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HENRI KASSAGI, le Prince des prestidigitateurs

HENRI KASSAGI, le Prince des prestidigitateurs (1945-1997) 

 

 

 

Henri Kassagi, célèbre illusionniste et prestidigitateur, émerveilla petits et grands durant près d'un demi siècle par ses tours de magie.

 

Découvert par Robert Bresson, il fut à la fois le modèle et son propre acteur dans le film Pickpocket (1959) que le cinéaste tira de son enfance.

 

Présent sur les scènes du monde entier, cet enfant de la balle d'origine tunisienne, se refusait à dévoyer le noble art de la prestidigitation en se livrant à la tricherie qui consiste à se faire passer pour un mage doté de pouvoirs surnaturels, comme, l'ont fait entre autres, Uri Geller, les guérisseurs philippins, et la plupart des soi-disants sujets PSI. Kassagi fut l'un des plus nobles et des plus talentueux artistes de la seconde partie du XXe siècle

 

Il nous a quittés, sur la pointe des pieds, après une dernière révérence, un ultime sourire, sans déranger personne. Henri Kassagi, gentleman et artiste, nous manque beaucoup.

 

Un art très ancien

«L'illusionnisme et la prestidigitation forment un art très ancien, déjà connu des Mèdes, des Perses, des Égyptiens de l'antiquité.

 

En ces temps reculés cet art était l'apanage des prêtres qui, grâce à leurs tours de magie subjuguaient les foules, étonnant jusqu'aux puissants de ce monde.

 

Depuis que je vis de mon art, j'ai parcouru le monde entier, côtoyé les plus grands illusionnistes et les plus éminents prestidigitateurs. Toujours à l'affût de tours nouveaux, de trucs inédits, j'ai étudié et décortiqué les phénomènes étranges, naturels ou artificiels qu'il me fut donné d'observer.

 

Or, à part quelques tours de magie exceptionnels, exécutés par des confrères surdoués, dont je n'ai pas encore réussi à percer le secret à ce jour, et que je suis donc, pour le moment, incapable de reproduire, je n'ai jamais rencontré d'hommes possédant des "pouvoirs surnaturels". Mais j'ai croisé des centaines de charlatans, de tricheurs, d'artistes plus ou moins doués se faisant passer pour des mages inspirés par des esprits de l'au-delà, ou par une quelconque divinité.

 

Ce qui m'a beaucoup étonné, et qui m'étonne encore, c'est le nombre de gens prêts à croire n'importe quoi, à suivre comme des moutons de panurge le premier gourou venu, plutôt que de s'assumer, d'enrichir leurs connaissances, de développer leurs propres talents.

 

Il est vrai que l'exploitation de la crédulité humaine ne date pas d'aujourd'hui. De tous temps, les puissants de ce monde, pour se maintenir au pouvoir, ont eu recours à la magie du verbe, à des tours de passe-passe auxquels leurs administrés ne voyaient que du feu. Ils ont même parfois fait appel aux trucs des illusionnistes et des prestidigitateurs comme je vous le conterai ci-après.

 

Depuis le lait miraculeusement sécrété par des statues égyptiennes ou hindoues, aux guérisons à mains nues des thaumaturges philippins, en passant par les Vierges qui pleurent des larmes d'huile et les torsions de barres de métal de nos modernes "phénomènes PSI", je ne peux m'empêcher de voir la main manipulatrice de fraudeurs sans vergogne.»

 

Physique amusante

«Mon art relève non de la magie, mais plutôt de "la physique amusante" connue depuis la plus haute antiquité et revenue à la mode au XIXe siècle. En 1815, Jules de Rovere un illusionniste italien créa le mot fabuleux de prestidigitateur à partir de prestus, rapide et digitus, doigt, ajoutant un suffixe qui musarde entre acteur et amateur...

 

La prestidigitation est un art à la fois manuel et de réflexion, résultat d'un travail acharné et non d'un don imaginaire ! Pour avoir des doigts agiles, il faut une discipline de tous les instants et s'exercer pendant des heures, des jours, des mois. Dans la réalisation d'un tour de magie, la moindre "fausse note" devient catastrophique. Nous n'avons d'autre choix que la perfection, le parcours sans faute...»

 

A l'âge de 12 ans, en Tunisie, Kassagi assiste au tour d'un magicien qui se saisissait d'un foulard blanc, le faisait coulisser dans sa main et le foulard devenait rouge. A cette époque il n'était qu'un enfant et trouvait cela fabuleux.

 

Comme il était curieux, il revint plusieurs fois assister au spectacle, observant les gestes du prestidigitateur et finit par trouver le truc. Heureux d'avoir découvert l'astuce, il cria aux spectateurs où se trouvait le foulard, et du coup le magicien perdit le contrôle de son tour de magie et le foulard tomba!

 

Avec le recul, Kassagi regrette son geste, mais ce qui le peina, ce fut le manque d'humour du magicien qui descendit de scène pour gifler le jeune perturbateur. A cet instant le garçon se jura de devenir lui aussi magicien et de lui rendre sa gifle. Ce fut le début de sa vocation.

 

Il raconte

«Au cours de ma vie de prestidigitateur j'ai côtoyé toutes sortes de charlatans, de soi-disant faiseurs de miracles, tant en Tunisie, mon pays, qu'ailleurs. La plupart affirment tenir leurs pouvoirs de Dieu et sont donc doublement escrocs: ils mentent devant Dieu et ils abusent les hommes!

 

Mais je pense que le charlatanisme durera tant qu'il y aura des gogos pour l'entretenir !

 

Evidemment, de par ma profession, j'ai plus de facilité à démonter la mécanique de tous ces faiseurs de miracles, je connais leurs trucs, leurs astuces parfois mieux qu'eux-mêmes.»

 

 

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