’élevait implicitement contre ses dirigeants qui n’offraient aux jeunes que la pauvreté comme avenir et qui ne leur permettaient pas de côtoyer la civilisation laïque. Il avait aussi réclamé plus de nationalisme en reconnaissant l’idéologie sioniste, Tsahal et l’État d’Israël qui étaient rejetés par la direction religieuse. Haïm Amsallem avait pris un gros risque en quittant un parti qui lui assurait un avenir politique et financier mais il appuyait ainsi la preuve de son courage et de ses convictions.

Il avait, par ailleurs, lancé un pavé dans la mare en estimant que les membres de son parti Shass, pourtant créé pour défendre la communauté sépharade constituée en majorité de défavorisés, se comportaient en vassaux des ashkénazes en mimant leur comportement anachronique. Il avait ainsi pris le risque de réveiller le fantôme du conflit intercommunautaire qui avait déchiré le pays dans les années 1960-1970. En fait il avait senti, le premier, le risque de dichotomie entre la raison et la passion, entre la population israélienne et les fanatiques religieux de plus en plus actifs.

A l’origine de la création de l’État d’Israël

Les religieux avaient toujours bénéficié d’une grande indulgence de la part des dirigeants juifs et ont été choyés dans la vie politique en Israël, depuis la création du pays, parce qu’ils ont toujours été intégrés aux coalitions au pouvoir. Le rabbin Amsallem était persuadé de pouvoir agréger autour de lui un courant réformiste qui ferait bouger les frontières politiques afin de mêler les religieux au monde moderne et actif. Il avait reçu de nombreux soutiens de laïcs qui louaient son courage et qui approuvaient sa démarche tendant à offrir une autre vision positive de la religion.

Ce réveil identitaire, salutaire, n’avait pas été perçu de manière positive par les partis religieux qui ont préféré la scission. L’histoire de ces partis prouve que le judaïsme religieux est loin d’être monolithique et que les guerres entre factions n’ont jamais connu de répit. Les conflits conceptuels, fondés souvent sur des problèmes de personnes plutôt que de dogme, ont laminé les partis politiques religieux historiques. L’origine de ces partis explique leur évolution et l’impasse dans laquelle ils semblent engagés au point de ne pouvoir survivre que par une surenchère générale.

A l’origine, le parti Mizrahi, créé en 1902 en Lituanie, était la branche principale du sionisme religieux qui défendait l'idée d'un État juif fondé sur les principes du judaïsme orthodoxe. Son influence était moindre à l’époque pionnière qui faisait la part belle aux sionistes en majorité laïcs de gauche, issus des organisations révolutionnaires et communistes des pays de l’Est, qui dominaient l’Organisation sioniste mondiale. Pour ne pas être en reste, une branche ouvrière, l’Hapoel Hamizrahi, avait été constituée pour donner une image sioniste à un mouvement qui défendait la pratique religieuse mais aussi le progrès social. Les premiers kibboutzim firent leur apparition autour d’un concept laïc et athée, paradoxalement en opposition avec l’aspect religieux. La fusion en 1956 de ces deux partis donna naissance au Mafdal ou parti national religieux (PNR).

Le Parti National Religieux

Gouvernement de 1952 avec Yosef Burg du parti religieux

Le PNR, avant et après l’indépendance, a toujours été l’allié privilégié des socialistes du Mapaï puis des travaillistes au sein des différentes coalitions gouvernementales. Il prônait paradoxalement un réalisme incarné par une politique de modération à l’opposé de celle du premier ministre Ben Gourion, partisan de la manière forte et réputé pour son intransigeance. Parce qu’ils cherchaient avant tout le consensus, les religieux du PNR, visant la voie de la modernité, s’étaient séparés des ultra-orthodoxes qu’ils trouvaient trop conservateurs dans leur look et dans leurs idées. Ces derniers, les Harédim, étaient fortement inquiets de l’influence des laïcs dans les rouages de l’État et ils doutaient de la capacité du PNR à s’opposer à la mise à l’écart de la religion.
La Guerre des Six-Jours devait changer les rapports de force puisque le sionisme religieux se scinda en plusieurs tendances avec l’émergence d’un groupe des jeunes rebelles. Tous les partis israéliens, à l’exception des partis arabes et de l’extrême gauche, considéraient que la Palestine entière était la propriété de droit du peuple juif et rêvaient de ce qu’ils appelaient «Eretz Israël» alors que la droite laïque de l’époque donnait aux territoires un intérêt sécuritaire uniquement.

Les religieux ont donc dû prendre position entre ces deux conceptions antagonistes. Fidèle à ses alliances puisqu’il partageait le pouvoir, le PNR calquera sa position sur celle du parti travailliste sans faire preuve d’originalité. Mais la jeune garde commença à piaffer d’impatience devant sa volonté de donner une signification religieuse à tous les évènements politiques. Les jeunes religieux insinuaient que la rédemption était proche et que la victoire de 1967 n’était pas due à Tsahal mais découlait de la volonté divine. Ils avaient donc pour mission de favoriser la venue du Messie en judaïsant toute la Terre Sainte. L’occupation des territoires devenait une obligation divine et non pas un choix politique ou sécuritaire. Ils bousculèrent leurs ainés au PNR pour imposer l’installation de juifs dans toute la Cisjordanie.


La politique des implantations

Entrainement des enfants du Bloc de la Foi

Les jeunes s’organisèrent en dehors des partis traditionnels et fondèrent, en 1974, le Bloc de la Foi (Goush Emounim). Ils décidèrent alors de coller au plus près des textes en s’éloignant de la modernité et en favorisant l’expansion de la natalité sur les nouvelles terres. Leur volonté de ne laisser aucun espace aux arabes les radicalisa et les éloigna de la gauche pour les rapprocher de l’aile droite du Likoud. Ils avaient peu de culture politique mais un objectif ambitieux de développer les implantations religieuses, souvent contre les ordres du gouvernement, et ils n’hésitèrent pas à créer des points de peuplement sauvages et illégaux.

Le PNR avait perdu le contrôle de ses jeunes et, pour leur donner satisfaction, il rompit son alliance avec les travaillistes, aux élections de 1977, pour se rapprocher du Likoud. A la recherche de voix nouvelles, il abandonna ses positions habituellement modérées pour s’engouffrer dans l’option du «Grand Israël» en devenant le porte-parole des habitants des implantations. Mais il avait amorcé tardivement un virage qui n’empêchera pas son influence de décroître.

Le Likoud, qui était en embuscade, avait manœuvré avec opportunité politique en s’intéressant tout à coup aux communautés sépharades défavorisées dont certains dirigeants reçurent des places qui ne leur avaient jamais été proposées par les travaillistes. La communauté sépharade représentait la moitié de la population juive d’Israël et restait très attachée à la pratique religieuse. Mais les dirigeants du PNR, exclusivement d’origine ashkénaze, ne s’ouvrirent pas à cette moitié de juifs qui ont alors orienté leurs voix vers le Likoud. Par leur vote contestataire, ils avaient décidé de s’élever contre l’absence de représentants orientaux dans l’appareil politique du PNR. Cette erreur fut fatale à ce parti.

Yishaï, Dhéry, Attias

Pourtant les juifs sépharades avaient tout fait pour gagner la confiance d’un parti qui les ignorait. Ils envoyèrent leurs enfants dans le système scolaire ultra-orthodoxe ashkénaze sans pour autant obtenir le droit d’avoir des candidats sépharades à des postes éligibles sur les listes du PNR. Devant ce refus, la jeune pousse décida de conduire sa propre liste en créant le Shass en 1984. Mais paradoxalement, cette création se fit sous l’égide d’un rabbin ashkénaze, le rabbin Shach, qui chercha ainsi à imposer ses directives à des débutants pour limiter les conséquences de cette scission. Il avait mis sous tutelle les jeunes fougueux séfarades

Inexpérience politique et désordre

Les jeunes dirigeants du Shass ont su ratisser large puisque des sépharades laïcs se sont joints au mouvement en donnant au parti un rôle charnière dans les coalitions. Mais ils n’avaient aucune expérience politique ni économique puisqu’ils sortaient des écoles talmudiques. Alors, ils s’attachèrent les services de rabbins, vieux et dépassés, dont les lacunes politiques les conduisirent à de grandes erreurs. Certains furent éclaboussés par des scandales qui entrainèrent l’incarcération de dirigeants victimes de scandales financiers. Ces jeunes volontaires et ambitieux n’ont pas su s’affranchir du poids de leurs ainés et se plièrent aux diktats du vieux rabbin Ovadia Yossef, qui donna au parti une image de marque décalée par ses déclarations controversées, tout azimut.

Naftali Bennett

Aujourd’hui le parti national religieux, Habayit Hayéhoudi, est entre les mains de l’étoile montante Naftali Bennett. Officier de réserve ayant fait partie des commandos d’élite, Sayaret Matkal, il s'était lancé avec succès dans le monde des affaires on créant une start-up revendue 245 millions de dollars en prouvant qu’il pouvait être religieux sans nécessité d’étudier la Torah à plein temps. Il avait compris qu'il fallait quitter la tenue noire anachronique pour attirer à lui une jeunesse à la recherche d'un idéal alliant le sionisme historique avec les préceptes religieux. Un seul bémol cependant, le positionnement de Habayit Hayéhoudi à la droite du Likoud peut freiner les ardeurs des militants peu sensibles aux thèses extrêmes.

Par leurs prises de positions iconoclastes, Naftali Bennett et le rabbin Amsallem se rapprochent en fait, malgré leurs idées orthodoxes d’origine, des nouveaux sionistes religieux, réfractaires aux traditions héritées des «shtétels», ces villages polonais. En portant la kippa tricotée, ils symbolisent une idéologie défendant la compatibilité entre vie religieuse et vie citoyenne moderne. Ils affichent surtout leur grande motivation de servir l'État et Tsahal car ils estiment, contrairement aux orthodoxes, que l’État est sacré. Ils l’ont prouvé puisque des jeunes conscrits religieux s’enrôlent à présent dans les unités combattantes et que de nombreux généraux arborent la kippa à l’instar de l’adjoint au chef d’État-major adjoint, le général Yaïr Naveh. En fait ils oeuvrent pour le renouveau politique de la religion au sein de l'État juif.

Troisième parti d’Israël

Le Shass a raté le virage engagé par le PNR et c’est la leçon du clash du député Amsallem qui anticipait la perte par le Shass de ses troupes. D’ailleurs Habayit Hayéhoudi vient de prendre, au dernier sondage du 19 décembre, la place de troisième parti d’Israël en étant crédité de 12 sièges tandis que Haïm Amsallem entre à la Knesset avec deux ou trois députés alors que le Shass en perd deux. En ne canalisant pas les ultra-orthodoxes, qui pour certains condamnent l’existence même de l’État d’Israël mais qui obtiennent de plus en plus de prérogatives dans les décisions administratives civiles liées à la vie quotidienne, les autorités religieuses se sont coupées de la majorité de la population laïque du pays. La capacité de nuisance de cette catégorie d’orthodoxes n’a d’égale que leur volonté de régenter les aspects de la vie de tous les jours.

Candidats liste Bayit Yéhoudi

La mise à l’écart des femmes dénote l’exaspération de toute une population, religieux modérés compris. Aucune femme ne figure d’ailleurs dans les listes orthodoxes alors que le rabbin Amsallem en a placé une à la quatrième position dans sa liste et que Naftali Bennet a offert à deux femmes une place éligible. La mainmise d’une minorité n’est plus acceptée et sa lâcheté à s’attaquer aux plus faibles, les femmes, et aux plus fragiles, les enfants accusés d’indécence à cause de leurs tenues non conformes aux règles orthodoxes, n'est plus acceptable.
Candidats liste Am Shalem

Les nouveaux dirigeants religieux se sont inspirés de l'étranger en côtoyant la nouvelle mouvance orthodoxe aux États-Unis, ouverte à la civilisation moderne sans renier les bases de la Halakha, la loi religieuse. Ils ont alors affirmé haut et fort leur opposition à ces dérives contestables et à une interprétation restrictive des textes sacrés. Le renouveau de la religion passe à présent par ces nouveaux chevaliers qui vont peut-être réussir à attirer à eux des laïcs attachés aux traditions qui ont permis à leurs parents de résister à l’assimilation durant l’exil. Les sondages confirment qu’ils ont été entendus.

Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
27 décembre 2012, 12:50

jeudi 27 décembre 2012

LE ROI ABDALLAH DE JORDANIE FACE AUX RISQUES DES ARMES CHIMIQUES SYRIENNES
Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

En complément à l’émission DEBRIEF du 27 décembre à 18h30 animée par David SEBBAN sur GUYSEN-TV.

Israël n’est pas le seul pays inquiet du risque de prolifération des armes chimiques syriennes parce qu’elles pourraient tomber entre des mains terroristes capables de remettre en cause l’équilibre régional. La Jordanie se trouve impliquée, malgré elle, dans ce conflit puisqu’elle dispose d’une frontière commune avec la Syrie. Elle est forcée de canaliser l’afflux de réfugiés palestiniens cherchant à traverser sa frontière et elle craint, de ce fait, l’action sur son territoire de bandes organisées soutenues par les salafistes qui tenteraient de déstabiliser ou de renverser le roi. Il semble qu’il y ait donc un consensus entre Israël et la Jordanie sur le danger réel du conflit syrien sur l’existence même du royaume.

Commandos israéliens

Commandos Sayeret Matkal

Le journal Al-Qods Al-Arabi, édité à Londres et généralement bien informé, a fait état d’une rencontre secrète entre Benjamin Netanyahou et le roi Abdallah de Jordanie. Le premier ministre israélien tenait à l’informer des différents plans mis au point par Tsahal pour détruire les stocks d’armes chimiques en Syrie par des frappes aériennes ou par des attaques de fantassins au sol. De hauts responsables israéliens ont confirmé cette information du journal arabe. Le premier ministre a aussi abordé avec le souverain le dossier des armes syriennes non conventionnelles. Il semble que le roi Abdallah n'ait pas donné suite à la proposition de Netanyahou de détruire, par une opération militaire, les entrepôts d'armes chimiques détenus par le régime de Damas.

Les deux dirigeants ont eu à commenter les fuites de source arabe sur une éventuelle présence d’israéliens en Syrie. Des sources occidentales bien informées y ont d’ailleurs fait état d’activités secrètes de forces israéliennes. Selon le site libanais Al-Khabar, citant le journal «Ad-Diyar», huit équipes de commandos spécialisés israéliens interviennent en soutien des occidentaux après s’être introduits par la ville irakienne d’Abou Kamal ou libanaise d’Akkar. Ils s’infiltrent auprès des soldats de l’ASL (l’armée syrienne libre) afin de repérer les sites sensibles de stockage des armes chimiques. Netanyahou tenait à présenter lui-même les résultats des investigations des commandos israéliens opérant à l'intérieur de la Syrie.

Neutralisation des sites chimiques

Rebelles syriens

Netanyahou a demandé à la Jordanie la permission d’attaquer les installations d’armes chimiques en passant par son territoire. Bien qu’Israël ait assuré le roi que les frappes seraient effectuées avec précision, Amman hésite encore à appuyer cette action aux conséquences politiques sérieuses et soulève le risque de nombreuses victimes civiles et d’une menace sur l’environnement. Le roi estime qu’une incursion terrestre entrainerait des dégâts irréversibles et déséquilibrerait l’équilibre politique régional. Il refuse par ailleurs d'être le seul Etat arabe à intervenir aux côtés des israéliens.

Netanyahou aurait cherché à convaincre Abdallah II d’intervenir auprès de l’Égypte et de l’Arabie saoudite pour ouvrir et faciliter une collaboration avec Israël. Le roi aurait mis comme condition immédiate d’engager des négociations de paix avec Mahmoud Abbas afin de lever les réticences de ces deux pays. Mais le premier ministre a expliqué que ces considérations étaient dépassées car la situation devenait urgente. Le régime d’Assad semble toucher à sa fin et il ne verrait son salut que dans l’utilisation d’armes chimiques contre les rebelles.

L'anxiété est donc à la hausse. Hillary Clinton se contente, une fois de plus, de mise en garde à destination de Bassar Al-Assad : «Je ne vais pas télégraphier dans les détails ce que nous ferions en cas de preuve crédible que le régime d'Assad a eu recours à des armes chimiques contre leur propre peuple. Mais il suffit de dire que nous envisageons de recourir à de telles mesures.» Cette anxiété est liée aux rapports de David Sanger et Éric Schmitt dans le Times précisant que «l'activité que nous voyons suggère une certaine préparation chimique potentielle armée».

Plusieurs requêtes

Armes chimiques syriennes

Cette requête auprès de la Jordanie n’est pas nouvelle. La visite de Netanyahou s’inscrit après une demande réitérée deux fois auprès de la Jordanie par l’intermédiaire d’envoyés du Mossad pour obtenir, en vain, la permission de «bombarder les sites d’armes chimiques». Le déplacement personnel du premier ministre avait pour but de sensibiliser le Roi de Jordanie sur les risques encourus par son pays si rien n’était fait. Les rapports de ses commandos sur place sont alarmistes pour le régime hachémite. Bien sûr Israël peut se passer de cette autorisation mais certains sites jouxtent la frontière avec la Jordanie et la Syrie pourrait considérer que la Jordanie est impliquée et complice d’une attaque israélienne avec les répercussions que cela entraine.
Il n’est un secret pour personne que la Jordanie collabore déjà avec Israël sur le plan sécuritaire. Elle est même devenue une plaque tournante des activités contre le régime syrien. Des sources occidentales précisent que les États-Unis, la Jordanie et les États du Golfe ont mis en place une structure de renseignements visant à dépister les militants djihadistes afin de lutter contre l’influence des soutiens turcs et qataris auprès des rebelles. La Jordanie soupçonne les syriens d’infiltrer ses agents dans le camp de réfugiés syriens près de Zaatari, chargés de créer un foyer d’agitation en Jordanie, avec l’objectif secret de renverser le roi.

Ainsi Jeffrey Goldberg du journal «The Atlantic» avait déjà révélé qu’Israël avait demandé durant les mois précédents, à deux reprises, la «permission» de bombarder. Les envoyés du Mossad qui ont fait le voyage à Amman ont rendu compte que le roi «n’estimait pas le moment venu». Le déplacement du premier ministre lui-même tend à informer le roi sur les risques qu’il prend en restant passif mais aussi à l’assurer qu’Israël suit parfaitement le trajet des armes chimiques qui restent sous la supervision des drones américains et israéliens.

Plus la situation devient critique en Syrie et plus le régime de Damas peut être amené aux dernières extrémités. Netanyahou a précisé que «Il y a des développements dramatiques en Syrie sur une base presque quotidienne. Nous travaillons en collaboration avec les États-Unis, et, de concert avec la communauté internationale, nous prenons les mesures nécessaires pour nous préparer à la possibilité de changements ayant une incidence sur les systèmes d'armes sensibles dans les mains d'Assad.».

Armes chimiques sous contrôle

Amos Guilad

Cependant Amos Gilad, haut fonctionnaire du ministère de la Défense chargé des missions confidentielles, a confirmé que «pour le moment, les armes chimiques de la Syrie étaient sous contrôle, malgré le fait que Assad ait concédé du terrain aux rebelles». Mais la réunion secrète en Jordanie avec le roi Abdallah II avait pour but de lui expliquer «un scénario impopulaire d'une offensive surprise contre l'arsenal d'armes chimiques d'Assad afin de la détruire.» Netanyahou tenait au soutien du roi car cette option militaire avait déjà été discutée et rejetée par l'Occident, sous prétexte qu’elle se traduirait par la mort de milliers d'innocents.

Pourtant la Jordanie et consciente du danger. Des informations occidentales rapportent que l'armée jordanienne a décrété l'état d'urgence, et que ses troupes ont été équipées de masques à gaz en prévision des armes chimiques employées par le régime syrien près de la frontière. Cependant la Jordanie refuse une intervention solitaire des israéliens qui la mettrait dans le rôle de complice mais préfère une action de l’ensemble des puissances occidentales. Le roi a moins peur des armes chimiques que d’une action de déstabilisation contre son pays.
Les services secrets israéliens avaient informé les dirigeants jordaniens sur le rôle «d’aspirateur des djihadistes du monde entier» de la Syrie. C'est pourquoi le roi de Jordanie pense qu’avant de s’intéresser aux armes chimiques il serait judicieux de se préoccuper des nombreuses armes de pointe qui tombent entre les mains des salafistes djihadistes et des organisations qui prennent progressivement le relais sur la rébellion contre Damas.

El-Qaeda en Syrie

Le roi Abdallah a expliqué qu’en cas de chute du régime de Bassar Al-Assad, les armes ainsi que l’expérience acquise par les salafistes se retourneraient contre d’autres cibles au Proche-Orient. Effectivement grâce aux informations israéliennes, il a procédé au démantèlement d’une cellule de onze salafistes jordaniens qui, avec le soutien d’Al-Qaeda, avaient l’intention d’attaquer des centres commerciaux et des ambassades occidentales en Jordanie. Il est persuadé qu’il faut creuser cette piste plutôt que celle des armes chimiques qui constituent selon lui une simple dissuasion de la part de Bassar Al-Assad. Pour l'instant Netanyahou n'a pas réussi à le convaincre mais il pourrait bien se passer de son autorisation si le danger devanait pressant.

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Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
06 janvier 2013, 09:48
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REGINE SOBOL : CITOYENNE FRANÇAISE SANS PAPIERS

Par Sarah OLING
copyright © Temps et Contretemps

Situation kafkaïenne, imbroglio administratif souvent poussé jusqu'à l'absurde. Un personnage de Kafka a mis le doigt dans un engrenage administratif et y a été aspiré.

J'ai rencontré pour la première fois Régine Sobol et son mari Nathan en 1994. Journaliste, j’avais créé une émission pour une radio lyonnaise, RJL, où je donnais la parole à des enfants de déportés, entre autres. Ils furent, parmi les invités que je reçus, ceux qui suscitèrent le plus de réactions des auditeurs. En 1995, avec leur aide, j’initiais une émission de télévision sur ce même thème. Je fus accueillie, avec d’autres témoins, sur le plateau de TLM, par Frédéric Lopez, le créateur sur France 2 de «Rendez-vous en terre inconnue». Il débutait alors sa carrière à Lyon, sa ville natale.

Enfants cachés

Les liens avec Nathan et Hanna Sobol se consolidèrent au cours d’un nouvel acte de confiance. Je fus chargée de mission au Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon pendant de nombreuses années. Je recueillais les témoignages de résistants, de déportés et, dans leur cas, d'enfants cachés. Ils me confièrent leur histoire, une histoire d'enfants déplacés, de fuite à travers la France de peur et de deuils. Témoignages qui demeurent dans les archives du CHRD.

Depuis, Nathan est décédé, le 15 janvier 2010 et Régine doit reprendre le véritable combat de l'ensemble des démarches administratives d'une vie citoyenne, dont le renouvellement de ses papiers d'identité. Une situation kafkaïenne, que j'ai déjà entendue, mais à une puissance bien supérieure dans son cas... Régine est née le 20 mai 1939, à Nancy (département 54), au sein d'une famille de juifs ashkénazes (venus principalement de Pologne) . Le 30 janvier 1940, toute la famille de Régine doit être naturalisée sur ordre du gouvernement français. En 1943, sous le régime de Vichy, ils furent déchus de cette même nationalité française, par décret. La mention de cette déchéance de nationalité est inscrite sur le livret de famille, mais il n'y eut jamais de réintégration officielle au sein de cette même nation française. Depuis 1943, Régine et sa famille sont dans un statut flou, ni officiellement français, ni étrangers, un vide juridique…

Film série B

Régine a pu obtenir le renouvellement de ses documents d'identité sans aucune difficulté jusqu'en juin 1987. Depuis, une situation ubuesque et qui serait digne d'un mauvais scénario de films de série B, si elle n'était pas tragique dans ses conséquences corrosives, s'est mise en place.

En juin 1987, donc, en plein procès Barbie, Régine demande le renouvellement de sa carte d'identité arrivée à expiration et se voit opposer un premier refus de la préfecture du Rhône, malgré tous les justificatifs fournis attestant de l'identité française de Régine Goldkranc, épouse Sobol. La famille sollicite l'intervention de la Licra, qui, par l'intermédiaire de Maître Jakubowicz, finit par obtenir gain de cause.

Dix ans plus tard, en 1997, le même scénario se reproduit. Nouveau refus de renouvellement, pour différents prétextes. Cette année-là, c'est par le biais d'une intervention auprès du député du Rhône, Jean Besson, par ailleurs vice-président du Conseil Régional de Rhône-Alpes, que le renouvellement de ce précieux et indispensable document peut aboutir, après, tout de même, l'intervention de trois ministres, dont celui de l'émigration et de l'intégration!

2008, bis repetita. Nouveau refus de renouvellement de carte identité. Cette fois-ci, le prétexte invoqué est la mention de changement de régime matrimonial. Régine Sobol écrit une lettre ouverte au président Nicolas Sarkozy, après nouvelle intervention des ministres concernés; elle peut obtenir sa nouvelle carte d'identité.

Suite et fin
Pr Hagay SOBOL

Le dernier épisode de ce psychodrame a eu lieu en décembre 2012. Régine demande le renouvellement de son passeport à la Mairie de Saint-Genis Laval, où elle réside. Elle se voit opposer un refus de la mairie de présenter le dossier à la Préfecture pour le motif suivant: «l’époux décédé de madame Sobol avait été adopté en 1990 par son beau-père. Sur l'acte de naissance de Régine, il devait être porté la mention "épouse Sobol Swornik". Sur la carte d’identité renouvelée en 2008, il avait été simplement fait mention du nom de Régine Goldkranc épouse Sobol, au lieu de «Epouse Sobol Swornik».

Régine Sobol explique alors le contexte qui a présidé à ce changement de nom. «Le père de mon mari ayant été exterminé à Auschwitz, Nathan Sobol avait quatre ans lorsque sa mère, elle-même survivante, rencontre son beau-père à la fin de la guerre, ils se sont mariés en 1947 et Mr Swornik n'avait alors pas adopté les deux enfants de son épouse, dont Nathan. Cette adoption s'est faite à la mort de la mère de Nathan en 1990. Le nom de Nathan devient, du fait de l'adoption "Sobol Swornik", mention faite alors sur l'ensemble de tous ses documents».

Régine garde, elle, son nom d’épouse Sobol et non Sobol-Swornik. Ce qui pourtant n'avait posé aucun problème depuis près de 23 ans devient aujourd'hui le prétexte invoqué pour ne pas lui renouveler ses papiers.

La conséquence de ce nouveau refus est très grave, puisque elle invalide la carte d'identité ainsi que l'ensemble des documents officiels de Régine Sobol, son passeport expirant en mars 2013 et n’ayant pas été renouvelé. Madame Sobol, de ce fait, se retrouve en situation d'être une «sans papiers» sur le sol français où elle est née. Elle ne peut, de plus, pas sortir du territoire français.

Elle a fait appel à la presse à travers moi en désespoir de cause. Elle m'a confié se sentir rejetée par la nation française, et subir à chaque fois l'humiliation de se sentir une française de seconde zone, alors que la France pour ses parents avait été une terre de refuge. Elle et son mari ont donné à ce pays deux enfants brillants, dont l'un, Hagay Sobol, est un professeur de médecine reconnu dans le monde entier, spécialiste en génétique du cancer et l'autre, Serge Sobol, docteur en chirurgie dentaire, implantologue conférencier.

J'ai pu avoir accès à un dossier édifiant de documents dont certains remontent à 1940.

Régine Sobol me dit qu'après avoir reçu la nationalité française en 1940, puis qu'elle lui soit retirée par décret, elle souhaiterait, pour elle comme pour ceux qui se trouvent dans la même situation, qu'un décret leur rende leur légitimité et leur citoyenneté pleine et entière. Et que c’est tout le sens qu’elle souhaite donner à cet appel.

Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
18 janvier 2013, 00:59
Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
19 janvier 2013, 11:18
Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
28 janvier 2013, 23:35
TOMBOUCTOU PREUVE DE LA LÂCHETÉ DES ISLAMISTES

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

Les islamistes ont montré leur vrai visage. Ils se comportent uniquement comme des lâches, face à une population désarmée en violant les femmes, en tuant les civils et en détruisant les symboles de l’histoire de leur peuple ou de leur pays. Mais ils ne comprennent que la force qui les rend pleutres et soumis.

A l’arrivée des troupes françaises à Tombouctou au Mali, les islamistes ont fui, sans tirer un seul coup de feu, car le courage leur manquait pour affronter des hommes disposant d’armes, comme eux. Les guerriers qui pavanaient quelques jours auparavant à bord de leur 4x4 Toyota, en arborant leur kalachnikov et leurs ceintures de munitions, se sont évaporés comme une eau non renouvelable dans le désert.

La loi et la charia

Mausolée avant sa destruction

Alors que dans d’autres pays, les islamistes agissent sournoisement en pactisant avec la population pour leur soutirer un soutien indispensable à la consolidation de leur pouvoir, les rebelles du Mali ont procédé à des exactions et appliqué des sentences moyenâgeuses, inspirées de la charia, consistant à couper des mains ou des pieds pour des délits mineurs. L’exemple du Mali devrait aujourd’hui sonner aux oreilles des fervents de la démocratie et de la liberté pour les convaincre de s’opposer au développement d’un mouvement qui s’appuie, à tort, sur des préceptes désuets de l’islam, par alibi et sans aucune base religieuse sérieuse.
Destruction du mausolée

Ces islamistes ne répandent que l’obscurantisme là où ils passent, en s’attaquant au support des mots et des verbes, les livres, qui mettent en évidence l’inanité de leur idéologie. Ainsi leurs miliciens ont incendié une bibliothèque de Tombouctou contenant des milliers de manuscrits inestimables avant de fuir à l'avancée des troupes franco-maliennes. Les rebelles ont mis le feu à l'institut Ahmed Baba créé récemment par les sud-africains. Plus de 20.000 manuscrits, dont certains datent du XIIIe siècle, sont conservés à l'Institut Ahmed Baba, qui tient son nom d'un auteur local contemporain de Montaigne. Les extrémistes d'Ansar Dine et du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) avaient déjà soulevé une vague d'indignation en détruisant des mausolées soufis de Tombouctou, ville classée au patrimoine mondiale de l'Unesco. Au lieu de s’attaquer à des forces militaires, ils se sont attaqués à des pierres qui représentaient le symbole de leur inculture.
Institut Ahmed Baba

Pour l’exemple

Sans tomber dans la politique politicienne, François Hollande a eu raison de mettre un terme à une poussée qui aurait pu s’étendre sur toute l’Afrique avec les dégâts rapportés par les victimes qui témoignent aujourd’hui. En dehors de tout clivage politique, il faut reconnaître que la France a eu raison de redonner courage aux soldats légalistes maliens qui, soutenus par des professionnels français des armes et par du matériel sophistiqué, ont prouvé qu’ils n’étaient pas des bras cassés. Sur ce point au point, ils pourront servir d’exemples à tous ceux qui souffrent, en vain, du mal de l’islamisme dans leur pays. Il faut le combattre avec la force et non avec les mots et les discours parce que leur cerveau lavé n’assimile plus rien, au point de les pousser à détruire des mausolées qui représentaient leur histoire.
Union européenne

Israël a souvent été critiqué pour l’usage de la force contre les terroristes, les preneurs d’otages ou les kamikazes. Il n’a subi que l’opprobre des nations dites civilisées qui exigeaient une "riposte proportionnée" face à des actions qui ciblaient des civils israéliens. Or il n'y a pas de riposte intelligible par des barbares autre que celle des armes. Aujourd’hui ces mêmes méthodes sont utilisées pour se débarrasser d’éléments nuisibles.

Nuisibles ont été les rebelles du Mali qui ont détruit les derniers mausolées de Tombouctou, ville historique «aux 333 saints» classée patrimoine mondial en péril, le jour même où ils amputaient la main de deux voleurs présumés à Gao au nom de la charia : «Il ne va pas rester un seul mausolée à Tombouctou, Allah n'aime pas ça, nous sommes en train de casser tous les mausolées cachés dans les quartiers», avait déclaré Abou Dardar, un chef d'Ansar Dine (Défenseurs de l'islam), groupe islamiste armé qui occupait Tombouctou avec Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).

Lapidation d'un couple au Mali

Ils avaient lapidé à mort, en public, un homme et une femme auxquels ils reprochaient d'avoir eu des enfants sans être mariés. Cette lapidation n'avait entraîné qu'une simple condamnation verbale de Catherine Ashton. Depuis août, plusieurs autres amputations publiques ont été commises par les islamistes dans différentes localités du nord du Mali, sans compter des centaines de coups de fouet à des couples «illégitimes», des buveurs d'alcool, des fumeurs, et autres «déviants», selon les groupes islamistes, ainsi que l'arrestation de femmes non voilées chez elles. Mais enfin, la France est entrée à Tombouctou comme naguère les américains à Paris pour la débarrasser de la barbarie.

L’exemple d’en haut

S’ils n’ont pas combattu, les islamistes se sont montrés en revanche valeureux en enlevant un civil français, ingénieur sans défense. Mais il ne faut pas se méprendre. Ils ne se distinguent pas de ceux qui manifestent librement à Paris au nom de notre démocratie et qui prient en plein Champs-Élysées, face à des policiers médusés. Ce sont les mêmes, ces salafistes de la mouvance islamiste puritaine qui prône une interprétation stricte et littérale du Coran ainsi qu’un retour à des pratiques religieuses datant de l'époque du prophète Mahomet.
Salafistes tunisiens réclamant «l'assainissement» de l'information en Tunisie
Ce sont les mêmes qui en Tunisie, avec leur drapeau noir, ont multiplié les agressions violentes contre des artistes et des œuvres jugées impies. Ce sont les mêmes qui noyautent les rebelles syriens qui risquent de remplacer un jour Bassar Al-Assad, en pire. Ce sont les mêmes qui règnent en Arabie saoudite, la capitale du wahhabisme, qui a inventé le salafisme comme produit d’exportation et qui le finance avec les pétrodollars, au pire par le biais de groupuscules fondamentalistes qui se répandent au Pakistan et en Afghanistan et au mieux, par la construction de centre religieux à l’étranger et en France en particulier.

Abou Ismaël prédicateur salafiste égyptien

Ce sont les salafistes qui jugent en Égypte les Frères musulmans trop structurés politiquement à leur goût pour faire alliance avec eux et qui se contentent de déverser les pétrodollars de la famille royale sur les milieux islamistes défavorisés et sur les couches populaires des zones rurales reculées, jugées plus dociles, pour contrebalancer l’influence grandissante des Frères musulmans. Les américains, parce qu’ils sont alliés avec les saoudiens, ferment les yeux sur cette mouvance salafiste sans se rendre compte qu’ils entretiennent le désordre parmi les régimes arabes faibles et les pays qui ont connu la révolution arabe.

Un coup d’arrêt salutaire a été donné par la France à la propagation de la lèpre islamique. Mais seulement une petite partie de l’Afrique en bénéficie actuellement ; l’Algérie ayant fait siennes les méthodes expéditives qu'elle juge certainement efficaces. Seule la force viendra à bout des tenants de l’obscurantisme.
L’occident ne doit pas en avoir honte.

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Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
29 janvier 2013, 05:23
Tunisie - Sousse: 70 tombes juives profanées
par Gerard Fredj
Près de soixante-dix tombes juives ont été saccagées et pillées dans la ville tunisienne de Sousse.

Les affirmations sur la date de la profanation sont troubles, certains la datant du 23 janvier, d'autres du mois dernier.
Selon une radio, ces actes pourraient faire suite à une rumeur largement propagée ces dernières semaines selon laquelle les juifs enterraient leurs morts avec leur or.

D'après TAP, une agence de presse tunisienne d'Etat, le bureau du Premier ministre, Hammadi Jebali, membre du parti islamiste Ennahda, a publié un communiqué exprimant sa "profonde indignation au regard de tout acte criminel qui s'en prendra à la culture et l'héritage de la Tunisie", assurant qu'il pendrait toutes les mesures pour que cessent les attaques "contre les cimetières ou les mausolées".
A priori, pas une seule fois le mot "juif".

Le ministre de la culture avait annoncé la semaine dernière que 34 sites saints de l'islam soufiste (un courant mystique de l'islam regardé avec méfiance et chiite et sunnites) avaient été profanés depuis la chute de Zine Ben Ali, le président déchu.
Quelques familles juives continuent à vivre à Sousse, contre plus de 6000 personnes au moment de l'Indépendance de la Tunisie en 1956.
Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
06 février 2013, 02:18
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ERDOGAN JOUE AVEC LE FEU AVEC SES GÉNÉRAUX

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

La situation semble se tendre à nouveau entre le gouvernement turc et son armée. Le 29 juillet 2011, le chef d'État-major, le général Isik Kosaner, ainsi que les commandants des armées de terre, air et mer, avaient démissionné suite à un désaccord profond avec les dirigeants islamistes turcs. Des divergences étaient apparues entre le gouvernement et la direction militaire concernant la promotion des généraux et des 250 officiers (173 militaires d’active et 77 du cadre de réserve) incarcérés et soupçonnés d’être impliqués dans des prétendus complots contre le gouvernement.

Erdogan et Kosaner

Rumeurs de complot

Le chef d’État-Major s’était estimé incapable, dans son message d'adieu à ses «frères d'armes», de protéger les droits des militaires détenus dans des procédures judiciaires imparfaites. Plus de 40 généraux d’active qui participaient à un exercice militaire, l'opération Sledgehammer, avaient été arrêtés sous suspicion de complot contre l’AKP, le parti au pouvoir.

L’armée, pro-occidentale, avait avalé plusieurs couleuvres sans intervenir mais pourtant elle avait mal accepté le changement de stratégie vis-à-vis d’Israël, amorcé par le premier ministre Recep Tayyip Erdogan qui avait décidé un changement d’alliance pour se rapprocher des «forces du mal» selon la terminologie américaine. Il voulait s’afficher comme le nouveau leader du monde musulman car la place était devenue libre après le remplacement de Hosni Moubarak. Pour cela, il avait besoin de redonner à la Turquie un statut de puissance régionale musulmane en s’appuyant sur les palestiniens dont la cause faisait consensus dans le monde arabe.

Etat-Major turc

L’Europe croyait pouvoir être rassurée par les militaires turcs postés en embuscade. L’armée turque, garante des institutions, tient au maintien des relations privilégiées avec l’occident. Son poids politique, léger en période de stabilité, s’alourdit quand la situation sécuritaire s’assombrit. Elle reste l’arbitre ultime qui saurait réagir si ses intérêts étaient touchés. L’Histoire a montré qu’elle s’opposait à toute mainmise islamique de la Turquie qui risque de porter atteinte à l’indépendance et à la laïcité du pays. Mais elle a du mal à donner de la voix aujourd’hui.

Des bruits sérieux avaient circulé en 2009 sur l’existence d’un complot préparé par un colonel pour favoriser un putsch militaire tendant à renverser le gouvernement. Un document révélé par le quotidien Taraf faisait état d’un «Plan d’action pour combattre le fondamentalisme religieux» établi par le réseau putschiste turc Ergenekon. Ce réseau était composé de militants d'extrême-droite, d'officiers de l'armée et de la gendarmerie. 300 personnes avaient été arrêtées de juin 2007 à novembre 2009, malgré les dénégations molles du chef de l’armée qui feignait d’ignorer que les actions permettant de renverser le gouvernement légitime étaient détaillées par le menu.

Réunir le monde musulman

Israël observe avec inquiétude le déroulement des évènements car la Turquie constitue un pion important dans la stratégie occidentale de la région mais il garde espoir face à une armée restée pro-israélienne. Après l’incident de la flottille, Benjamin Netanyahou n’avait pas envoyé à Ankara son ministre des affaires étrangères mais son ministre de la défense Ehoud Barak, proche des militaires turcs, pour recoller les morceaux et pour assurer la poursuite de la coopération militaire. La brouille ne s’était pas estompée pour autant.

Pendant des décennies, ces deux pays se sont épaulés face aux défis stratégiques de la région tout en tissant des liens militaires au détriment du monde arabe. Le changement constaté est «un développement inquiétant» aux dires de l’ancien chef d’État-major israélien de l’armée de l’air : «La Turquie est vitale pour l’entraînement de nos forces armées aériennes sur de vastes espaces, étant donné surtout la localisation stratégique de la Turquie proche à la fois de l’Iran et de la Syrie.» Il faisait allusion au fait que les bombardiers israéliens avaient emprunté l’espace aérien turc lors de l’attaque du site nucléaire syrien en 2007.

Les rumeurs périodiques, faisant état d’un putsch, donnent l’occasion au gouvernement d’Erdogan de purger l’armée. Récemment encore douze militaires, pour la plupart des officiers, ont été inculpés et écroués par un tribunal d'Istanbul pour avoir ourdi un complot visant à renverser le gouvernement turc. Les autorités turques ont maintenu en examen 20 officiers, dont cinq amiraux et trois généraux, arrêtés pour une tentative de putsch présumée et pour appartenance à une organisation clandestine. Par ailleurs de nouvelles arrestations de militaires sont annoncées dans une stratégie d’intimidation.

Atteinte au pouvoir de l’armée

Le pouvoir politique turc ne s’était jamais attaqué de front aux militaires. Il s’oppose à présent à l’armée, en comptant sur sa docilité ou sa neutralité et, par ricochet à l’occident. Erdogan prend des risques qui peuvent ébranler son pouvoir. Il sait qu’une dizaine de coups d’État ont déjà eu lieu chaque fois que l’armée a senti que le pouvoir civil déviait des préceptes édictés par Kemal Atatürk, le créateur de la Turquie moderne. L’opposition s’interroge aussi sur les raisons de s’en prendre à des «généraux en pyjama» alors que le camp des laïcs est totalement affaibli par la chape de plomb imposée par les islamistes. Elle s’alarme que le gouvernement décapite l’armée au moment où des opérations sanglantes ont lieu contre les kurdes et où le front syrien s’échauffe de jour en jour. Les démissions et les purges ont affaibli une armée devenue inefficace. Ainsi la deuxième armée la plus puissante du Moyen-Orient vient de perdre coup sur coup ses deux amiraux, dont l’amiral Nusret Guner, numéro deux, qui a renoncé à prendre le commandement de la marine qui n’a plus de chef. De nombreuses frégates de la marine sont ainsi clouées dans les ports car elles ne parviennent pas à trouver un pacha.

Tayyip Erdogan commence à avoir des doutes sur une stratégie qui affecte le moral des troupes. Plusieurs centaines d’officiers sont à la retraite ou en prison entrainant l’impossibilité de pourvoir des postes de commandement alors que l’armée subit des échecs répétés. Certes il ne contrôle pas totalement l’armée puisque les généraux gèrent leur propre budget militaire et que le chef d’État-Major ne dépend pas du ministre de la défense. Il est vrai aussi que l’accusation de complot contre l’AKP devient récurrente mais pas tout à fait infondée : les militaires ont tenté en 2007 d’arrêter Abdullah Gul et ont cherché à interdire l’AKP en 2008.

Tentatives de déstabilisation

En décembre 2012, les services secrets turcs ont révélé que deux lignes téléphoniques, permettant l’écoute dans le bureau du premier ministre à son domicile d'Ankara, avaient été découvertes en février. C’est pourquoi Zeki Bulut, chef de la sécurité rapprochée d’Erdogan, avait été limogé le 7 septembre en devenant chef de la police d’une ville de province, Denizli. Simultanément quatre commissaires, cinq officiers et 200 policiers affectés à la protection rapprochée du premier ministre ont été brusquement remplacés.

Les services spéciaux turcs accusent le Mouvement Hizmet, dirigé par Fethullah Gülen, qui représente une organisation islamique disposant de plusieurs journaux et de chaînes de radio et de télévision. Le mouvement est considéré comme modéré parce qu’il prône un islam moderne ouvert aux autres religions monothéistes. Il cherche à prendre le pouvoir en Turquie en infiltrant les administrations, la police en particulier, et l’armée restée kémaliste laïque.

La guerre fait donc rage au sommet du pouvoir. Mais Erdogan sait que l’armée ne peut envisager un coup d’État militaire sans subir la condamnation des démocraties occidentales, et de l’Union européenne en particulier, avec toutes les conséquences économiques induites qui entraineraient une agitation sociale et une guerre civile. Ainsi donc Erdogan surfe sur des prétendus complots pour faire taire les généraux, les intellectuels, les journalistes, et les avocats qui s'opposent à son régime et qui l’accusent de vouloir modifier la Constitution pour renforcer les pouvoir du président afin de se préparer à cette fonction lors des présidentielles de 2014.

Le gouvernement turc accuse les États-Unis de tremper dans le complot du mouvement Hizmet sous prétexte que son chef Gülen s’est exilé en Pennsylvanie en 1999. Les américains auraient reçu une aide locale très précieuse pour installer le matériel d’écoutes. Mais la piste russe n’est pas pour autant écartée car les services de renseignements SVR et GRU y sont présents depuis 1929. L’implication des turcs dans le conflit syrien les intéresse au plus haut point.

Israël estime que l’armée turque, héritière laïque de Mustafa Kemal Atatürk, est la seule à pouvoir susciter une prise de conscience d’un gouvernement islamiste qui devra alors redéfinir sa politique en conformité avec les intérêts occidentaux et avec les intérêts d’une population turque jalouse de ses liens avec le monde occidental. Le premier ministre Erdogan joue avec le feu face à la mauvaise humeur de son armée.

Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
08 février 2013, 00:36
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LA TUNISIE À L’IMAGE DE LA DÉMOCRATIE ARABE

Par Jacques BENILLOUCHE

copyright © Temps et Contretemps

Salafistes tunisiens

Il faut se rendre à l’évidence que les pays arabes ne sont pas encore mûrs pour la démocratie. Ils ont failli sur tous les tableaux et à toutes les époques. Ils ont obtenu leur indépendance, souvent au prix d’un combat inégal et sanglant contre l’occupant colonialiste. Mais ils n’ont rien appris de ce combat qui aurait dû les pousser à partager le pouvoir dont ils ont été écartés pendant des dizaines d’années et à développer une démocratie dont ils ont été privés.

Ils ont préféré adopter la politique des balles qui sifflent. Aucun État musulman ou arabe n’est parvenu à se hisser au rang d’une démocratie moderne, à l’exception de la Turquie de Mustapha Kemal Atatürk qui connait à nouveau, aujourd’hui, les dérives dictatoriales.

Mémoire courte

Ferhat Hached

La Tunisie avait été considérée, un certain temps, comme faisant exception mais les mémoires sont courtes car on ne voulait garder que les images idylliques du tourisme, des belles plages et du soleil alors qu’elle n’a connu, depuis l’indépendance, que les rivalités politiques poussées au paroxysme. La politique du coup de feu a accompagné les premiers jours de l’indépendance. Farhat Hached, dirigeant et fondateur de l’UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail), fut assassiné le 5 décembre 1952 alors que la Tunisie était encore un protectorat français. Il était certes l’homme à abattre en raison de son combat nationaliste qui ciblait l’autorité française de tutelle. Le meurtre a été attribué à des activistes français de l’organisation terroriste «La main rouge», mais des zones d’ombre demeurent, en particulier pour ce qui est de l’implication possible de l’entourage même de Bourguiba. En effet, Ferhat Hached, devenu très populaire, commençait à faire de l’ombre au «combattant suprême».
Ben Youssef et Bourguiba en 1955

L’assassinat a fait partie de la culture tunisienne. Salah Ben Youssef fut l'un des principaux chefs de file du mouvement national tunisien et du panarabisme en Tunisie. Il voulait s’éloigner de l’occident et se rapprocher des pays arabes. Lieutenant et ami du président tunisien il devient son ennemi irréductible parce qu’il accusait Bourguiba de pratiquer une «politique de reniement et de trahison» à l'égard du peuple tunisien et de la révolution algérienne. À deux reprises, en janvier 1957 et en novembre 1958, Ben Youssef fut condamné à la peine de mort mais il avait réussi à s’enfuir. Il a été assassiné dans un hôtel de Francfort-sur-le-Main en Allemagne, 12 août 1961, où l'attendaient deux de ses compatriotes censés lui proposer un projet de coup d’État contre Bourguiba. Des sources publiées ont avancé les noms des protagonistes de son élimination, faisant partie de l’entourage direct de Bourguiba. Les deux tueurs l’ont piégé dans son hôtel et l’ont abattu à bout portant sans lui laisser de chance.

Méthode mafieuse

Chokri Belaïd

Un mode opératoire identique a été choisi pour assassiner Chokri Belaïd, à la manière des contrats mafieux, le jour même où, par un concours de circonstance, un avion baptisé Farhat Hached dérapait à l’aéroport Tunis-Carthage. Le chef du parti d’opposition, Patriotes démocrates, a été abattu, devant son domicile, de trois balles dans la tête. Son frère accuse le parti islamiste Ennahda d’être le commanditaire de cette élimination.

Ce crime ne nous étonne pas puisque Karim Zmerli nous avait informés, dès le 24 décembre 2012 dans un article de Tunisie-Secret, de l’ordre donné par Rached Ghanouchi d’éliminer quatre personnalités gênantes tunisiennes dont les noms ont été publiés et qui représentent des concurrents sérieux du pouvoir en place. Des doutes avaient été émis sur ces informations non recoupées qui pourtant se sont avérées justes. Cette technique de recourir à la violence pour garder le pouvoir est la signature des méthodes islamistes. L’assassinat de Chokri Belaïd a été vécu en direct par Nadia Daoued, journaliste et voisine de la victime, qui révèle qu’une minute avant le meurtre, un comparse avait murmuré quelques mots au chauffeur de Chokri Belaïd quelques instants avant l’arrivée de deux tueurs en moto. Quatre balles tirées à bout portant ont fait leur sanglante œuvre.

Ghanouchi leader de Ennahda

En octobre 2012, Lotfi Nakdh, président de l’union régionale des agriculteurs, et coordinateur du mouvement Nida Tounes à Tataouine, a trouvé la mort. Le médecin légiste a conclu à une mort par crise cardiaque alors que Nida Tounes : « qualifie sa mort de meurtre et tient pour responsables le ministère de l’intérieur et Ennahda et ses partisans ».

L’ancien ministre de Béji Caïd Essebsi, Lazhar Akremi, a confirmé que cet acte était un assassinat politique qui fait suite à une série de menaces et d’agressions contre les militants de Nidaa Tounes. Il s’est étonné de la version avancée. Il estime que, devant les échecs des islamistes au pouvoir, leur seule solution pour écarter les concurrents est d’user de la peur pour neutraliser la résistance. En Égypte ou en Tunisie, les islamistes ont été peu vus au premier rang des révolutionnaires du printemps arabe mais ils se sont approprié les bénéfices de la chute du pouvoir des dictateurs car ils constituaient l’organisation de l’ombre la mieux structurée. Mais cette révolution a libéré la parole des citoyens qui n’acceptent pas qu’on leur vole le résultat de leur combat. Les islamistes au pouvoir ont échoué dans leur choix économique et politique ; ils ont mené les pays à la ruine en s’intéressant uniquement aux aspects religieux du pouvoir pour instaurer la charia dans des pays qui en sont fortement opposés.

Menace et violence

Dérapage d'un avion à Tunis-Carthage

Alors, il n’est plus question de démocratie quand le feu couve sous les braises d’un printemps maudit. Mais les islamistes ont volé le pouvoir et ils ne le laisseront plus, quitte à user de la force et de la violence au risque de conduire le pays vers une guerre civile. Les opposants craignent à présent d’autres assassinats ou des attentats visant des cibles de l’opposition car la peur doit éliminer les concurrents sérieux lors des prochaines élections afin de garantir l’islamisation irréversible de la Tunisie.

Tunisie et Égypte ont connu des révolutions qui devaient les libérer du joug des dictateurs mais qui les ont conduits vers une dérive islamiste, une dictature implacable plus féroce. Il est acquis à présent que la démocratie ne fait pas partie de la culture arabe ou musulmane car les peuples ont tendance à rechercher la facilité en laissant les autres, si ce n’est la religion, de décider pour eux. Les islamistes se montrent vrais démocrates lorsqu’ils sont dans l’opposition. Ils se plient alors aux règles et respectent les institutions dans le seul but de parvenir au pouvoir. Mais dès qu’ils l’ont obtenu et qu’ils s’élèvent au sommet, ils se comportent en fossoyeurs de la démocratie, parfois brutalement comme en Iran, mais souvent sournoisement comme en Égypte et en Turquie, pour ne pas brusquer les corps constitués. Or l’islam est opposé à la démocratie car il repose sur la prépondérance du sacré sur les hommes et fonde son principe absolu qu'en dehors des vertus religieuses, il ne peut y avoir de morale ni de salut.

Manifestation des femmes tunisiennes

La Tunisie entre dans une période de turbulences qui précède des élections dont la sincérité du scrutin suscite le doute. Les inconditionnels et les amoureux de la Tunisie en seront pour leurs frais. Le meurtre deviendra le langage politique le plus approprié à la situation de crise qui perdure et qui entraînera le pays vers un gouffre économique. Le rêve devient alors implacable car les déceptions seront plus fortes.



Comme tu peux le voir Meyer, je suis rentré dans la cour des grands. A force de me 'politiser'je suis devenu trés connu. Bon allez porte bien Meyer.

Re: TEMPS ET CONTRETEMPS.
11 février 2013, 23:46
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lundi 11 février 2013
BENOÎT XVI EN ISRAËL DANS L'OMBRE DE JEAN PAUL II


BENOÎT XVI EN ISRAËL DANS L'OMBRE DE JEAN PAUL II

Par Jacques BENILLOUCHE
copyright © Temps et Contretemps

Cet article avait été publié le 13 mai 2009 sur Slate.fr


Le voyage de Benoît XVI a déçu. La visite du Pape n'a pas enthousiasmé les foules israéliennes. Georges Bush, le dernier invité officiel, avait drainé à l'aéroport Ben Gourion une foule immense qui avait tenu à saluer en masse, pour la dernière fois, le meilleur ami d'Israël. Peu de citoyens se sont déplacés pour le nouveau pape parce que la froideur de Benoît XVI à leur égard ne les y incitait pas. Le président Shimon Pérès, en service commandé, avait pourtant fait l'effort de prononcer des paroles de bienvenue en latin «Salut au croyant parmi les croyants qui entame aujourd'hui une visite en Terre Sainte» mais il savait qu'il avait une rude tâche pour dissiper la méfiance accrue des israéliens vis-à-vis de son invité.




Visite mal préparée


L'opinion israélienne estime que le voyage du Saint-Père n'a pas été préparé avec toute l'attention particulière nécessitée par les derniers développements et particulièrement son origine allemande. Ses conseillers l'ont peu aidé pour aplanir, avant tout acte, les malentendus qui se sont fait jour puisque de nombreux officiels israéliens vont jusqu'à prétendre que sa visite n'était pas souhaitée. Benoit XVI a eu droit à tous les honneurs dus à un chef d'État mais l'absence remarquée du deuxième personnage de l'exécutif israélien, le président du parlement Réouven Rivlin, tendait à démontrer la mauvaise humeur des politiques.

Par ailleurs, sur l'injonction de leur chef spirituel, le rabbin Ovadia Yossef, les ministres du parti religieux Shass ont reçu l'ordre de boycotter la cérémonie d'accueil du pape. Les consignes données pour que cette absence soit «discrète» pouvaient difficilement trouver une réelle application tant les tenues noires des orthodoxes faisaient défaut parmi l'assistance. Le passé du pape, qui a été soupçonné d'avoir flirté avec les jeunesses hitlériennes, ne constitue pas l'unique raison de cette mauvaise humeur car les politiques ont voulu aussi lui signifier leur désappointement et leur lassitude devant l'insistance nouvelle du Vatican à réclamer la souveraineté sur la plupart des Lieux Saints de Jérusalem.
Le jeune Ratzinger en tenue de la wehrmacht

Il est difficile de ne pas comparer ce voyage à celui du précédent pape. Jean Paul II ne s'était pas rendu à Jérusalem pour visiter uniquement les Lieux Saints mais pour reconnaître au peuple juif le droit de vivre dans sa propre patrie et pour signifier aux catholiques qu'il fallait cesser de le considérer comme le peuple déicide. Il s'était préparé de longue date et avait progressivement convaincu ses fidèles que les juifs ne devaient faire l'objet d'aucun «enseignement du mépris». Son voyage était l'aboutissement de 22 années d'investissement pour réconcilier les juifs et les chrétiens. C'est dire s'il était suffisamment préparé à se présenter aux portes de Jérusalem.
Jean-Paul II au Kotel


Deux papes, deux messages


Les messages des deux papes se distinguent sur la forme et sur le fond. L'image d'un pape sanglé dans son uniforme de la Wehrmacht était dans tous les esprits israéliens et dans la bouche de tous les commentateurs de la télévision qui n'ont pas hésité à franchir le pas. Jean Paul II avait transmis un message d'amour et de compassion tellement puissant que les musulmans s'étaient sentis aussi concernés que les juifs par ses commentaires. Il avait doublé son message d'un évangile social que le responsable du syndicat israélien Histadrout aurait pu cautionner tant les termes étaient appropriées à la réalité du moment. Le social semblait primer sur le spirituel dans la bouche du chef de l'Église.

En revanche, Benoit XVI s'est placé dès son premier discours sur un plan purement politique: il a souhaité que les israéliens et les palestiniens se réconcilient pour que «chaque peuple puisse vivre dans son pays respectif, dans des frontières sures et reconnues internationalement». Les hôtes, croyant entendre un diplomate de l'ONU plutôt qu'un chef de l'Église, ne paraissaient pas dépaysés. Il a certes évité d'aborder les sujets litigieux mais en revanche il a accru le sentiment de méfiance, sinon de rejet, à son égard.


L'étape ratée de Yad Vashem


Vatican


Benoît XVI n'a pas réitéré le geste le plus significatif de son prédécesseur qui, le premier dans l'Histoire, avait demandé pardon pour les péchés commis par l'Église catholique envers les juifs. «Nous pardonnons» avait-il dit, «et nous demandons pardon. Prions pour qu'en évoquant les souffrances endurées par le peuple d'Israël à travers l'histoire, les chrétiens reconnaissent les péchés commis par bon nombre d'entre eux contre le peuple de l'Alliance». Il avait ajouté sa désapprobation de «l'aspect sombre du passé de l'Église, durant les époques caractérisées par les conversions forcées, le soutien aux croisades et la création de l'Inquisition.»

Les israéliens attendaient beaucoup de l'étape de Yad Vashem, le mémorial de la Shoah. Il pouvait être le lieu de l'explication, de la mise au point et des regrets peut-être mais, la déception fut grande devant le discours rigide, convenu et plat d'un Benoît XVI qui n'a fait aucun effort pour surprendre son auditoire ou pour le conquérir. Ses paroles sur l'universalité faisaient hors-sujet, au sens scolaire du terme, alors que les israéliens attendaient de lui qu'il utilise au moins une fois le mot «nazi» dans ses phrases et qu'il fustige les responsables de la Shoah.

Ils attendaient également qu'il s'explique sur le négationnisme affiché par son évêque Richard Williamson qui avait contesté l'existence des chambres à gaz. Il a donc trahi toutes les attentes car il s'est borné à regretter «la mort» et non «l'extermination» des juifs, sans désigner nommément les coupables de leur éradication systématique.

Un pape qui ne mesure pas la signification des mots à leur juste valeur, et surtout leur symbole, est soit mal préparé, soit profondément attaché à son dogme et à ses convictions. La susceptibilité des juifs sur la Shoah n'est pas une légende. Lorsque le grand rabbin d'Israël et président de Yad Vashem a comparé son destin à celui du Saint-Père, c'est-à-dire «celui de l'enfant que j'étais à Buchenwald tandis que vous viviez votre histoire de votre côté», le pape s'est borné à sourire comme s'il y avait matière à voir dans cette image tragique autre signification qu'un drame humain. Certains ont vu dans ce survol rapide des persécutions juives une caution au silence du pape Pie XII durant le génocide nazi.

À la fin de la cérémonie de Yad Vashem, Jean Paul II avait béni Israël en présence de son président Ezer Weizman; une façon éclatante de reconnaître l'État par l'Église et dans un dernier geste public, il avait inséré dans le Mur des Lamentations une prière «demandant pardon pour les actes antisémites perpétrés par les catholiques». Cette image a brillé et brille encore dans l'esprit du milliard de catholiques qui ont adoré leur pape précurseur.


«Impopulaire»


La maladresse volontaire de Benoît XVI fait par ailleurs l'objet de supputations sur sa volonté manifeste d'intransigeance. Il a refusé de suivre les conseils de sa délégation de Cardinaux qui lui enjoignaient de se présenter au Mur, à l'instar de Jean Paul II, sans signe distinctif apparent. Il a tenu à s'afficher ouvertement avec une grosse croix portée à son cou, dans une sorte de provocation déplacée afin de manifester son indépendance à l'égard de ses hôtes. Au mieux, certains y ont vu une faute de goût.

Le grand quotidien Yédioth Aharonot barrait sa première page, le jour de l'arrivée du pape, d'un qualificatif éloquent «Impopulaire». Benoît XVI n'a rien fait pour démentir les journalistes, ni l'opinion israélienne et ni les représentants de la Nation qui ont estimé voir dans ce voyage un recul de la papauté au moins en ce qui concerne les relations judéo-chrétiennes. Ils se consolent en pensant qu'il ne s'agit pas là de la première bévue du nouveau pape et comptent sur l'intelligence des protagonistes pour que la vingtaine d'années de combat de Jean Paul II ne finisse pas en un simple souvenir historique.



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