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La Terre est un endroit plus sûr depuis jeudi

Le largage du véhicule-tueur de l’Arrow-3 Même à Mach 9, l’aérodynamisme est inutile dans l’espace en considération de l’absence de résistance

La Terre est un endroit plus sûr depuis jeudi (info # 011212/15)[Analyse]

Par Jean Tsadik © MetulaNewsAgency

 

Jeudi matin. Le radar du Khetz-3 (Arrow, flèche) détecte dans l’exosphère le missile-cible largué par la fusée Sparrow (moineau), elle-même lancée à partir d’un avion de l’Armée de l’air israélienne. Le radar transmet les coordonnées du gibier – figurant les capacités d’un missile balistique iranien – au BMC (le module au sol de gestion de l’interception), qui analyse les informations fournies et calcule la trajectoire d’interception.

 

Le BMC (Battle Management Control) ordonne le tir du Khetz à partir de la base de lancement de Palmakhim, sur une plage de la Méditerranée. La fusée s’élance en direction de la mer, signant le ciel d’un long panache blanc, et quitte l’atmosphère terrestre.

 

Dans l’espace, le Khetz libère son véhicule-tueur (VT). Ce dernier se réoriente grâce à ses détecteurs embarqués afin d’identifier, de fixer, et de poursuivre l’intrus, capable d’embarquer des ogives multiples contenant des armes chimiques, biologiques ou nucléaires.

 

Le véhicule-tueur ou véhicule-kamikaze fond ensuite vers sa proie à une vitesse de Mach 9, soit environ deux kilomètres et demi par seconde, à une altitude de cent kilomètres de la surface terrestre. Il heurte son objectif – métal contre métal – et le désintègre hors de l’atmosphère terrestre. [Voir le film de l’interception proposé par le ministère israélien de la Défense].

 

Au sol, les ingénieurs et les responsables du ministère israélien de la Défense et du MDA (l’agence fédérale U.S des missiles de défense), entourés des représentants des sociétés participant au projet et d’officiers de Tsahal, annoncent la nouvelle et se congratulent.

 

Ils viennent d’offrir à Israël et au monde civilisé le plus beau cadeau de Hanoukka et de Noël auquel ils pouvaient rêver. Ce jeudi, ils ont fait de la planète Terre un espace de vie plus sûr pour ceux qui y vivent sous la menace grandissante des théocrates qui dirigent la "République" Islamique d’Iran, mais aussi des aliénés qui gouvernent la Corée du Nord ainsi que des responsables politiques et militaires du Pakistan, exposés à la menace constante des islamistes.

 

Mercredi, la veille de l’essai du Khetz, la Ména avait diffusé mon article concernant le lancement par l’Iran, le mois dernier, d’un missile balistique Emad [L’Iran, à revers du bon sens]. J’ignorais évidemment à ce moment l’imminence du tir du Khetz, qui constitue la réponse parfaite aux tentatives des ayatollahs de déstabiliser le monde.

 

L’Emad, qui possède l’aptitude (qui reste à démontrer) de larguer un véhicule de réentrée dans l’atmosphère qui aurait la capacité de se repositionner pour lancer des ogives multiples sur divers objectifs, tout en échappant au Khetz-2 de la génération précédente, est totalement dépassé par la technologie représentée par le missile israélien testé il y a deux jours. Il existe une différence d’au moins trente ans entre les deux engins.

 

Ce, pour la raison simple mais largement suffisante, que l’Arrow hébreu le détruira quelques minutes après son lancement, bien avant qu’il ait pu déployer son véhicule de réintégration dans l’atmosphère terrestre. Et s’il venait à l’idée des ingénieurs ennemis de lancer des missiles uniques depuis l’Iran, ils faciliteraient la tâche du chasseur israélien, capable d’intercepter des salves de cinq missiles balistique dans une fourchette de trente secondes. La réussite de jeudi pose aux Perses et à leurs pygmalions des problèmes technologiques durablement insurmontables.

 

C’est sans compter que, pendant qu’il entreprendrait l’action défensive de destruction du missile balistique perse, Israël disposerait de toute la latitude pour lancer ses propres fusées sur l’Iran, ses chasseurs-bombardiers et ses drones, face auxquels la junte théocratique est actuellement sans défenses. Grâce à l’Arrow-3, toute tentative de la part des ayatollahs de s’attaquer à Israël par la voie de l’espace les exposerait à tous les dangers, allant de la neutralisation de leur armée, de leur infrastructure nucléaire, militaire ou industrielle, à leur anéantissement pur et simple. Avec un autre paramètre à prendre en considération pour Khamenei : les moyens pour réaliser chacune de ces options existent déjà dans les arsenaux hébreux et ne sont pas en cours de développement.

 

Une partie de l’efficacité de la dernière déclinaison de la Flèche israélienne provient du fait qu’elle intervient très loin du territoire qu’elle a pour mission de protéger. Si le Khetz-2 avait une portée de l’ordre de 150km et pouvait détruire ses proies à une altitude de 60km (à l’intérieur de l’atmosphère terrestre), son successeur agit à des centaines de kilomètres – on parle de plus d’un millier – de sa base de lancement.

 

Avec un taux d’interception de 90%, cela permet d’envoyer (pour un tir visant Israël) encore deux Arrow au cas où, par malchance, l’Emad ou un autre Shihab (météore) aurait évité le premier des missiles-chasseurs. Les deux autres Khetz, étant dotés du même pourcentage de réussite, le risque de voir le missile balistique perse atteindre l’Etat hébreu avoisine les 0.1 pour cent. On peut ainsi le considérer comme nul.

 

Autre avantage du nouveau fleuron de la technologie israélienne, le Khetz-3 peut être lancé dès qu’un tir éventuel de missile ennemi a été observé par les radars, avant même de savoir vers quel objectif il se dirige.

 

Cela rend ce système terriblement attrayant pour pratiquement tous les pays qui se sentent menacés par des missiles balistiques. L’analyse que nous faisons à Métula nous amène à la conclusion que la protection d’un grand nombre de ces Etats peut se faire à partir d’Israël – ou d’un autre territoire à convenir -, sans qu’il y ait nécessité de déployer des batteries d’Arrow à l’intérieur de leurs frontières.

 

Cela consiste à intégrer divers pays sous le bouclier antimissiles israélien, et cela évite à la fois de multiplier les équipements annexes, radars, centre de commandement de tir, BMC, d’économiser le transport et la sécurisation du matériel, et cela permet aussi, de disposer en un seul point du personnel le plus aguerri à la gestion du système, tout en évitant les frais de formation d’équipes supplémentaires ; il faut à peu près cent spécialistes pour gérer toutes les étapes d’une interception.

 

Ce que nous énonçons au paragraphe précédent, outre le niveau de protection inégalé offert par le système, va permettre de rendre l’utilisation de la Flèche très économique et financièrement séduisante ; le coût envisagé d’une interception se chiffre à 2.2 millions de dollars, soit deux millions d’euros, sans compter, naturellement, l’amortissement des milliards investis dans la recherche depuis 2008 (pour le seul Khetz-3), ni les coûts du personnel, qui doit entretenir et gérer le système vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

 

C’est ainsi sans surprise que l’on a appris la déclaration officielle d’intérêt pour l’Arrow, en octobre dernier, soit avant l’essai réussi de jeudi, de la part du GCC, le Conseil de Coopération des Etats du Golfe. Quant à la possibilité d’inclure l’Arabie Saoudite, elle aussi soumise à la menace directe des missiles de Téhéran, l’intérêt du royaume est évidemment immense, mais nous préférons ne pas en parler dans cet article.

 

On doit espérer que les opportunités de commercialisation du système ne se heurteront pas, comme ce fut le cas par le passé, à un véto de la part de Washington. Washington, qui finance la quasi-totalité du coût de développement du Khetz, tandis que les Israéliens procèdent au dit développement, avec la participation de Boeing, depuis janvier 2012.

 

Les Etats-Unis avaient autorisé la vente de trois unités du radar du Khetz, le Pin Vert, à l’Inde, mais avait refusé, sous diverses arguties, qu’Israël lui fournisse les missiles.

 

Concernant la dernière mouture de l’Arrow, une rebuffade des Américains serait cette fois mal comprise, notamment à cause de la pression exercée par les nations arabes afin d’en bénéficier, et du rapprochement extraordinaire qu’il occasionnera au niveau de la coopération politique et militaire entre l’axe sunnite et l’Etat hébreu. Il faudra un niveau très élevé de confiance aux Arabes pour qu’ils confient l’essentiel de leur protection face à l’Iran entre les mains des Israéliens. D’après Hussein Hache, notre correspondant permanent en Jordanie, cette confiance serait déjà établie, bien qu’elle conférera à Jérusalem un bras de levier considérable sur les sunnites, particulièrement sur la question palestinienne et la normalisation des relations entre Israël et les grands Etats arabes voisins.

 

Autre élément à prendre en compte : Boeing s’est vu confier entre 40 et 50 pour cent de la mise au point et de la fabrication des éléments constituant le Khetz-3 et son système. En sus, quelques 300 entreprises américaines collaborent au projet, dont la majeure partie de la production régulière se fera aux USA et non en Israël, pour des questions de coût.

 

A cela, il convient encore d’ajouter que nous ignorons quel est le radar (ou quels sont les radars) qui équipent le nouveau système. Ce n’est assurément pas le Pin Vert, dont la portée de balayage est beaucoup trop courte, ni même le Super Pin Vert, lui aussi de conception bleue et blanche, dont la portée de 800 à 900km se situe à la limite inférieure de ce qui est nécessaire.

 

L’on sait que les ingénieurs israéliens travaillent sur un Hyper Pin Vert [nom utilisé par la Ména. Ndlr.] ; on sait aussi que le système est couplé au radar U.S. AN-TPY-2 de Raytheon, installé quelque part en Israël, mais dont l’utilisation est exclusivement confiée à des techniciens américains.

 

On parle, de plus, beaucoup de robots dotés de capteurs électro-optiques, qui seraient envoyés à bord de satellites, et qui procureraient une couverture "radar" affranchie des contingences des installations terrestres. Or il est à prévoir que les Etats-Unis participeraient dans une portion conséquente au développement de l’Hyper Pin Vert ainsi que du satellite-capteur, ce qui augmenterait encore leur part du gâteau final sur le plan commercial.

 

Officiellement, l’Administration américaine explique l’aide financière qu’elle apporte, à coups de milliards, au Projet Khetz, en exprimant qu’aider Israël à abattre des missiles participe à éviter des escalades guerrières et à le dissuader d’effectuer des attaques préventives.

 

C’est vrai mais c’est très incomplet : au-delà des sommes investies dans la recherche et le développement israéliens, Washington économise entre 40 et 60% des sommes qu’elle aurait à débourser afin d’atteindre possiblement les mêmes résultats par elle-même. Sans, d’ailleurs, que rien ne lui garantisse d’y parvenir.

 

D’autre part, les USA utilisent sans retenue les découvertes israéliennes afin de produire leurs propres systèmes et de les vendre à leur guise (et beaucoup plus cher) à leurs clients. Lorsqu’ils empêchent Israël de fournir des équipements défensifs à des pays amis comme l’Inde, ils font preuve de mauvaise foi et favorisent leurs propres exportations, souvent largement basées sur des travaux réalisés en Israël. C’est manifestement le cas des drones : les appareils U.S. ressemblant à s’y méprendre à ceux produits pas les Hébreux. Pour ces derniers, même si les couleuvres sont difficiles à avaler, l’aspect stratégique prime sur le commercial, et l’on comprend très bien, à Jérusalem, que notre "génie" doit d’abord servir à nous protéger, et que le génie sans financement adéquat ne fait l’affaire de personne. De plus, les entreprises israéliennes perçoivent ci et là des revenus, certes réduits, sur certaines ventes de matériels U.S. bourrés de technologie bleue et blanche.

 

Dans le cas du Khetz-3, les choses pourraient être un peu différentes. D’abord, parce que le système antimissile américain AEGIS, à propos duquel vous n’entendrez que des éloges de la part des ingénieurs et officiers israéliens, est infiniment plus lourd, plus compliqué, plus difficile à entretenir et donc plus coûteux que l’Arrow. Et il se dit, dans les alcôves, qu’il serait bien moins efficace et difficile à vendre. Or on ne voit pas les USA abandonner AEGIS pour produire un succédané de Khetz, dont ils fabriquent déjà la plupart des pièces et un grand nombre de sous-systèmes. Cela ne ferait pas beaucoup de sens.

 

D’autre part, la plupart des Etats industrialisés a besoin du Khetz-3 hic et nunc, ici et maintenant, pour faire face aux menaces des régimes terroristes d’Iran et de Corée du Nord, qui investissent des sommes colossales dans le développement d’armes offensives de destruction massive. Le potentiel économique des retombées de l’essai de jeudi est manifeste et il devrait y avoir un moyen de s’entendre aisément avec les alliés et partenaires israéliens, sans avoir, dans le cas qui nous intéresse, à finasser midi à quatorze heures.

 

On pourrait penser que les Etats arabes préféreraient voir "leurs" Khetz opérés par des Américains plutôt que par des Israéliens, mais il n’en est rien. Dans les capitales sunnites, on n’a pas digéré les ingérences d’Obama lors des printemps arabes ni le rapprochement de Washington et de Téhéran, et les concessions faites aux ayatollahs incluses dans l’Accord de Vienne, que l’on prend pour une trahison. Quant aux différends avec les Juifs, ils appartiennent plus à la sphère de la propagande et ils sont partiellement gommés par les convergences d’intérêts et la suprématie technologique des Israéliens, qui impressionne les rois arabes.

 

Quant à la qualité intrinsèque du système israélien, voici ce qu’en disait le directeur du MDA (l’agence fédérale U.S des missiles de défense), le Lieutenant-Général Patrick O’Reilly, plusieurs années avant l’essai intégral de jeudi :

 

"La conception du Arrow-3 promet un système extrêmement performant, plus avancé que ce que nous avons tenté de réaliser aux Etats-Unis avec nos systèmes. (…) Cela tient aux capteurs de recherche qui disposent d’une plus grande flexibilité, ainsi qu’à d’autres  aspects, à l’instar du système de propulsion – cela sera un système extrêmement performant".

 

Joseph Weiss, l’un des dirigeants principaux d’Israel Airspace Industry (IAI), a réagi à la suite de l’essai d’avant-hier en ces termes : "Le succès du système Arrow-3 aujourd’hui représente un pas majeur en vue de devenir opérationnel du plus important projet pour Israël et l’IAI".

 

D’autres essais seront encore réalisés afin de conforter les résultats de celui de la semaine qui se termine et de tester des systèmes supplémentaires du programme, mais on est déjà en train de discuter d’une première série de production limitée. Histoire de ne pas gaspiller un temps précieux.

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