Le périple poignant d'Africains musulmans vers Israël

Le périple poignant d'Africains musulmans vers Israël

par Daniel Pipes

Version originale anglaise: Muslim Africans' Harrowing Journey to Israel

« Je dansais de joie quand je suis arrivé. C'était l'un des plus beaux jours de ma vie. » Voilà ce qu'a déclaré Ismaïl Abdul-Rasul, un père de quatre enfants venu du Darfour au Soudan, pour décrire son accueil en Israël en 2007 après cinq années de misère passées en Égypte et un périple infernal effectué à travers la péninsule du Sinaï.

On a tendance à l'oublier aujourd'hui : au cours des années 2006-2012, un flot important d'Africains – surtout érythréens et soudanais – a pris clandestinement le chemin de l'exil pour aller vivre en Israël. Leur immigration a pendant un moment traumatisé les Israéliens et laissé à eux-mêmes un nombre important d'Africains vivant dans le pays, principalement à Tel Aviv. Le nombre total de migrants illégaux venus d'Afrique en Israël est estimé à 55.000 dont environ 35.000 vivent dans le pays actuellement. Cet épisode mérite d'être rappelé non seulement en raison de son caractère dramatique et de son horreur mais aussi de son épilogue et de ses conséquences.

La traversée

Les Africains musulmans ont presque tous atteint l'État juif par voie terrestre. L'afflux a commencé en 2006 avec, apparemment, l'entrée en Israël de quelques centaines d'Africains aidés par des passeurs égyptiens et par l'indulgence du gouvernement israélien. Après avoir atteint l'Égypte et des parties plus éloignées du continent, cette nouvelle a généré un flot accru de nouveaux migrants. En 2009, le journaliste Uriel Heilman décrivait les motivations des Africains vivant en Égypte :

    D'un côté, on a le danger et la pauvreté – des camps de réfugiés surpeuplés, des emplois rares et l'excès de zèle de soldats égyptiens prêts à ouvrir le feu sur quiconque tente de fuir vers Israël. ... De l'autre côté, on a une relative prospérité et une certaine protection – un pays occidentalisé, un gouvernement plus avenant et un large éventail de services aux réfugiés, y compris, dans certains cas, des emplois.

    « C'est bien. J'aime Israël. Il y a de bonnes personnes ici », a déclaré Emanuel, un garçon soudanais de 16 ans qui a réussi à traverser en toute sécurité. ... Emanuel dort sur un lit propre, reçoit trois repas par jour et est parfois emmené dans des piscines, des camps d'été et des excursions dans la nature.

Une femme soudanaise a expliqué pourquoi elle a marché plus de 300 kilomètres à travers l'Égypte et le désert du Sinaï jusqu'à la frontière israélienne : les Égyptiens « nous crachent dessus et nous traitent de singes et d'animaux », alors qu'elle a entendu dire qu'elle serait bien traitée en Israël. Et, en effet, elle l'était : « Ils nous ont donné du chocolat et du jus et nous ont menottés. »

Ibrahim, originaire de Guinée, a été emmené en Israël par des trafiquants mais a réussi à s'échapper. Après avoir reçu un couple d'Israéliens comme tuteurs, il est devenu citoyen et a rejoint Tsahal.
Lorsque la nouvelle de cette vie relativement bonne en Israël, avec son chocolat, son jus et ses menottes, s'est répandue, elle a engendré un véritable trafic d'êtres humains. Ibrahim, un orphelin de Labé, en Guinée, pays d'Afrique de l'Ouest, raconte qu'en 2006, à l'âge de 15 ans, le propriétaire du magasin d'électricité où il travaillait l'a abreuvé d'histoires de richesse en Israël et lui a offert le prix de son voyage en échange de la moitié des revenus d'Ibrahim à vie. Ibrahim a accepté cette offre de servitude sous contrat et s'est retrouvé bientôt capturé lors du voyage terrestre de 13 jours qui l'a mené de la Guinée jusqu'à Tel Aviv, en passant par le Maroc, l'Égypte et Eilat. À Tel Aviv, les trafiquants l'ont emmené à la gare routière centrale mais son employeur supposé ne s'est pas présenté, ce qui a permis à Ibrahim de s'échapper. Après diverses péripéties – laver des casseroles dans un restaurant, vivre dans un refuge pour jeunes sans-abri, étudier dans une école pour enfants à risque, séjourner dans une prison – un couple d'Israéliens lui a proposé de devenir ses tuteurs légaux, lui donnant ainsi la possibilité de terminer ses études, de devenir citoyen israélien, de changer son nom en Avi Be'eri, de rejoindre l'Armée de défense d'Israël en 2011 et d'envisager sa conversion au judaïsme.

Jusqu'aux accords d'Abraham de 2020, par lesquels Khartoum a reconnu Israël, le gouvernement soudanais considérait Israël comme un État ennemi, de sorte que ses ressortissants trouvaient leur séjour en Israël particulièrement difficile. « Israël était l'ennemi absolu. Le gouvernement soudanais m'aurait tranché la gorge s'il avait su que j'allais en Israël », a expliqué Ahmed, qui a néanmoins fait le voyage parce que sa situation en Égypte était désespérée : « Nous étions en train de mourir ici de toute façon. » Il a emprunté de l'argent pour payer un passeur afin de se rendre avec sa famille en Israël.

Sanka, un migrant soudanais en détention, hébergé dans un kibboutz, a rappelé que le juge en charge de son dossier lui avait déclaré que les relations hostiles entre le Soudan et Israël « nous empêchent de vous libérer, car vous représentez un danger potentiel pour nos citoyens ». Ce à quoi Sanka a répondu : « Je ne le pense pas. Je suis venu en Israël pour y chercher de l'aide et devenir un ami de ce pays. » Le gouvernement israélien a à son tour estimé que « les services de sécurité n'ont aucune moyen de faire la distinction entre un individu infiltré en Israël sur ordre d'Al-Qaïda et une personne innocente infiltrée parce qu'elle fuit pour sauver sa vie. »

Horreur en Égypte

La traversée de l'Égypte a été la partie la plus difficile : de nombreux Africains musulmans ont été brutalisés ou assassinés par le gouvernement, le Hamas ou les tribus de la péninsule du Sinaï. La police a tué au moins 27 Soudanais qui manifestaient devant le bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés au Caire, tandis que les gardes-frontières égyptiens ont utilisé à plusieurs reprises la force létale contre des migrants non armés. En août 2007, par exemple, des soldats israéliens ont rapporté avoir vu les gardes tuer par balles deux migrants soudanais à la frontière, « avant de traîner deux autres réfugiés de la frontière et de les battre à mort à coups de pierres ».

Le Hamas et ses alliés tribaux dans le Sinaï ont traité les migrants sans pitié. Selon un article de Ynet basé sur un rapport du Everyone Group, une organisation non gouvernementale, les migrants africains ont rencontré sur la route des membres du Hamas qui ont promis de les faire entrer clandestinement en Israël contre un paiement de 2.000 dollars. Au lieu de cela, ils ont été placés dans un centre de détention à la périphérie de Rafah, une ville égyptienne à la frontière avec Gaza, exigeant que leurs familles en Érythrée paient une rançon de 10.000 dollars pour leur libération. ... Huit des migrants ont été tués et quatre autres ont disparu – peut-être victimes de prélèvements et de trafic d'organes d'êtres humains. Environ 100 d'entre eux ont été transférés dans un « camp de concentration » situé dans un lieu inconnu, peut-être dans les territoires palestiniens. Les captifs sont battus, les femmes et les enfants violés. « Les prisonniers sont très mal nourris et sont forcés de boire leur propre urine », peut-on lire dans le communiqué. « La plupart des migrants envisagent de se suicider. »

Le champion égyptien des droits de l'homme Hamdy al-Azazy a rapporté la façon dont les Africains sont amenés à la frontière égyptienne avec Israël : « Ils les transportent comme des animaux, voire pire », en cachant les migrants dans des camionnettes et des camions-citernes vides. Ils aménagent souvent une fausse étagère dans des camionnettes où s'entassent les réfugiés qui sont ensuite cachés sous des fruits, des légumes [et] des animaux. » Ensuite la situation ne fait qu'empirer. Azazy décrit les camps de prisonniers dans lesquels ont été jetés les migrants africains :

    Les prisonniers sont soumis à toutes sortes de tortures et d'humiliations – souvent pendant que leurs proches à l'étranger écoutent leurs cris de désespoir au bout de la ligne téléphonique – jusqu'à ce que soit payée la rançon qui leur permet d'être libérés à la frontière avec Israël. Ceux qui tentent de s'échapper sont tués de sang-froid, tandis que les prisonnières sont violées à plusieurs reprises, souvent devant leurs maris et leurs frères.

    Si les proches ne sont pas en mesure de payer la rançon demandée (de 20.000 à 50.000 dollars selon le gang qui les détient), les jeunes sont transférés au marché des organes et sont tués lors de l'ablation de leurs reins. De nombreux cadavres sans reins ont été retrouvés dans le désert du Sinaï, tandis que la plupart des corps sont brûlés.

Dans un rapport, « les corps gravement mutilés de neuf Somaliens ont été retrouvés, au début du mois d'avril, échoués sur une plage d'Alexandrie, en Égypte. Ils étaient dépourvus de tous leurs organes vitaux. » Pour veiller à tirer une valeur optimale des organes, ceux-ci sont souvent extraits des personnes vivantes par un personnel médical qualifié. « Les organes ne sont pas utiles s'ils sont morts », explique Al-Azazy. Les trafiquants commencent par droguer les victimes ; ensuite, ils « prélèvent leurs organes, puis les laissent mourir et les jettent dans un puits sec profond où gisent des centaines de corps ». Azazy – source unique relatant l'existence de ce procédé ignoble – possède des images qu'un journaliste a vues et décrites : « on voit un cadavre vidé de ses organes, ouvert depuis le menton jusqu'au nombril, la cage thoracique sciée de part en part ». Selon l'analyste italien Roberto Malini, « la plupart des produits de la traite des êtres humains et des organes servent en fait à financer des groupes fondamentalistes armés, principalement le Hamas ». Les Nations Unies estiment que, rien qu'en 2011, le commerce mondial d'organes a généré entre 600 millions et 1,2 milliard de dollars de bénéfices.

Voilà les épreuves macabres auxquelles certains Africains en Égypte ont accepté de se soumettre pour avoir une chance d'atteindre Israël.

Réponses israéliennes

Lorsqu'en 2006 des Soudanais musulmans et des Érythréens chrétiens, pour la plupart, ont commencé à arriver illégalement en Israël, le gouvernement a arrêté ceux qu'il a capturés au titre d'ennemis infiltrés, avant toutefois de les relâcher pour la plupart. D'autres ont évité la détention et se sont directement retrouvés à la rue.

En août 2007, le gouvernement israélien a accepté en tant que réfugiés 500 migrants du Darfour séjournant déjà en Israël mais a indiqué qu'en vertu d'un accord avec Le Caire, tous les futurs migrants illégaux seraient renvoyés en Égypte. Cet accord ne semble pas avoir été appliqué car en février 2009, le nombre de réfugiés du Darfour a atteint les 600. Ils ont tous obtenu l'asile et des permis de travail.

En 2009, le maire d'Eilat, Meir Yitzhak Halevi, a déploré que certaines parties de sa ville « aient été conquises par des infiltrés ». Il a ajouté :

    La présence de nombreux migrants à la recherche d'un emploi dont certains sont sans adresse fixe, fait que beaucoup d'entre eux se rassemblent dans les parcs et sur les terrains de sport. L'infiltration n'est pas contrôlée. ... Sans vouloir généraliser, nous avons sans doute assisté à une augmentation de la violence au sein de cette population. Les incidents liés à l'alcool ont augmenté.

De même, en 2011, le maire de Tel Aviv, Ron Huldai, a qualifié les Africains d'« infiltrés » et a déclaré qu'« il est maintenant clair pour tout le monde qu'ils viennent ici en tant que travailleurs migrants et qu'ils ne sont pas en danger existentiel ».

En 2010, Arnon Soffer, géographe à l'Université de Haïfa, a estimé qu'au niveau actuel de la migration, Israël accueillerait environ 500.000 migrants illégaux d'ici 2025, un nombre qu'il a qualifié de « menace existentielle » pour un pays qui comptait alors 7,6 millions d'habitants. La même année, le ministre israélien de la Sécurité publique, Yitzhak Aharnovitch, a déclaré que jusqu'à 2,5 millions de migrants africains résidant actuellement au Caire « attendent » de passer en Israël. Fin 2011, au plus fort de la vague migratoire, Israël accueillait 117.848 travailleurs migrants illégaux et 38.354 demandeurs d'asile de toutes les régions du monde.

Reprenant ces prédictions et mettant en garde contre un « flot » de migrants illégaux qui « menace les emplois des Israéliens ainsi que le caractère juif et démocratique de l'État d'Israël », le Premier ministre Benjamin Netanyahou a approuvé la construction d'une clôture le long des 242 kilomètres de frontière entre Israël et l'Égypte, de Rafah à Eilat, et jusque dans la mer Rouge, ainsi que la construction d'un centre de détention capable de contenir 10.000 migrants.

Entre 2010 et 2014, le gouvernement israélien a dépensé 450 millions de dollars pour une barrière de 5 mètres de haut, surnommée le projet Sablier, l'une des entreprises les plus coûteuses de l'histoire du pays. La barrière a immédiatement réduit le taux d'infiltration de plus de 99 pour cent. Au premier semestre 2012, 9.570 Africains sont entrés illégalement en Israël. Au premier semestre 2013, ils n'étaient plus que 34. En 2016, lorsque les passeurs ont trouvé le moyen de franchir la clôture, celle-ci a vu sa hauteur passer de 5 à 8 mètres sur un tronçon de 17 kilomètres. La barrière a non seulement résolu la crise démographique qui remet en question la nature même de l'État juif mais aussi la crise morale des Africains cherchant un refuge.

Mises à part les histoires réconfortantes, les Africains musulmans illégaux ont généralement connu une période difficile en Israël, d'autant plus qu'ils ne fuyaient pas une zone de guerre mais qu'ils étaient à la recherche de meilleures perspectives économiques. En 2017, Netanyahou a clairement fait cette distinction : « Ce ne sont pas des réfugiés. Ou du moins la plupart d'entre eux ne le sont pas. La plupart d'entre eux sont à la recherche d'un emploi. » Une source policière israélienne a ajouté, en parlant des Soudanais, que « certains d'entre eux ont lancé un site Web qui détaille les itinéraires clandestins, afin que les membres de la famille et les amis puissent les rejoindre en Israël ».

L'absence d'accueil en Israël a donné envie à certains Africains de quitter le pays. En 2021, Jos Nof, un Soudanais de 27 ans, a déclaré : « Je veux une belle vie. Si mon pays était sûr, je ne passerais pas une minute de plus ici parce que je n'y vois aucun avenir. » Pourtant, Israël conserve son attrait et d'autres Africains tentent leur chance pour atteindre la Terre promise. En mai et juin 2020, par exemple, des Israéliens ont arrêté et expulsé seize Soudanais qui essayaient de pénétrer dans le pays depuis le Liban à la faveur de la nuit.

Certains Israéliens ont déploré, avec Or Mor-Yosef du Centre africain de développement des réfugiés de Tel Aviv, l'occasion manquée de transformer ces jeunes Africains musulmans en « excellents ambassadeurs d'Israël » en les accueillant plus chaleureusement. D'autres allaient dans le sens de l'universitaire et journaliste Guy Bechor sur le fait que les clandestins africains n'étaient ni des travailleurs de passage, ni des réfugiés, mais des colons permanents dont la présence était accueillie par les Israéliens de gauche comme un moyen de « modifier l'équilibre démographique de notre pays ». Ayant échoué dans leur objectif de laisser entrer des masses de Palestiniens dans ce pays, a-t-il soutenu, les gauchistes ont plutôt encouragé les Africains en répandant la rumeur selon laquelle « Israël est un paradis accessible à pied ». Bechor avertit qu'en donnant la citoyenneté aux migrants, puis en laissant leurs familles les rejoindre en Israël, la population musulmane pourrait devenir majoritaire dans ce qui était l'État juif.

Les reportages sur les migrants africains donnent inévitablement la parole aux gauchistes israéliens qui insistent sur la responsabilité morale d'Israël d'accepter les migrants illégaux, compte tenu de l'expérience juive et de la fière histoire d'Israël en tant que refuge pour les persécutés. Mais cela laisse de côté le fait, comme Bechor l'a souligné, qu'un accueil généreux submergerait le pays et changerait sa démographie et son caractère.

Cette question a été relancée en 2023, longtemps après la fin de l'immigration africaine, et est devenue un sujet central des déchaînements de colère autour du pouvoir de la Cour suprême. Dans quelles circonstances la Cour devrait-elle pouvoir rejeter la législation adoptée par la Knesset, le parlement israélien ? Ceux qui sont favorables à la restriction de son pouvoir ont mis en avant les trois cas d'annulation de lois permettant au gouvernement, de manière indéfinie et sans procès, d'emprisonner des migrants africains illégaux. Ils ont fait valoir que la Cour privilégiait de manière non démocratique les droits des migrants par rapport à ceux des résidents du sud de Tel Aviv et ont présenté ces décisions comme l'éminent symbole d'un pouvoir judiciaire interventionniste et excessif. « C'est la Knesset qui protège les droits, pas la Cour suprême », a déclaré Simcha Rothman, l'un des leaders des partisans de la révision.

Conclusion

Le cas des Africains musulmans qui s'installent spontanément en Israël offre un petit exemple de probables migrations massives d'Afrique vers les pays riches dans les décennies à venir, car la population du continent pourrait tripler d'ici 2100. Les migrations tendent à débuter par une installation réussie dont la nouvelle atteint le pays d'origine et génère un nombre bien plus grand de migrants sur la même route, qui nourrit à son tour la traite d'êtres humains, la corruption et la brutalité, puis des barrières et autres obstacles toujours plus hauts, avant de voir la crise s'atténuer enfin.

L'épisode de 2006-2012 a également un aspect nettement israélien. Les migrants musulmans qui abandonnent leur pays d'origine et parcourent de longues distances en endurant des expériences terribles en Égypte et qui tentent leur chance dans l'État juif, indique sans ambiguïté une estime largement répandue mais secrète pour Israël. Loin de l'éloquence colérique des Nations Unies ou du fanatisme insipide du corps professoral en études sur le Moyen-Orient, un grand nombre de musulmans aspire à vivre parmi les sionistes. Comme l'a noté Malcolm Hedding de l'ambassade chrétienne internationale à Jérusalem, « il est remarquable qu'alors que certains universitaires britanniques très instruits considèrent Israël comme un pays raciste et immoral, ces simples réfugiés soudanais semblent savoir mieux ce qu'il en est réellement. En cela, les Africains expriment une admiration que l'on connaissait mieux jusqu'ici de la part des Palestiniens et des musulmans du Moyen-Orient. Ainsi, les Africains musulmans prêts à tout pour atteindre l'État juif soulignent un aspect important de l'acceptation croissante d'Israël.

Enfin, l'afflux de musulmans africains confirme un changement plus important en cours, dans lequel les États arabes et les musulmans acceptent plus généralement l'existence d'Israël pour lequel ils ont même de l'estime tandis que la gauche, autrefois le principal allié d'Israël (pensez à Staline et Truman) est devenue son critique occidental le plus sévère (pensez à Jeremy Corbyn et Bernie Sanders). Symboliquement, Israël entretient de meilleures relations avec l'Arabie saoudite qu'avec l'Écosse, l'Espagne ou la Suède. Les nationalistes palestiniens et les islamistes sont toujours à l'origine de la plupart des violences contre les Juifs et Israël. Toutefois, c'est la délégitimation orchestrée par la gauche qui, avec les armes nucléaires iraniennes, constitue le plus grand danger pour le pays.

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