France: Benoît Hamon double Manuel Valls au premier tour de la primaire à gauche

France: Benoît Hamon double Manuel Valls au premier tour de la primaire à gauche

 

 

 

Arrivé en tête du premier tour de la primaire de la gauche devant Manuel Valls, Benoît Hamon affronte l'ancien Premier ministre. Une lutte sans merci entre deux courants que tout sépare.

Benoît Hamon, l'outsider de gauche qui veut introduire un revenu de base universel, légaliser le cannabis et taxer les robots, a dominé le premier tour de la primaire socialiste en vue de la présidentielle d'avril. Il devra affronter l'ancien Premier ministre Manuel Valls, qui représente les factions libérales du parti.

Hamon, l'étalon noir, et le plus à gauche de tous les candidats de la course, a obtenu environ 35% des voix tandis que Valls, économiquement libéral, a récolté environ 31%, selon les résultats annoncés.

Hamon a déclaré, après l'annonce des résultats, que son score "a envoyé un clair message d'espoir et de renouvellement" et qu'il pourrait "réécrire une page de l'histoire de la gauche et de la France". Il a également affirmé que c'était la fin des anciennes approches qui ne fonctionnaient plus sur la gauche.

Valls, dans la foulée, a tenu un discours véhément contre Hamon, le décrivant comme un idéaliste qui ne pouvait pas gagner l'élection présidentielle. "Il y a maintenant un choix très clair entre une défaite certaine et la victoire possible, entre des promesses irréalisables et une gauche crédible qui prend la responsabilité", a-t-il dit.

La bataille finale s'annonce très disputée entre deux hommes représentant deux ailes du parti socialiste, qui a été amèrement divisé tout au long de la présidence troublée de François Hollande. Hamon, 49 ans, ancien ministre de l'Éducation, a été expulsé du gouvernement en 2014 après s'être opposé à la politique économique favorable aux entreprises prônée par Hollande et Valls.

La participation électorale (environ 1,5 million de personnes) était faible pour une course primaire. Un constat qui renforce les craintes du déclin du parti socialiste, considéré pendant des décennies comme une des principales forces politiques en France, qui lutte désormais pour rester soudé après le quinquennat très critiqué de François Hollande. Ce dernier, considéré comme le président le moins populaire depuis la fin de la guerre, avec un taux de satisfaction de 4%, a annoncé en décembre qu'il ne pouvait pas se présenter à sa réélection.

Hamon, député socialiste des Yvelines à l'extérieur de Paris, s'est démarqué lors de la primaire socialiste par ses propositions de réforme considérées comme inédites. Il veut réduire la semaine de travail de 35 à 32 heures, prélever une taxe sur les robots et fournir un revenu de base universel mensuel pour les 18 à 25 ans, qui sera ensuite étendu à tous. Il a accusé les politiciens à droite et à gauche de tordre la laïcité française pour cibler les musulmans.

Il était la voix la plus ferme du parti socialiste pour dénoncer l'interdiction du burkini sur certaines plages françaises l'été dernier, tandis que Valls a soutenu les maires qui avaient imposé les interdictions. Accusé d'être un rêveur utopique par ses adversaires, il a su attirer de grandes foules et s'est montré convaincant lors des débats télévisés.

Valls, âgé de 54 ans, a aidé à développer la ligne pro-business de Hollande. Cependant, il est en désaccord avec une frange importante de l'aile gauche du parti socialiste. Il a toujours été fermement à la droite du parti, provoquant parfois la polémique avec une politique pro-business, économiquement libérale et peu orthodoxe qui a vu son approche comparée à celle de Tony Blair. Il a été forcé de défendre le bilan de Hollande en fonction, face à la déception des électeurs de gauche.

Arnaud Montebourg, ex-ministre de l'Économie qui avait aussi couru sur un billet de gauche, a été éliminé au premier tour, avec environ 18% des voix. Hamon et lui ont été éjectés du gouvernement de Valls en même temps pour avoir critiqué ses politiques économiques, qui, selon eux, étaient trop favorables aux affaires. Montebourg a demandé à ses partisans de voter pour Hamon au second tour.

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