Pourquoi pas moi?
Pourquoi pas toi ?
Par Bob Oré Abitbol
Pourquoi pas toi?
C’est ce que ma mère me disait en effet chaque fois que je lui demandais son avis sur telle ou telle affaire ou sur tel ou tel projet.
Lorsqu’un défi était trop grand, trop démesuré pour moi et qu’il me semblait réellement hors de ma portée, de mes finances ou de mes capacités,
qu’il dépassait à mon sens, ma petite tête et ma modeste condition je lui posais la question.
Qui étais-je moi pour prétendre aux honneurs, à la richesse ou à la gloire?
Tu connais mon origine ?
Tu sais d’où je viens?
D’une petite rue de rien du tout de Casablanca me disais-je !
Mon grand père était rabbin, ma grand mère s’occupait de ses enfants, mes parents eux mêmes arrivaient à peine à joindre les deux bouts et toi tu veux construire des villes, bâtir des empires, changer le monde!!!
Qui es-tu?
Qui étais-je ?
Alors elle me regardait droit dans les yeux avec ce regard d’adoration totale et cette aveuglement merveilleux qu’une mère porte à son enfant et elle me disait avec force et conviction:
-Pourquoi pas toi ?
Aujourd’hui encore j’entends sa voix si sûre d’elle même, si convaincante, si convaincue comme si D lui-même parlait à travers sa bouche.
-Il y’a bien quelqu’un qui va le faire me disait elle!
Alors pourquoi pas toi???
Je prenais alors mon courage à deux mains et armé jusqu’aux dents des prières de ma mère, de conseils judicieux qui résonnaient en moi comme une trompette militaire, comme un roulement continu de tambours, j’allais fièrement au combat !
Je ne tremblais pas, je n’avais pas peur, j’étais certain quoi qu’il arrive que j’allais gagner et chaque fois effectivement accompagné par les paroles maternelles je sortais vainqueur!
Pourquoi pas moi!?
Ses conseils prodigués lorsque j’étais enfant et qu’elle me disait encore et encore que j’étais le meilleur, que j’étais le plus beau, que rien ne pouvait m’arriver parce que ses prières et celles de ma grand mère m’accompagnaient et me protégeaient où que j’aille où que je sois.
Tu sera comme de l’huile sur de l’eau me répétait ma chère grand-mère qui refusait de m’appeler par mon prénom mais utilisait plutôt celui d’Abraham de préférence, le prénom de son cher mari et de mon cher grand père bien-aimé, sur lequel on m’avait nommé et qui était décédé à présent.
Aujourd’hui après mon tour triomphal au Maroc où symboliquement je suis devenu sans le vouloir vraiment , un émissaire de la paix, un“goodwill ambassadeur” pour les juifs marocains partout dans le monde il me semble entendre encore ma mère de là où elle est, me dire de sa voix forte et décidée de maîtresse-femme qu’elle était:
Mais pourquoi pas toi ?
Eh oui pourquoi pas moi!?
Et toi qui me lis en ce moment ? Pourquoi pas toi?
BOA