États-Unis-Israël, une alliance "biblique"
Les liens étroits entre l'Amérique et l'État hébreu ont des racines historiques et religieuses profondes. Le "lobby" pro-israélien n'est pas seulement juif.
Barack Obama se serait bien passé de cette épreuve. Mais il a clairement fait savoir qu'il opposerait, s'il le fallait, son veto à l'admission de la Palestine à l'ONU en tant qu'État. Une position qui le met en porte à faux avec le discours prononcé au Caire le 5 juin 2009. Le président américain voulait alors se placer délibérément en rupture de l'administration Bush.
Il entendait refonder les relations avec le monde arabe et l'islam. Il s'était prononcé pour l'arrêt des colonies en Cisjordanie et le droit des Palestiniens à disposer d'un État et avait dénoncé les humiliations de l'occupation. Il avait souligné avec force que les États-Unis étaient capables d'élire un président noir répondant au patronyme de Barack Hussein Obama et dont les aïeux étaient musulmans, même si lui-même était chrétien.
Le poids des réalités politiques
Ces déclarations avaient fait grosse impression en terre d'islam. L'espoir renaissait de voir l'Amérique jouer, de nouveau, un rôle moteur dans la solution du problème palestinien. Notamment en exerçant des pressions sur un gouvernement israélien dominé par les faucons. Mais la réalité politique a rattrapé Obama.
À un an de la présidentielle, aux prises avec une crise économique sans précédent et alors que les sondages lui sont très défavorables, il ne peut se permettre de prendre à rebrousse-poil les amis inconditionnels d'Israël. Ceux-ci sont très puissants au Congrès et la majorité des juifs américains votent démocrate depuis 1932. Ils sont loin d'être tous des partisans de Benyamin Netanyahou, le Premier ministre d'Israël, mais de là à cautionner la proclamation unilatérale d'un État palestinien il y a un pas énorme qu'ils répugnent à franchir.
Le Mayflower et la sortie d'Égypte
Mais le soutien à Israël est loin de se limiter à la communauté juive. Une grosse partie de la droite évangéliste chrétienne et de l'opinion publique ordinaire éprouve une sympathie envers l'État hébreu. Partage des valeurs bibliques, solidarité de deux États qui se considèrent comme pionniers : l'inconscient collectif américain penche d'instinct vers Israël. L'arrivée des pères fondateurs du Mayflower est assimilée à la sortie d'Égypte du peuple juif. Cette psychologie conduit souvent à considérer les Palestiniens comme des sortes d'Indiens.
Dans ce contexte, il faut une bonne dose de détermination à un président américain pour envisager la moindre admonestation envers Israël. George Bush père avait eu ce courage en provoquant la conférence de Madrid en 1991 après la première guerre du Golfe. Bill Clinton également en accompagnant le processus d'Oslo. Barack Obama pense peut-être attendre un éventuel second mandat pour se risquer dans l'aventure. Mais sur les rives du Jourdain, le temps presse. Dramatiquement.
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