L’un des joyaux universitaires de Montréal est en danger - David Bensoussan
Une université est régie par des codes moraux, éthiques et légaux. Sur ces trois plans, l’université McGill échoue. La direction a perdu le contrôle de la situation. Les étudiants, qu’ils soient juifs ou non, sont harcelés, intimidés et exclus des activités de loisirs ou de sports par des militants fanatisés. Ces derniers suivent uniquement leurs propres diktats. On a l’impression de revivre les années 30.
De nombreux professeurs et étudiants évitent le campus et se contentent de suivre les cours en ligne. La direction de l’université tergiverse, la police refuse d’intervenir, et la mairesse de Montréal se cache derrière un principe de liberté d’expression qui a perdu son sens. Déjà, des congressistes annulent leur participation à des conférences pour des raisons de sécurité, ou se contentent de se connecter en ligne. Selon le quotidien The Gazette, près de 58 sociétés savantes telles que la Société canadienne pour l’étude de l’éducation et l’Association canadienne de sociologie ont déplacé leurs congrès ou ont décidé d’opérer en ligne.
Le réseau académique de Montréal a publié un document pour rectifier les faussetés propagées par les manifestants. Cependant, un travail aussi minutieux et consciencieux ne résonne pas autant que des slogans scandés.
L’honorable Jacques Saada, ancien ministre du Gouvernement canadien, s’est exprimé ainsi :
« Nous vivons dans un monde à l’envers. Un monde devenu fou. Un monde qui désormais échappe à toute vérité. À toute logique. Un monde qui ignore l’Histoire et qui s’en vante. Un monde où des professeurs d’université traitent leurs étudiantes juives de prostituées. Un monde où un imam autoproclamé, du haut d’une tribune à la Place des Arts, en appelle à l’élimination des Juifs, et où il est applaudi par des milliers de personnes. Le symbole est puissant.
Au quartier des Spectacles, haut lieu de la culture québécoise, de sa richesse et de ses ouvertures à l’universalité, on invite au génocide et à l’obscurantisme.
Un monde où l’on tire sur nos écoles et où on désacralise nos synagogues. Où dans nos rues, on en appelle à égorger les Juifs ou à les renvoyer aux camps de la mort. Un monde où on intimide les familles de nos dirigeants.
Un monde où physiquement on crache au visage de l’autorité. Un monde où on nous prive d’accès à nos institutions. Un monde où de grands courageux se cachent derrière l’anonymat des médias sociaux pour menacer de viol, de torture et de mort. Tout cela en toute impunité. Un monde où l’on déloge des sans-abris de leurs campements de fortune, mais où on se montre timide à déloger des protestataires qui agissent en toute illégalité sur nos campus, souvent menés par des agitateurs professionnels qui ne sont même pas étudiants…
Tout cela sous nos yeux, ici même, à Montréal, la deuxième métropole francophone au monde, dont on avait l’espoir, ou l’illusion, qu’elle serait épargnée des affres du racisme et de l’antisémitisme dont l’Europe est affligée. »
Il devient de plus en plus évident que nous assistons à une prise de contrôle bien orchestrée qui, à force de slogans injurieux, de propagande haineuse et de mensonges, donne l’impression de vivre l’agenda des régimes autoritaires d’Alger ou de Téhéran. Nous sommes très éloignés d’un dialogue respectueux et responsable capable de rapprocher les esprits.
Le public canadien n’est pas habitué à entendre des slogans hurlés, et les médias tentent de rationaliser l’incohérent, inconscients que les libertés démocratiques sont abusées dans le but de détruire la démocratie.
Si les autorités gouvernementales, municipales et universitaires ne mettent pas fin à cette situation, nous risquons de devenir témoins de la mise en bière de la qualité de l’éducation et de la recherche universitaires à Montréal.