Les Gardiens de la Révolution iranienne sévèrement touchés en Syrie

Les Gardiens de la Révolution iranienne sévèrement touchés en Syrie (012803/19) [Analyse]

Par Jean Tsadik © Metula News Agency

 

La nuit dernière (entre mercredi et jeudi) plusieurs raids ont touché la région située à l’est et au sud-est d’Alep, la seconde ville de Syrie, à 355km de Métula, le point israélien le plus proche. L’agence gouvernementale syrienne SANA, de même que tous les media arabes, kurdes, turcs et iraniens attribuent ces attaques à Israël. L’Etat hébreu ne les pas revendiquées mais le ministre des Affaires Etrangères, Yisraël Katz, a déclaré laconique : "Pour autant que l’Iran est au courant, c’est Israël qui a frappé".

 

Il s’agit d’une attaque majeure ayant ciblé plusieurs objectifs distincts lors de plusieurs vagues d’assaut. Nous savons avec certitude que l’aéroport militaire de Nayreb, à l’est d’Alep, principalement utilisé pour acheminer du matériel militaire et des soldats depuis l’Iran a été atteint, de même que des entrepôts d’armes juste au nord de cette installation.

 

Il s’agit de la première opération aérienne documentée attribuée à Israël en Syrie depuis celle qui avait visé l’aéroport de Damas, le 20 janvier dernier. A cette occasion, la Ména avait annoncé en exclusivité mondiale que la Russie, le gouvernement syrien, l’Iran et Israël s’étaient entendus sur un compromis. Celui-ci devait permettre l’évacuation des positions de la "République" Islamique à Damas et à proximité de la frontière israélienne sans être interrompue par des opérations de Tsahal.

 

Depuis lors, l’Iran a effectivement retiré entre la moitié et les deux tiers du contingent expéditionnaire qu’il entretenait en Syrie. Téhéran conserve cependant une présence active sur la base aérienne d’Althias, dans le désert à l’est de Homs, ainsi qu’à l’est d’Alep, précisément autour de l’aéroport de Nayreb.

 

En quittant la zone du Golan, les ayatollahs ont permis à la milice chiite du Hezbollah libanais de s’y implanter, de même que des Druzes syriens favorables au régime de Bashar al Assad, organisés en unité de guérilla censée harceler Tsahal sur le Golan.

 

La zone de l’est alépin a déjà fait l’objet de deux frappes (a priori) israéliennes dévastatrices, une première fois le 30 avril dernier, et une seconde, le 15 juillet. La Ména avait abondamment couvert ces événements.  

 

La raison de la présence iranienne, principalement la force d’élite des Gardiens de la Révolution (khomeyniste), dans cette région relève de plusieurs facteurs : premièrement, ils s’y sentent un peu moins exposés aux frappes des Hébreux grâce à la distance qui les sépare de leur frontière, secondement, il s’agit d’une contrée à majorité sunnite écrasante et les sunnites sont les ennemis jurés des Perses, chiites, qui entendent y affirmer leur prépondérance ; et finalement, ils s’y trouvent à quelques dizaines de kilomètres à la fois des Kurdes et des Turcs, qui occupent le canton d’Afrin en Syrie, et qui constituent des ennemis potentiels du régime de Damas, leur allié.

 

Quoi qu’il en soit, la nuit dernière, l’Aviation arborant l’étoile de David a frappé très fort. En plus de l’aéroport, sur lequel étaient disposés les systèmes d’origine russe d’interdiction aérienne, et des entrepôts de la Z.I. adjacente de Cheikh Najjar (à quelques centaines de mètres des pistes), qui ont été lourdement pris à partie, les appareils du Khe’l Avir et leurs missiles Dalila ont anéanti une fabrique iranienne de roquettes, probablement des Fadjer du modèle 5C, le plus récent, que les protégés de Khamenei livrent à Assad et au Hezbollah. Les Hébreux ont également néantisé des entrepôts d’armes et de munitions proches du hameau de Tel Shegheb [carte], à 4km au sud des pistes de l’aéroport, et fortement ébranlé une des bases principales des Gardiens de la Révolution.

 

L’agence de propagande gouvernementale syrienne SANA, reprise par l’AFP et, partant, par la quasi-totalité des media français et francophones, s’est empressée de publier un communiqué selon lequel la défense antiaérienne syrienne avait repoussé cette attaque, abattu 80% des missiles hébreux, et que le raid n’avait que marginalement touché des entrepôts de munitions appartenant aux forces iraniennes, n’y occasionnant que des dégâts matériels.

 

En réalité rien n’est plus faux : la DCA russe d’Assad n’a intercepté aucun missile ou aéronef, les objectifs ont été totalement détruits comme en témoignent ces vidéos exceptionnelles filmées par des habitants, et les morts et les blessés dépassent largement la centaine.

 

Nous avons patienté avant d’envoyer ce compte-rendu d’obtenir les bilans humains approximatifs dressés par notre camarade Michaël Béhé, dont c’est l’un des domaines d’expertise. Il a lui-même été renseigné par ses connaissances syriennes et par le personnel des hôpitaux et des services d’urgence en quasi-totalité sunnite.

 

On compte ainsi 53 Iraniens tués, dont 43 membres des Gardiens de la Révolution, 3 officiers, dont un colonel, et cinq sous-officiers. D’autre part, il y a environ 75 blessés, dont le pronostic vital de 11 d’entre eux est engagé. Il y a 3 morts et 10 blessés parmi les Syriens ainsi qu’un nombre non précisé de Libanais et de volontaires chiites irakiens.

 

Comme on le constate sur cette vidéo, la cible en feu est assurément un entrepôt de munitions car l’on distingue clairement les explosions secondaires, tant au bruit que visuellement. Nos relevés de trigonométrie nous permettent d’affirmer que les entrepôts en flammes que l’on voit sur cette vidéo s’étendent sur une distance de près de 250 mètres de long.

 

Un témoin interviewé au téléphone par Michaël Béhé lui a déclaré que les explosions étaient d’une puissance inimaginable, et qu’on les voyait et les entendait à 50km à la ronde et que "même les rebelles – il ne peut s’agir que des islamistes soutenus par Erdogan à Idlib, à 57km de de Cheikh Najjar – les avaient entendues".

 

L’attaque d’hier a détruit le système d’alimentation électrique d’Alep qui a été pratiquement privée de courant toute la nuit. Ce jeudi, au vu de l’étendue des dommages causés par le raid attribué à Israël, des manifestations ont été organisées à Damas, auxquelles ont participé des partisans du pouvoir, essentiellement des Alaouites.

 

Il nous reste à poser une question subsidiaire avant de conclure cet article : pour quelle raison l’agence de presse gouvernementale française AFP a titré ce matin "La Syrie annonce avoir repoussé une attaque aérienne israélienne près d'Alep". Un titre recopié aussitôt par la quasi-totalité des journaux tricolores ?

 

Pour quelle raison, alors que SANA a démontré cent fois qu’elle était une agence de propagande aucunement fiable et non une agence de presse, l’AFP élit-elle de rapporter ses récits abracadabrantesques, de même que ceux, déjà plus sérieux, certes, mais pas fiables non plus, de l’organisme privé au service du Qatar, l’Observatoire Syrien des Droits de l’Homme ?

 

L’OSDH qui est animé par Oussama Ali Souleiman, un commerçant en textiles depuis Coventry, soutenu par un unique collaborateur, dont l’assistant précédent, Moussab Azzawi, affirme qu' "il n'est pas journaliste et ne devrait pas accomplir le travail des media". Et dont le gouvernement russe dit : "Rami Abdel Rahmane (l’alias de Souleiman) n'a pas de formation journalistique ou juridique ni même d'instruction secondaire".

 

Dans le cas du raid de la nuit dernière, on sent la haine anti-israélienne incoercible sourdre de chaque dépêche de l’AFP, mais Jérusalem n’a pas signé cette attaque, elle ne fait ainsi pas partie des succès qu’elle revendique.

 

On a fini par comprendre, car c’est chaque fois le cas, que l’AFP et ses commanditaires du Quai d’Orsay aimeraient tant que tous les missiles juifs aient été détruits en vol par la DCA d’Assad, qu’ils prennent leurs désirs pour la réalité et se vengent en observant que tous les media de l’Hexagone reprennent leur délires à la lettre.

 

Mais en fin de compte, ce qui est détruit est détruit, Israël a obtenu ce qu’il cherchait militairement et les Israéliens ne lisent pas le Point ou de l’Express pour y buter contre les dépêches de la centrale gouvernementale. Les seules choses qui pâtissent de cette haine déchaînée, ce sont le droit des Français d’être factuellement informés et la crédibilité de ces guignols de l’info.  

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