Entre arabite et occidentalisation : Les Juifs de Tunisie et d’Algerie au XXe siecle

Entre arabité et occidentalisation : Les Juifs de Tunisie et d’Algérie au XXe siècle

 

Rencontre avec :

Danielle David-Setbon, auteure de Paris-Tunis-Kairouan, un retour aux sources (Hémisphères, 2018). D’abord enseignante en philosophie, elle s’est ensuite engagée dans la formation permanente à l’IFOREP, un institut de formation et de recherche affilié au Mouvement d’éducation populaire. Elle y occupe différentes responsabilités avant d’en devenir, en 1995, responsable du secteur Recherche ; dans ce cadre, elle dirige plusieurs recherches liées à l’évolution du travail dans l’entreprise et ses effets sur la vie des agents et de leurs familles. Depuis 2007, elle s’intéresse aux relations entre mémoire et histoire de la colonisation et de la décolonisation au Maghreb.

Lucette Valensi, historienne, directrice d’études à l’EHESS, membre associée au Centre de recherches historiques. D’abord enseignante et chercheure en Tunisie, elle a été successivement maître de conférences à l’Université de Paris VIII-Vincennes, puis directrice d’études à l’EHESS, où elle a dirigé le Centre de Recherches Historiques de 1992 à 1996, et créé et dirigé l’Institut d’études de l’Islam et des Sociétés du Monde Musulman (IISMM) de 2000 à 2002. Auteure notamment de L’Islam, l’islamisme et l’Occident. Genèse d’un affrontement (Points, 2013) avec Gabriel Martinez-Gros, et de Juifs et musulmans en Algérie (Tallandier, 2016).

Modération : Monique Cerisier-ben Guiga, sénatrice honoraire, vice-présidente de l’iReMMO

 

Présentation des livres :

Venue en Tunisie « à la rencontre de cette situation inédite de la première révolution dans le monde arabe qui a renversé en un mois une dictature de vingt-trois ans », Danielle David va y rencontrer son passé : la voici projetée plus de quarante années en arrière, l’année de ses 18 ans, la dernière qu’elle aura passé dans sa Tunisie natale. « La révolution, cette nouvelle Tunisie que je découvre, au-delà de la signification politique déterminante qu’elle revêt pour son peuple et pour l’ensemble du monde arabe, se double pour moi d’une invitation urgente et singulière à un retour sur le passé, aux raisons de mon exil et de mon attachement infini à ce pays, à son peuple, à ma “tunisianité”. » Un retour aux sources qui la mènera jusqu’à Kairouan et son antique communauté juive.

De l’avènement de l’islam à la fin de la période coloniale, juifs et musulmans ont partagé en Algérie une longue histoire qui s’achève en 1962 avec l’indépendance du pays. Si en 1954 on y comptait environ 130.000 juifs répartis sur 250 communes, il n’en reste presque plus aujourd’hui. Pourquoi cette coexistence entre juifs et musulmans a-t-elle duré ? Pourquoi a-t-elle pris fin ?

Juifs et musulmans ont vécu ensemble les grands mouvements de l’histoire du Maghreb central, devenu l’Algérie : les débuts de l’islam et la compétition entre dynasties rivales au Moyen Âge, l’intégration à l’Empire ottoman entre le XVIe et le XIXe siècle, la colonisation française à partir de 1830 et, pour les juifs, le décret Crémieux de 1870 , les lois antijuives du régime de Vichy, la guerre d’Algérie enfin. La fin de la présence française en 1962 est aussi celle de la majorité des juifs.

Historienne réputée du Maghreb, Lucette Valensi s’attache à comprendre sans parti pris les relations que juifs et musulmans ont entretenues, faites de domination marquée et de violences sporadiques exercées sur la minorité juive, mais aussi et plus longuement de contacts, d’échanges et de paisible collaboration.

French