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Clinton-Trump : dernier round

Sans arrière-pensée, juste pour la ressemblance physique

Clinton-Trump : dernier round (info # 011910/16)[Analyse]

Par Cindy Gzaiel © MetulaNewsAgency

 

Ce soir aura lieu dans une université de Las Vegas le troisième et dernier débat entre Hillary Clinton et Donald Trump. A en croire les sondages, les dés seraient pratiquement jetés, avec, par exemple, Reuters/Ipsos donnant 42% d’intentions de vote à Mme Clinton et 38% à Donald Trump, ou Bloomberg accordant même jusqu’à 9 points d’avance à la candidate Démocrate.

 

Ceci-dit, dans ces enquêtes d’opinion datant de ce mercredi, il existe également des instituts spécialisés affirmant, à l’instar de Rasmussen et du Los Angeles Times, que les deux candidats se trouveraient à égalité, ou même, selon le très sérieux IBD/TIPP, que Trump aurait une avance de 2 points. Au vu de ces estimations, on se rend surtout compte du manque de fiabilité des sondages.

 

Les évaluations sont globalement favorables, au niveau des intentions de vote, à l’épouse de Bill Clinton ; mais pour devenir président des USA, il faut l’emporter au nombre des Etats qui voteront pour vous. Exprimé autrement, il est possible de recueillir plus de voix que votre adversaire dans l’ensemble du pays, et tout de même ne pas accéder à la Maison Blanche.

 

Or, à ce compte-là, le challenger Républicain se trouve dans une posture encore plus délicate. Ces constatations faisant dire aux confrères étasuniens, qu’à moins d’une botte secrète que Trump sortirait de son chapeau et qui lui assurait une victoire par K.O lors du débat de cette nuit, l’Amérique se verra, pour la première fois, présidée par une femme.

 

Notre analyse, à la Ména, reste cependant contrastée ; d’abord, parce qu’une avance moyenne de 4 points dans les intentions de vote, ce n’est pas une assurance tous risques, puisqu’il suffit de reconquérir un peu plus de 2 points pour l’emporter au nombre des suffrages. De plus, Hillary Clinton traîne derrière elle de si grosses et si nombreuses casseroles, qu’elle demeure exposée à une bonne prestation de son adversaire.

 

Encore faudrait-il que Trump et ses conseillers trouvent la stratégie qui fait mouche et ne se bornent pas, comme c’est le cas ces derniers jours, à crier à l’injustice, aux coups fourrés des media et des sondeurs, et à s’en prendre à tout le monde, y compris au chef du parlement à Washington, Paul D. Ryan, la personnalité publique la plus importante du parti de Donald Trump.

 

Le candidat milliardaire fait également face à d’incessantes accusations d’harcèlement sexuel et aux critiques ciblant son expression vulgaire et déplacée, notamment au détriment des femmes. Il lui faudrait relativiser l’importance de ces attaques, évidemment mitonnées par les chefs cuisiniers du parti Démocrate, pour pouvoir recentrer le débat sur des questions qui intéressent le public et donc qui peuvent rapporter des points.

 

A notre sens, la meilleure veine que Trump a exploitée jusqu’à maintenant est celle d’une Hillary Clinton "grande bavarde"qui n’a rien fait pour l’Amérique quand elle était sénatrice, lorsqu’elle était Secrétaire d’Etat et qui, conséquemment, ne ferait rien si elle était élue à la présidence.

 

Le Républicain devrait aussi appuyer sur le fait que, derrière son langage direct, voire trop direct, se profile un homme d’action qui, par contraste avec son adversaire, serait capable de "rendre sa grandeur à l’Amérique", comme le prétend son principal slogan de campagne.

           

Lors du deuxième débat du 10 octobre, ils ne s’étaient pas serré la main. Ce fut un face à face vulgaire, tournant presque uniquement autour des invectives personnelles. Le premier débat, deux semaines auparavant, s’était conclu par la déconfiture de Donald Trump, acculé dans les cordes dès ce premier combat télévisé. Hillary Clinton, suivant quant à elle une approche des plus calculées, avait ainsi mis K.O le candidat Républicain, qui avait donné dans l’improvisation ; un exercice éminemment délicat, de surcroît face à une ex-Secrétaire d’Etat et ancienne Première dame des Etats-Unis, bourrée d’expérience politique. 

 

Lors du débat du 26 septembre, c’était en effet l’absence de préparation de Donald Trump qui avait causé son éparpillement. Ce dernier se contentait de réagir de manière nerveuse et impulsive aux arguments d’Hillary, qui elle imposait l’agenda et le rythme du débat, durant lequel le milliardaire avait été cueilli à froid.

 

En dépit de sa parfaite maîtrise des dossiers, on reproche souvent à Hillary Clinton d’être trop cérébrale, se noyant parfois dans les chiffres et les précisions, qui la rendent inaccessible. Les problèmes de santé récents, qui avaient été une autre des nombreuses occasions pour Trump de tacler son adversaire, et le manque de charisme d’Hillary, auraient pu également faire pencher la balance en faveur de Trump dès le 1er débat, mais il manqua complètement son rendez-vous

 

Lors du second débat, deux semaines plus tard,Donald Trump cessa de se fier uniquement à son éloquence, son énergie rhétorique et à son "authenticité". Il ne s’autorisa plus à couper la parole à Hillary Clinton. Une rectification de tir qui changea beaucoup de choses : il l’écoutait au contraire bien attentivement, le regard placide, élevant le menton un peu à la Benito Mussolini, pour pouvoir mieux répliquer à ses offensives et prendre du recul.

 

Trump délaissa ainsi sa tendance suiviste et cessa, lors de la 2ème confrontation, de surréagir aux assauts affutés de la Démocrate, qui avaient été préconçus par ses conseillers pour provoquer de telles réactions.

 

Le second face-à-face atteignit le record de 100 millions de téléspectateurs, ex-aequo avec le Super Bowl 2016. A l’issue des deux débats, chaque camp a revendiqué la victoire de son champion. Mais alors qu’après la première confrontation l’analyse de la Ména démontrait que la candidate Démocrate l’avait emporté, les mêmes observateurs, opérant sur les mêmes critères, conclurent à une nette victoire du prétendant Républicain.

 

Trump remarqua lors de l’échange que lorsqu’il prononce des paroles obscènes ou avilissantes, ce qui lui arrive fréquemment, ce ne sont que des mots pour lesquels il a depuis présenté des excuses, mais que, chez les Clinton, les malversations sont manifestes et tangibles. Certaines d’entre elles ont fait l’objet de procédures judiciaires.

 

Si l’on attribue plusieurs romances extra-conjugales aux deux membres du couple Clinton, dont celle entre Bill et Monica Lewinsky en 1999, qui avait bien failli entraîner l’éviction de Bill de la Maison Blanche, on reproche aussi à l’ancien président des comportements sexuellement violents ; comme ceux qu’il aurait eus aux dépens de Kathleen Willey, qui était bénévole à la Maison Blanche en 1993. Ou à l’encontre de Juanita Broaddrick, qui prétend qu’il l’aurait violée à deux reprises à la fin des années 60. Dans le cas de Paula Jones, qui aurait subi les ardeurs violentes du président, les choses se sont conclues par une solution à l’amiable qui a tout de même couté aux Clinton la bagatelle de 850 000 dollars.

 

Le nom d’Hillary Clinton est quant à lui lié à un certain nombre d’affaires, dont celle concernant Vince Foster, qui était au service rapproché du couple suite à l’élection de Bill à la présidence et qui mourut, en 1993, dans des circonstances équivoques, l’enquête officielle concluant à un suicide.

 

Les plus grands détracteurs de la candidate Démocrate la décrivent telle une harpie terriblement autoritaire et manipulatrice, qui serait mêlée à l’élimination physique de plusieurs gêneurs.

 

En plus de ces affaires, l’on reproche au couple Clinton nombre de magouilles financières et autres trafics d’influence, visant à leur enrichissement personnel ; à l’instar de la création de la Clinton Fondation, qui servirait à monnayer le soutien financier de quelques milliardaires et de grandes sociétés commerciales contre la promesse d’un retour de manivelle lorsqu’Hillary Clinton accédera à la présidence.

 

A ces faits et à ces rumeurs glauques s’ajoute le comportement de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton lors de l’assassinat de l’ambassadeur américain Chris Stevens en Libye, et l’épisode de la destruction totalement illicite de dizaines de milliers d’emails confidentiels aux contenus embarrassants.

 

Il est clair que ce soir, à Las Vegas, Donald Trump devra encore taper dans la fourmilière, figurant le passé pas lisse de son adversaire, pour refaire son retard. S’il entend y parvenir, il lui faudra procéder par des assertions précises et évidentes, à même de soulever un fort sentiment de répulsion parmi les téléspectateurs. Il a par ailleurs eu largement assez de temps pour se préparer à ce dernier rendez-vous télévisé.

 

Se défendre efficacement contre les imputations de goujaterie qui lui sont adressées, en répliquant par des pics gagnants contre le lourd passé de Mme Clinton, et surtout, en prenant la peine d’exposer son "autre Amérique", en expliquant aux électeurs ce qu’il ferait différemment s’il était président, et ce que les Démocrates ont négligé et raté, voici le programme que doit suivre le challenger Républicain s’il entend faire bon usage de son dernier atout pour remporter les élections du 8 novembre prochain.

 

Au niveau purement tactique, on avait apprécié, à la Ména, la répétition par Trump des termes "désastre" et "désastreuse" afin de qualifier les activités passées de Mme Clinton. C’est dans ce registre qu’il lui faudra creuser, lors d’un débat qui sera sans doute passionnant par son intensité, faute de l’être par le niveau des idées, et qui pourrait, quoiqu’en disent certains, encore désigner le futur pensionnaire de la Maison Blanche. 

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