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VIGIPIRATE : LES SOLDATS PRIS AU PIÈGE DES MÈRES JUIVES

L’illustration du jour par Antoine Chereau

VIGIPIRATE : LES SOLDATS PRIS AU PIÈGE DES MÈRES JUIVES

OPEN CANTINE ET HOUMOUS À VOLONTÉ

 

 

 

 

Les cinq mille soldats qui protègent les synagogues et écoles juives de France sont chouchoutés : repas copieux trois fois par jour, et standing-ovations à la cantine. On a même vu des soldats danser autour d’une Torah.

« Vous connaissez la différence entre une mère juive et un terroriste ? Avec le terroriste, on peut négocier… » La blague juive est devenue réalité pour les cinq mille soldats qui assurent depuis 3 semaines la protection des synagogues et écoles juives de France.

La plupart des militaires ont installé leurs campements à l’intérieur des quelques 700 lieux de culte et écoles qu’ils gardent 24h/24. Conséquence : ils doivent subir les assauts quotidiens des mamans, qui s’organisent davantage chaque jour.

UNE ORGANISATION MILITAIRE POUR LEUR BIEN-ÊTRE

« Les communautés ont organisé de véritables plannings pour la préparation des repas », explique à StreetPress, Yves Toledano. L’animateur de Radio Shalom a consacré plusieurs de ses émissions dominicales aux « efforts faits par les communautés juives pour remercier les soldats de leur présence. » Pour prendre dignement soin d’eux, les fidèles s’organisent à coup de chaînes de SMS et de mails, comme ce texto reçu par les fidèles d’une syna du 20e :

« N’hésitez pas à leur apporter quelques petites choses (gâteaux, fruits, capsules de café Senseo pour la machine) et à leur dire merci d’être là… »

 

Et tout le monde a intérêt à s’impliquer à fond : « Le rabbin a dit que c’était un kiddoush hashem (une sanctification du nom divin) de bien s’occuper d’eux », explique Jérémy de la synagogue Loubavitch des Lilas (93). Matin midi et soir, les mères sont donc aux petits soins avec les militaires. La femme d’un rabbin explique à StreetPress que sa synagogue du 20e a 8 soldats « à sa charge ». Et d’ajouter en rigolant :

« Ils ont fait l’Afghanistan ou le Mali, là ça leur fait des vacances. »

 

MINI-PIZZAS ET PLATS TRADITIONNELS

Les menus n’ont rien à envier à ceux du club med’ d’Eilat. Jérémy détaille à StreetPress le planning de sa syna’ :

« Le matin, quand les rouleaux de la Torah sortent, on organise une petite séouda (comprendre : une grosse collation). Du coup, on sort aux soldats des croissants, du café, des pains au chocolat… »

 

Les jours où ça n’a pas lieu, les fidèles ont organisé un roulement, pour leur apporter un p’tit déj. Et le vendredi, jour de shabbat, c’est presque un buffet de Bar Mitzvah qui attend les soldats :

« Il y a des mini-pizzas, des beignets, des salades, des petits fours et des desserts. Les soldats rentrent dans la synagogue avec leurs armes pour partager le repas avec nous, c’est impressionnant. »

Parfois, c’est même carrément la teuf, comme dans cette synagogue à l’est de Paris où les fidèles ont embarqué les militaires et leurs Famas dans une danse endiablée, kippa sur la tête, autour des rouleaux de la Torah.

DANS LES ÉCOLES, LES SOLDATS ONT OPEN-CANTINE

Une photo bien appétissante d’un gâteau apparaît avec ce message :

« Voici le cake au choco pour nos petits soldats ! »

Bienvenue sur le groupe Whatsapp de parents d’élèves de l’école Ganénou (12e) ! La cuisinière y est mise à contribution et l’école commande régulièrement des sushis pour les « petits soldats ». Car le djihad culinaire monte d’un cran pour les soldats en faction devant les écoles… Où les mères juives sont encore plus nombreuses. Corinne, la directrice de l’école Maimonide (Boulogne), s’enthousiasme :

« C’est chez nous qu’ils sont le plus heureux ! On les chouchoute particulièrement. »

 

David, en 1ère S au groupe scolaire Yavné (13e), raconte comment les soldats se font ovationner par les élèves à chaque fois qu’ils entrent au self. Ici, les soldats ont accès « en mode open bar à la cafét’ de l’école ». Mais ça n’était pas suffisant pour la mère de David, qui s’est aussi organisée avec le restaurant casher du coin pour que les soldats puissent y commander leurs repas gratuitement. Pour David, « ils sont bien ! » :

« Ils se prennent paninis, bagels, houmous à volonté. »

 

UN ENGOUEMENT IRRATIONNEL ?

Benjamin, papa de 3 enfants à l’école Ganénou justifie cet engouement :

« Les gens sont tellement reconnaissants ! Mettre des militaires devant les écoles, c’est la seule chose qui pouvait nous rassurer et nous permettre de reprendre une vie normale, après avoir déposé nos enfants à l’école le matin. »

 

Cette reconnaissance est « aussi élevée que la peur que l’on avait avant qu’ils arrivent », complète Yves Toledano. Et pourquoi « nourrir » des soldats à qui l’armée envoie pourtant des plats ? « C’est vrai qu’ils ont leurs rations, mais c’est important qu’ils soient bien. Et on les remercie du travail accompli », répond Jérémy, des Lilas. Colette de Suresnes a son explication :

« Ils ne peuvent pas faire cuire du porc dans le four de la synagogue, car ce n’est pas casher. »

Face à un engouement qui a sa part d’irrationnel, Corinne, la directrice d’école explique :

« Je suis aussi maman d’un garçon qui est soldat en Israël. »

 

Quelles que soient ses motivations, ce djihad culinaire semble porter ses fruits comme en témoigne cette phrase balancée par un soldat à la sortie de la synagogue de Neuilly :

« Je sais pourquoi je ne serai jamais juif. Je deviendrais obèse ! »

 

KIPA CABANA | NEWS | par Johan Weisz 

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