Balagan, par Corine Braka

Lectures de Jean-Pierre Allali - Balagan, par Corine Braka

Balagan, par Corine Braka (*)

Balagan(e), avec ou sans e final, c’est, en hébreu, le foutoir, le b…l, quoi !

Quand un groupe disparate d’amis occasionnels se constitue fortuitement, c’est forcément le balagan. A fortiori quand la génétique s’en mêle.

Ils viennent des quatre coins du monde avec un même objectif : étudier à l’Université Hébraïque de Jérusalem.

Il y a parmi eux, un Juif orthodoxe, une Arabe israélienne, une Juive américaine, un Juif français, un Croate Juif par son père, une jolie vendeuse éthiopienne, ou encore un Russe surdoué. Une véritable tchakchouka aurait dit un Tune s’il y en avait un dans la bande.

L’ouvrage se subdivise en quatre chapitres qui sont autant de saisons : été, automne, hiver et printemps.

Leïla, Arabe venue de Galilée a été placée, par inadvertance, dans la chambre de Rebecca. Mais comme les deux filles s’entendent bien, elles ne changeraient leur situation pour rien au monde. Et comble de l’histoire : c’est Leïla qui aide Rebecca à faire ses devoirs d’hébreu. Élie, dont le père est anglais, est un ultra-orthodoxe qui vient d’une yeshiva de Bnei Brak.

Noah Epstein, franco-américain, se découvre une fibre israélienne. Come sa mère n’est pas juive, il veut se convertir dans les règles. Il se confie à son père, un peu désemparé : « Il s’agit juste de régulariser ma situation, pour l’avenir, pour épouser une femme juive sans que cela fasse de complications pour mes futurs enfants ! ».

Jérémie, lui, ne lève jamais la tête de son portable. Sandra attend avec impatience son petit ami retenu à Bruxelles et sa nouvelle femme de ménage, Yelena, une Russe culottée, va remplacer Olga.

Elie, dont le père, Itsik, ne songe qu’à le marier et lui propose la jolie Rivka, a un autre projet. « Je crois que j’ai rencontré la femme que j’aime, Papa. » Et le père, du tac au tac : « Je te parle mariage et tu me parles d’amour ! ».

Gabriel, leur enseignant, après son premier cours sur le thème « Identité et existence » où il explique : « Les trois religions monothéistes, fondements de l’identité de la plupart d’entre nous, ont vu le jour dans le désert. Selon la Bible, c’est dans le désert que Dieu s’est révélé à Abraham et dans le désert encore qu’Ismaël a erré avec sa mère Hagar jusqu’à ce que, là encore, Dieu se révèle à eux. Et selon le Nouveau Testament, c’est d’ici que Jésus s’est isolé, quarante jours, guidé par le Saint-Esprit pour lutter contre la tentation… Comme nous l’enseigne le Zohar, c’est en cheminant dans le désert que se déroulent les rencontres importantes avec nous-mêmes », propose aux étudiants de réaliser des films sur ce thème par petites équipes.

Rebecca, au fil des mois, est attirée par Gabriel. Pas amoureusement car de ce côté c’est Noah qui l’attire, mais spirituellement. Et, rebondissement, elle va découvrir que Gabriel est son père génétique. Bref, c’est vraiment le balagan. En épilogue, on apprend ce que chacun des héros du roman est finalement devenu. « Notre petite bande garde le contact au travers d’un groupe WhatsApp sur lequel ils échangent des nouvelles et s’invitent régulièrement les uns les autres. »

Un glossaire permet, en fin d’ouvrage, aux non-hébraïsants, de comprendre le sens de certains termes.

Sympathique !

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Maïa, novembre 2020, Préface de Shirel, 172 pages, 19 €.

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