Bnat Chemama - Les filles Chemama
"Les filles Chemama", à la fois chanteuses et danseuses ont été en leur temps les coqueluches des familles tunisoises. Leurs premiers enregistrements sont apparus en 1905, et le groupe a atteint son apogée en 1908.
Biographie
Leur père est un commerçant juif tunisien prospère qui meurt prématurément, laissant sa famille dans le besoin. C'est ce contexte difficile qui amène Kammouna, Mannena, B’hayla et Bibeya à trouver un moyen de gagner leur vie. Musiciennes par leur éducation familiale, considérées comme belles et talentueuses, elles fondent alors une troupe musicale (aouada) pour se produire sur scène malgré les réticences de leur famille conservatrice.
On raconte qu'elles font de l'ombre à Leïla Sfez, qui est de moins en moins sollicitée et doit se résigner à s'occuper de l'éducation musicale de sa nièce, Habiba Msika. Les sœurs chantent en chœur et dansent, régulièrement accompagnées par le violoniste Khaylou. Elles étaient connues pour leurs paroles audacieuses et les clowneries qui accompagnaient leurs performances.
Des photographies les montrent avec des pantalons bouffants coquins, leur mise en scène et leur talent leur assurant une célébrité : elles sont ainsi de toutes les fêtes des familles tunisoises. Installées avec leur mère dans un hôtel particulier de la rue de l'École à Tunis, elles suscitent la convoitise de chevaliers servants et obtiennent un succès tel qu'elles reçoivent des propositions de la part de maisons de disques, comme celle de Fella Nataf, et enregistrent plusieurs de leurs succès.
Bien que ce groupe ne soit pas resté dans la mémoire populaire d'aujourd'hui, il est considéré comme le pionnier de la chanson simple et légère du début du XXe siècle et le précurseur de la musique populaire avec le début des enregistrements vocaux.
Les enregistrements et documents qui racontent l'histoire des sœurs Chemama sont rares. La dernière des Bnet Chemama décéda en 1935.
Références :
•Hamadi Abassi, Tunis chante et danse : 1900-1950, Paris, Du Layeur, 2001, p.47.
•Mohamed Garfi, Musique et spectacle, le théâtre lyrique arabe : esquisse d'un itinéraire (1847-1975), Paris, L'Harmattan, 2009, p. 502.
•Amnon Shiloach, Multifaceted Music and Identities (p. 482).
•Eyal Bijaoui, Retour à l'âge d'or : où sont passés tous les Juifs qui ont réussi dans les pays arabes ?
•Haykel el Hazgui, Cheikh Afrit et la Musique des Juifs de Tunisie, 2015.
Un recueil de chansons interprétées par Bnat Chemama بنات شمامة :
•Ezzine Ezzine
•Tabkaou Ala Khir Ya Syadi
•Dir El Khamr Fi Al Kass
•Taher Ya Mtahher
•Ala Jannet
•Lebnat Chemama