Benyamin Nétanyahou «coupable de trahison», critique l’écrivain israélien David Grossman

L’intellectuel prédit dans une tribune virulente à «Haaretz» la mort de tout espoir de paix entre Israël et les Palestiniens pour les années à venir, et la fin du rêve sioniste d’un état libéral, juif et démocrate.

par LIBERATION

«De nombreuses années devront s’écouler, des années sans guerre, avant qu’il ne soit possible de recommencer à songer à une réconciliation.» Dans une tribune virulente qui sera publiée vendredi dans le journal Haaretz, l’écrivain David Grossman accuse le Hamas et Benyamin Nétanyahou d’avoir saboté tout espoir de paix entre Israël et les Palestiniens.

Grossman, l’un des intellectuels israéliens les plus engagés pour la Paix au Moyen Orient, explique que si l‘occupation israélienne est en effet un crime, violenter des enfants puis les abattre de sang-froid est un crime plus terrible encore : «Je ne sais pas s’il faut appeler les hommes du Hamas “animaux humains”, mais ils n’ont sans doute plus d’image humaine.»

Intérêts cupides

Si l’écrivain fait porter la principale responsabilité de la guerre sur l’agresseur, car «même les crimes d’Israël dans les territoires occupés depuis 56 ans ne peuvent justifier ce qui s’est révélé à nos yeux», il n’exempte pas pour autant le Premier ministre israélien, qui est à ses yeux coupable de trahison, «trahison de tout ce qui nous est cher en tant que citoyens de ce pays». Il accuse Nétanyahou d’avoir saboté le pays «au profit de petits intérêts cupides, au nom d’une politique cynique, bornée et somnambule».

«Qui serons-nous, quel genre de personnes serons-nous après ces jours, après avoir vu ce que nous avons vu ? Où peut-on recommencer après la destruction et la perte de tant de choses en lesquelles nous croyions, en lesquelles nous avions confiance ?» demande Grossman. Qui craint que la seule réponse à venir soit un Israël encore plus à droite, encore plus violent et encore plus raciste.