LES CIMETIERES ISRAELITES DE TUNIS, de l’Avenue de Londres au Borgel par Albert MAAREK et Marc FELLOUS

LES CIMETIERES ISRAELITES DE TUNIS, de l’Avenue de Londres au Borgel
par Albert MAAREK et Marc FELLOUS

L’ancien Cimetière : dit du « Passage » ou de « l’Avenue de Londres » , des origines à 1958

Ce Cimetière se présentait sous la forme d’un immense quadrilatère de 65 000 m² , situé au centre-ville de Tunis ; il était divisé entre partie « grana » et partie « touansa » et on y venait régulièrement honorer les tombes de Grands Rabbins célèbres.
La tradition rapporte qu’il avait été acheté en plusieurs lots, au cours des siècles, par la Communauté israélite de la capitale.

Curieusement, ce fut un Rabbin bulgare, Raphaël Arditti, arrivé en Tunisie à la fin du XIXe siécle , qui s’intéressa particulièrement à ce Cimetière ; il publia , en effet , en les commentant , les principales épitaphes rabbiniques comme celles d’Isaac Lumbroso , Isaac Hacohen , Judas Lévy , Josué Bessis , Nathan Borgel , Haï Taïeb ….
Le Cimetière israélite du « Passage », servit de lieu de sépultures jusqu’en 1894 où , arrivé à saturation , il fut relayé par l’actuelle nécropole du Borgel .

Durant toute la période du Protectorat français , ce vaste espace ne laissa pas indifférent les autorités tant sur le plan de sa gestion que sur celui sa situation géographique .
Péripéties historiques : le Cimetière israélite sous le Protectorat français (1881 – 1956)
 . Les émeutes juives de 1887 et les réactions

En 1887 , le municipalité de Tunis (où siégeaient pourtant 3 Israélites) , entreprit de concéder à une entreprise privée le droit exclusif du service des Pompes Funèbres pour le Cimetière israélite de l’avenue de Londres. Cette décision eut pour effet de causer une vive émotion dans la population juive .

En effet, jusque-là , le transport des corps et les inhumations étaient assurés par la « Hébra » ; les familles riches qui faisaient enterrer un des leurs payaient en proportion, de façon à permettre le service charitable pour les familles pauvres. La nouvelle réglementation municipale, en établissant la division en classes et en fixant des tarifs précis, risquait de bouleverser ce système traditionnel et de créer un système qui échappait à tout contrôle. De plus , l’emploi du corbillard empêchait désormais le transport des corps, à bout de bras, par des Israélites.
Le 20 Mars 1887, la population israélite s’assembla en masse au Cimetière, pour empêcher l’inhumation d’un certain Samuel Boccara selon les stipulations du nouveau décret. La troupe intervint pour disperser la foule ; de plus, des notables « livournais » alertèrent le consul d’Italie ce qui eut pour effet de « raidir » la position des autorités françaises : l’affaire se politisait.

Le lendemain, les Israélites manifestèrent en ville devant la municipalité ; il y eut même un blessé juif et des arrestations furent opérées. Devant cette montée de tension, des négociations s’engagèrent entre notables israélites et le gouvernement du Protectorat .

Il fut décidé finalement, de laisser le choix aux familles de s’adresser, pour les enterrements, soit au service de l’entreprise concessionnaire, soit à celui de la Communauté.

L’affaire provoqua des réactions en France même : la presse (comme le journal « Le Temps ») y décela une complicité italienne destinée à gêner l’influence française en Tunisie. Le Grand Rabbin de France, Zadoc Kahn intervint et, tout en condamnant les émeutes des Juifs de Tunis, fit remarquer qu’on devait tenir compte de leurs coutumes et traditions.

Le Quai d’Orsay prit fort mal ces événements et notamment la capacité de rassemblement de la foule israélite, facteur jugé dangereux en pays « protégé » par la France.

b . Le projet de jardin public
Au cours des années suivantes, un nouveau problème apparut : l’espace occupé par le Cimetière israélite gênait, en partie, l’expansion de la ville européenne.
Le Gouvernement désirait désaffecter ce vaste terrain de 65 000 m² et le transformer en parc public ; il était prêt à concéder à la Communauté une rente annuelle de 50 000 francs, à titre de compensation, mais l’opinion publique juive était partagée sur cette proposition.

L’indépendance de la Tunisie et l’expropriation du Cimetière ( 1956 – 1958)
 Décision tunisienne et recherche d’un compromis
La Tunisie retrouva son indépendance en 1956 et les nouvelles autorités reprirent à leur compte le projet de jardin public. Elles dénièrent les droits de propriété de la Communauté israélite sur son Cimetière dont le terrain fut considéré comme bien communal.
Le maire de Tunis, Ali Belhaouane, était prêt au compromis : nécessité de désaffecter le Cimetière pour des raisons d’urbanisme mais acceptation de faire transporter, après exhumation, les 60 000 tombes en « Terre sainte (seule possibilité autorisée par la religion) ; mais les négociations s’arrêtèrent brusquement par suite du décès subit d’Ali Belhaouane .

 . L’expropriation du Cimetière israélite
Le nouveau maire de Tunis, Zaouche se montra inflexible et ne reconnut pas les promesses exprimées par son prédécesseur : il exigeait de la Communauté qu’elle évacue rapidement les lieux ; quant à la possibilité de transport des corps en « Terre sainte » , cela fut considéré comme un acte « sioniste ».
Finalement , pour accélérer l’opération de récupération du terrain , il fit mine d’accepter le principe d’exhumation et de transfert en « Terre sainte » mais les travaux furent très vite arrêtés et la Communauté s’inclina face à cette expropriation forcée .
Le Cimetière juif du Borgel de Tunis, ou Beth a Haïm : la « Maison des Vivants » dans la tradition juive a été inauguré par le grand Rabbin de Tunisie : Eliaou Borgel en1894.
Le cimetière juif du Borgel de Tunis témoigne du passé récent de l’histoire de la Tunisie ; histoire complexe, tissée des multiples histoires des communautés qui y ont vécu.

En ce sens le cimetière juif du Borgel est une partie intrinsèque du patrimoine des Juifs de Tunisie, tout autant qu’il est patrimoine des Tunisiens eux-mêmes. L’oubli de cet espace patrimonial serait une perte pour chacun.
Il contient plus de 30.000 tombes auxquelles s’ajoutent les sépultures du vieux cimetière de l’Avenue E.Rostand de Tunis (1958) qui ont été transférées.
C’est le plus grand cimetière Israélite du Maghreb voire du bassin méditerranéen, car que la communauté juive de Tunisie étaient la plus ancienne du Maghreb

Comments

חבר/ה במשך

53 שנים 8 חודשים
קישור קבוע

Bonjour à toutes les personnes travaillant au cimetière ancien le Borgel à tunis avenue de Londres,

Je m'appelle Sophie Rina,je recherche s'il vous plait la tombe de Simha Ines déccédée en 1946,femme de Georges Abitbol déccédé en 1960,merci beaucoup d'avance,si quelqun connaisait sa tombe,et accepterait de me l'envoyer.

Bonne fin de journée

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